Texte intégral
Robert Hue : construire un débouché politique au mouvement social
Le secrétaire national du PCF était hier soir l'invité du "Club de la presse"
"Huma"-TSF. Il a qualifié d'"indigne" et de "révoltant" l'instauration du SMIC-jeunes, en soulignant l'ampleur des coups portés depuis un an par la politique de Balladur, qui conduit à une "société où explose une nouvelle misère sociale". Interrogé sur la perspective politique, il a montré qu'il s'agit de "construire quelque chose de neuf", qui ne soit pas un "remake de ce qui a échoué". Il a souligné le rôle déterminant du peuple pour ouvrir une perspective de progrès.
Rappelant les propositions du PCF pour l'emploi, il a souligné que le vote communiste aux élections cantonales sera le moyen de "mettre sa colère et sa protestation dans les urnes".
Robert Hue était hier soir l'invité du "Club de la presse" "l'Huma"-TSF, où il répondait aux questions d'Alain Bascoulergue et de Jean-Paul Monferran.
L'Humanité : Comment appréciez-vous ce qui est en train de se passer en France et comment le PCF se situe dans ce contexte?
Robert Hue : Il y a une montée important du mouvement social. La France va mal. Le malaise social est profond. Au centre de tout, le chômage. La politique de Balladur inflige à notre pays une terrible régression sociale. Les inégalités s'accroissent. Nous vivons dans une société où explose une nouvelle misère sociale. Les mesures prises déstructurent tout ce qui fonde la vie sociale. Balladur met tout en œuvre pour que la logique de l'argent-roi triomphe. Pour bien comprendre la montée du mouvement social, il faut voir l'ampleur des coups qui sont portés. Cette démarche touche au tréfonds de notre peuple et de ses acquis. Dans le même temps, j'observe qu'en moins de trois mois, beaucoup de choses ont bougé dans le bon sens.
L'Humanité : Que s'est-il passé ?
Robert Hue : Au moment où Balladur a été au zénith, un certain nombre de gens tellement déçus par les gouvernements socialistes – étaient en attente. Cela s'est bousculé d'un seul coup. Il y a eu la lutte d'Air France, ensuite la grande manifestation pour l'école publique. Et il y a ce deuxième temps que nous connaissons avec la série de manifestations autour du SMIC-jeunes, qui posent le problème de l'emploi, des problèmes de société. Une grande combativité caractérise ce mouvement, Une volonté d'union et une volonté de se faire entendre. Je ne dissocie pas cette montée du mouvement social de la révolte des jeunes dans les cités. C'est le symptôme de quelque chose de fort. Il faut bien peser ce qui est en train de se passer.
L'Humanité : Les sondages traduisent une perte de crédibilité de Balladur, mais aussi une nouvelle disponibilité des gens à lutter…
Robert Hue : Vous avez raison de parler des enquêtes d'opinion. 74 % des salariés pensent qu'il y aura une crise sociale grave. Si ce mouvement de protestation se déclenche, 57 % des salariés (lisent qu'ils sont prêts à y participer. Les communistes sont solidaires et porteurs de cette protestation. Donner force politique à cette protestation, c'est toute notre raison d'être.
L'Humanité : Quand Nicolas Sarkozy affirme qu'il n'y a pas d'autre solution que le CIP, que lui répondez-vous ?
Robert Hue : Le SMIC-jeunes est quelque chose d'indigne. Comment motiver des jeunes pour des études en leur offrant pour toute perspective un salaire dérisoire ? Pourquoi cette discrimination par l'âge ? De plus, cette mesure vise à mettre les jeunes en concurrence. Le SMIC-jeunes est, par ailleurs, dangereux pour tous les salariés. C'est le vieux rêve du patronat d'en finir avec le SMIC, c'est-à-dire avec toute idée d'un salaire minimum fixé nationalement et qui serve de référence à tous les autres salaires.
L'Humanité : Quelle relation établissez-vous entre la montée de cette protestation et la recherche par des millions de gens d'une autre politique ?
