Argumentaire de la liste d'union RPR UDF "L'union pour l'Europe" pour les élections européennes du 12 juin 1994, avril 1994.

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Q. : Alors que les pays de l'Union Européenne s'apprêtent à voter le 12 juin, la tragédie bosniaque se poursuit. L'Europe est impuissante. Comment un Européen convaincu réagit-il face à ce malheur ? L'Europe n'est-elle pas pourtant une garantie pour la paix ?

Dominique Baudis : Comme tous les hommes de bonne volonté, je suis indigné par les massacres et les souffrances subies par le peuple bosniaque.

Il faut, inlassablement, poursuivre et intensifier la négociation internationale pour enrayer l'escalade de la violence, faire respecter les Droits de l'Homme et garantir l'indépendance et l'intégrité de la Bosnie dans des frontières sûres, internationalement reconnues et garanties. Mais, pour contraindre l'agresseur serbe à se plier aux résolutions de l'ONU, les sanctions à l'égard de la Serbie doivent être renforcées. Il faut assurer le respect des zones de sécurité fixées par l'ONU leur violation devrait être sanctionnée par des frappes aériennes.

Le Gouvernement français, qui a déjà obtenu la levée du siège de Sarajevo, doit intensifier ses efforts dans ce sens.

Le drame de la Bosnie rend plus nécessaire encore la mise en œuvre d'une diplomatie européenne et d'une politique de sécurité commune. C'est une raison supplémentaire de renforcer l'Union Européenne dans ce sens. La guerre en Bosnie doit non seulement révolter notre conscience humaine et morale mais aussi réveiller notre conscience de citoyen et d'Européen !

N'oublions jamais que durant les cinquante années qui viennent de s'écouler, l'Europe nous a d'abord apporté la Paix. Aujourd'hui, sur un continent à nouveau meurtri par la guerre, nous n'avons pas le droit de compromettre cet acquis inestimable en remettant en cause l'Europe. Oui, plus que jamais, l'Europe doit être protectrice, au service de la Paix.

Q. : L'emploi est la première inquiétude des Français. L'Europe donne parfois le sentiment de desservir l'emploi et nous avons l'impression d'en subir les conséquences. L'Europe peut-elle vraiment faire quelque chose pour l'emploi ?

Dominique Baudis : On ne le dit pas assez – parce qu'il est toujours plus facile de voir ce qui ne va pas – mais l'Europe a déjà créé beaucoup d'emplois. Un exemple que je connais bien comme maire de Toulouse : l'aéronautique.

Il y a 20 ans, le marché mondial était monopolisé par les Américains. Les Européens, conscients de l'insuffisance d'une approche strictement nationale, ont eu l'intelligence de mettre leurs efforts, leurs moyens en commun : cela a donné toute la gamme des Airbus.

Résultat : l'Europe a conquis près du tiers du marché mondial, l'aéronautique européenne représente 2 millions d'emplois dont 400 000 en France.

Aujourd'hui, face à l'angoissante montée du chômage, l'Europe doit se mobiliser davantage.

L'Union Européenne vient de décider, pour les mois et années à venir, un vaste programme de grands travaux, d'aménagements routiers, de liaisons par TGV, d'aide à des projets locaux, de soutien à des reconversions industrielles, de crédits accrus pour nos zones rurales en difficulté, etc.

Tout cela va se traduire par des chantiers, du travail donné aux entreprises françaises, des dizaines de milliers d'emplois préservés.

Il y a aussi les emplois du futur, que l'Europe doit développer en anticipant les évolutions économiques. Elle a un grand rôle à jouer, notamment en renforçant et coordonnant les initiatives nationales, par exemple en faveur de la recherche ou des métiers liés aux techniques modernes de communication.

Les députés européens de notre liste de l'Union seront actifs pour engager l'Europe sur cette nouvelle voie : l'Europe au service de l'emploi.

Q. : On ne peut pas parler de l'emploi sans parler de la concurrence mondiale, du dumping, des délocalisations brutales. Alors que fait l'Europe ? Le commerce international n'a-t-il pas tendance à se faire contre nous, les Européens, contre nos emplois ?

Dominique Baudis : C'est vrai que les échanges économiques se font aujourd'hui à l'échelle de la planète. Conséquence : chaque Gouvernement a du mal, seul, à influencer le cours des choses.

L'Europe, parce qu'elle pèse davantage, parce que c'est la première puissance commerciale du monde, parce qu'elle est forte de ses 350 millions d'habitants, donne à la France la bonne dimension pour préserver efficacement ses intérêts dans le monde.

On l'a vu dans les récentes négociations sur le commerce mondial : la France a mobilisé l'Union européenne autour de ses positions ; ensemble, les Douze ont fait reculer les États-Unis et le Japon et nous avons obtenu un accord équilibré, avec la mise en place d'une véritable organisation mondiale du commerce.

Seuls, isolés, nous n'aurions rien obtenu…

Pour que l'Europe soit protectrice de l'emploi, elle doit éviter tout à la fois la naïveté en ne se protégeant pas, et la paranoïa, en fermant hermétiquement ses frontières.

L'Europe unie doit obtenir des règles commerciales loyales, équilibrées, qui interdisent le dumping social (travail des enfants ou des prisonniers) ou écologique (productions fabriquées au détriment de l'environnement). La convergence des économies nationales et la mise en place d'une seule monnaie européenne seront des atouts efficaces pour notre développement économique et pour l'emploi.

Q. : Vous conduisez la liste d'Union de la Majorité. Quelles sont les raisons principales de voter pour votre liste ? Croyez-vous vraiment que l'élection du 12 juin soit importante ?

