Texte intégral
A. Chabot Le Conseil constitutionnel a annulé une partie de la loi de financement de la Sécurité sociale et donc, annulé le dispositif qui permettait de financer une partie des 35 heures. Etes-vous consterné ou dites-vous : "Tant pis pour le Gouvernement, il ne fallait pas mettre les doigts dans le petit pot de confiture de la Sécurité sociale" ?
- "Quand je vois l'attitude de la droite et du Medef, ce matin, qui crient de joie, il est évident que c'est pour d'autres raisons que je pense qu'il fallait effectivement trouver un autre mode de financement de la réduction du temps de travail. Nous l'avons toujours dit : il n'était pas pour nous possible d'imaginer ce prélèvement sur la Sécurité sociale - un budget qui a tellement de besoins par ailleurs en matière de protection sociale ! Il reste qu'il faut trouver les financements. Il faudra le courage d'avoir une politique bien à gauche dans ce domaine."
Le Gouvernement n'avait pas le courage d'avoir une politique à gauche là-dessus ? Il faut mettre le paquet pour financer les 35 heures ?
- "Il ne faut pas être entre deux chaises, pour être poli. Il est clair que si on décide effectivement d'un choix de gauche, d'une bonne loi progressiste de réduction du temps de travail, il faut avoir le courage de dire que les entreprises qui, aujourd'hui, peuvent faire les licenciements dans les conditions que l'on sait, avoir des exonérations massives sans contrôle, doivent financer davantage. Je ne parle pas des petites et moyennes entreprises qu'il faut aider, naturellement, ou même des entreprises un peu plus conséquentes qui, par exemple, ont une politique plus sociale en entreprise, mais celles qui ont cette politique de régression de l'entreprise, il faut qu'elles financent. Il faut par exemple que l'impôt sur les bénéfices de société soit plus conséquent."
Il reste ce matin qu'effectivement, le Medef avait raison. Etait-ce un des prétextes, selon vous, une des vraies causes de son départ de la Sécurité sociale ? La droite avait raison, tout le monde avait raison, sauf le Gouvernement ?
- "Le Medef se comporte actuellement en véritable parti politique. Le Medef est engagé dans la campagne présidentielle. M. Seillière a décidé d'harceler les candidats à l'élection présidentielle - c'est lui qui le dit, d'ailleurs. Il s'engage avec toutes ses mesures ultralibérales."
Il participe au débat, non ? N'a-t-il pas le droit de participer au débat, comme les organisations syndicales?
- "Nous voyons bien que le programme du Medef est un programme de revanche sociale. D'ailleurs, ce matin, je vois que la droite dit que si elle était élue, elle mettrait un terme à ces lois prises par la gauche."
La loi de modernisation sociale, par exemple ?
- "Oui, par exemple. C'est nous qui avons fait introduire dans la loi la disposition selon laquelle ceux qui pratiquent les licenciements boursiers ne puissent pas être libres de licencier et de jeter les salariés. C'est une disposition de progrès. La droite, naturellement, veut l'annuler. Nous nous battrons naturellement. L'un des enjeux de la campagne présidentielle, comme de la campagne législative qui suivra, c'est précisément : est-ce que oui ou non on va s'affirmer plus à gauche, mieux à gauche ? C'est un des reproches que je fais actuellement effectivement au Gouvernement : de ne pas être suffisamment à gauche."
Petite précision : avez-vous avez une pensée émue, ce matin, pour L. Fabius, en vous disant qu'il faut qu'il trouve 16 milliards, le pauvre, et qu'on n'arrête pas de demander de l'argent ?
- "Depuis de longs mois, nous disons à L. Fabius qu'il faut prendre l'argent là où il est et ne pas aller puiser dans les caisses de la Sécurité sociale. Nous avons effectivement fait des propositions..."
Il y a toutes ces revendications qu'il faut financer et pour lesquelles vous dites : "Il faut y aller". Mais, comme dit L. Fabius, les revendications satisfaites dans la fonction publique, ce sont par les impôts ?
- "N'essayons pas de laisser entendre que de l'argent, il n'y en a pas, et que les mesures que nous préconisons n'ont pas de recettes. Il y a plus de 100 milliards d'exonérations fiscales qui sont accordées au titre de l'aide aux entreprises - aux grands groupes, pas aux petits - sans un contrôle suffisant. D'ailleurs, j'ai fait voter une loi pour que ce soit mieux contrôlé. Il y a, là, de l'argent. Il faut le prendre là où il est quand il n'est pas utilisé pour l'emploi, comme lorsque cet argent va à des licenciements. Je ne suis pas pour que l'argent des contribuables aille aux licenciements boursiers, comme c'est le cas actuellement avec beaucoup de grands groupes industriels. Il faut que cet argent puisse aller effectivement à d'autres causes, notamment la réduction du temps de travail. Voilà de bonnes recettes."
