Interviews de M. Jack Lang, membre du bureau national du PS, dans "L'Evénement" du 4 février 1999 et à RTL le 24, sur le Pacs, la dépénalisation du cannabis, sa fidélité à François Mitterrand et la liste PS aux élections européennes.

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Média : Emission L'Invité de RTL - RTL

Texte intégral

L'Événement - 4 Février 1999

L’Évènement :
Après cette manif anti-PACS du week-end dernier, craignez-vous un retour de l’ordre moral ?

Jack Lang :
Nous sommes en démocratie, libre à ces groupes de manifester. Quant à nous, la gauche, il est clair que nous ferons voter le texte sur le PACS. Rien ne nous détournera de notre volonté.

L’Évènement :
Mais quand on voit 125 députés signer l’appel à cette manifestation, il y a de quoi s’inquiéter ?

Jack Lang :
Ces gens se trompent d’époque. La société est en avance sur eux et ils mènent un combat d’arrière-garde. Même dans des pays où les conservateurs partagent le pouvoir avec des socialistes, ce type de contrat a été accepté depuis longtemps.

L’Évènement :
Vous ne croyez pas qu’il y a, en France, un climat d’homophobie ?

Jack Lang :
Non. Je crois que notre pays est un pays aux idées neuves, tolérant, respectueux des opinions. J’ai une vision très optimiste de la société française. C’est la société politique qui est en retard.

L’Évènement :
Sur la parité hommes-femmes, par exemple, vous trouvez la classe politique ringarde ?

Jack Lang :
En ce qui nous concerne, les choses sont, là aussi, très claires. Ce thème figurait dans les propositions du PS et Lionel Jospin l’a confirmé dans sa déclaration d’investiture.

L’Évènement :
Que pensez-vous des arguments d’Élisabeth Badinter, qui refuse la parité ?

Jack Lang :
Je suis en radicale opposition. Je ne partage pas du tout cette conception abstraite, désincarnée, irréelle des droits des êtres humains. Quand on veut véritablement établir l’égalité des droits, il faut autoriser le législateur à prendre des mesures correctrices des inégalités. C’est vital. La situation des femmes dans la vie politique française est un scandale. Le Parti socialiste a unilatéralement accompli des efforts tout à fait louables lors des dernières législatives pour augmenter la présence des femmes à l’Assemblée, mais nous sommes encore loin du compte…

L’Évènement :
Que faut-il faire de plus ?

Jack Lang :
D’abord, le texte établi d’un commun accord entre le président de la République et le Premier ministre doit être définitivement adopté. Aujourd’hui, le Sénat coince, mais c’est au chef de l’État de dire clairement à l’opinion publique ce qu’il souhaite, c’est à lui de débloquer la situation. J’espère qu’un sursaut se produira, sinon il faudra organiser très vite un immense mouvement dans tout le pays.

L’Évènement :
Mené par la gauche 

Jack Lang :
Et aussi par la droite. Il y a, là, des gens remarquables qui se battent pour la parité hommes-femmes, je pense en particulier à la députée RPR, Roselyne Bachelot.

L’Évènement :
Sur un tout autre sujet, comment réagissez-vous à la campagne menée contre Cohn-Bendit ?

Jack Lang :
Il est navrant que l’on puisse faire référence à son origine. Au contraire, moi, je suis un européen passionné, et je me réjouis qu’il puisse se présenter ici.

L’Évènement :
Et lorsque c’est Jean-Pierre Chevènement qui dépasse la mesure contre lui ?

Jack Lang :
Je réagis de la même façon, mais il ne faut pas en faire une montagne !

L’Évènement :
Partagez-vous un certain nombre de valeurs avec Cohn-Bendit, la sortie du nucléaire par exemple ?

Jack Lang :
Je ne suis pas un spécialiste. J’ai plutôt tendance à raisonner avec mon flair et un peu de bon sens. Pour moi, la moins mauvaise des solutions, c’est la diversité des sources d’énergie. À partir de là, le nucléaire y a sa part, mais de façon plus modeste à l’avenir, en prenant des précautions, en les renforçant même, pour se prémunir contre tout risque. Le maître mot, c’est l’équilibre. Ce serait de la folie de dire : on supprime le nucléaire. C’est impossible.