Dominique Baudis : Oui, le vote du 12 juin est important. Nous voulons démocratiser la construction européenne, rapprocher l'Europe des citoyens européens, en finir avec les excès technocratiques d'une certaine Europe bruxelloise. Pour cela, il n'y a qu'un seul moyen, et il est efficace, c'est le bulletin de vote.

Par notre vote du 12 juin, nous choisirons les 87 représentants de la France au Parlement européen de Strasbourg.

Pour que les intérêts de la France soit bien défendus, les Français, j'en ai la conviction, feront confiance à la liste de l'Union UDF-RPR, la seule liste dont les députés européens travailleront étroitement avec le Gouvernement de la France et avec la Majorité nationale. Nous perdrions beaucoup en ne votant pas ou en éparpillant notre vote sur des listes secondaires ou qui combattent le Gouvernement de la France.

La liste de l'Union est l'unique liste de la Majorité, celle du RPR et de l'UDF, unis autour d'un projet européen commune. Un projet pour défendre les intérêts de la France en Europe et les intérêts de l'Europe dans le Monde.


L'Europe et la paix

L'objectif premier de la construction européenne a été de réconcilier les peuples qui s'étaient entretués sur notre continent pendant trois quarts de siècles et de préserver la paix. Objectif atteint : l'Europe a connu 45 ans de paix et de prospérité. Elle est aujourd'hui le pôle de stabilité du continent et fascine tous les pays qui sortent du communisme.

Mais aux frontières de l'Union Européenne, notre continent est confronté à des conflits de minorités et de frontières qui pourraient, comme en Bosnie, tourner à la guerre ; et au-delà, dans la CEI des guerres civiles et des guerres interétatiques menacent aussi dangereusement notre sécurité.

Il est clair que si l'Union Européenne ne mène pas une réflexion générale sur la prévention des crises en Europe, les foyers d'incendie vont s'étendre à la fois sous forme de guerre et aussi sous forme de réaction politique. Ce risque impose une mobilisation forte et commune des Européens, notamment une concertation pour définir et identifier les foyers de crise qu'il faudra apaiser. Il est de première urgence pour les États de l'Union de mettre en place un système commun de sécurité et de défense, à l'échelle du continent, qui puisse prévenir et à défaut contenir les conflits en Europe.

Dans ce cadre, le rôle de l'Union de l'Europe Occidentale devra être confirmé. L'UEO devra se doter d'une structure opérationnelle et d'une structure de commandement qui conférerait à l'Union Européenne une autonomie d'expertise et une liberté d'action. Parallèlement, afin d'assurer la cohérence des actions entreprises, le Conseil des Ministres doit pouvoir décider des actions diplomatiques et militaires à mener en commun.

Ainsi, une Politique Extérieure de Sécurité et de défense Commune (PESC) serait une alternative réelle au renouveau des nationalismes et pourrait contribuer à la stabilité des zones vitales pour la sécurité de l'Europe.

La PESC est, par ailleurs, indissociable de l'axe Paris-Bonn sur lequel elle doit s'appuyer l'entente franco-allemande est à la fois le pilier et le fer de lance de la construction européenne. Récemment encore, lors du compromis de Ioannina intervenu le 28 mars dernier, les efforts conjoints de la France et de l'Allemagne ont permis de débloquer une situation de crise au sein de l'Union Européenne. Les deux pays doivent saisir l'opportunité de leur présidence successive au Conseil européen pour lancer des initiatives fortes dans le domaine de la PESC.

Ces initiatives devront impliquer la Russie et les États-Unis qui ne peuvent être tenus à l'écart du processus européen de prévention des conflits. La Russie, qui est une Nation européenne et les États-Unis par l'intermédiaire de l'OTAN, doivent devenir les partenaires privilégiés de la PESC et non pas ses concurrents.

Hélène Carrère d'Encausse


"L'Union : plus qu'une nécessité, une volonté"

Jean-Louis Debré, en tant que Secrétaire Général Adjoint du RPR s'est beaucoup Investi pour que les formations de la majorité se retrouvent dans la liste d'Union RPR-UDF. Député de l'Eure, il participe pleinement aux Campagnes Européennes en y occupant l'un des deux postes de Directeur de Campagne.

L'Union de l'UDF et du RPR est une réalité. C'est ensemble que tous les jours nous travaillons au gouvernement, c'est ensemble qu'au Parlement nous soutenons l'action de redressement qui a été engagée. C'est à nouveau unie, que la majorité se présente aux suffrages de nos concitoyens à l'occasion des élections au Parlement européen du 12 juin prochain.

L'Union est une aspiration profonde de notre électorat et les Français, n'auraient pas compris que nous soyons parvenus à constituer des listes communes en 1984 et en 1989, quand nous étions dans l'opposition, et que nous n'y parvenions pas aujourd'hui dans la majorité. Cette incompréhension serait d'autant plus fondée qu'aucune divergence de fond n'est apparue entre le RPR et l'UDF sur la politique européenne de notre pays, conduite depuis plus d'un an en parfaite collaboration par Alain Juppé et Alain Lamassoure.

L'Union est aussi, l'expérience l'a montré avec force lors des dernières consultations électorales, le gage de la victoire. Nous n'aurions jamais remporté le succès qui a été le nôtre lors des législatives de mars 1993 si nous n'avions pas été unis.

Au-delà d'une nécessité, l'Union est d'abord à mon sens l'expression d'une volonté, l'Union que nous avons réalisée à l'occasion de ces européennes n'est pas en effet une Union dictée par la seule nécessité. Loin d'être consentie ou subie, cette Union a été voulue par nos deux formations. Elle ne s'est pas faite autour du plus petit dénominateur commun, en gommant les différences et l'originalité de chacune des familles de pensée de la majorité mais autour d'un projet européen concret, élaboré en commun, qui lui aussi exprime une volonté : celle d'imprimer à l'Europe un second souffle, à travers un fonctionnement plus démocratique de ses institutions et le renforcement de la collaboration entre tous ses États membres.

