Déclarations de M. Edouard Balladur, Premier ministre, sur le développement économique et social de la Réunion, la signature du contrat de plan et ses orientations essentielles, à la Réunion le 26 novembre 1994 (7 déclarations).

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Auteur(s) moral(aux) : Secrétariat général du Gouvernement

Circonstance : Voyage de M. Balladur à la Réunion, déplacement au sud de l'île, le 24 novembre 1994

Texte intégral


* ALLOCUTION A LA MAIRIE DE CILAOS
Monsieur le Maire,
Votre accueil si chaleureusement amical ce matin ne peut surprendre ceux qui connaissent la réputation de Cilaos. Votre commune n'est certes ni la plus riche, ni la plus peuplée de l'île. C'est pourtant l'une de celles qui provoquent chez les visiteurs de La Réunion l'attachement le plus profond et le plus durable. Vous la devez bien entendu aux paysages somptueux dont la nature vous a dotés. Vous le devez aussi à une qualité d'hospitalité, de simplicité et d'authenticité où s'incarne ce que La Réunion a de meilleur.
Je souhaite d'abord que nous ayons une pensée pour les femmes et les hommes qui se sont progressivement établis et maintenus dans ce cirque de Cilaos, travaillant avec beaucoup de courage dans des conditions souvent très difficiles : il n'est que de constater le caractère particulièrement tourmenté du relief, la réalité quotidienne de l'enclavement, la difficulté de développer des activités économiques rentables.
Et pourtant on peut dire sans exagération que Cilaos est à bien des égards un exemple de réussite économique et humaine.
Le tourisme ici n'est plus une virtualité, mais une activité en plein essor. Le succès de la Maison de la Montagne atteste l'attrait qu'exerce Cilaos sur les amateurs de randonnée sportive ou sur ceux qui souhaitent plus simplement découvrir un environnement naturel préservé. Une hôtellerie et une restauration familiale se sont développées. Cilaos bénéficiera donc pleinement des mesures d'exonération des charges sociales prises par le Gouvernement en faveur de ce secteur économique sur la proposition de M. Dominique PERBEN.
Le thermalisme rénové est un autre atout pour Cilaos.
La broderie enfin -l'une des formes les plus remarquables de notre artisanat national- évolue en s'adaptant au goût de nouveaux publics.
Bref Cilaos, qui bénéficiera conformément à vos voeux dans le cadre du XIe plan d'un contrat de station touristique, ne se contente pas de vivre sur de prestigieux souvenirs hérités du passé. Et votre commune, Monsieur le Maire, illustre avec beaucoup de réussite le bien-fondé de l'objectif que s'étaient assigné l'Etat et les collectivités territoriales réunionnaises, il y a de cela une quinzaine d'années, en lançant le plan d'aménagement des Hauts.
Ce plan était né d'un constat : le considérable retard de développement, d'équipements et d'infrastructures que connaissaient alors les Hauts de l'île, avec le risque d'un exode rural accéléré vers les zones littorales déjà très peuplées.
Nous pouvons aujourd'hui mesurer les efforts positifs de cette volonté, qui prend valeur d'exemple dans le cadre du grand débat national sur l'aménagement du territoire que le Gouvernement a récemment organisé.
Les Hauts de La Réunion ont enrayé l'exode. Leur population croît, même si c'est encore à un rythme inférieur à la moyenne départementale.
Le développement économique y est rapide, particulièrement spectaculaire en matière d'élevage ou de production laitière, de diversification des productions végétales, de valorisation des produits de l'agriculture et de la forêt, de tourisme rural.
Enfin s'est imposée peu à peu une image positive des Hauts, dont les habitants ont pris conscience des valeurs qui étaient les leurs de solidarité, d'opiniâtreté, d'attachement à un patrimoine naturel et culturel.
L'aménagement équilibré du territoire est l'un des principes fondamentaux du schéma d'aménagement régional de La Réunion en cours d'élaboration. Il implique donc la poursuite de l'effort spécifique à conduire au bénéfice des Hauts, en particulier en matière d'équipements publics et de logements sociaux. Il ne s'agit cependant pas seulement à présent de mettre en oeuvre une politique de rattrapage, mais surtout de prendre plus clairement conscience de ce que les Hauts apportent au développement économique, social et humain de La Réunion toute entière.
Les Hauts ne présentent naturellement pas, selon les régions de l'île, des situations identiques. Dans les années qui viennent, une attention particulière devra par exemple être apportée à l'évolution des Hauts de l'Ouest, pour lesquels le projet de transfert de l'eau d'Est en Ouest constitue une chance historique.
De la même façon les Hauts de l'Est représentent quant à eux un espace dont la mise en valeur n'est encore qu'esquissée.
Si beaucoup de chemin a été parcouru depuis la nomination du premier commissaire à l'aménagement des Hauts en 1978, il reste beaucoup à faire, nous le sentons bien. Nous avons à tout le moins à manifester ensemble l'énergie et la détermination que doivent nous donner les premiers et importants succès remportés.
Tel est le message de confiance et de mobilisation que je souhaitais adresser, à travers la population de Cilaos et par votre intermédiaire, Monsieur le Maire, à l'ensemble des Réunionnais qui vivent et travaillent dans les Hauts.
Je terminerai Monsieur le Maire par une note plus personnelle : le jumelage de Cilaos avec Chamonix, commune qui m'est chère, est une raison supplémentaire -s'il en était besoin- de l'attention que je porterai à vos projets et à vos réalisations.
Soyez en tout cas remercié de votre accueil, et de votre amitié.
Déjà, la direction départementale de l'équipement a étendu les compétences de son antenne locale, en la transformant en agence polyvalente. De même, les services de la direction de l'agriculture et de la chambre d'agriculture vont accentuer leur présence auprès des agriculteurs du Sud grâce à la construction d'un bâtiment pour accueillir leurs services locaux.
Je n'exclus pas d'autres actions plus significatives dans l'avenir pour reconnaître plus nettement la cohésion de la partie du Sud de La Réunîon.
Monsieur le Député-Maire, Mesdames et Messieurs, je suis persuadé que La Réunion, et le Sud de l'île, qui font preuve d'un grand dynamisme, sauront dans les années à venir relever les défis du développement.