L’Évènement :
Et, à propos de cannabis, quelle est votre position : dépénalisation, statu quo…

Jack Lang :
Ma position n’engage que moi. Je considère que, depuis des années, on se met la tête sous l’oreiller. On est dans la pure hypocrisie. Entendez-moi bien, je ne suis pas du tout favorable à la drogue. Je pense qu’il faut tout faire pour convaincre, prévenir, informer afin d’éviter que des jeunes ne se détruisent. Il faut aussi mener une action beaucoup plus énergique contre les trafiquants et…

L’Évènement :
… D’accord, mais quand vous parlez d’hypocrisie, que voulez-vous dire exactement ?

Jack Lang :
Je me demande tout simplement pourquoi l’usage personnel du cannabis est sanctionné comme un délit alors que d’autres drogues très dangereuses, comme le tabac et l’alcool, peuvent être consommées sans limite. Ces drogues tuent des milliers de gens chaque année. À ma connaissance, le cannabis n’a encore tué personne.
On comprend mal cette attitude complaisante à l’égard du tabac et de l’alcool – même s’il y a eu des textes comme la loi Évin –, qui non seulement tuent des vies humaines, mais coûtent très cher à la Sécurité sociale. Alors pourquoi montrer du doigt le seul cannabis ?

L’Évènement :
Vous avez une solution ?

Jack Lang :
Non. Je ne suis pas spécialiste, mais j’estime qu’il faudrait un véritable débat national. Qu’on mette autour d’une table des médecins, des toxicomanes, des éducateurs, des jeunes… qu’on essaie de réfléchir aux moyens de traiter ces questions en adultes. Après tout, on a aussi le droit de confronter nos solutions à celles d’autres pays tout aussi civilisés que nous, les Pays-Bas, par exemple. Ce que je réprouve, c’est l’absence de débat.

L’Évènement :
Vous souhaitez donc que Lionel Jospin et le gouvernement ouvrent ce dossier ?

Jack Lang :
Oui, je souhaite que les autorités nationales lancent le débat. Mais il ne faut pas se limiter à la seule question du cannabis. Il faut aussi trouver la réponse à apporter à la consommation de produits dangereux comme l’ecstasy. Ce sont des saloperies effroyables qui ruinent la santé. On n’informe pas les jeunes sur ces produits et, du coup, ils sont entre les mains des trafiquants qui leur font bouffer n’importe quoi.

L’Évènement :
Je peux vous poser une question un peu personnelle ? Avez-vous déjà fumé du cannabis ?

Jack Lang :
Bien sûr. Quand j’avais 18 ou 20 ans.

L’Évènement :
Vous avez arrêté après ?

Jack Lang :
J’ai arrêté après. De toute façon, ça avait plutôt tendance à m’endormir.

L’Évènement :
Si je comprends bien, vous trouvez que la France est un peu coincée. C’est vrai aussi dans le secteur économique ?

Jack Lang :
Dans ce domaine, ce qui a été engagé, depuis dix-huit mois, va dans le bon sens. C’est le cas, par exemple, des mesures autorisant les chercheurs à créer des entreprises. Jusqu’ici, en France, c’était l’impossible. Le chercheur qui voulait créer une entreprise était considéré comme douteux, presque délictueux.

L’Évènement :
Qu’est-ce qu’il faut faire alors ?

Jack Lang :
Il faut accélérer les choses. En Angleterre, vous créez une entreprise en deux heures. Ici, on vous demande encore des paperasseries invraisemblables et, au lieu de vous encourager, on vous dégoûte en vous demandant d’abord de verser deux chèques, un pour la Sécurité sociale, l’autre pour les impôts. Ce n’est plus possible. Il est urgentissime de dire et de montrer qu’en France les créateurs d’entreprise sont aimés, soutenus, considérés, encouragés, épaulés, accompagnés. Il faut décréter les mille fleurs de la création d’entreprise.

L’Évènement :
Avec un discours pareil, vous n’avez pas peur d’être traité de dangereux libéral ?

Jack Lang :
Tout ça, ce sont des distinguos à la gomme. Je suis pour la libération, pour un État libérateur des énergies, des talents et des initiatives.

