Interview de M. Pierre Moscovici, ministre délégué aux affaires européennes, à France 3 le 12 novembre 1998, sur le lancement de la nouvelle phase de la campagne d'information sur l'Euro.

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Circonstance : Lancement de la nouvelle de la campagne d'information sur l'Euro le 12 novembre 1998

Média : France 3 - Télévision

Texte intégral

Q - Pourquoi le Gouvernement a-t-il mis en place une telle campagne ? Les français sont- ils encore si mal informés sur l'euro ?

- "Les Français sont de mieux en mieux informés sur l'euro. Il y a eu, ce matin,  présentation, en même temps que de la campagne, de deux sondages, qui montraient qu'en un an, il y avait près de 20 % de Français qui avaient pris conscience de ce qu'était le nom de l'euro – tout le monde ne le connaissait pas – et aussi de ce que ça représentait pour l'opinion française. J'ajoute que les Français sont de plus en plus attirés par l'euro, de plus en plus convaincus par cette nécessité. Ils en voient les avantages et voient, par exemple, que, dans la crise financière mondiale, c'est la stabilité. Ils voient, aussi, que ça peut être le support d'une politique de croissance que veut mener le Gouvernement. Mais cette campagne de communication, elle s'inscrit dans un cadre européen. Tous les pays décident, aujourd'hui, de mettre en place des campagnes d'information, parce que ce processus de trois ans doit être maîtrisé. Chez nous, c'est un guide pratique, qui sera distribué à 33 millions d'exemplaires, donc à tous les foyers ; et ce spot qu'on verra sur toutes les chaînes, tous les soirs."

Q - Les entreprises vont devoir sauter le pas, dès le 1er janvier prochain. D'après un sondage, près de 40 % des PME n'auraient encore engagé aucune démarche pour réussir cette mutation. C'est un peu inquiétant non ?

- "Non, parce que le principe c'est qu'il n'y a pas d'interdiction – donc ce sera autorisé pour les entreprises de passer en euros – mais il n'y pas, non plus, d'obligation. Pour celles qui souhaiteront rester dans la situation présente, il y a une phase transitoire qui pourra se dérouler. Mais pour celles qui souhaitent y passer, on peut aller vite. Mon souhait, et celui du Gouvernement, bien sûr, est qu'on aille le plus vite possible ; que la France soit en avance. Mais il ne faut pas paniquer. Il y a cette phase de trois ans, qui est une phase de transition, et elle est nécessaire. Et en même temps, je crois qu'elle n'est pas trop longue parce que ça représente un choc psychologique et, aussi, un choc matériel. Il y a, par exemple, toute une série de. transformations informatiques qui correspondent avec le passage à l'An 2000. et qui devront être assumées. Mais il n'empêche que, le fait d'avoir des factures en euros, des feuilles de paye en euros, des feuilles de Sécurité sociale en euros, et que les marchés financiers, là, c'est vrai, vont tous passer, au 4 janvier, tout cela représente déjà une transformation."

Q - L'Assemblée nationale va discuter le 24 et le 25 novembre prochain du Traité d'Amsterdam. On a le sentiment, à droite comme à gauche d'ailleurs, qu'une partie de la classe politique n'est pas tout à fait convaincu par ce Traité. Le texte pourrait-il, d'après vous, être repoussé ?

"Non, je crois que c'est hors de question. C'est un traité qui a été négocié par la précédente majorité, par J. Chirac, par A. Juppé, par M. Barnier qui était mon prédécesseur. C'est un traité que nous avons trouvé en cours de route. Nous sommes arrivés à Amsterdam quinze jours après les élections de juin 97. Nous ne sommes pas convaincus par tout dans ce traité. Mais il comporte un certain nombre de bonnes choses, un chapitre sur l'emploi, un chapitre social, la reconnaissance des services publics, et c'est très important pour nous, toute une série de dispositions qui concernent l'égalité des droits, par exemple entre les hommes et les femmes, le droit à la culture, le droit à l'environnement, bref c'est un traité qui a une grosse lacune : qui ne traite pas des institutions européennes, qui ne fonde pas l'Europe politique, mais qui comporte en soi un certain nombre de choses qui sont tout à fait convenables. Et donc je suis persuadé que le Président de la République, J. Chirac, le Premier ministre L. Jospin, et le PS s'étaient engagés sur ce texte. Il doit être voté. Alors, la complexité, c'est qu'il y a deux choses : il y a d'abord une révision constitutionnelle, et ensuite une ratification du texte. La révision constitutionnelle : il y aura un débat d'amendements notamment par rapport à ce que peut proposer le RPR, P. Seguin, M. Barnier avec l'idée qu'on devrait revoter dans cinq ans, qui n'est pas a priori forcément convaincant."