Texte intégral
ANDRE DUMAS : Parmi les invités d'EUROPE-Midi, le numéro deux du patronat français, Denis Kessler. Le MEDEF préconise un allongement à 180 trimestres de la durée des cotisations pour avoir droit à une retraite complète : 45 ans de cotisation, 45 ans de travail, et donc la retraite à 70 ans pour celui ou celle qui commencerait à travailler à 25 ans.
à 12 HEURES 15
en cours de journal
ANDRE DUMAS: Voyons maintenant les autres infos de la journée. Alba Ventura.
ALBA VENTURA: (...) Qui dit mieux ? Le MEDEF, le patronat, préconise de cotiser 45 ans pour avoir droit à une retraite complète. C'était 42,5 ans dans le rapport Charpin. Si vous avez commencé à travailler à l'âge de 25 ans, eh bien, la retraite, ce sera à 70 ans. L'objectif est aussi d'aligner les régimes de retraite du secteur public sur ceux du privé.
à 12 HEURES 20
en cours de journal
ANDRE DUMAS: Le MEDEF, le patronat français, vient de faire, au cours d'une conférence de presse, ses propositions sur le problème des retraites. Denis Kessler, bonjour.
DENIS KESSLER : Bonjour.
ANDRE DUMAS : Vous êtes vice-président du MEDEF. Alors, faut-il d'abord rappeler que les retraites, c'est bien sûr l'un des grands dossiers sociaux des années à venir pour le gouvernement et pour ceux, bien sûr, qu'on appelle les partenaires sociaux.
DENIS KESSLER : C'est le cas. Nous connaissons maintenant l'avenir des régimes de retraite si rien n'est fait. Nous le savions déjà depuis quelques années. Mais maintenant, c'est vraiment attesté par le rapport Charpin. 800 milliards de francs 1998 de déficit à l'horizon 2040 si rien n'est fait. C'est une situation qui mérite maintenant que l'on passe à l'action, que l'on prenne des décisions et que l'on envisage des réformes en profondeur pour rassurer les Français, pour rassurer les salariés.
ANDRE DUMAS : Que proposez-vous ?
DENIS KESSLER : Alors, ce que nous proposons, c'est, en ce qui concerne le secteur privé, ceux qui cotisent à la Caisse Nationale d'Assurance Vieillesse, à l'Arrco et à l'Agirc, les régimes complémentaires, je crois qu'il faut envisager un relèvement de la durée de cotisation à 180 trimestres pour pouvoir bénéficier d'une retraite à taux plein.
ANDRE DUMAS : Ca fait combien d'années ?
DENIS KESSLER : Ca fait 45 ans. Mais on pourra partir plus tôt - dans ce cas-là, on aura une retraite plus faible - ou partir plus tard si des gens veulent travailler au-delà, et dans ce cas-là, ils auront une retraite revalorisée. Donc, 180 trimestres, c'est notre proposition. Et ça, en relevant d'un trimestre par an la durée de cotisation pour avoir une retraite à taux plein dès l'an 2000.
ANDRE DUMAS : Est-ce qu'on peut dire que ce serait une sorte de retraite à la carte ?
DENIS KESSLER : Oui. Parce que nous proposons également que le salarié ait la possibilité de choisir son âge de départ à la retraite en ayant, je dis bien, des abattements ou des revalorisations en fonction de l'âge effectif où il cesse de travailler. Donc c'est une proposition très novatrice qui permettra de déréglementer le passage à la retraite.
ANDRE DUMAS : Mais faites-vous aussi attention et tenez-vous compte de la pénibilité du métier ?
DENIS KESSLER : Oui, on en tient compte dans la mesure où le salarié aura la possibilité de partir plus tôt si son état de santé, sa fatigue, sa situation familiale, sa situation patrimoniale le conduisent à arrêter plus tôt. Et puis nous proposons aussi le développement, qui a été retardé encore en France, des mécanismes dits de fonds de pension qui permettraient aux salariés, au cours de leur vie active, avec l'appui de l'entreprise, de se constituer un pécule, un patrimoine, qui permettra de lui servir des retraites supplémentaires au-delà des régimes obligatoires. Ce qui permettra, par exemple, pour les professions les plus pénibles, d'avoir une incitation, la possibilité de partir plus tôt en ayant un complément de retraite servi par des mécanismes différents.
ANDRE DUMAS : Plusieurs rapports ont déjà été remis sur ce sujet au gouvernement, et notamment à Lionel Jospin. Vous parliez il y a un instant du rapport Charpin, on en connaît l'essentiel. Vous trouvez donc que c'est insuffisant, que ce n'est pas satisfaisant ?
