Interview de M. Christophe Castaner, secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement, porte-parole du Gouvernement, à LCI le 30 mai 2017, sur la moralisation de la vie publique et la campagne pour les élections législatives.

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Média : La Chaîne Info

Texte intégral

AUDREY CRESPO-MARA
Bonjour à tous, bonjour Christophe CASTANER...
CHRISTOPHE CASTANER
Bonjour.
AUDREY CRESPO-MARA
Secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement et porte-parole du gouvernement, donc en gros il faut qu'on s'habitue, c'est vous qui allez parler aux journalistes et plus trop le président et les ministres - histoire que le président passe moins son temps à parler aux journalistes et travaille un peu - c'est ça ?
CHRISTOPHE CASTANER
Il y a deux choses : d'abord le président veut une parole plus rare, plus maîtrisée et plus tournée sur le fond de son activité : la préparation du moyen terme, du long terme, mais aussi la politique internationale comme on l'a vu ces jours-ci ; Ensuite les ministres évidemment vont continuer à parler, à échanger avec la presse, parce qu'à travers vous c'est avec les Français qu'on communique.
AUDREY CRESPO-MARA
Pour vous dernier rebondissement de l'affaire Richard FERRAND, le témoignage de Maître Alain CASTEL, l'avocat à l'origine de l'opération immobilière faite par Richard FERRAND - aujourd'hui ministre, à l'époque directeur général des MUTUELLES DE BRETAGNE – et par sa compagne et sa SCI qui n'était pas encore créée, Maître CASTEL déclare : « avoir été choqué par l'opération et dénonce un enfumage du ministre qui allait s'enrichir, il faut appeler un chat un chat ». Vous concédez que l'affaire elle est peut-être légale mais elle n'est pas très morale ?
CHRISTOPHE CASTANER
Pour moi ce n'est pas une affaire, mais il y a un débat, il y a un débat qui est posé sur la question de l'éthique, de la responsabilité. Mais rappelons quand même que ce sont des faits à un moment où Richard FERRAND n'était pas en politique, il n'était ni ministre, ni député – et déjà on ne devrait pas parler du ministre FERRAND à ce moment-là – et moi...
AUDREY CRESPO-MARA
J'ai rappelé directeur général des mutuelles.
CHRISTOPHE CASTANER
Voilà l Bien sûr. Mais...
AUDREY CRESPO-MARA
Mais ce n'est quand même pas... alors ce n'est pas l'argent de l'Etat mais ce n'est quand même pas son argent propre, c'est l'argent des mutuelles, donc sa femme a fait un profit, elle a fait une marge ?
CHRISTOPHE CASTANER
Mais sa femme a investi dans un immeuble qu'elle a, comme on fait souvent dans des SCI, qu'elle a fait financer par un prêt bancaire et ensuite elle loue effectivement, l'amortissement lui permet de faire une bonne affaire, je ne conteste pas ça. Mais est-ce qu'il faut mettre en cause un homme politique qui est rentré après en politique, qui est devenu en politique à cause de ce fait-là ? Je pense qu'on est un peu dans l'amalgame et un peu dans l'hallali. On est aujourd'hui dans ce devoir de transparence, donc moi je ne reproche pas aux journalistes de faire leur travail et d'essayer de tout savoir sur Richard FERRAND, mais ce qui m'intéresse c'est maintenant, c'est après ? Qu'est-ce qu'on fait ? Et la première grande loi sur laquelle on va travailler c'est justement une loi de moralisation de la vie politique...
AUDREY CRESPO-MARA
Mais justement, justement, ça donne l'impression quand même, ça... mal en pleine loi sur la moralisation de la vie politique ?
CHRISTOPHE CASTANER
Oui et non, parce que l'homme politique Richard FERRAND n'est pas en cause et l'homme politique que je suis, les ministres actuellement ne sont pas en cause sur ce sujet-là et donc ce qui compte c'est justement de...
AUDREY CRESPO-MARA
Mais sur ces pratiques pour dire à un homme est moral ou n'est pas moral, qu'il soit dans la politique ou pas ?
