Texte intégral
Monsieur le Président,
Mesdames et messieurs des Conservatoires,
Merci.
Merci pour votre accueil,
pour le temps que vous avez consacré à exposer les richesses de votre conservatoire, le plus important de France métropolitaine pour sa superficie, les dispositifs mis en place pour y préserver la nature,
pour cette journée qui nous a permis de constater encore une fois que préservation de l'environnement et de la biodiversité peuvent aller de pair avec le maintien, voire la création, d'activités, notamment agricoles.
Et merci également pour l'engagement de jeunes engagés ici dans le cadre du service civique : votre mission éducative est ici essentielle. Parce que le civisme, ce ne sont pas seulement de grands principes, de belles et utiles idées : c'est aussi la conviction partagée que la France est un pays qui possède de multiples atouts. Ces atouts, une sorte de dépression collective amène trop souvent à les sous-estimer. Et pourtant. Pourtant, nous avons une chance extraordinaire de vivre dans ce pays. Et en premier lieu parce que les richesses de son environnement sont considérables.
J'en prends chaque jour qui passe plus conscience, depuis que j'exerce ces responsabilités de membre du gouvernement en charge de la biodiversité.
Par la diversité de ses paysages, de ses biotopes, notre pays a une responsabilité majeure dans la lutte désormais engagée au niveau planétaire pour protéger la biodiversité.
Cette responsabilité est une immense chance : elle offre des perspectives exaltantes aux jeunes qui, comme vous, ont fait le choix de l'engagement citoyen, elle recèle des potentiels d'activités économiques réels, elle témoigne d'un patrimoine naturel qu'il nous appartient de préserver pour pouvoir le transmettre aux générations qui viennent.
Pour cela, il faut éduquer : observer la nature pour mieux la protéger, mais aussi pour en savourer toutes les richesses, cela s'apprend. Par votre rôle de médiateur de la nature, vous y contribuez, auprès de vos visiteurs.
C'est une mission essentielle. Et le gouvernement entend la soutenir, cette mission, par le développement du service civique. La citoyenneté, c'est la conscience d'avoir un territoire en partage. Quelles que soient leurs origines, quelles que soient leurs opinions, les Français finissent toujours par se reconnaître dans les sites emblématiques du pays mais aussi dans leurs paysages quotidiens. Ce n'est pas pour rien que la loi que je porte en ce moment même au parlement, avec Ségolène Royal, s'intitule « reconquête de la biodiversité et protection des paysages ». Parce que la France, pour des millions de personnes à travers le monde, c'est certes une conscience, un espoir, un symbole de libertés, mais ce sont aussi des paysages dont nous oublions trop souvent l'exceptionnelle richesse.
Ces richesses si diverses, si singulières, qui contribuent à notre attractivité touristique, sachons également les apprécier nous-mêmes. En cultiver la fierté. Une fierté qui n'a rien d'un chauvinisme, mais qui représente l'âme de notre pays. Et une fierté, qui, je le disais à l'instant, rime avec responsabilité.
La biodiversité, c'est le tissu de la vie.
Un tissu qui, pour ne pas se déliter, a besoin de chacune de ses fibres, qu'elle soit végétale, animale, géologique ou génétique.
Les menaces sur la biodiversité, vous les percevez probablement : elles se traduisent par une raréfaction des ressources, par un appauvrissement de la diversité des espèces animales ou végétales.
Et, -c'est un fil rouge des déplacements qui m'ont amené ces deux dernières semaines à visiter de nombreux espaces protégés, comme en Ardèche à l'occasion du congrès des réserves nationales de France, ou encore à la pointe bretonne pour une visite à l'Agence des aires maritimes protégées-, la lutte pour la biodiversité, vous percevez également les opportunités de développement qu'elle offre.
C'est pour clarifier et rendre encore plus efficace notre politique de préservation de la biodiversité, pour en saisir également les chances de développement d'activités et d'emplois que nous travaillons à la loi sur la biodiversité.
Cette loi précise dans notre droit le tryptique « éviter les atteintes à l'environnement, les réduire et, faute de solution et en dernier ressort, les compenser ». Je sais que vous êtes très attentifs à cette problématique, puisque vous jouez déjà un rôle important d'expertise sur ces questions de compensation. Ce sont des sujets essentiels, parce qu'il ne s'agit pas seulement d'inscrire de grands principes dans les textes : il s'agit de leur donner une réalité concrète sur le terrain, parfois dans des situations sinon conflictuelles, du moins marquées par la présence d'intérêts apparemment divergents. Ce qu'il nous faut désormais démontrer aux porteurs de projets concernés, qu'il s'agisse de collectivités ou d'acteurs privés, c'est que ce tryptique les protège, en cela qu'il les amène à se poser les bonnes questions, au bon moment lors de la genèse de leur projet. Et ce dont il nous faut également convaincre, c'est qu'il est dans l'intérêt de tous de prendre en compte la biodiversité comme un élément intrinsèque au projet, et non comme une contrainte à intégrer. Par vos missions d'éducation et de sensibilisation, comme par votre intervention en expertise, vous y contribuez.
