Texte intégral
La société de l'information commence à peine à émerger mais on a déjà beaucoup écrit à son sujet. Certains nous prédisent un avenir radieux. D'autres, au contraire, estiment que notre pays à d'ores et déjà raté son entrée dans la société de l'information et nous annoncent de sombres lendemains, notamment en matière d'emploi. L'avenir donnera peut-être raison aux premiers mais en revanche, si nous le voulons, il donnera tort aux seconds.
Le constat d'un retard de la France dans l'utilisation des technologies de l'information ne doit pas être négligé mais mérite d'être nuancé. Certains chiffres, comme le taux d'équipement des ménages en micro-ordinateurs ou le nombre de connexions à Internet, témoignent effectivement d'un retard. Il doit être comblé dans les meilleurs délais mais l'expérience nous montre que c'est probablement la partie la plus facile du défi auquel nous sommes confrontés.
Le véritable enjeu, en effet, ne réside pas dans la politique d'équipement mais dans la maîtrise des usages, c'est-à-dire dans l'appropriation des outils par le corps social et dans leur diffusion au sein du tissu économique. C'est là que se jouera la compétitivité de notre économie ainsi que notre capacité à bâtir une société de l'information solidaire.
Dans ce domaine, fort heureusement, la France possède des atouts importants : réseaux de télécommunications efficaces, centres de recherche avancés, industrie des services de l'information développée, expérience déjà ancienne des services en ligne. Aussi, je crois fermement que notre pays peut être à la pointe du développement de la société de l'information.
Le défi est immense et requiert un engagement soutenu du gouvernement. Je voudrais insister sur trois priorités du Secrétariat d'Etat au Commerce Extérieur qui semblent essentielles pour le relever : le commerce électronique, la formation et les P.M.E.
Le commerce électronique : un bouleversement ?
La première priorité, c'est le commerce électronique. Il n'est pas toujours de bon ton, en France, de citer en premier les enjeux économiques et commerciaux. La société de l'information aura des répercussions considérables dans de nombreux domaines comme l'éducation ou la santé. Le commerce électronique, cependant, sera déterminant, non seulement en raison de son importance économique, directe, mais également parce que c'est une application qui motivera les investissements nécessaires au développement des infrastructures de la société de l'information.
Dans ce domaine, l'enjeu pour les pouvoirs publics est double. En premier lieu, il s'agit d'assurer que le développement du commerce électronique bénéficie à l'économie française, en termes de compétitivité et d'emplois. En second lieu, il s'agit d'assurer que le développement du commerce électronique ne se fasse pas au prix d'un abaissement des protections dont bénéficient les citoyens au sens large, qu'ils soient consommateurs ou entreprises.
Le commerce électronique est l'une des priorités du programme d'action du Gouvernement dans le domaine de la société de l'information. Le ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie a chargé M. Francis Lorentz de conduire une réflexion à caractère opérationnel en vue de définir une stratégie globale en la matière dont les conclusions seront rendues à la fin de l'année.
Le développement du commerce électronique, bien entendu, aura des répercussions directes pour notre commerce extérieur, dont j'ai la charge au sein du gouvernement. Il est un enjeu pour l'exportation car les réseaux ignorent les frontières. Il devrait multiplier les transactions internationales et se traduire par l'apparition de marchés véritablement mondiaux, notamment pour les prestations " immatérielles ".
Nous devons réfléchir à l'adaptation de notre dispositif de soutien aux exportations à la réalité du commerce électronique. Je pense par exemple à la diffusion aux acteurs économiques des informations sur les marchés étrangers collectées par les postes d'expansion économique, qui pourrait bénéficier grandement de l'emploi des techniques du commerce électronique. Il faut également veiller au développement international de l'offre française en matière de commerce électronique. Dans ce domaine, les mécanismes de soutien restent très largement à inventer et nous travaillons à la mise en place de mécanismes destinés à renforcer la présence des exportateurs français sur Internet et leur appropriation des nouvelles technologies, conjointement avec l'utilisation rationnelle des moyens nouveaux permettant la recherche d'une information pertinente et d'un niveau de fiabilité connu.
La formation : une nécessité pour tous, à maîtriser.
La seconde priorité, c'est la formation. Elle commence à l'école. Il faut agir dès l'enseignement primaire pour familiariser les enfants, qui sont les futurs acteurs du monde du travail, à l'usage des nouvelles technologies.
