Texte intégral
Séminaire des Commissaires pour l'Emploi
"Synthèse et perspectives"
Il me revient de clore cette première matinée et, si j'en juge par la richesse des échanges qui ont eu lieu, j'ai toutes les raisons de penser que l'ambition que j'assignais tout à l'heure à ce séminaire – constituer un lieu de dialogue approfondi entre tous les participants – a de bonnes chances d'être atteint.
Jean-Luc Lebuy vous a exposé le bilan que nous dressons de six mois de mobilisation ; et vous avez écouté la présentation de la première évaluation du Guichet Initiative Emploi.
Les leçons à en tirer me paraissent assez claires.
Nous sommes confrontés à une situation qui n'est pas facile.
D'une part la conjoncture économique tant française qu'internationale marque des signes de faiblesse qui risquent de se prolonger pendant une partie du premier semestre de 1996, même si un redémarrage est prévu dans la seconde moitié de l'année.
D'autre part, on sent, à travers les rapports mensuels que vous m'adressez, comme à travers les déplacements que le Commissaire Interministériel et moi-même faisons sur le terrain, un certain essoufflement de la mobilisation locale. L'illustration en est le GIE qui, dans un certain nombre de départements, connaît une chute de fréquentation.
Nous ne pouvons pas nous satisfaire de ce constat.
C'est précisément parce que le contexte général de ce début d'année est difficile que votre rôle, celui des Préfets sous l'autorité desquels vous êtes placés et celui de vos adjoints, cadres pour l'emploi, revêt une importance encore plus grande.
Je réaffirme devant vous avec solennité, au nom du Premier ministre, de Jacques Barrot et de l'ensemble du gouvernement, que le développement de l'emploi demeure bien la priorité absolue de l'action gouvernementale. Que nul n'entretienne de doute à cet égard.
Il faut donc passer à une deuxième phase de la mobilisation pour l'emploi ; à laquelle le Premier ministre et moi-même porterons la plus grande attention.
Cette nouvelle étape doit prendre en compte les enseignements des derniers mois, notamment ceux qui sont apparus dans notre débat ainsi que les conclusions du sommet social du 21 décembre dernier, en particulier en ce qui concerne l'emploi des jeunes.
Votre action devra s'articuler autour des 4 axes suivants :
1. La mobilisation pour l'emploi des jeunes
Les conclusions du sommet social concernant l'emploi des jeunes peuvent se résumer en trois principaux points :
– un objectif de 50 % de jeunes dans les nouvelles embauches ;
– la mise en place de programmes régionaux d'insertion pour les jeunes en difficulté ;
– le renforcement de l'alternance et l'étude des conditions de mise en place d'expérience de longue durée en entreprise pour les étudiants.
Ces différentes mesures doivent être mises en place conjointement par l'État et les partenaires sociaux.
Il s'agit de dégager 250 000 nouveaux emplois pour les jeunes en 1996, car nous ne pouvons admettre que les jeunes Français rencontrent plus de difficultés que leurs homologues des autres pays de l'Union Européenne pour trouver un emploi.
Le travail a d'ores et déjà commence au niveau central, sur chacun de ces thèmes :
A. – L'augmentation du nombre de jeunes dans les flux d'embauche prendra notamment appui sur les chartes de branches. Neuf chartes, vous le savez, sont déjà signées, huit seront prêtes sous quinzaine, ces dix-sept chartes regroupant environ la moitié des branches. La négociation de charte va être accélérée pour qu'au mois de juin, l'ensemble des secteurs puisse être couvert.
Parallèlement aux négociations de branches, des conventions seront signées avec les cent plus grandes entreprises françaises, afin que celles-ci s'engagent à augmenter leurs embauches de jeunes. Enfin, les entreprises publiques feront l'objet d'une mobilisation spécifique.
Dans tous les cas, les engagements qui seront pris au niveau central, devront être déclinés localement, ce sera en particulier vrai pour les chartes de branches. Il vous appartiendra de traduire les objectifs nationaux au niveau régional et départemental.
