Editoriaux de M. Marc Blondel, secrétaire général de FO, dans "Force ouvrière Hebdo" les 5 et 12 novembre 1997, interviews dans "Le Progrès", le 6 novembre, à RMC le 7, sur la rupture des négociations entre les partenaires sociaux dans le conflit des chauffeurs routiers et sur la médiation du gouvernement.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Grève des transporteurs routiers du 2 au 7 novembre 1997

Média : Emission Forum RMC FR3 - Emission Journal de 8h - FO Hebdo - La Tribune Le Progrès - Le Progrès - RMC

Texte intégral

Force ouvrière : 5 novembre 1997
Remake de 1996 ?

Fidèles à nos pratiques syndicales, la Fédération FO des transports a négocié jusqu’au bout, samedi aux aurores, pour faire évoluer les positions patronales. Sans pour autant qu’un accord formel soit conclu.

Ce ne fut pas le cas pour l'UFT, fédération patronale affiliée au CNPF, qui avait quitté la salle des négociations considérant qu'elle n'avait plus rien à proposer. Comment ne pas faire le lien entre ce comportement et le refus de négocier du CNPF, annoncé depuis le 10 octobre.

Les dernières propositions patronales, si elles marquent quelques avancées, sont loin de répondre aux revendications.

Non seulement elles concernent concrètement moins de 10 % des chauffeurs (ceux classés au coefficient 150) mais elles impliquent par ailleurs l'annualisation de la durée du travail et des salaires, c'est-à-dire encore plus de flexibilité alors que ce qui est indispensable, et réclamé par les salariés, c'est plus de réglementation pour éviter les abus.

En toile de fond de ce conflit perdure un problème fondamental : celui de la confiance. Les derniers conflits ont donné des résultats qui, pour la plupart, n'ont pas été respectés par les employeurs.

Il faut par ailleurs souligner que les pouvoirs publics n'ont jamais réellement mis en œuvre les contrôles nécessaires pour faire effectivement respecter par les employeurs la durée légale du travail de 39 heures.

Dans ces conditions, comment s'étonner de la détermination et de l'exaspération des salariés concernés ?

Cela fait des mois que les fédérations syndicales ont publiquement alerté les employeurs et les pouvoirs publics de la dégradation de la situation et du risque d'un nouveau conflit. Cela fait plus d'un mois que la date de la grève a été annoncée. Et il a fallu attendre la dernière semaine pour que des négociations s'ouvrent !

Dans ces conditions, qui fait preuve de responsabilité ?

Dans un article publié dans La Tribune, le lendemain du dernier conflit (en décembre 1996), et intitulé « Le cri des routiers », nous expliquions que, dans ce secteur, l'homme est devenu le dernier maillon d'une chaîne sur qui s'exerce toutes les flexibilités et pressions.

Nous expliquions également que la logique actuelle de la construction européenne, basée sur le libéralisme économique, méconnaît la nécessité d'un droit social européen et ouvre la voie au dumping social.

De ce point de vue, il n'est d'ailleurs pas innocent de constater que les premières interventions des forces de l'ordre se sont situées sur deux zones frontalières (Espagne et Allemagne), pour faire respecter la liberté de circulation des marchandises en Europe.

Ce conflit était annoncé, ce conflit était prévisible. Il pose crûment les effets néfastes de la déréglementation, du dumping social, du libéralisme économique. C'est un nouveau cri pour le respect et la dignité humaine.

Il convient maintenant de tout mettre en œuvre pour trouver une issue qui non seulement satisfasse les salariés dans le principe, mais aussi dans la réalité.

À nouveau, le rapport de forces est la réponse nécessaire au mépris des employeurs et à l'attention des pouvoirs publics.

Il est temps de négocier sérieusement et de prendre les dispositions pour faire respecter ce qui sortira des négociations.

C'est aussi, en quelque sorte, un pré-exemple concret, préalable au sommet européen de l'emploi qui aura lieu ce mois à Luxembourg.

