Texte intégral
Europe 1 : mercredi 3 décembre 1997
Europe 1 : Les PME sont chouchoutées ; il est vrai qu’elles créent souvent des emplois. Tout à l’heure, au Conseil des ministres, vous allez présenter les trente-sept premières mesures de simplification administrative en faveur des PME. Il y a des lois, des décrets, des formulaires : des paperasses en tout genre. Ça coûte cher ?
Marylise Lebranchu : Oui. La commission chargée des simplifications administratives en France a estimé à 60 milliards de francs le coût de toutes les démarches en temps et en coût direct des entreprises. Premier constat : il faut commencer à leur envoyer un message fort, expédier un message fort, que tout le monde comprenne et qui soit accessible à toutes les entreprises, quelle que soit leur taille.
Europe 1 : C’est très bien, mais chaque gouvernement, de droite ou de gauche, est rempli de sollicitude à l’égard des PME, simplifie, corrige. On imagine le poids, l’asphyxie qui doit peser sur elles. Mais trente-sept mesures, pourquoi pas cent, cinquante ? Est-ce que les fonctionnaires qui ont préparé ces dossiers n’ont pas réussi à compter jusqu’à cinquante ?
Marylise Lebranchu : Non, ils savent compter jusqu’à cinquante ! Mais nous avons pris une démarche très pragmatique : un rapport parlementaire de D. Baeri qui présentait la possibilité de faire cinquante-cinq mesures ; un mois seulement pour mettre tout le monde au travail, ministère de l’économie et des finances, Strauss-Kahn, Aubry, etc.
Europe 1 : C’est votre job, et en plus, c’est attendu par les PME. Qu’est-ce que ça donne ?
Marylise Lebranchu : Ça donne d’abord un bulletin de paie beaucoup plus simple pour les toutes petites entreprises. En prenant en compte le fait qu’elles ne sont pas toutes sur Internet, on passe par le Minitel. Ça donne que le jour où l’on voudra créer son entreprise, au lieu de passer des jours et des jours à attendre ses papiers, en vingt-quatre heures, pour les petites entreprises, ce sera fait. Donc, ça donne des choses simples, applicables dès 1998. Ça donne aussi une série de décrets qui vont passer le même jour. Ça donne un ensemble cohérent.
Europe 1 : Je lisais qu’il y avait la possibilité de créer son entreprise en une journée.
Marylise Lebranchu : En un jour, oui. On a dit vingt-quatre heures, le jour franc. Ça, c’est une petite révolution dans le monde des entreprises françaises. Vous avez fait vos démarches avant dans votre tête et avec votre banquier ; vous allez au greffe du tribunal et à la chambre de commerce et d’industrie pour tout avoir ; vingt-quatre heures après, c’est fini.
Europe 1 : La moyenne jusqu’à présent, c’était quoi ? Cinq jours ? Une semaine ?
Marylise Lebranchu : C’était plus d’une semaine, généralement.
Europe 1 : Quand vous allez voir votre banquier, il vous dit non.
Marylise Lebranchu : Le banquier avait besoin de ce papier pour ouvrir le dossier du prêt. Maintenant, il ne peut pas dire : « J’attends le papier. » Il l’a au bout de vingt-quatre heures. Donc, on a gagné du temps.
Europe 1 : Ces mesures, c’est à partir de quand ?
Marylise Lebranchu : À partir de tout de suite après Noël : en janvier 1998, on commence. On passera tout ce qui est législatif au Parlement en une fois. On va vite.
Europe 1 : Mais ne faut-il pas aller plus loin ? Par exemple, baisser les charges des PME-PMI et défiscaliser ces entreprises pendant deux ou trois ans ?
Marylise Lebranchu : Là, il ne faut pas confondre simplification administrative et réforme des charges et des coûts sociaux. On leur enlève beaucoup de soucis. On leur enlève beaucoup de paperasses. On leur fait gagner du temps. On leur permet d’être mieux dans leur tête. Imaginez une chose que vous ne vivez peut-être pas : pour l’URSSAF, il faut que la lettre arrive dans les bureaux le jour où elle doit arriver. Maintenant, le cachet de La Poste fera foi. Vous ne pouvez pas savoir ce que ça fait de soucis en moins dans la tête des petites entreprises. C’est important !
Europe 1 : C’est un premier train de mesures ?