II y a effectivement une grande attente. Sa vertu principale est de poser le problème d'une alternative politique dans ce pays. Or, actuellement, il n'y a pas d'alternative politique. Ce problème est d'autant plus aigu que la période précédant l'arrivée de Balladur n'aura été finalement qu'une alternance. Nous sommes donc confrontés à la responsabilité de construire quelque chose de neuf, qui ne soit pas un remake de ce qui a échoué. Comment ? Il faut que les citoyens, les salariés se rencontrent, discutent, recherchent ensemble des solutions. Chaque problème posé quotidiennement dans la société est en réalité un grand problème qui appelle des choix politiques. Nous avons, bien sûr, des propositions. Mais elles ne sont pas à prendre ou à laisser. Nous voulons que chaque individu apporte sa contribution à de vrais changements. Selon moi, il y a deux conditions pour parvenir à une telle alternative. Que celle-ci soit construite avec les gens eux-mêmes et que, au cœur de ce rassemblement pluraliste, la composante communiste occupe une place plus importante. L'affaiblissement du Parti communiste a été un handicap considérable. Tout renforcement du Parti communiste dans cette gauche pluraliste est une garantie.
L'Humanité : Toutes les enquêtes d'opinion montrent que le chômage reste central dans les préoccupations. La réunion du G7 à Detroit vient de se terminer. Des perspectives ont été tracées, en particulier autour de cette question. Est-ce qu'elles vous paraissent aller dans le bon sens ?
Robert Hue : Bill Clinton et les pays les plus puissants du monde ont dû poser ce problème parce que le chômage, la précarité dans toute la planète sont des réalités qui éclatent. Il y a 30 millions de chômeurs dans les pays du G7, 20 millions en Europe. Voyons aussi les aspects de politique intérieure américaine, en particulier les scandales politico-financiers. Les débats du G7 et les gros titres dans la presse ont été un bon moyen pour Clinton de parler d'autre chose ! Si l'on observe ce qui s'est dit à Detroit, que voit-on ? Le ministre américain du travail l'a résumé en substance : soit l'on crée quelques emplois, à condition qu'ils soient sous-payés, précaires et sans filet de protection sociale, soit l'on supprime des emplois à cause des salaires et du filet de protection qui serait trop épais. Le coût du travail, les salaires et la protection sociale sont toujours accusés d'être responsables du chômage. Voilà l'avenir que proposent les dirigeants des pays capitalistes les plus puissants du monde. C'est un mauvais rêve. En réalité, la démarche hégémonique de Clinton consiste à faire payer la crise américaine aux autres peuples. De plus, à Detroit, pas un seul regard sur les peuples du Sud.
L'Humanité : Quelles solutions préconisez-vous en matière d'emploi ?
Robert Hue : Ni démesure ni demi-mesures, mais le bon sens. À situation grave, mesures fortes. Il faut d'abord stopper les licenciements. D'ailleurs, un article du journal "le Monde" rend aujourd'hui hommage aux communistes quand il écrit qu'à l'origine du durcissement de la loi qui institue "un contrôle plus sévère des plans sociaux, il y a une initiative parlementaire des communistes, et une sorte de bavure législative. Notamment, André Lajoinie avait déposé un amendement à l'Assemblée nationale que René Teulade, ministre des Affaires sociales, accepta sans y voir malice. Or il était ni plus ni moins prévu d'annuler tout plan social qui ne serait pas accompagné de garanties de reclassements »… Donc il y a bien des moyens pour lutter contre les licenciements. Nous proposons également d'utiliser autrement les immenses richesses disponibles. Depuis l'arrivée de M. Balladur aux affaires, le gouvernement a versé 82 milliards au patronat pour, soi-disant, créer des emplois. Or, il y a 320 000 chômeurs de plus. Il faut contrôler l'utilisation de cet argent afin qu'il serve à l'emploi. Ensuite, plus de la moitié des profits réalisés ne sont pas réinvestis pour créer des emplois. Ils servent à spéculer et à exporter des capitaux. Tout cela fait exploser la Bourse, mais ça tue l'emploi. Il faut inverser cette logique. De plus, il ne peut y avoir création d'emplois que s'il y a des débouches. Il faut donc augmenter le pouvoir d'achat des salariés. On peut aussi réduire le temps de travail des hommes, sans toucher à leurs salaires, et établir des coopérations internationales nouvelles.
L'Humanité : Le principal obstacle n'est-il pas dans l'idée que tout a été déjà essayé ?