La loi aura également une conséquence immédiate, dès sa promulgation : elle nous permettra de créer l'agence française pour la biodiversité.
Cette agence, qui sera la concrétisation d'une vieille revendication des professionnels de l'environnement, mais également des associations et des gestionnaires d'espaces, ne viendra pas se superposer à un millefeuille d'organisations, comme c'est trop souvent le cas.
Elle sera la réunion d'entités existantes, puisqu'elle associera les quatre principaux établissements en charge de la biodiversité et que d'autres établissements pourront y être rattachés.
Le pragmatisme n'a pas conduit à intégrer l'ONCFS dans l'agence pour la Biodiversité. Je sais que cette décisions soulève parfois des réticences, entretient des doutes.
Mais j'assume ce pragmatisme, parce qu'à l'évidence, les résistances et les préventions étaient trop fortes.
Et reconnaissons que les mariages forcés ne sont pas généralement les plus heureux.
Nous faisons donc un pari : celui d'une collaboration fructueuse entre les agents, sur le terrain.
Le Gouvernement a pris le parti de ne pas scinder les polices administratives et judiciaires et de préserver les missions actuellement assignées aux agents des établissements constitutifs de l'AFB.
La collaboration entre les agents, les synergies qui se construiront, donneront-ils à l'office l'envie de rejoindre l'agence ?
Seul l'avenir le dira.
Mais faisons confiance à l'avenir.
C'est ce même pragmatisme qui a conduit les parlementaires à ne pas décider à la place des élus régionaux et à ne pas imposer la création d'agences régionales.
Ce choix, encore une fois, le gouvernement le soutient.
Parce qu'il serait paradoxal de défendre la biodiversité sans, dans le même temps, reconnaître la diversité des acteurs, des enjeux, des structures déjà existantes dans les divers territoires !
Il s'agit de ne surtout pas imposer d'en haut un modèle unique qui ferait fi des spécificités territoriales.
Il revient donc aux collectivités de s'emparer de cet outil, en fonction des entités en place et des sujets prioritaires.
L'outil est conçu pour être décliné à la carte, au rythme et en fonction des spécificités de chaque territoire. Le gouvernement sera à la disposition des collectivités qui souhaiteront s'engager dans la dynamique : c'est la raison pour laquelle je demanderai prochainement à rencontrer le président Bertrand pour discuter avec lui de la situation dans cette région j'allais dire dans notre région.
Mais au-delà des structures régionales, l'agence aura bien entendu des antennes sur tout le territoire, et des partenariats seront conclus avec les gestionnaires des espaces protégés, et notamment, monsieur le président, avec les conservatoires.
La construction du partenariat sur le terrain sera progressive et devra tenir compte de l'identité d'organismes qui ont leur histoire, et qui vivent grâce à des acteurs engagés depuis des années dans la protection et la valorisation de leur territoire.
La réussite de l'agence passera par son appropriation : je veux parler de son appropriation par les agents des organismes qui la constitueront au 1er janvier prochain, que je rencontre depuis deux mois je serai ainsi cette semaine à Montpellier pour en discuter avec les personnels de l'ATEN et ceux des Parcs nationaux, comme je l'ai fait avec ceux de l'ONEMA et des aires marines protégées.
L'appropriation de l'agence doit être également celles des élus locaux, je l'ai dit tout à l'heure.
Mais rien ne sera possible sans une appropriation citoyenne de l'AFB. C'est pourquoi les partenariats conclus devront veiller à reconnaître et à respecter les engagements associatifs militants qui concourent au fonctionnement des organismes partenaires. Je sais que le réseau national des Conservatoires compte plus de 3 000 bénévoles actifs et 8 600 adhérents. Je veux rappeler ici à quel point cette assise citoyenne est essentielle pour favoriser la sensibilisation du grand public. La création de l'agence devra intégrer cette impérieuse nécessité de préserver et de développer le bénévolat qui est, et je reviens au début de mon propos, aussi une forme d'engagement citoyen qui fait la France.
En matière de protection de l'environnement, comme pour le reste, ensemble, on est plus forts, plus inventifs, plus audacieux.
C'est cette force, cette capacité d'invention, cette audace au quotidien que je suis aussi venue saluer aujourd'hui.Source http://www.reseau-cen.org, le 3 mai 2016
Mesdames et messieurs des Conservatoires,
Merci.