De la manière dont le patronat et le gouvernement se comporteront, on verra ce que revêt réellement pour eux la prise en compte du social.

Pour restaurer la confiance, la balle est aujourd'hui dans le camp du patronat et du gouvernement. À eux de la saisir de manière responsable et démocratique.


Force Ouvrière : 12 novembre 1997
Les promesses n’engagent que ceux qui y croient… ou qui font semblant d’y croire

Qu'on le veuille ou non, le conflit dans le transport routier avec la position des uns et des autres s'inscrit dans la suite de la conférence du 10 octobre 1997. Le patronat (UFT) des grandes entreprises veut avant tout faire le moins possible dans le domaine salarial et cherche non seulement à promouvoir l'annualisation de la durée du travail et des salaires mais à organiser un flou artistique sur la durée du travail.

Un patronat qui se dit prêt à dénoncer des accords collectifs d'entreprise améliorant les dispositions conventionnelles (treizième mois, par exemple). Un patronat qui n'a que faire des PME qui cherchent, elles, à limiter la concurrence déloyale, basée notamment sur le dumping social. Voilà ce qui nous a fait dire que l'UFT se comporte comme la légion étrangère du CNPF, dans le plus pur style du syndicalisme patronal du XIXe siècle. Apparemment, il pense, cette fois encore, s'en tirer, au moins à court terme, grâce à la complicité d'une organisation syndicale, la CFDT pour la nommer.

Avant que la fédération CFDT ne se prononce, la secrétaire générale de la CFDT parlait déjà du conflit au passé dans Sud-Ouest.

Rappelons que, dès la veille du conflit, la CFDT considérait que les propositions patronales permettaient un accord historique !

Si tel était le cas, on se demande bien pourquoi elle ne décidait pas, seule, de le signer et de ne pas appeler au mouvement.

Quelques jours plus tard, après avoir considéré comme insuffisant le nouveau protocole d'accord, elle le signait le lendemain, bien qu'il n'ait quasiment pas été modifié.

L'accord n'était plus historique mais revêtait des « avancées positives ».

Nonobstant le fait que la précision ne manque pas de sel (une avancée devrait automatiquement être positive !), on ne peut comprendre de tels grands écarts que par le souci de cette organisation de prétendre avoir raison contre tous (même contre certains de ses militants). Ce qui passe par la satisfaction des exigences patronales au détriment des revendications des salariés.

Ce doit être cela le néosyndicalisme, celui qui confond réforme et contre-réforme, avancée positive et recul, réformisme et capitulation. Il appartiendra maintenant aux chauffeurs routiers concernés de voir qui défend concrètement leurs intérêts.

Mais, après les différents conflits qui ont marqué ce secteur, alors que la méfiance face au patronat était très forte, il y a un côté irresponsable à signer un accord qui ne permet pas de sortir dignement - et respecté - d'un conflit.

On ne joue pas avec les gens, même quand on est technocrate.

Le patronat continuera à porter, lui aussi, une lourde part de responsabilité. Les textes proposés se contredisent, oublient volontairement de préciser certains points fondamentaux.

À nouveau, le risque est grand d'avoir un nouveau chiffon de papier sans valeur, comme le dit notre camarade Roger Poletti. Le leurre et le flou entretenu tiennent lieu de ligne de conduite au patronat des grandes entreprises dont l'objectif est d'user les PME, les artisans et les chauffeurs.

Force Ouvrière va maintenant s'adresser au gouvernement pour que ses engagements soient réellement respectés en matière de contrôle de la réglementation.

Nous ne comprendrions pas que les contrôles ne soient pas accrus fortement et ne donnent effectivement lieu à des sanctions vis-à-vis des employeurs.

Il est temps également que le CNPF mette de l’ordre chez lui et harmonise les relations entre les donneurs d'ordre et les transporteurs, à moins que la structure patronale ne parvienne plus à jouer son rôle interprofessionnel.