DENIS KESSLER : Alors, nous, en ce qui concerne le secteur privé, nous avons la volonté de passer à un système général en points, y compris pour la Cnav, à l'instar de ce qui se passe à l'Agirc et à l'Arrco, c'est-à-dire qu'on a un système qu'on appelle contributif, avec une pension pleine à 180 trimestres. Le vrai problème qu'a isolé le rapport Charpin, c'est ce qui se passe dans le secteur public. Et là, on en est très très loin. Et là, nous souhaitons, bien entendu, que les salariés de demain et qui seront déjà cotisants, ne soient pas en plus des contribuables, présurés pour pouvoir alimenter les caisses de l'Etat, parce que rien n'aura été fait pour les régimes de la fonction publique. Alors nous avons là aussi des propositions très novatrices à faire pour que les fonctionnaires...
ANDRE DUMAS : ... Pour les financer...
DENIS KESSLER : ... Non, pour la réforme du régime de retraite des secteurs publics, que ce soit les fonctionnaires ou les salariés qui travaillent dans la fonction publique. Notre principe est simple : en 2020, il faut qu'un salarié du secteur privé ou un salarié de l'Etat ou du secteur public, eh bien, ait la même retraite pour le même salaire. C'est un principe d'équité. Et nous défendons ce principe. Et il faut rappeler que l'essentiel du déficit en 2020 et en 2040 du système de retraite français, ça vient du secteur public. Donc, voilà une proposition novatrice. Il faut un système en points dans le secteur public et on allonge les durées de cotisation. Comme ils sont en retard par rapport au secteur privé, il faudra sans doute faire deux trimestres par an à partir de l'an 2000. Et à terme, avoir une situation identique. Je dis bien encore une fois : salaire identique, retraite identique, que l'on travaille dans une entreprise publique ou dans une entreprise privée. Nous considérons qu'il faut aussi maintenant procéder à un retournement, mais quasiment copernicien, de l'approche. Jusqu'à présent, les salariés âgés quittaient...
ANDRE DUMAS : ... Copernicien, je ne suis pas sûr que tous nos auditeurs aient compris.
DENIS KESSLER : Alors, pour que ce soit clair, jusqu'à présent, les âges de cessation d'activité étaient hauts, et c'était encouragé par des dispositifs comme les préretraites, le Fonds national d'emploi, que sais-je encore. Eh bien, nous entrons dans une nouvelle ère démographique et économique, dans laquelle il faudra, au contraire, essayer de mieux intégrer les salariés âges dans l'entreprise, dans l'activité productive. Donc c'est ça, on inverse une tendance qui vient de se prolonger pendant 40 ans. C'est une inversion de tendance radicale. Demain, nous travaillerons plus longtemps, mais nous travaillerons sur d'autres types d'emplois, avec d'autres organisations. Et c'est ce chantier-là qu'il faut ouvrir maintenant. Les entreprises y sont prêtes.
ANDRE DUMAS : Denis Kessler, merci.
(source http://www.medef.fr, le 13 février 2001
à 12 HEURES 15
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ANDRE DUMAS: Voyons maintenant les autres infos de la journée. Alba Ventura.
ALBA VENTURA: (...) Qui dit mieux ? Le MEDEF, le patronat, préconise de cotiser 45 ans pour avoir droit à une retraite complète. C'était 42,5 ans dans le rapport Charpin. Si vous avez commencé à travailler à l'âge de 25 ans, eh bien, la retraite, ce sera à 70 ans. L'objectif est aussi d'aligner les régimes de retraite du secteur public sur ceux du privé.
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ANDRE DUMAS: Le MEDEF, le patronat français, vient de faire, au cours d'une conférence de presse, ses propositions sur le problème des retraites. Denis Kessler, bonjour.
DENIS KESSLER : Bonjour.
ANDRE DUMAS : Vous êtes vice-président du MEDEF. Alors, faut-il d'abord rappeler que les retraites, c'est bien sûr l'un des grands dossiers sociaux des années à venir pour le gouvernement et pour ceux, bien sûr, qu'on appelle les partenaires sociaux.
DENIS KESSLER : C'est le cas. Nous connaissons maintenant l'avenir des régimes de retraite si rien n'est fait. Nous le savions déjà depuis quelques années. Mais maintenant, c'est vraiment attesté par le rapport Charpin. 800 milliards de francs 1998 de déficit à l'horizon 2040 si rien n'est fait. C'est une situation qui mérite maintenant que l'on passe à l'action, que l'on prenne des décisions et que l'on envisage des réformes en profondeur pour rassurer les Français, pour rassurer les salariés.
ANDRE DUMAS : Que proposez-vous ?
DENIS KESSLER : Alors, ce que nous proposons, c'est, en ce qui concerne le secteur privé, ceux qui cotisent à la Caisse Nationale d'Assurance Vieillesse, à l'Arrco et à l'Agirc, les régimes complémentaires, je crois qu'il faut envisager un relèvement de la durée de cotisation à 180 trimestres pour pouvoir bénéficier d'une retraite à taux plein.
ANDRE DUMAS : Ca fait combien d'années ?
