Déclaration de M. Jacques Chirac, député RPR, maire de Paris et candidat à l'élection présidentielle de 1995, sur les grands axes de ses propositions pour le développement économique et social de la Réunion, Saint Pierre le 21 décembre 1994.

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Intervenant(s) : 
  • Jacques Chirac - député RPR, maire de Paris et candidat à l'élection présidentielle de 1995

Circonstance : Voyage de M. Jacques Chirac à la Réunion du 20 au 22 décembre 1994.

Texte intégral

Mes chers amis,

Je tiens à vous remercier de votre accueil – chaleureux comme toujours – et de votre présence à tous, qui témoigne de votre volonté de participer à cette grande et indispensable réflexion sur l’avenir et le développement pour l’outre-mer, et plus particulièrement pour La Réunion.

Je suis heureux de me retrouver ici, parmi vous, dans cette île qui est un peu le fleuron de nos départements d’outre-mer, heureux de constater que vos traditions d’accueil, de gentillesse, de générosité, de chaleur, sont bien telles que je les ai toujours connues.

Je voudrais saluer ceux qui sont à mes côtés aujourd’hui. En commençant par André-Maurice Pihouée, qui a organisé notre réunion et qui nous accueille dans sa circonscription, je dirai même dans sa ville, tant il est vrai que moralement, affectivement, et même politiquement, André-Maurice est déjà depuis 5 ans le maire de Saint-Pierre ! Et je suis persuadé que, grâce à vous, il le sera juridiquement l’an prochain.

Je salue également André Thien Ah Koon, qui est ici en voisin, mais surtout en ami. Je voudrais lui dire toute ma reconnaissance pour son soutien, mais aussi le remercier de son action en faveur du développement de La Réunion, en particulier pour le renouveau du Sud du département, et enfin pour la mission qu’il conduit au nom du gouvernement, en direction de Madagascar.

Et je voudrais aussi saluer quelqu’un dont la présence prend une signification toute particulière : Jean-Louis Debré. À travers lui, c’est à l’œuvre immense accomplie ici par son père que nous pouvons rendre hommage. Avec ce mélange unique d’autorité et d’amour des hommes qui le caractérisent, avec aussi sa conception élevée et exigeante de la République, Michel Debré a marqué en profondeur et pour longtemps ce département, où Il n’y a guère de grande réalisation qui ne lui doive quelque chose.

Nous sommes fiers aujourd’hui de Michel Debré : sachons demain rester dignes de son exemple.

Je suis venu vous parler de vous, de votre département et de votre avenir : en tant que Réunionnais, en tant que Domiens, en tant que Français.

Après deux septennats qui furent caractérisés par un manque d’intérêt manifeste pour les problèmes des DOM, je considère qu’il est indispensable pour notre pays de mettre en œuvre une grande politique en faveur de l’outre-mer.

Cette politique ne pourra pas être conçue sans une volonté réelle de comprendre les problèmes particuliers qui se posent à vous. Elle ne pourra pas être conduite sans que vous soient donnés les moyens de valoriser des atouts qui, ici comme dans les Caraïbes ou le Pacifique, sont bien réels et porteurs d’espoir.

Les DOM, et tout particulièrement La Réunion, sont confrontés à de graves difficultés de nature à la fois économique, sociale, morale et culturelle. Bien que comparables à celles que nous connaissons en métropole, elles prennent une acuité particulière, ici à La Réunion, en raison des caractéristiques propres à votre département.

Ces caractéristiques sont bien connues : l’insularité, l’éloignement de la métropole, une vitalité démographique exceptionnelle, une interrogation soigneusement entretenue par les gouvernements précédents sur les avantages d’une réforme institutionnelle, l’étroitesse du marché local, une concurrence économique forte des pays voisins ; enfin, l’incertitude, qui ressurgit à la faveur des crises, sur les valeurs qui cimentent la société réunionnaise et contribuent à forger son identité propre, dans cette partie du monde.

J’ai pleinement conscience des difficultés que connaît La Réunion. Comme j’ai conscience de la détresse et de l’angoisse de beaucoup de familles, de parents, d’adolescents, dans votre département.

Le chômage frappe ici un tiers de la population active, il frappe un jeune sur deux. Malgré des efforts bien réels, le nombre d’emplois créés chaque année est inférieur de moitié à celui des jeunes arrivant sur le marché du travail. La gravité de cette situation s’explique, bien entendu, par la crise économique, à laquelle s’ajoutent des facteurs plus structurels comme la vitalité démographique, je l’ai dit, mais aussi l’inefficacité des systèmes d’éducation et de formation.

