Texte intégral
* Enjeux de l’information économique pour les entreprises.
L’environnement des entreprises, en se mondialisant, se complexifie progressivement.
L’émergence de nouveaux marchés dans les pays en développement constitue un champ de compétition exacerbée entre pays industrialisés, mais aussi de nouveaux débouchés dont les bénéfices escomptés sont souvent proportionnels aux risques financiers qu’ils représentent.
La maîtrise de l’information devient pour les entreprises, et pour les administrations dont la mission est de les soutenir, un enjeu stratégique : savoir lire le plus tôt et le mieux possible les inflexions de la demande, des techniques de production comme de commercialisation ou des stratégies des concurrents constituent de plus en plus la garantie de l’efficacité, et parfois de la survie dans la compétition mondiale. C’est là tout l’enjeu du développement de l’information économique pour les entreprises en France.
Les besoins des entreprises comme ceux des administrations ne sont qu’insuffisamment satisfaits en ce domaine. Une enquête récente effectuée par l’ADIT confirme largement des résultats antérieurs obtenus auprès d’entreprises exportatrices : une proportion importante d’entre elles ne trouve pas dans la production actuelle l’information utile, ou n’y a pas accès, ou encore à des difficultés de lisibilité de cette information, dans un environnement foisonnant de « sur-information ». Le même constat vaut pour les administrations, confrontées de plus en plus aux exigences en matière d’information liées à la dimension internationale de leur activité.
* Rôle des pouvoirs publics
Le rôle des pouvoirs publics reste crucial dans la mise en œuvre d’un système efficace d’information au service des entreprises. L’État est également dépositaire d’une information ouverte qui devrait bénéficier plus et mieux aux entreprises, en favorisant le partenariat, avec les acteurs du secteur privé pour rentabiliser, améliorer et adapter le système actuel dans ses différentes composantes de collecte, de mise en forme et de mise à disposition de l’information.
L’effort public, même s’il est dispersé et parfois peu adapté, ne doit pas être sous-estimé : pour ne prendre que l’exemple du réseau DREE-CFCE, ce sont plus de 20 000 entreprises qui bénéficient de prestations d’information sur les marchés étrangers.
Le réseau des Postes d’expansion économique à l’étranger et divers organismes publics (dont le Centre français du commerce extérieur) ou parapublics (les Chambres de commerce et d’industrie et les Fédérations professionnelles notamment), mais aussi quelques autres structures plus légères et plus spécialisées (Services scientifiques et financiers des ambassades, antennes de la DATAR, …) constituent la base d’un réseau permettant d’alimenter les entreprises en informations. La veille économique et commerciale est au cœur de l’activité des Postes d’Expansion Économique, et ceux-ci peuvent naturellement être mieux utilisés dans cet objet.
* Actions entreprises par le secrétariat d’État au Commerce extérieur
Le ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, qui entretient des liens étroits avec le monde des entreprises et dispose d’une présence internationale importante, joue naturellement un rôle central dans la diffusion d’une meilleure information économique, avec notamment ses 166 Postes dans 130 pays.
Des réflexions qui ont été menées depuis maintenant deux ans sous le pilotage du secrétariat général à la Défense nationale ressort l’idée que cette maîtrise de l’information devrait porter sur trois domaines : les marchés (dans un objectif de compétitivité), les organisations internationales (dans un objectif d’influence) et la défense du patrimoine.
Quelques opérations concrètes ont été lancées à la suite de ces réflexions, telles que la réalisation d’un ante-serveur, sorte de mode d’emploi des administrations sur Internet à destination des entreprises, des réflexions sur des zones ou pays particulièrement importants, ainsi que des opérations de veille sectorielle stratégique initiées par la Direction des relations économiques extérieures et susceptibles d’être relayées par les services scientifiques des ambassades.
Il ne s’agit pas pour autant que l’État se substitue au secteur privé mais au contraire, à travers l’élan donné par les pouvoirs publics, de faire émerger et aider à se structurer l’offre privée qui a vocation à mieux servir les entreprises. En particulier, plutôt que de créer ses propres outils, il est plus raisonnable d’utiliser les outils existants et dont les entreprises sont familières.