Merci pour votre accueil,
pour le temps que vous avez consacré à exposer les richesses de votre conservatoire, le plus important de France métropolitaine pour sa superficie, les dispositifs mis en place pour y préserver la nature,
pour cette journée qui nous a permis de constater encore une fois que préservation de l'environnement et de la biodiversité peuvent aller de pair avec le maintien, voire la création, d'activités, notamment agricoles.
Et merci également pour l'engagement de jeunes engagés ici dans le cadre du service civique : votre mission éducative est ici essentielle. Parce que le civisme, ce ne sont pas seulement de grands principes, de belles et utiles idées : c'est aussi la conviction partagée que la France est un pays qui possède de multiples atouts. Ces atouts, une sorte de dépression collective amène trop souvent à les sous-estimer. Et pourtant. Pourtant, nous avons une chance extraordinaire de vivre dans ce pays. Et en premier lieu parce que les richesses de son environnement sont considérables.
J'en prends chaque jour qui passe plus conscience, depuis que j'exerce ces responsabilités de membre du gouvernement en charge de la biodiversité.
Par la diversité de ses paysages, de ses biotopes, notre pays a une responsabilité majeure dans la lutte désormais engagée au niveau planétaire pour protéger la biodiversité.
Cette responsabilité est une immense chance : elle offre des perspectives exaltantes aux jeunes qui, comme vous, ont fait le choix de l'engagement citoyen, elle recèle des potentiels d'activités économiques réels, elle témoigne d'un patrimoine naturel qu'il nous appartient de préserver pour pouvoir le transmettre aux générations qui viennent.
Pour cela, il faut éduquer : observer la nature pour mieux la protéger, mais aussi pour en savourer toutes les richesses, cela s'apprend. Par votre rôle de médiateur de la nature, vous y contribuez, auprès de vos visiteurs.
C'est une mission essentielle. Et le gouvernement entend la soutenir, cette mission, par le développement du service civique. La citoyenneté, c'est la conscience d'avoir un territoire en partage. Quelles que soient leurs origines, quelles que soient leurs opinions, les Français finissent toujours par se reconnaître dans les sites emblématiques du pays mais aussi dans leurs paysages quotidiens. Ce n'est pas pour rien que la loi que je porte en ce moment même au parlement, avec Ségolène Royal, s'intitule « reconquête de la biodiversité et protection des paysages ». Parce que la France, pour des millions de personnes à travers le monde, c'est certes une conscience, un espoir, un symbole de libertés, mais ce sont aussi des paysages dont nous oublions trop souvent l'exceptionnelle richesse.
Ces richesses si diverses, si singulières, qui contribuent à notre attractivité touristique, sachons également les apprécier nous-mêmes. En cultiver la fierté. Une fierté qui n'a rien d'un chauvinisme, mais qui représente l'âme de notre pays. Et une fierté, qui, je le disais à l'instant, rime avec responsabilité.
La biodiversité, c'est le tissu de la vie.
Un tissu qui, pour ne pas se déliter, a besoin de chacune de ses fibres, qu'elle soit végétale, animale, géologique ou génétique.
Les menaces sur la biodiversité, vous les percevez probablement : elles se traduisent par une raréfaction des ressources, par un appauvrissement de la diversité des espèces animales ou végétales.
Et, -c'est un fil rouge des déplacements qui m'ont amené ces deux dernières semaines à visiter de nombreux espaces protégés, comme en Ardèche à l'occasion du congrès des réserves nationales de France, ou encore à la pointe bretonne pour une visite à l'Agence des aires maritimes protégées-, la lutte pour la biodiversité, vous percevez également les opportunités de développement qu'elle offre.
C'est pour clarifier et rendre encore plus efficace notre politique de préservation de la biodiversité, pour en saisir également les chances de développement d'activités et d'emplois que nous travaillons à la loi sur la biodiversité.
Cette loi précise dans notre droit le tryptique « éviter les atteintes à l'environnement, les réduire et, faute de solution et en dernier ressort, les compenser ». Je sais que vous êtes très attentifs à cette problématique, puisque vous jouez déjà un rôle important d'expertise sur ces questions de compensation. Ce sont des sujets essentiels, parce qu'il ne s'agit pas seulement d'inscrire de grands principes dans les textes : il s'agit de leur donner une réalité concrète sur le terrain, parfois dans des situations sinon conflictuelles, du moins marquées par la présence d'intérêts apparemment divergents. Ce qu'il nous faut désormais démontrer aux porteurs de projets concernés, qu'il s'agisse de collectivités ou d'acteurs privés, c'est que ce tryptique les protège, en cela qu'il les amène à se poser les bonnes questions, au bon moment lors de la genèse de leur projet. Et ce dont il nous faut également convaincre, c'est qu'il est dans l'intérêt de tous de prendre en compte la biodiversité comme un élément intrinsèque au projet, et non comme une contrainte à intégrer. Par vos missions d'éducation et de sensibilisation, comme par votre intervention en expertise, vous y contribuez.