Une grande partie de la jeunesse réunionnaise manque de perspectives d’avenir. Elle se sont condamnée à l’assistanat, à la précarité et à la marginalisation. D’un côté, une proportion particulièrement élevée de jeunes réunionnais bénéficie du RMI, de l’autre, on observe une montée de la délinquance, l’augmentation de la consommation de drogues, en particulier de drogues dures, et, par intermittence, des manifestations de révolte. Notre devoir doit être de répondre à cette angoisse de la jeunesse, de lui proposer une ambition, une place véritable, à part entière, dans la société. C’est pour nous – et particulièrement pour moi – une obligation morale.

La Réunion n’échappe pas non plus à d’importants problèmes en matière de logement : même s’ils se posent différemment dans des pays au climat généreux, ils sont préoccupants, comme en témoigne la proportion encore considérable de logements insalubres.

Cette situation n’est pas digne. Elle impose à tous les responsables locaux et nationaux un effort d’imagination et de volonté. Pour ouvrir de nouvelles perspectives à la jeunesse réunionnaise et, à travers elle, à l’ensemble de nos compatriotes de La Réunion, nous devrons sortir des sentiers battus et nous dégager des contraintes technocratiques, qui trop souvent brident l’action des gouvernements et contribuent à paralyser notre société.

Il serait, bien entendu, illusoire de vouloir imposer des solutions de l’extérieur. Ce n’est pas la multiplication des voyages de fonctionnaires parisiens qui vous aidera réellement à préparer votre avenir. Le redressement se fera d’abord ici. Certes, l’État devra faire preuve de plus de générosité et d’efficacité, mais il faudra surtout chercher à valoriser les atouts bien réels de la société réunionnaise. Parmi ceux-ci, je citerai la vitalité et le dynamisme du tissu économique ainsi que le souci louable de la majorité des élus locaux de privilégier la recherche du consensus et le maintien de la cohésion sociale.

Je voudrais dire ici que la volonté de définir une nouvelle ambition pour les DOM et pour La Réunion ne relève pas d’une démarche de circonstance. Elle est, à mes yeux, essentielle dans le débat qui s’ouvre sur l’avenir de notre pays. Chacun le voit bien : ce qui est en jeu, c’est à la fois notre conception du pacte républicain qui, par-delà l’éloignement géographique, doit garantir à chacun l’égalité des chances, et notre attachement aux valeurs, à la culture et à la langue françaises auxquelles vous donnez votre propre empreinte et que vous contribuez, dans cette région du monde, à maintenir vivantes.

Le premier impératif est de redonner aux Réunionnais un sentiment de plus grande dignité. Ceci signifie d’abord une plus large reconnaissance de votre identité. Chacune des cultures d’outre-mer contribue à enrichir et à faire connaître notre culture nationale. Les efforts que vous déployez pour préserver et mettre en valeur la diversité de vos origines doivent être encouragés. N’oublions pas que la coexistence harmonieuse entre les diverses communautés qui composent depuis son origine la société réunionnaise nous offrent, à nous aussi, une grande leçon de tolérance et de dignité.

Rendre aux Réunionnais, aux habitants de l’outre-mer, un sentiment de dignité passe également par l’extension de l’ensemble des prestations sociales métropolitaines, c’est-à-dire par la mise en œuvre, sans arrière-pensée, de l’égalité sociale.

Qui peut se satisfaire d’une situation dans laquelle, alors qu’ils subissent de façon plus intense que les métropolitains les effets de la crise, nos compatriotes d’outre-mer bénéficient de prestations inférieures à celles que perçoivent les Français en métropole ? L’égalité sociale constitue avant tout, à mes yeux, une obligation morale.

Les mesures d’alignement et de rattrapage opérées ces dernières années n’ont pas entraîné les conséquences économiques ou sociales négatives que certains experts craignaient.

Pour moi, il n’y a donc plus lieu de s’obstiner dans un combat d’arrière-garde. Le temps est venu d’étendre aux départements d’outre-mer, dans les formes et pour les montants appliqués en métropole, les prestations qui ne l’ont pas encore été, ainsi que d’achever aussi rapidement que possible l’alignement du Smic, pour lequel l’écart avec la métropole est désormais très faible.