La construction de l'Europe elle-même, est d'abord le fruit d'une volonté politique. Le succès que notre pays a enregistré lors de la phase finale des négociations du GATT a suffisamment montré, que quand une volonté politique forte des États s'exprime, quand on fixe un mandat précis à la Commission, on obtient des résultats. C'est ainsi que la cohésion de l'Europe progresse et que ses intérêts dans le monde, seront préservés. C'est cette volonté pour l'Europe, que l'UDF et le RPR partagent à travers leur union.

Défendre la France en Europe, et l'Europe dans le monde…

L'Union que nous avons réalisée à l'occasion de des élections européennes a été tout à la fois un aboutissement et un nouveau point de départ. Le RPR, a été le premier à appeler de ses vœux la constitution d'une liste commune de la majorité et a œuvré avec constance et détermination en ce sens jusqu'à ce que cela se concrétise. C'est aujourd'hui en plein accord avec Jacques Chirac, et avec son soutien le plus total, que j'assume avec mon ami Jean-Pierre Raffarin, la direction de la campagne de la liste conduite par Dominique Baudis et Hélène Carrère d'Encausse.

J'ai aujourd'hui le sentiment, que chaque jour l'Union de la majorité progresse et se renforce. Aussi bien à Paris, au siège de la campagne qu'en province, les équipes du RPR et de l'UDF nos parlementaires, nos cadres et nos militants travaillent en parfaite entente.

La liste RPR-UDF conduit par Dominique Baudis et Hélène Carrère d'Encausse va emporter un vrai succès le 12 juin prochain. Nul ne pourra alors en revendiquer la paternité en particulier. Car ce sera d'abord et avant tout un succès collectif. Ce sera le succès de l'ensemble de la majorité et le résultat d'une volonté partagée par nos deux formations : la volonté de conforter l'Union pour défendre la France en Europe et l'Europe dans le monde.

Jean-Louis Debré


Le Parlement européen est un lieu capital

Jean-Pierre Raffarin est député européen sortant. Praticien de la liaison entre l'Europe et les régions, il préside l'Arc Atlantique, une alliance européenne qui va de l'Écosse au Portugal.

Ce qui se passe au Parlement de Strasbourg, en bien et en mal, ne doit jamais laisser indifférent. Le Parlement de Strasbourg mérite éloges et blâmes. Les éloges, c'est lorsqu'il est un lieu d'Histoire. Pendant les étapes de la réunification allemande, c'est dans les murs du Parlement européen que le chancelier Kohl est venu dévoiler ses projets. Nelson Mandela et beaucoup d'autres y sont venus également parce que, de cette tribune, ils s'adressaient à l'Europe entière. C'est un Parlement qui a connu des moments d'émotion très forts. Le dernier en date aura été, le 4 mai, le vote sur l'élargissement de l'Union européenne, pour passer de l'Europe des Douze à l'Europe des Seize. Ce vote a constitué aussi un message d'espoir pour les pays d'Europe centrale, en leur montrant que l'Union européenne pouvait s'ouvrir et donc les accueillir.

Le Parlement de Strasbourg est aussi un lieu d'efficacité au quotidien. C'est là que, à l'initiative d'Alain Lamassoure, a été élaboré le programme LIFE pour l'environnement. J'y ai négocié le programme Atlantis, un levier puissant pour les régions membres de l'Arc Atlantique. Pierre Lataillade y a fait adopter la Charte de la Famille, un texte essentiel. Je pourrais multiplier les exemples de cette nature.

Mais le Parlement de Strasbourg a aussi été, parfois, un lieu de dérision. Ce fut hélas le cas lors de la présidence française en 1989. Alors que l'Allemagne s'apprêtait à retrouver son unité, la France ne cherchait qu'à placer un projet "d'Europe sociale" au travers d'un document sans aucune portée juridique ni existence légale. Un document qui doit dormir dans je-ne-sais quel tiroir. Il faudra profiter de la présidence française à partir de 1995 pour effacer ce mauvais souvenir. De la même façon il faut bien comprendre que le Parlement européen étant un lieu de bataille, d'affrontement, il nous est arrivé à nous Français d'essuyer des revers parce que nous n'étions pas assez unis. C'est cela aussi qui va changer et, avec une importante représentation française issue de la majorité, parlant d'une voix au sein d'un groupe puissant, nous pèserons plus fort.

Mieux défendre la France au Parlement de Strasbourg, tel est le véritable enjeu du 12 juin.

Jean-Pierre Raffarin


Grâce à l'action du Parlement européen et en particulier de l'intergroupe Atlantique, la commission Arc Atlantique bénéficie, pour 1994, d'une action pilote "Atlantis". Cette initiative dotée d'un cofinancement communautaire de 26 millions de Francs, va permettre grâce à l'engagement des Régions, la réalisation d'un programme total de 52 millions de Francs. Les quatre domaines d'intervention de cette action portent sur :
1. la modernisation du tourisme
2. les transferts de technologie
3. les études de liaisons maritimes et aériennes
4. l'eau et l'environnement.
     
     
L'agenda

Mai

Lundi 9 : Paris – Cité des sciences : Présentation de la liste de l'Union. Rencontre de l'Union en Nord-Pas-de-Calais (Eurotunnel – Calais – Lille).

Mardi 10 : Rencontre de l'Union en Haute-Normandie (Port de Normandie).

Mercredi 11 : Rencontre de l'Union dans la région Centre (Université européenne de Tours).

