Texte intégral
Chers amis,
Je voudrais tout d'abord vous remercier de m'avoir invité à m'exprimer au cours de cette 6ième édition des acteurs de l'Internet d'Autrans. Étant indisponible j'ai demandé à mon ami Pierre Kermen 2e adjoint Vert de la ville de Grenoble de vous porter ce message.
La communication, les médias émergents ou alternatifs en particulier, constituent pour moi des stimulants essentiels de la démocratie. Défenseur des radios et des télés libres, associatives et non-lucratives, j'ai d'ailleurs été l'initiateur de la Loi sur l'audiovisuel et de l'amendement sur la reconnaissance du tiers secteur audiovisuel. Simple utilisateur averti comme de très nombreux militants et sympathisants verts, je ne vous ferai pas croire que je suis un grand spécialiste des Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication et d'Internet. Même si je tiens à connaître ce "nouveau monde", ses valeurs, cette "génération" et sa culture, il faut bien admettre que je viens plutôt de la galaxie Gutenberg. Ceci étant dit, j'ai récemment eu l'occasion de m'apercevoir, en recevant Richard Stallman (un des fondateurs du mouvement du logiciel libre), à l'Assemblée Nationale, que ce qu'on pourrait considérer comme un handicap (que je partage d'ailleurs avec beaucoup d'autres hommes politiques) n'est finalement pas si profond que l'on veut bien le dire.
Les questions qui se posaient hier et qui se posent aujourd'hui encore concernant le droit d'auteur par exemple restent sensiblement les mêmes. En ce qui me concerne, je suis très attaché à l'idée qu'en ce domaine, le principe du juste équilibre entre le droit des auteurs à recevoir une compensation pour le travail qu'ils ont fourni et le droit inaliénable du public à bénéficier du savoir et de la connaissance reste et doit rester un des principes fondateurs de notre démocratie. C'est pour cette raison que je m'élève aujourd'hui avec beaucoup de virulence contre toutes les tentatives visant à marchandiser le savoir dans tous les domaines : qu'il s'agisse des oeuvres littéraires, artistiques, du logiciel et dans un autre domaine contre le brevetage du vivant.
Pour l'essentiel, je pense que les principes qui ont contribué à construire notre démocratie sont plus que jamais d'actualité. On pourrait certes les améliorer pour aller vers plus d'implication et de participation des citoyens et, vous le savez tous, je m'y emploie avec mes amis Verts. Mais ce sont aujourd'hui sur les règles, règlements et dispositions légales qu'il convient de s'interroger. Je ne suis bien sûr pas hostile à ce que certains aient une activité économique sur et avec Internet. Pourquoi pas après tout : ne sommes-nous pas dans une société de marché ? Mais Internet n'est pas qu'un supermarché, c'est aussi un média conçu souvent de manière bénévole et désintéressée, comme un espace de savoir, de connaissance, de création et de débat public.
Après l'échec, prévisible il faut bien l'admettre, de cette nouvelle économie qui n'avait d'ailleurs de nouvelle que le nom, il convient de soutenir et d'encourager à tous les niveaux de la société les pratiques innovantes visant à développer un internet libre, citoyen et solidaire. Pour cela, il devient urgent de rejeter cette suspicion qui plane sans arrêt sur les internautes. Ce sont des citoyens responsables. Les députés Verts ont été les seuls à voter contre la Loi sur la Sécurité Quotidienne dont nombre de dispositions dont notamment celles sur la cryptographie portent atteintes aux libertés les plus élémentaires au droit à la vie privée et au secret de la correspondance. Vous savez comme moi : derrière chaque internaute ne se cache pas un petit Ben Laden pédo-nazi en puissance.
Légiférer sur un espace qui n'est pas le sien et auquel on ne connaît rien et sans consulter les " indigènes " aurait été perçu en son temps comme du colonialisme. Pourquoi ne pas plutôt s'inscrire aujourd'hui dans une véritable démarche constituante ? Soutenir l'initiative individuelle, associative et militante sur le Net et proposer aux Internautes de réfléchir eux-mêmes à une constitution qui serait en accord avec les principes de respect, de liberté et de tolérance qui sont les nôtres, c'est sans nul doute l'enjeu auquel nous sommes confrontés aujourd'hui. Le choix de votre thème de cette année "sur les usages d'Internet" sont au cur de ces réflexions.
C'est une démarche citoyenne des acteurs de l'Internet que vous avez engagé il y 6 ans à Autrans et je félicite à nouveau toutes celles et ceux qui sont à son initiative. Je vous souhaite d'excellents travaux !