B. – Concernant les programmes d'insertion, des contacts sont actuellement en cours entre les partenaires sociaux, l'assemblée des présidents de conseils régionaux, Jacques Barrot et moi-même. Ces contacts visent à préciser les conditions de mise en œuvre des programmes.
Dès que ceux-ci auront abouti dans quelques semaines, les préfets de région recevront les indications nécessaires pour leur permettre de négocier les conditions d'une véritable mobilisation locale pour l'emploi des jeunes, et notamment des plus défavorisés d'entre eux.
Il vous appartiendra ensuite, sous l'autorité des préfets de départements de veiller à la déclinaison des engagements régionaux au niveau de chaque bassin d'emploi, à leur mise en œuvre opérationnelle, à la réalisation des objectifs retenus.
Il nous faut être ambitieux, concrets, efficaces. C'est l'avenir de notre jeunesse qui est en jeu.
Il vous reviendra, sous l'autorité de vos préfets, d'apprécier en fonction des circonstances locales, s'il convient de traiter la question de l'emploi des jeunes dans le cadre des chartes initiative emploi, ceci est souhaitable mais ne sera peut-être pas pour tous possible. Dans tous les cas, un document devra préciser les modalités opérationnelles de la mobilisation de l'État, de la région et des partenaires sociaux.
Ainsi que je l'ai indiqué lors de la dernière réunion des préfets à Paris, la méthode de travail devra être différente au niveau régional et départemental.
Au niveau régional si la charte est déjà signée et si les circonstances locales le permettent, les mesures en faveur de la mobilisation des jeunes pourront s'inscrire dans la charte, par exemple, sous forme d'avenant.
Si la charte n'est pas signée et si vos partenaires en conviennent, les chartes pourront servir de support aux mesures en faveur des jeunes qui en constitueront l'élément essentiel.
Au niveau départemental, il convient de ne pas retarder la signature des chartes. Aussi, j'ai demandé aux préfets d'achever de la conclure au plus tard pour le 1er mars. S'il n'était pas possible, compte tenu du rythme de travail régional ou des contraintes locales particulières, d'intégrer les mesures en faveur des jeunes dans les chartes, il vous serait ensuite possible de les préciser, par voie d'avenant.
2. La relance des guichets initiatives emploi
Je serai brève sur ce point puisque le sujet a déjà été partiellement abordé ce matin et qu'il le sera de nouveau cet après-midi à travers les travaux en ateliers.
Je me contenterai seulement d'insister sur plusieurs pistes de "relances" inspirées des exemples des guichets qui fonctionnent bien.
Il parait opportun :
– de coupler l'accueil dans les GIE avec la mise en place de réseaux de prospection et de démarchage des entreprises, en particulier des plus petites ;
– de procéder à de nouvelles campagnes de communication axées sur les services rendus.
Cette mobilisation que vous avez tous réalisée au niveau départemental, doit désormais se poursuivre à l'échelon de l'arrondissement ou du bassin d'emploi.
J'ai demandé aux préfets, à l'image de ce que certains ont déjà fait, d'organiser des réunions à l'échelon infra-départemental, au niveau de chaque bassin d'emploi, pour expliquer la politique du gouvernement, pour informer sur les mesures en faveur de l'emploi, pour susciter et accompagner, toute initiative, toute coopération entre les entreprises, les associations, les collectivités locales, dès lors que celles-ci seraient porteuses d'emplois ou de développement économique.
Pour pérenniser cette action, vous pourrez vous appuyer sur vos cadres pour l'emploi, les sous-préfets d'arrondissement devront également jouer un rôle essentiel en la matière.
Ces quatre orientations, qui vont faire l'objet dans quelques jours d'une circulaire adressée aux Préfets constituent les axes majeurs de cette nouvelle étape de mobilisation.
Elles impliquent, j'en suis très consciente, que les Préfets, les cadres pour l'emploi et vous-mêmes, Mesdames et Messieurs les Commissaires, fassiez preuve d'une ardeur redoublée au cours des mois qui viennent.
Sachez que ma confiance, celle du Premier ministre, celle du ministre du Travail et des Affaires Sociales, vous sont acquises a priori.
