Déclaration de M. Olivier Dussopt, secrétaire d'Etat à l'action et aux comptes publics, sur la formation des agents des services publics, à Strasbourg le 19 janvier 2018.

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Circonstance : Forum de l'Action publique, à Strasbourg le 19 janvier 2018

Texte intégral


Madame la Sénatrice
Monsieur le Préfet de région,
Mesdames et Messieurs,
Tout d'abord, permettez-moi de vous dire le plaisir qui a été le mien au cours de cette journée du Forum de l'action publique dédiée à la formation.
J'ai pu mesurer combien la région Grand Est est riche dans ce domaine de la formation au service public. Je pense bien sûr, ici à Strasbourg, à l'ENA et l'INET, j'y reviendrai. Mais je n'oublie pas l'IRA de Metz, dont les élèves ont, eux aussi, fortement contribué aux réflexions menées dans le cadre de ce forum.
Vous connaissez tous l'ambition de ces forums de l'action publique, qui se déploient sur le territoire et se prolonge avec la consultation en ligne à laquelle je vous invite tous à participer. Il s'agit de bâtir, ensemble, l'action publique de demain, en repensant le service rendu, en valorisant l'engagement des agents publics et en associant davantage les usagers. L'objectif est donc très clair. Mais soyons en tous conscients : le travail devant nous est immense.
Nos concitoyens expriment très clairement leurs attentes en matière de transformation, de modernisation de l'action publique. Ils attendent davantage, et mieux, de la part de l'Etat, mais aussi des collectivités locales ou de l'hôpital. Ils ont conscience aussi des contraintes de nos finances publiques.
La transformation de l'action publique, c'est une véritable évolution culturelle, pour nous tous. Une évolution qui doit être partagée, co-construite. Et les politiques de formation sont naturellement au coeur de cette ambition nouvelle pour l'action publique.
Ce matin, j'ai eu l'occasion de mesurer, avec les élèves de l'ENA, avec ceux de l'INET, combien ces attentes sont partagées par ceux qui vont construire la fonction publique de demain, ceux qui seront en position de management, ceux enfin qui animeront le service public dans nos territoires. Je tiens d'ailleurs à remercier une nouvelle fois les directions des deux écoles et l'ensemble des élèves d'avoir contribué à cette réflexion.
J'ai pu constater cet après-midi à quel point cette réflexion gagnait à être commune aux trois versants de la fonction publique. C'est, je crois, ce que démontre la restitution du travail de co-construction réalisé hier dans les locaux de l'INET. C'est ce que démontre aussi la table ronde à laquelle nous venons d'assister.
Je l'ai dit, les politiques de formation sont un levier majeur de la transformation de l'action publique. Pour améliorer la qualité des services publics et offrir un environnement de travail modernisé aux fonctionnaires, nous avons fait le choix très clair de placer les compétences au centre de notre stratégie.
Pour rendre cette ambition concrète, nous devons d'abord profondément rénover notre approche de la formation et donner tout son sens au concept de formation professionnelle tout au long de la vie.
Les priorités des politiques de formation sont claires : transmettre des compétences, des savoir-faire et des savoir-être. Pour que les actions menées soient pleinement efficaces et adaptées aux besoins des agents, formation initiale (celle qui est proposée aux futurs fonctionnaires que j'ai rencontrés ce matin dans ces mêmes locaux) et formation continue doivent être pensées comme un continuum. C'est ainsi que nous permettrons aux agents, tout au long de leur carrière, de se professionnaliser non seulement dans la perspective de mieux exercer les fonctions qu'ils occupent mais aussi de réorienter leur parcours professionnel par l'acquisition de nouvelles compétences.
Nos politiques de formation doivent évidemment répondre à des enjeux collectifs ; sociaux même. Un exemple : l'administration ne pourra pas intégrer la transition numérique sans chercher à diffuser le plus largement une culture du numérique, en dotant chacun des compétences nécessaires pour s'adapter à ces révolutions.
La culture administrative et plus généralement l'organisation des services publics doivent également évoluer vers un nouveau mode de relation à l'usager, davantage fondé sur l'accompagnement et le conseil. C'est la philosophie du projet de loi que j'ai défendu cette semaine en commission avec Gérald DARMANIN et qui sera examiné la semaine prochaine en séance publique à l'Assemblée nationale. Il est évident que la formation devra accompagner ces évolutions. Ce mouvement sera, je le crois, largement amplifié par les nouveaux projets élaborés dans le cadre d'Action Publique 2022. Là aussi, les employeurs publics devront accompagner leurs agents au moyen d'une politique de formation ambitieuse.
