Interviews de M. Jean-Marc Ayrault, président du groupe parlementaire PS à l'Assemblée nationale, à RMC le 13 janvier 1999 et à RTL le 28, sur le soutien de la majorité plurielle à la candidate de la "droite républicaine" lors de l'élection du président de la région Rhône-Alpes, le débat au gouvernement sur le traitement de la sécurité et de la délinquance juvénile, et sur la préparation des élections européennes.

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Média : Emission Forum RMC FR3 - Emission L'Invité de RTL - RMC - RTL

Texte intégral

RMC 13 janvier

Question
Est-ce que l’élection du président de la région Rhône-Alpes est une victoire pour la gauche ?

J.-M. Ayrault
- « Je pense que la gauche est restée fidèle à ce qu’elle a toujours dit et fait quand il s’agit des rapports avec le Front national. Depuis les élections municipales de Dreux, la gauche a préféré voter pour un candidat de la droite républicaine plutôt que de laisser passer le Front national, donc elle a agi de la même façon en Rhône-Alpes. La logique aurait d’ailleurs été que la liste arrivée en tête, c’est-à-dire la liste de J.-J. Queyranne, préside la région. Mais à partir du moment où la droite républicaine n’a pas souhaité faire en sorte que J.-J. Queyranne soit président de la région, nous avons, conformément à nos principes – toute la gauche plurielle d’ailleurs – fait en sorte que M. Millon ne soit plus président de la région mais qu’un proche de M. Millon ne le soit pas non plus. P. Séguin et le RPR ont dans cette affaire une attitude plus qu’ambiguë. Moi, je croyais que P. Séguin n’était qu’un velléitaire colérique, mais dans cette affaire c’est plus que cela, c’est une ambiguïté politique voulue, parce qu’en soutenant avec M. Madelin – qui est quand même très à droite – le doyen d’âge qui est un homme de M. Millon et qui n’aurait été élu qu’avec les voix… »

Question
On peut difficilement soupçonner M. Séguin d’être avec le Front national…

J.-M. Ayrault
- « Je crois que dans cette affaire il s’est trompé, et surtout il a donné le sentiment d’hésiter par rapport au Front national, alors qu’il y a quelques mois, il avait été beaucoup plus clair. »

Question
Vous distinguez l’UDF des autres partis de l’opposition ? Je vous pose la question parce que vous avez soutenu un candidat UDF.

J.-M. Ayrault
- « Ce n’est pas un candidat UDF, c’est un candidat de la droite républicaine et qui était représentée par Mme Comparini qui a été claire depuis le début par rapport à M. Millon et ses amis et par rapport au Front national, c’est tout. Ce n’est pas une nouvelle stratégie de la gauche, bien entendu. »

Question
Vos électeurs ne vous reprochent pas, alors que vous aviez les moyens de remporter la région, d’avoir cédé la place à la droite.

J.-M. Ayrault
- « Si le mode de scrutin régional avait été changé plus tôt, nous n’aurions pas ces situations et peut-être que la gauche aurait été majoritaire nettement, en sièges, au conseil régional de Rhône-Alpes et dans d’autres régions, ou la droite dans d’autres régions nettement majoritaire en sièges. Ce mode de scrutin, la majorité l’a réformé avant Noël, et une fois de plus, le RPR, l’UDF, qui parlent toujours de réformer ce mode de scrutin depuis des années, ont voté contre, donc c’est aussi leur problème, d’être toujours en contradiction, de faire une alliance de circonstances, d’intérêt électoral qui finalement ne marche pas, et puis de ne pas être d’accord sur le fond et de ne pas avoir de programme. »

Question
Élections européennes : M. Chevènement a dit sa disponibilité, si on le lui demandait, à mener la liste européenne de gauche aux élections. Est-ce que c’est une proposition qui vous intéresse ?

J.-M. Ayrault
- «  Ce qui est bien, c’est de rassembler, mais je pense que le parti socialiste désignera sa tête de liste et je crois – c’est à lui de décider – que F. Hollande est le mieux placé pour conduire cette liste. Que l’on puisse l’ouvrir à un plus grand nombre de composantes de la gauche, y compris le Mouvement des citoyens et les radicaux de  gauche – puisque les communistes semblent vouloir faire liste à part, ainsi que les Verts –, c’est une bonne chose. Mais nous en reparlerons. »

Question
C’est une vraie hypothèse qu’une liste commune soit constituée ?