Sachez aussi que je continuerai, avec l'équipe restreinte qui m'entoure, à être à votre écoute, à prendre en compte vos suggestions, et à aller à votre rencontre, dans vos départements, aussi fréquemment que mon emploi du temps me le permettra.
Je suis convaincue que vous mesurez tous l'importance des responsabilités qui sont les vôtres.
Plus que jamais, le développement de l'emploi, et en particulier celui des jeunes, constitue l'enjeu majeur de notre société. Si nous remportons quelques victoires dans cette bataille pour l'emploi qui nous mobilise tous depuis 6 mois – et n'oublions pas qu'un seul emploi créé ou sauvegardé, c'est déjà une victoire – alors l'espérance reviendra le cœur des Français, et avec elle la confiance et la foi dans l'avenir.
23 janvier 1996
Le Provençal
Anne-Marie Couderc, ministre de l'Emploi
Objectif 250 000 embauches de jeunes
On pourrait l'appeler "Madame Emploi". Depuis huit mois, au sein du gouvernement, elle a en charge ce dossier sensible. D'abord, comme secrétaire d'État, ensuite, comme ministre.
Autant dire que ce dossier lui colle à la peau, ne la quitte pas, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Et si, d'advertance, elle oubliait, des sacs entiers de courrier sont là chaque matin pour le lui rappeler.
Anne-Marie Couderc n'est pas venue à cette haute responsabilité par hasard. Elle était directrice des Ressources humaines du groupe Hachette lorsqu'Alain Juppé l'a appelée auprès de lui. Elle était donc familiarisée avec les rapports sociaux.
L'emploi elle le vit au quotidien. Non pas en technicienne, mais sur le terrain, dans des rencontres avec des acteurs de ce problème, qu'ils soient chefs d'entreprises, responsables d'associations, fonctionnaires ou, plus simplement, demandeurs d'emploi.
Anne-Marie Couderc est donc aussi par définition le ministre du dialogue permanent.
Le Provençal : Voici maintenant huit mois que vous êtes confrontée au dossier de l'emploi. Quel diagnostic global portez-vous ?
Anne-Marie Couderc : Notre pays s'est considérablement modernisé et développé dans la seconde moitié de ce siècle : notre place est reconnue au plan international. Nous avons des atouts considérables : une inflation maîtrisée, un commerce extérieur excédentaire, un niveau d'éducation qui nous est envié par nos partenaires.
Pourtant, une véritable rupture a eu lieu dans les quinze dernières années. Alors que notre économie devenait e plus en plus performante, une partie des Français se trouvait rejetée de la croissance par le développement du chômage. Je pense en particulier aux jeunes Français : quel avenir peuvent-ils attendre d'un pays qui ne leur offre pas de travail ?
C'est l'analyse de ce déséquilibre qui a conduit le président de la République à faire de l'emploi la priorité absolue de l'action du gouvernement qui va tout faire pour que la France retrouve son unité et qu'à la fin de ce siècle, la France soit celle de l'initiative, du progrès et de l'enthousiasme.
Les mesures que nous avons prises depuis huit mois ont toutes un même objectif rendre l'infrastructure économique, sociale et financière de notre pays la plus efficace possible. Voilà des années que les dispositifs sont empilés les uns sur les autres sans que l'on s'interroge véritablement sur leur cohérence d'ensemble et leurs incidences sur l'emploi. Ce que nous conduisons aujourd'hui, c'est une grande opération de retour à la cohérence et à l'efficacité.
Dans cette action de modernisation, le gouvernement joue son rôle et il en assume pleinement la responsabilité. Mais il nous faut aussi rétablir la confiance et l'initiative.
Il n'y a pas de fatalité…
Il n'y a pas de fatalité : je connais une entreprise dans laquelle la direction et les salariés ont réussi, par des aménagements d'horaires par une amélioration des compétences, à baisser les coûts de production en dessous de ceux de l'Indonésie et à faire ainsi rapatrier des productions dans notre pays ; à l'heure où les bons esprits se lamentent sur les délocalisations industrielles, c'est un exemple à méditer.
Le Provençal : Comment va se dérouler la suite du sommet social ? Quelles en sont les étapes les plus immédiates ? Que peut-on en attendre ?
