Texte intégral
LE GOUVERNEMENT ET LES JEUNES
Je comprends l’impatience des jeunes, mais si j’avais un conseil à leur donner, ce serait de ne pas attendre qu’on leur donne la parole, mais de la prendre, et de ne pas se contenter de prendre la parole, mais de commencer à agir.
Le gouvernement est conscient de l’intensité de l’attente des jeunes. C’est pourquoi son premier geste, après son installation, a été de proposer le « plan jeunes pour l’emploi », prévoyant trois cent cinquante mille emplois pour les jeunes, dans des secteurs tout à fait nouveaux qui correspondent, pour une bonne part, à leur attente.
L’ENVIRONNEMENT ET L’EMPLOI
D’ailleurs, dans le domaine de compétences qui est le mien, celui de l’aménagement du territoire et de l’environnement, nous sommes confrontés à une très forte attente des jeunes qui sont très sensibles à l’environnement et qui sont désireux d’inventer avec nous ces nouveaux métiers. (...) Dans le domaine des déchets, dans le domaine de l’eau, dans Ie domaine de l’aménagement et de l’entretien des espaces, dans le domaine de l’éducation à l’environnement, nous avons besoin d’eux.
LE DÉVELOPPEMENT DURABLE
Les jeunes sont plus sensibles à ce que nous appelons le développement durable, une autre façon d’habiter la terre, de façon plus harmonieuse, moins brutale, tenant compte des impacts à long terme de nos activités. Je me suis d’ailleurs rapidement aperçue que cette idée évidente pour moi ne l’était pas pour la plus grande partie des Français. L’environnement, l’écologie et l’emploi ne sont pas incompatibles, au contraire. Aujourd’hui, bien des entreprises se rendent compte que la façon la plus efficace pour elles de créer des emplois est non seulement d’être exemplaires du point de vue environnemental, mais aussi de développer des technologies permettant de gaspiller moins d’énergie, d’utiliser moins d’eau, de rejeter le moins possible de pollution dans l’atmosphère ou dans les sols, parce que polluer, gaspiller, détruire, ne jamais prendre en compte les conséquences à long terme des actes du jour coûte extrêmement cher aux entreprises et à la collectivité. (...)
LA VIOLENCE DES JEUNES ET LE DISCOURS « JEUNISTE »
On peut comprendre la violence sans l’accepter. Pourtant, une part extrêmement réduite des jeunes choisit de s’exprimer par la violence. Beaucoup créent, font du sport, voient leurs amis, font de la musique, suivent des études, ont une vie familiale harmonieuse. (…) Je comprends le désarroi des jeunes, je comprends le désespoir de certains d’entre eux, et je considère comme une urgence et une priorité de répondre à leur attente. Cela dit, je me sens assez étrangère à un certains discours « jeuniste ». Je ne pense pas que le chômage d’une personne de 50 ans ou 52 ans soit moins grave que le chômage d’un jeune de 22 ou 25 ans, qui a beaucoup plus d’énergie et d’atouts pour penser à son insertion (…).
C’est une excellente idée que de faire en sorte que les jeunes soient inscrits de façon automatique sur les listes électorales. Cela suffira-t-il pour leur donner envie d’aller voter ? Il y a beaucoup de choses à faire pour redonner du peps à la vie démocratique et pour que les mots des politiques parlent aux jeunes.
« NE PAS ÊTRE LA CAUTION VERTE DU GOUVERNEMENT »
Quand on décide de participer à un gouvernement, ce n’est pas avec l’idée d’en être le trublion, celui ou celle, qui tous les jours, va faire un coup, annoncer l’arrêt d’un projet ou le lancement d’un autre. (…) L’essentiel du travail d’un ministre, c’est de travailler sur des dossiers, d’engager des négociations et des concertations avec les partenaires sociaux, ce qui ne se fait pas toujours devant les caméras. (…) Je prends garde de ne pas entériner l’idée que je serais au gouvernement la caution verte, marrante, mais dérangeante. (…)
LE PROJET SUR LA NATIONALITÉ
Que les choses soient claires : entre le 1er juin, date du second tour des élections législatives, et le 1er décembre, je n’ai pas changé. Je suis très à l’aise avec les idées défendues par les députés Verts à l’Assemblée. (…) En ce que concerne la loi sur la nationalité proposée par Élisabeth Guigou, le résultat des longs débats menés à l’Assemblée me paraît tout à fait honorable. Certes, j’aurais préféré qu’on en revienne à une conception encore plus large du droit du sol et que tout enfant né en France, dont les parents résident depuis au moins cinq ans sur le territoire national, puisse être considéré comme Français.