CHRISTOPHE CASTANER
Là on parle de pratiques de droit privé qui sont parfaitement légales, le procureur national financier s'est prononcé, le procureur à Brest s'est prononcé en disant que tout cela est légal et relève du droit privé, donc de toute façon même avec notre loi sur la moralisation on ne changera rien sur le fait qu'aujourd'hui il y a la possibilité de faire une SCI, de louer, d'acheter, ça c'est le droit civil qui s'applique partout en France et qui continuera à s'appliquer.
AUDREY CRESPO-MARA
Vous parlez des procureurs, la justice effectivement n'a pas assez d'éléments pour ouvrir une enquête, à ceux qui disent il y a deux poids deux mesures pour FILLON et FERRAND vous répondez quoi ?
CHRISTOPHE CASTANER
Mais que ça n'a rien à voir, il y en a un qui a organisé un système pour piller les recettes de l'Etat et pour enrichir sa famille, toute sa famille de génération en génération si je vois bien dans l'affaire FILLON alors que ça n'a strictement rien à voir dans le cas de Richard FERRAND, dont je rappelle ce dont on parle, c'est une affaire privée qui relève d'un moment où il avait un contrat de droit privé.
AUDREY CRESPO-MARA
Il y a autre chose, Richard FERRAND est pour certain votre FILLON ou votre Bruno LE ROUX car le Canard enchaîné y a également révélé que Richard FERRAND avait employé son fils comme collaborateur parlementaire pendant cinq mois pour une somme de 8.500 euros, à deux semaines des Législatives ça fait mauvaise impression ?
CHRISTOPHE CASTANER
D'abord vous avez raison sur le débat qui pèse et qui brouille ce message de clarification et de moralisation…
AUDREY CRESPO-MARA
Et qui vous gêne.
CHRISTOPHE CASTANER
Mais là encore, je reviens sur Richard FERRAND, il a embauché il y a quelques années pendant quatre mois ou cinq mois son fils au SMIC pour faire un travail réel, aujourd'hui ça n'est plus acceptable et ce qui compte pour moi c'est que dans quelques jours on va présenter un texte de loi qui interdira tous recrutements familiaux et vous verrez qu'on va même aller très loin dans le sens de la famille.
AUDREY CRESPO-MARA
Les électeurs trancheront, c'est ce que vous dites, pour Richard FERRAND. Est-ce que ce n'est pas un peu facile de laisser aux électeurs le soin de décider ce qui est moral ou pas au gouvernement ?
CHRISTOPHE CASTANER
Non, mais attendez qui est juge ? Les juges ! Les juges disent qu'il n'y a pas d'affaire FERRAND. Alors je veux bien que les journalistes ouvrent le débat - et vous êtes légitimes pour cela – mais ce n'est pas non plus les journalistes qui doivent pouvoir juger et dire : « lui on jette l'opprobre, il doit arrêter ». Donc, si le juge dit : « tout va bien », si l'électeur dit : « tout va bien », je pense qu'à un moment donné il faut décider qu'il y a un nouveau pouvoir qui est celui des journalistes qui pourraient seuls décider que Richard FERRAND doit s'exclure de la vie politique, je pense que ce n'est pas le sens de votre propos et évidemment ce n'est pas le sens de la demande. Donc moi ce qui compte pour moi c'est de savoir que la justice est libre et indépendante, elle dit : « il n'y a pas d'affaire », ensuite si les électeurs confortent Richard FERRAND dans son fief à ce moment-là je pense qu'effectivement il faudra peut-être qu'on s'interroge sur le fait de savoir si on a mené à juste titre l'hallali sur cet homme.
AUDREY CRESPO-MARA
Quid du silence d'Emmanuel MACRON, est-ce que parce que président jupitérien il ne veut pas s'abaisser à ça et donc commenter ou est-ce qu'au fond il est un peu mal à l'aise avec cette affaire à deux semaines d'élections dont il attend une majorité absolue ?
CHRISTOPHE CASTANER
Non, mais vous soyez rassurée sur le fait qu'il veut être président plein et entier, vous avez commencé votre propos sur sa parole rare, sur une parole maîtrisée – ça change – on avait l'habitude de présidents un peu plus volubiles que notre président actuel...
AUDREY CRESPO-MARA
Mais ça arrange aussi quand il y a un malaise ?
CHRISTOPHE CASTANER
Non, parce que de toute façon un président de la République n'aurait pas à commenter les commentaires des journalistes.