L’Évènement :
Et vous les estimez un peu bridés aujourd’hui ?

Jack Lang :
Beaucoup trop. C’est de là que viendront les emplois principalement. Regardez ce qui se passe aux États-Unis, où l’immense majorité des emplois sont créés dans des entreprises de haute technologie et, le plus souvent, dans de nouvelles entreprises. On a raconté beaucoup de mensonges sur les États-Unis en faisant croire que toutes les créations d’emploi venaient de jobs précaires. Aujourd’hui, les nouveaux emplois sont des emplois de longue durée créés dans la haute technologie. Il faut que l’Europe, elle aussi, se dépoussière.

L’Évènement :
Parlons des élections européennes. Vous êtes toujours candidat pour mener la liste PS ?

Jack Lang :
Je ne suis candidat à rien du tout. Que mon nom ait été prononcé, j’en suis touché. Mais, à l’heure où je vous parle, je n’ai absolument pas décidé de proposer ma candidature. Et, de toute façon, dans l’état actuel des choses, le meilleur candidat, ce serait le premier secrétaire, François Hollande, car il est en charge des destinées du Parti socialiste.

L’Évènement :
Vous seriez favorable à une liste qui réunirait socialistes et chevènementistes du MDC ?

Jack Lang :
Les socialistes doivent conserver l’intégralité de leur vision européenne. Ce serait une erreur que d’aller vers l’Europe à reculons. Il faut que nous soyons les éclaireurs, les pionniers, les avant-gardistes d’une Europe nouvelle. Je me souviens d’un très mauvais slogan inventé autrefois par un ministre socialiste qui avait évoqué « l’Europe, oui mais ». Nous, c’est « l’Europe, oui tout court ».

L’Évènement :
Si Chevènement venait sur la liste socialiste, il faudrait qu’il enlève le « mais »…

Jack Lang :
Je le pense. On peut ne pas me suivre.

L’Évènement :
Votre candidature poserait problème à certains jospinistes… Elle donnerait l’impression d’un retour à la Mitterrandie. Que répondez-vous ?

Jack Lang :
D’abord, je vous le répète avec force, je ne suis pas candidat. Ensuite, qu’est-ce que ça veut dire la Mitterrandie ? Je ne me défends pas d’avoir été et de demeurer un ami de François Mitterrand. Rien ne me révulse plus que les reniements, les trahisons, les abandons. J’ai aimé François Mitterrand, je l’aime toujours et je me sens très proche de lui. Pas question pour moi de le renier.

L’Évènement :
Vous avez le sentiment que François Mitterrand est maltraité ?

Jack Lang :
Oui, certainement. Mais c’est tristement banal. Ceux-là même, hommes politiques ou observateurs, qui l’avaient porté au pinacle, aujourd’hui n’hésitent pas à le jeter aux orties. C’est ce qu’on appelle le purgatoire, que traverse toujours, à un moment ou à un autre, une grande personnalité qui a marqué son temps !

L’Évènement :
Et vous pensez que ce purgatoire va durer ?

Jack Lang :
Je ne le crois pas, parce que je pense que son œuvre est partout en filigrane, que ce soit dans la politique internationale, la politique pour la culture, l’éducation, la rénovation de la démocratie, la réforme de la justice… Tenez, un homme comme Lionel Jospin rappelle souvent, dans la conversation, ce qu’il a appris de François Mitterrand et de quelle manière il en a tiré le meilleur usage pour lui-même et pour le Parti socialiste. Je dirais que la grande qualité du Premier ministre est d’avoir su, avec beaucoup de maîtrise, tirer les enseignements de nos actions antérieures, réussies ou moins réussies.


RTL - Mercredi 24 février 1999

RTL :
Après 17 jours de pourparlers à Rambouillet, Serbes et Albanais sont parvenus à quelques éléments de consensus sur l’autonomie du Kosovo. C’est une base suffisante, vous pensez, pour arriver à un véritable accord dans quinze jours ?

Jack Lang :
Je crois que les ministres ont bien travaillé, en particulier Hubert Védrine. Personnellement, je garde espoir et j’espère que nous réussissons à trouver un compromis dans le courant du mois de mars.