QUESTION. Demanderez-vous aux députés Verts de voter ce texte ?
Je ne leur demanderai pas, mais je sais qu’ils le feront sans rupture par rapport à leurs valeurs ou leurs convictions. Quand on est membre d’une majorité plurielle et qu’on a le souci de respecter ses partenaires autant qu’on exige d’être respecté par eux, on sait que les positions évoluent au fil d’un débat et se mûrissent de façon collective. (…) Amendement après amendement (…), les positions évoluent. Je ne pense pas que les Verts renoncent à quoi que ce soit de fondamental pour eux en votant ce projet de loi que je considère comme équilibré et tout à fait honorable.
« JE SOUHAITAIS L’ABROGATION DES LOIS PASQUA-DEBRÉ »
Je l’ai dit publiquement, je souhaitais l’abrogation des Lois Pasqua-Debré. Non pas tant à cause de l’efficacité qu’elle aurait eue, (...) mais parce qu’il me semblait indispensable de marquer une rupture avec les épisodes désastreux qui ont caractérisé les responsabilités d’Alain Juppé comme Premier ministre. Pendant des années, on a confondu (...) l’étranger, l’immigré avec le clandestin, le délinquant, le toxicomane, le profiteur, etc. Il était utile de marquer symboliquement une rupture avec cette époque-là. (...)
LES TRENTE-CINQ HEURES
La phrase de M. Seillière invitant à déstabiliser Lionel Jospin apparaît particulièrement scandaleuse, parce qu’il ne s’agit pas là de défendre les intérêts du patronal contre un projet particulier, mais d’une attaque ad hominem qui me parait tout à fait nouvelle dans la vie politique française. (…) Je suis extrêmement inquiète quant à l’attitude présente et future de M. Seillière. Tant d’entreprises ont déjà commencé de diminuer le temps de travail que les 35 heures méritent autre chose que des phrases caricaturales.
QUESTION. Vous disiez aussi : 32 heures avant la fin de la législature !
Ce n’est pas Dominique Voynet qui dit cela, mais l’accord passé entre les Verts et la Parti socialiste. C’est pourquoi je serai extrêmement attentive à ce que cette loi ne laisse pas de côté la plus grande partie des salariés. Je tiens beaucoup à ce que la totalité des salariés du pays passent aux 35 heures avant la fin de la législature. C’est l’engagement que nous avons pris devant les électeurs.
QUESTION. N’êtes-vous pas inquiète de l’attitude du gouvernent ?
Il existe des motifs d’inquiétude, mais nous sommes très bien armés pour résister. Une majorité plurielle avec cinq partenaires suppose un dialogue constant entre les différentes composantes (…). Je crois que la plupart des composantes de la majorité sont très attachées aux 35 heures. Ce sera à nous, le moment venu, de faire en sorte que ni la fonction publique ni les petites entreprises ne soient oubliées dans le dispositif. (…)
LA PASTILLE VERTE
La pastille verte n’est pas une autorisation de circuler. La pastille verte marquera les véhicules considérés comme propres, en fonction des technologies existantes. (…) La pastille vert ne doit être donnée qu’aux véhicules qui n’aggravent pas la situation en ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre et les rejets de différents polluants (…) : les véhicules à essence catalysés, les véhicules diesel catalysés, c’est-à-dire seulement mis en service à partir de 1997 (…) et les véhicules circulant au GPL, au GNV, ou encore les véhicules électriques (…). Ils représentent un