AUDREY CRESPO-MARA
Et donc pas cette affaire en l'occurrence ?
CHRISTOPHE CASTANER
Je reprends le mot affaire, une affaire pour moi elle a une base juridique…
AUDREY CRESPO-MARA
Oui, vous dites débat, il n'y a pas d'affaire.
CHRISTOPHE CASTANER
Oui, mais le problème c'est qu'il y a une base juridique, là il n'y a pas de base juridique.
AUDREY CRESPO-MARA
On se souvient qu'Emmanuel MACRON et Edouard PHILIPPE avaient retardé la nomination du gouvernement pour vérifier justement le passé des ministres, Richard FERRAND il est passé au travers ?
CHRISTOPHE CASTANER
Mais il est passé au travers de quoi ?
AUDREY CRESPO-MARA
De ces deux faits dont je vous parle.
CHRISTOPHE CASTANER
Qu'est-ce qui a été vérifié ? Non, mais deux faits qui de toute façon sont des faits légaux, alors effectivement on peut refaire la liste de tous les faits légaux que chacune et chacun d'entre nous aurait fait et dire que finalement...
AUDREY CRESPO-MARA
Est-ce que vous redoutez ça justement en ce moment, on voit qu'à deux – trois semaines des Législatives ça tombe sur chacun d'entre vous ?
CHRISTOPHE CASTANER
Non. Moi je suis pour la transparence totale parlementaire, dès 2012 j'avais publié sur mon blog ma déclaration de patrimoine, ma consommation d'IRFM qui est cette indemnité pour les frais de mandat et depuis je n'ai cessé de la publier, donc vous voyez moi je suis pour la transparence totale.
AUDREY CRESPO-MARA
Donc, vous ne redoutez rien.
CHRISTOPHE CASTANER
Par contre à titre personnel je redoute, j'ai fait une introspection ces derniers jours, je me suis dit : « mais qu'est-ce qui dans ma vie pourrait éventuellement ressortir aujourd'hui et faire polémique ? », vous vous rendez compte qu'on est dans cette difficulté-là de s'interroger, je veux dire a priori rien, mais on n'est pas sûr parce qu'effectivement on pourrait retrouver tel ou tel fait que j'ai pu commettre gamin et qui aujourd'hui pourrait tâcher mon activité, ce que je suis devenu. C'est dur d'être politique comprenez-le et c'est vrai pour toutes les femmes et les hommes...
AUDREY CRESPO-MARA
Mais parce qu'il y a eu des pratiques aussi condamnables ?
CHRISTOPHE CASTANER
Mais bien sûr, je ne suis pas en train de dire : « on a raison, vous avez tort », mais je crois qu'il faut raison garder et que sur ce sujet il faut que Richard FERRAND fournisse toutes les explications quand c'est nécessaire, il faut que les juges aient la pleine liberté de se prononcer et de mettre en cause – parce qu'il n‘y a pas de justice à deux vitesses pour les citoyens et pour les politiques – et il faut que nous les politiques nous mettions des garde-fous les plus strictes possibles, c'est tout le sens de la loi de moralisation qu'on présentera dans quelques jours.
AUDREY CRESPO-MARA
Et qui a la lourde charge justement de calmer François BAYROU en ce moment, c'est vous ?
CHRISTOPHE CASTANER
Non.
AUDREY CRESPO-MARA
On l'entend très, très peu le ministre de la Justice qui s'occupe de la loi de moralisation sur la vie politique…
CHRISTOPHE CASTANER
Si vous ne l'entendez pas, vous ne pouvez pas me dire c'est...
AUDREY CRESPO-MARA
C'est Emmanuel MACRON ou Edouard PHILIPPE qui lui ont dit de se taire ?
CHRISTOPHE CASTANER
Non, mais parce qu'il pilote ce texte, il y a de nombreuses réunions interministérielles, il y en a encore eu une samedi qui s'est fini très tard dans la journée...
AUDREY CRESPO-MARA
Mais sur l'affaire Richard FERRAND on aurait pu l'entendre, il est plus bavard que ça François BAYROU ?
CHRISTOPHE CASTANER
Parce qu'en ce moment il est concentré sur ce texte-là et qu'il n'appartient pas à tel ou tel de commenter, les ministres ce qu'on leur demande c'est de bosser.