J.-M. Ayrault
- « Oui, je crois que c’est assez réaliste. En tout cas, ce serait bien. »

Question
A gauche, si la liste socialiste était homogène, F. Hollande est le meilleur candidat possible ?

J.-M. Ayrault
- « C’est le candidat naturel, d’une part je pense qu’il a les compétences, il a les qualités politiques, humaines, et puis il est jeune donc il donne cette image de renouveau de la gauche socialiste, et puis surtout, les socialistes ont des idées claires sur l’Europe, nous sommes européens depuis longtemps et nous avons aussi une conception de l’Europe qui est une conception de gauche, qui vise à donner plus de croissance à l’Europe mais aussi plus de cohésion sociale. C’est un nouveau modèle de civilisation en Europe que nous voulons bâtir, et nous avons une chance pour cela, c’est qu’en Europe la plupart des gouvernements sont dirigés par des socialistes ou des sociaux-démocrates. Donc là, on nous attend, nous sommes au pied du mur, mais c’est un point positif, il faut s’en saisir, et dans cette campagne des élections européennes, plus que les années précédentes, on parlera de l’Europe, et c’est une bonne chose car nous sommes entrés dans une nouvelle phase historique de l’Europe et cela, il faut réussir cette construction de l’Europe avec l’euro, mais aussi la perspective de la prospérité pour les peuples d’Europe et puis aussi faire jouer à l’Europe un vrai rôle politique. »

Question
Est-ce que la majorité plurielle résistera aux coups de boutoir, inévitables, d’une élection ? Les partis de la majorité plurielle seront en opposition et en compétition ?

J.-M. Ayrault
- «  Je le crois, je le crois, parce que depuis 18 mois, la majorité plurielle a été confrontée à des difficultés, des désaccords. Il y aura plusieurs listes et ce n’est pas choquant. Je pense qu’il faut s’habituer en France à ce que même s’il peut y avoir des divergences, il existe une majorité plurielle, et comme le mot l’indique, il faut que cette majorité continue de s’exprimer dans sa diversité mais en étant d’accord sur l’essentiel. Et l’essentiel, c’est  quand même bien de faire reculer le chômage, de faire reculer les inégalités, puis aussi de pérenniser notre système de protection sociale. On est tous ensemble d’accord sur ces objectifs. Parfois, on peut diverger sur les moyens, mais le débat fait partie d’une vie politique moderne. »

Question
M. Cohn-Bendit fait partie de la majorité plurielle ?

J.-M. Ayrault
- « Je crois qu’il fait partie du mouvement des Verts et il a sa place, avec son originalité, avec ses forces et ses faiblesses. C’est vrai qu’il fait beaucoup de mousse, et parfois on a du mal à savoir exactement quelles sont ses positions, mais on verra. La mousse, cela finit par se décanter. »

Question
Le problème de la sécurité : L. Jospin a confirmé hier le choix de fermeté du Gouvernement face à la délinquance juvénile, spécialement les mesures d’éloignement qui concernent les jeunes délinquants multirécidivistes. C’est un virage absolu pour la gauche. Est-ce que cela va passer chez les députés que vous présidez ?

J.-M. Ayrault
- « Oui, je crois. Je suis très étonné par votre appréciation. On a l’impression que l’on découvre aujourd’hui les problèmes d’insécurité dans notre pays. »

Question
Non, on découvre la position de la gauche.