Vous venez de finir votre tour de chauffe électorale. Pendant ce petit mois, vous n'avez pas défendu le bilan du Gouvernement. Vous n'avez pas fait écho à la campagne du PS sur le bon bilan ?
- "Je défends ce qui est bon dans le bilan, et on est pour beaucoup dans ce qui est bon. Il y a toute une série de mesures qui ont été prises..."
Le 'Monsieur Plus" de R. Hue : plus de social, plus de gauche ?
- "Mais non, ce n'est pas le "Monsieur Plus". C'est ce qu'on me dit et ce n'est pas sérieux. Je ne suis pas un "Monsieur Plus". Je veux une politique qui réellement soit ancrée à gauche. Tout ce qui va dans le bon sens, tout ce qu'on peut arracher dans le cadre de cette bataille en faveur de mesures sociales significatives, nous y apportons notre soutien. Mais en même temps, je ne vais pas dire que tout va bien. Dans ce tour de France que je viens de faire, j'ai noté que les inégalités restaient criantes, qu'il fallait apporter des réponses en matière de salaire et de justice sociale. Il y a plein de choses à faire. Donc, je ne peux pas, moi, avoir le comportement de quelqu'un qui, en permanence, est pleinement satisfait de tout ce qu'il a fait."
De L. Jospin, par exemple ?
- "Par exemple. Il est bien clair qu'il y a de bonnes choses qui ont été faites, eh bien, là, on les porte et nous ne les boudons pas, mais en même temps, les Français ne comprendraient pas que sur ce qui pour eux ne va pas bien, là où le compte n'y est pas pour eux, on ne le dise pas. Il faut le dire, ne serait-ce que pour faire autrement. C'est autrement qu'il va falloir faire. Je suis pour une autre politique à gauche."
Quand vous dites qu'il ne faut pas reconduire la majorité plurielle, vous n'appelez pas à voter à droite, quand même ?
- "Mais non. Je dis simplement que la majorité plurielle est arrivée au pouvoir, en 1997, en quelque sorte par hasard, puisqu'il n'était pas prévu qu'il y ait cette dissolution. Ce n'est pas la gauche qui a décidé de la dissolution, c'est la droite, c'est le président de la République. A partir de là, a été mise en place une politique, un rassemblement de gauche plurielle, qui s'est engagée sur une politique, dans des conditions politiques données, dans un rapport de force où nous n'avions pas la force suffisante pour faire que des réformes soient plus audacieuses encore. Aujourd'hui, il faut autre chose. Il faut un Parti communiste plus influent dans cette gauche, et pour construire quelque chose qui sera certainement différent de ce qu'a été la gauche plurielle."
Parce que la majorité plurielle - ou la gauche plurielle - telle qu'elle était est morte ?
- "Je ne dis pas cela. Je dis que de toute façon, ce qui sortira - si la gauche l'emporte - à l'issue des présidentielles prochaines, ce sera quelque chose de différent. Il faudra construire une démarche différente, où la gauche soit bien plus à gauche à mon avis, de manière à ce qu'on n'ait pas les difficultés qu'on rencontre aujourd'hui."
Un bon rapport de force, c'est plus de PC ou c'est plus d'A. Laguiller, plus de N. Mamère ?
- "A. Laguiller n'a jamais été dans la gauche plurielle. A. Laguiller a savonné la planche de la gauche plurielle dans bien des situations. Elle proteste, mais elle n'est pas efficace. Elle est ainsi impuissante après, puisqu'elle n'est pas dans les institutions. Il faut une gauche ferme, qui se radicalise et c'est vrai que les communistes peuvent apporter cette contribution à la gauche. C'est une contribution originale. Il faut - les Français le souhaitent d'ailleurs, en tous les cas, ceux qui sont dans le peuple de gauche - une politique plus à gauche. Nous allons, nous, contribuer à cela."
Vous allez proposer un contrat aux Français ?
- "Oui, un contrat progressiste qui va être le socle de ce que peut être une vraie politique de gauche en France. Et le respect de ce contrat nous conduira, en cas de victoire de la gauche, à apprécier si nous participons ou pas au gouvernement de la France."