Dès le début du conflit, j'indiquais, aux journalistes de l'information sociale, que les prud'hommes pèseraient sur le conflit.

À FO, ce sont les militants de la fédération, librement et en toute conscience, qui se sont prononcés, avec deux soucis conjoints : amener des garanties aux salariés et ne pas trahir leur confiance.

Il est clair qu'une occasion a été ratée, celle de stabiliser ce secteur professionnel, cette profession, afin de faire face à la concurrence sauvage qui ne pourra qu'empirer avec l'ouverture du cabotage sur le territoire français en juillet 1998.Une bonne et claire réglementation et des garanties pour les chauffeurs routiers auraient donné une bonne hase à nos ambitions européennes.

Dans ce contexte, à chacun son rôle et ses conceptions.

Les nouveaux adhérents FO dans le transport routier l'ont, eux, déjà compris.

Bienvenue à tous ceux qui, à l'occasion de ce conflit, nous rejoignent.


Le Progrès – 6 novembre 1997

Le Progrès : Vous avez approuvé l'intervention de Lionel Jospin ?

Marc Blondel : Attention, je n'ai pas dit que cette intervention a débloqué les choses. Elles semblent se débloquer parce que les chauffeurs routiers font des barrages, et Jospin a une forte pression de l'étranger. Je souhaite d'ailleurs qu'il se prononce sur la nécessité de stabiliser cette profession sur le plan européen car personne ne sait ce que va devenir le secteur dans un an.

Le Progrès : La mobilisation n'est-elle pas moins forte qu'en 1996 ?

Marc Blondel : Elle est beaucoup plus forte qu'on ne le pense. Il y a plus de 150 barrages, filtrants mais déterminés. Le problème est que les gars n'ont plus confiance dans leurs patrons et, à propos des barrages, il ne faut pas oublier qu'il y a quelques années, ce sont les employeurs qui ont utilisé les chauffeurs routiers contre les taxes et le permis à points.

Le Progrès : Que vous inspirent les incidents de Vitrolles ?

Marc Blondel : J'ai saisi le Premier ministre de la question, pour lui demander qu'on protège les manifestants. Les chauffeurs routiers sont des grévistes, pas des délinquants. Les délinquants, ce sont ceux qui les agressent. Je suis pour les grèves déterminées, mais dans le calme. Il ne faut pas encourager les gens plus ou moins excités, mais je comprends que certaines personnes soient excédées par les barrages.

Le Progrès : Que dites-vous à ces personnes et, plus largement à tous ceux qui subissent leu effets de cette grève ?

Marc Blondel : Je les appelle au calme et je leur dis que, quand il y a un mouvement de grève, il entraîne forcément des perturbations. Aucune grève n’est sympathique, sauf peut-être celle des percepteurs, et encore. Toutes les grèves ont des conséquences mais cette fois, elle était annoncée depuis un mois et elle est due à l'irresponsabilité des employeurs.

Le Progrès : Irresponsabilité ou manœuvre ?

Marc Blondel : J'ai eu l'occasion de dire que l'UFT a agi comme la légion étrangère du CNPF. Ne s'est-elle pas comportée comme si l'on était déjà en 2000 et aux 35 heures ? Est-ce une coïncidence, Jean Gandois se demandait s'il viendrait le 10 octobre, et l'UFT a quitté la négociation. Ce conflit, c'est le résultat de l'ultra-libéralisme, de la déréglementation.

Le Progrès : Précisément, ce conflit ne dépasse-t-il pas le cadre français ?

Marc Blondel : Il faut d'abord remettre les choses en place dans le cadre français pour pouvoir influer sur l'Europe. Mais il est vrai que cela recommencera en permanence si on ne règle pas le problème sur le plan européen. D'ailleurs, l'internationale des syndicats nous a assurés de son soutien.