* ALLOCUTION A LA MAIRIE DU TAMPON
Monsieur le Député-Maire,
Mesdames, Messieurs,
Cher André THIEN AH KOON, je tiens à vous remercier, vous et vos collègues du conseil municipal du Tampon, ainsi que la population de cette si belle commune, pour la cordialité et la chaleur de votre accueil.
Mon voyage à la Réunion aurait été bien incomplet s'il n'avait pas comporté d'étapes dans le Sud, et tout particulièrement ici au Tampon.
Je tenais tout particulièrement à saluer dans sa mairie un élu dont la fidélité et le dévouement sont bien connus. Vous soutenez notre politique et je souhaitais vous dire la valeur que nous accordons à votre appui.
A Paris, vous défendez ardemment et efficacement la Réunion. C'est pourquoi j'ai décidé de vous nommer parlementaire en mission pour étudier les moyens de développer la coopération entre la Réunion et Madagascar et examiner les conséquences sur l'économie réunionnaise de la renégociation des accords de Lomé.
Ce n'est pas seulement au parlementaire que je viens rendre hommage, c'est aussi au maire. Je sais à quelles contraintes les élus municipaux sont confrontés dans la gestion de leurs communes.
Conscient de ces difficultés, vous vous êtes attaché à développer le Tampon, tout en veillant à préserver la qualité de vie, dans un environnement de grande beauté, appuyé sur les flancs du volcan de la Fournaise. Vous avez aussi contribué à mettre son potentiel agricole en valeur. Au Tampon, on produit des fleurs, des fruits et des légumes : l'élevage occupe une place importante qu'il s'agisse de la production laitière ou de la viande bovine. Il faut continuer dans cette voie qui permet d'utiliser au mieux l'ensemble de vos ressources naturelles.
Je tiens à souligner qu'à la suite de l'amendement que vous avez, avec Monsieur Jean-Paul VIRAPOULLE, défendu à l'Assemblée nationale lors de l'examen de la "Loi PERBEN", vous avez su convaincre mon Gouvernement du bien fondé d'une exonération totale des charges des exploitations agricoles de moins de 20 hectares dans les DOM. J'ai décidé de la mettre en application dès le 1er octobre de cette année. En outre, le Préfet organisera très rapidement une concertation avec les professionnels sur la pondération applicable au seuil d'application de cette loi.
Enfin, je n'ignore pas, Monsieur le Député, qu'ici dans le Sud de la Réunion on est attentif aux nécessités d'un développement équilibré du territoire réunionnais. Vous avez eu l'occasion de m'en parler récemment à Paris. J'aurai dans quelques minutes l'occasion d'intervenir sur ce sujet, au moment de l'inauguration de l'antenne sud de l'Université.
Mes chers amis, cette visite à la Réunion est pour moi l'occasion de vous redire la confiance qu'ensemble le Gouvernement et sa majorité, portent aux départements d'Outre-Mer, la place éminente qu'ils occupent au sein de la Nation. Je vous demande, à mon tour, de croire en ma détermination : sachez que le développement de la Réunion me tient à coeur et qu'avec votre aide, je suis persuadé que nous le mènerons à bien.
Dominique PERBEN soulignait ainsi la volonté commune de l'Etat et des collectivités territoriales d'assurer un rééquilibrage du territoire réunionnais.
Quelques mois plus tard, des signes concrets manifestent que ce rééquilibrage n'est pas seulement un objet de discours.
Mais un tel projet n'allait pas de soi, et c'est grâce à une très remarquable mobilisation de l'ensemble des partenaires associés à l'Etat dans le cadre du schéma Université 2000 qu'il a pu aboutir.
Je veux rendre ici un hommage particulier aux universitaires réunionnais, à travers vous Monsieur le Recteur et Monsieur le Président, pour avoir su saisir l'enjeu que représentait la délocalisation d'une partie de l'Université pour un développement plus équilibré de l'île.
Cette réalisation, Monsieur le Député-Maire, doit beaucoup à votre détermination et à votre énergie, qui sont d'ailleurs les traits caractéristiques de votre activité de parlementaire. Je suis pour ma part heureux de saluer le soutien actif que vous apportez au Gouvernement, et aux objectifs ambitieux qu'il s'est fixé, tout particulièrement pour le développement des départements d'Outre-Mer.
Ici, au Tampon, pour ce projet, vous avez su convaincre et vous n'avez pas hésité à investir, aidé par le Conseil Général.
Dès cette année, le département et la ville du Tampon auront su dégager environ 12 MF nécessaires pour permettre le transfert à la rentrée de la première année de la filière des activités physiques et sportives, soit près de 150 étudiants, l'installation d'enseignements de l'Institut universitaire de formation des maîtres et d'un centre de formation à l'usage des professeurs de français en Afrique, qui était jusqu'alors basé au Rwanda.
A terme, c'est l'ensemble de la filière sportive, et progressivement les premiers cycles, qui ont vocation à s'implanter ici, pour dédoubler les enseignements dispensés à Saint-Denis.
Les habitants de Saint-Pierre et de l'ensemble du sud de la Réunion peuvent compter sur leurs capacités de dveloppement. Le territoire réunionnais a commencé à se rééquilibrer. Le Gouvernement est déterminé à promouvoir un développement juste et équilibré de la Réunion.
Vive Saint-Pierre !
Vive le département de la Réunion !
Vive la République !
* ALLOCUTION A L'ANTENNE SUD DE L'UNIVERSITE DU TAMPON
Monsieur le Député-Maire,
Monsieur le Président de l'Université,
Mesdames, Messieurs,
C'est avec beaucoup de plaisir que je viens aujourd'hui inaugurer à vos côtés l'antenne Sud de l'Université de La Réunion.
Si l'Université joue partout un rôle déterminant en faveur du développement économique, social et culturel, elle peut jouer aussi, par ses implantations, un rôle essentiel dans une politique d'aménagement du territoire. L'exemple de l'Université de La Réunion le démontre une nouvelle fois.
C'est pourquoi, le Gouvernement se réjouit que l'Université de La Réunion soit aujourd'hui présente dans le Sud de l'île, avec ses étudiants et ses enseignants, au Tampon comme à Saint-Pierre. La présence à mes côtés de Monsieur François FILLON, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche l'atteste tout particulièrement.
Lors de sa première visite à La Réunion, le 27 juillet 1993, Dominique PERBEN déclarait -je le cite- "Avec les administrations de I'Etat et avec nos partenaires de la Région et du Département, nous étudions comment mieux répartir les services publics de l'île pour que le Sud n'ait pas le sentiment d'être lésé par rapport au Nord".
