Conférence de presse de M. Jacques Chirac, maire de Paris, à l'Hôtel de Ville de Paris le 21 octobre 1983, notamment sur l'urbanisme, les affaires culturelles et sociales de la ville.

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Texte intégral

I — RESULTATS DES ELECTIONS A LA SECURITE SOCIALE

II — AMENAGEMENT ET URBANISME

— Communication sur la politique de construction de logements sociaux à Paris
— Création de la ZAC « Flandres Nord » dans le 19e arrondissement
— ZAC Chalon : modification du PAZ
— Parution d’une nouvelle brochure d’information de la mairie : « Comprendre l’urbanisme à Paris »

III — PROPRETE

— Orientations 1984 de la collecte des ordures ménagères

IV — PARCS, JARDINS ET ESPACES VERTS

— Aménagement d’un jardin sur l’emplacement des anciens entrepôts de Bercy à Paris 12e
— Réalisation de diverses opérations d’environnement dans les parcs et jardins
— Réaménagement du square Saint-Laurent dans le 10e

V — AFFAIRES CULTURELLES

— Dossier théâtre
— L’activité culturelle
— IVe Festival de jazz de Paris
— Le Festival d’art sacré

VI — AFFAIRES SOCIALES

— IIIe conférence de la famille le 20 octobre 1983
— Difficultés de trésorerie de l’Assistance publique de Paris

VII — DIVERS

Ce qu’est le CREPIF


I — RESULTATS DES ELECTIONS A LA SECURITE SOCIALE

Les élections à la Sécurité sociale se sont déroulées hier sans incident majeur.

Les conséquences de l’impréparation de ce scrutin que j’avais soulignées à maintes reprises se sont cependant fait sentir dans la capitale où l’on a constaté une affluence record. Dans les guichets des sections électorales des mairies d’arrondissements, de très nombreuses personnes se sont en effet rendues dans leur mairie pour se faire inscrire auprès des juges, ce qui a entraîné une certaine lenteur dans le déroulement des opérations.

Grâce à la mobilisation de nombreux fonctionnaires municipaux qui se sont dépensés avec beaucoup de dévouement et de compétence tout au long de cette journée, nous avons pu faire face aux diverses difficultés rencontrées, de sorte que, une fois encore, ce scrutin s’est déroulé dans des conditions plus satisfaisantes que je ne le craignais.

Vous connaissez les résultats de ces élections au niveau national. Ils appellent de ma part le commentaire suivant :

La forte poussée des organisations réformistes, devenues largement majoritaires parmi les assurés sociaux, doit favoriser l’évolution du syndicalisme français vers plus de réalisme, plus de dialogue, plus de tolérance.

Ceux qui, comme moi, ont toujours reconnu au syndicalisme sa place naturelle dans la démocratie, mais qui ont aussi combattu ses déviations idéologiques et politisées ainsi que les méthodes antidémocratiques de certains de ses responsables, ne peuvent que s’en réjouir.

Je suis certain que les élus de ce scrutin auront à cœur d’administrer les caisses de la Sécurité sociale dans l’intérêt des assurés et de pratiquer une gestion saine, efficace et plus proche des usagers.

Les résultats à Paris confirment et amplifient les résultats nationaux. Vous trouverez en annexe la répartition par collèges et par arrondissements.

Globalement, pour le premier collège (Caisse primaire d’assurance maladie), les syndicats réformistes FO, CGC et CFTC recueillent 63,7 % des suffrages contre 34,3 % pour la CGT et la CFDT.

Pour le deuxième collège (Caisse d’allocations familiales), ces chiffres sont respectivement de 65,64 % et 34,33 %.

PREMIER COLLEGE : CPAM

Inscrits : 1 777 530
Votants :   677 906

Ont obtenu :

        VOIX            POURCENTAGE

CFDT        107 937        16,42 %

CGC        189 107        28,77 %

CGT        117 496        17,88 %

FO        173 886        26,46 %

CFTC      68 787        10,47 %


DEUXIEME COLLEGE : CAF

Inscrits : 1 803 156
Votants :   676 445

Ont obtenu :

        VOIX            POURCENTAGE

CFDT        107 968        16,50 %

CGC        188 090        28,75 %

CGT        116 644        17,83 %

CFTC          70 555        10,78 %

FO        170 805        26,11 %


II — AMENAGEMENT ET URBANISME

COMMUNICATION SUR LA POLITIQUE DE CONSTRUCTION DE LOGEMENTS SOCIAUX A PARIS

Je présenterai lundi au Conseil de Paris les orientations politiques de la municipalité, pour son actuel mandat, en matière de construction de logements, notamment de logements sociaux. A cette occasion aura lieu un large débat entre les conseillers.

Je ne reviendrai pas ici sur les résultats qui ont été obtenus à Paris ces dernières années dans ce domaine, je rappellerai seulement que la politique conduite par la Ville de Paris, avec le concours des sociétés de constructions sociales, lui a permis de devenir le principal acquéreur de terrains et le principal constructeur d’immeubles dans la capitale. Grâce à cette politique, et malgré une conjoncture défavorable, la construction de logements sociaux a conservé à Paris un rythme satisfaisant, proche des objectifs fixés, soit près de 5 000 logements par an — les logements neufs et les logements réhabilités confondus.

Mais, pour l’avenir, la situation est extrêmement préoccupante car, dans une conjoncture difficile, la démission de l’Etat risque de mettre en échec les efforts consentis par la ville tant en matière de construction neuve que de réhabilitation.

Les responsabilités de l’Etat

Il est clair en effet que les collectivités locales ne peuvent agir que dans les limites et les conditions fixées par l’Etat :

— c’est lui qui arrête les objectifs de la politique de l’habitat ;
— c’est lui qui définit les règles de financement et les normes techniques de la construction ;
— c’est lui enfin et surtout qui décide du budget affecté au logement et de sa répartition entre les collectivités locales.

L’efficacité de l’action de la ville est donc très largement conditionnée par la volonté politique de l’Etat. Or, il faut bien constater que, jusqu’à présent, les engagements pris n’ont pas été tenus. En 1981, le gouvernement avait annoncé qu’il lancerait sur le territoire national 550 000 logements par an et créerait 500 000 emplois dans le secteur du bâtiment. En 1982, 340 000 logements seulement auront été lancés et pour 1983, le nombre de logements mis en chantier ne dépassera pas 320 000. Il s’agit du plus mauvais résultat depuis 1954, et 70 000 emplois auront été supprimés.

La Ville de Paris, comme toutes les communes, a été pénalisée par la réduction des enveloppes budgétaires pour le logement social et pour le paiement des surcharges foncières. Le budget annoncé pour 1984 accuse un coup de frein brutal — 1 milliard de moins pour les PLA par exemple — et pour la première fois depuis la guerre, le budget du logement sera réduit en francs constants.

A ces difficultés financières très graves, s’ajoute une pagaille encore jamais vue dans l’instruction des dossiers. On a l’impression qu’après une diminution des taux des subventions, c’est par la lenteur des procédures que sont dissimulées les insuffisances de crédits : ainsi a-t-il fallu 18 mois pour obtenir l’accord de l’Etat pour la dérogation du taux de subventionnement de l’opération Brillat-Savarin, jugée pourtant prioritaire ; et pour la Goutte d’Or le ministère n’a toujours pris aucun engagement sur la participation financière de l’Etat…

Telles sont les contraintes qui s’imposent à nous. Nous en assumons le poids mais nous ne pouvons accepter qu’on les nie, et que, partant de dossiers faussés, l’on aboutisse à des solutions fausses. Je songe notamment ici au rapport du professeur Merlin sur le logement à Paris. Dans ce rapport n’est-il pas question de lancer des programmes de 8 000 logements neufs et 6 000 réhabilitations par an pendant une vingtaine d’années à Paris. Or, pour arriver à ce résultat, la participation financière de l’Etat devrait être multipliée par trois… Evidemment, tout cela est irréaliste.

Cela étant, et malgré cette conjoncture très difficile, je considère que la Ville de Paris doit avoir une politique du logement ambitieuse et contribuer pour sa part à résoudre la crise majeure du bâtiment que nous affrontons.

Une relance de la construction et une meilleure répartition des logements.

La ville doit pouvoir lancer de nouvelles opérations publiques d’aménagement. C’est la condition principale pour maintenir la construction de logements sociaux à un bon rythme et permettre la réalisation des équipements nécessaires. Il reste à Paris des emprises constructibles importantes, mais leur mobilisation suppose que le Conseil de Paris prenne l’initiative des acquisitions et de l’aménagement.