Vous voulez dire que la question peut être reposée ?
- "Ah oui, bien sûr."
Il n'y a pas de participation automatique du PC, maintenant, à un gouvernement de gauche ?
- "Je pense que c'est une très bonne chose, que le Parti communiste a bien fait de participer au gouvernement. Mais c'est quelque chose qui n'est pas définitif. Cela dépend de la politique qu'on peut mettre en oeuvre."
Cela veut dire un nouveau contrat avec L. Jospin, s'il est élu président ?
- "Mais oui. De toute façon, puisqu'en 1997, il n'y avait pas eu auparavant d'élection présidentielle, on n'avait pas eu le temps nécessaire pour définir ce que pouvaient être les grandes règles, les grandes lignes de choix politiques majeurs à gauche. Aujourd'hui, les Français vont pouvoir trancher sur ces choix, et c'est en fonction de ce qu'ils vont émettre comme opinion, dans le vote pour les communistes pour que ce soit plus à gauche, que nous nous déterminerons ensuite."
Franchement, vous n'êtes pas un peu jaloux de J.-P. Chevènement, en cette fin d'année ?
- "Pas vraiment, parce que J.-P. Chevènement, qui est un ami par ailleurs, mais aujourd'hui ..."
Tout le monde est un de ses amis !
- "... 44 % des voix qui se porteraient sur J.-P. Chevènement vont à droite au deuxième tour. Cela veut dire plus que de voix qui vont à gauche. Moi, je suis franchement à gauche. Je ne suis pas dans cette attitude ambiguë. Tout cela va se remettre en place dans les mois qui viennent."
Il va revenir à gauche, selon vous, J.-P. Chevènement ?
- "J.-P. Chevènement a toujours été de gauche. Il a claqué plusieurs fois la porte de la gauche, mais pour y revenir. C'est un homme de gauche. Ce qu'il y a, c'est qu'aujourd'hui, il a un soutien massif à droite. Le jour où tout cela va se révéler dans la transparence, il risque effectivement de voir son potentiel électoral se réduire un peu."
L'objectif de R. Hue en 2002, c'est de faire mieux qu'en 1995 ?
- "C'est en tous les cas de faire suffisamment pour que la droite ne revienne pas."
Je ne peux pas vous quitter sans vous demander quelle était votre chanson préférée de G. Bécaud ?
- "Nathalie" !
(Source http://Sig.premier-ministre.gouv.fr, le 19 décembre 2001)
- "Quand je vois l'attitude de la droite et du Medef, ce matin, qui crient de joie, il est évident que c'est pour d'autres raisons que je pense qu'il fallait effectivement trouver un autre mode de financement de la réduction du temps de travail. Nous l'avons toujours dit : il n'était pas pour nous possible d'imaginer ce prélèvement sur la Sécurité sociale - un budget qui a tellement de besoins par ailleurs en matière de protection sociale ! Il reste qu'il faut trouver les financements. Il faudra le courage d'avoir une politique bien à gauche dans ce domaine."
Le Gouvernement n'avait pas le courage d'avoir une politique à gauche là-dessus ? Il faut mettre le paquet pour financer les 35 heures ?
- "Il ne faut pas être entre deux chaises, pour être poli. Il est clair que si on décide effectivement d'un choix de gauche, d'une bonne loi progressiste de réduction du temps de travail, il faut avoir le courage de dire que les entreprises qui, aujourd'hui, peuvent faire les licenciements dans les conditions que l'on sait, avoir des exonérations massives sans contrôle, doivent financer davantage. Je ne parle pas des petites et moyennes entreprises qu'il faut aider, naturellement, ou même des entreprises un peu plus conséquentes qui, par exemple, ont une politique plus sociale en entreprise, mais celles qui ont cette politique de régression de l'entreprise, il faut qu'elles financent. Il faut par exemple que l'impôt sur les bénéfices de société soit plus conséquent."
Il reste ce matin qu'effectivement, le Medef avait raison. Etait-ce un des prétextes, selon vous, une des vraies causes de son départ de la Sécurité sociale ? La droite avait raison, tout le monde avait raison, sauf le Gouvernement ?
- "Le Medef se comporte actuellement en véritable parti politique. Le Medef est engagé dans la campagne présidentielle. M. Seillière a décidé d'harceler les candidats à l'élection présidentielle - c'est lui qui le dit, d'ailleurs. Il s'engage avec toutes ses mesures ultralibérales."
Il participe au débat, non ? N'a-t-il pas le droit de participer au débat, comme les organisations syndicales?