L'Etat encouragera cette politique essentielle pour le développement équilibré de La Réunion et pour ses habitants. Dès 1995, il apportera environ 10 MF pour compléter l'installation des locaux et construire en particulier l'amphithéâtre indispensable pour les étudiants des diplômes d'études universitaires générales. Dès 1995, une dotation en personnels, qui s'ajoutera à la dotation proprement dite de l'Université, permettra de constituer une équipe destinée à assurer l'animation du centre universitaire du Tampon, et à renforcer les moyens de l'institut de formation des maîtres.
Une dynamique est lancée, elle va conduire à faire du Tampon un pôle de développement universitaire. J'en suis tout particulièrement heureux.
Mais je voudrais également rappeler que le rééquilibrage entre le Sud et le Nord de La Réunion ne s'arrêtera pas là.
La présence à mes côtés de Philippe DOUSTE-BLAZY, ministre délégué à la Santé, témoigne de ce que le secteur hospitalier, élément essentiel de l'aménagement du territoire, ne sera pas oublié.
Le maintien de la neurochirurgie à l'hôpital de Saint-Pierre-Le Tampon en est justement l'exemple. De la même manière, le Préfet a récemment procédé avec les établissements concernés à un nouvel examen du dossier de l'équipement mobile d'imagerie par rsonance magnétique, qui devrait permettre prochainement à la population du Sud de bénéficier sur place dg cet outil précieux d'examen et de diagnostic.
Monsieur le Député-Maire, je crois avoir démontré la détermination du Gouvernement à soutenir un développement harmonieux et équilibré de l'île.
Cette préoccupation ressort clairement des débats qui ont eu lieu ici à l'occasion notamment de l'élaboration du schéma d'aménagement régional.
Les quatre grands principes fixés par ce document, que sont la protection des milieux naturels et agricoles, l'aménagement plus équilibré du territoire, la consolidation des bourgs ruraux correspondent bien à des enjeux dont chacun perçoit la portée pour l'avenir de l'île.
La Réunion devra faire face dans les années qui viennent à une croissance toujours forte de sa population. Il lui faudra répondre aux deux préoccupations fondamentales des Réunionnais -se loger et travailler- sans pour autant gaspiller ou défigurer des espaces naturels qui forment l'une de ses plus précieuses richesses, avec par exemple 40 000 ha de forêt et 160 espèces végétales propres à l'île.
Le Schéma d'Aménagement Régional constitue donc l'un des outils de la discipline collective sans laquelle aucun aménagement cohérent et harmonieux ne serait possible.
Je souhaite pour ma part mettre un accent particulier sur les questions liées à la circulation, et à la place qui devrait revenir à un système efficace et moderne de transports collectifs.
Je ne suis pas sûr que la réflexion de l'ensemble des partenaires concernés ait été sur ce point suffisamment vigoureuse, et j'appelle les Réunionnais à un travail d'imagination et de proposition sur ce sujet essentiel pour l'amélioration de leurs conditions de vie.
Monsieur le Député-Maire, Mesdames, Messieurs, l'aménagement du territoire ne se décrète pas. Les meilleurs projets n'aboutissent que lorsqu'ils sont portés par la volonté commune des élus et de la population, auxquels l'Etat apporte bien évidemment son concours.
La création de l'antenne Sud de l'Université en est un exemple, il sera suivi d'autres. Je crois qu'il nous faut réfléchir sans tarder à une meilleure organisation et à un renforcement des services de l'Etat dans le Sud.
* ALLOCUTION A LA MAIRIE DE SAINT-PIERRE
Monsieur le Maire,
Messieurs les Députés,
Mesdames, Messieurs,
J'ai souhaité, profiter de ma visite à la Réunion pour saluer les élus et la population de Saint-Pierre. Car mon déplacement en tant que Premier ministre n'aurait pas été complet s'il n'avait pas comporté une étape dans la capitale du sud de la Réunion. Je n'ignore pas, en effet, l'attachement très fort que les habitants du sud de l'île portent à leur région, ni le sentiment qu'ils éprouvent parfois d'avoir été moins favorisés que d'autres, dans le domaine de l'organisation administrative notamment.
Il est vrai que l'arrondissement de Saint-Pierre, le plus peuplé après celui de Saint-Denis, fête tout juste ses trente ans. Il est vrai aussi que notre organisation, suivant en cela une habitude bien française, a, par, le passé privilégié à l'excès la centralisation.
Cette situation, sur laquelle j'ai pu m'exprimer plus longuement il y a quelques instants au Tampon, n'a cependant pas empêché la région de Saint-Pierre de manifester un très grand dynamisme économique, et, en particulier, de constituer un pôle agro-alimentaire puissant, moderne et compétitif, sans équivalent dans le reste de l'île. Grâce à cela, le rééquilibrage du territoire réunionnais m'apparaît bien amorcé.
Mais il appartient aussi à l'Etat et aux collectivités territoriales d'agir pour que le sud, et notamment l'agglomération saint-pierroise, bénéficie d'équipements publics suffisants et de qualité pour permettre à l'emploi de se développer et à la cohésion sociale de se renforcer. Ces équipements publics concernent des domaines aussi différents que l'enseignement, notamment universitaire, l'habitat, les équipements en faveur du désenclavement, comme l'aménagement de la zone de Pierrefonds qui permettra une utilisation plus complète et plus efficace de l'aéroport.
Je crois pouvoir dire que le message unanime des élus du sud de quelles que soient leurs tendances politiques, a été entendu par le Gouvernement. Je tiens à saluer l'action opiniâtre du Député André-Maurice PIHOUEE.
En effet, au-delà des différences politiques qui sont tout-à-fait normales pour le fonctionnement d'une démocratie exemplaire comme la nôtre, il appartient parfois aux élus de dépasser ces clivages pour oeuvrer dans l'intérêt commun.
Je sais qu'à la Réunion un tel accord peut se former pour défendre des dossiers concrets ; et je m'en réjouis.
