Déclaration de M. Jean-Jack Queyranne, secrétaire d'Etat à l'outre-mer, sur le concours EUROPAN DOM sur l'habitat et la construction dans les DOM, Paris le 22 juin 1999.

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Circonstance : Ouverture du concours EUROPAN DOM sur la ville et le logement dans les DOM, à Paris le 22 juin 1999

Texte intégral

C'est avec un grand plaisir que je participe au lancement du concours EUROPAN DOM, que soutient mon ministère en partenariat avec le secrétariat d'Etat au logement et d'autres acteurs.
J'y vois en effet une excellente opportunité pour réfléchir et agir ensemble sur la construction de la ville outre-mer, sur les modes d'habiter et sur les architectures tropicales.
Comme vous le savez, la politique de l'habitat est une priorité de l'action de l'Etat dans les départements d'outre-mer. Plus des trois quarts des habitants des DOM vivent aujourd'hui en ville, et la satisfaction des besoins quantitatifs et qualitatifs des populations en matière d'habitat mérite les efforts conjoints de toutes les forces vives de ces départements.
En effet, la politique de l'habitat dans les départements d'outre-mer ne saurait se limiter aux seuls volumes financiers des aides de l'Etat au logement social, pas plus qu'à la seule définition des cadres techniques et financiers des aides au logement social.
Je suis persuadé qu'une réflexion globale sur la ville outre-mer est de plus en plus nécessaire. Elle doit permettre, dans un contexte où la ville est encore en construction, de définir ensemble une politique générale de l'habitat et de l'urbanisme dans les DOM.
Je constate en effet que la ville dans les DOM semble trop souvent construite en fonction des opportunités de localisation ou de financement qu'ont pu identifier les acteurs de la construction. Si la qualité intrinsèque des bâtiments s'est souvent nettement améliorée depuis quelques années, il n'en reste pas moins que l'insertion urbaine de nombreuses opérations pourrait sans doute progresser significativement.
Le concours EUROPAN DOM doit faciliter cette réflexion. Cette démarche a en effet pour objectif d'aider les collectivités, les aménageurs, les maîtres d'ouvrage et les architectes à apporter des réponses tant en terme de morphologie urbaine que de conception de l'habitat.
Il s'agit d'abord de poser les bonnes questions sur des enjeux très concrets.
Je pense notamment aux liens entre la construction et la politique des déplacements urbains. Il n'est pas à mon avis interdit de s'interroger sur la contribution de certaines pratiques de localisation des opérations d'habitat à la congestion croissante des routes dans les DOM.
Je pense aussi à la place, souvent trop importante à mes yeux, de l'habitat collectif vertical, qui ne permet pas toujours une appropriation du logement dans les meilleures conditions.
Je pense également aux relations entre l'habitat et l'espace public et les espaces de voisinage, dont l'importance pour les liens sociaux est à souligner dans les DOM. La prééminence du dehors sur le dedans est en effet une caractéristique importante du mode d'habitat tropical.
Je pense enfin aux processus de production des logements, très marqués par l'industrialisation et par l'utilisation de matériaux importés, et qui ne permettent pas une mise en valeur des savoir faire locaux en matière d'auto-amélioration ou d'auto-construction.
EUROPAN DOM doit également constituer un exemple concret de coopération régionale. L'appel à idées est en effet ouvert non seulement aux jeunes architectes des DOM, de France et d'Europe mais aussi à ceux originaires des régions du monde voisines de ces départements. Je suis certain que cette ouverture permettra de renforcer les liens entre les DOM et leur environnement régional.
EUROPAN DOM constitue également une illustration de l'intérêt des démarches expérimentales, adaptées à la situation de chaque DOM, au service de la politique de l'habitat. Je crois à l'effet d'entraînement de ces démarches, et les projets primés dans le cadre d'EUROPAN DOM se transformeront ensuite en projets urbains et en réalisations confiées aux équipes lauréates.
Les objectifs visés par EUROPAN DOM se retrouvent d'ailleurs dans les mesures concrètes qui ont pu être prises en faveur d'une politique plus générale de l'habitat dans les DOM.
Je voudrais citer par exemple l'élargissement du dispositif des fonds régional d'aménagement foncier et urbain (FRAFU), inspiré de l'expérience réunionnaise, étendu d'ores et déjà au département de la Martinique et qui sera étendu lors des prochains contrats de plan 2000-2006 à l'ensemble des DOM. Il s'agit, à travers des financements coordonnés entre les collectivités, l'Europe et l'Etat, de favoriser une politique foncière et d'aménagement urbain pensée en fonction des besoins des populations et non des opportunités.
Je voudrais citer également les mesures prises en faveur de la réhabilitation des logements anciens, constituées par la baisse du taux de TVA et plus récemment par la revalorisation du barème des aides à la personne pour les ménages qui résident dans les logements pour les plus anciens. Avec le vieillissement du parc, la réhabilitation des logements anciens constituera de plus en plus un enjeu majeur de la politique de l'habitat dans les DOM. Je souhaite que ces mesures permettent une approche de la réhabilitation qui intègre mieux l'insertion du logement dans son environnement.
Par ailleurs, une large concertation sera prochainement lancée, conjointement avec le secrétariat d'Etat au logement, sur des propositions d'évolution de la réglementation technique de la construction dans les DOM. Cette concertation associera l'ensemble des acteurs locaux et notamment les collectivités, les maîtres d'ouvrage et les architectes.
Je forme donc des vux de succès à EUROPAN DOM, et notamment aux jeunes architectes qui se porteront candidats et dont les idées et projets permettront, j'en suis sûr, une amélioration de la qualité de l'habitat et de son insertion urbaine dans les DOM, pour le plus grand bien de tous les habitants des DOM.
(source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 23 juin 1999)