Malgré l’importance des opérations déjà approuvées et engagées — 12 500 logements au total, que ceux-ci seront déjà mis en chantier, en voie de l’être (Amandiers, Saint-Blaise, Belleville…) ou à lancer (Citroën, Cévennes, gare de Lyon, Bercy, Chalon, Tage Kellerman, Bessières Jonquière, Montempoivre, Mare-Cascade, Goutte d’Or…) — une nouvelle « génération » d’opérations publiques d’aménagement devra être approuvée par le Conseil de Paris pour assurer l’avenir. Dès la séance de lundi, l’opération de la rue de Flandre (19e) sera présentée à l’assemblée municipale, puis très prochainement la gare de l’Evangile (18e), la gare de Reuilly (12e), Chevaleret (13e), Crimée (19e), Rond-Point des Canaux (19e), soit au total 3 000 logements sociaux. Ces opérations sont toutes situées à l’Est de Paris, elles se rattachent à l’ensemble du plan-programme de mise en valeur des quartiers de l’Est de la capitale. Sur ce point, j’ajouterai qu’une orientation importante de ce plan-programme — mais j’y reviendrai lorsque je vous le présenterai dans les prochaines semaines — consiste en un meilleur équilibrage de la localisation des logements dans Paris. On a assisté au cours de la dernière décennie à une certaine concentration des interventions de la ville dans les arrondissements de l’Est de Paris : plus encore qu’à cette répartition inégale dans la capitale, je suis sensible à la concentration trop accentuée d’opérations de construction de logements sociaux dans certains quartiers. J’ai décidé dorénavant d’introduire une plus grande diversité des types de logements dans les grandes opérations : en proportion, davantage de logements sociaux devront désormais être réalisés dans les arrondissements de l’Ouest parisien. C’est à ce prix que nous conserverons à la capitale une plus grande diversité sociale, ce qui est un facteur important de la richesse humaine de notre ville et de ses différents quartiers.

A l’ensemble de ces opérations nouvelles s’en ajouteront d’autres dont le Conseil de Paris délibérera dans les prochains mois : l’aménagement des quais de Seine à hauteur de Bercy, des terrains de Tolbiac et toute une série d’opérations plus petites, dont certaines ont déjà fait l’objet de premières études et qui portent sur plus de 3 000 logements : îlot Saint-Ange (17e), Mozart (16e), Duranti (11e), Beauharnais (11e), etc. Enfin, il faut faire une mention particulière pour plusieurs opérations qui prendront place dans le cadre de la remise en valeur du site du Bassin de la Villette et des abords du parc, opérations qui devraient porter sur près de 3 000 logements.

La Ville de Paris réservera les moyens nécessaires pour réaliser cette politique active de construction. Le budget foncier de la ville sera accru : il était de l’ordre de 200 MF au cours de ces dernières années (sans compter les acquisitions Citroën), il sera porté à 250 MF en 1983 et devrait passer à plus de 300 MF en 1984. Mais un tel budget même ainsi augmenté ne peut permettre de faire face à l’ampleur des acquisitions nécessaires et notamment à celles des terrains SNCF.

Aussi, à la condition que l’Etat, qui n’est pas sans influence sur la SNCF, s’engage clairement sur un calendrier de libération des emprises, je suis prêt, pour réaliser ce programme exceptionnel, à recourir à des ressources exceptionnelles en lançant un emprunt spécial. Il va de soi que sa mobilisation serait fonction de la remise effective des terrains à la ville. 

Je reste cependant soucieux que le budget de la ville ne supporte par une charge trop lourde. Les logements sociaux doivent certes rester nombreux dans chacune des opérations et bien répartis entre l’ensemble des quartiers de la capitale, mais je souhaite une vive relance de la construction de logements non aidés. Une première mesure a été prise en portant à 3 le plafond légal de densité. Pour aller plus loin, la ville va prévoir dorénavant dans toutes les opérations d’aménagements une place plus importante pour la construction de logements non aidés à travers la cession de droit de construire.

A côté de ce programme pour la construction neuve, je ne puis cependant oublier que trois logements parisiens sur quatre ont été construits avant 1934. Près de 20 %  du parc immobilier est encore vétuste, et doit être réhabilité ou rénové.

L’amélioration du parc existant.

On peut estimer que le nombre des logements vétustes dans Paris s’élève à 240 000, dont la moitié justifie une réhabilitation.

Celle-ci restera une priorité que notre action au cours des prochaines années. Je souhaite que l’Etat qui a reconnu cette priorité dans les programmes prioritaires d’exécution du IXe plan accepte de faire l’effort financier nécessaire et surtout de revoir ses règles de financement. La ville, pour sa part, se fixe comme objectif de doubler d’ici 1985-1986 le nombre des immeubles réhabilités chaque année.

A cette fin, il faut développer dans Paris les opérations d’acquisition-réhabilitation par les organismes sociaux. Le budget d’aide du logement social donnera une priorité à ces opérations qui seront conduites non seulement par l’Office public d’HLM de la ville, mais aussi par certaines des sociétés anonymes d’HLM.

Parallèlement, je souhaite que soit relancée la réhabilitation privée. Une dizaine de zone d’intervention prioritaire, assez larges, représentant chacune environ cinq à six mille logements à réhabiliter vont être définies sur Paris. Elles permettront de mieux concentrer l’intervention de la ville. Celle-ci prendra la forme d’une majoration des aides de l’ANAH.

Enfin mon intention est d’accentuer l’effort de la ville pour la modernisation de son patrimoine. Ce dernier représente plus de 130 000 logements. Chaque année, la ville met au point avec l’Office d’HLM et les sociétés d’économie mixte un programme de modernisation bénéficiant d’une aide financière de sa part. Les crédits consacrés à ces opérations de modernisation seront progressivement doublés et une priorité particulière sera donnée à l’Office en vue de restaurer son parc de 15 000 HLM, auxquels il faut ajouter les 8 000 logements qu’il gère pour le compte de la ville. Un programme de 400 MF portant sur 3 500 logements est d’ores et déjà prêt ; il devrait être réalisé sur quatre ou cinq ans, l’objectif étant d’arriver au terme de ce programme à un rythme de 2 000 logements à moderniser par an. J’ai demandé au ministère de l’Urbanisme et du Logement d’augmenter sa participation à ces opérations en faisant passer le montant des subventions de 20 % à 30 %.

Ainsi se présentent donc les orientations générales de la politique du logement de la municipalité à Paris : augmentation de la construction des logements neufs passant par l’acquisition de terrains nouveaux et accélération de la réhabilitation ; maintien d’objectifs ambitieux pour la construction sociale et encouragement à la construction dans le secteur non aidé. Cette politique est possible malgré la crise qui touche l’économie du bâtiment. Elle suppose que la ville lui attribue une priorité financière et engage rapidement les acquisitions financières nécessaires. La municipalité y est pour sa part décidée, mais la ville n’est pas seule maîtresse du jeu et cette politique ne peut être engagée que si l’Etat accepte de prendre pour sa part les décisions qui lui reviennent.

Il faut que l’Etat et les grandes sociétés nationales comme la SNCF acceptent de vendre à la ville les enveloppes financières correspondant aux programmes ; d’une manière générale, il faut que l’Etat accepte de revoir certaines réglementations et modes d’attribution des subventions pour tenir compte de la spécificité du marché foncier parisien et de son parc immobilier, notamment pour l’aide à la réhabilitation, la modernisation des logements sociaux d’avant-guerre et la réalisation des opérations de résorption de l’habitat insalubre.

CREATION DE LA ZAC « FLANDRES NORD » DANS LE 19e ARRONDISSEMENT — APPROBATION DU PLAN D’AMENAGEMENT DE ZONE

Dans le cadre de l’effort exceptionnel entrepris par la municipalité pour la mise en valeur des quartiers les plus dégradés de l’Est de Paris, le Conseil de Paris délibérera lundi prochain sur un projet de restructuration en profondeur de la rue de Flandre et de ses abords dans le 19e arrondissement.

Plusieurs considérations ont conduit la ville à prendre cette décision, notamment : la dégradation du tissu urbain dans certaines parties de la rue a donné lieu à des occupations illicites d’immeubles par des squatters, phénomène qui ne peut trouver de vraie solution — indépendamment des mesures devant assurer l’ordre public — que par l’engagement d’une opération d’urbanisme sur les parcelles en cause ; et, la réalisation par l’Etat du musée des Sciences et de la Technologie et du projet du parc de la Villette qui implique de la part de la ville des interventions « d’accompagnement » sur le secteur avoisinant, afin d’assurer, mieux que cela n’est aujourd’hui défini, une symbiose entre ces équipements et le quartier où ils viendraient s’implanter.

1 — La rue de Flandres, demain une nouvelle avenue parisienne.

La décision d’élargir la rue de Flandres a été prise par le Conseil de Paris dès les années cinquante. Celle-ci s’est traduite en particulier par l’implantation en recul des constructions réalisées au cours de la dernière décennie sur la rive ouest de la rue (côté impair) à l’occasion d’opérations de rénovation (« Flandres-Tanger » puis « Riquet »). Aujourd’hui, l’agrandissement de la voie à une cinquantaine de mètres est d’ores et déjà réalisé sur plus des deux tiers de sa longueur. Malgré la difficulté et le coût de cette politique, il ne convient plus d’y renoncer alors qu’elle approche de son achèvement. L’effort reste à être poursuivi sur un linéaire d’environ 350 mètres.

Cette opération permettra d’accroître de manière significative la capacité de la circulation de la voie qui pourra être mise en double sens. Deux chaussées de largeur variant de 11 mètres à 13 mètres seront réalisées, ainsi qu’un terre-plein central de 8 mètres planté de deux rangées d’arbres : à l’ouest, le trottoir de 6 à 10 mètres de largeur pourra être planté d’une, deux, voire trois rangées d’arbres selon les sections, et à l’est le trottoir aura 4 mètres de largeur. Le stationnement longitudinal sera possible en bordure extérieure de la chaussée, le long des trottoirs sur la totalité de la rue, et dans les sections les plus larges, sur les parties de chaussée bordant le terre-plein central.

L’ensemble de ces aménagements permettra de réduire le trafic quais de la Seine, de l’Oise et de la Gironde, concourant à la mise en valeur de ce secteur au profit de la promenade et des loisirs.