* Champ des accord internationaux
Le secrétariat d’État au Commerce extérieur est bien entendu concerné par une meilleure utilisation des institutions internationales à caractère économique et commerciale : c’est un enjeu stratégique. Ainsi l’Organisation mondiale du commerce, dont la création dans le cadre de l’Uruguay Round a été souhaitée par la France mérite-t-elle une attention particulière compte tenu de sa vocation à définir le cadre réglementaire des relations économiques internationales (respect des engagements d’élimination des barrières commerciales, respect de règles de concurrence loyales, extension des règles internationales à de nouveaux champs, etc.).
* Réalisations
La Direction des relations économiques extérieurs a entrepris au cours des dernières années un certain nombre de démarches, que ce soit en matière d’adaptation des services rendus ou bien de coordination de l’action publique :
– Mieux adapter la production d’information des Postes d’expansion économique aux attentes des entreprises mais aussi des différents départements ministériels, ce qui signifie être plus à l’écoute des besoins. Ainsi, un programme de travail conjoint DREE-Fédérations professionnelles a été mis en œuvre pour orienter le travail des PEE sur des secteurs et thèmes jugés prioritaires.
À titre d’exemple, un correspondant pour le secteur du textile-habillement a été désigné dans chacun des Postes d’expansion économique des 40 pays identifiés comme stratégiques par les fédérations professionnels du secteur, avec pour mission de transmettre sur un rythme régulier les informations pertinentes tant sur l’évolution du marché que sur la stratégie des concurrents. Lorsque des informations ou études spécifiques et plus précises sont demandées par les entreprises (en général les plus importantes d’entre elles), ces prestations sont alors étudiées au cas par cas directement avec le demandeur.
Dans un autre secteur, un partenariat a également été noué avec la Fédération des industries mécaniques.
En matière de marché unique européen, les ministères Techniques négocient également au jour le jour l’environnement concurrentiel de demain des entreprises, dans le cadre des conseils spécialisés. Un partenariat c’est ainsi noué entre la DREE et certains de ces départements ministériels (Énergie, Équipement, Transport et aéronautique, Environnement, Industrie, Télécommunications, Agriculture) dans le but d’orienter le travail de veille et d’analyse de la position de nos partenaires mené par les Postes d’expansion économique implantés en Europe.
– Utiliser les outils modernes de transmission et de gestion de l’information pour la rendre plus accessible aux entreprises, y compris les plus petites d’entre elles. Le secrétariat d’État au Commerce extérieur s’est doté d’un serveur Internet (www.commerce-extérieur.gouv.fr) qui fédère les 166 sites des PEE, offrant plus de 20 000 pages d’information en ligne sur les marchés étrangers. Ces sites réalisés par les Postes d’expansion eux-mêmes offrent une information de première approche du marché considéré, mais également un module d’« information sur l’information » ainsi qu’un ensemble d’adresses et de contacts utiles.
Dans ce cadre, la diffusion d’une liste de personnes compétentes, et en premier lieu des Conseillers du Commerce extérieur en région ou à l’international, constituerait un outil de travail précieux pour les entreprises, notamment dans une recherche de cibles de type pays-produits.
Le Centre français du commerce extérieur a développé sur son serveur Internet « www.cfce.fr », le service « Pl@net export », qui met à disposition des entreprises et sur abonnement l’ensemble des informations disponibles au Centre, et notamment les notes sectorielles des Postes d’expansion économique. Ce programme novateur facilite un accès facile et rapide à une information validée et pertinente sur les marchés étrangers.
– Enfin, le fonctionnement des organismes d’appui au commerce extérieur, Centre français du commerce extérieur, Centre français des manifestations à l’étranger-ACTIM est en cours de réforme.
L’ambition est d’associer, dans un souci de synergie et de complémentarité, tous les partenaires institutionnels (organisations professionnelles, réseau consulaire, collectivités territoriales), de tirer avantage des points forts du Centre français du commerce extérieur et du CFME-ACTIM, mais aussi, conformément au souhait exprimé par les entreprises, de réorienter une partie des moyens budgétaires, actuellement consacrés aux frais de structure au profit des interventions directes d’appui et de voir se créer, en France, une grande centrale d’information sur les marchés étrangers. Un pôle « Information » constitué autour de l’actuel CFCE, recentré sur sa mission de centrale d’information sur les marchés étrangers, devrait voir le jour, faisant du CFCE un des piliers du système français d’information économique et ce pour le plus grand bénéfice des entreprises françaises, notamment des petites et moyennes.