Marylise Lebranchu : Voilà. Bien sûr, ça rejoint autre chose : le coût des charges sociales, c’est quoi ? C’est le coût du travail. C’est un autre dossier. Je crois qu’actuellement, plusieurs chantiers sont ouverts pour qu’on y arrive.
Europe 1 : Donc, il y aura d’autres mesures qui s’additionneront aux cinquante-sept. Ce n’est pas moi qui demande de faire baisser les charges des PME, de les défiscaliser. Vous savez qui le dit ? C’est Claude Allègre, ce matin, dans « Le Figaro ».
Marylise Lebranchu : Est-ce que vous savez déjà que – Madame Aubry le rappelait hier à l’Assemblée nationale – jusqu’à une fois et demie le SMIC, il y a déjà une exonération de charges ? Il ne faut pas oublier ce qui existe, parce qu’on a peut-être trop tendance à oublier ce qui existe. Dans les petites entreprises, on a surtout malheureusement, je dirais – des salaires qui ne sont pas très élevés.
Europe 1 : Les PME vont vous remercier, sans aucun doute, mais la seule décision qui, aujourd’hui, leur conviendrait, c’est que vous renonciez à la loi sur les 35 heures.
Marylise Lebranchu : Je ne suis pas certaine de ça. Je vais souvent en province, en région je rencontre de plus en plus de chefs d’entreprise qui ont une autre approche de ce dossier, en disant : « Moi je l’ai déjà fait », pour certains d’ailleurs. D’autres me disent qu’ils sont en train d’y réfléchir. Et j’ai vu un cas important, l’autre jour, dans la région de Bordeaux : une petite entreprise qui s’est rendu compte que son organisation de travail, avec ses employés présents cinq jours et ses cadres qui couraient d’un endroit à l’autre, ne fonctionnait pas. Ils ont fait les 35 heures réparties sur quatre jours, les cadres travaillent seuls le vendredi et ça fonctionne.
Europe 1 : D’accord, mais on ne peut pas généraliser à partir de tel ou tel cas. Vous ne pouvez pas contourner les syndicats patronaux par quelques chefs d’entreprise volontaires ?
Marylise Lebranchu : Je pense qu’il faut écouter et entendre qu’il y a deux ans pour faire une action volontaire et qu’au bout de ces deux ans, on aura réduit les coûts sociaux généraux.
Europe 1 : Une dernière question sur ces thèmes : les chefs de PME sont inquiets, si les 35 heures sont vraiment appliquées, ou quand elles le seront, est-ce que vous éviterez que le SMIC augmente mécaniquement de 11,5 %, c’est-à-dire d’accroître le coût du travail ?
Marylise Lebranchu : Je suis obligée de citer la réponse de Martine Aubry hier, qui est en charge de ce dossier…
Europe 1 : Pourquoi pas.
Marylise Lebranchu : … avec Dominique Strauss-Kahn pour l’économie et les finances. Elle sait bien, sur les 35 heures, l’emploi et le travail, elle a répondu qu’effectivement on a un problème technique. Mais quand on a devant soi deux ans pour régler un problème technique et qu’on a en plus avec soi des gens prêts à négocier et à en discuter, je pense qu’au bout de deux ans, on va régler ce problème-là. Il ne faut pas que ça devienne une obsession, il faut que l’on regarde les choses telles qu’elles sont aujourd’hui, avec une possibilité de passer à 35 heures, 9 000 francs par salarié pendant deux ans. Au bout de deux ans, on fait un bilan, n’oubliez pas qu’on fait un bilan.
Europe 1 : Mais en même temps, vous n’êtes pas sûre, vous ne pouvez pas rassurer Lucien Rebuffel de la CGPME et les chefs d’entreprise, vous ne pouvez pas les rassurer et leur dire que vous allez forcément créer des emplois ? C’est un pari ?
Marylise Lebranchu : C’est un pari, effectivement, mais c’est un pari positif et réfléchi. Dans un pays où il y a plus de trois millions de chômeurs, près de sept millions de personnes en précarité, la consommation intérieure ne monte pas, elle est atone. Et la majorité des petites entreprises ont essentiellement besoin de consommateurs.