Monsieur le Maire, j'ai voulu rendre visite au régiment du Service Militaire Adapté à Terre-Sainte dans votre commune. Le Gouvernement tient, en effet, à rendre hommage à l'oeuvre que ce régiment accomplit depuis trente ans à la Réunion. C'est là une forme originale, du service national. Le Gouvernement vient de prendre 29 mesures pour répondre aux aspirations, dont la Consultation des Jeunes a permis l'expression. J'aurai l'occasion d'y revenir. Je pense qu'il faudrait développer dans les DOM les formes civiles du service national. Ce serait pour les jeunes originaires de la Réunion un moyen supplémentaire d'accroître leur formation et de faciliter leur insertion professionnelle future. Ainsi le Régiment du Service Militaire dispense déjà des formations dans des secteurs aussi différents que l'agriculture, le bâtiment et les travaux publics, les métiers tertiaires. Il a valeur d'exemple à mes yeux.
Les habitants de Saint-Pierre et de l'ensemble du sud de la Réunion peuvent compter sur leurs capacités de développement. Le territoire réunionnais a commencé à se rééquilibrer. Le Gouvernement est déterminé à promouvoir un développement juste et équilibré de la Réunion.
Vive Saint-Pierre !
Vive le département de la Réunion
Vive la République !
* ALLOCUTION PRONONCEE AU REGIMENT DU SERVICE MILITAIRE ADAPTE DE SAINT-PIERRE
Monsieur le Député,
Monsieur le Maire,
Mon Général,
Messieurs les Officiers et Sous-Officiers,
Mesdames, Messieurs,
La visite de l'implantation du régiment du service militaire adapté à Terre-Sainte est pour moi l'occasion de rendre hommage à l'oeuvre accomplie depuis trente ans par ce régiment à la Réunion.
Forme originale et à bien des égards exemplaire du service national, le S.M.A. a depuis sa création, à l'initiative de M. Michel DEBRE, accueilli et formé plus de 13.000 jeunes réunionnais, qui ont effectué plus de 400 chantiers.
Le S.M.A. dispense des formations professionnelles d'une qualité incontestée dans trois secteurs : l'agriculture, le bâtiment et travaux publics, les métiers tertiaires.
A l'issue de leur service, 70 % des jeunes appelés trouvent un emploi ou bien sont admis dans un cycle complémentaire de formation, ce taux étant naturellement tout à fait remarquable compte tenu de la situation du marché de l'emploi.
Depuis 1992 quatre nouvelles filières de formation ont été ouvertes, ce qui traduit bien l'aptitude du S.M.A. à élargir sans cesse la palette de ses débouchés professionnels.
Ces résultats seront encore améliorés à l'avenir, dans la mesure ou la "loi Perben" consacre désormais la reconnaissance, dans les conventions collectives, de l'attestation de formation professionnelle délivrée par les unités du S.M.A.
Ce n'est donc pas un hasard si le S.M.A. a acquis l'estime et le soutien de l'ensemble de ses partenaires, et d'abord des collectivités territoriales, Région, Département et communes.
Il est vrai également que le S.M.A., parfaitement intégré à la vie locale, apporte d'année en année à la population un concours apprécié -je pense notamment à la réalisation de très nombreuses pistes de désenclavement dans les Hauts de l'Ile.
Ce succès incontestable a incité le ministre des Départements et Territoires d'Outre-mer à renforcer l'action du S.M.A. à la Réunion.
C'est ainsi que l'établissement de la Plaine des Cafres, au Tampon, accueille depuis le mois de juillet dernier une compagnie complète, soit 120 hommes.
C'est ainsi également que l'installation d'une compagnie à Hell-Bourg, dans le cirque de Salazie, a débuté il y a quelques mois. Cette dernière opération constitue, je le souligne, une très remarquable action d'aménagement du territoire, au profit d'une zone qui compte parmi les plus défavorisées de l'Ile. J'ai ainsi la conviction que le S.M.A. pourra contribuer très efficacement au développement global de la commune de Salazie.
Les cadres militaires qui animent le S.M.A. méritent donc de chaleureux remerciements pour la qualité et l'efficacité de leur engagement, où la dimension humaine importe avant tout. Grâce à eux, le service national participe pleinement à l'insertion sociale et professionnelle des jeunes réunionnais.
Les réponses des jeunes des DOM au questionnaire que j'avais décidé de leur adresser témoignent de leur adhésion à ce type de service national qu'ils estiment eux-mêmes conforme à leurs aspirations puisque deux Réunionnais sur trois effectuant leur service national dans l'île choisissent le R.S.M.A.
Dans le domaine du service militaire adapté comme dans bien d'autres, les départements d'Outre-mer, et la Réunion en particulier, ont su innover et réaliser de fécondes expérimentations.
Il ne vous a d'ailleurs sans doute pas échappé que le Ministre d'Etat, ministre de la Défense s'en était récemment inspiré dans le cadre du large débat sur le service national.
Voilà pourquoi j'ai tenu à venir saluer le S.M.A. à Saint-Pierre.
Je vous remercie, Monsieur le Maire, de votre accueil.
* ALLOCUTION PRONONCEE A LA MAIRIE DE SAINT-PAUL
Monsieur le Maire,
SAINT-PAUL, occupe à la Réunion une place particulière : c'est sur votre littoral que s'établirent, il y a plus de trois siècles, les premiers habitants de l'île, et votre commune est aujourd'hui la seconde de l'île par sa population. Par la taille, elle est l'une des plus vastes communes de France. De très nombreux bourgs ou écarts apportent à votre ensemble communal leur originalité, mais également leurs problèmes spécifiques, qui ont conduit la commune à se doter de 11 mairies annexes.
C'est dire l'ampleur de la tâche qui incombe ici au maire que vous êtes. Vous devez assumer un très lourd effort d'équipement et d'aménagement, et d'abord donner aux habitants de votre commune le logement décent auquel ils aspirent. Car si le logement est partout dans l'île l'une des premières préoccupations des Réunionnais, cette réalité s'impose avec plus d'évidence encore, Monsieur le Maire, dans une commune comme la vôtre.
Beaucoup trop nombreux encore sont les habitants de votre commune qui vivent dans des conditions de sécurité, d'hygiène et de confort qui ne sont pas acceptables. Plusieurs opérations de résorption de l'habitat insalubre sont d'ailleurs en cours ou en projet à SAINT-PAUL.
L'Etat assumera ses responsabilités, en matière de logement social. Le Gouvernement, en dépit de très fortes contraintes budgétaires, a exonéré la ligne budgétaire unique de tout gel cette année à son niveau. J'ai décidé, en outre, comme vous le savez, d'augmenter cette dotation de 100 MF par an pendant cinq ans dans les départements d'outre-mer.