Anne-Marie Couderc : Le sommet social a permis au gouvernement, aux organisations syndicales de salariés et au patronat de fixer un objectif : le développement de l'emploi, et notamment celui des jeunes. Il s'agit maintenant d'approfondir les discussions et d'obtenir rapidement des résultats concrets.
Deux grands thèmes ont été retenus.
L'emploi des jeunes, tout d'abord. L'emploi des jeunes est un enjeu national. Un pays qui ne permet pas à ses jeunes d'entrer normalement dans la vie active est un pays qui compromet son avenir.
C'est pourquoi nous nous sommes fixé un dispositif ambitieux : 250 000 emplois supplémentaires devront être dégagés cette année. Notre travail et celui des partenaires sociaux s'organisera autour de trois grands axes :
L'orientation et l'information des jeunes : les jeunes doivent trouver toutes les informations nécessaires pour pouvoir choisir un métier une formation, en connaissance de cause.
L'amélioration de la formation. L'apprentissage que les contrats de qualification sont de bonnes filières qu'il faut améliorer et développer. Le financement de l'apprentissage, a d'ores et déjà, été revu pour le simplifier et le rendre plus efficace. Mais nous irons plus loin, quelque 350 000 jeunes devront entrer en 1996 dans des formations en alternance.
Jacques Barrot prépare une grande réforme des dispositifs de formation qui ont aujourd'hui plus de 20 ans et qui doivent être adaptés aux nouvelles conditions de notre société et de notre économie.
L'accès à l'emploi. Neuf branches professionnelles ont, d'ores et déjà, pris des engagements en la matière, huit autres seront prêtes à signer des chartes avec l'État dans les jours qui viennent. Près de la moitié des métiers seront ainsi couverts. Les contacts se multiplient en ce moment avec les entreprises, les professions les partenaires sociaux pour que des objectifs concerts d'embauche de jeunes soient fixés.
Ces trois axes sont complémentés par des efforts particuliers en direction des jeunes en situation d'échec scolaire. Les missions locales font déjà un important travail pour les aider à accéder à l'emploi. Mais l'action de l'État, des collectivités locales, les partenaires sociaux et des entreprises n'est pas assez coordonnée. Des programmes d'insertion régionaux sont [mots Illisibles] place dans les [mots Illisibles] pour fédérer l'ensemble des interventions.
Le Provençal : Le deuxième thème du sommet social, c'est l'aménagement et la rédaction du temps de travail.
Anne-Marie Couderc : C'est là un moyen efficace de rendre les entreprises plus performantes et de créer des emplois : quand deux personnes se succèdent pour réaliser une triche là où il n'y en avait qu'une auparavant, il y a davantage de travail pour un meilleur résultat à un moindre coût, c'est une logique dans laquelle chacun trouve son compte.
Mais il faut tenir compte de la diversité de l'organisation du travail dans les différentes professions. On ne travaille pas de la même manière dans l'hôtellerie et l'industrie automobile. La méthode retenue consiste donc à laisser le dialogue social se poursuivre dans les branches professionnelles, tout en se fixant des délais rapides mais réalistes pour déboucher sur des solutions concrètes les partenaires sociaux devront avoir conclu un nouvel accord avant le 31 juillet. L'État jouera aussi son rôle en tant qu'employeur puisqu'il n'est engagé à conduire des négociations sur l'aménagement et la réduction du temps de travail dans la fonction publique et à demander aux entreprises publiques de se me montrer innovatrices dans ce domaine.
Un conflit, c'est un traumatisme mais aussi une occasion de progrès
Le Provençal : Comment concilier dans le dialogue les positions qui opposent notamment la CGT et FO au gouvernement ? Est-il possible de parvenir à un accord sans concessions réciproques ?
Anne-Marie Couderc : J'ai envie de vous répondre avec mon expérience d'entreprise. J'ai été assez longtemps directrice des ressources humaines pour savoir qu'un conflit, c'est un traumatisme, mais c'est aussi une occasion de progrès.