D’autre part, la plantation systématique de plusieurs lignes d’arbres, la réalisation d’un terre-plein central rue de Flandres facilitant la traversée des piétons ainsi que l’élargissement des trottoirs, notamment du côté est où l’activité commerciale est la plus importante, donneront avec la réfection progressive de toute l’emprise de la rue, à cet espace aujourd’hui bouleversé, l’agrément et le caractère d’une nouvelle avenue parisienne.

2 — L’aménagement de la ZAC « Flandres-Nord ».

Les deux principaux objectifs de la Ville de Paris comprennent : l’élargissement de la rue de Flandres transformée en avenue et la reconstruction, dans le cadre d’une nouvelle ZAC au nouvel alignement de la rue de Flandres, d’une façade construite relativement ordonnée, formant un front bâti continu en bordure de la voie comme pour les autres avenues parisiennes et pouvant se prêter à la réalisation de programmes divers.

Le périmètre de cette nouvelle ZAC, la ZAC Flandres-Nord, englobe le terrain précédemment prévu par le POS pour le CES de la rue de Flandres qui a dû être implanté rue de Cambrai et inclut la totalité de la bordure de la rue de Flandres du numéro 129 au numéro 169, ainsi que les numéros 62, 62 bis, 71 et 73 rue de l’Ourcq. Sur le plan foncier, les terrains nus représentent près de 50 % de la totalité de l’emprise compte non tenu des surfaces de voirie et sont en totalité propriété de la ville. Celle-ci est également propriétaire en totalité ou en fractions de copropriété des trois quarts des parcelles bâties. La ZAC aura une superficie de 18 000  mètres carrés à laquelle s’ajoutent les emprises riveraines de la voirie de l’ordre de 3 600 mètres carrés.

 Le programme de cette opération comprend les éléments ci-après : environ 210 logements (120 prêts locatifs aidés et 90 prêts conventionnés) ; 1 500 mètres carrés hors œuvre de surfaces commerciales ; une surface de l’ordre de 15 000 mètres carrés pour des activités tertiaires, dont la moitié au moins pourrait être utilisée pour une installation hôtelière, une halte-garderie intégrée à un immeuble de logements. A ce programme, se rattache l’acquisition de 8 000 mètres carrés de voirie au titre de l’élargissement de la rue de Flandres.

La réalisation de l’opération implique la démolition de 250 logements environ et d’un hôtel meublé vétustes. Une forte proportion de ces logements se trouve d’ores et déjà acquise par la ville et environ 160 d’entre eux sont actuellement occupés de manière illégale. Des possibilités de logement existent ou existeront dans le quartier pour tous les habitants en situation administrative normale : notamment dans les logements de l’Office public d’HLM de la Ville de Paris rue de Flandres et rue d’Aubervilliers à l’intérieur desquels existe une rotation non négligeable de locataires. De plus, des opérations nouvelles sont soit en cours, soit prévues dans les quartiers voisins, en particulier des logements de l’Office public d’HLM de la Ville de Paris à l’angle nord de la « Loire Jaurès » en cours de construction par la RIVP. De toutes les façons, il est acquis que la ville se doit d’assurer en temps de crise les relogements nécessaires.

Les charges municipales de cette opération s’élèvent à 21 MF environ (bilan de l’aménageur : 4 MF aménagement des espaces piétonniers 14 MF participation du logement social 3 MF), à cet investissement global, qui sera traduit budgétairement au fur et à mesure de l’avancement de l’opération, soit de 1984 à 1988-1989, s’ajoute la valeur des immeubles et lots de copropriété déjà acquis par la ville dans le périmètre de la ZAC et qui seront apportés à l’opération, soit environ 23,4 MF.

ZAC CHALON — MODIFICATION DU PLAN D’AMENAGEMENT DE ZONE

Le projet d’aménagement du quartier Chalon, dont le dossier de réalisation a été voté par le Conseil de Paris du 20 septembre 1982, a été soumis à enquête publique du 22 novembre 1982 au 4 février 1983 à la mairie du 12e arrondissement. Au terme de cette enquête et de l’analyse de quelque 250 avis recueillis à cette occasion, dont 28 émanant de groupements ou associations, ou rapport du commissaire enquêteur, et surtout des observations des élus de l’arrondissement, j’ai décidé d’apporter certaines modifications au plan d’aménagement de zone avant qu’il ne soit transmis en vue de son approbation à la préfecture.

Je rappellerai que l’avis donné par le commissaire enquêteur est un avis favorable total à la création de la ZAC. S’agissant du plan d’aménagement de zone et de la déclaration d’utilité publique, il a également donné des avis favorables assortis toutefois de certaines réserves, notamment concernant la sauvegarde des immeubles 36, 38 et 68, avenue Daumesnil et 16, passage Gatbois. Le point doit être fait sur ces affaires. D’autre part, et surtout, alors que l’opération va maintenant pourvoir débuter, il convient de prévoir les dispositions que la collectivité publique doit prendre pour le relogement des occupants des immeubles à exproprier ou à acquérir dans la ZAC.

A — La conservation de 3 immeubles supplémentaires

Le parti d’aménagement adopté pour cette opération repose sur la création d’une vaste place publique sur le flanc nord-est de la gare de Lyon et sur laquelle viendront converger le réseau des voies et cheminements qui découpent l’îlot. Par leur petite échelle et leur étroitesse, ces voies rayonnent vers la place nouvelle, offrant avec celle-ci un contraste de volumétrie et d’espace dont il peut être tiré un parti intéressant sur le plan architectural et urbain.

La partie Est du secteur se prêtait à un remodelage plus important de manière à assurer au contraire une ouverture de l’îlot et une plus large pénétration vers une partie des équipements publics et vers l’ensemble industriel et artisanal, ainsi qu’un espace de dégagement et de plantation, notamment aux abords de la nouvelle école.

La faible occupation de cette partie du secteur, à l’exception de quelques « points durs » isolés, offre en outre de plus grandes marges d’intervention pour la composition du nouveau tissu urbain. C’est pourquoi il avait été prévu, d’une part, de n’élargir que faiblement (7 mètres) le passage Raguinot dont l’étroitesse actuelle (4 mètres) paraissait excessive, d’autre part, et au contraire, de créer une grande allée plantée à l’emplacement du passage Gatbois. Ainsi, à partir de l’avenue Daumesnil, le dispositif des voies irriguant l’îlot et menant vers la gare de Lyon et la grande place établie à son flanc était-il divers et contrasté.

Les réserves qui ont été faites concernant la conservation de trois immeubles 56, 58 et 68, avenue Daumesnil et 16, passage Gatbois amènent des retouches sensibles à ces orientations d’urbanisme.

La conservation des immeubles 56 et 58 avenue Daumesnil, 51 logements, impose le maintien du passage Raguinot à 4 mètres au débouché sur l’avenue Daumesnil, à leur niveau, et la suppression des passages couverts pour piétons prévus de chaque côté de la voie.

La conservation de l’immeuble 68, avenue Daumesnil et 16, passage Gatbois (47 logements) a des conséquences non moins importantes au regard du projet d’aménagement tel qu’il était conçu, mais il n’est guère contestable que cet immeuble présente en façade sur l’avenue Daumesnil une certaine qualité et possède un état d’équipement convenable. L’immeuble sera conservé malgré qu’il interdise un débouché correct sur l’avenue Daumesnil, rend difficile les conditions d’accès vers le futur mail, et fasse dès à présent apparaître des oignons aveugles inesthétiques. Il ne convient pas de retarder encore l’engagement de cette opération en se lançant dans de nouvelles procédures, d’autant que la décision de conserver ces immeubles permet le maintien d’une centaine de logements, certes de petite taille, mais d’assez bonne qualité.

B — Programme général des dispositions prévues pour reloger les occupants des immeubles à exproprier ou à acquérir dans la ZAC.

L’opération projetée se traduit par le maintien d’environ 700 logements et la construction d’environ 500 logements neufs, auxquels s’ajoute un foyer pour migrants d’environ 120 lits. Elle entraîne la disparition d’à peut près 1 200 logements, mais de très petite taille et mal équipés. Ainsi, les surfaces vouées à l’habitat sont-elles en réalité presque maintenues dans l’îlot malgré la recherche d’une certaine « dédensification », la création d’une grande place publique, la réalisation d’équipements. Mais en termes de nombre de logements et de chiffres d’occupants, il n’est pas niable qu’une diminution sera enregistrée à l’issue de l’aménagement.

Ceci étant, je dirai :

— L’organisme aménageur disposera d’abord du programme de logements neufs édifiés dans l’opération soit de l’ordre de 500 logements et d’un foyer de travailleurs migrants de 120 lits. La proposition de logements PLA prévus (250 à 270) est dès à présent légèrement supérieure à la moitié : l’autre fraction peut comporter une part importante de logements également aidés, de la catégorie dite « intermédiaire ».

— L’organisme aménageur fera appel en second lieu aux possibilités de logements offertes non seulement par l’actuel patrimoine de la ville dont disposent ses organismes mais surtout par les réalisations futures qu’elle prévoit aux alentours.

Il en est ainsi :
— de la ZAC de Reuilly, de l’ordre de 600 à 800 logements ;
— de l’opération Corbineau (de l’ordre de 350 logements) ;
— des réalisations de Bercy et des terrains avoisinants Quai 10, place Lachambaudie (de l’ordre de 1 500 logements).