En 1994, pour la Réunion, si l'on tient compte de l'accroissement de la ligne budgétaire unique par une fraction importante de la créance de proratisation versée par l'Etat au titre du revenu minimum d'insertion, 634 MF ont été consacrés au logement social, ce qui permet la construction ou l'amélioration d'environ 5 500 logements.
L'emploi des crédits importants disponibles pour le logement social doit viser une double préoccupation :
- la première, évidente, est de permettre d'accroître l'offre de logements disponibles ;
- la deuxième est de veiller à ce que les entreprises du bâtiment de la Réunion puissent en bénéficier, en associant le tissu important des entreprises artisanales existant dans l'île et qui contribueront de manière décisive aux créations d'emploi.
La très forte demande de logements constatée à la Réunion tient en effet aussi bien au besoin de décohabitation familiale et au nombre de jeunes en âge de fonder une famille, qu'à la nécessité de faire disparaître des formes d'habitat encore insalubres.
Le Gouvernement entend naturellement poursuivre l'effort engagé, en étroite coopération avec ses partenaires naturels que sont le département, les communes et les opérateurs sociaux.
Bien des facteurs doivent être maîtrisés simultanément pour construire dans des conditions et à un rythme satisfaisants : la maîtrise foncière, la viabilisation et l'équipement des terrains, la recherche d'un nécessaire rééquilibre d'un aménagement de l'île. Sur ces différents points la Réunion a su réaliser depuis quelques années d'importants progrès.
L'île dispose d'opérateurs sociaux de qualité et d'entreprises du bâtiment performantes. Surtout, la construction sociale a été depuis quelques années étroitement associée à la politique de la ville, qui a revêtu à la Réunion une ampleur exceptionnelle. SAINT-PAUL bénéficiera d'ailleurs, sur une partie de son territoire, de la convention locale de développement des Hauts de l'Ouest en cours d'élaboration.
Chaque année, c'est l'équivalent au total d'une grosse ville moyenne que la Réunion doit réaliser, avec ses logements, ses équipements, ses services publics. De ce point de vue on ne saurait, sans risquer dans quelques années de graves et coûteuses difficultés, se limiter exclusivement à l'aspect quantitatif de la construction sociale.
Je souhaite à cet égard souligner l'importance de trois outils nouveaux dont l'île va être dotée, et qui auront un impact direct sur le rythme de construction et la qualité de l'habitat.
1) Le schéma d'aménagement régional tout d'abord, dont l'élaboration sera prochainement achevée, donnera le cadre indispensable d'un développement équilibré de l'île, respectueux en particulier en espaces à vocation naturelle ou agricole.

2) Le fonds régional d'aménagement foncier et urbain en second lieu, créé grâce à la très forte volonté manifestée aux côtés de l'Etat par la Région et le Département, sera à la fois un outil financier nouveau et un instrument de mise en cohérence des interventions des différents partenaires.
3) Comme vos élus et vos responsables professionnels et syndicaux l'ont souligné dans un Livre Blanc qu'ils ont remis au Gouvernement, l'accès au logement demeure l'un des problèmes principaux de la Réunion.
Cette situation spécifique dont je suis très conscient appelle une réponse particulière.
C'est pourquoi le Gouvernement a décidé l'institution dans les DOM d'une nouvelle allocation de logement familiale qui complètera les prestations sociales existantes et sera calculée en fonction de la situation de chacun. Elle donnera aux familles, notamment les plus défavorisées d'entre-elles, les moyens d'accéder à un logement décent, que ce soit en location ou en accession à la propriété.
Cette nouvelle allocation qui -je le crois- me paraît répondre aux besoins de la Réunion, sera financée sur les crédits supplémentaires (300MF) que mon Gouvernement a décidé d'ouvrir lors du vote de la loi famille à l'initiative de Madame Simone VEIL.
Elle fera l'objet d'une mise au point définitive en étroite concertation avec vos représentants que conduiront Mme VEII, Ministre d'Etat, Ministre des Affaires Sociales, M. PERBEN, Ministre des DOM et M. de CHARETTE, Ministre du Logement. Elle sera complètement arrêtée au premier trimestre de 1995.
En outre d'importantes actions sociales nouvelles en matière de restauration et de soutien scolaire par exemple seront mises en oeuvre grâce aux crédits supplémentaires dont seront dotées les caisses d'allocations familiales des DOM.
Par ailleurs, Monsieur le Maire, je sais toute l'importance que vous attachez à la sécurité de votre population. Vous avez évoqué la demande d'implantation d'une brigade de gendarmerie à Plateau Cailloux ; j'ai le plaisir de vous annoncer que j'ai demandé au Ministre d'Etat, Ministre de la Défense de procéder à cette réalisation.
Logement et sécurité, Monsieur le Maire, participent de la même logique.
Je suis certain que nous pourrons relever ensemble ce considérable défi qu'est le renforcement de la cohésion sociale.
* ALLOCUTION PRONONCEE A L'OCCASION DE L'INAUGURATION DE LA NOUVELLE PISTE DE L'AEROPORT SAINT-DENIS GILLOT
Messieurs les Parlementaires,
Madame le Président du Conseil Régional,
Monsieur le Président du Conseil Général,
Monsieur le Président de la Chambre de Commerce et d'Industrie,
Mesdames, Messieurs,
Au terme de mon déplacement dans l'Océan Indien, je suis heureux de répondre à l'invitation de la Chambre de Commerce de la Réunion pour présider cette inauguration. Dans quelques heures, je repartirai à Paris, mieux informé des difficultés que rencontre la Réunion, mais surtout convaincu que les moyens dont elle dispose sont à la hauteur de ses légitimes ambitions.
La nouvelle piste que nous venons d'inaugurer constitue assurément un des outils privilégiés du développement de votre département.
Au coeur de l'océan Indien, à plus de 9.000 km de Paris, un tel ouvrage constitue une réalisation contribuant de façon décisive à son désenclavement. Il permettra une réduction des temps de vol et diminuera les coûts de la desserte aérienne. Le progrès économique, social et culturel tire sa force de la capacité à s'ouvrir vers les autres, à s'intégrer dans les grands courants d'échanges qui irriguent notre planète.
Imaginons, un instant, ce que représentait, il y a une génération seulement un déplacement entre la Réunion et la métropole : trois semaines de traversée maritime, ramenées aujourd'hui à à peine plus d'une dizaine d'heures d'avion.