Robert Hue : Je viens de montrer qu'il y a des solutions. Et ces solutions, nous les mettons au cœur du débat à quelques jours des élections cantonales. Il peut y avoir un premier choc politique si beaucoup d'électeurs choisissent de protester contre la politique actuelle en mettant un bulletin communiste dans l'urne. J'ai envie de dire à ceux qui sont tentés par l'abstention : on ne peut pas être en colère durant la semaine, manifester le samedi et faire la grève des unies le dimanche. L'histoire montre qu'après chaque coup de semonce électoral, le pouvoir en place doit tenir compte de l'avertissement donné par les électeurs.
L'Humanité : Nous sommes le 15 mars, ce qui veut dire que les expulsions de locataires reprennent demain. Que proposez-vous ?
Robert Hue : Le mot expulsion est un mot cruel, qui devrait être hors de notre langage. L'abbé Pierre a mille fois raison de les dénoncer. Mais, pour prendre ce problème à bras-le-corps, ce n'est pas seulement au niveau des maires qu'il faut rechercher ta solution. Quand on construit ou que l'on réhabilite des logements sociaux, l'État apporte une aide de 20 %. Mais il récupère père 18,5 % par le biais de la TVA sur les travaux réalisés ! L'État doit transférer davantage de moyens vers les communes afin qu'elles puissent construire des logements sociaux sans augmenter les impôts. Les communistes continueront de s'opposer aux expulsions et de faire des efforts pour le logement social, comme ils le font par exemple ici, dans ce département de la Seine-Saint-Denis.
30 mars 1994
L'Humanité
Aux jeunes qui refusent le CIP et s'interrogent sur leur place dans la société
Depuis près d'un mois, votre mouvement contre le SMIC-jeunes n'a cessé de s'amplifier.
Il vient, à présent, de remporter une première grande victoire.
Le gouvernement a décidé, en effet, de suspendre son projet. Vous êtes unanimes à le déclarer : "Ce n'est qu'une étape." Vous avez pleinement raison : il s'agit à présent d'en obtenir le retrait définitif.
Le Parti communiste, ses élus, ses militants ne ménageront pas leur peine pour que vous obteniez satisfaction. Dès le départ, les députés communistes s'étaient prononcés contre ce dispositif. Ils viennent de demander un débat à l'Assemblée nationale sur ce sujet.
Le CIP, c'est la goutte qui fait déborder le vase.
Près de deux millions d'entre nous vivent déjà au rythme des petits boulots, connaissent la précarité, le chômage, la mal-vie.
Le gouvernement veut précipiter les lycéens et les étudiants dans la même impasse : au travail au rabais pour une vie au rabais.
Sacrifier la jeunesse, c'est inacceptable
À quoi cela sert-il de faire des études dans de telles conditions ? Comment faire des projets, construire son avenir ?
C'est profondément injuste. C'est vous contester le droit d'exister, d'être des citoyen(enne)s à part entière.
Balladur vous dit : "Nous ne pouvons pas faire autrement. Le coût du travail est trop élevé. Les jeunes doivent accepter des sacrifices pour que cela aille mieux demain."
Cela fait des années que ça dure.
Le "fameux" coût du travail n'a cessé de baisser.
Vous, et ceux qui vous ont précédés, avez particulièrement "donné". TUC, SIVP, flexibilité, contrats à durée déterminée, stages bidon…
Quel est le résultat ?
Tout s'aggrave ! Le chômage, celui des jeunes en particulier, ne cesse de s'étendre.
Balladur vous dit encore : "Il n'y a plus de travail pour tout le monde !"
Les besoins des hommes, des femmes et des jeunes seraient-ils donc tous satisfaits ? Est-ce que nous consommons trop ? Est-ce que nous nous soignons trop ? Est-ce qu'il existe trop de logements ? Est-ce qu'il y a trop de moyens pour la formation ?
Des choix qui privilégient l'argent contre les hommes
Si, pour les jeunes, les familles, les conditions de vie ne cessent de se dégrader, il n'en est pas de même pour tout le monde.
En 1992, alors que des millions de jeunes "galéraient", les entreprises ont réalisé 1 220 milliards de francs de profils.
Or, la moitié de cette somme fabuleuse est partie dans la spéculation, dans les placements financiers.