AUDREY CRESPO-MARA
On lui demande de se taire ?
CHRISTOPHE CASTANER
On lui demande de bosser.
AUDREY CRESPO-MARA
Et donc de se taire pour bosser ?
CHRISTOPHE CASTANER
Non, mais attendez… je vais vraiment vous parler plus franchement et je vais même oublier la mesure du porte-parole, personne ne peut demander à François BAYROU de se taire, tout le monde sait que c'est un homme libre et, s'il souhaite s'exprimer, ni le Premier ministre et encore moins moi n'avons la capacité de lui dire de se taire parce qu'on sait sa liberté, c'est son ADN.
AUDREY CRESPO-MARA
Y aura-t-il une affaire Marielle DE SARNEZ, l'actuelle ministre est visée par une enquête pour abus de confiance, une enquête qui vise 19 eurodéputés français dénoncés par le Front national, le FN accuse donc Marielle DE SARNEZ d'avoir fait travailler pour le MoDem une assistante parlementaire payée par le Parlement européen – donc en gros un copier coller de la procédure qui vise le Front national – égalité de traitement dit le FN ?
CHRISTOPHE CASTANER
Ah ! Mais égalité de traitement face à la justice, d'abord il faudrait que le FN réponde à la justice quand ils sont convoqués – je pense à Marine LE PEN qui refuse de se rendre aux convocations de la police ou de la justice parce que justement elle se protège...
AUDREY CRESPO-MARA
Et pour Marielle DE SARNEZ ?
CHRISTOPHE CASTANER
Et je pense qu'il faut une égalité de traitement, il faut lever tout doute sur cette dénonciation dont je suis convaincue qu'elle est calomnieuse parce que, à la différence, c'est qu'on n'a pas des gens qui travaillaient pour un appareil politique, on a des gens qui travaillent en circonscription électorale, moi j'ai comme député - je l'étais il y a quelques jours - un assistant à Paris, trois en province, mais les quatre bossent, c'est une vraie différence avec ce qu'on fait le Front national.
AUDREY CRESPO-MARA
Eux disent la même chose que vous ?
CHRISTOPHE CASTANER
Non, mais égalité de traitement sur l'enquête et je suis convaincu que si Marielle DE SARNEZ était convoquée par la police ou par la justice elle s'y rendrait, c'est une vraie différence avec le Front national.
AUDREY CRESPO-MARA
Et là aussi ça la fiche mal à deux semaines des élections, c'est encore une pierre ?
CHRISTOPHE CASTANER
Non. Oui, enfin là la différence c'est que c'est quand même le Front national qui fait une lettre, à une époque on avait l‘habitude des lettres anonymes, là au moins elle est signée par le Front national, mais mettons les choses...
AUDREY CRESPO-MARA
Marielle DE SARNEZ, elle est ministre et candidate ?
CHRISTOPHE CASTANER
Oui d'accord, mais ça n'empêche que c'est une lettre du Front national qui dénonce, immédiatement la justice européenne étudie cette demande, c'est légitime, c'est logique. Marielle DE SARNEZ précise la collaboratrice dont on parle travaillait, donc, si elle travaillait, elle faisait son boulot d'assistante parlementaire.
AUDREY CRESPO-MARA
Vous aussi vous êtes candidat aux Législatives, est-ce que vous avez peur d'une défaite qui vous obligerait à démissionner de vos fonctions de ministre ? Vous n'avez pas la certitude d'être réélu car dans votre circonscription Emmanuel MACRON est arrivé 3ème derrière Marine LE PEN et Jean-Luc MELENCHON, vous traversez un champ de mines ?
CHRISTOPHE CASTANER
Oui c'est difficile, c'est compliqué et j'aurais pu faire un choix différent, on m'a proposé d'autres circonscriptions plus faciles.
AUDREY CRESPO-MARA
Un petit parachutage, non ?
CHRISTOPHE CASTANER
Si, si – et c'est gentil pour ceux qui me l'ont proposé – mais je ne l'ai pas souhaité, je suis un élu des Alpes de Haute-Provence, je suis sortant, je dois rendre des comptes aux électeurs, si des électeurs décident de me battre ils feront le choix à la fois de ne plus avoir de ministre pour les Alpes de Haute-Provence et de ne plus avoir celle qui est ma suppléante - Emmanuelle FONTAINE DOMEIZEL – qui serait demain députée.