Europe 1 : Et pour les grandes, vous avez entendu Ernest-Antoine Seillière qui vous a conseillé ici même, hier, de renoncer à l’aspect autoritaire de la loi. Il dit que si vous le faites, les patrons négocieront dans les entreprises. Sinon, ils vont se battre absolument contre une loi qui est pour eux dangereuse et créatrice de chômeurs.
Marylise Lebranchu : D’abord, ce que j’ai regretté, dans son intervention un petit peu dure, ou très dure, c’est que les 35 heures, qui sont un bon débat de fond et de société, deviennent quasiment un appel à un combat des chefs. C’est un petit peu comme ça que j’ai vécu son intervention d’hier.
Europe 1 : Vous voulez dire qu’il a choqué le Gouvernement avec sa phrase ?
Marylise Lebranchu : Je n’en ai pas parlé au Gouvernement. Je vous dis ce que j’ai pensé, moi.
Europe 1 : Vous êtes le Gouvernement ou une partie du Gouvernement.
Marylise Lebranchu : Une partie du Gouvernement. Moi, je crois qu’il faut qu’il se souvienne quand même qu’il est dans un pays où, aujourd’hui, le taux de chômage est important, moi je sais les chiffres de l’économie.
Europe 1 : Lui aussi.
Marylise Lebranchu : Je sais les données macro-économiques.
Europe 1 : Et les grands chefs d’entreprise le savent.
Marylise Lebranchu : Mais je sais aussi les hommes, je sais aussi les difficultés, je sais aussi les problèmes de consommation. Je vais vous confier quelque chose de plus personnel : j’ai un mari médecin hospitalier psychiatre. Il me dit : « Faites quelque chose ! » Pourquoi ? Parce que le partage du travail, c’est une question de justice, c’est une question de santé, c’est une question d’équilibre pour les individus et pour les sociétés. Il faut prendre tout ça en compte. Moi je sais l’économie, mais je sais aussi les hommes et j’aimerais bien que des choses évoluent collectivement. Il y a un vrai pari collectif à prendre parce que notre consommation est trop basse, notre économie est tirée par l’extérieur, Monsieur Seillière le sait et il sait qu’en négociant, il aura en face de lui un Gouvernement et des partenaires sociaux qu’il oublie.
Europe 1 : Vous pensez qu’il fait trop de politique, déjà ?
Marylise Lebranchu : Non, il est en campagne pour son élection. Je n’ai pas à juger ce qu’il fait ou pas. Mais qu’il fasse attention, je crois qu’il ne faut pas que l’on se trompe ; historiquement, la France a toujours basé ses évolutions socio-économiques sur la négociation. Alors il a un Gouvernement présent, il a des partenaires syndicaux présents : si lui est absent, il y aura un problème quand même.
Europe 1 : Je l’ai entendu hier, vous aurez du mal à le convaincre.
Marylise Lebranchu : Non, mais j’espère que je le rencontrerai pour lui expliquer tout ce que j’en pense et puis je ne suis pas toute seule.
La Nouvelle République du Centre-Ouest : samedi 6 décembre 1997
Le dire et le faire
J’en suis convaincue, et chacun le sait : les PME sont un élément essentiel au dynamisme de notre économie. Elles s’installent sur des niches d’activités nouvelles et savent s’adapter pour conquérir des marchés, sur l’Hexagone comme à l’international. Commerces, services et industries, les entreprises animent le territoire, même dans les zones plus difficiles éloignées des grands centres d’activité. Ces dernières années, seules les PME ont majoritairement créé de l’emploi dans ce pays.
Avec conviction, le Gouvernement entend faciliter leur développement. Des preuves en sont apportées dans le budget pour 1998. Et je viens de présenter, au nom des ministères concernés, trente-sept dispositions de simplification administrative visant à réduire « l’impôt paperasses ». Certaines seront concrétisées au 1er janvier prochain, la plupart en 1998, les dernières au plus tard le 1er janvier 1999. Alors, par exemple, les entrepreneurs seront assurés que leurs versements sociaux sont à bonne date, le cachet de La Poste faisant désormais foi. Pour les PME de moins de dix salariés, non informatisées et sans moyens administratifs, le bulletin de salaire sera simplifié. Pour l’accès aux marchés publics, le trésorier-payeur général fera la ronde des services pour fournir le précieux « état annuel des certificats sociaux et fiscaux ». Ces premières mesures ne résoudront évidemment pas tout. Le Premier ministre a donc prévu, pour septembre prochain, l’évaluation du chemin parcouru, afin d’initier de nouveaux progrès. Cet exemple, je crois, résume bien la méthode de ce Gouvernement : « Faire ce que l’on dit, dire ce que l’on fait », selon la formule de Lionel Jospin.