Roland-Garros, qui réussit la première traversée aérienne de la Méditerranée en 1913, imaginait-il qu'un jour l'on joindrait, aussi aisément, Paris à sa terre natale ?
Je me réjouis que la Chambre de Commerce et d'Industrie et la Région aient pris des engagements aussi ambitieux avec l'aide de la Communauté Européenne et de l'Etat. Cette piste de 3200 mètres constitue un investissement total de 452 millions de F. Je tiens aussi à saluer ceux qui à chaque étape ont oeuvré pour la construction : architectes, ingénieurs, personnels des entreprises de travaux publics. Ils méritent tous nos chaleureuses félicitations.
Les communications quelles que soient leur nature jouent un rôle essentiel dans la compétition économique. C'est la raison pour laquelle le Gouvernement encourage fortement la baisse des tarifs des télécommunications entre la Réunion et la Métropole. D'ores et déjà en 1994, une baisse de l'ordre de 10 % a été pratiquée par France-Télécom. Cet effort sera poursuivi en 1995 et au 1er janvier les tarifs de liaisons téléphoniques devraient encore diminuer de 8 %.
Dans un autre domaine, cet aéroport rénové, développé, sera un outil utile à l'indispensable politique qui vise à rapprocher encore la Réunion de son environnement immédiat, mais aussi de l'ouvrir vers de nouvelles destinations d'Asie, d'Afrique, voire de l'Océan Pacifique, tout en facilitant la création d'autres lignes au départ de grandes métropoles européennes.
La vocation régionale de la Réunion doit s'amplifier. Dans ce cadre, j'ai décidé de confier à Monsieur André Thien Ah Koon une mission portant sur les perspectives de développement de la coopération régionale avec Madagascar.
La France compte en effet sur la diversité et l'originalité de la société réunionnaise pour faciliter son rayonnement économique et culturel à travers le monde.
En effet, qui pourrait, mieux que les Réunionnais, aider la France à être plus présente à Madagascar et dans l'Afrique Australe, en Chine et dans le subcontinent indien ?
Mais cet équipement est aussi symbolique de cette politique contractuelle associant les efforts des collectivités locales et la solidarité tant nationale que communautaire. Dans les années à venir cette politique va prendre un nouvel élan grâce à l'accroissement considérable des montants du contrat de plan et au doublement des fonds communautaires consacrés aux DOM.
Le contrat de plan pour la Réunion, qui a été signé le 1er juillet dernier, mobilisera un peu plus de 3 milliards de francs. Il porte essentiellement sur des investissements et garantit une participation de l'Etat d'environ 1,2 milliard de francs, en augmentation de 60 % par rapport au contrat précédent. Ce taux d'augmentation met la Réunion, largement devant les régions métropolitaines qui connaissent en moyenne un taux d'augmentation de 10 %
Je tiens à me réjouir de l'excellent climat qui a présidé à l'élaboration de ce contrat et à la qualité du dialogue entre l'Etat et les collectivités régionale et départementale. Le résultat de ce long travail contribuera largement au développement économique et social de la Réunion.
Quatre orientations essentielles ont été retenues : les équipements publics, l'environnement, le développement économique et la cohésion sociale.
L'Etat consacre au développement des équipements publics 539 MF. Deux éléments me paraissent les plus novateurs : un fonds d'aménagement foncier et urbain est constitué pour assurer le financement des équipements de base des terrains destinés au logement aidé. C'est une innovation importante pour permettre une véritable politique de maîtrise foncière de nature à ordonner et développer le logement social.
Le second élément novateur est représenté par l'effort significatif mené en faveur de l'enseignement supérieur pour achever le schéma "Université 2000" et même pour agir au-delà de ce schéma. Je veux citer comme exemples de cet effort l'Unité de Formation et de Recherche de lettres et de sciences, l'Institut Universitaire de Technologie de Saint-Pierre ou la construction de résidences universitaires. L'enseignement supérieur constitue, du fait de l'importance et des ambitions de la jeunesse réunionnaise, un enjeu prioritaire qui explique la présence à mes côtés de Monsieur François FILLON.
La deuxième orientation principale du contrat de plan est l'environnement. Là aussi la volonté existe : domestication de l'eau, protection des lieux habités contre les crues et l'érosion des ravines, traitement des déchets, protection et aménagement des espaces naturels sont autant d'enjeux décisifs qui nécessitent que l'Etat intervienne globalement à hauteur de 227 millions de francs.
Pour le développement économique, troisième priorité principale, l'Etat consacrera 465 MF de crédits. Il s'agit en premier lieu d'actions concernant l'agriculture pour conforter les filières traditionnelles mais aussi pour promouvoir la diversification des produits agricoles. Je voudrais à cette occasion souligner à nouveau, comme je l'ai fait à Saint-André, chez M. Jean-Paul VIRAPOULLE, l'importance que le Gouvernement attache, malgré les difficultés conjoncturelles, à la place qu'occupe et occupera la filière sucrière dans l'économie réunionnaise et notre confiance dans son rôle d'équilibre social.
Des actions touchent aussi la modernisation industrielle par l'encouragement à la diffusion des technologies nouvelles et le soutien aux organismes de recherche. D'autres opérations concernent enfin les secteurs très prometteurs en créations d'emplois que sont le commerce, l'artisanat et le tourisme.
Enfin, la quatrième priorité du contrat de plan est représentée par la recherche d'une plus grande cohésion sociale, pour laquelle l'Etat consacrera 86,5 MF, ce qui est naturellement loin de ce qu'il consacre à cette mission en dehors du contrat de plan.
M. DOUSTE-BLAZY, ministre délégué auprès du ministre d 'Etat chargé de la Ville a eu l'occasion aussi, en m'accompagnant, de mesurer les progrès accomplis dans ce domaine et ce qui reste à faire. D'ores et déjà, la Réunion se verra dotée d'un équipement médical très performant d'Imagerie par Résonance Magnétique (IRM), mobile qui bénéficiera à l'ensemble des établissements hospitaliers de l'île. Par ailleurs, ces derniers recevront des dotations accrues pour lutter contre le SIDA.
Aux moyens financiers de l'Etat s'ajouteront les crédits européens en provenance des fonds structurels et des programmes d'initiative communautaire dont mon Gouvernement a négocié et obtenu le doublement au cours des six années à venir.