En réalité chacun sait que dans cet îlot un problème particulier résulte de l’existence d’une forte population étrangère. S’agissant des étrangers en situation irrégulière, la Ville de Paris ne peut avoir d’autre attitude que celle qui vient d’être récemment définie ou rappelée par le gouvernement, et puisqu’il s’agit de provoquer leur expulsion du territoire national, elle ne saurait évidemment pas prendre en compte le moindre besoin de relogement les concernant.
S’agissant des étrangers en situation régulière et demandant un relogement, ont sait toutes les difficultés qui s’attachent à l’appréciation de ce besoin, selon les communautés et leur désir ou non de rester groupés. Pour répondre à cette demande, et en dehors du programme d’ensemble de logements sociaux précédemment exposé ainsi que du foyer de travailleurs migrants prévu dans l’opération, il sera fait appel à l’ensemble des moyens existants ou prévisibles, gérés ou non par le BAS, et qui comportent notamment 620 lits dans le 12e arrondissement (rue Beccaria, rue Claude-Tillier). Il convient de noter l’importance des possibilités de relogement qu’offre la mobilité dans les foyers de travailleurs migrants. C’est ainsi, par exemple, que pour le BAS qui dispose d’un potentiel de 3 000 lits, 2 682 relogements dans des foyers pour des locataires nouveaux ont été effectués depuis le 1er janvier 1977 et que 1 872 personnes provenant de foyers fermés ont été relogées dans le même temps.

Ces diverses indications établissent l’existence des moyens susceptibles de répondre à l’ensemble des besoins de relogement que suscitent l’opération.

Au-delà de ces divers points, j’ai relevé que plusieurs entreprises ont demandé soit à rester dans leurs locaux actuels, soit à défaut à se réinstaller dans la zone d’activités prévue dans la ZAC, ou dans le quartier. Je ne peux, naturellement, manquer d’être attentif à cette préoccupation. Afin d’aller dans ce sens, la zone d’activités a été étendue passant de 6 000 à 7 000 mètres carrés.

Après l’agrément par le Conseil de Paris du dossier du plan d’aménagement de zone, le document sera transmis à la préfecture en vue de son approbation.

PARUTION D’UNE NOUVELLE BROCHURE D’INFORMATION DE LA MAIRIE « COMPRENDRE L’URBANISME A PARIS »

Les services de l’information de la mairie offrent au public une nouvelle brochure intitulée « Comprendre l’urbanisme à Paris ».

Un effort particulier d’information dans ce domaine m’a semblé nécessaire au moment où la municipalité jette les bases de sa politique de logement et d’urbanisme pour le mandat en cours.

Ce document s’adresse au public le plus large. Il s’efforce de présenter dans un vocabulaire simple l’urbanisme parisien. Il comprend trois parties, une première consacrée aux objectifs de l’urbanisme parisien, les moyens utilisés et la mise en œuvre de la politique de la ville, une seconde commente deux opérations d’urbanisme, à l’Est la ZAC de Belleville, et les Halles, enfin une troisième partie est un lexique définissant en langage ordinaire que sont les PAZ, les ZAC, les ZIF, les ZAO, etc.

Vous savez que la réalisation d’une brochure sur l’urbanisme est très difficile, de nombreuses municipalités, le ministère de l’Urbanisme lui-même, les DDE, ont sorti des plaquettes sur ce sujet. Voici celle de Paris. Je lui souhaite un bon succès, elle répond, je le crois, à l’attente du public.

Je remercie les personnes qui l’on réalisée, et notamment le peintre Jean-William Hanoteau qui l’a illustrée d’aquarelles inédites, l’illustrateur Rosy, et Pierre Doyonnax et Angelo Gobbi qui se sont chargés de sa présentation artistique.

III — PROPRETE

ORIENTATIONS 1984 DE LA COLLECTE DES ORDURES MENAGERES

Comme vous le savez, depuis 1979, la collecte des ordures ménagères a fait l’objet d’une évolution spectaculaire se traduisant à la fois par d’importants progrès techniques et par une diminution sensible du coût du service.

La mécanisation de la collecte, aujourd’hui totalement terminée, la modernisation et l’augmentation des performances du matériel, enfin la meilleure utilisation du parc grâce à la création de seconds tours de collecte, lorsque les conditions de circulation le permettent, ont amélioré très nettement la qualité du service et la propreté de Paris. Malgré une augmentation des tonnages de l’ordre de 6 %, le nombre des rotations a diminué de 10 % et celui des bennes à ordures ménagères de 24 %.

Ainsi, l’amélioration des conditions de travail a entraîné une diminution d’environ 15 % des effectifs des conducteurs des deux sociétés SITA et CGEA, qui assurent les trois quarts des services, au rythme des départs en retraite, tandis qu’une proportion plus importante des conducteurs municipaux était affectée au nettoiement mécanique. En ce qui concerne les éboueurs, plus d’un tiers des heures de travail a été reporté sur des tâches de balayage et de propreté. Ainsi, malgré le poids des investissements, le coût de la collecte a diminué en francs constants, de 10 % environ en quatre ans.

Le bilan du plan de modernisation 1979-1983 est donc très positif. Il ne doit pas cependant nous inciter maintenant à l’immobilisme. La collecte des ordures ménagères est en effet un service public, très lié aux habitudes et aux conditions de vie de tous ceux qui participent à l’activité urbaine, et qui doit évoluer en même temps que celles-ci.

Dans le cadre d’un double objectif — recherche de moindre coût et adaptation du service à l’usager —, il me paraît nécessaire aujourd’hui de tenir compte des éléments suivants : 

1° — Si des économies ont été faites, les dépenses de collecte restent encore élevées. Bien sûr, les conditions de circulation parisienne, le niveau élevé du service rendu — horaire précis et respectés, collecte sept jours sur sept, mise à disposition gratuite de conteneurs pour les riverains — mais aussi une certaine indiscipline dans la présentation des déchets sont des causes d’augmentation des dépenses. Il y a néanmoins de nouveaux progrès à faire pour limiter les coûts.

2° — A ce sujet, les relations contractuelles spéciales qui lient actuellement la ville et les deux sociétés SITA et CGEA ne permettent de faire jouer la concurrence ni entre ces deux entreprises, ni entre les entreprises privées et la régie municipale. En effet, la part des prestations attribuées à chaque entreprise est pratiquement imposée par le nombre de ses « conducteurs sentenciés », conducteurs dont le statut a, comme vous le savez, son origine dans la sentence rendue en 1937 par MM. Bour et Marcel Paul. Ainsi que le recommande la Cour des comptes, la ville aurait donc intérêt à avoir, pour l’exécution d’au moins une partie du service, une relation contractuelle normale avec une ou plusieurs entreprises, donnant une référence économique et permettant, comme dans beaucoup de grandes villes françaises ou étrangères, de mettre réellement en concurrence l’entreprise privée et la régie.

3° — A Paris, la collecte des ordures ménagères a toujours été effectuée le matin, à partir de 6 heures, et ce n’est que depuis ces dernières années que dans les quartiers périphériques, les « seconds tours » sont réalisés en fin de matinée.

Or, il y a dans certains quartiers, une réelle demande pour que le système actuel soit abandonné au profit d’une collecte de soirée ou d’une collecte nocturne. De multiples raisons, d’ordre sociologique, expliquent cette demande. On peut citer la généralisation de la journée continue qui a entraîné une modification des heures d’activité, en particulier pour les bureaux, la diminution du nombre de concierges et, de façon plus générale, l’évolution des statuts, des conditions de travail et des habitudes de ces concierges et des gardiens d’immeubles.

Il ne faut pas néanmoins minimiser les difficultés d’une collecte de soirée dans une ville aussi variée que Paris :
— parce que dans beaucoup de quartiers ou de voies qui ont une vie nocturne, les conditions de circulation ne sont pas meilleures à 19 heures ou 20 heures qu’à 6 heures du matin ;
— parce que le soir comme le matin, la bonne utilisation du matériel et la tranquillité des riverains sont deux éléments qu’il est difficile de concilier ;
— parce que, dans les conditions actuelles d’exécution du service, la création d’une collecte de soirée implique une modification fondamentale des horaires de travail de certains personnels, modification qui pose de nombreux problèmes et dont l’éventualité a, en 1982, été à l’origine de tensions sociales.

Il est donc nécessaire, sur ce point, d’avancer avec prudence, tout en tenant compte des demandes et des besoins de chacun.

4° — Il faut prendre en compte un dernier élément, en partie lié à la rénovation urbaine des dernières décennies. Il concerne l’existence de « gros producteurs d’ordures », c’est-à-dire de tours d’habitation, d’hôpitaux ou de grands établissements qui produisent une quantité de déchets qui est sans commune mesure avec celle provenant des autres immeubles ou activités. C’est ainsi qu’en 400 points de collecte — soit 0,4 % du total — sont collectés 3 000 ou 3 500 mètres cubes d’ordures, soit environ 350 tonnes, ce qui représente 11 à 12 % du tonnage quotidien.

Ces gros producteurs d’ordures (GPO) qui livrent tous plus de 5 000 litres de déchets — certains livrent plus de 20 000 litres et l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière en produit chaque jour 57 000 litres — méritent qu’on leur porte une attention particulière.

En effet, alors que les volumes à enlever et les temps de chargement perturbent la collecte au porte à porte, on peut concevoir une collecte spéciale de ces « GPO » qui soit réalisée dans de bonnes conditions économiques grâce à un matériel spécialisé à haut rendement.

