Texte intégral
Q - La réforme du Sénat est, une nouvelle fois, à l'ordre du jour. Si des réformes sont nécessaires, quelles sont celles que vous êtes prêt à envisager ?
– Je dirais d'abord toutes celles que nous venons de faire depuis six ans ! Elles sont considérables. Nous avons beaucoup réformé notre propre administration. Aujourd'hui, le Sénat est probablement l'institution législative européenne la plus moderne sur le plan de ses méthodes de travail. Nos séances sont, désormais, diffusées en direct sur internet.
D'autre part, j'ai voulu une formidable ouverture sur l'extérieur. Avec notre participation, huit sénats ont été mis en place dans des pays de l'Europe centrale et en Afrique. Il faut s'ouvrir sur l'international, voyager si l'on veut comprendre ce qui se passe dans le monde. L'enfermement n'est pas une bonne méthode pour élaborer des lois valables, bénéfiques pour nos concitoyens et j'invite, toujours, mes collègues à se rendre un partout, là où c'est utile pour mieux comprendre une société qui se mondialise.
Q - Le bicamérisme est-il le gage d'une démocratie plus vivante ?
– Bien sûr ! La démocratie est plus vivante grâce au dialogue des deux Assemblées. Deux Chambres, c'est deux chances d'avoir de bonnes lois ! Les technologies nouvelles nous forcent à être plus démocrate, car tout va devenir accessible, partout dans le monde entier. Mais revenons aux réformes. Nous continuerons ce que nous avons entrepris. Nous allons examiner la loi sur le cumul des mandats que propose Lionel Jospin. Pour ma part, je suis d'accord pour un mandat national et une fonction exécutive en province. Je ne suis pas contre, non plus, pour modifier l'âge de candidature. Mais je fais remarquer qu'il n'est pas facile d'être élu sénateur très tôt, dans la mesure où ce mandat s'adresse à des femmes et à des hommes qui ont l'expérience du terrain à la tête de leur mairie ou au sein des conseils municipaux.
Q - On reproche au Sénat de ne pas être représentatif des Français.
– Nous sommes très représentatifs de ce que la Constitution a voulu faire de nous : nous sommes les représentants des collectivités locales et du territoire. La France a une chance extraordinaire : c'est son territoire et ses 60 millions d'habitants. À nous de lutter pour mieux répartir sa richesse et ses compétences. Le bonheur n'est pas forcément en se regroupant tous dans des agglomérations. Dans ce domaine, le Sénat a un rôle considérable. Il le jouera pleinement. Sur ce sujet, les sénateurs vont être confrontés, prochainement, à la loi Voynet qui ne me paraît pas être en phase avec ce que nous souhaitons.
Je sais aussi que nous ne révolutionnerons pas l'avenir à nous seuls, mais il est certain que dans notre rôle de réflexion, nos propositions permettront de changer les choses.