Texte intégral
Q - Le Pacs est examiné cette semaine à l'Assemblée nationale. Etes-vous pour ou contre ?
Philippe Douste-Blazy : Contre : en cas de rupture du Pacs, les personnes les plus faibles seront irrémédiablement entraînées dans la précarité. On ne trouve en effet dans le texte ni présomption de paternité, ni obligation financière pour le père vis-à-vis de la femme abandonnée qui ne travaille plus. J'estime ensuite que, d'une façon générale, c'est toute la politique familiale basée sur la notion d'enfant et non sur la notion de couple que l'on risque de remettre en cause. Or, la priorité des priorités aujourd'hui est de combattre le déficit démographique qui ne cesse de se creuser.
Q - Le Pacs n'est-il tout de même pas un moyen pour les couples homosexuels de sortir de leur ghetto ?
Philippe Douste-Blazy : J'observe que le texte déçoit les partisans du mariage homosexuel. Ces derniers jugent évidemment que le Pacs ne va pas assez loin et c'est toute l'hypocrisie de la situation. Si l'objectif recherché par le gouvernement était de régler certains problèmes juridiques, on pouvait très bien accorder des droits fiscaux aux couples homosexuels dans le projet de loi de finances. Beaucoup de responsables politiques partagent ce point de vu, y compris Jacques Delors.
Q - La gauche estime que l'opposition se ringardise dans ce débat...
Philippe Douste-Blazy : Le piège tendu ne fonctionne pas. Que je sache, personne à droite ne s'est exprimé en évoquant je ne sais quel ordre moral.
Q - En tant qu'ancien ministre de la Santé, comment jugez-vous l'action de Martine Aubry ?
Philippe Douste-Blazy : Très sévèrement. Après quinze mois d'immobilisme, la voilà aujourd'hui contrainte de prendre des mesures d'urgence sans aucune concertation. On ne peut pas donner aux médecins l'impression qu'il existe une punition collective lorsque les dépenses de santé dérapent. Je milite au contraire pour que tous les cabinets médicaux soient informatisés. Il faut connaître les pratiques de chacun pour définir d'une façon individuelle la conduite à tenir. Dans son plan, Martine Aubry veut instituer un système qui permettrai de faire évoluer le prix des actes au cours de la même année. C'est une première qui remet directement au cause la politique conventionnelle entre les médecins et les caisses. Martine Aubry étatise la gestion de l'assurance maladie en faisant de moins en moins cas des partenaires sociaux. Et puis, une grande oubliée : nous aurions dû profiter de la croissance retrouvée pour réformer les retraites.
Q - Les centristes, avec René Monory, viennent de perdre la présidence du Sénat au profit du RPR. Estimez-vous, comme François Bayrou, qu'il s'agit d'un mauvais coup porté par l'Alliance ?
Philippe Douste-Blazy : Le RPR doit respecter ses partenaires. L'opposition en France, c'est en gros deux pôles : un pôle à droite, un pôle au centre. On ne pourra revenir au pouvoir qu'en s'appuyant sur ces électorats complémentaires qui ne se chevauchent pas forcément. Il serait dangereux que l'espace du centre, centre droit, soit occupé par la gauche. L'opposition doit s'efforcer d'être plurielle ou plutôt « pluriactive » , puisque le mot est déjà pris.