Texte intégral
Depuis plusieurs mois se multiplient, à l’occasion de conflits du travail, des procédures qui tendent à assimiler des actions revendicatives à des actes de délinquance.
Plus grave, le fait même d’être militant ou dirigeant syndical est considéré comme un élément aggravant et conduit la justice à se dispenser de preuves d’implication personnelle pour considérer que l’engagement syndical est, en soi, une preuve de responsabilité suffisante pour justifier une instruction de droit commun.
La direction d’EDF-GDF se fait particulièrement remarquer en la matière, par une pratique de sanctions internes lourdes, voire de processus judiciaires de droit commun inadmissibles.
Même situation à Air-France où 9 salariés d’Orly Nord, dont plusieurs responsables CGT et CFDT vont comparaître devant le tribunal de Créteil pour des incidents remontant à 1996.
Enfin, à Clermont-Ferrand, c’est le secrétaire général de l’union départementale CGT, qui est lui-même sous le coup d’une instruction judiciaire pour avoir été présent au tribunal administratif au moment où un sans-papier, condamné à l’expulsion, échappait à la vigilance des policiers.
Il est plus que temps d’affirmer haut et fort que les militants syndicaux, qui consacrent leur énergie et leur temps à la défense des intérêts des salariés, ne sont pas des délinquants.
Les discours mielleux sur le rôle des syndicats, les phrases compatissantes sur l’insuffisance des forces syndicales s’accommodent assez mal de comportements répressifs, souvent sans commune mesure avec les faits reprochés.
La violence au travail, l’arbitraire patronal, la violence sociale caractérisent la situation subie par des centaines de milliers de salariés, de chômeurs, d’exclus, etc. Elle peut effectivement générer des formes d’action qui ne rentrent pas dans le registre du syndicalisme « bon chic, bon genre » dont rêve le patronat.
Mais les atteintes à la dignité, les discriminations au travail, dans l’avancement, dans le salaire, les intimidations et autres pressions quotidiennes ne rentrent pas non plus dans le registre de rapports sociaux civilisés.
La CGT appelle les salariés à se dresser contre des dérives dangereuses qui visent surtout à les impressionner et à juguler les velléités revendicatives qui se développent de plus en plus dans les entreprises. Non seulement nous ne ralentirons pas nos efforts dans la défense des droits et des libertés, mais nous appelons à intensifier partout la mobilisation.
À Peugeot Sochaux, après des années de lutte, la direction vient enfin d’accepter la réparation des préjudices subis par les militants syndicaux. Ce qui vient d’être obtenu dans cette entreprise doit pouvoir l’être partout, et notamment dans les entreprises publiques.
Arrêter le processus de répression, imposer partout le respect du droit, de la dignité et de la liberté d’action syndicale, est aujourd’hui décisif pour le devenir de l’action revendicative.