Plus les entreprises ne se préoccupent que de leur profit et de leur capital, plus elles se ferment à la société, plus elles deviennent fragiles.
Au contraire, les revivifier, c'est les ouvrir aux jeunes, leur donner pour finalité le développement de la société, transformer leur gestion en accordant plus de pouvoirs aux salariés.
Entre mars et décembre 1993, le patronat a touché 82 milliards de francs, sous forme de primes, d'exonérations…
Cet argent était censé servir l'emploi.
Où sont les postes de travail créés ?
La France est, en outre, le seul pays industrialisé à augmenter les dépenses militaires. Cette année, plus de 100 milliards de francs y sont consacrés. Et nous continuons d'être en tête dans le commerce des armes.
Le gouvernement vous demande de formuler en une semaine des propositions nouvelles en remplacement des CIP. Ne faut-il pas exiger que tout cet argent aille à la création d'emplois ?
L'exigence d'une politique nouvelle
Le gouvernement persiste dans son objectif de livrer toute une génération et, finalement, toute la société à la logique du profit pour une minorité de privilégiés contre l'intérêt du plus grand nombre.
Cette logique est non seulement injuste, mais dangereuse. Elle met en péril la jeunesse. Elle menace le développement de la société.
Réduire le pouvoir d'achat des jeunes et des salariés, c'est les contraindre à diminuer leur consommation. Cela a des répercussions immédiates sur la production, et donc sur l'emploi.
La politique actuelle va à contre-courant des possibilités de notre époque. Les technologies d'aujourd'hui permettent de répondre plus vite et mieux qu'hier aux besoins. Cela implique de donner à chacun et à chacune une bonne formation et un travail rémunéré en conséquence.
Cela nécessite de mobiliser toutes les ressources dont la société dispose.
Dans ce cadre, exigeons une formation, des contrats d'embauche débouchant sur des emplois stables avec des salaires correspondants.
Faisons de la Politique autrement
Le gouvernement a dû reculer devant votre rassemblement et votre détermination.
Il y a des leçons à en tirer. Jeunes ou moins jeunes, nous n'avons pas à laisser se prendre des décisions qui nous concernent sans donner notre avis, sans intervenir.
Quand nous le faisons, nous parvenons à nous faire entendre.
La preuve vient d'en être faite. Il n'y a rien à attendre de ce pouvoir. Il nous faut donc travailler à le changer.
À cette fin, et si nous ne voulons pas être trompés et déçus, la politique doit être notre affaire.
Nous sommes forcément très divers mais nous avons suffisamment de choses en commun pour trouver ensemble des solutions, nous rassembler et les faire triompher, ouvrir une perspective politique neuve.
Le Parti communiste met ses forces et ses idées à la disposition de toutes celles et tous ceux qui veulent que ça change.
Nous vous proposons de discuter de tout cela, d'échanger nos idées, de rechercher ensemble les solutions et les moyens pour avancer.
Le Parti communiste français, le 29 mars 1994
Mercredi 30 mars 1994
Europe 1
F.-O. Giesbert : Le mouvement contre le CIP continue malgré les mesures prises par le gouvernement, vous allez continuer vous aussi ?
R. Hue : Oui, je ne serai pas à lu manifestation mais il faut encourager à y aller. Les jeunes ont rendu un formidable service à la France en obligeant le gouvernement à reculer Les jeunes ont raison, il faut le retrait de ce CIP, un retrait définitif.
F.-O. Giesbert : C'est le cas apparemment ?
R. Hue : Monsieur Balladur doit savoir qu'il ne pourra pas réintroduire par telle ou telle manœuvre un dispositif voisin du SMIC-jeunes, cela apparaîtrait aux yeux des jeunes comme une provocation qui aggraverait le climat social. Il faut apporter des solutions aux réponses posées par la jeunesse sans faux-fuyant.
F.-O. Giesbert : Le gouvernement fait preuve de bonne volonté ?
R. Hue : Non, le gouvernement doit tenir compte de la pression qu'exercent les jeunes dans le pays, ils montrent leur colère, ils ne veulent pas être cette génération sacrifiée sur l'autel de la baisse des coûts salariaux.
F.-O. Giesbert : Cela n'est pas bizarre ces manifestations contre un projet qui a été retiré ?