Mais, dans certains arrondissements, les GPO sont très disséminés et l’organisation d’un service spécial pour un nombre de « clients » très réduit présente un intérêt limité. Il existe par contre une forte densité de GPO dans sept arrondissements — les 11e, 12e, 13e, 14e, 15e, 19e et 20e arrondissements — qui représentent 300 tonnes d’ordures ménagères, soit 8 à 9 % du tonnage total quotidien à collecter en moins de 330 points.

Ces considérations m’ont amené à envisager de réaliser en soirée une collecte de gros producteurs dans les sept arrondissements où ils sont les plus nombreux, en s’adressant à des sociétés privées spécialisées et en faisant jouer la concurrence, grâce à un appel d’offres.

Les avantages de cette proposition sont évidents. En effet, si elle ne répond pas exactement à la demande de collecte de soirée qui existe dans certains quartiers, elle apportera néanmoins des enseignements sur les conditions de circulation, les risques de nuisances et le service rendu, enseignements qui seront précieux lors de la mise en œuvre ultérieure des services de collecte de soirée au porte à porte.

Par ailleurs, au plan social, en ne faisant qu’alléger les tonnages à collecter le matin dans sept arrondissements, elle ne met pas en cause l’organisation et les structures actuelles des services de la propreté. En effet, la régie continuera d’exécuter 25 % des services, seules étant réduites les prestations effectuées par les deux sociétés SITA et CGEA. Enfin, les effectifs des éboueurs ne seront pas modifiés, ce qui permettra de reporter 8 % environ des heures consacrées à l’ébouage sur les tâches de nettoiement.

De plus, comme on l’a vu, une collecte de gros producteurs répond à un réel besoin. Mais elle devrait en outre être économiquement intéressante. En effet, des matériels spécialisés devraient, en soirée et en un nombre limité de points de chargement, être utilisés à leur plein rendement. Et en faisant jouer la concurrence entre des sociétés privées, ce qui va dans le sens des recommandations de la Cour des comptes, la ville doit pouvoir obtenir de bonnes conditions qui entraîneront des économies et constitueront pour nous une référence économique.

Les organisations syndicales, qui se sont opposées en 1982 à toute expérience de collecte du soir en régie, ont voté au dernier comité technique paritaire contre ce projet.

Sans doute ne souhaitent-elles pas une véritable concurrence entre le secteur public et le secteur privé, concurrence qui existe pourtant dans toutes les grandes villes, et tout particulièrement à Marseille et à Lyon. Mais l’on comprend mal pourquoi elles défendent les liens contractuels existant actuellement entre la ville et les deux sociétés SITA et CGEA.

La mairie de Paris, qui a recherché la concertation en présentant son projet en détail le 14 octobre, avant toute décision, au comité technique paritaire de la direction de la propreté, refuse l’immobilisme et est décidée à poursuivre son action, en matière de propreté, dans le sens du double objectif : l’adaptation du service à l’usager et la recherche du moindre coût.

L’expérience prévue devrait effectivement permettre :
— de régler le problème spécial des déchets des gros producteurs ;
— de préparer une future collecte du soir, dans certains quartiers ;
— de diminuer le coût total de la collecte.

Elle ne menace aucun emploi. A l’inverse même, elle permettra au départ, de créer une centaine d’emplois dans les entreprises qui seront chargées de la collecte des gros producteurs.

IV — PARCS, JARDINS ET ESPACE VERTS

AMENAGEMENT D’UN JARDIN SUR L’EMPLACEMENT DES ANCIENS ENTREPOTS DE BERCY A PARIS 12e

ACHEVEMENT DE LA PREMIERE TRANCHE

Dans le cadre du réaménagement des anciens entrepôts de Bercy, il a notamment été prévu d’aménager un parc qui couvrira une superficie de 12 hectares.

En raison de son ampleur, l’opération a été scindée en plusieurs tranches.

La première tranche de travaux porte sur une superficie d’environ 18 000 mètres carrés dans la partie située au lieu dit « Grand Bercy », la rue de Mâcon, le quai de Bercy et le Centre international des sports (CISP).

Des travaux de transplantation ont été effectués le long de la rue de Mâcon (4 gros platanes situés en bordure du CISP), ainsi que divers travaux de démolition et terrassement, réalisés dans le cadre d’un marché sur appel d’offres confié à la société SOCIETEP.

D’autres travaux annexes concernent la pose de mobilier de jardin (88 bancs Decaux, 15 corbeilles à papier, 3 panneaux d’affichage et 3 panneaux d’information).

Pour achever cette première tranche d’aménagement, il reste à effectuer :

1° — Des travaux de constitution des sols, maçonneries, assainissements, adduction d’eau, clôtures et plantations.

2° — Des travaux annexes :
— mise en place d’un éclairage public qui sera réalisée par la direction de la voirie ;
— fourniture de 26 bouches d’arrosage ;
— aménagement intérieur des locaux de service à l’intérieur du CISP.

Par ailleurs, les structures de gros œuvre du centre étant achevées, il est nécessaire d’aménager l’intérieur de locaux destinés au personnel jardinier. Cette opération consiste en des travaux de maçonnerie-carrelage, menuiserie-métallerie et plomberie, électricité, peinture, revêtent des sols et pose de faux plafond.

L’ensemble des travaux d’achèvement de la première tranche s’élève à environ 2 988 000 F.

REALISATION DE DIVERSES OPERATIONS D’ENVIRONNEMENT DANS LES PARCS ET JARDINS

Un montant de 10 000 000 F a été, je vous le rappelle, réservé en 1983 dans le cadre de l’enveloppe d’investissement de la direction des parcs, jardins et espaces verts pour la réalisation d’opérations de moyenne envergure de réaménagement ou d’aménagement ponctuels d’espaces verts visant à améliorer l’environnement quotidien des Parisiens. Je citerai les principales :

1° — Parc Sainte-Périne à Paris (16e) : Poursuite des travaux d’aménagement.

A la suite de l’ouverture au public du parc Sainte-Périne, étant à l’origine essentiellement consacré à la promenade, il a été décidé d’y apporter des aménagements de nature à diversifier ses fonctions.

C’est ainsi qu’en 1980 et 1981 ont été réalisés l’aménagement dans l’ensemble du parc d’un cheminement pour piétons et la mise en place de jeux en rondins de bois destinés aux enfants.

En 1983, il a été prévu de poursuivre ces travaux d’amélioration par l’installation d’un réseau d’arrosage automatique y compris des travaux annexes de branchement particulier, fontainerie, serrurerie et plantations d’une part et, d’autre part, par la réalisation d’une piste pour patins à roulettes avec aménagement de ses abords.

La réalisation de la piste pour patins à roulettes avec création d’allées d’accès faisant la jonction avec le cheminement piétonnier achevé en 1982, ainsi que les travaux annexes d’aménagement des abords de la piste (mise en place d’une lisse en bois, plantations de plantes d’ombre) ont été chiffrés à 443 000 F.

L’ensemble des travaux financés en 1983 bénéficie d’une subvention de 360 000 F en provenance de l’établissement public de la région d’Ile-de-France.

En 1984, la direction des parcs, jardins et espaces verts a réservé sur son enveloppe d’investissement un montant de 900 000 F pour la dernière tranche des travaux d’amélioration de ce parc.

2° — Square Montholon à Paris (9e) : Réaménagement.

Par délibération du 17 janvier 1983, le Conseil de Paris avait décidé des travaux divers (mise en eau potable du réseau d’arrosage et modification de l’éclairage public) prévus dans le cadre du réaménagement de ce square et visant à le rendre plus attrayant. Ce projet consiste notamment en un remodelage du sol, une redistribution des zones plantées et des aires stabilisées ou dallées, ainsi que l’installation de jeux pour adolescents, et la création d’un kiosque de gardes.

L’ensemble de ces travaux représente un montant de 1 700 000 F.

3° — Square Burcq à Paris (18e) : Réaménagement.

Ce square d’une superficie de 1 450 mètres carrés a été créé en 1957. Situé au fond d’une impasse, il  est actuellement à l’état de terrain vague, la plupart de ses aménagements ayant disparu. L’accès au plateau stabilisé se fait par un chemin bordé d’arbustes dont la pente est assez raide (2,50 mètres de déclivité).

Le projet vise à supprimer les possibilités de jeux de ballons sur le plateau pour créer des aires aux fonctions définies — aire de repos, aire pour petits avec bac à sable, aire pour adolescents avec structures à grimper — auxquelles on accédera par un cheminement serpentant à travers des jardinières flammées servant de liaison entre la partie basse et la partie haute du jardin.

De plus, afin d’assurer la sécurité des riverains, le square sera doté d’un éclairage d’ambiance important et un kiosque de gardes sera installé.

La réalisation de ce projet nécessite des travaux de maçonnerie, terrassements, mise en place de terre végétale, voirie, assainissement, arrosage, métallerie et peinture.

L’ensemble de ces travaux s’élève a 3 536 000 F.

REAMENAGEMENT DU SQUARE SAINT-LAURENT (10e)

Le square Saint-Laurent (rue du Faubourg-Saint-Martin et boulevard de Strasbourg), d’une superficie de 1 450 mètres carrés, fait l’objet d’un réaménagement total selon un nouveau schéma.