Le gouvernement a fait des ouvertures. Les organisations syndicales l'ont bien compris et elles se sont assises à la table de négociations. Le sommet social de Matignon, qui en a résulté, a été l'occasion, pour l'État, pour les représentants des entreprises et des salariés, de réfléchir ensemble sur les problèmes essentiels que sont, aujourd'hui, pour notre société, l'emploi des jeunes et l'aménagement du temps de travail.
Un relevé de conclusions est issu de ce sommet. Il nous reste maintenant à travailler ensemble pour mettre en œuvre cet orientations.
Permettre l'emploi, en 1996, de 250 000 jeunes de plus qu'en 1995 constitue un objectif très ambitieux.
Pour atteindre cet objectif, des moyens importants et multiples seront mobilisés le gouvernement a décidé de mettre en place :
– le CIE jeunes dans les entreprises ;
– le contrat d'initiative locale dans les associations et les communes.
Des mesures qui s'ajoutant à l'alternance et aux emplois ville, permettront de répondre à toutes les situations.
Être dynamiques et à nouveau confiants
Le Provençal : Alain Juppé place 1996 sous le signe de l'emploi ? Quels sont les résultats raisonnables que l'on peut escompter, étant donné les prévisions pessimistes sur la croissante ?
Anne-Marie Couderc : Les prévisions pour le premier semestre 1996 indiquent un tassement provisoire de la croissance. Dans le passé, une telle perspective aurait eu pour effet une forte augmentation du nombre de demandeurs d'emploi. Les incidences seront aujourd'hui moins fortes. Cela témoigne de l'effort accompli pour rendre la croissance plus riche en emplois dans notre pays, même si l'ouvrage doit être poursuivi et l'effort amplifié.
Il nous faut être dynamiques et à nouveau confiants : pour une entreprise, un carnet de commandes, qu'est-ce d'autre qu'un marché qu'elle a réussi à conquérir ? Un emploi sauvé ou un emploi créé, c'est la rencontre d'initiatives individuelles et c'est la reprise de la consommation.
Les bons résultats des guichets Initiative-Emplois
Le Provençal : Vous avez mis en place des guichets Initiative-Emploi. Répondent-ils à ce que vous espériez ?
Anne-Marie Couderc : Les guichets Initiatives-Emploi sont un des éléments importants de l'effort de simplification que conduit le gouvernement pour faciliter l'action des entreprises et leur permettre de se consacrer entièrement à leur production et à la création d'emplois.
Ces guichets, qui sont désormais en place dans tous les départements, permettent aux petites entreprises qui souhaitent disposer en un lieu unique d'une information fiable et synthétique sur toutes les mesures publiques relatives à l'emploi, de trouver des réponses à leurs questions, d'être aidées dans leurs démarches.
Nous avons confié à la SOFRES, une enquête de satisfaction qui a donné d'excellents résultats (85 % de satisfaits du service). Mais il nous faut aller plus loin, car les guichets ne touchent pas encore suffisamment les plus petites entreprises qui sont celles qui en ont le plus besoin. Aussi, j'ai demandé aux responsables des guichets de se préparer à aller au-devant d'elles, car il ne faut plus qu'on puisse dire dans notre pays : embaucher, c'est trop compliqué.
Le Provençal : Quelles sont les raisons d'espérer ? La sortie du tunnel est-elle encore lointaine ?
Anne-Marie Couderc : J'ai réuni la semaine dernière l'ensemble des commissaires départementaux pour l'emploi et les cadres issus du secteur privé qui ont été recrutés pour les seconder. J'ai ainsi pu mesurer l'ampleur de la mobilisation qui existe au niveau local. Les initiatives sont nombreuses et apportent des solutions.
Cette dynamique et cette volonté qui existent sur le terrain ne sont malheureusement pas perceptibles. Si toutes ces expériences apparaissent aujourd'hui isolées, demain je suis sûre qu'elles constitueront un grand mouvement national pour l'emploi. Il nous appartient de les aider de les multiplier à l'échelon national.
Il est coupable de céder au climat de morosité qui se développe actuellement. Il faut que chacun se mobilise, retrouve le goût d'entreprendre et d'agir, il faut que chacun sache que l'emploi est un bien, une valeur essentielle et commune à tous les Français. Cela demande de changer les mentalités.
Propos recueillis par Jean-René Laplayne