J.-M. Ayrault
- « Non, parce qu’on oublie que L. Jospin, après les élections présidentielles – déjà aux élections présidentielles, il avait évoqué ces questions – a beaucoup travaillé à la tête du Parti socialiste, et nous avons publié des textes qui ont fait l’objet de longs débats au sein du Parti socialiste qui était particulièrement clairs sur ces questions, qui déjà prenaient en compte la nécessaire prévention, l’action sur le terrain, l’action sociale, l’action contre toutes les formes d’exclusion, mais aussi la répression, la sévérité, le rappel des règles. Et on a oublié tout cela. Nous avions des textes, quand nous nous sommes présentés aux élections législatives de 1997, nous étions prêts sur ces questions. Nous ne faisons que le rappeler, mais avec plus de force pour que ce soit clair. Je suis très surpris que l’on dise : il y a un virage idéologique. Si on avait fait parler un peu plus les maires socialistes, on saurait que depuis longtemps, compte tenu de leur expérience sur le terrain, ils souhaitent cette politique plus ferme, plus claire qu’attendent les citoyens. »

Question
Quand on lit ce matin M. Chevènement dans l’Est Républicain dire qu’il propose des centres de retenue et de retenir les allocations familiales des familles dont les mineurs sont dans la rue, ce sont quand même des propositions précises sur lesquelles les députés de gauche ont hurlé pendant des années !

J.-M. Ayrault
- « Il y a plusieurs choses : L. Jospin parle d’éloigner les mineurs multirécidivistes des quartiers où ils reviennent sans cesse et continuent à jouer les caïds, et cela, c’est vrai que c’est insupportable. Ce sont des petites minorités ; l’écrasante majorité des familles et des jeunes se comporte bien, y compris dans des situations sociales difficiles. J.-P. Chevènement évoque une solution destinée à éviter que ces jeunes soient dans les prisons, donc il recherche des solutions pratiques. Ce sont des centres d’éducation ou ce sont des centres entre la prison et ces centres d’éducation. C’est une piste. Quant aux allocations familiales, c’est un autre sujet. Je suis très réservé sur cette façon de voir les choses. Je pense effectivement qu’il faut responsabiliser les familles, mais faut-il pour autant sanctionner l’allocation qui va à l’enfant – n’oublions pas cela ? Simplement il faut vérifier parfois si cette allocation qui va à l’enfant va bien à l’enfant. Je crois qu’il faut absolument agir de façon beaucoup plus ferme, beaucoup plus forte. Aucun délit ne doit rester sans sanction, même le plus petit, quel que soit le niveau de la sanction, et puis surtout il faut faire un travail de responsabilisation et quand un mineur de 10-12 ans est dans la rue à 2 ou 3 heures du matin, la situation est anormale. On ne va pas se contenter de faire venir la police, il faut faire tout un travail personnalisé en direction de la famille pour regarder quelle est la cause. »

Question
Et, les moyens ?

J.-M. Ayrault
- « Il faut se les donner. Je crois que si l’on veut faire reculer ce sentiment et cette réalité de l’insécurité, il faut se donner les moyens et procéder à une véritable mobilisation générale. Lorsque le Gouvernement a encouragé les maires à signer des contrats locaux de sécurité avec l’État, c’est cette démarche là. Simplement, c’est une démarche qu’il faut tenir dans la durée, parce que si l’on s’imagine que par un coup de baguette magique on aura réglé ces problèmes, ont aura semé de l’illusion. Ce que les Français veulent, c’est que les choses avancent, s’améliorent, et le droit à la sécurité n’est ni de droite ni de gauche, c’est un droit républicain. »


RTL : 28 janvier 1999

Question
Le plan sur la sécurité va mettre fin au débat Chevènement-Guigou ?

J.-M. Ayrault
- « Qu’il y ait débat, cela me parait tout à fait normal quand il s’agit de prendre des décisions importantes. Maintenant, les décisions importantes sont prises, et elles associent à la fois la nécessaire prévention, le travail éducatif et la répression. Et je trouve que les décisions qui ont été prises par L. Jospin sont très claires, très lisibles, très fermes. Maintenant, il faut se mettre au travail pour les appliquer. »

Question
Très fermes, ou équilibrées ?

J.-M. Ayrault
- « Non, elles sont fermes. L. Jospin rappelle que la sécurité c’est ni de droite ni de gauche, mais c’est un droit républicain. Et ce sont les plus pauvres le plus souvent, les plus modestes qui sont les victimes de l’insécurité. Donc, il faut agir avec rapidité, urgence, efficacité. Les mesures annoncées sont à la fois dans la continuité de ce qui a déjà été décidé, mais nous passons à la vitesse supérieure parce que la situation l’exige. »

Question
Vous croyez que, maintenant, le Président de la République va cesser de demander au Gouvernement d’agir sur la sécurité ?