Jeudi 12 : Visite à Arcachon et à Carcassonne.

Lundi 16 : Première grande réunion publique à Toulouse en présence du Premier ministre.

Mardi 17 : Rencontre de l'Union en Franche-Comté (Visite du Centre Linguistique Appliqué à Besançon).

Jeudi 19 : Rencontre de l'Union en Picardie.

Samedi 21 : Visite en Maine-et-Loire.

Lundi 23 : Rencontre de l'Union en Poitou-Charentes – Futuroscope à Poitiers. Europe 1 (19 heures – 20 heures) Club de la Presse – Dominique Baudis.

Mardi 24 : Rencontre de l'Union en Basse-Normandie "La paix et l'Europe".

Mercredi 25 : Rencontre de l'Union en Provence-Alpes-Côte d'Azur – l'environnement. France Inter (19 h 15 – 20 heures) débat entre Mme Carrère d'Encausse et Mme Trautman.

Jeudi 26 : Rencontre de l'Union en Champagne-Ardenne.

Vendredi 27 : Rencontre de l'Union en Auvergne avec V. Giscard D'Estaing. France 2 – Bouillon de Culture – Hélène Carrère d'Encausse.

Samedi 28 : "les livres de l'Union" à Paris. Rencontre régionale en Limousin avec Jacques Chirac.

Dimanche 29 : TF1 7 /7 (19-20 heures) débat entre Dominique Baudis et Michel Rocard.

Mardi 31 : Réunion publique à Lyon.

Juin

Mercredi 1 : Rencontre de l'Union en Aquitaine et Languedoc-Roussillon.

Jeudi 2 : Réunion publique à Rennes en présence de Jacques Chirac.

Vendredi 3 : Rencontre de l'Union en Lorraine. RMC (8 h 15 - 8 h 30) Interview de Hélène Carrère d'Encausse.

Dimanche 5 : Rencontre de l'Union en Corse. Grand Jury RTL – Le Monde (18 h 30 – 19 h 30) Dominique Baudis.

Mercredi 8 : Rencontre de l'Union en Ile-de-France.

Jeudi 9 : Rencontre de l'Union en Alsace.

Vendredi 10 : Forum RMC – Express (19 h 15 – 20 heures) Dominique Baudis.


Combattre l'Europe socialiste

Contrairement à ce que certains voudraient faire croire, notre conception de l'Union Européenne est fondamentalement différente de celle des Socialistes.

Nous voyons la nécessité impérieuse et urgente de l'Europe politique, condition indispensable pour notre indépendance et notre capacité à peser sur les événements du monde. Nous appelons de nos vœux une diplomatie commune pour pouvoir agir lors des crises internationales, avec la constitution d'un Corps de Défense Européen opérationnel, moyen nécessaire de cette ambition. Nous savons que, seule, cette Europe pourra être influente, efficace et respectée, face au drame et aux massacres qui sont la honte de notre continent en Bosnie. Encore faut-il une volonté politique pour se donner les moyens de l'action. Dans ce domaine, notre divergence avec les socialistes reste constante. C'est ainsi que les socialistes français, le Professeur Schwartzenberg en tête, ont voté contre l'amendement que nous proposions sur la situation en Bosnie, le 28 juin 1993 au Parlement Européen afin "qu'il soit possible d'intervenir militairement pour protéger les zones de sécurité de l'ONU, en faisant appel aux forces militaires des États membres déjà présentes sur le terrain et en les renforçant le plus rapidement possible".

Plus récemment encore, le 20 janvier 1994, les socialistes ont voté contre un paragraphe symbolique et révélateur, où le Parlement Européen demandait que "soient démantelées les positions d'artillerie dont les servants violent le cessez le feu et que les tireurs isolés soient réduits au silence, conformément aux décisions prises par l'OTAN, le 11 janvier 1994".

Bien éloignée des discours parisiens, voilà la réalité de l'engagement socialiste en Bosnie, aux antipodes de nos propres convictions.

Sur les compétences de l'Union Européenne, là encore notre divergence avec les socialistes est immense.

Nous ne voulons pas d'une Europe "touche à tout". Participer pleinement, et avec conviction, à l'Union Européenne, ce n'est pas accepter que Bruxelles s'occupe de tout. Bien au contraire. Ne doit être de la compétence de l'Union que ce qui ne peut pas être mieux géré au niveau français.

Là encore, lors d'un vote célèbre au Parlement Européen, les libéraux, Démocrates Chrétiens et Gaullistes français ont montré clairement leur différence de conception fondamentale avec la gauche. L'Europe qui s'occupe de "l'étiquetage des chaussures", du "sort des animaux dans les zoo", "des poules pondeuses en batterie", c'est précisément l'Europe socialiste. Notre conception est inverse.

Que l'Europe gère les grands dossiers où, seuls, nous serions trop faibles. Mais qu'elle ne s'occupe pas de l'encadrement de notre vie quotidienne et des innombrables domaines où la compétence doit rester nationale. A vouloir trop faire, elle se perdrait dans la technicité, la technocratie et l'incompréhension. Bien au contraire, l'Europe, élue de Strasbourg, doit plus et mieux contrôler l'Europe de Bruxelles.

Union Politique, Union Économique et Monétaire qui permettra la création d'emplois, en renforçant la compétitivité de nos entreprises face aux États-Unis, au Japon, au Sud-Est Asiatique.

À l'opposé du modèle socialiste, planificateur et interventionniste, voilà l'Europe que nous voulons et que, le 12 juin, les Français choisiront.


