Déclaration de M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat, sur l'amélioration du service à l'usager grâce à l'administration électronique et sur le rôle des agents innovateurs dans l'administration, Paris le 5 décembre 2001.

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Circonstance : Rencontre "10 site web publics français exemplaires" à Paris le 5 décembre 2001

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,
Les sites que nous venons d'examiner ensemble, les résultats de l'étude 2001 sur l'internet public marquent, par rapport à la situation de l'année dernière, un accroissement rapide de la qualité et une extension des services rendus par les sites publics. Bien entendu, il reste beaucoup à faire, la situation est très hétérogène suivant la compétence des équipes locales mais, au total, je crois pouvoir dire, sur la base de ce que nous venons de voir, que la première étape de l'administration électronique, menée par le gouvernement depuis 1997, est aujourd'hui une réalité et une réussite.
Les questions qui se posent à nous sont en train de changer, alors qu'à la problématique du retard se substituent les questions liées à la généralisation de l'usage des TIC dans toutes les dimensions de la vie administrative, comme d'ailleurs de l'ensemble de la vie économique et sociale.
Alors qu'en 1997, nous partions à peu près de zéro et que l'on pouvait voir dans les administrations - et donc dans le gouvernement - un facteur d'inertie et de retard dans l'entrée de la France dans la société de l'information, chacun s'accorde aujourd'hui pour souligner le rôle moteur, volontariste et pragmatique des services publics dans l'utilisation des technologies de l'information et de la communication.
Ces résultats positifs nous ont permis, le 15 novembre 2001, de lancer une deuxième étape de l'administration électronique. Alors que, dans la période précédente, nous avons dû surtout courir après les autres pour rattraper notre retard initial, nous pouvons aujourd'hui mettre les outils de la société de l'information au service de nos choix et de notre projet politique pour les services publics et pour la France.
Le premier enjeu de l'administration électronique, c'est l'amélioration du service à l'usager. Simplifier une procédure, supprimer une démarche, mettre en ligne un téléservice, c'est avant tout rendre un nouveau service aux usagers. Nous avons avant tout engagé la généralisation des téléservices publics d'ici 2005 et la mise en place de mon.service-public.fr, qui copmplètera www.service-public.fr comme point d'entrée polyvalent des usagers pour leurs relations avec les administrations.
Le second enjeu de l'administration est éthique : plus les démarches sont simples pour l'usager, plus elles doivent être sécurisées pour qu'il n'y ait aucune atteinte à la vie privée. L'administration électronique ne sera un succès que si elle est un facteur de progrès en termes de protection des libertés individuelles. Loin d'être un outil de transparence des citoyens vis-à-vis des pouvoirs publics, l'administration électronique doit être un outil de transparence de l'administration vis-à-vis des usagers. C'est la condition de son essor et, au final, c'est peut-être son principal intérêt démocratique.
Le comité interministériel a traduit ces priorités en mesures concrètes, sur la base du rapport Pour une administration électronique citoyenne qui a été remis par le député Thierry CARCENAC. Je ne reprendrai pas devant vous l'ensemble de ces mesures, qui entreront progressivement en vigueur dans les mois et les années qui viennent.
Mais je voudrais revenir sur le rôle des innovateurs, qui sont représentés ici par les responsables de sites et d'administrations que nous avons écouté ensemble. Leur rôle est crucial. Nous nous appuyons en effet depuis quatre ans, dans l'essor de l'administration électronique, sur les agents innovateurs dans les administrations : nous les mobilisons sur ce qu'ils savent et souhaitent faire, mieux servir les usagers.
Ce matin, nous avons " pris le pouls " des innovateurs de terrain. Nous avons entendu leurs réussites, leurs espoirs, les difficultés, leurs échecs. Dans les mois qui viennent, nous les épaulerons toujours plus pour faciliter leurs projets :
à travers le comarquage avec service-public.fr et sa prochaine généralisation, nous leur fournissons des contenus " clef en main " pour les sites publics ;
à travers le fond de réforme de l'Etat, qui augmente de 50% cette année, nous financerons leurs innovations ;
à travers l'action de la DIRE, de la COSA, de La Documentation française, de la direction centrale de la sécurité des systèmes d'information et de la nouvelle ATICA, nous leur fournirons veille ergonomique et technologique et soutien méthodologique ;
à travers l'appel à projets " campus numériques pour les agents publics ", nous leur fournirons en ligne les informations et la formation nécessaire à leur évolution ;
à travers le chantier statutaire mis en route à la DGAFP, nous travaillons à améliorer leur gestion au sein de la fonction publique.
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Mesdames, Messieurs,
Je veux pour conclure m'adresser directement aux responsables de sites qui sont ici aujourd'hui. Votre rôle de chef de projet est passionnant, il est également difficile et, à la longue, il peut être épuisant. Il n'est d'ailleurs pas sans ressemblance, de ce point de vue, avec celui d'un ministre
Votre rôle est sur le point de changer. Dans la période qui s'achève, vous avez certainement été trop seuls. Je vous remercie d'autant plus pour les réussites que constituent les sites que vous avez créé - ainsi, à travers vous, que tous ceux qui ont contribué à la première étape de l'administration électronique.
Dans cette période, votre opiniâtreté, et parfois votre entêtement, ont été mis à contribution. Les sites que vous avez produits sont donc, bien souvent, le reflet de vos choix, et peut-être de votre personnalité.
Mais la période qui s'ouvre est celle de l'extension de vos projets, de leur redéfinition à cette occasion pour embrasser un nombre toujours croissant de tâches, de partenaires, d'outils. De nouveaux interlocuteurs vont vous rejoindre, certainement moins avancés et moins compétents que vous l'êtes devenus. Votre nouvelle responsabilité sera, de plus en plus, de faciliter l'appropriation par d'autres - et par tous - des outils et des systèmes que vous avez mis en place.
Ne vous y trompez pas : c'est le signe de votre succès.
Je vous remercie de votre attention, et je voudrais passer à la remise des " souvenirs " de cette labellisation, dans l'ordre alphabétique.
(source http://www.fonction-publique.gouv.fr, le 6 décembre 2001)