RTL :
Une autre négociation entre pays de l’Union européenne, celle-là, s’avère très serrée : c’est celle sur la politique agricole commune à Bruxelles. À votre avis, les Allemands imaginent vraiment, à travers une réforme de cette politique agricole, faire payer à la France la facture du budget européen ?

Jack Lang :
Je ne pense pas, mais nous sommes confrontés – ce n’est pas nouveau – à deux traditions différentes, deux cultures différentes, l’Allemagne et la France, et ce n’est pas étonnant qu’il y ait, en dernière minute ou en dernière semaine, un affrontement vif mais amical. Ce n’est pas surprenant mais, ce qui est bon pour notre pays, c’est que l’exécutif soit uni et derrière l’exécutif le Parlement.

RTL :
Mais vous pensez que la cohabitation… ?

Jack Lang :
On en dit toujours du mal mais, au moins, reconnaissons sur ce point qu’elle a une vertu positive de faire apparaître la France comme déterminée à soutenir son agriculture et la réforme de l’agriculture.

RTL :
S’il n’y avait pas la cohabitation, ce serait plus difficile ?

Jack Lang :
Rappelez-vous en 1992, lorsqu’il y a eu la réforme de la PAC, où cela a été des affrontements qui parfois ont frisé la guerre civile.

RTL :
Les occupations, les barrages ?

Jack Lang :
Les occupations de mairie, des barrages et de quelle manière, à l’époque, les députés socialistes étaient agressés ! Mais parlons du futur.

RTL :
Juste un mot : le gouvernement allemand est de gauche, celui de France aussi. Cela facilite les relations ou cela n’a rien à voir ?

Jack Lang :
Bien sûr que cela facilite les relations. Nous avons des contacts directs immédiats, francs et amicaux.

RTL :
Vous connaissez personnellement Gerhard Schröder et plusieurs membres du gouvernement allemand. Vous pensez qu’ils peuvent entrer facilement dans une logique de crise ?

Jack Lang :
Non, je pense qu’ils sont dans une logique de construction positive et vous verrez qu’au mois de juin prochain, le gouvernement allemand, président de l’Union européenne, fera des propositions pour la relance de la construction politique européenne et à nouveau le moteur franco-allemand…

RTL :
Quel genre de propositions ?

Jack Lang :
Pour relancer la procédure pour la construction politique européenne, pour renforcer nos institutions européennes.

RTL :
Ce sera accepté et acceptable par la France ?

Jack Lang :
Naturellement et je crois qu’ensuite les Français, lorsqu’ils présideront, un an plus tard, l’Union européenne, auront pour mission de faire aboutir cette réforme.

RTL :
Vous êtes très tuyauté là-dessus ?

Jack Lang :
C’est une idée que j’ai lancée, donc j’espère qu’elle fait son chemin et je ferai tout pour qu’elle réussisse.

RTL :
Votre nom a circulé avec insistance, jusqu’au mois dernier, pour diriger la liste socialiste aux élections européennes, et, finalement, c’est François Hollande. Alors vous êtes déçu ?

Jack Lang :
Nullement, je n’étais candidat à rien, alors je n’ai jamais souhaité être candidat à quoi que ce soit, à aucune fonction, ni à aucun hochet, ni à aucune tête de liste. Simplement, en septembre, Lionel Jospin et François Hollande m’ont très gentiment demandé de réfléchir à la direction de la liste. J’ai été très touché et à l’époque. Il y avait la flambée Cohn-Bendit, une liste unique de la droite qui risquait d’arriver en tête et on se disait, sans doute, que je pouvais être, parmi quelques autres, un bon bouclier pour garantir au PS un bon score et la première place.

RTL :
Et puis la droite s’est divisée.

Jack Lang :
En janvier, changement de décor, changement de paysage et changement de climat : la droite se casse en plusieurs listes. Dès lors le PS est assuré – ce n’est pas un scoop – d’arriver sans difficulté en tête et pour cette raison, et sans doute d’autres raisons que je ne connais pas, François Hollande change alors d’avis et se proclame légitimement – il est premier secrétaire – tête de liste. Mais tout est bien qui finit bien : j’ai été honoré d’avoir été pressenti en septembre quand le combat paraissait difficile, et je suis également honoré d’avoir été écarté en janvier quand la bataille s’annonce plus aisée. Et je suis sensible à ce double hommage. Au fond, mes amis me connaissent bien : ils savent que je n’aime pas les campagnes gagnées d’avance et puis j’ai toujours préféré conquérir les terres de mission plutôt que le confort des circonscriptions quatre étoiles.