gros quart du parc automobile. Selon le degré de pollution atmosphérique, pourraient être autorisés à circuler non seulement les véhicules dotés de la pastille verte, mais d’autres. (…) C’est pourquoi, nous avons eu l’idée de mettre en place une pastille (…) orange, accordée plus largement à des véhicules pouvant rouler en cas de pollution moins grave (…), c’est-à-dire dès le niveau 2 (…), par exemple, ceux effectuant du covoiturage, les véhicules d’urgence, de service, de transports collectifs. (…)
C’est compliqué parce que (…) la loi sur l’air n’est pas très bien fichue (…). Un article prévoit une pastille verte pour les véhicules non polluants. Un autre propose de restreindre la circulation au niveau 3, sans dire quels véhicules peuvent rouler et quels véhicules peuvent rouler et quels autres ne peuvent pas, et sans dire s’il existe un lien entre la pastille verte et le niveau 3. (…) Pour moi, il est hors de question de donner une pastille verte à des voitures qui ne seraient pas catalysées et seraient responsables d’émissions de poussières ou de polluants qui sont pas seulement graves pour la pollution de l’air quelques jours par an, mais qui provoquent des dégradations de la santé et de l’environnement tous les jours de l’année. (…) Ma liberté de parole est bien connue. Si, après des arbitrages interministériels compliqués, on donnait une pastille verte à des véhicules polluants, je le dirais. (…) La pastille verte dit : votre véhicule n’est pas polluant ; la pastille orange dirait : votre véhicule l’est un peu moins et, de ce fait, il a le droit de rouler à des niveaux de qualité de l’air moins dégradés. (…)
LE MAÏS TRANSGÉNIQUE
Deux types de conséquences auraient pu être craintes. En premier lieu, des impacts sur l’environnement par croisements entre l’espèce de maïs transgénique et des plantes sauvages. Ce risque peut être écarté, dans la mesure où il n’existe pas de plantes sauvages de la famille du maïs capables de se croiser avec le maïs. En second lieu, des conséquences sanitaires, soit dans la consommation des produits fabriqués avec ce maïs, soit en raison de résistances aux antibiotiques, liées non à la présence d’un antibiotique dans le maïs, mais à la présence d’un gène résistant à un antibiotique (...) couramment utilisé (...). Je déplore la présence de ce gène de marquage, car je pense qu’il n’apporte rien au maïs Novartis et qu’il peut engendrer des difficultés. Il faut demander à Novartis de renoncer à la présence de ce gène de marquage dans son maïs.
(...) Nous sommes convenus d’un moratoire sur l’ensemble des plantes génétiquement modifiées, sauf sur quelques espèces de maïs sur lesquelles les experts (...) étaient rassurants. Non, en revanche, pour le colza et pour les betteraves. (...) L ‘idée du moratoire, c’est la volonté de faire en sorte qu’un très large débat sur cette question soit mené. (...) Ce débat durera le temps qu’il faudra pour que notre conviction soit bien assurée. (...)
Les Verts n’étaient pas favorables à une autorisation du maïs Novartis. Après avoir lu bien des textes et entendu bien des scientifiques, j’ai cru devoir donner mon accord à la stratégie retenue. (...) Mais nous restons très vigilants. (…)
SOLIDARITÉ GOUVERNEMENTALE ET LIBERTÉ DE PAROLE DES VERTS
QUESTION. C’est une nouvelle distorsion entre les propos des Verts et votre position ?