Une nouvelle voie pour l'Europe

Union

Le 12 juin, les Français vont élire leurs représentants au Parlement de Strasbourg. Il est très Important que la France envoie à ses partenaires un message d'unité et de détermination. La politique européenne est bénéfique pour la France, à condition que celle-ci sache utiliser l'Europe pour faire valoir ses intérêts. Si la France a besoin de l'Europe, cette dernière ne peut avancer sans elle. L'Union UDF-RPR est un gage d'efficacité, pour la France et pour l'Europe.

L'UNION pour la France

Une liste d'Union à l'image de la France

La Majorité s'est présentée unie lors des élections législatives de mars 1993. Il est donc normal que les deux formations politiques se présentent à nouveau unies devant les Français pour cette consultation démocratique importante. L'Union UDF-RPR s'appuie sur un projet élaboré en commun. Ainsi, la liste  d'Union travaillera main dans la main avec le Gouvernement français car l'enjeu européen est trop important pour que la France se permette une dispersion de ses forces. Il faut que la Majorité de la France parle d'une seule voix.

L'équipe UDF-RPR est à l'image de la France ; elle représente l'ensemble des Français. C'est une liste  d'ouverture et de compétence. Au côté de nouveaux candidats, plusieurs députés européens sont là pour défendre, par leur expérience, les intérêts de notre pays. Par ailleurs, chaque candidat s'engage à travailler en étant effectivement présent à Strasbourg, puisque les candidats ne peuvent cumuler avec un mandat de député français. L'Union a joué la carte de l'expérience et de la disponibilité.

Une Europe qui protège nos emplois

L'Europe doit créer des emplois et surtout savoir les préserver. L'ensemble de l'Union européenne est gravement touchée par le chômage. Mais il n'y a pas de fatalité. À douze nous pouvons sauver nos emplois et grâce à l'Europe il est possible d'en créer. La mise en œuvre des grands projets d'infrastructures, la politique commerciale, le soutien aux PME-PMI et les programmes de recherche constituent autant de gisements d'emplois dont la France profitera. Pour cela, il faut réaffirmer la volonté de faire l'Union monétaire pour développer les échanges.

La France a pu trouver en l'Europe un relais efficace pour la défense de ses intérêts. Les négociations du commerce mondial ont permis à notre pays de faire jouer la solidarité européenne afin d'obtenir un bon accord. Maintenant, la France peut défendre ses emplois grâce à deux principes essentiels, obtenus par le Gouvernement français, lors de ces négociations :
– la protection à l'encontre des importations en provenance des pays à faible coût social ;
– le respect de la préférence communautaire qui privilégie la production et les échanges de biens industriels et commerciaux en Europe.

Pour protéger les entreprises françaises il faut fermement instaurer des règles de concurrence saines et loyales.

Face aux menaces sans frontières : l'action passe par l'Union

Les peuples d'Europe sont menacés par des dangers qui ne connaissent pas les frontières. Il n'est plus permis de lutter seul, il faut donc unir nos efforts. L'Europe doit servir à regrouper nos forces pour lutter contre les maladies comme le Sida et le cancer. La recherche doit bénéficier de fonds européens plus importants et les échanges entre chercheurs doivent être encouragés.

Les dangers qui menacent la qualité de l'environnement peuvent venir de partout. L'Europe peut trouver des solutions communes, par exemple, aux problèmes des déchets. Elle peut aussi s'attaquer à la pollution concernant aussi bien les forêts allemandes que les plages atlantiques où celles de la Méditerranée. C'est, toujours ensemble, que l'on doit se protéger des risques nucléaires venant des pays de l'ex-URSS, en favorisant la fermeture des centrales dangereuses.

Les trafiquants de drogue se moquent des frontières et étendent partout leurs ramifications. La France peut-elle sérieusement prétendre endiguer ce fléau seule, isolée des pays voisins ? Non ! La France doit compter sur la coopération des polices et des justices, pour combattre les trafiquants ainsi que le blanchiment de l'argent de la drogue.


L'union pour l'Europe

Une Europe proche du citoyen

La liste conduite par Dominique Baudis et Hélène Carrère d'Encausse fait délibérément le choix de l'Europe. Il faut remettre l'Europe à la place qui est la sienne. Elle s'occupe trop souvent de ce qui ne la concerne pas, et elle fait parfois défaut là où elle est nécessaire.

L'Europe ne doit pas s'ingérer partout en voulant tout réglementer. Il faudra laisser aux pays, aux régions ou aux départements, le soin de prendre les décisions qui les concernent. Les candidats de la liste d'Union seront les avocats d'une Europe nouvelle qui ne perdent pas son crédit et son temps à vouloir tout contrôler. Laissons les différences et les particularismes s'exprimer librement ! Il faut passer d'une Europe technocratique à une Europe de la réalité au service des citoyens.

Nous souhaitons une Europe décentralisée. On a trop perdu de temps à réglementer tout et n'importe quoi. Il faut être utile et efficace. Nous proposons aux Français la nouvelle voie qui permet de mieux défendre les intérêts de la France.

Une paix préservée par l'Europe

Il faut une Europe forte, capable de garantir une paix menacée. La tragédie de la Bosnie souligne la nécessité d'un net renforcement de la politique étrangère et de défense de l'Union européenne. À l'avenir, l'Europe doit pouvoir se préserver de tels drames par la mise en place d'un pacte de stabilité proposé par le Gouvernement français, mais aussi par la construction d'une vraie politique de sécurité commune. Celle-ci, développée à l'échelle du continent, sera seule capable prévenir les conflits en Europe. Ainsi, la Grande Europe pourra assurer à la fois sa propre sécurité et celle des pays d'Europe centrale et orientale.