J.-M. Ayrault
- « Le Président de la République commente, parle, mais il n’agit pas puisqu’il n’en a pas la capacité institutionnelle, à part la politique de défense… »

Question
Et le Premier ministre obéit ?

J.-M. Ayrault
- « …et quand il pourrait agir, le Président de la République ne le fait pas. Prenons l’exemple concret de la parité : ses amis au Sénat votent contre. La modernisation de la vie publique : il en parle, et à chaque fois ses amis sont contre. Je pense au cumul des mandats mais on pourrait parler de la réforme de la justice. Donc, laissons de côté le Président de la République. Le Gouvernement est au travail, et maintenant il s’agit d’aller sur le terrain pour que ce qu’a annoncé L. Jospin – les moyens pour la police, les moyens pour la justice, les moyens pour l’éducation, la responsabilisation des familles, l’éloignement des mineurs multirécidivistes – soit mis en œuvre. Agissons ! »

Question
Justement, les moyens : combien ça coûte ? On n’en sait rien. Et comment cela va-t-il être budgété ? On n’en sait rien non plus.

J.-M. Ayrault
- « Le problème aujourd’hui n’est pas technique. L’argent existe dans le budget de l’État. Les marges de manœuvre existent dans le budget de l’État, on n’a pas voté n’importe quelle loi de finances l’année dernière. Donc, les mesures qui ont été annoncées par L. Jospin seront mises en œuvre, et D. Strauss-Kahn, que j’ai rencontré hier, m’a dit : bien, entendu, cela va coûter de l’argent, mais nous avons mis quelques réserves de côté pour répondre à ces problèmes d’urgence. »

Question
Vous n’avez pas de doutes là-dessus ?

J.-M. Ayrault
- « Non, aucun »

Question
Et quand les maires des villes les plus en difficulté disent : plan après plan, les mesures s’empilent, mais on ne voit rien venir.

J.-M. Ayrault
- « J’ai une expérience sur le terrain. J’ai été un des premiers à signer un Contrat local de sécurité, c’était l’année dernière. Et, dans le Contrat local de sécurité, vous avez tous les thèmes qui relèvent de l’action, de la prévention, de l’éducation, et de la répression. Et nous avons commencé à les mettre en œuvre avec la police, avec la justice, avec l’éducation surveillée, avec les services sociaux, mais c’est vrai qu’il y a encore beaucoup à faire. Mais, je pense que ce que nous avons entrepris va dans la bonne direction. Donc, là, on nous dit que l’on va avoir un peu plus de moyens ; que des orientations de fermeté vont être données aux parquets ; que la coordination entre les services sociaux – et je pense notamment aux familles en grande difficulté, là où les parents ont démissionné – va être renforcée. Je trouve que tout cela va dans le bon sens. Et puis, des signes très très clairs sont donnés, notamment lorsque des mineurs multirécidivistes - qui reviennent régulièrement dans leur quartier pour continuer leurs méfaits, organiser leurs bandes – vont être éloignés. Ce sont des mesures qui sont très très claires et que les Français comprennent. »

Question
Ces centres de placement immédiat c’est, en quelque sorte, de la préventive. Ces jeunes n’ont pas encore été jugés, on ne les met pas encore en prison. Donc, il n y a pas de réforme de l’ordonnance de 45, mais cela y ressemble un peu, parce qu’ils vont être strictement contrôlés. Et, le personnel de la protection judiciaire de la jeunesse dit : on n’est pas des gardiens de prison, on ne veut pas être mêlés à ces trucs-là !

