Interview de M. Philippe Douste-Blazy, président du groupe parlementaire UDF à l'assemblée nationale et secrétaire général de Force démocrate, dans "Le Figaro" le 10 novembre 1998, sur le débat parlementaire sur le Pacs et l'éventualité d'une réforme du règlement intérieur de l'Assemblée nationale.

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  • Philippe Douste-Blazy - président du groupe parlementaire UDF à l'assemblée nationale et secrétaire général de Force démocra

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Le FIGARO. – L'opposition peut-elle continuer à faire de l'obstruction parlementaire contre le Pacs ?

Philippe DOUSTE BLAZY. – L'opposition ne fait pas d'obstruction systématique, pas plus qu'elle ne défend le retour d'un quelconque ordre moral. L'opposition joue son rôle en demandant à la majorité gouvernementale des éclaircissements précis sur une proposition de loi qui pose des questions aussi graves que la protection de l'enfant et le statut de la famille. Elle joue son rôle en utilisant les moyens qui sont à sa disposition pour éclairer l'opinion publique sur les enjeux et les conséquences – tant sociales que juridiques – d'un texte précipité et souvent maladroit.

Je vous rappelle que ce n'est pas l'opposition, mais bien la majorité, qui a choisi de créer les conditions d'un affrontement. La majorité parlementaire a refusé que le débat de fond ait lieu dans la sérénité, elle ne nous en a donné ni le temps ni les moyens. À partir de là, il est difficile de nous reprocher de nous interroger sur toutes les implications d'un texte qui – s'il est voté – sera appelé à encadrer la vie de milliers de couples.

Le FIGARO. – Tous ces incidents de procédure n'auraient-ils pas pu être évités ?

– Les débats sur le Pacs ont provoqué un véritable affolement dans la majorité, qui a cru pouvoir masquer ses propres divisions en s'attaquant aux droits reconnus à l'opposition. Les faits sont d'ailleurs sans précédent. Une proposition de loi rejetée par la majorité des députés a été représentée sous une forme quasi identique trois semaines plus tard au mépris de toutes les règles. Ce texte n'a fait l'objet d'aucune audition en commission des lois, alors qu'il entraîne la modification de nombreuses dispositions du Code civil. Enfin, le traitement réservé à nos orateurs – pour ne pas parler des propos inqualifiables tenus à l'encontre d'un des vice-présidents de l'Assemblée – ne donne pas l'image d'une vie politique sereine.

Le FIGARO. – Faut-il, selon vous, modifier le règlement de l'Assemblée ?

– Il est certainement nécessaire de moderniser l'image de l'Assemblée, dont les rites et traditions hérités d'une longue histoire parlementaire ne sont plus tout à fait adaptés à une vie démocratique où les médias jouent un rôle important et où les citoyens sont informés en temps réel.

En revanche, une réforme de ce type ne peut être engagée à chaud après des incidents dont certains laisseront des traces. Une réforme de nos institutions exige la concertation et le dialogue entre toutes les familles politiques représentées à l'Assemblée. Mais attention ! Il ne peut être question de remettre en cause les droits de l'opposition. Ce chantier est une entreprise à long terme, qui devrait permettre de rééquilibrer notre institution au profit du Parlement, dont le rôle doit être renforcé.