Noël Mamère
(Source http://www.les-verts.org, le 8 février 2002)
Je voudrais tout d'abord vous remercier de m'avoir invité à m'exprimer au cours de cette 6ième édition des acteurs de l'Internet d'Autrans. Étant indisponible j'ai demandé à mon ami Pierre Kermen 2e adjoint Vert de la ville de Grenoble de vous porter ce message.
La communication, les médias émergents ou alternatifs en particulier, constituent pour moi des stimulants essentiels de la démocratie. Défenseur des radios et des télés libres, associatives et non-lucratives, j'ai d'ailleurs été l'initiateur de la Loi sur l'audiovisuel et de l'amendement sur la reconnaissance du tiers secteur audiovisuel. Simple utilisateur averti comme de très nombreux militants et sympathisants verts, je ne vous ferai pas croire que je suis un grand spécialiste des Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication et d'Internet. Même si je tiens à connaître ce "nouveau monde", ses valeurs, cette "génération" et sa culture, il faut bien admettre que je viens plutôt de la galaxie Gutenberg. Ceci étant dit, j'ai récemment eu l'occasion de m'apercevoir, en recevant Richard Stallman (un des fondateurs du mouvement du logiciel libre), à l'Assemblée Nationale, que ce qu'on pourrait considérer comme un handicap (que je partage d'ailleurs avec beaucoup d'autres hommes politiques) n'est finalement pas si profond que l'on veut bien le dire.
Les questions qui se posaient hier et qui se posent aujourd'hui encore concernant le droit d'auteur par exemple restent sensiblement les mêmes. En ce qui me concerne, je suis très attaché à l'idée qu'en ce domaine, le principe du juste équilibre entre le droit des auteurs à recevoir une compensation pour le travail qu'ils ont fourni et le droit inaliénable du public à bénéficier du savoir et de la connaissance reste et doit rester un des principes fondateurs de notre démocratie. C'est pour cette raison que je m'élève aujourd'hui avec beaucoup de virulence contre toutes les tentatives visant à marchandiser le savoir dans tous les domaines : qu'il s'agisse des oeuvres littéraires, artistiques, du logiciel et dans un autre domaine contre le brevetage du vivant.
Pour l'essentiel, je pense que les principes qui ont contribué à construire notre démocratie sont plus que jamais d'actualité. On pourrait certes les améliorer pour aller vers plus d'implication et de participation des citoyens et, vous le savez tous, je m'y emploie avec mes amis Verts. Mais ce sont aujourd'hui sur les règles, règlements et dispositions légales qu'il convient de s'interroger. Je ne suis bien sûr pas hostile à ce que certains aient une activité économique sur et avec Internet. Pourquoi pas après tout : ne sommes-nous pas dans une société de marché ? Mais Internet n'est pas qu'un supermarché, c'est aussi un média conçu souvent de manière bénévole et désintéressée, comme un espace de savoir, de connaissance, de création et de débat public.
Après l'échec, prévisible il faut bien l'admettre, de cette nouvelle économie qui n'avait d'ailleurs de nouvelle que le nom, il convient de soutenir et d'encourager à tous les niveaux de la société les pratiques innovantes visant à développer un internet libre, citoyen et solidaire. Pour cela, il devient urgent de rejeter cette suspicion qui plane sans arrêt sur les internautes. Ce sont des citoyens responsables. Les députés Verts ont été les seuls à voter contre la Loi sur la Sécurité Quotidienne dont nombre de dispositions dont notamment celles sur la cryptographie portent atteintes aux libertés les plus élémentaires au droit à la vie privée et au secret de la correspondance. Vous savez comme moi : derrière chaque internaute ne se cache pas un petit Ben Laden pédo-nazi en puissance.
Légiférer sur un espace qui n'est pas le sien et auquel on ne connaît rien et sans consulter les " indigènes " aurait été perçu en son temps comme du colonialisme. Pourquoi ne pas plutôt s'inscrire aujourd'hui dans une véritable démarche constituante ? Soutenir l'initiative individuelle, associative et militante sur le Net et proposer aux Internautes de réfléchir eux-mêmes à une constitution qui serait en accord avec les principes de respect, de liberté et de tolérance qui sont les nôtres, c'est sans nul doute l'enjeu auquel nous sommes confrontés aujourd'hui. Le choix de votre thème de cette année "sur les usages d'Internet" sont au cur de ces réflexions.
C'est une démarche citoyenne des acteurs de l'Internet que vous avez engagé il y 6 ans à Autrans et je félicite à nouveau toutes celles et ceux qui sont à son initiative. Je vous souhaite d'excellents travaux !
Noël Mamère
(Source http://www.les-verts.org, le 8 février 2002)