RTL :
Oui, c’est philosophique, tout cela. Vous disiez : « d’autres raisons », mais on a su qu’il y avait eu une pétition à l’intérieur du PS qui ne voulait pas de vous comme tête de liste.

Jack Lang :
Oui, une petite minorité sectaire, je dirais.

RTL :
C’étaient des amis de Michel Rocard ?

Jack Lang :
Là encore, je préfère susciter la passion plutôt que l’indifférence. Mais ces quelques sectaires n’ont pas fini de m’entendre parler. Je suis libre, j’ai la chance de bénéficier de la confiance populaire et je continuerai à dire mon sentiment. Mais ce socialisme sectaire, un peu ranci, il faut le dire, heureusement minoritaire…

RTL :
Vous savez qui cela est exactement ?

Jack Lang :
Oui, quelques personnes. Vous retrouverez leurs noms. Ce socialisme-là n’est pas très conforme à l’idéal de la gauche plurielle et, d’une certaine manière, le mitterrandisme a bon dos : il sert de masque commode aux petits calculs de ceux qui croient caresser Jospin dans le sens du poil, lequel Premier ministre n’en a rien à cirer de ces bassesses. Il respire, dieu merci, à une autre altitude où l’air est moins vicié. En tout cas, ma devise reste inchangée : un pour tous, tous pour un. Je continuerai à me battre pour une gauche moderne et vivante et, pendant la campagne européenne, si on veut bien de moi, je serai le bon soldat de base.

RTL :
Cela est possible, puisque j’ai vu que François Hollande avait dit, en parlant de vous : « nous avons besoin de son talent, de son imagination, de son enthousiasme ». Il dit que vous êtes une référence non seulement en France, mais dans toute l’Europe et peut-être au-delà. Ça va : on vous aime bien ?

Jack Lang :
Je suis très touché par ce qu’a dit François Hollande et à mon tour de dire – et non pas du tout parce qu’il a été très gentil avec moi – qu’il sera une excellente tête de liste. Par ailleurs, puisqu’il m’y invite, en effet, je vais mener une campagne internationale. N’oublions pas que c’est une campagne européenne ! À Rome, nous organisons, avec quelques amis, un rassemblement de 200 000 personnes, au Colisée, contre la xénophobie ; à Cologne, avec le groupe U2 et quelques autres, nous imaginons une grande manifestation pour obtenir l’annulation de la dette des pays pauvres. Bref, il y a beaucoup de combats à mener.

RTL :
Et pour la campagne en France, on a déjà, dans la gauche plurielle, la composition de la liste très ouverte du Parti communiste. Vous trouvez que eux démarrent bien ?

Jack Lang :
Disons très franchement que la liste Hue est une liste qui marque un esprit d’ouverture certain et bravo d’avoir ainsi ouvert cette liste ! Moi, j’aimerais beaucoup – je l’ai dit souvent – que la liste socialiste soit, sur un plan, aussi un modèle, que nous fassions appel à des personnalités extérieures qui, dans la société, ont joué un certain rôle sur le plan international. Et j’aimerais, aussi, comme l’ont fait certains amis dans d’autres pays – en Italie, par exemple – que notre liste soit ouverte à des personnalités d’autres pays. C’est cela une campagne européenne.

RTL :
Il y a déjà beaucoup de critères entre les députés sortants, les femmes, les gens qu’il faut mettre sur cette liste. Vous rajoutez un élément de complication.

Jack Lang :
Non, au contraire ! Je crois qu’il faut donner à cette campagne du souffle, un souffle européen, un souffle international. Il faut faire rêver d’une Europe proche, d’une Europe exaltante. Voilà un beau chantier pour les socialistes qui souhaitent réellement, et pas seulement en paroles, la rénovation de leur parti.