Interview de M. Yves Galland, ministre délégué aux finances et au commerce extérieur, à "Paris-Match" le 14 mars 1996, sur le projet de loi sur la loyauté et l'équilibre des relations commerciales, et sur les réactions de la grande distribution.

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Intervenant(s) : 
  • Yves Galland - ministre délégué aux finances et au commerce extérieur

Média : Paris Match

Texte intégral

Q - Votre projet de loi déchaîne les protestations des patrons de la grande distribution. Défilent-ils dans votre bureau pour tenter d'adoucir le texte ?

Non, je ne les vois pas défiler à Bercy car je les ai consultés auparavant. Mon prédécesseur, Hervé Gaymard, et moi-même avons rencontré quelque 70 organisations professionnelles et 20 associations de consommateurs pour leur expliquer notre projet. La grande distribution a des réactions disproportionnées et surprenantes. Quand j'entends Michel-Édouard Leclerc affirmer que 7 000 à 8 000 produits sont concernés par la réforme, cela veut dire qu'il ne respecte pas, aujourd'hui, la loi, puisque la vente à perte est déjà interdite. La loi doit être respectée par les grands comme par les petits.

Q - Daniel Bernard, le P.D.G. de Carrefour, craint comme beaucoup de patrons de la grande distribution que votre projet de loi ne fasse flamber les prix, au détriment des consommateurs.

Là aussi, j'entends des réactions ahurissantes. Selon tel distributeur, la nouvelle loi provoquera une hausse des prix de 3 à 8 % sur l'ensemble du magasin. Un autre vous dira qu'elle sera de 4 ou 5 % sur 400 ou 500 prix. Dans ce dernier cas, cela signifie, rapporté à l'ensemble des 50 000 à 70 000 produits d'un magasin, une hausse de 0,05 % ! Tel autre encore à l'honnêteté de reconnaître qu'il n'y aura pas de hausse du tout. C'est celui-ci qui a raison. Avec les nouvelles règles du jeu, la grande distribution ne pourra plus, comme aujourd'hui, pratiquer la revente à perte, avec des prix « prédateurs » qui sinistrent des filières professionnelles entières et font des milliers de chômeurs. Ces prix, qui, en remontant, sauvegarderont l'emploi, seront compensés par un plus grand nombre de promotions et de prix en baisse, dans des conditions légales cette fois. Ainsi, la réforme n'aura aucune incidence sur le prix du panier de la ménagère.