- "Nous voyons bien que le programme du Medef est un programme de revanche sociale. D'ailleurs, ce matin, je vois que la droite dit que si elle était élue, elle mettrait un terme à ces lois prises par la gauche."
La loi de modernisation sociale, par exemple ?
- "Oui, par exemple. C'est nous qui avons fait introduire dans la loi la disposition selon laquelle ceux qui pratiquent les licenciements boursiers ne puissent pas être libres de licencier et de jeter les salariés. C'est une disposition de progrès. La droite, naturellement, veut l'annuler. Nous nous battrons naturellement. L'un des enjeux de la campagne présidentielle, comme de la campagne législative qui suivra, c'est précisément : est-ce que oui ou non on va s'affirmer plus à gauche, mieux à gauche ? C'est un des reproches que je fais actuellement effectivement au Gouvernement : de ne pas être suffisamment à gauche."
Petite précision : avez-vous avez une pensée émue, ce matin, pour L. Fabius, en vous disant qu'il faut qu'il trouve 16 milliards, le pauvre, et qu'on n'arrête pas de demander de l'argent ?
- "Depuis de longs mois, nous disons à L. Fabius qu'il faut prendre l'argent là où il est et ne pas aller puiser dans les caisses de la Sécurité sociale. Nous avons effectivement fait des propositions..."
Il y a toutes ces revendications qu'il faut financer et pour lesquelles vous dites : "Il faut y aller". Mais, comme dit L. Fabius, les revendications satisfaites dans la fonction publique, ce sont par les impôts ?
- "N'essayons pas de laisser entendre que de l'argent, il n'y en a pas, et que les mesures que nous préconisons n'ont pas de recettes. Il y a plus de 100 milliards d'exonérations fiscales qui sont accordées au titre de l'aide aux entreprises - aux grands groupes, pas aux petits - sans un contrôle suffisant. D'ailleurs, j'ai fait voter une loi pour que ce soit mieux contrôlé. Il y a, là, de l'argent. Il faut le prendre là où il est quand il n'est pas utilisé pour l'emploi, comme lorsque cet argent va à des licenciements. Je ne suis pas pour que l'argent des contribuables aille aux licenciements boursiers, comme c'est le cas actuellement avec beaucoup de grands groupes industriels. Il faut que cet argent puisse aller effectivement à d'autres causes, notamment la réduction du temps de travail. Voilà de bonnes recettes."
Vous venez de finir votre tour de chauffe électorale. Pendant ce petit mois, vous n'avez pas défendu le bilan du Gouvernement. Vous n'avez pas fait écho à la campagne du PS sur le bon bilan ?
- "Je défends ce qui est bon dans le bilan, et on est pour beaucoup dans ce qui est bon. Il y a toute une série de mesures qui ont été prises..."
Le 'Monsieur Plus" de R. Hue : plus de social, plus de gauche ?
- "Mais non, ce n'est pas le "Monsieur Plus". C'est ce qu'on me dit et ce n'est pas sérieux. Je ne suis pas un "Monsieur Plus". Je veux une politique qui réellement soit ancrée à gauche. Tout ce qui va dans le bon sens, tout ce qu'on peut arracher dans le cadre de cette bataille en faveur de mesures sociales significatives, nous y apportons notre soutien. Mais en même temps, je ne vais pas dire que tout va bien. Dans ce tour de France que je viens de faire, j'ai noté que les inégalités restaient criantes, qu'il fallait apporter des réponses en matière de salaire et de justice sociale. Il y a plein de choses à faire. Donc, je ne peux pas, moi, avoir le comportement de quelqu'un qui, en permanence, est pleinement satisfait de tout ce qu'il a fait."
De L. Jospin, par exemple ?
- "Par exemple. Il est bien clair qu'il y a de bonnes choses qui ont été faites, eh bien, là, on les porte et nous ne les boudons pas, mais en même temps, les Français ne comprendraient pas que sur ce qui pour eux ne va pas bien, là où le compte n'y est pas pour eux, on ne le dise pas. Il faut le dire, ne serait-ce que pour faire autrement. C'est autrement qu'il va falloir faire. Je suis pour une autre politique à gauche."
Quand vous dites qu'il ne faut pas reconduire la majorité plurielle, vous n'appelez pas à voter à droite, quand même ?