Nos politiques de formation doivent également répondre aux aspirations individuelles et accompagner les agents dans la réalisation de leurs projets d'évolution professionnelle. Le compte personnel de formation, porteur de droits qui accompagnent l'agent tout au long de son parcours professionnel, a été étendu aux agents publics en 2017. Dès la fin du premier semestre 2018, chaque agent pourra consulter ses droits sur le portail numérique CPA/CPF et ainsi mieux les utiliser.
Mieux former, mieux répondre aux besoins des agents, c'est aussi moderniser et diversifier les modes de formation et de transmission des compétences. Je pense bien sûr au développement de la formation à distance grâce aux outils numériques. Mais la fonction publique doit aussi s'approprier pleinement les méthodes pédagogiques innovantes, et notamment les modes de formation participatifs comme les classes inversées qui permettent aux stagiaires d'être acteurs de l'action de formation qui leur est proposée.
A ce titre, je sais – compte tenu de mes excellentes relations avec François DELUGA que le CNFPT est relativement en avance dans le déploiement de ces nouvelles pédagogiques dans ses missions de formation au service des près de 2 millions d'agents territoriaux. J'aurai l'occasion d'aborder prochainement cette problématique de la formation dans la fonction publique territoriale de façon plus spécifique.
Mieux former, c'est également permettre aux agents de mieux partager, valoriser et diffuser leurs expériences, leurs pratiques. C'est le sens de l'expression « organisation apprenante » que l'on a souvent entendue aujourd'hui. Il s'agit avant tout de faciliter la transmission des compétences entre pairs. Je pense par exemple au tutorat, aux formations en « immersion » ou au développement de réseaux qui permettent aux acteurs de confronter leurs pratiques professionnelles.
Enfin, mieux former, c'est évidemment renforcer l'accompagnement individualisé en proposant non seulement du coaching ou des ateliers de codéveloppement, mais également des bilans de compétence et du conseil en évolution professionnelle. Cet accompagnement est nécessaire pour aider les agents à choisir les formations les plus adaptées à leurs besoins.
Tous ces enjeux concernent les trois versants de la fonction publique. Nous gagnerons à renforcer sur les territoires les collaborations entre administrations et acteurs de la formation. Les perspectives de travail avec l'Université, tant en formation initiale qu'en formation continue, sont de ce point de vue pleines de promesses. La table ronde qui nous a réunis a parfaitement illustré ces points.
Pour la fonction publique d'Etat, afin de mieux coordonner les actions des ministères et de leurs opérateurs, il a été décidé de se doter d'un nouvel outil : le schéma directeur de la formation professionnelle tout au long de la vie des agents de l'Etat. Ce schéma est actuellement en cours de finalisation.
Ce document fixera les orientations et priorités communes à l'ensemble des services de l'Etat. Ces priorités, ce sont l'accompagnement de la transformation de l'action publique, la transition numérique, la fonction managériale, les transitions professionnelles, l'interministérialité.
Au-delà d'une ambition forte, ce schéma porte aussi des projets très concrets qui permettront de faire évoluer le système de formation de l'Etat. Je ne peux pas être exhaustif et ce schéma peut faire l'objet d'évolutions. Mais je voudrais prendre quelques exemples :
- La mise en place d'une offre de formation dédiée au renouvellement de la relation à l'usager, qui permettra notamment de déployer dans tous les services de l'Etat la notion de droit à l'erreur ;
- La création d'une plate-forme interministérielle de formation à distance qui permettra d'étendre l'accès pour tous les agents à la formation numérique ;
- La création d'une Université de la transformation de l'action publique qui pourra accompagner les acteurs de cette transformation dans la réalisation de nos projets, et notamment ceux issus d'Action publique 2022.
Pour conclure, je voudrais vous redire ma conviction profonde : nous avons devant nous un défi, celui de la transformation en profondeur de l'action publique ; et pour le relever, nous devons tous, employeurs publics, agents, et en partenariat étroit avec les usagers, nous investir et travailler ensemble. Je sais pouvoir compter sur votre énergie et votre mobilisation. Je vous en remercie par avance. Soyez vous aussi assurés de ma complète détermination à avancer sur ces questions.
Source https://www.forum-action-publique.gouv.fr, le 20 mars 2018