Dans ce cadre, le rôle de l'Union de l'Europe Occidentale (UEO), véritable bras armé européen, doit être affirmé : l'Europe aura, ainsi, une structure opérationnelle propre qui lui donnera une autonomie de décision et d'action. L'axe franco-allemand, moteur de la construction européenne et garant de la paix en Europe, doit être renforcé.

Une Europe respectée dans le monde

L'Europe doit être unie pour mieux assurer la prospérité économique face aux autres grandes puissances, à savoir, défier la concurrence américaine et résister aux importations asiatiques. L'Union européenne est le premier exportateur mondial avec 3 100 milliards de francs. L'Union de l'Europe donne l'avantage de la puissance commerciale.

Unie, l'Europe peut mieux se défendre, se protéger, mais aussi mieux s'affirmer et s'imposer dans le commerce international. Les négociations du commerce mondial ont souligné l'efficacité d'une cohérence européenne. En effet, la Communauté a obtenu des pays en développement rapide, que certaines valeurs primordiales soient reconnues, notamment le respect de pratiques commerciales équilibrées.

Par ailleurs, grâce à l'action de l'Europe, un sujet aussi important que les droits sociaux seront désormais l'objet de discussions internationales.

Sans véritable volonté politique, l'Europe ne peut défendre ses intérêts dans le monde.


En bref

L'Europe au service de l'emploi. – L'action de l'Europe permet de disposer de 3 900 milliards de Francs qui permettront une véritable mobilisation pour l'emploi.

L'Europe va davantage aider les Régions. – Jusqu'à ce jour 1/3 des Régions françaises seulement recevaient une aide de l'Union européenne. Dorénavant, cette aide concerne les 2/3 de nos régions. Elle s'adresse à 1 Français sur 2. Elle représente 100 milliards de francs.

L'Europe protège nos entreprises de la concurrence déloyale. – Depuis quelques mois, l'Union européenne a pris une cinquantaine de décisions qui protègent les intérêts de nos industriels : Taxe de 30 % sur l'entrée des bicyclettes chinoises. Restriction à 60 000 tonnes des importations d'aluminium en provenance de la Russie contre 830 000 tonnes les années précédentes. Les caméras de TV japonaises seront taxées à 100 %. Les briquets thaïlandais le seront de 14 % et les pèse-personnes fabriqués en Corée du Sud de 30 %.

Le parc aéronautique européen, symbole de la réussite de l'Union. – Il y a 20 ans, nous sommes partis de rien. Aujourd'hui nous représentons 30 % du parc aéronautique mondial. En 20 ans, 1 100 avions ont été fabriqués et livrés : cela représente plus de 1 800 commandes et 570 milliards de francs de chiffres d'affaires.

L'Europe favorise l'aide sociale. – 715 millions de Francs, c'est le montant prévu pour l'aide sociale aux 52 000 mineurs et sidérurgistes de l'Union européenne. Ce soutien s'ajoute aux 1 milliards de Francs d'aide à la reconversion prévus pour eux en 1994.

L'Europe et les pays de l'Est. – De nombreux programmes d'aides ont été établis.

Phare : l'aide financière de l'Union s'élève à 23 milliards de francs depuis 1989. Elle donne les moyens à ces pays d'atteindre un équilibre leur permettant de mieux assurer leur développement. Elle évite donc les déséquilibres dangereux, et préserve la paix.

TACIS : Ce programme a permis d'allouer 3 milliards de francs par an sur les 4 dernières années pour la formation, l'énergie, les transports, les services financiers et la distribution alimentaire. Par ailleurs, 12 milliards de francs ont étés alloués pour les aides alimentaires et médicales d'urgence.

L'Europe et la contrefaçon. – Les contrefaçons ont coûté 100 000 emplois et 455 milliard de Francs par an durant les 10 dernières années, au sein de l'Union européenne. Elles représentent 5 % du commerce mondial. La France est le premier pays touché par ce fléau qui représente une perte de 30 000 emplois par an sur 10 ans. L'Europe nous aide de plus en plus à protéger nos marques prestigieuses et donc à sauver nos emplois.

Les accords sur le commerce mondial : un succès pour l'Europe. – La Communauté européenne représente un volume commercial de 2 834 milliards de Francs contre 2 236 pour les États Unis et 1 696 pour le Japon. Grâce à l'Organisation du Commerce Mondial (OMC), les droits de douane vont être abaissés à 5 % de la valeur brute du produit, (ils étaient à 40 % en 1945). Cette baisse représente un très large avantage pour nous Français :
– choix plus large de tous les produits de consommation ;
– exportations amplifiées génératrices de très nombreux emplois.

L'Europe doit faire plus pour la recherche. – Sur 1 000 européens actifs, 4 se consacrent à la recherche. Cette proportion est de 8 pour 1 000 aux États-Unis et de 9 pour 1 000 au Japon. De plus, les 4 européens conduisent leurs recherches chacun de son côté et ce au détriment de toute efficacité. L'Europe doit impérativement combler son retard et unifier ses recherches si nous voulons rester exportateurs de technologie.

L'Europe se mobilise contre le danger nucléaire. – Il ne doit pas y avoir de second Tchernobyl. Tel est le principe qui guide l'action de l'Union. À cet égard, 700 millions de Francs ont été affectés en 1992, à la sécurité des installations nucléaires en Europe de l'Est et dans les pays de l'ex-URSS. La BERD gère quant à elle, un fond de sûreté nucléaire de 780 millions de Francs.

L'Europe peut garantir la paix. – Depuis un demi-siècle, l'axe franco-allemand nous a préservé du jeu des alliances qui avait provoqué les deux dernières guerres mondiales. Aujourd'hui, l'Europe nous a permis d'éviter une extension du conflit Yougoslave, s'appuyant sur l'amitié franco-allemande. Le moteur historique de l'Europe a bien fonctionné.