AUDREY CRESPO-MARA
On voit la liste de vos adversaires passer à l'antenne…
CHRISTOPHE CASTANER
Voilà ! Mais c'est légitime.
AUDREY CRESPO-MARA
Vous redoutez un échec, non ?
CHRISTOPHE CASTANER
Bien sûr, moi j'ai toujours cette peur face à l'élection dans une circonscription qui est difficile, mais j'ai préféré aller devant mes électeurs plutôt que de me cacher ou de rester dans mon ministère.
AUDREY CRESPO-MARA
Vous avez vu l'appel surprise de François BAROIN au désistement face au risqué du Front national, le chef de file Les Républicains des Législatives veut des désistements dans l'entre-deux-tours si le FN est en voie de l'emporter, il souhaite la réciproque chez La République en marche et le Parti socialiste, vous lui répondez quoi ?
CHRISTOPHE CASTANER
Vous demandez cela à quelqu'un qui, il y a un peu plus d'un an…
AUDREY CRESPO-MARA
Aux Régionales, en 2015.
CHRISTOPHE CASTANER
Tête de liste aux Régionales, a retiré sa liste - et je ne suis pas dans le cas qu'évoque monsieur BAROIN – j'ai volontairement retiré ma liste pour faire élire Christian ESTROSI contre Marine LE PEN
AUDREY CRESPO-MARA
Et Christian ESTROSI a été élu grâce à votre désistement évidemment.
CHRISTOPHE CASTANER
Donc vous comprenez immédiatement ma philosophie et je vous le dis : « partout où le candidat de la République en marche en se maintenant ferait prendre le risque d'une élection du Front national partout nous retirerons notre candidat et partout où le maintien du candidat nous permettra d'empêcher cette élection nous nous maintiendrons ».
AUDREY CRESPO-MARA
Donc, vous, vous vous désisteriez à nouveau en faveur du candidat mieux place s'il y avait un risqué ?
CHRISTOPHE CASTANER
Partout où le risque du Front national est présent nous le ferons.
AUDREY CRESPO-MARA
Dans quel état d'esprit est revenu Emmanuel MACRON du G7, est-ce qu'il est déçu de ne pas avoir réussi à faire infléchir Donald TRUMP sur les Accords du climat, mécontent de lui avoir broyé la main ?
CHRISTOPHE CASTANER
Globalement vous ne pouvez pas réduire la séquence internationale, on voit bien que la France est redevenue une puissance phare dans le débat international et diplomatique, parce qu'il y a eu...
AUDREY CRESPO-MARA
Sur le climat ça n'a servi à rien.
CHRISTOPHE CASTANER
Non, non, non, vous ne pouvez pas dire ça, parce qu'il y a eu toute une série de rencontres : le président ERDOGAN, le président TRUMP, le président POUTINE hier, on voit bien que la France retrouve une place dans le concert des Nations et ça apparait majeur. Ensuite il y avait une stratégie, on savait que TRUMP était sur ce sujet extrêmement fermé et donc, soit on fermait la porte tout de suite, on clôturait le débat, soit au contraire on se donnait du temps pour tenter de le faire infléchir, c'est plutôt cette stratégie-là qui l'a emportée et je crois qu'en diplomatie celle de mettre des claques n'est jamais la meilleure façon de faire.
AUDREY CRESPO-MARA
Sur quel dossier Emmanuel MACRON peut-il se targuer d'avoir fait avancé les choses, hormis sur son dossier à lui ?
CHRISTOPHE CASTANER
Sur l'Europe par exemple avec sa première rencontre avec le président JUNCKER qui a, je reprends ses mots, dit : « c'est la première fois que je rencontre un chef d'Etat qui, quand il vient me voir, me parle du social, avec notamment le combat qu‘on va mener sur la directive Travailleurs détachés ». Vous me donnez un exemple, je vous...
AUDREY CRESPO-MARA
Concrètement !