La politique conduite par l'État en faveur du développement économique et du progrès social de la Réunion ne se résume pas aux seules actions du contrat de plan.
Sur le plan de l'économie et de l'emploi : la réforme proposée par M. PERBEN et que le Parlement a adopté le 25 juillet dernier constitue un texte d'une très grande ambition. il restera, j'en suis convaincu, comme un texte fondateur pour le développement économique de l'outre-mer. Au-delà même de l'outre-mer, le Gouvernement examinera avec vigilance les résultats de son application qui peut servir de champ d'expérimentation pour une politique de réformes nationales.
Je ne reviendrai pas sur les détails de cette réforme, mais je souhaite en souligner quelques aspects particulièrement forts :
- un système d'exonérations sociales portant sur près d'un quart de l'emploi salarié privé existant et représentant près de 15.000 francs par salarié et par an, afin d'encourager le développement des secteurs productifs de vos économies ;
- un dispositif d'encouragement à la création d'emplois à l'exportation permettant d'aider ces créations fortement et sur une durée de 10 ans ce qui offre aux investisseurs potentiels la possibilité d'un calcul économique fondé sur le temps de retour de leur investissement ;
- un dispositif d'encouragement à la création d'un deuxième et troisième salarié dans les petites entreprises qui couvre la totalité du territoire de votre département reconnu ainsi dans son ensemble comme une zone prioritaire ;
- l'exonération des cotisations sociales des salariés dans les petites et moyennes exploitations agricoles ;
- un dispositif fort d'insertion dans l'entreprise des personnes en difficulté apportant aux chefs d'entreprise qui voudront jouer le jeu de l'insertion, une aide très significative pendant deux ans.
Voici des mesures qui forment un ensemble cohérent et puissant au service de votre développement économique et qui vous donnent des armes nouvelles tant pour développer les activités de production destinées à se substituer aux importations que pour affronter dans de meilleures conditions la concurrence internationale.
Ces mesures viennent compléter ce qui existe déjà et en particulier la politique de défiscalisation de l'investissement dans les DOM initiée alors que j'étais ministre de l'économie et des finances et que j'ai relancée en 1993.
Cette politique de défiscalisation reste un outil essentiel du progrès économique, mais ne répond pas, pour autant, à l'ensemble des problèmes de financement de vos économies.
J'avais été très sensibilisé lors de mon déplacement aux Antilles sur les difficultés d'accès au crédit de vos entreprises, difficultés qui pourraient freiner leur participation à la reprise de l'économie qui s'amorce.
J'ai demandé que cette question soit considérée comme prioritaire.
Un certain nombre de résultats sont d'ores et déjà acquis. Le taux de réescompte de l'IEDOM pour les secteurs prioritaires de vos économies a été diminué d'un point en mai dernier. C'était la première baisse depuis près de 20 ans ! Il a été décidé de donner à la SOFODOM, qui dépend du groupe de la Caisse Française de Développement, les moyens de relayer au profit des PME des DOM les interventions conduites par la SOFARIS en métropole. Une partie des produits de l'émission de l'IEDOM sera affectée pendant plusieurs années au financement de cette action.
En outre, il a été décidé d'apporter un financement complémentaire de 75 MF à la SODERE, société de développement régional de la Réunion, afin qu'elle puisse développer ses interventions au profit de vos entreprises.
S'agissant de la politique monétaire proprement dite, vous savez que sa conduite incombe désormais à la Banque de France, qui est une autorité indépendante.
J'ai été informé que le conseil de surveillance de l'IEDOM, agissant par délégation de la Banque de France, allait procéder à une forte réduction du taux des réserves obligatoires des banques des DOM. Cette décision devrait se traduire par une amélioration de la liquidité du système bancaire et donc par un accroissement des ressources disponibles pour les emprunteurs de l'ordre de 800 millions de francs. Je souhaite que les banques des DOM répercutent intégralement cette décision dans une baisse d'un demi-point de leur taux de base. En outre, j'ai demandé que soit étudiée très rapidement une modernisation du système de refinancement des banques locales auprès de l'IEDOM. Mon objectif est que, dans le respect de notre législation, tout soit mis en oeuvre pour que soient accrues les liquidités des DOM.
Ces sujets peuvent paraître techniques mais ils sont essentiels pour votre développement. Les décisions prises permettront une modernisation du financement des entreprises des DOM. Elles s'inscrivent dans une démarche d'ensemble visant à offrir à vos acteurs économiques des possibilités de financement mieux adaptées, plus souples, et moins coûteuses.
En 18 mois, les outils mis au service de votre développement ont donc été considérablement complétés. Il s'agit maintenant, pour vous Réunionnais, de les utiliser. Vous avez largement démontré dans le passé votre capacité à le faire et je suis donc confiant pour l'avenir.
Mais le développement économique n'est pas une fin en soi. Il doit être mis au service de l'homme, de son épanouissement et de sa dignité. Il est, en fin de compte, l'instrument indispensable au progrès social. Cette réalité est encore plus forte ici à la Réunion.
Le développement économique et le progrès social doivent progresser d'un même pas. C'est la philosophie de bon sens qui inspire en la matière, loin de toute idéologie, l'action de mon Gouvernement.
Là encore que de progrès accomplis depuis 18 mois !
Je parlerai en premier lieu de l'insertion. La loi du 25 juillet 1994 ouvre sur ce plan également des perspectives nouvelles, ambitieuses et exemplaires.
La création de l'agence départementale d'insertion permettra de conjuguer les efforts de l'État et du département au service d'une politique nouvelle d'insertion pour l'activité des allocataires du RMI.
Le Gouvernement suivra avec une grande attention vos réalisations dans cette matière qui, au delà de votre île, constitue un défi pour la France toute entière. Afin d'accompagner l'effort en faveur d'une plus grande insertion, j'ai décidé d'augmenter, immédiatement, et donc en 1994, de 5 000 le nombre des CES à la Réunion.
En outre, la possibilité sera ouverte d'utiliser la dépense d'allocation du RMI pour financer partiellement les rémunérations d'activité apportées aux RMistes qui seront titulaires d'un contrat d'insertion par l'activité. Il s'agit là encore d'une innovation considérable.