Après ravalement des murs mitoyens sur une hauteur de deux mètres, il a été procédé à une restructuration du jardin par la création d’un cheminement dallé entrecoupé d’une série de quelques marches, de nouveaux massifs floraux, d’un bac à sable protégé de grilles, par l’installation d’une structure à grimper et la construction d’un abri de jardinier.

Il reste à effectuer la mise en place des plantations, du mobilier de jardin et l’aménagement d’un kiosque de garde, avant l’ouverture au public prévue dans le courant du mois de décembre.

V — AFFAIRES CULTURELLES

DOSSIER THEATRE

Afin d’encourager la création théâtrale et de contribuer ainsi au rayonnement culturel de la capitale, la ville a mis en place, depuis 1977, une véritable politique d’aide à la création dans le domaine dramatique.

Dans ce cadre, la ville apporte son appui à des compagnies théâtrales dont leurs activités et les projets participent à la permanence de la vie artistique parisienne et à la qualité de son animation.

L’association Nicé, animée par Mlle Catherine Berge, se consacre à un important travail de recherche sur le cinéma et notamment sur le cinéma muet et ses accompagnements musicaux.

Mlle Berge fut ainsi à l’origine d’une importante rétrospective cinématographique en 1981 consacrée au grand metteur en scène américain King Vidor.

Depuis deux ans, Catherine Berge a entrepris d’importantes recherches sur l’une des plus grandes actrices du cinéma américain, Lillian Gish qui, âgée aujourd’hui de 86 ans, continue de tourner aux Etats-Unis.

Autour de cette personnalité extraordinaire du monde des arts, à qui l’Europe et la France rendront hommage à l’occasion de son anniversaire, Mlle Berge a conçu un spectacle consacré à la vie de cette actrice et à la rupture provoquée par le passage du cinéma muet au cinéma parlant.

Ce spectacle sera présenté à partir du 14 octobre au Théâtre de la Bastille dont la Ville de Paris a largement contribué à la création.

Il s’agit là d’un spectacle de ballet-théâtre retraçant la vie de Lillian Gish dans une évocation poétique, chorégraphique, théâtrale et musicale.

A l’occasion de la présentation de ce spectacle la grande actrice américaine est reçue à Paris.

Pour aider ce projet original qui célèbre si justement une trajectoire artistique exceptionnelle, la Ville de Paris a attribué à l’association Nicé une subvention de 50 000 F.

La Compagnie Jérôme Deschamp est dirigée par Jérôme Deschamp, une des figures montantes du théâtre comique français.

Cette année, Jérôme Deschamp présentera dans le cadre du festival d’Automne, qui toutefois ne coproduit pas le spectacle, une nouvelle création intitulée « Courts-circuits » où se produiront entre autres le pianiste Alain Margoni, la chanteuse d’opéra Fusako Konda et le sculpteur Boris Tissot.

La démarche de Jérôme Deschamp, dans le droit-fil de celle de Jacques Tati, mérite le soutien de la ville ; c’est pourquoi elle lui a accordé une aide de 50 000 F.

L’association Sédiments rassemble des membres d’horizons très divers pour la réalisation d’un important travail sur le thème de la mémoire et du monde du souvenir.

C’est à partir de cette recherche qu’un spectacle musical, composé de cantiques du XVIIIe siècle à nos jours, a été monté et présenté en 1983.

Devant la qualité et l’originalité profondes de ce spectacle intitulé « Les Habits du dimanche », le théâtre de l’Escalier d’or, récente salle de spectacle ouverte l’année dernière avec l’aide de la Ville de Paris, a proposé de la reprendre.

Pour permettre à la reprise de cet intéressant spectacle dans de bonnes conditions d’exploitation, la Ville de Paris a alloué à l’association Sédiments une subvention de 15 000 F.

La King Compagnie est animée par Nathalie Fourcade et Gilles Gleizes, comédiens issus du conservatoire de la rue Blanche.

Leur premier spectacle intitulé « L’Eveil du printemps » de Windekind a été présenté l’année dernière à la Comédie de Paris et a reçu un très chaleureux accueil du public et de la presse.

Leur nouveau spectacle intitulé « Dommage qu’elle soit une putain » de John Ford est actuellement présenté au théâtre de la Cité universitaire internationale.

Cette jeune équipe prometteuse reçoit cette année une aide de 15 000 F.

Les Comédiens de l’Orangerie : cette association animée par Martine de Breteuil a présenté, depuis sa création en 1972, de nombreux spectacles à Paris.

Les dernières en date, adaptés par Martine de Breteuil elle-même, s’inspiraient de grands noms de la littérature tels que Lewis Carroll, Paul Morand, Marcel Proust et Jean Cocteau.

Les spectacles Proust et Cocteau ont été présentés cette année au théâtre de Dix heures et un spectacle poétique est programmé à la Maison de la Poésie.

La Ville de Paris a attribué aux Comédiens de l’Orangerie une subvention de 10 000 F.

AIDE A L’EQUIPEMENT DES LIEUX DE SPECTACLES

Si l’axe principal de la politique culturelle menée par la Ville de Paris doit être d’offrir aux Parisiens le plus large panorama de manifestations culturelles de qualité, il convient également d’aider aux bonnes conditions matérielles des structures d’accueil de ces manifestations.

Le théâtre de l’Atelier dirigé par Jean-Louis Barsacq nécessite d’importants travaux de remise en état de ses façades.

Ce théâtre au passé prestigieux a conservé très sensiblement la même architecture qu’au moment de la construction en 1822.

Aujourd’hui, l’état des murs nécessite d’importants travaux de rénovation estimés à 740 000 F.

Devant l’intérêt incontestable des activités du théâtre de l’Atelier, dont la programmation a toujours su se maintenir au niveau du prestige de son histoire et qui appartient de plein droit au patrimoine culturel de la capitale, la Ville de Paris a décidé de participer par une subvention d’équipement de 370 000 F à ces travaux de rénovation

Le théâtre de la Bastille dirigé par Jean-Claude Fall s’est ouvert avec l’aide de la Ville de Paris en 1982.

Il nécessite un complément de travaux pour parfaire la sécurité de ses installations électriques.

Compte tenu de l’éclatante réussite du théâtre de la Bastille qui s’est imposé en moins d’un an tant auprès du public que de la profession et de la presse comme un théâtre de premier ordre sur le plan de la création et de l’animation de la capitale et plus particulièrement au 11e arrondissement, il apparaît justifié de poursuivre le soutien que lui a déjà accordé la Ville de Paris.

C’est ainsi que la Ville de Paris a décidé, au bénéfice du théâtre de la Bastille, une subvention d’équipement de 125 000 F pour l’achèvement des travaux de sécurité du lieu.

Le théâtre de l’Escalier d’or, un des plus récents et des plus brillants lieux d’animation et de création que soutient la ville, est animé par la compagnie Atelier 93, jeune équipe réunie autour de Pierre-Olivier Scotto.

Le développement même de ses activités impose à la compagnie Atelier 93 l’achèvement des travaux d’installation. La compagnie Atelier 93 a su faire du théâtre de l’Escalier d’or un lieu de théâtre populaire d’une solide qualité professionnelle et d’une créativité reconnue. Elle a démontré l’importance de son travail pour la vie culturelle parisienne. La ville a donc décidé de poursuivre le soutien qu’elle apporte à l’installation et au fonctionnement du théâtre de l’Escalier d’or par une subvention d’équipement de 150 000 F, pour le complément des travaux d’installation du lieu.

L’atelier théâtre des Cinquante animé par Andréas Voutsinas, et qui existe depuis plus de dix ans, est un lieu permanent qui permet aux professionnels du théâtre de se rencontrer, de mener un travail de recherche et de présenter des spectacles dont le succès auprès du public, de la profession et de la presse connaissent le plus large écho.

Par ailleurs, l’atelier intervient dans la formation des professionnels du théâtre et particulièrement des comédiens.

Pour toutes ces raisons l’association est régulièrement subventionnée par la Ville de Paris.

Longtemps sans installation fixe, l’atelier théâtre des Cinquante vient de s’établir au 51, boulevard Richard-Lenoir, Paris 11e, où il développe son action dans de meilleures conditions d’accueil et de création.

Les considérables travaux d’équipement et de sécurité effectués dans ce lieu par l’atelier théâtre des Cinquante ont entraîné de lourdes charges pour la trésorerie de cette association.

Devant l’accord très important d’Andréa Voutsinas et de son équipe à la création contemporaine, la ville a décidé d’accorder à l’atelier théâtre des Cinquante une subvention d’équipement exceptionnelle de 150 000 F destinée à lui permettre d’achever son installation.

MARIONNETTES

Dans le cadre de la politique culturelle mise en place depuis 1977, la Ville de Paris s’est attachée à soutenir toutes les actions permettant d’offrir aux Parisiens le plus large panorama de manifestations et d’animations culturelles de qualité.

C’est ainsi que la Ville de Paris, consciente de l’importance et de la richesse d’une forme d’expression qui puise ses racines au plus profond de la tradition théâtrale populaire, apporte depuis leur première année de création son soutien aux Semaines de la marionnette.

Pour leur troisième édition, les Semaines de la marionnette démontrent l’essor et le renouveau de cette forme d’expression artistique qui confirment la justesse et le bien-fondé d’une initiative dont il faut féliciter les promoteurs. M. Alain Recoing, son directeur, et Françoise Letellier, son animatrice.

