Interviews de M. François Hollande, premier secrétaire du PS, dans "Paris-Match" du 27 novembre 1997 et dans "Le Figaro magazine" du 29, notamment sur les propositions du PS au congrès de Brest, la majorité plurielle et la cohabitation, le procès du stalinisme, les privatisations, l'emploi et l'immigration.

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Intervenant(s) : 

Circonstance : Congrès du PS à Brest du 21 au 23 novembre 1997

Média : Le Figaro Magazine - Paris Match

Texte intégral

PARIS-MATCH : 27 novembre 1997

Paris-Match : Le congrès du Parti socialiste qui se tient dès demain à Brest sera-t-il un congrès pépère ou mouvementé ?

François Hollande : Il doit être un congrès utile aux Français, et pas simplement un lieu où les socialistes débattent entre eux et se congratulent, il s’agit de définir des orientations pour le pays.

Paris-Match : Justement lesquelles ?

François Hollande : Notre congrès se situera au lendemain du sommet européen de Luxembourg ; on évoquera donc l’emploi, avec l’application de notre dispositif suer les emplois-jeunes et les 35 heures. Il y aura aussi des échanges sur l’éducation, l’accès aux savoirs et aux nouvelles technologies. Nous évoquerons encore la place du secteur public, dont nous redéfinirons le rôle. Nous aborderons, enfin l’avenir de la décentralisation : il est nécessaire de revoir les compétences des collectivités, de faire un toilettage des textes sur la décentralisation et de remettre la priorité sur l’aménagement du territoire. Nous affirmerons la nécessité d’une limitation du cumul des mandats.

Paris-Match : Fabius préconise que les « prochaines législatives et présidentielles aient lieu simultanément, toute interruption d’un des deux mandats (dissolution ou démission du président) entraînant l’autre ». Êtes-vous d’accord avec cette proposition ?

François Hollande : Notre position c’est de réduire la durée du mandat du président à cinq ans afin qu’il y ait coïncidence entre l’élection présidentielle et législatives. Jospin y tient. Un septennat, c’est trop long, et un mandat de cinq ans, voire deux mandats de cinq ans, c’est bien car cela donne plus régulièrement la parole au peuple.

Paris-Match : Redéfinirez-vous de nouvelles valeurs de gauche ?

François Hollande : Les valeurs de gauche n’ont pas à être réinventées, elles demeurent. Mais il est vrai que nous devons insister davantage sur le droit à la sûreté, le droit au savoir – et la laïcité aujourd’hui.

Paris-Match : L’union de votre « majorité plurielle » est-elle durable ? Déjà, certains prédisent qu’elle volera en éclats après les élections régionales ?

François Hollande : La « majorité plurielle » durera, d’abord parce qu’elle réussit électoralement, ensuite parce que c’est un choix nos partenaires et qui a été compris par le pays ; enfin parce que tout le monde y trouve son compte, y compris les communistes, qui jouent leur rôle et qui veulent réussir. Il n’y a pas d’alternative à l’union.

Paris-Match : On a un peu l’impression que la « majorité plurielle » est surtout aujourd’hui composée de godillots dévoués au succès de Jospin…

François Hollande : Il n’y a pas d’unanimisme dans nos rangs et personne ne se comporte ainsi. Chacun sait que le gouvernement a plus besoin d’intelligence que de silence.

Paris-Match : Au sommet de Luxembourg sur l’emploi de Luxembourg, la France, lanterne rouge du chômage en Europe, reste … (fin de l’interview).