DENIS KESSLER : Ca fait 45 ans. Mais on pourra partir plus tôt - dans ce cas-là, on aura une retraite plus faible - ou partir plus tard si des gens veulent travailler au-delà, et dans ce cas-là, ils auront une retraite revalorisée. Donc, 180 trimestres, c'est notre proposition. Et ça, en relevant d'un trimestre par an la durée de cotisation pour avoir une retraite à taux plein dès l'an 2000.
ANDRE DUMAS : Est-ce qu'on peut dire que ce serait une sorte de retraite à la carte ?
DENIS KESSLER : Oui. Parce que nous proposons également que le salarié ait la possibilité de choisir son âge de départ à la retraite en ayant, je dis bien, des abattements ou des revalorisations en fonction de l'âge effectif où il cesse de travailler. Donc c'est une proposition très novatrice qui permettra de déréglementer le passage à la retraite.
ANDRE DUMAS : Mais faites-vous aussi attention et tenez-vous compte de la pénibilité du métier ?
DENIS KESSLER : Oui, on en tient compte dans la mesure où le salarié aura la possibilité de partir plus tôt si son état de santé, sa fatigue, sa situation familiale, sa situation patrimoniale le conduisent à arrêter plus tôt. Et puis nous proposons aussi le développement, qui a été retardé encore en France, des mécanismes dits de fonds de pension qui permettraient aux salariés, au cours de leur vie active, avec l'appui de l'entreprise, de se constituer un pécule, un patrimoine, qui permettra de lui servir des retraites supplémentaires au-delà des régimes obligatoires. Ce qui permettra, par exemple, pour les professions les plus pénibles, d'avoir une incitation, la possibilité de partir plus tôt en ayant un complément de retraite servi par des mécanismes différents.
ANDRE DUMAS : Plusieurs rapports ont déjà été remis sur ce sujet au gouvernement, et notamment à Lionel Jospin. Vous parliez il y a un instant du rapport Charpin, on en connaît l'essentiel. Vous trouvez donc que c'est insuffisant, que ce n'est pas satisfaisant ?
DENIS KESSLER : Alors, nous, en ce qui concerne le secteur privé, nous avons la volonté de passer à un système général en points, y compris pour la Cnav, à l'instar de ce qui se passe à l'Agirc et à l'Arrco, c'est-à-dire qu'on a un système qu'on appelle contributif, avec une pension pleine à 180 trimestres. Le vrai problème qu'a isolé le rapport Charpin, c'est ce qui se passe dans le secteur public. Et là, on en est très très loin. Et là, nous souhaitons, bien entendu, que les salariés de demain et qui seront déjà cotisants, ne soient pas en plus des contribuables, présurés pour pouvoir alimenter les caisses de l'Etat, parce que rien n'aura été fait pour les régimes de la fonction publique. Alors nous avons là aussi des propositions très novatrices à faire pour que les fonctionnaires...
ANDRE DUMAS : ... Pour les financer...
DENIS KESSLER : ... Non, pour la réforme du régime de retraite des secteurs publics, que ce soit les fonctionnaires ou les salariés qui travaillent dans la fonction publique. Notre principe est simple : en 2020, il faut qu'un salarié du secteur privé ou un salarié de l'Etat ou du secteur public, eh bien, ait la même retraite pour le même salaire. C'est un principe d'équité. Et nous défendons ce principe. Et il faut rappeler que l'essentiel du déficit en 2020 et en 2040 du système de retraite français, ça vient du secteur public. Donc, voilà une proposition novatrice. Il faut un système en points dans le secteur public et on allonge les durées de cotisation. Comme ils sont en retard par rapport au secteur privé, il faudra sans doute faire deux trimestres par an à partir de l'an 2000. Et à terme, avoir une situation identique. Je dis bien encore une fois : salaire identique, retraite identique, que l'on travaille dans une entreprise publique ou dans une entreprise privée. Nous considérons qu'il faut aussi maintenant procéder à un retournement, mais quasiment copernicien, de l'approche. Jusqu'à présent, les salariés âgés quittaient...
ANDRE DUMAS : ... Copernicien, je ne suis pas sûr que tous nos auditeurs aient compris.
DENIS KESSLER : Alors, pour que ce soit clair, jusqu'à présent, les âges de cessation d'activité étaient hauts, et c'était encouragé par des dispositifs comme les préretraites, le Fonds national d'emploi, que sais-je encore. Eh bien, nous entrons dans une nouvelle ère démographique et économique, dans laquelle il faudra, au contraire, essayer de mieux intégrer les salariés âges dans l'entreprise, dans l'activité productive. Donc c'est ça, on inverse une tendance qui vient de se prolonger pendant 40 ans. C'est une inversion de tendance radicale. Demain, nous travaillerons plus longtemps, mais nous travaillerons sur d'autres types d'emplois, avec d'autres organisations. Et c'est ce chantier-là qu'il faut ouvrir maintenant. Les entreprises y sont prêtes.
ANDRE DUMAS : Denis Kessler, merci.
(source http://www.medef.fr, le 13 février 2001