Les Domiens attendent de nous ce geste, qui revêt la valeur d’un symbole. Il s’agit d’affirmer ce qui est écrit dans notre constitution, c’est-à-dire qu’il n’y a pas deux catégories de Français. Et d’en déduire qu’il n’y a pas non plus deux manières d’appliquer les textes sur les prestations sociales. C’est une attente justifiée à laquelle la France ne peut pas aujourd’hui répondre en s’appuyant sur une logique de comptable !

Garantir une plus grande dignité et l’égalité des droits aux Domiens et aux Réunionnais ne se résume pas pour autant, j’en suis pleinement conscient, à instaurer l’égalité des prestations. D’autres défis doivent être relevés pour assurer l’égalité des chances, particulièrement en matière d’éducation et de formation, de soutien à l’économie locale et de création d’emplois. Dans chacun de ces domaines, les responsables locaux et l’État devront faire preuve d’une plus grande audace et rechercher une plus grande efficacité. Une meilleure coordination des actions et des énergies le permettra.

Cette politique devra également avoir pour objectif de rééquilibrer le partage des activités et des richesses entre les différentes parties de votre île. Il y a ici, dans le Sud, des réserves d’espace, un potentiel humain, une qualité de vie que nous devons mieux mettre en valeur par une véritable politique d’aménagement du territoire.

L’amélioration des communications constitue pour cela une priorité. Je pense aux liaisons routières et autoroutières, qui sont vitales et pour lesquelles les efforts devront être poursuivis. Ne faut-il pas, d’ailleurs, s’interroger aussi sur l’utilité d’une liaison ferroviaire entre Saint-Denis et Saint-Pierre, qui déchargerait la route ? Mais je pense surtout à l’instrument exceptionnel de développement que constitue l’aérodrome de Pierrefond, qui a vocation à devenir le poumon de l’économie du Sud : nous devrons faire de Pierrefond, dans les prochaines années, l’un des pôles du trafic aérien régional.

L’autre moteur du rééquilibrage peut se situer dans le développement universitaire. Lorsqu’on observe les difficultés de fonctionnement de l’université à Saint-Denis, on ne peut qu’être persuadé que c’est ici, au Sud, et notamment au Tampon, que doit être conduite la croissance de votre université.

En matière scolaire où l’échec est particulièrement patent outre-mer, l’État doit non seulement soutenir les efforts considérables déployés par les assemblées locales en matière d’équipement, mais aussi et surtout améliorer la qualité de l’encadrement des élèves, dégager des moyens supplémentaires pour soutenir les enfants en difficulté et valoriser, en fonction des besoins locaux, les filières d’enseignement technique et professionnel. C’est sur la base de conventions avec les départements et les régions que cet effort sera le mieux adapté aux besoins locaux et donc le plus efficace.

De même, le dispositif de formation professionnelle peut être amélioré par l’octroi d’exonérations fiscales supplémentaires aux entreprises, en fonction des efforts qu’elles consentent, et par une concertation plus effective et régulière entre les partenaires concernés.

Le soutien à l’économie locale et la création d’un nombre plus élevé d’emplois constituent une autre et grande priorité à La Réunion. De nombreuses voies méritent d’être explorées, non seulement pour réduire les charges des entreprises, mais aussi pour accroître les possibilités d’insertion professionnelle, pour moderniser les secteurs traditionnels de l’artisanat ou la filière canne-sucre-rhum et soutenir davantage cette dernière dans la compétition économique internationale, notamment sur le marché européen. Le nécessaire développement du tourisme réunionnais devra, lui aussi, être soutenu, notamment pour mieux valoriser le patrimoine historique et naturel de l’île auprès de clientèles nouvelles.

La loi Perben a repris certaines de ces orientations, en particulier dans le domaine de l’insertion professionnelle où elle constitue un progrès indéniable. Il me semble, cependant, souhaitable d’aller encore plus loin, par exemple en matière de défiscalisation, que nous pourrions appliquer plus largement aux emplois à domicile et aux investissements réalisés dans les domaines de la formation professionnelle, de la recherche ou de la protection de l’environnement.

En définitive, l’ampleur des problèmes que rencontre La Réunion justifie que l’État, ici plus encore qu’ailleurs, sorte des sentiers battus et fasse preuve d’imagination et d’audace. Pourquoi ne pas désigner, par exemple, un membre du gouvernement qui aurait le rang de secrétaire d’État et qui serait en particulier, responsable du redéploiement économique et de l’égalité sociale pour les territoires français de l’océan Indien et notamment pour La Réunion ? Une solution analogue avait été mise en place, voici quelques années, en faveur de la Lorraine, gravement atteinte par la crise de la sidérurgie : aujourd’hui, la Lorraine est sur le chemin du redressement.