* Opération pilote sur des marchés prioritaires
On peut également signaler l’opération pilote du ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie sur quatre marchés prioritaires (Chine, Corée du Sud, Malaisie, Brésil) et sur quatre régions (Rhône-Alpes, Basse Normandie, Poitou-Charentes, Alpes-Maritimes), qui, de juillet 1996 à juin dernier, a testé des pistes d’aménagement du système d’information des entreprises sur les pays émergents.
Un certain nombre de points d’applications prioritaires ont été définis : coordonner les acteurs locaux publics et parapublics pour qu’ils identifient et suivent ensemble plus particulièrement les entreprises ayant vocation à se positionner sur ces marchés émergents ; mieux rentabiliser l’outil Internet tant en matière de communication que de diffusion d’information ; mettre à la disposition du plus grand nombre un ensemble d’informations de base facilitant la prise de décision initiale.
Dans ce cadre et en tenant compte des enseignements acquis de ces expériences, les Conseillers du Commerce extérieur pourraient être d’une aide précieuse, notamment pour participer aux actions locales de veille et de sensibilisation.
* Programme gouvernemental sur les technologies de l’information
En s’appuyant sur le programme gouvernemental pour préparer l’entrée de la France dans la société de l’information, et afin de prendre mieux en compte l’arrivée de ces technologies qui modifient les possibilités disponibles pour la collecte et la diffusion d’informations, des actions sur le thème de l’information économique ont été initiées :
Afin de mieux rentabiliser le vaste réseau de veille et d’analyse que constituent les Postes d’Expansion Économique, plusieurs pistes sont suivies : identifier à intervalles réguliers les enjeux prioritaire pour la France sur lesquels le système doit être appelé à se mobiliser (rencontres d’orientation avec des entreprises, des ministères techniques et des fédérations professionnelles) ; mieux associer la formation de type régalien (réglementaire, diplomatie économique, politique, …) à l’information strictement commerciale dans les productions destinées aux entreprises.
Dans cet objectif, un certain nombre de Postes ont été ou vont être organisés en réseau sur une base sectorielle : automobile (Détroit-Chicago, Munich, Tokyo, Séoul, Londres, …) ; énergie (Houston, Caracas, Moscou, Edimbourg, Ryad, …) ; environnement ; technologies de l’information ; infrastructures ; etc. Ces réseaux sont animés par une structure centrale légère chargée d’assurer le lien avec les utilisateurs potentiels de cette information, qu’ils soient grandes entreprises, administrations ou PME.
Dans la continuité de cette action, il sera nécessaire d’aller « au-delà » de la simple « mise en réseau », en précisant que les objectifs stratégiques sectoriels poursuivis, et les modalités de fonctionnement de l’organisation des secteurs traités.
Les technologies de l’information n’ont pas pour seule fonction d’externaliser une image ou des produits : elles permettent également d’avoir à portée de main et pour un faible coût une mine d’informations utiles pour le développement international des entreprises. Elles rendent possible l’utilisation par les entreprises d’une quantité importante de connaissances sur leur domaine d’activité, des partenaires potentiels, et des acheteurs. Il reste cependant nécessaire que les entreprises puissent chercher et utiliser l’information adéquate : leur environnement, dans un contexte d’ouverture des marchés et d’évolution technologique rapide, est de plus en plus complexe.
Ces raisons ont conduit le ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie à engager une réflexion sur les relations entre les nouvelles technologies et l’information économique. Une mission a été confiée par le ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, conjointement avec les secrétaires d’État du ministère, à Monsieur Patrick LEFAS.
Cette mission s’attache, d’une manière pratique, à ce que les entreprises puissent chercher et utiliser l’information adéquate, rendue plus disponible par les nouvelles technologies, alors que leur environnement, dans un contexte d’ouverture des marchés et d’évolution technologique rapide, est de plus en plus complexe.
Les conclusions et propositions de cette émission sont attendues pour la fin du premier trimestre.
Je souhaite que ces initiatives, nombreuses, au service des entreprises leurs permettent d’avoir un accès rapide à une information de qualité sur leur secteur d’activité, afin que ces possibilités nouvelles leur apportent une maîtrise de l’information et de sa pertinence qui favorise la réalisation de tout leur potentiel à l’exportation.