Grâce à ce véritable festival, accueilli d’abord par le Carré Silvia Monfort puis par les théâtres d’arrondissement de la Ville de Paris et qui se déroule cette année au théâtre A. Dejazet, salle qui bénéficie également du soutien de la ville, le public parisien a en effet pu découvrir que la marionnette était devenue l’une des facettes les plus originales et les plus novatrices de la création contemporaine.

Paris qui dispose d’une ancienne et solide tradition dans ce domaine ne pouvait donc que s’associer à cette renaissance.

C’est pourquoi la ville a attribué en 1983 la somme de 350 000 F au Centre national des marionnettes, organisateur des semaines.

L’action de la ville en faveur de ces spectacles populaires s’applique à des établissements installés dans les promenades parisiennes.

Le théâtre du Vrai Guignolet (animé par Philippe Casidanus), installé au Rond-Point des Champs-Elysées depuis 1818, présente toutes les pièces du répertoire parisien des marionnettes de square, qui reposent principalement sur le personnage de Guignol, tout en menant conjointement une véritable action de création.

Les faibles recettes que procurent ces spectacles, du fait d’une politique de prix des places à très bon marché, rendent difficile cette entreprise de renouveau, d’une vraie et bonne tradition parisienne.

C’est pourquoi la ville a décidé d’aider le théâtre du Vrai Guignolet pour un montant de 35 000 F.

Comme le précédent, le théâtre de la Petite Ourse qui fonctionne au jardin des Tuileries et qu’anime Jean Leopola, propose, avec les mêmes difficultés, des spectacles de qualité inspirés du répertoire classique tels que « La Farce du Cuvier », « Le Médecin malgré lui », etc.

Par ailleurs, il reçoit dans des conditions très avantageuses des enfants des centres aérés ainsi que de centres pour handicapés.

Parmi les spectacles présentés en 1982 figurait la création de « La Princesse aux lunes » sur une musique de Tchaïkovski mettant en scène pour la première fois des marionnettes à tringles.

Pour permettre au théâtre de la Petite Ourse de poursuivre son animation de qualité, la Ville de Paris lui a attribué une subvention de 25 000 F.

De même, la ville apporte son soutien en équipement au théâtre Guignol Anatole que dirige M. Roland Wagner aux Buttes-Chaumont.

Les travaux envisagés par cette association contribueront, outre à la maintenance d’un patrimoine historique le théâtre Guignol Anatole est un des plus anciens théâtres de marionnettes de la capitale, à l’amélioration technique des spectacles proposés aux enfants mais également à l’installation d’un système de protection antivol afin de lutter contre les intrusions dont il est victime, le parc des Buttes-Chaumont n’ayant pas achevé ses travaux de clôture.

La ville a donc décidé d’attribuer au Guignol Anatole une subvention d’équipement de 20 000 F.

POESIE

Dès le début de la précédente mandature, la Ville de Paris s’est efforcée d’apporter son soutien à tout ce qui peut attirer l’attention des Parisiens sur cet aspect essentiel et pourtant négligé de la littérature qu’est la poésie.

Ainsi, l’association Création que dirige Marie-Claire Bancquart a pour principale activité l’édition d’une revue d’inédits poétiques largement diffusée dans les bibliothèques universitaires et municipales.

L’association organise également des rencontres entre poètes contemporains (notamment au centre d’action poétique de la Madeleine animé par Monique Royer et soutenu par la Ville de Paris) et des personnalités telles que Andrée Chédid, Georges Emmanuel Clancier, Guillevic et Pierre Dalle Nogare ont participé à ces manifestations au cours de l’année 1983.

La ville entend soutenir le travail de qualité que mènent les associations de ce type et a donc accordé à Création une aide de 6 000 F.

L’ACTUALITE CULTURELLE

Le 18 octobre début au Théâtre musical de Paris une nouvelle série « Opéra d’une heure » consacrée au théâtre musical. Le premier spectacle « Huit chants pour un roi fou » de Peter Maxwell Davies et « Aventures et nouvelles aventures » de György Ligeti, avec l’ensemble intercontemporain sous la direction de Pierre Boulez sera présenté à 18 h 30 jusqu’au 22 octobre.

Le XXIe Festival international de la danse se poursuit au théâtre des Champs-Elysées avec les Ballets du Nord jusqu’au 22 octobre, pour se terminer par les représentations données par les Ballets Jazz de Montréal.

A partir du 16 octobre, le ballet théâtre français de Nancy se produit au Théâtre musical de Paris jusqu’au 22 octobre avec l’orchestre de l’Ile-de-France dans des œuvres de Chostakovitch, Franz Schubert et Joseph Haydn.

Comme les années précédentes les concerts Lamoureux proposent également à compter du 27 octobre les après-midi de Pleyel, le jeudi de 12 h 30 à 15 heures.

IVe FESTIVAL DE JAZZ DE PARIS

Le Festival de jazz de Paris va s’ouvrir le 25 octobre et se poursuivra jusqu’au 1er novembre.

Je vous rappelle les points saillants de ce IVe festival.

Une place plus importante encore que les années précédentes est accordée aux musiciens français, deux créations leur ayant été demandées : l’une à André Hodeir et l’autre à Antoine Hervé.

Une autre caractéristique du Festival 1983 est son éclatement en différents lieux de la capitale tels que les bibliothèques, les conservatoires ou la Maison de la poésie et son ouverture à d’autres disciplines, qu’il s’agisse de la vidéo, de la littérature ou de la photo.

Dans ce domaine, je voudrais tout particulièrement signaler la belle exposition « Jazz et photographie » qui se tiendra à l’ARC/musée d’Art moderne de la Ville de Paris du 25 octobre au 8 janvier 1984.

Préparés par Alain Dister, elle retrace l’histoire du jazz racontée par des photographes de renom et propose également la vision qu’ont du jazz des hommes comme Henri Cartier-Bresson ou Jean-Philippe Charbonnier.

FESTIVAL D’ART SACRE

Placé sous la présidence de Mme Chirac et la direction artistique de Stéphane Daillat, le 6e Festival d’art sacré de la Ville de Paris se déroulera cette année du 15 novembre au 24 décembre dans le cadre des grandes églises parisiennes et de Notre-Dame de Paris.

« La musique, comme le rappelle Marcel Landowski, son fondateur, est l’art du sacré car excellence ». Ce festival comme les saisons précédentes proposera essentiellement des manifestations musicales — 22 programmes différents —, son éclectisme laisse néanmoins apparaître plusieurs dominantes : 
— la place importante faite à la musique et à la création contemporaines dans les programmes avec, entre autres, deux créations mondiales et plusieurs œuvres données en première audition à Paris ;
— la volonté de faire coexister les œuvres d’aujourd’hui avec les plus grandes pages anciennes de musique sacrée : Duruflé, Tisné, Calmel, Messiaen, Ibarronda, Ohana figurent aux côtés de Monteverdi, Pergolèse, Bach, Haendel, Mozart mais aussi Mendelssohn, Liszt, Gounod, Rachmaninov, Poulenc…

Le festival se caractérise aussi par le souci de replacer certaines œuvres dans le cadre même des cérémonies religieuses, le 18 décembre au cours des offices de 10 heures et 11 h 30 à Notre-Dame de Paris, le 24 décembre en l’église Saint-Roch au cours de la veillée de noël et de la messe de minuit, et aussi par l’élargissement de la notion de sacré à d’autres cultures que les nôtres : cette année un programme sera consacré à la musique sacrée de l’Inde du Nord ainsi qu’à la musique orthodoxe russe du XVIe au XVIIIe siècle.

DIFFICULTES DE TRESORERIE DE L’ASSISTANCE PUBLIQUE DE PARIS
DEMANDE DE GARANTIE POUR UN EMPRUNT DE TRESORERIE DE 200 MILLIONS DE FRANCS

Au cours de sa séance du 22 septembre 1983, le conseil d’administration de l’Assistance publique a été saisi d’une demande d’autorisation pour contracter auprès de la CAECL un emprunt de 200 millions de francs afin de relever le montant de la réserve de trésorerie de l’Assistance publique.

En effet, les difficultés de trésorerie que connaît l’Assistance publique se sont considérablement aggravées cette année. Ceci en raison de résultats d’exploitation déficitaires, de pertes de recettes et d’augmentation de charges par rapport aux estimations du budget primitif de 1983, enfin, d’un décalage important entre le règlement des dépenses et le recouvrement des produits.

L’établissement a cumulé des pertes de plus en plus importantes : les estimations portent sur 500 millions en 1983, contre 257 millions en 1982. Par rapport au budget primitif de 1983, l’Assistance publique constate un décalage d’environ 600 millions résultant de diverses causes : sous-estimation des crédits initiaux par les autorités de tutelle, pertes de rentrées liées à la grève de mai dernier, baisse générale d’activité dans les services hospitaliers.

Il faut noter que les découverts sont apparus malgré des augmentations annuelles des prix de journée non négligeables. Aujourd’hui, pour revenir à l’équilibre il faudrait procéder à une nouvelle hausse de 5 % du prix de journée fixé pour 1983.

Par ailleurs, le fonds de roulement de l’Assistance publique est obéré par les délais de recouvrement de certaines créances. C’est ainsi qu’au 31 juillet 1983, le montant des restes à recouvrer avoisinait les 2 900 millions de francs.