Dans le même ordre d’idées, certains ont évoqué la création d’un second département afin de rapprocher l’administration de la population et du terrain. Je sais que cette proposition a été controversée, et qu’elle comporte des difficultés. Mais si les élus, qui sont les mieux placés pour apprécier ce qui peut favoriser le progrès dans leur département, y sont favorables, ne faut-il pas étudier très sérieusement le projet ? Je suis, pour ma part, favorable à cette étude.

Toutes ces actions devraient contribuer à redonner espoir et dignité aux Réunionnais tout en resserrant les liens qui nous unissent au sein de la communauté nationale.

Mais si nous voulons véritablement garantir un développement durable, ici à La Réunion, et favoriser l’épanouissement de la personnalité propre de votre île au sein de l’océan Indien, nous devrons aussi encourager l’effort, que les élus, ici présents, ne ménagent pas, pour renforcer les liens de coopération entre La Réunion et ses voisins, notamment Mayotte et Madagascar.

Face à la montée des solidarités régionales dans la zone et à l’élargissement prévisible de la sphère d’influence sud-africaine, la France doit encourager la constitution, dans l’océan Indien, d’un pôle de stabilité politique, de prospérité économique et de rayonnement de notre culture commune, dont La Réunion a vocation à être le cœur.

Deux actions me paraissent d’ores et déjà devoir être menées dans cet esprit : d’une part, abaisser fortement les tarifs aériens entre La Réunion et ses voisins, à commencer par Mayotte ; d’autre part, favoriser l’émergence d’une grande université francophone de l’océan Indien qui constituerait le ciment d’un grand ensemble de solidarité et de coopération entre les peuples de cette partie du monde.

Mes chers amis, je voudrais vous livrer un sentiment personnel : cette politique ambitieuse pour La Réunion et pour l’ensemble des DOM – dont je viens d’esquisser quelques grandes priorités – ne réussira que si elle est pensée, voulue et imposée au plus haut niveau de l’État par un homme qui connaît et comprend les DOM. C’est donc autant une affaire d’intelligence et de cœur que de conviction quant à ce que doit être la fonction présidentielle et la vie démocratique dans notre pays.

Qui ne constate chaque jour que notre action en faveur des départements d’outre-mer, comme celle que nous conduisons d’ailleurs en métropole, se heurte à des résistances. La société française serait, dit-on, bloquée. Elle refuserait le changement et la réforme.

En réalité, ce n’est pas la société qui est bloquée. C’est la manière de gouverner qui est en cause.

Depuis 10 ans, la volonté politique des gouvernants s’est affaiblie, au profit d’une technocratie qui, peu à peu, a accaparé tous les pouvoirs. Le Parlement est devenu une chambre d’enregistrement. Le gouvernement, lui-même, se trouve paralysé par la haute fonction publique, par définition conservatrice et allergique aux réformes.

Rien d’étonnant à ce que les français de métropole et d’outre-mer expriment, de plus en plus, le sentiment de n’être trop souvent ni écoutés, ni compris.

Il existe, aujourd’hui, une France ignorée par beaucoup d’experts et de politiques, une France dont monte une sourde protestation. C’est la France dont on a confisqué les chances, celle qui a trop souvent le sentiment qu’il existe dans notre pays deux poids, deux mesures.

Pour ma part, je refuse de me laisser enfermer dans les choix étriqués que cherchent à nous imposer les experts. Une chose est de gérer avec habileté une période de cohabitation, c’est-à-dire de transition, une autre de déployer l’énergie nécessaire pour faire entrer notre pays, en position de force, dans le siècle à venir.

Je suis de ceux qui croient aux chances et aux atouts de la France. Nous n’en manquons pas, mais nous ne les exploitons pas. L’une des tâches essentielles du futur président de la République sera de créer une dynamique de changement et de progrès fondée sur des choix clairs. Pour cela, il faut un homme qui ait su prendre ses distances par rapport à l’exercice immédiat du pouvoir, qui n’ait pas craint de se ressourcer, qui ait pris le temps de voir les français, de les écouter dans leur diversité. Il faut un homme qui ressemble à la France, pour mieux la rassembler.

Je ne prétends pas, bien sûr, avoir de solutions miracles à tous les problèmes mais je pense comprendre, aujourd’hui mieux qu’hier, les attentes des Français, leurs doutes, leurs espoirs.