La mise en œuvre des trente-cinq heures est une autre proposition qui concerne les PME. Contrairement à ce qu’une partie du patronat voudrait faire croire, avec des slogans type « combat des chefs », cette disposition peut être favorable au développement des entreprises. L’aménagement du temps de travail, qui l’accompagne, permettra de mieux coller aux exigences de délai et de service de la clientèle, de reconsidérer l’organisation interne qui, en se rigidifiant, génère des économies. C’est aussi l’ouverture faite aux aspirations individuelles des salariés : plus de temps, négocié et adapté aux situations locales, introduira plus de modernité dans la gestion de la ressource fondamentale que sont les hommes et les femmes des entreprises. C’est, bien sûr, créer de l’emploi et, à terme, diminuer les coûts sociaux, donc abaisser le coût du travail.
Je sais les contraintes, je sais les chiffres, mais je sais aussi les hommes qui créent l’économie : chefs d’entreprise et salariés. Ils sauront gagner cette bataille. De cela aussi, je veux être convaincue.
La Nouvelle République du Centre-Ouest : samedi 6 décembre 1997
La violence chez les jeunes
« Nous avons une responsabilité collective »
Il faut travailler dans les quartiers en difficulté avec les policiers pour l’indispensable sécurité. Mais il convient aussi d’avoir une autre approche du problème. Je peux vous donner un exemple concret. À Morlaix, dans un quartier, une quinzaine de jeunes ont saccagé la piscine. Ils ont été arrêtés. Deux mois après, les agriculteurs ont cassé la ville. Et alors qu’on était là, dehors, à constater les dégâts, un jeune – un de ceux qui avait été arrêtés – m’a dit : « Les agriculteurs, Madame, sont rentrés chez eux, eux. » Je crois que nous, adultes, n’avons pas droit à la faute. Nous avons une responsabilité collective.
« Il faut passer des messages simples »
Il faut, par ailleurs, parler avec les jeunes, trouver des médiateurs de leur style qui sachent communiquer avec eux. Les jeunes ne veulent plus, souvent, des éducateurs sociaux classiques. Et il faut passer des messages simples. Un exemple : même si le Jean est déchiré, même si tes cheveux sont bleus et même s’il y a une épingle de sûreté dans la peau qui peut choquer, ne pourrait-on pas recommencer quand même à dire bonjour, nous aussi, et ne pas dévisager avec recul ?
Le communisme
« Je souhaite un débat fort »
Qu’est-ce qui fait qu’une théorie de la valeur a pu conduire à une telle forme de dictature sanglante ? Je souhaite un débat fort, public et sans arrière-pensée, que les intellectuels s’y mettent, comme les politiques. J’entends par intellectuels les historiens, les philosophes et les économistes. J’ai récemment discuté de ce sujet avec des jeunes, et ils m’ont fait écouter la chanson de Sardou qui dit « Lénine reviens, ils sont devenus fous. » Or, tout d’un coup on découvre, aujourd’hui, que tout est parti de Lénine. Le choc, il est là : on a cru à une déviation, et en fait tout était joué dès le départ.
Le colonialisme
« Qu’avons-nous fait en Algérie et en Afrique ? »
Nous-mêmes, sommes-nous certains d’avoir totalement analysé l’attitude de la France pendant la guerre d’Algérie ? Qu’avons-nous fait en Afrique noire, vraiment ? Le jour où ces pays auront des écrivains et des cinéastes de qualité, ayant la possibilité de s’exprimer, ils vont nous renvoyer une image de l’influence occidentale qui ne nous mettra pas à l’aise et qu’il faudra bien assumer. Cela fait partie du même schéma ! Le débat sur le communisme permet actuellement d’occulter d’autres débats que l’on ne veut pas avoir pour l’instant.