RMC : vendredi 7 novembre 1997

P. Lapousterle : Sommes-nous à quelques heures de la fin du conflit des routiers, ce matin ?

M. Blondel : Je ne peux pas répondre de cette façon. J'ai pris, comme tout le monde, connaissance des propositions - que l'on qualifie de nouvelles - du patronat. Je regrette, c'est encore une fois un mixage de ce qui était déjà en place et c'est encore une fois dangereux dans son application. Mes amis ont fait, depuis ce matin, partir des dépêches avec le texte et nous consulterons les gens.

P. Lapousterle : Quelle est votre recommandation aux gens qui sont les vôtres ?

M. Blondel : Dans l'immédiat, c'est clair, la formule utilisée par mes amis c'est « le compte n'y est pas » et je crois que c'est vrai. Encore une fois, on polarise sur les 10 000 francs, deux cents heures pour l'an 2000 mais c'est pour les gens qui ont le coefficient 150 – 13 % de la profession - et on laisse les coefficient 138 qui sont majoritaires dans la profession et qui sont très proches du Smic, 1,8 % au-dessus du Smic.

P. Lapousterle : Donc vous recommandez, ce matin, aux gens de FO...

M. Blondel : Deux choses. Si j'ai bien écouté ce que disait Poletti - et je crois savoir à peu près ce que Poletti dit -, d'une part la recommandation est de dire : voilà les textes, regardez les choses, il faut bien les analyser mais, nous, il nous semble que le compte n'y est pas. Deuxièmement, maintenant c'est très clair, J.-C. Gayssot et moi j'ajouterai Monsieur le Premier ministre, il faut que vous mettiez le nez dans la course et il faut que vous nous sortiez de là dans la limite où d'une manière très, très claire, on sent chez les patrons routiers qu'ils ont considéré qu'ils avaient fait une erreur quand ils ont quitté la table, ils sont revenus et ils embrouillent encore tout volontairement C'est un flou tactique. À la différence des salariés dans une entreprise qui sont en groupe et qui peuvent aller voir le patron et essayer d'établir un rapport de force et la discussion dans ce cadre, les routiers sont un par un sur la route. C'est les patrons qui interprètent la Bible et la Bible est suffisamment ambiguë et paradoxale pour mettre les routiers dans toutes les difficultés. Notamment, on n'arrivera jamais à savoir quel temps de travail, il faut faire. On parle maintenant comme cela - peut-être même nous, nous sommes fautifs - de deux cents heures. Est-ce que c'est normal ?! Je rappelle que la loi, c'est 59 heures par semaine, que c'est 169 heures par mois. Je rappelle que les chauffeurs routiers, ils travaillent y compris la nuit par exemple. On n'y pense même plus. Quand on travaille la nuit, on est payé autrement Pourquoi dans un milieu ordinaire on est payé autrement et chez les routiers, bof, bof.

P. Lapousterle : Est-ce vrai qu'il y a des barrages dressés au nom de FO, ce matin ?

M. Blondel : Il n'y a pas de labels sur les barrages. Mes camarades sont en grève et manifestent Ce ne sont pas des délinquants ! Ils ont le droit à la protection comme tous les citoyens et je ne souhaite pas, pour ma part, qu'on se gargarise quand il y a un camion qui passe ou quand il y a une voiture qui esquinte quelqu'un ! Je rappelle simplement - et moi, je n'ai pas l'habitude d'utiliser les cadavres - qu'il y a eu deux camarades FO à Lesquin qui ont été esquintés, qui sont à l'hôpital, qu'il y a eu trois blessés à Vitrolles, qu'il y a quelques petits incidents de ce genre et que nous, au mois de mai 1997, on a payé avec la vie d'un copain, D. Pinson, qui est mort à Bordeaux. Cela nous donne le droit de dire : arrêtons ce petit jeu. Ce n'est pas l'insurrection ! C'est une grève et des manifestations et le droit de grève existe encore dans ce pays.

