Texte intégral
Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires et les élus,
Mesdames et Messieurs,
Bâtir un pont en Finistère, bâtir un pont entre les Finistères, c'est inscrire dans cet admirable paysage de la rade de Brest une oeuvre, une volonté et une vision.
L'oeuvre, le chef d'oeuvre que constitue ce pont qui s'élance sur l'Elorn, est vôtre. Architectes, bureaux d'étude, services de l'Equipement et entreprises, vous avez chacun contribué pour votre part à la prouesse technique.
800 mètres de longueur, 400 mètres de portée centrale, ce qui en fait l'un des ponts à haubans les plus longs du monde ; des matériaux innovants qui donnent toute leur finesse à ces pylônes culminant à plus de 100 mètres au-dessus de la mer; une insertion réussie dans ce paysage maritime exceptionnel qui nous entoure : la réalisation est exemplaire.
En ce jour où nous célébrons la réussite de vos efforts, je voudrais vous rendre l'hommage que mérite le travail accompli.
Cette oeuvre est née de la volonté commune :
- de votre Conseil régional, présidé par M. Yvon BOURGES ;
- de votre Conseil général, présidé par M. MIOSSEC, dont je salue l'action à la tête de votre département ;
- de la Communauté urbaine de Brest, présidée par M. MAILLE.
La Charte de développement de la région de Brest, conclue en 1988, avait prévu le soutien de l'Etat au projet de nouveau pont. M. Bertrand COUSIN avait joué un rôle important dans cette négociation.
Sur sa proposition, j'ai souhaité qu'après la signature du contrat de plan, une nouvelle charte d'objectifs soit préparée au bénéfice de l'agglomération brestoise.
La singularité géographique de la Bretagne, qui donne à Brest la fonction d'une métropole d'équilibre, la complémentarité de Brest avec Rennes et Nantes, tout en effet démontre l'intérêt d'une nouvelle mise en forme des ambitions de votre agglomération.
Grâce au schéma de développement, l'Etat s'est ainsi engagé à vos côtés en apportant 60% du financement du projet.
Mais, si vous avez mené ce projet avec la ténacité qui est l'une des marques de votre caractère, c'est aussi parce qu'il exprime une vision.
Dès la formation du Gouvernement, j'ai appelé les Français à une grande réflexion sur le développement de leur territoire. Le Parlement en débat actuellement. De quoi s'agit-il ? De définir ensemble notre vision pour l'avenir de notre pays.
Je crois que nous devons méditer l'exemple que nous a donné la Bretagne. Que de chemin parcouru depuis 25 ans ! Qu'il s'agisse de l'économie et particulièrement de l'agriculture, de la formation, de l'habitat, des communications, c'est à une véritable renaissance de la Bretagne que nous avons assisté !
Une date symbolise tout particulièrement cette renaissance. En 1969, le Général de GAULLE lançait le plan routier breton. Toute la Bretagne, de Rennes à Brest, en passant par Quimper, par Saint-Brieuc et par Vannes, devait être ceinturée de voies rapides. Ainsi devait être définitivement acquis le désenclavement tant attendu de votre région.
L'oeuvre fut poursuivie après le Général de GAULLE, notamment par Georges POMPIDOU, qui fut parmi les premiers à concevoir une politique d'aménagement du territoire.
L'action de notre Gouvernement s'inscrit dans cette continuité. Il a prévu les moyens nécessaires à la construction de la voie expresse du centre de la Bretagne, qui marquera l'achèvement du plan routier breton.
Une étape est aujourd'hui franchie : le pont sur l'Elorn renforcera l'unité du Finistère. La liaison entre le Nord et le Sud du département, entre ses deux grandes villes, Brest et Quimper, pourra enfin s'établir avec l'efficacité et la rapidité que souhaitaient de longue date les habitants du Finistère.
La Bretagne, et plus particulièrement la Bretagne occidentale, s'affirme comme l'une des terres où a le mieux réussi la politique d'aménagement du territoire. Pourquoi un tel succès ? Je crois qu'une affinité profonde existe entre cette politique et les valeurs auxquelles tient la Bretagne.
D'abord le sens du défi et le refus de la fatalité. La politique d'aménagement du territoire veut donner à chaque région de France l'égalité des chances, c'est-à-dire le même droit à un développement conforme à ses ressources et à ses aspirations.
Dans cet esprit, la Bretagne a prouvé qu'elle pouvait conduire son propre développement. Elle a démontré qu'il ne fallait pas croire à de prétendues logiques économiques fondées exclusivement sur le laisser-faire, ni borner son regard à quelques très grandes agglomérations et à l'axe rhénan. Ce serait oublier un peu vite que le développement est d'abord le fruit de la valeur des hommes. De cette valeur, la Bretagne n'a jamais manqué.
Ensuite, le sens de l'entraide et de la solidarité. La politique d'aménagement du territoire ne veut laisser personne au bord du chemin. En Bretagne, on sait compter d'abord sur ses propres forces, mais aussi venir en aide à ceux qui en ont besoin.
Dans le même esprit, l'Etat est venu épauler les efforts de la Bretagne. De cette convergence est né le succès.
Enfin, la Bretagne a su mettre son pragmatisme au service de son ambition.
Il fallait que s'exprime une vision de la Bretagne, de son identité, de sa place en France et en Europe. Sans cette vision, les efforts accomplis auraient manqué d'un but à atteindre, sans elle, la renaissance de la Bretagne se serait enlisée en chemin.
Mais il fallait aussi avancer, pas à pas, pour construire les fondements de la réussite économique bretonne, en consolidant les acquis, en utilisant au mieux les ressources humaines et matérielles.
La Bretagne a su enraciner son ambition dans les réalités, écartant aussi bien la gestion sans vision, qui perdrait vite son souffle, que la vision sans bonne gestion, qui n'est que poursuite du vent.
Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs,
Fernand BRAUDEL commençait son grand livre sur l'identité de la France en écrivant "Que la France se nomme diversité."
Loin de nuire à la France dans sa compétition avec les autres nations, cette diversité est une richesse, une force, une source d'inspiration.
La politique de développement du territoire vise à mettre ces richesses au service du redressement de notre pays.
Il faut pour cela de l'imagination. Elle ne nous fait pas défaut, comme elle ne vous a jamais manqué. Il faut aussi du courage et de la raison de la part des responsables des affaires publiques. Enfin, il faut de la constance.
C'est d'abord cela que les Français attendent de nous : continuité, volonté, souci de l'intérêt général avant toute autre considération.
Avec pragmatisme, avec modestie, car rien n'est jamais acquis facilement, mais avec détermination, car rien n'est jamais scellé, le Gouvernement met en oeuvre, depuis mars 1993, cette politique de redressement. D'ores et déjà, les premiers résultats apparaissent et la croissance, encore timide, certes, est de retour. Bientôt, je le souhaite, l'emploi sera stabilisé. L'espoir revient, un espoir raisonnable, fondé sur les réalités, pas sur les chimères.Je remercie la Bretagne, et particulièrement aujourd'hui son aile occidentale, du soutien qu'elle y apporte par ses propres efforts. La confiance qui nous est témoignée nous engage : soyez assurés que le Gouvernement ne ménagera pas sa peine pour y répondre.