J.-M. Ayrault
- « Je pense qu’il faut voir les choses très très concrètement. Lorsque des jeunes ont fait un acte délictueux, grave, ils ne vont pas être placés en prison préventive. S’ils sont aussitôt libérés après avoir été arrêtés, vous savez bien que dans le quartier où ils habitent, cela crée un stress, une inquiétude, et l’on a l’impression que l’action de la police est inefficace. C’est très injuste, parce que la police fait beaucoup, elle peut faire encore mieux. Mais, il faut donner des signes très concrets. Donc, en attendant le jugement – qui très souvent arrive très tard après l’acte de délinquance – il y aura ces mesures qui seront des mesures alternatives à la prison pure et simple. Parce que la prison préventive pure et simple, pour un mineur qui n’a pas encore été condamné, ce n’est pas forcément une bonne école. Donc, là, il y a une recherche de solution concrète. Et pour cela, il n’y avait pas besoin de modifier l’ordonnance de 1945, il n’y avait pas besoin de faire voter de nouvelles lois – on veut toujours voter de nouvelles lois en France quand on a un problème. Il s’agit d’abord d’appliquer les lois existantes. »

Question
Quand J.-P. Chevènement parlait de Centre de retenue, c’est cela alors ?

J.-M. Ayrault
- « Je pense qu’il a effectivement posé le problème, et la réponse qui lui est apportée me parait très concrète. »

Question
Donc, sous la surveillance de la justice ?

J.-M. Ayrault
- « Bien sûr ! Nous sommes dans un État de droit. »

Question
On annonce 7 000 policiers de plus dans les départements en difficulté. Il y a 26 départements, cela fait à peu près 250 policiers de plus par département. Ce n’est pas un peu du saupoudrage ?

J.-M. Ayrault
- « Non, je ne pense pas, parce que ça doit être aussi accompagné d’une réorganisation du travail de la police, en particulier en développant l’îlotage et la police de proximité, parce que je crois qu’elle est encore trop faible. Il y a eu des efforts faits ces dernières années notamment avec les Brigades anti-criminalité, mais qui interviennent plutôt la nuit. Il faut aussi qu’il y ait dans la journée des moyens, et pour cela il faut réorganiser, redéployer. »

Question
Vous avez vu à quoi l’on se heurte avec le redéploiement de la police et de la gendarmerie ? C’est la fermeture d’un commissariat avec remplacement par la gendarmerie. Le redéploiement peut aussi se faire aussi au sein de la police ! Les responsables de la police, les préfets, même des syndicats de police sont conscients qu’il faut modifier l’organisation du travail, et donc cela peut se faire, et il faut le faire vite. Vous faites confiance à J.-P. Chevènement pour ça ?

J.-M. Ayrault
- «  Bien sûr que je fais confiance à J.-P. Chevènement »

Question
En ce qui concerne les Centres à éducationren forcée – lorsque, cette fois-ci, il y a eu sanction, décision judiciaire – on va passer de 13 à 100. Ce sont des organismes qui, à l’origine, avaient été créés par J. Toubon. Quand E. Guigou était arrivée, elle a dit : je suis un peu méfiante à l’égard de ça. Et, finalement, on va en faire beaucoup plus. Il y a eu un changement de tendance ?

J.-M. Ayrault
- « Je ne sais pas ce qu’en pensait E. Guigou. Mais, vous me demandez ce que j’en pense moi : je trouve que c’est une bonne mesure et que l’on avait un peu tardé à la prendre. Maintenant, elle va se mettre en œuvre, tant mieux ! Ces Centres à éducation renforcée, après une condamnation, sont une solution adaptée à des mineurs. Parce qu’il faut leur donner aussi une seconde chance dans certains cas. Parfois, il y aura des échecs, mais on sait que lorsque le travail est bien fait, lorsque l’on rappelle les règles – se lever à l’heure, respecter le règlement, travailler, faire un effort, et en même temps se détendre – il y a des succès, des résultats, des jeunes qui récupèrent et qui repartent dans la vie. C’est donc cela qu’il faut faire. Parfois, il y a aussi des échecs, mais ce n’est pas pour cela qu’il faut baisser les bras. Et nous, nous avons une position politique globale qui n’est pas que répressive – mais elle est aussi répressive quand il le faut –, mais en même temps éducative, sociale. Parce qu’on sait bien que la cause de beaucoup de difficultés dans les grands quartiers – habitat social en particulier – ce sont des problèmes d’exclusion, de chômage. Ça n’excuse pas tout – c’est ce qu’a rappelé L. Jospin – mais il faut aussi travailler sur ce sujet. Il faut donner une chance à cette jeunesse, notamment issue de l’immigration, qui parfois désespère."