Texte intégral
Au moment même où la gauche mondaine s'auto commémore, en fêtant à grand fracas médiatique le trentième anniversaire d'un Mai 68 qui proclamait qu'il était « interdit d'interdire » et qui a contribué à saper durablement les valeurs de notre société, familiales notamment, le ministre de l’Intérieur d'un gouvernement de gauche déplore publiquement la disparition des « repères » qui fondent une nation et la démission des parents dans l'éducation de leurs enfants.
Parallèlement, deux parlementaires socialistes remettent au Premier ministre socialiste un rapport qui attribue en partie l'accroissement inquiétant de la délinquance juvénile à cette absence des parents et s'interroge sur la nécessité de sanctionner ceux-ci à la place de leurs enfants délinquants.
Au moment où notre pays connaît un taux de chômage dramatique, frappant notamment les jeunes gens à la recherche d'un premier emploi, économistes et élus constatent que c'est là où les réseaux familiaux sont les plus denses que le sentiment d'exclusion est le plus faible, et reconnaissent que la famille constitue le maillon le plus solide des cercles d'inclusion et de solidarité.
* Démanteler la famille
Au moment où se déchaîne la violence dans les banlieues et dans les établissements d'enseignement, où l'échec scolaire se répand à tous les niveaux, professeurs, assistantes sociales, sociologues et médecins soulignent - lors de colloques, d'interventions dans la presse ou dans des livres - qu'une vraie famille, avec un père et une mère, est un gage de stabilité et de sérénité, que le nombre croissant de familles monoparentales ou « recomposées » contribue à perturber scolarité et maturité de l'enfant.
Il semble que les ministres socialistes n'aient pas compris ce triple message, puisqu'ils s'évertuent à démanteler la cellule familiale, sur la lancée de l'idéologie soixante-huitarde commune à la plupart d'entre eux, de Dominique Voynet vantant les mérites du « joint » à Bernard Kouchner voulant dépénaliser l'usage du cannabis et à Claude Allègre, dont le directeur de cabinet n'est autre qu'Alain Geismar.
Martine Aubry a porté de rudes coups aux familles en plaçant les allocations familiales sous condition de ressources et en réduisant les mesures d'aide à domicile. On entend à présent parler de suppression du quotient familial pour les impôts. Et les associations familiales se heurtent, de la part de M. Jospin et de son ministre de la Solidarité, à un éloquent silence lorsqu'elles les Interrogent sur une indispensable politique d'aide aux familles.
* Le coût financier
Et c'est au moment même où Mme Aubry décide de supprimer la politique familiale, qui existait en France depuis 1945, que le Gouvernement envisage de créer, conformément à ses promesses électorales à l'égard de divers groupes de pression homosexuels, un « contrat d'union sociale », à moins qu'il ne s'agisse - selon les versions, mais avec un même résultat – d'un « pacte d'intérêt commun » ou d'un « pacte civil de solidarité ».
Après les brimades financières et fiscales, voici l'attaque frontale contre le fondement Juridique de la famille, le mariage ! Le choix des socialistes a au moins le mérite d'être clair.
Pourquoi suis-je résolument opposé à tout ce qui pourrait être assimilé à un mariage des homosexuels ? Parce que l'on voit ce qui se dessine derrière cette revendication. Le mariage suppose la volonté d'établir un cadre stable en vue de donner naissance à des enfants. Or on voit poindre, avant même que le CUS ne soit mis en place, une nouvelle demande des lobbies homosexuels : le droit à l'enfant pour les couples homosexuels, c'est-à-dire la possibilité d'adopter des enfants ou d'avoir recours à l'insémination artificielle.
L'enfant ne saurait être un droit de l'individu. Ce qui est un droit fondamental, c'est le droit pour l'enfant d'être élevé dans une relation privilégiée avec un homme et une femme, ses parents naturels ou adoptifs, et non avec deux hommes ou deux femmes. La filiation ne peut être qu'une filiation par rapport aux deux sexes. On ne peut pas dire à un enfant et écrire sur son état civil qu'il est le fils ou la fille de Jacques et de François, ou de Martine et de Simone.
Au-delà de ce préalable fondamental, il y a des considérations budgétaires. Il serait scandaleux de voir le Gouvernement affecter au financement du CUS les économies qu'il réalise sur le dos des familles. Car, et les socialistes se gardent bien de le dire, ce CUS a un coût, qui entraînera pour l'État un manque à gagner d'une vingtaine de milliards de francs.
Considérables seraient en effet les répercussions financières sur la collectivité nationale d'une réforme destinée à satisfaire, par idéologie, une fraction marginale de la population française. Répercussions sur l'impôt sur le revenu : une déclaration commune ferait perdre de 2 à 2,5 milliards de francs à l'Etat. Répercussions sur les régimes de retraite : le régime commun permet au contractant survivant de percevoir une pension de réversion après le décès de son partenaire, ce qui représenterait de 15 à 18 milliards supplémentaires au débit des caisses de retraite. Répercussion enfin sur les droits de succession, l'exonération consécutive à la passation d'un contrat d'union sociale atteignant au total de 2 à 3 milliards de francs.
Ce chiffrage montre aussi que le CUS serait également la porte ouverte à toutes les fraudes et à toutes les injustices. Il offrirait des possibilités de fraude quasi générales pour bénéficier d'avantages fiscaux, d'exonération de droits de succession, de droits à la réversion de retraite, de mutations administratives.
On pourrait voir ainsi deux voisins « s'unir » pour se reverser leur retraite au premier décès. On pourrait assister à une exonération de droits de succession entre amis, ou entre un oncle et son neveu, alors qu'elle n'existe pas entre un père et un fils. Peut-être verrait-on alors parents et enfants conclure un CUS ou un PIC pour échapper aux règles fiscales ? Ou deux fonctionnaires qui ne se connaissent pas « s'unir » par PIC pour obtenir une mutation géographique... Les possibilités de truquage sont énormes.
* Un contrat moral
Enfin et surtout, le CUS, le PIC ou le Pacs est un « contre-sens », comme l'explique le sociologue Guy Coq. Pourquoi l'Etat donne-t-il des droits particuliers à l'homme et à la femme unis par le mariage ? Parce que l'Etat a la responsabilité de favoriser les liens qui tendant à assurer la pérennité de la société : il y a un intérêt général, pour l'Etat et pour la nation, au mariage, qui donne lieu à espérance de naissances.
Ce qui donne des droits au mariage, c'est que l'union reconnue implique une sorte de dette morale, celle de contrebalancer les droits dont on est crédités par la responsabilité assumée d'avoir des enfants. Ce n'est pas parce que l'on est deux, homosexuels ou pas, que cela constitue un précédent suffisant pour ouvrir des droits particuliers.
Le projet de CUS vide de sens un peu plus la société et la loi. En projetant de valider une sorte de droit illimité de l'individu sans contrepartie, les socialistes, ont cédé aux lobbies et aux facilités de la démagogie individualiste.