Enfin, à travers la création du fonds pour l'emploi dans les DOM, les services déconcentrés de l'emploi dans les DOM pourront gérer avec une très grande souplesse et en fonction des réalités locales les moyens dont ils disposent pour l'insertion dans le secteur non marchand et l'insertion dans l'entreprise.
Autre volet essentiel de la politique sociale dans votre département, le logement social fait l'objet d'une attention soutenue de mon Gouvernement.
En juin dernier, j'avais annoncé que les crédits consacrés au financement du logement dans les DOM seraient augmentés de 100MF par an pendant cinq ans.
J'ai demandé, par ailleurs, au ministre du logement et à M. PERBEN d'engager dans les prochains jours une concertation avec les élus et les acteurs économiques et sociaux de ce secteur, afin d'aboutir rapidement sur une réforme d'ensemble du logement social. La réflexion conduite à la Réunion dans le cadre d'un Livre Blanc qui m'a été remis très récemment, ainsi que le rapport réalisé à la demande de M. de CHARETTE par votre parlementaire, Monsieur Jean-Paul VIRAPOULLE contribueront très utilement au travail de réforme que je souhaite voir achevé avant la fin du 1er trimestre 1995.
Mais sans attendre cette réforme d'ensemble, certaines mesures me semblent devoir être mises en oeuvre immédiatement.
Le Gouvernement a, vous le savez, dû répondre à la question délicate concernant l'extension aux DOM de l'allocation parentale d'éducation.
Je vous rappelle que ni lors de sa création en 1985, ni lors de sa première extension en 1987 cette allocation n'avait concerné les DOM. Dans le cadre de la "Loi Famille" adoptée fin 1994, mon Gouvernement a souhaité corriger cette injustice à l'égard des familles des DOM. Il a été ainsi prévu d'ajouter au profit des DOM une enveloppe financière calculée de façon très favorable. Elle atteindra près de 300 MF par an. Madame Simone VEIL, aussitôt la loi adoptée, a entrepris une concertation avec les élus de l'Outre-Mer sur le choix entre l'affectation de ces sommes à des opérations prioritaires en faveur des familles, notamment les plus défavorisées et l'extension pure et simple de l'APE.
Cette concertation n'a pas permis de dégager une position unanime. Dès lors, le Gouvernement a choisi d'affecter ces crédits supplémentaires à des actions centrées sur le logement des familles, l'aide à la restauration scolaire, ainsi qu'au développement de l'action sociale conduite par les caisses d'allocations familiales, par exempte en faveur du soutien scolaire.
Ceci nous permettra également de financer une réforme du dispositif de l'allocation-logement afin de faciliter le logement des familles démunies et mal logées. Près de 90 MF par an seront affectés à cette réforme.
En outre, les crédits mis en réserve en 1994 seront affectés aux caisses d'allocations familiales qui pourront financer dans les mois qui viennent des primes à l'amélioration de l'habitat pour les familles. 80 MF seront consacrés à cette action très urgente.
Une somme annuelle de 40 MF permettra d'aider les communes à rénover les installations et les équipements des cantines scolaires qui n'offrent pas des conditions d'hygiène et de confort suffisantes.
Vous le voyez bien à travers ces mesures concrètes touchant à l'évidence à des priorités sociales et qui seront complétées encore dans les jours à venir, nous sommes bien loin des joutes politiques et des querelles de principe.
Par nature, puisqu'il n'est pas possible de dégager une position unanime, ces décisions pourront laisser certains insatisfaits. C'est pourquoi je propose que nous les expérimentions pendant deux ans et que nous prenions rendez-vous à l'issue de cette période pour évaluer, tous ensemble, les résultats de cette politique et prendre alors une position définitive.
A travers ces mesures le Gouvernement montre sa priorité en faveur des familles, et surtout des plus défavorisées d'entre-elles.
Ceci me conduit à aborder la question du salaire minimum qui reste dans les DOM en retrait par rapport à celui de la métropole.
Le ministre des DOM-TOM a toujours sur ce plan exprimé le souhait du Gouvernement de traiter cette question avec pragmatisme.
Il faut répondre, en effet, à votre préoccupation de compétitivité économique qui vous conduit légitimement à ne pas vouloir alourdir le poids des charges salariales, sans négliger l'équité sociale.
C'est la raison pour laquelle, compte-tenu des éléments de reprise économique qui se font jour et compte-tenu également de l'ensemble des mesures importantes prises en faveur de l'emploi, j'ai décidé d'augmenter de 2 %, au-delà de la hausse qui interviendra en métropole au 1er janvier 1995, le SMIC en vigueur dans les DOM.
Comment enfin ne pas aborder la question de l'éducation, qui est aussi essentielle en tant qu'instrument d'égalité des chances qu'en tant qu'outil de performance pour votre économie ?
J'ai eu l'occasion de souligner les efforts considérables réalisés au profit de votre système d'enseignement supérieur.
J'ai annoncé également la poursuite et même l'amplification des créations d'emplois d'enseignants à la Réunion.
En 1995, 450 emplois nouveaux seront créés dans l'enseignement primaire et surtout secondaire. Soyez assurés que cet effort sera poursuivi avec détermination et constance par l'Etat dans les années à venir.
Voici en quelques mots, trop brefs, quelle est la politique de mon Gouvernement pour la Réunion.
Elle est fondée sur le refus de l'exclusion sociale, d'un taux de chômage anormalement élevé.
Elle est fondée sur le souci de tenir compte des spécificités des structures économiques et sociales et d'apporter des solutions adaptées et innovantes aux handicaps structurels de votre économie.
Elle est fondée sur une exigence de dignité, car il s'agit d'offrir à des hommes et à des femmes une activité utile socialement, d'offrir aux jeunes une véritable égalité des chances afin qu'ils trouvent leur juste place au sein de la société.
En s'attaquant à l'une des principales racines de l'exclusion, le chômage, cette politique traduit un choix clair, celui de la responsabilité et de la solidarité et un refus non moins déterminé de l'assistanat et de la précarité.
C'est le message que je voudrais transmettre à la population réunionnaise, à ses élus, à ses chefs d'entreprise, à ses responsables syndicaux et associatifs à ses enseignants : ayez confiance dans l'avenir de votre île, soyez fiers du travail que vous avez fait et des ambitions que vous portez.
Dignité,
Responsabilité,
Solidarité,
Voici à quoi vous appelle aujourd'hui par ma voix, le gouvernement de la FRANCE.
Vive la Réunion,
Vive la République,Vive la France !