On ne parviendra à remettre la France en mouvement qu’en redonnant aux forces vives de la nation la place qu’elles méritent. Je pense à tous ces jeunes, à ces salariés, ouvriers, employés, cadres, qui vivent dans l’anxiété du chômage et ne sont pas rémunérés comme ils le méritent. Je pense aussi à tous ceux qui, chefs d’entreprise ou ménages, empruntent pour préparer l’avenir en investissant. Le niveau des taux d’intérêt, résultat d’un endettement public sans précèdent, les a empêchés de le faire.

Intéressons-nous pour une fois à cette majorité de Français qui ne jouent pas de leur influence dans les coulisses du pouvoir. Ils méritent d’être entendus et défendus. Dégageons la route devant tous ceux qui entreprennent, en levant les obstacles qui encombrent leur chemin.

Si j’ai parlé d’une nouvelle approche de l’emploi, c’est parce que l’on a trop longtemps considéré le chômage comme le solde de notre politique économique. On a mis l’emploi au service de la finance, en privilégiant les placements sans risque, au détriment des investissements productifs, créateurs d’emplois et de richesse. On a sacrifié l’économie réelle, celle des chefs d’entreprise, à l’économie financière, qui ne profite qu’à la spéculation.

On ne peut plus continuer comme ça. Nous devons réaliser le plein emploi du talent des français. Nous devons retrouver le chemin du progrès social et de l’amélioration du pouvoir d’achat.

Je ne partage en rien le discours, trop souvent entendu, selon lequel la feuille de paie serait l’ennemi de l’emploi. Oui, les salariés doivent recevoir leur part de rémunération, lorsque, par leur travail, leurs efforts, leur mérite, ils participent au retour de la croissance. Un franc de salaire distribué n’est pas un franc perdu. C’est un franc en plus pour faire tourner l’économie, pour consommer, épargner, investir.

Le progrès, c’est aussi une Sécurité sociale qui garantit l’ensemble de nos compatriotes contre les risques de l’existence, ce qui n’est plus tout à fait le cas. Et si notre protection sociale coûte plus cher que celle de nos principaux partenaires, ce n’est pas parce que nous sommes mieux remboursés ou mieux soignés. C’est parce que nos dépenses, faute d’être évaluées, ne sont pas toujours efficaces. Le problème n’est donc pas de mettre en œuvre je ne sais quelle politique de rationnement ou d’encadrement comptable. Il s’agit d’adapter notre protection sociale au monde qui change, d’améliorer son rapport coût/efficacité, en la rendant toujours plus performante et plus facile d’accès. C’est beaucoup plus exigeant. C’est la voie que j’ai choisie.

Pour avoir pris le temps de la réflexion, j’ai acquis la conviction que le recours aux commissions d’experts ne suffit plus. La recherche du plus petit dénominateur commun entre les français ne peut tenir lieu de ligne de conduite pour notre pays. Pour mettre en œuvre les réformes qui s’imposent, l’adhésion de l’ensemble de nos compatriotes est nécessaire.

Nous ne devons laisser personne sur le bord du chemin. Nous devons rassembler tous ceux qui récusent le conservatisme, quel qu’il soit. Tous ceux qui ont compris qu’il n’y a pas de perspective dans l’immobilisme ou le réformisme frileux. Tous ceux qui refusent le diagnostic sans espoir que les experts portent sur notre société.

Tous ceux qui font le pari de l’initiative et n’ont pas peur du changement doivent conjuguer leurs efforts pour incarner une véritable alternative. Une alternative pour rétablir la cohésion sociale menacée par le chômage et l’exclusion. Pour rénover l’État, en revenant à une lecture républicaine de nos institutions. Pour donner à notre nation des repères capables de fonder une nouvelle morale civique. Pour définir les nouveaux contours de l’Europe du XXIe siècle.

C’est le sens de mon projet. C’est le sens de mon engagement. Vous l’avez compris, l’ambition personnelle n’est pas ma préoccupation.

Il y a mille façon de servir son pays. Je me présente aujourd’hui devant les Français, tel que je suis. Je souhaite qu’ils puissent juger en toute connaissance de cause et choisir, dans la clarté, l’avenir qu’ils souhaitent pour notre pays.

C’est avec eux que je veux bâtir une nouvelle France, une France qui a besoin de ses départements et de ses territoires d’outre-mer, une France pour tous, autour d’une nouvelle espérance.

Vive La Réunion, Vive la République, Vive la France.