Interview de Mme Marylise Lebranchu, secrétaire d’État aux petites et moyennes entreprises, au commerce et à l'artisanat, dans "l'Entreprise" d'octobre 1997, sur le soutien à la création d'entreprise et à l'embauche, intitulée "Levons les obstacles à la création d'entreprise !".

Prononcé le 1er octobre 1997

Intervenant(s) : 

Média : ICF l'indicateur de l'entreprise - L'Entreprise

Texte intégral

L’Entreprise : La création d’entreprise décline. Fait-on ce qu’il faut pour l’encourager ?

Marylise Lebranchu : Il n’y a pas assez de créateurs d’entreprise. Le plus gros effort [illisible] doute à mener dans le système éducatif, qui forme actuellement les jeunes à devenir de futures salariés, et pas des créateurs. Claude Allègre, le ministre de l’éducation nationale, partage aussi cet avis. Dans le cadre du plan Aubry, nous encourageons la création d’entreprise par des jeunes de 18 à 30 ans. Nous avons prévu une avance remboursable de 30 000 francs (il ne s’agit pas d’une aide, ce qui pourrait constituer une sorte de concurrence déloyale envers ceux qui sont déjà installés) et un chèque-accompagnement pour la structure qui s’engagera à suivre le créateur durant deux ou trois ans (plate-forme d’initiative locale, fondations, boutiques de gestion, etc.). Car je veux aussi limiter la mortalité des jeunes entreprises.

L’Entreprise : Qui va gérer cette aide ? Combien avez-vous budgété ?

Marylise Lebranchu : La Banque de développement des PME, avec son réseau, me semble la mieux placée pour gérer ces avances. Le projet de budget 98 prévoit une enveloppe de 200 millions de francs.

L’Entreprise : Comment encourager les petites entreprises à créer davantage d’emplois ?

Marylise Lebranchu : Les entreprises qui augmentent leurs effectifs bénéficieront, dans la limite de 50 000 francs, d’une réduction d’impôt de 10 000 francs par emploi. C’est une mesure inscrite dans le projet de loi de finances 98 discuté au Parlement au moment où nous parlons.

L’Entreprise : Peut-on encourager l’épargne des particuliers à s’orienter vers les entreprises quand elle peut se placer sans risque dans l’assurance-vie ?

Marylise Lebranchu : Les pouvoirs publics ne favorisent pas suffisamment les micro-apports. En pleine chasse aux niches fiscales, les secrétariat d’État aux PME propose donc d’en créer une ! Les avantages en faveur du capital-risque de proximité devraient être au moins égaux à ceux de l’assurance-vie. Nous souhaitons que les particuliers puissent placer aussi leur épargne auprès des mouvements associatifs qui aident les créateurs.

L’Entreprise : Et pour les entrepreneurs qui ont vendu leur entreprise et souhaitent soutenir des créateurs ?

Marylise Lebranchu : Dans le projet de budget 1998, en discussion cet automne, nous avons aussi prévu un report d’imposition des plus-values de cession en cas de réemploi dans des petites et moyennes entreprises nouvelles.

L’Entreprise : Envisagez-vous de revenir en arrière sur la fiscalité des stock-options ?

Marylise Lebranchu : Les stock-options sont très peu connues en France. Mais il est vrai que le dispositif était utile pour les jeunes entreprises, à condition d’éviter les abus. Nous avons par conséquent mis au point un dispositif de bons de souscription d’actions (RSA) pour la création d’entreprise. La durée de détention nécessaire pour pouvoir profiter de ces bons sera réduite à deux ou trois ans (contre cinq ans dans le cas des stock-options nouvelle version).

L’Entreprise : Comment comptez-vous lutter contre la complexité administrative, l’« impôt formulaire » ?

Marylise Lebranchu : C’est vrai que les formalités administratives représentent des coûts cachés très importants. Je suis submergée de propositions. Mais nous n’avons pas encore trouvé les deux ou trois gros chantiers prioritaires. Je travaille à la simplification de la liasse fiscale. Le guichet social unique est également indispensable… mais toutes les caisses (maladie, vieillesse, etc.) ne sont pas d’accord pour choisir qui sera le chef de file.

L’Entreprise : Est-ce difficile d’être ministre des PME dans un gouvernement de gauche ?

Marylise Lebranchu : Non, au contraire ! Dès que je fais une proposition, il y a vingt voix qui se précipitent pour la reprendre…