- "Mais non. Je dis simplement que la majorité plurielle est arrivée au pouvoir, en 1997, en quelque sorte par hasard, puisqu'il n'était pas prévu qu'il y ait cette dissolution. Ce n'est pas la gauche qui a décidé de la dissolution, c'est la droite, c'est le président de la République. A partir de là, a été mise en place une politique, un rassemblement de gauche plurielle, qui s'est engagée sur une politique, dans des conditions politiques données, dans un rapport de force où nous n'avions pas la force suffisante pour faire que des réformes soient plus audacieuses encore. Aujourd'hui, il faut autre chose. Il faut un Parti communiste plus influent dans cette gauche, et pour construire quelque chose qui sera certainement différent de ce qu'a été la gauche plurielle."
Parce que la majorité plurielle - ou la gauche plurielle - telle qu'elle était est morte ?
- "Je ne dis pas cela. Je dis que de toute façon, ce qui sortira - si la gauche l'emporte - à l'issue des présidentielles prochaines, ce sera quelque chose de différent. Il faudra construire une démarche différente, où la gauche soit bien plus à gauche à mon avis, de manière à ce qu'on n'ait pas les difficultés qu'on rencontre aujourd'hui."
Un bon rapport de force, c'est plus de PC ou c'est plus d'A. Laguiller, plus de N. Mamère ?
- "A. Laguiller n'a jamais été dans la gauche plurielle. A. Laguiller a savonné la planche de la gauche plurielle dans bien des situations. Elle proteste, mais elle n'est pas efficace. Elle est ainsi impuissante après, puisqu'elle n'est pas dans les institutions. Il faut une gauche ferme, qui se radicalise et c'est vrai que les communistes peuvent apporter cette contribution à la gauche. C'est une contribution originale. Il faut - les Français le souhaitent d'ailleurs, en tous les cas, ceux qui sont dans le peuple de gauche - une politique plus à gauche. Nous allons, nous, contribuer à cela."
Vous allez proposer un contrat aux Français ?
- "Oui, un contrat progressiste qui va être le socle de ce que peut être une vraie politique de gauche en France. Et le respect de ce contrat nous conduira, en cas de victoire de la gauche, à apprécier si nous participons ou pas au gouvernement de la France."
Vous voulez dire que la question peut être reposée ?
- "Ah oui, bien sûr."
Il n'y a pas de participation automatique du PC, maintenant, à un gouvernement de gauche ?
- "Je pense que c'est une très bonne chose, que le Parti communiste a bien fait de participer au gouvernement. Mais c'est quelque chose qui n'est pas définitif. Cela dépend de la politique qu'on peut mettre en oeuvre."
Cela veut dire un nouveau contrat avec L. Jospin, s'il est élu président ?
- "Mais oui. De toute façon, puisqu'en 1997, il n'y avait pas eu auparavant d'élection présidentielle, on n'avait pas eu le temps nécessaire pour définir ce que pouvaient être les grandes règles, les grandes lignes de choix politiques majeurs à gauche. Aujourd'hui, les Français vont pouvoir trancher sur ces choix, et c'est en fonction de ce qu'ils vont émettre comme opinion, dans le vote pour les communistes pour que ce soit plus à gauche, que nous nous déterminerons ensuite."
Franchement, vous n'êtes pas un peu jaloux de J.-P. Chevènement, en cette fin d'année ?
- "Pas vraiment, parce que J.-P. Chevènement, qui est un ami par ailleurs, mais aujourd'hui ..."
Tout le monde est un de ses amis !
- "... 44 % des voix qui se porteraient sur J.-P. Chevènement vont à droite au deuxième tour. Cela veut dire plus que de voix qui vont à gauche. Moi, je suis franchement à gauche. Je ne suis pas dans cette attitude ambiguë. Tout cela va se remettre en place dans les mois qui viennent."
Il va revenir à gauche, selon vous, J.-P. Chevènement ?
- "J.-P. Chevènement a toujours été de gauche. Il a claqué plusieurs fois la porte de la gauche, mais pour y revenir. C'est un homme de gauche. Ce qu'il y a, c'est qu'aujourd'hui, il a un soutien massif à droite. Le jour où tout cela va se révéler dans la transparence, il risque effectivement de voir son potentiel électoral se réduire un peu."
L'objectif de R. Hue en 2002, c'est de faire mieux qu'en 1995 ?
- "C'est en tous les cas de faire suffisamment pour que la droite ne revienne pas."
Je ne peux pas vous quitter sans vous demander quelle était votre chanson préférée de G. Bécaud ?
- "Nathalie" !
(Source http://Sig.premier-ministre.gouv.fr, le 19 décembre 2001)