La loi aura également une conséquence immédiate, dès sa promulgation : elle nous permettra de créer l'agence française pour la biodiversité.
Cette agence, qui sera la concrétisation d'une vieille revendication des professionnels de l'environnement, mais également des associations et des gestionnaires d'espaces, ne viendra pas se superposer à un millefeuille d'organisations, comme c'est trop souvent le cas.
Elle sera la réunion d'entités existantes, puisqu'elle associera les quatre principaux établissements en charge de la biodiversité et que d'autres établissements pourront y être rattachés.
Le pragmatisme n'a pas conduit à intégrer l'ONCFS dans l'agence pour la Biodiversité. Je sais que cette décisions soulève parfois des réticences, entretient des doutes.
Mais j'assume ce pragmatisme, parce qu'à l'évidence, les résistances et les préventions étaient trop fortes.
Et reconnaissons que les mariages forcés ne sont pas généralement les plus heureux.
Nous faisons donc un pari : celui d'une collaboration fructueuse entre les agents, sur le terrain.
Le Gouvernement a pris le parti de ne pas scinder les polices administratives et judiciaires et de préserver les missions actuellement assignées aux agents des établissements constitutifs de l'AFB.
La collaboration entre les agents, les synergies qui se construiront, donneront-ils à l'office l'envie de rejoindre l'agence ?
Seul l'avenir le dira.
Mais faisons confiance à l'avenir.
C'est ce même pragmatisme qui a conduit les parlementaires à ne pas décider à la place des élus régionaux et à ne pas imposer la création d'agences régionales.
Ce choix, encore une fois, le gouvernement le soutient.
Parce qu'il serait paradoxal de défendre la biodiversité sans, dans le même temps, reconnaître la diversité des acteurs, des enjeux, des structures déjà existantes dans les divers territoires !
Il s'agit de ne surtout pas imposer d'en haut un modèle unique qui ferait fi des spécificités territoriales.
Il revient donc aux collectivités de s'emparer de cet outil, en fonction des entités en place et des sujets prioritaires.
L'outil est conçu pour être décliné à la carte, au rythme et en fonction des spécificités de chaque territoire. Le gouvernement sera à la disposition des collectivités qui souhaiteront s'engager dans la dynamique : c'est la raison pour laquelle je demanderai prochainement à rencontrer le président Bertrand pour discuter avec lui de la situation dans cette région j'allais dire dans notre région.
Mais au-delà des structures régionales, l'agence aura bien entendu des antennes sur tout le territoire, et des partenariats seront conclus avec les gestionnaires des espaces protégés, et notamment, monsieur le président, avec les conservatoires.
La construction du partenariat sur le terrain sera progressive et devra tenir compte de l'identité d'organismes qui ont leur histoire, et qui vivent grâce à des acteurs engagés depuis des années dans la protection et la valorisation de leur territoire.
La réussite de l'agence passera par son appropriation : je veux parler de son appropriation par les agents des organismes qui la constitueront au 1er janvier prochain, que je rencontre depuis deux mois je serai ainsi cette semaine à Montpellier pour en discuter avec les personnels de l'ATEN et ceux des Parcs nationaux, comme je l'ai fait avec ceux de l'ONEMA et des aires marines protégées.
L'appropriation de l'agence doit être également celles des élus locaux, je l'ai dit tout à l'heure.
Mais rien ne sera possible sans une appropriation citoyenne de l'AFB. C'est pourquoi les partenariats conclus devront veiller à reconnaître et à respecter les engagements associatifs militants qui concourent au fonctionnement des organismes partenaires. Je sais que le réseau national des Conservatoires compte plus de 3 000 bénévoles actifs et 8 600 adhérents. Je veux rappeler ici à quel point cette assise citoyenne est essentielle pour favoriser la sensibilisation du grand public. La création de l'agence devra intégrer cette impérieuse nécessité de préserver et de développer le bénévolat qui est, et je reviens au début de mon propos, aussi une forme d'engagement citoyen qui fait la France.
En matière de protection de l'environnement, comme pour le reste, ensemble, on est plus forts, plus inventifs, plus audacieux.
C'est cette force, cette capacité d'invention, cette audace au quotidien que je suis aussi venue saluer aujourd'hui.Source http://www.reseau-cen.org, le 3 mai 2016