Cette priorité passe bien évidemment par l'équipement des écoles dont mon collègue Claude Allègre s'occupe avec efficacité. Deux conditions sont nécessaires pour que cet effort ne débouche pas sur les déceptions qu'ont souvent engendrées les grands plans d'équipement passés. Il faut, d'abord, que l'équipement des écoles s'inscrive dans un projet pédagogique d'ensemble qui inclut à la fois la formation et la sensibilisation des enseignants et le soutien à la création de contenus pédagogiques adaptés. Il faut, ensuite, que personne ne soit laissé au bord de la route : la connexion à Internet doit concerner aussi bien les zones rurales que les grandes agglomérations.
Mais, la formation va au delà de l'enseignement scolaire. Un pays à démographie faible, comme la France, ne peut pas se permettre de sacrifier les générations adultes. La formation, dans ce domaine, doit avant tout apporter des solutions aux difficultés engendrées par les nouvelles technologies de l'information. Elle doit également répondre aux appréhensions soulevées par les bouleversements en cours.
Les P.M.E., moteurs du changement.
La troisième priorité sur laquelle je voudrais mettre l'accent aujourd'hui, ce sont les P.M.E. Elles jouent un rôle essentiel dans l'économie française et occupent l'essentiel de la main d'oeuvre salariée et créent plus d'emploi que les grandes entreprises. Les P.M.E. réalisent aussi environ 40 % de nos exportations mais ce chiffre élevé ne doit pas cacher que les P.M.E. françaises restent assez peu internationalisées et souffrent plus souvent que d'autres de problèmes de taille critique dans leur approche des marchés étrangers.
Le développement d'Internet nous offre une formidable opportunité d'améliorer cette situation. Le commerce électronique ouvre en effet aux P.M.E. la perspective d'un accès au marché mondial pour un coût très faible. Il est peu coûteux d'établir un site sur la Toile et une entreprise qui " monte " sur Internet devient instantanément visible du monde entier. Amazon.com n'a que 50 salariés, mais vend des livres dans le monde entier grâce à Internet.
Pour exploiter ce potentiel, nous devrons inciter et aider les P.M.E. à utiliser le commerce électronique sur Internet.
Il ne s'agit pas de copier d'autres cultures ou modes de vie, mais de faire mieux. Le niveau technologique de la France est et demeurera - fort heureusement - excellent. Il reste aux acteurs, et notamment aux entreprises, à bouger vraiment, et alors la France sera irrésistible
(source http://www.minefi.gouv.fr, le 20 août 2002)
Le constat d'un retard de la France dans l'utilisation des technologies de l'information ne doit pas être négligé mais mérite d'être nuancé. Certains chiffres, comme le taux d'équipement des ménages en micro-ordinateurs ou le nombre de connexions à Internet, témoignent effectivement d'un retard. Il doit être comblé dans les meilleurs délais mais l'expérience nous montre que c'est probablement la partie la plus facile du défi auquel nous sommes confrontés.
Le véritable enjeu, en effet, ne réside pas dans la politique d'équipement mais dans la maîtrise des usages, c'est-à-dire dans l'appropriation des outils par le corps social et dans leur diffusion au sein du tissu économique. C'est là que se jouera la compétitivité de notre économie ainsi que notre capacité à bâtir une société de l'information solidaire.
Dans ce domaine, fort heureusement, la France possède des atouts importants : réseaux de télécommunications efficaces, centres de recherche avancés, industrie des services de l'information développée, expérience déjà ancienne des services en ligne. Aussi, je crois fermement que notre pays peut être à la pointe du développement de la société de l'information.
Le défi est immense et requiert un engagement soutenu du gouvernement. Je voudrais insister sur trois priorités du Secrétariat d'Etat au Commerce Extérieur qui semblent essentielles pour le relever : le commerce électronique, la formation et les P.M.E.
Le commerce électronique : un bouleversement ?
La première priorité, c'est le commerce électronique. Il n'est pas toujours de bon ton, en France, de citer en premier les enjeux économiques et commerciaux. La société de l'information aura des répercussions considérables dans de nombreux domaines comme l'éducation ou la santé. Le commerce électronique, cependant, sera déterminant, non seulement en raison de son importance économique, directe, mais également parce que c'est une application qui motivera les investissements nécessaires au développement des infrastructures de la société de l'information.
