Article de Mme Christine Bonnefon, secrétaire nationale de la FEN, dans "FEN Hebdo" du 12 mars 1999, sur le rapport de Mme Anne-Marie Colmou concernant les femmes dans la haute fonction publique.

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Média : FEN Hebdo

Texte intégral

À la demande du ministre de la fonction publique, Anne-Marie Colmou a été chargée d'une mission sur la promotion des femmes dans la fonction publique.

L'état des lieux reprend les statistiques connues dans les trois fonctions publiques.

Les femmes y sont nombreuses avec des différences importantes par secteurs et par catégorie. Ainsi en 1996, le ministère des affaires sociales en comptait 71,2 %, mais le ministère de l'intérieur 26,6 % ; en catégorie A, celui des affaires sociales n'en compte plus que 50,7 % et l'intérieur 21. Ensuite, on ne trouve que trois directrices et 25 adjoints et chefs de bureau à l'emploi et la solidarité contre 0 et 1 à l'intérieur…

Anne-Marie Colmou voit dans ces chiffres la trace historique de l'exclusion.

Elle publie la note d'un chef de bureau qui, en 1925, donne son avis autorisé et sans ambiguïté : « parmi les nombreuses mesures néfastes prises, (…), l'une des plus regrettables est assurément celle qui a donné accès aux femmes dans le cadre supérieur ». Cinq ans plus tard, une lauréate au concours des carrières diplomatiques se voyait expliquer qu'elle « ne pouvait représenter publiquement son pays… ».

Si le principe de l'égalité des sexes est inscrit dans la loi depuis 46, la première femme préfet n'est nommée qu'en 1974, la première inspecteur des finances en 75…

Tout comme Jacques Roché, Madame Colmou décrit le « présentéisme » des cadres français.

La présence tardive sur le lieu de travail pour les cadres du privé comme du public constitue un des signes du pouvoir. La multiplication des réunions et leur durée dissuadent en priorité les femmes de s'engager dans des emplois qui les coupent de la vie personnelle.

Enfin, le schéma classique des carrières et le système de cooptation en vigueur éliminent les femmes des réseaux de connaissance qui constituent les viviers pour les emplois supérieurs.

Dix-sept propositions terminent ce rapport : les statistiques, les concours, les carrières, l'aménagement du temps de travail…

La plupart de ces propositions ne concernent pas seulement les femmes, mais bien tous les agents qui souhaitent équilibrer leur vie professionnelle et personnelle.