Textile
« Un soutien est nécessaire »
Le secteur du textile doit être aidé du fait de ses difficultés spécifiques. Le plan de soutien qui avait été mis en place a toutefois été interdit par Bruxelles. Les plus petites entreprises du secteur bénéficient cependant d’un sursis. Le Gouvernement travaille sur un nouveau système d’aide, qui s’inscrit dans un cadre défensif, s’agissant de sauver des emplois. La négociation est en cours en intégrant la perspective de la réduction du temps de travail. Cette industrie conserve des atouts, sur les articles de qualité et la fabrication de séries courtes de réassort. Il convient également de rééquilibrer le partage de la valeur ajoutée : je trouve anormal qu’on vende 240 F un tailleur qui aura été payé 40 F au façonnier.
Entreprises
« Revoir les aides »
La majorité des aides allouées aux entreprises viennent des régions et des départements. Dans le cadre des prochains contrats de plans régionaux, qui seront discutés en 1999, nous devrons définir de nouvelles règles du jeu. Il est anormal qu’une entreprise qui a bénéficié d’une aide aille s’implanter ailleurs sans la rembourser. Pire même : des chefs d’entreprise revendent leur affaire à un prix valorisé par l’aide reçue sans qu’ils la restituent. Il faut également éviter la surenchère entre les collectivités.
Il est mauvais de tomber dans un système de droit à l’aide auquel, bien souvent, n’ont accès que les spécialistes. Il y a trop d’aides aux entreprises. Mais certaines restent bonnes, comme celle à l’embauche du premier cadre, à l’innovation technologique et à la prise de risque. Car il ne faut pas croire que l’on peut s’exonérer totalement de mesures d’aides aux entreprises. Tous les pays y ont recours.
Prud’hommes
« Pas de syndicats politiques »
On doit séparer syndicalisme et politique. La participation, aux élections prud’homales, de listes liées au Front national, c’est dramatique. Il faut craindre l’extrémisme qui cristallise des rancœurs diverses. On devrait, tant à gauche qu’à droite, séparer le syndicalisme de la politique. C’est l’avenir.
Manifestations paysannes
« D’abord régler le débat sur l’aide au produit »
Je comprends la réaction contre le « paquet Santer ». L’agriculture a largement profité de la PAC, et elle sait que ce n’est pas une rente de situation. En revanche, c’est ma position, tant qu’on n’aura pas réglé en France le débat entre l’aide au produit et l’aide à l’exploitant agricole, ce qui revient à dire « plus vous produisez, plus vous êtes aidés », on ne sera pas très forts pour entraîner les Européens derrière nous. Car tous les systèmes d’aides au produit concourent à faire tomber le modèle d’exploitation familiale, que l’on défend en France avec pas mal d’ambiguïté.
Cultures transgéniques
« Il faut lancer le débat »
Il y a un produit autorisé, et maintenant il faut lancer le débat. Sur le maïs, les Européens nous reprochaient notre incohérence. On attendait une réponse à la double question sur le danger pour la santé et sur les risques pour l’environnement. Sur ces deux points, la réponse est « non ». Venant d’une région où le maïs empoisonne l’eau, je suis plutôt favorable à une solution permettant de diminuer les insecticides dans les champs. Mais pour l’ensemble des organismes génétiquement modifiés, il faudra savoir donner des autorisations au compte-gouttes. À mon avis, le moratoire pour les cultures refusées sera long.
Imposition
« Revoir la taxe professionnelle »
À terme, quel impôt de substitution à la taxe professionnelle et sur quelles bases asseoir cet impôt nouveau ? D’ici là, il conviendrait déjà d’exonérer de l’assiette de la taxe professionnelle toutes les embauches nouvelles. Cette défiscalisation de l’embauche serait profitable aux PME, qui ont besoin d’investir en compétences nouvelles.
Procès Papon
« Médiatiquement mal présenté ! »
Je suis un peu déçue du procès. Non pas des débats eux-mêmes qui ont évidemment leur importance, mais de leur impact. Et je fais là référence aux jeunes que je rencontre. Après tout, c’est aussi, sinon d’abord à eux, que ce procès doit apporter des leçons. Or, honnêtement, ils se désintéressent complètement du suivi du procès, hormis ceux, en terminale, qui peuvent avoir des explications. On est en train de louper quelque chose. C’est médiatiquement mal présenté. C’est : arrêt-maladie de Papon, pas arrêt-maladie de Papon, arrêt-maladie, etc. Peut-être est-ce voulu…