Cela va se renouveler parce que ma responsabilité, c’est de faire valoir mon point de vue dans un gouvernement pluraliste où chaque ministre fait valoir un angle d’attaque un peu différent. Il est tout à fait normal et très précieux pour moi que les Verts gardent totalement leur liberté de parole et cette exigence citoyenne qui les caractérise depuis si longtemps. (…)
LES ÉLECTIONS RÉGIONALES
Je redis : pourquoi changer une stratégie qui gagne ? (…) Le conseil national des Verts partage pour l’essentiel mon avis puisqu’il a pris la décision d’inviter les écologistes à engager la discussion en vue de la constitution de listes communes de la majorité plurielle aux régionales. (…) Un accord pour les listes communes, oui, mais un accord programmatique et un accord électoral qui soit un accord de respect réciproque entre partenaires d’une dynamique politique. Nous ne sommes pas des forces d’appoint. Nous sommes indispensables à cette dynamique majoritaire, peut-être pas toujours d’une façon arithmétique, mais sur le plan des idées et de la crédibilité politique. (…)
Je souhaite bien sûr que Marie-Christine Blandin (…) puisse exercer un deuxième mandat. Il n’y a pas de risque qu’elle s’installe dans la région Nord-Pas-de-Calais pendant cinquante ans. (…)
Je ne pense pas être candidate. Je pourrais l’être si les choses se passaient mal au sein de la majorité plurielle, mais rien ne me permet de le craindre aujourd’hui. (…) Les électeurs ne pardonneraient pas aux ministres de mener des listes uniquement parce qu’ils s’estimeraient meilleurs que leurs petits camarades le temps d’une campagne. (…)
LE TRAVAIL D’ÉQUIPE DU GOUVERNEMENT
Un observateur extérieur qui viendrait de l’autre bout du monde sans savoir qui est qui aurait extrêmement de difficultés à placer une étiquette sur chacun d’entre nous au Gouvernement. C’est sans doute le plus grand des mérites de la majorité plurielle que d’avoir mis en place ces réunions d’équipe au cours desquelles tout le monde s’exprime. (…) Ne pas tenir compte des contraintes de l’industrie ou de l’emploi serait de ma part irresponsable. Bien sûr, je suis écologiste, mais je pense que les transitions doivent être assumées de façon souple et responsable. (…)
LA LOI PASQUA SUR L’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
Je n’ai pas envie de faire passer à la trappe la loi Pasqua. Si mon ambition était de remplacer la loi Pasqua par la loi Voynet, ce serait petit et mesquin. Ce qui compte pour moi, c’est que les impasses de la loi Pasqua soient dépassées. (…) Je souhaite disposer d’un outil en état de marche pour discuter avec les régions des prochains contrats de plan. (…) Je ne veux pas mettre l’édifice à par terre, je veux le toiletter, le rénover, introduire un certain nombre d’idées innovantes. (…)
LA LIAISON RHIN-RHÔNE
Non, je ne veux pas remplacer le canal par le TGV. (…) Oui, je veux trouver une solution à un problème qui n’est peut-être pas celui qu’avaient identifié les promoteurs de la liaison (…). Le problème de l’augmentation du nombre de camions sur les routes. La réponse, ce n’est pas le canal. (…) C’est sans doute le rail et la complémentarité intelligente entre le rail et la route. (…)
LE SOMMET DE KYOTO
(…) Un accord ne sera possible à Kyoto que si les plus gros pollueurs changent de comportement. Aujourd’hui, les États-Unis renouvellent la promesse de Rio. (…) Comment les croire alors qu’ils refusent la mise ne place de mesures nationales et internationales ? (…) Il est indécent de s’en tenir à cette position. (…)
Décider de ne rien faire au motif que les pays les plus riches et les plus pollueurs ont bien le droit de continuer, c’est prendre des risques considérables pour l’avenir et c’est faire preuve d’un cynisme inacceptable à l’égard des pays qui seront concernés très vite par les conséquences de l’effet de serre : je pense aux îles (…) ou à ceux qui ont des deltas très grands et très peuplés. (…) Le plan national de lutte contre l’effet de serre que j’ai rendu public ne demande pas spécialement d’efforts aux industriels et aux artisans. (…)
La présence de nombreuses centrales nucléaires a permis à la France de s’exonérer d’autres efforts qui seront nécessaires dans l’avenir. (…) Le nucléaire est très peu responsable d’émissions de gaz à effet de serre mais il génère beaucoup de déchets. (…)
Il est indispensable de remettre en place une véritable politique de maîtrise de l’énergie, pour limiter les gaspillages et de diversification des sources d’énergie pour qu’en 2010 (…) nous ayons vraiment la possibilité de nous passer du nucléaire comme la plupart des grands pays développés le font. (…)
On doit utiliser chaque source d’énergie pour ce qu’elle fait de mieux. Je ne songe pas à proposer autre chose que l’électricité pour l’éclairage ou pour l’entrainement des moteurs. Par contre, je pense que le chauffage électrique et la climatisation des logements sont des usages de l’électricité qu’on peut s’épargner dans une perspective d’économie d’énergie et de diversification. C’est pourquoi je souhaiterais que toutes les énergies moins polluantes soient mises à contribution : je pense notamment au développement de la cogénération et à un usage intelligent du gaz. (…)
LA MARIJUANA
QUESTION. Êtes-vous toujours favorable à la légalisation de la marijuana ?
Cela ne vous regarde pas !