L'Europe développe les grands réseaux. – La France bénéficie des chantiers les plus importants financés par l'Union. Le TGV-Nord Europe sera, réalisé grâce à une dotation de 13,6 milliards de Francs. Il en va de même pour le TGV-Méditerranée qui bénéficiera d'une aide de 46 milliards de Francs pour les 15 prochaines années. Autant-dé grands projets, autant d'emplois.

L'Europe consciente de l'importance de son l'agriculture. – Les agriculteurs français ont bénéficié de 45 milliards de Francs d'aides de l'Union au cours de, l'année 1993. Par ailleurs, l'Union revalorise, en 1994, les aides de 40 % pour les céréales.


L'Europe : des cultures, une civilisation

L'historien subit souvent la tentation de réduire à l'unité les multiplicités synchroniques que le réel lui propose : c'est vouloir que politique, religion, droit, sciences, lettres et arts se déroulent ensemble d'un seul mouvement comme dans le monde hellénique et romain.

Cette vue de l'Histoire est encore au cœur des débats sur le développement de l'Europe. Faut-il militer ardemment pour une Union si évidemment nécessaire ? Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, les Schumann, Churchill, De Gaulle, Adenauer ou De Gasperi n'ignorent rien de la diversité des cultures. Ils ont appris que l'Europe n'est pas un continent mais un archipel de diversités où les ambitions impérialistes ont toujours échoué.

Ils vont, avec obstination mais dans le respect des cultures des nations, jeter les bases d'une Europe pragmatique et concrète. Ils mettent d'abord en commun ce qui permettrait de couler les canons, le charbon et l'acier. Ils ont compris qu'ici la circonférence est partout et le centre nulle part. Que l'Europe est tout autant le vieux rêve de Rome que l'aspiration de la Réforme vers plus d'autonomie et de liberté individuelle. Ainsi, l'Europe dans la diversité des cultures constitue-t-elle un modèle de civilisation, indispensable à l'équilibre du monde.

Promise si souvent au déclin, elle est toujours vivante. Les efforts conjugués naguère de Spengler et de Toynbee n'avaient pu faire que la physique d'Einstein soit "décadente". La mode prédisait, il y a peu d'années, que le centre du monde, comme déplacé par une main de géant, un temps, situé dans l'Amérique de Ford et de Rockefeller, se situait désormais entre les rives de l'Océan Pacifique.

Funeste et sot présage quand l'Europe aéronautique et spatiale est la première au monde et que nos laboratoires inventent chaque jour les moyens de guérir les plaies de l'humanité.

Qui sait cela, connaît aussi le lien jamais démenti entre la vitalité économique, l'aptitude à créer des richesses et la création artistique profuse, sous toutes ses formes.

Telle est notre Europe, vieille d'un côté avec son inestimable patrimoine et jeune de l'autre, noyau dur la démocratie qu'elle a donnée au monde.

André Soulier


L'agriculture française au cœur de l'Europe

Les Français mesurent-ils bien le poids de notre agriculture dans l'économie ? Les agriculteurs eux-mêmes ont-ils bien conscience que la formidable réussite de ce secteur est avant tout celle de l'Europe ? L'Europe d'aujourd'hui, par la dérive de ses institutions, son ultra-libéralisme et sa faiblesse politique sur la scène mondiale, est pourtant devenue la principale source des maux de nos paysans. C'est une situation qui ne peut pas durer. L'Europe peut et doit redevenir l'avenir des agriculteurs et du monde rural français.

L'enjeu en est d'autant plus important que se profilent à l'horizon de notre agriculture des perspectives de développement considérable : la demande alimentaire mondiale va doubler dans les vingt ans qui viennent, la révolution bio-industrielle va créer des débouchés dans les carburants verts bien sûr, mais aussi plus largement dans la chimie ou la pharmacie, les produits de qualité porteurs de la richesse de nos terroirs et de notre culture seront de plus en plus plébiscités, l'agriculture de service enfin n'en est qu'aux prémices de son essor.

Une préférence communautaire

Serons-nous en mesure de saisir ces opportunités ? La bataille se joue bien sûr à Paris, où doivent se décider des politiques ambitieuses en faveur de la compétitivité de nos exploitations et de l'aménagement du territoire. Mais rien ne sera possible si l'Europe ne sort pas de sa torpeur actuelle pour renouer avec la dynamique d'entraînement et d'imagination qui a fait ses grandes heures. Des inflexions majeures sont à entreprendre vis-à-vis du reste du monde.

Il faut d'abord explorer toutes les voies possibles, dont celle d'une législation commerciale à la hauteur de celles de nos concurrents, pour que l'Europe participe pleinement à l'essor attendu des marchés alimentaires mondiaux malgré les contraintes aussi injustifiées qu'inéquitables résultant des accords du GATT. Sinon ce sera la friche chez nous et la faim à nos portes. Il faut aussi restaurer une véritable préférence communautaire afin de se protéger de ces importations de la misère effectuées sur le dos des paysans du Tiers-monde et qui déstabilisent nos marchés.

À l'intérieur même de l'Europe, nos efforts doivent se concentrer plus que jamais sur la suppression des différences de politique nationale qui faussent les règles d'une saine concurrence. Il faut ainsi remettre rapidement sur le métier une réforme de la politique agricole commune mal conçue techniquement et humainement. Il convient également de rétablir les équilibres rompus entre productions par une réorganisation fondamentale des marchés, tout en rendant aux producteurs leur fierté d'entrepreneur individuel mise à mal par un encadrement rigide et déresponsabilisant de leur activité.