Depuis le début de cette année, la trésorerie s’est dégradée de façon inquiétante…

Au 31 décembre 1982, les dépenses mandatées non payées s’élevaient à 1 360 millions de francs et ne concernaient que l’Etat et les organismes de retraite. Au 23 septembre 1983, elles dépassaient deux milliards de francs dont 328 millions de francs au titre des fournisseurs, qui ne sont plus réglés dans les délais réglementaires. Le coefficient de trésorerie est tombé à 0,045 à la fin août. Cela signifie qu’à cette date, pour 100 F de dettes, l’Assistance publique disposait de moins de 5 F.

N’importe quelle société privée, dans une telle situation aurait été déclarée en cessation de paiement. Les perspectives à court terme vont encore aggraver l’endettement, les prévisions faisant apparaître fin décembre un excédent brut des dépenses sur les recettes de 400 millions de francs. Dans cette hypothèse, le solde disponible deviendrait négatif pour un montant de 263 millions de francs, ce qui n’est évidemment pas acceptable.

Afin d’enrayer une évolution dont les conséquences pourraient être désastreuses pour le fonctionnement de l’Assistance publique, deux types d’actions ont été menées par la direction générale. Les premières consistent à accélérer le recouvrement des recettes de manière à gagner près d’une semaine de trésorerie, soit 200 millions de francs. Les secondes font appel à des concours extérieurs : demande de révision du prix de journée, relèvement de l’avance permanente consentie par la Sécurité sociale, emprunt de trésorerie auprès de la CAECL de 200 millions de francs qui implique l’octroi de la garantie de la Ville de Paris.

La ville avait déjà garanti en 1978 un emprunt de trésorerie de 50 millions de francs auprès de cet organisme. Mais cette opération se présentait dans un environnement financier beaucoup plus favorable. La nouvelle demande de garantie qui nous est faite ne peut être aujourd’hui sérieusement considérée comme une simple formalité de procédure exigée par le prêteur à titre conservatoire.

En réalité, cette affaire de garantie, apparemment banale, est le révélateur de la crise financière sans précédent que connaît actuellement l’Assistance publique. La ville ne peut donc manquer en ces circonstances de s’interroger sur la gestion de cet établissement et sur les rapports qu’elle entretient avec lui.

Je rappelle, en effet, que Paris consent un très important effort budgétaire en faveur de son établissement hospitalier.

Chaque année, depuis 6 ans, le montant des subventions d’investissements votées par le conseil municipal s’élève à 90 millions. Par ailleurs, la ville a garanti jusqu’à présent les emprunts d’équipements de l’Assistance publique : le capital à amortir des emprunts garantis représente une somme d’environ 2 180 MF, la charge annuelle de remboursement s’élevant à 220 MF. Enfin, parmi les débiteurs de l’Assistance publique au titre de la prise en charge de l’aide médicale hospitalière, le département de Paris est de loin le plus diligent puisqu’il avance automatiquement à l’AP le montant des frais 6 mois après le dépôt de la demande d’admission à l’aide sociale, alors que les autres départements de la région ne versent leur contribution en moyenne qu’après 12 mois. Le département de Paris fait ainsi une avance sans intérêt de plus de 200 millions, ce qui correspond, au taux actuel des prêts aux collectivités locales, à une subvention déguisée de l’ordre de 30 MF.

C’est dire, que les collectivités locales parisiennes sont allées dans leur action à l’égard de l’Assistance publique, bien au-delà de l’application de leurs strictes obligations légales. Aujourd’hui, elles ne peuvent manquer de s’inquiéter d’une situation dont elles ne sont en aucun cas responsables et de l’attitude qui est celle de l’Etat à l’égard du système hospitalier public.

En effet, si le maire de Paris assure la présidence du conseil d’administration de l’Assistance publique, établissement public communal, c’est en fait l’Etat, et non la Ville de Paris, qui dispose du pouvoir de direction de cet établissement. C’est le gouvernement qui en désigne le directeur général, ce sont les autorités de tutelle, ministère des Finances, ministère de la Santé et ministère de l’Intérieur qui ont la maîtrise des décisions qui conditionnent son fonctionnement actuel et son devenir : prix de journée, investissements lourds, effectifs de personnel. La ville ne peut donc être tenue pour responsable de la situation précaire dans laquelle se trouve présentement l’Assistance publique.

Par contre, nous constatons, avec inquiétude, un désengagement budgétaire du côté des pouvoirs publics.

L’Etat a réduit, ou supprimé purement et simplement, ses subventions pour de nouveaux équipements, ce qui conduit l’AP à les différer ou à aggraver son endettement. La caisse régionale d’assurance maladie de l’Ile-de-France (CRAMIF), à la demande de la tutelle, a cessé d’attribuer des prêts sans intérêts, d’où l’obligation de recourir à un financement beaucoup plus cher mis à sa disposition par la Caisse des dépôts. Enfin, l’application du système de la dotation globale en 1984 risque d’accentuer encore la crise de trésorerie.

Dans ce contexte, il apparaît clairement que l’emprunt de trésorerie envisagé  n’est qu’un expédient qui vise à éviter un accroissement excessif des impayés d’ici la fin de l’année. Il ne permet, en aucune manière, d’assainir, même temporairement, les finances de l’Assistance publique.

Si on veut parvenir à redresser la situation de cet établissement, il est  nécessaire de prendre deux types de mesures. Des mesures immédiates, portant sur les prix de journée 1983 et la fixation du budget global de 1984. D’autres, à plus long terme, visant à redéfinir les objectifs et les moyens de l’établissement, compte tenu de l’obligation de maîtriser l’évolution des dépenses de santé et de la baisse d’activité probablement durable qui touche les hôpitaux de l’Assistance publique.

Pour combler les déficits de 1982 et 1983, une nouvelle augmentation de 5 % des prix de journée serait nécessaire avec effet rétroactif, dès cette année. Pour 1984, le budget de l’AP devrait s’accroître de plus de 13 % par rapport aux crédits ouverts au budget primitif de 1983. Or, je rappelle que le gouvernement vient de fixer la croissance du taux directeur des dépenses des hôpitaux publics pour 1984 à 6,6 %, soit un niveau inférieur de moitié aux besoins de l’AP.

Dans ces conditions, j’estime que tant que les autorités de tutelle ne se seront pas prononcées clairement sur les mesures qu’elles comptent prendre pour assurer l’équilibre financier et apurer le passif de l’AP, le Conseil de Paris ne peut se prononcer en toute connaissance de cause sur le dossier de garantie qui nous a été transmis. Il est indispensable que, préalablement à un nouvel engagement de notre part, nous puissions juger de l’efficacité des efforts de l’Etat pour assainir une situation qui lui incombe entièrement. C’est alors que la ville prendra, comme elle l’a toujours fait, ses responsabilités et il ne peut être question de faire supporter à ce titre aux contribuables parisiens un risque, aussi minime soit-il.

Je précise que cette position d’attente n’aura pas d’incidence sur la trésorerie de l’AP qui peut d’ores et déjà mobiliser dans la limite de 200 MF une avance consentie par la Caisse des dépôts pour de courtes périodes.

D’autre part, la ville ne saurait en aucun cas se désintéresser de l’avenir de l’Assistance publique dont le bon fonctionnement est indispensable à la santé des Parisiens et au rayonnement international de la médecine française. Il m’apparaît donc souhaitable que nous soyons associés aux études et travaux que les autorités de tutelle ne vont pas manquer d’entreprendre en vue de mettre au point un plan à moyen et long terme redéfinissant les objectifs et la politique de l’Assistance publique.

Telle sont les deux propositions sur lesquelles le conseil municipal aura à se prononcer.

VII — DIVERS

CE QU’EST LE CREPIF

Le CREPIF est un centre de recherche de la Sorbonne créé par la Ville de Paris, la région d’Ile-de-France et l’université de Paris-Sorbonne.

Son conseil d’administration est tripartite et présidé à tour de rôle par le maire de Paris, le président de la région et le président de l’université. Son conseil scientifique comprend des représentants des principaux organismes de recherche parisiens. Il est présidé par le professeur Jacqueline Beaulieu-Garnier de la Sorbonne.

Le CREPIF s’est donné pour objectif de jouer un rôle de centre de rencontre et de catalyseur entre tous les organismes et chercheurs qui effectuent des études et recherches de qualité sur la région d’Ile-de-France : IAURIF, APUR, formations du CNRS et de l’université, organismes et bureaux d’études divers. Il veut aussi que, par le développement des rencontres et des contacts, des recherches tirent partie de l’expérience des praticiens : techniciens, administrateurs, responsables politiques ou autres, bref, associer la pratique à l’étude et à la théorie.

Sur ces bases, le CREPIF s’est donné d’abord pour but de développer et d’encourager une recherche universitaire de haut niveau sur Paris et l’Ile-de-France ainsi que des comparaisons avec les autres grandes régions métropolitaines du monde, de manière à faire progresser la connaissance des structures et des processus d’évolution et à apporter aux responsables politiques et administratifs des éléments d’information et de réflexion indispensables avant toute prise de décision.

En raison de préoccupations très anciennes et d’efforts menés de longue date, et en particulier avec la mise en place depuis plus de vingt ans d’organismes qui ont su former des chercheurs de qualité et acquérir une grande expérience, l’agglomération parisienne est certainement l’une des mieux connues parmi les grandes agglomérations du monde. Elle bénéficie d’une représentation cartographique et de banques de données d’une très grande qualité, d’un stock d’informations et de recherches impressionnant, qui tous s’améliorent constamment. Cette avance ne doit pas cesser mais au contraire s’accroître. C’est ce à quoi le CREPIF veut apporter sa contribution.