Dans ce domaine, l'enjeu pour les pouvoirs publics est double. En premier lieu, il s'agit d'assurer que le développement du commerce électronique bénéficie à l'économie française, en termes de compétitivité et d'emplois. En second lieu, il s'agit d'assurer que le développement du commerce électronique ne se fasse pas au prix d'un abaissement des protections dont bénéficient les citoyens au sens large, qu'ils soient consommateurs ou entreprises.
Le commerce électronique est l'une des priorités du programme d'action du Gouvernement dans le domaine de la société de l'information. Le ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie a chargé M. Francis Lorentz de conduire une réflexion à caractère opérationnel en vue de définir une stratégie globale en la matière dont les conclusions seront rendues à la fin de l'année.
Le développement du commerce électronique, bien entendu, aura des répercussions directes pour notre commerce extérieur, dont j'ai la charge au sein du gouvernement. Il est un enjeu pour l'exportation car les réseaux ignorent les frontières. Il devrait multiplier les transactions internationales et se traduire par l'apparition de marchés véritablement mondiaux, notamment pour les prestations " immatérielles ".
Nous devons réfléchir à l'adaptation de notre dispositif de soutien aux exportations à la réalité du commerce électronique. Je pense par exemple à la diffusion aux acteurs économiques des informations sur les marchés étrangers collectées par les postes d'expansion économique, qui pourrait bénéficier grandement de l'emploi des techniques du commerce électronique. Il faut également veiller au développement international de l'offre française en matière de commerce électronique. Dans ce domaine, les mécanismes de soutien restent très largement à inventer et nous travaillons à la mise en place de mécanismes destinés à renforcer la présence des exportateurs français sur Internet et leur appropriation des nouvelles technologies, conjointement avec l'utilisation rationnelle des moyens nouveaux permettant la recherche d'une information pertinente et d'un niveau de fiabilité connu.
La formation : une nécessité pour tous, à maîtriser.
La seconde priorité, c'est la formation. Elle commence à l'école. Il faut agir dès l'enseignement primaire pour familiariser les enfants, qui sont les futurs acteurs du monde du travail, à l'usage des nouvelles technologies.
Cette priorité passe bien évidemment par l'équipement des écoles dont mon collègue Claude Allègre s'occupe avec efficacité. Deux conditions sont nécessaires pour que cet effort ne débouche pas sur les déceptions qu'ont souvent engendrées les grands plans d'équipement passés. Il faut, d'abord, que l'équipement des écoles s'inscrive dans un projet pédagogique d'ensemble qui inclut à la fois la formation et la sensibilisation des enseignants et le soutien à la création de contenus pédagogiques adaptés. Il faut, ensuite, que personne ne soit laissé au bord de la route : la connexion à Internet doit concerner aussi bien les zones rurales que les grandes agglomérations.
Mais, la formation va au delà de l'enseignement scolaire. Un pays à démographie faible, comme la France, ne peut pas se permettre de sacrifier les générations adultes. La formation, dans ce domaine, doit avant tout apporter des solutions aux difficultés engendrées par les nouvelles technologies de l'information. Elle doit également répondre aux appréhensions soulevées par les bouleversements en cours.
Les P.M.E., moteurs du changement.
La troisième priorité sur laquelle je voudrais mettre l'accent aujourd'hui, ce sont les P.M.E. Elles jouent un rôle essentiel dans l'économie française et occupent l'essentiel de la main d'oeuvre salariée et créent plus d'emploi que les grandes entreprises. Les P.M.E. réalisent aussi environ 40 % de nos exportations mais ce chiffre élevé ne doit pas cacher que les P.M.E. françaises restent assez peu internationalisées et souffrent plus souvent que d'autres de problèmes de taille critique dans leur approche des marchés étrangers.
Le développement d'Internet nous offre une formidable opportunité d'améliorer cette situation. Le commerce électronique ouvre en effet aux P.M.E. la perspective d'un accès au marché mondial pour un coût très faible. Il est peu coûteux d'établir un site sur la Toile et une entreprise qui " monte " sur Internet devient instantanément visible du monde entier. Amazon.com n'a que 50 salariés, mais vend des livres dans le monde entier grâce à Internet.
Pour exploiter ce potentiel, nous devrons inciter et aider les P.M.E. à utiliser le commerce électronique sur Internet.
Il ne s'agit pas de copier d'autres cultures ou modes de vie, mais de faire mieux. Le niveau technologique de la France est et demeurera - fort heureusement - excellent. Il reste aux acteurs, et notamment aux entreprises, à bouger vraiment, et alors la France sera irrésistible
(source http://www.minefi.gouv.fr, le 20 août 2002)