R. Hue : Il n'est pas retiré définitivement, on voit bien qu'il y a manœuvre, pour essayer de réintroduire quelque chose d'assez semblable au SMIC-jeunes, cela, ça ne va pas. D'ailleurs la loi quinquennale est totalement mauvaise, il faut l'abroger.
F.-O. Giesbert : Le Parti communiste demande son abrogation ?
R. Hue : Complètement, il faut, sur la lancée de ce qui s'est passé avec cette bataille contre le SMIC-jeunes, que la loi quinquennale soit retirée. Elle va entraîner un climat social explosif. La déréglementation, le travail le dimanche, l'annualisation du temps de travail, autant d'éléments qui sont tout à fait explosifs.
F.-O. Giesbert : Et on la remplace par quoi ?
R. Hue : Je pense que pour la jeunesse il y a trois idées. On doit changer d'attitude à l'égard de la jeunesse, la société a des devoirs à l'égard de la jeunesse, et les jeunes ont des droits à l'égard de la société. Il faut exiger une formation, des contrats d'embauche débouchant sur des emplois stables, il est possible de créer ces emplois, les besoins sont immenses, je suis maire, on a des besoins immenses dans les domaines de l'éducation, de la santé.
F.-O. Giesbert : C'est l'État qui doit prendre tout en charge ?
R. Hue : L'État doit donner l'exemple, il doit effectivement embaucher, il y a des milliers d'emplois à créer dans les services publics, il doit embaucher. Il y a 1 200 milliards de profits qui ont été fait, seulement la moitié sont allés à des investissements productifs, il faut que cela aille à des emplois concrets, stables. Il y a 82 milliards d'aides de l'État aux entreprises, il n'y a pas d'emplois en face, il faut qu'il y ait ces emplois, il y a 100 milliards de fonds pour les dépenses militaires, autant d'éléments qui montrent qu'il y a des moyens de faire autrement.
F.-O. Giesbert : Vous croyez que cette politique est crédible ?
R. Hue : Je pense que dans l'immédiat il faut apporter des mesures immédiates, l'État doit donner l'exemple. Pas d'ANPE-jeunes, mais pourquoi pas des commissions locales pour créer des emplois pour les jeunes, il fait apporter des réponses neuves.
F.-O. Giesbert : Est-ce que les derniers événements sociaux vous inquiètent, vous craignez une monté du populisme ?
R. Hue : Non, il est formidable qu'aujourd'hui les gens décident de ne pas se laisser faire, ils sont responsables. Il y a à travers cette manifestation une espèce de sens de la responsabilité immense des jeunes.
F.-O. Giesbert : Pensez-vous que B. Tapie a sa place à gauche ?
R. Hue : B. Tapie se réclame des Radicaux de gauche qui est une formation de gauche, après, B. Tapie, il faut voir ce qu'il propose et ce qu'il fait, je ne suis pas toujours d'accord avec ses propositions, loin s'en faut.
F.-O. Giesbert : Vous vous voyez travailler demain avec lui ?
R. Hue : On en est pas là, la nouvelle construction politique c'est d'abord une construction avec les gens eux-mêmes, il faut réaccorder le mouvement de la société avec les grandes questions de société et avoir un projet politique sur l'emploi, sur la justice sociale, sur les grandes questions de la démocratie.
F.-O. Giesbert : Est-ce une nouvelle union de la gauche, un "big bang" ?
R. Hue : Je crois qu'il faut développer l'intervention des gens eux-mêmes, il n'y a pas d'homme ni de parti providentiel, il faut permettre au citoyen de se réapproprier la politique, d'être décideur, acteur. Il faut une perspective à gauche.
F.-O. Giesbert : Comment vous expliquez la baisse de popularité de E. Balladur ?
R. Hue : Il suffit de voir ce qui se passe dans la société ?
F.-O. Giesbert : Mais on ne croit pas non plus à vos mesures ?
R. Hue : C'est parce que il faut qu'elles deviennent l'affaire des gens eux-mêmes, il faut construire cette alternative politique.
F.-O. Giesbert : On dit de vous que vous êtes un stalinien sympathique ?
R. Hue : Vous savez, on a rompu avec le stalinisme depuis longtemps, moi-même je n'ai pas connu cette période dans le Parti communiste, j'essaye simplement de défendre mon parti.