CHRISTOPHE CASTANER
Eh bien très concrètement vous savez que les travailleurs détachés c'est 270.000 personnes en France qui dans des conditions de travail très défavorables pour eux et très défavorables pour les travailleurs français sont en concurrence et donc nous voulons une refonte totale de la directive Travailleurs détachés, ça été le premier objet dont Emmanuel MACRON a pu parler, il y en a eu d'autres.
AUDREY CRESPO-MARA
Après TRUMP, Emmanuel MACRON a rencontré Vladimir POUTINE, la magie MACRON c'est de recevoir celui qui était le diable il y a encore quelques semaines sous les applaudissements de tout le monde, c'est quand même étonnant ce qui est arrivé ?
CHRISTOPHE CASTANER
Mais est-ce que vous voulez retenir seulement le fait qu'ils se sont rencontrés ou plutôt ce qu'ils se sont dit ? Je pense que c'est ça qui est intéressant !
AUDREY CRESPO-MARA
Rien sur la rencontre, POUTINE on nous disait depuis des mois que c'était le diable et aujourd'hui Emmanuel MACRON lui sert la main et sous les applaudissements de tout le monde.
CHRISTOPHE CASTANER
Oui, mais est-ce que vous pensez qu'il ne fallait pas le voir ? Moi je pense que, au contraire, il fallait plutôt le voir comme l'a fait Emmanuel MACRON et aborder un certain nombre de sujets, de sujets forts, comme la question de la Crimée, comme la question des droits des LGBT, comme la question du commerce qu'on doit rétablir avec la Russie et j'ai plutôt noté que le président POUTINE était surpris de la fermeté de la discussion qu'il a eue avec le président MACRON, moi je crois qu'il faut dialoguer mais ça ne veut pas dire jamais s'aligner.
AUDREY CRESPO-MARA
Tous les matins je pose une question récurrente, la question off, mais devant les caméras. C'est off, entre nous, vous connaissez ça maintenant...
CHRISTOPHE CASTANER
Bien sûr.
AUDREY CRESPO-MARA
Vous êtes le chouchou de ces dames, Femmes actuelles a titré sur son site : « Qui est Christophe CASTANER, le porte-parole d'Emmanuel MACRON, particulièrement sexy ? Qui est cet homme qui fait craquer les femmes ? » Vous n'avez pas peur d'énerver les hommes ? Vous avez besoin de leurs voix pour être élu.
CHRISTOPHE CASTANER
Non, je ne sais pas si je dois en avoir peur. Ensuite vous savez l'hypermédiatisation c'est quelque chose qui est difficile à vivre, ça vous surprend quand on vous interpelle, quand vous mangez au restaurant, etc., mais en même temps c'est plutôt sympa, la presse est plutôt sympa pour l'instant, tant mieux.
AUDREY CRESPO-MARA
Justement ça vous fait quoi qu'on étale votre intimité dans les magazines, qu'on parle par exemple dans Femmes actuelles de vos deux petites filles, de votre femme Hélène avec qui selon le magazine vous vivez une histoire d'amour digne d'un roman, ça fait quoi, ça fait partie du job c'est ça ?
CHRISTOPHE CASTANER
Non, j'avoue que j'ai été surpris, parce que ces journaux en plus juste ne m'ont pas consulté pour cela, j'ai même vu dans un autre quand j'étais un fan de belles bagnoles alors que vraiment c'est un sujet... je ne mets pas les deux sur le même niveau - mon épouse et mes bagnoles – mais c'est un sujet qui n'est pas du tout le mien. Donc, voilà, non je suis assez surpris. Ensuite ça fait partie du jeu, voilà, moi j'ai la chance d'avoir une famille qui est très protégée j'ai la chance que mes filles aient une maman qui est hyper disponible et qui me sécurise dans ma vie parce qu'on ne pourrait pas faire le métier que je fais si on n'était pas heureux et si on n'était pas sûr que ses enfants, en l'espèce deux filles, vivent bien, elles le font grâce à leur mère et je leur en remercie.
AUDREY CRESPO-MARA
Apprêtez-vous à faire la une de Voici cet été, je vous préviens. Merci Christophe CASTANER, la suite de la Matinale.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Merci, on retiendra les propos de votre invité sur l'enquête donc ouverte à propos de Marielle DE SARNEZ, des accusations calomnieuses dit donc le porte-parole du gouvernement.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 31 mai 2017