L'heure n'est plus au défaitisme

Rendre espoir et confiance aux agriculteurs européens et français. Rendre à la France et à l'Europe une agriculture qui gagne. Voilà notre objectif. L'heure n'est plus au défaitisme, au repli sur soi et au front du refus. II faut repasser à l'offensive. Voilà pourquoi nous sommes plusieurs agriculteurs aux côtés de Dominique Baudis et d'Hélène Carrère d'Encausse sur la liste d'Union RPR-UDF aux élections européennes de juin 1994.

Christian Jacob


L'Europe de la santé et de la recherche

En Europe, la santé représente une activité économique importante, créatrice d'emplois indispensables, au service des enfants, des malades et des handicapés, ainsi que des personnes âgées, afin d'améliorer leurs conditions de vie. La santé représente 7,25 % du Produit International Brut, plus de 6 millions d'emplois, soit 7 % de la population active. Il y a, en Europe ; plus d'un million d'infirmières qualifiées, 85 000 médecins, 3 millions de lits d'hôpitaux, plus de 100 000 chercheurs en biologie, en médecine et en santé publique.

Quel est le rôle de l'Union Européenne dans le domaine de la santé en dépit des disparités des systèmes de protection sociale ? Deux grands programmes de prévention ont déjà été lancés avec les différents États membres "Europe contre le cancer" et "Europe contre le Sida". Le programme de recherche médicale européen réunit plus de 6 000 laboratoires qui collaborent au sein de 400 réseaux établis afin d'encourager la coopération entre équipes différentes mais complémentaires dans toute l'Europe, y compris l'Europe centrale et orientale.

Il n'y a pas que le cancer et le SIDA

Un certain nombre d'actions sont menées également en relation avec les pays en voie de développement, notamment pour la lutte contre le Sida ou les maladies parasitaires en Afrique. Le programme européen de recherche biomédicale vise à lutter contre les grands fléaux de santé publique : maladies infectieuses (Sida, tuberculose, mais aussi hépatite), cancer, maladies neurologiques et cardio-vasculaires, vieillissement et handicap.

L'Europe se préoccupe également des maladies génétiques, des transplantations d'organes et de l'organisation du don d'organes ou de cellules de moelle osseuse en vue d'améliorer le traitement de la leucémie ou d'accidents liés à des irradiations accidentelles.

Dans ce but, l'Union Européenne s'est engagée à améliorer les méthodes d'imagerie médicale, les nouvelles techniques chirurgicales, les traitements contre la douleur ainsi que le développement des nouveaux médicaments et de système d'appareillage destinés aux handicapés.

L'Europe doit promouvoir également une meilleure politique de santé en vue de la vaccination, de l'hygiène alimentaire, de la diminution des accidents domestiques et de la sécurité des conditions de travail. Des actions de recherche sur les services de santé sont également en cours afin de permettre aux différents pays de comparer leurs expériences. La mise en place de centres d'études épidémiologiques européens est à l'étude sur le modèle du centre européen d'épidémiologie du Sida situé en France.

Enfin, la recherche en éthique biomédicale vise à assurer la reconnaissance de la dignité de l'être humain, l'être humain, la liberté du consentement et le respect de la confidentialité. La démarche éthique est devenue aujourd'hui indispensable afin d'assurer dans les meilleures conditions la mise au point des nouvelles modalités de prévention, de diagnostic ou de traitement.

Une mobilisation efficace

C'est en particulier dans le domaine de la santé que la recherche médicale dépasse les simples limites de la recherche scientifique : elle vise à assurer une meilleure qualité de la vie tout en refusant une médecine de convenance personnelle, grâce à une meilleure responsabilisation des médecins et des malades.

L'Europe permet ainsi de mobiliser, encore plus efficacement, au service de la santé, les entreprises industrielles, les professions médicales, les prestataires de soins médicaux et les autorités de santé publique.

Alain Pompidou


L'Europe proche des jeunes

Depuis longtemps déjà, les députés européens ont conscience que parallèlement à la construction économique de la Communauté, il convient de faire progresser l'Europe des hommes.

Les jeunes, plus particulièrement, souhaitent une Europe qui leur soit plus proche et à laquelle ils soient associés comme acteurs. Déjà, des initiatives importantes ont été prises en ce sens. Il s'est agi tout d'abord de la reconnaissance mutuelle, entre tous les États membres, des diplômes professionnels d'enseignement supérieur, sur une base de confiance réciproque ce qui a permis d'éviter l'insurmontable problème d'une unification rigide des études universitaires.

C'est une clé essentielle de la liberté de circulation des personnes et de la liberté d'établissement inscrites dans le traité de Rome.

Il s'est agi ensuite d'amplifier les possibilités de mobilité communautaire à travers de nombreux programmes tels que COMETT ou ERASMUS qui permettent aux étudiants, grâce à des bourses d'études communautaires et à un système d'unités de valeurs capitalisables, d'effectuer une partie de leurs études dans un autre État membre. Mis en œuvre à partir de 1987, il permet à plus de 150 000 étudiants par an (soit un sur dix) de bénéficier de cette mobilité. Aujourd'hui ces mêmes possibilités sont en instance d'être ouvertes aux jeunes scolaires (1er et 2ème degré) dans un nouveau programme intitulé SOCRATE.

Enfin à travers Jeunesse pour l'Europe la Communauté soutient financièrement les échanges multilatéraux, en ouvrant chaque année aux jeunes de 15 à 26 ans, la possibilité de séjours dans un autre État membre.

Toutes ces initiatives doivent être encore intensifiées afin que demain tous les jeunes sans exception puissent intégrer, s'ils le souhaitent, dans leur cursus scolaire ou universitaire, une période de mobilité européenne.

Les futurs députés européens de la liste d'Union s'y engagent.

Nicole Fontaine