P. Lapousterle : Les grèves, ce n'est pas des barrages vous le savez !

M. Blondel : Où sont les barrages ?

P. Lapousterle : Ah, si vous ne le savez pas, nous, on le sait où sont les barrages de routiers !

M. Blondel : Sauf erreur de ma part, il y a la circulation, les gens peuvent passer. Et puis si vous voulez tout savoir, qui a appris cela aux routiers ?

P. Lapousterle : Les patrons, vous allez me dire.

M. Blondel : Et quand ?

P. Lapousterle : En 1992 ?

M. Blondel : Pour leurs besoins. Alors, maintenant, ils ne vont pas quand même retourner la chose !

P. Lapousterle : Sur le protocole qui a été - on dirait - accepté hier par certaines organisations notamment par la CFDT, vous, vous ne signerez pas ce texte ?

M. Blondel : Pourquoi voulez-vous me transformer comme cela en quelques secondes en Madame Soleil ! Ce n'est pas cela !
Nous, nous essayons de travailler le plus démocratiquement possible ! Je commence à avoir une certaine habitude des conflits, j'ai quelques années de pratique, je crois que j'en ai initié quelques-uns. Quand un conflit arrive à l'apogée et il est presque à la fin, bien entendu, c'est à celui qui passe le mistigri à l'autre. On voudrait à la fois avoir la gloire d'avoir lancé la grève et la gloire de l'arrêter ! Je fais le procès d'une organisation, vous l'avez bien senti. Moi, je ne joue pas à ce petit jeu, c'est beaucoup plus sérieux que cela. J'écoutais Poletti, ce matin, il en avait les larmes aux yeux. Je le connais et je sais que ce type adore ses gars. Il leur disait : « les gars, peut-être qu'on vous a fait vous bagarrer pour rien ! » Alors, il était en train de leur dire « tenez bon ! » C'est vrai que c'est toujours au dernier moment que c’est difficile. On le sait bien. Je ne jouerai pas à repasser le mistigri ; je ne jouerai pas à crier : les barrages sont labellisés machin ou machin ; je dis simplement que ce sont les patrons qui ont contraint à ce conflit. L'année dernière, nous avons mal terminé le conflit Je rappelle l'histoire des 3 000 francs et je m'amuse d'ailleurs à voir que cette année, il y en a qui la revendiquent C'était une initiative Force ouvrière ! Pratiquement, il y a une espèce de mécontentement larvé chez les gens : peut-être plus que les sous encore, les chauffeurs routiers considèrent que les patrons se foutent d'eux, qu'ils ne les considèrent pas. Ça c'est dur à négocier, c'est la dignité. Alors c'est dur à négocier, les gars ne veulent pas baisser la tête. Ils veulent en découdre avec leurs patrons parce que les patrons les méprisent Cela ne coûte pas trois francs, dix francs ou cinq francs, c'est quelque chose de psychologique. On ne peut pas les lâcher et on ne peut dire comme cela, allez démerdez-vous ! Nous, nous faisons l'information, vous le savez puisqu'il y a le texte devant mes yeux, vous y avez jeté un coup d'œil. Vous connaissez la teneur du texte. Il est objectif. On leur dit voilà, regardez. Ils vont décider et après, nous ferons ce qu'ils ont dit. Nous ne les trahirons pas. S'ils nous disent allez-y, on signe. S'ils nous disent non, on ne signera pas. Et puis, c'est tout. Et moi, je dis tout de suite qu'il vaudrait mieux qu'on se mette tout de suite dans la tête à essayer là, vendredi que nous sommes, de conclure quelque chose qui stabilise, bon sang, cette profession, elle va disparaître !

P. Lapousterle : Si la CFDT signait avec les patrons et que le gouvernement décidait d'étendre ensuite le protocole d'accord, qu'est-ce qui se passe ?

M. Blondel : Le Gouvernement décidera d'étendre quand il ira à la Commission supérieure des conventions collectives qui fera la proposition, etc. Attendez, nous n'en sommes pas là ! Je vous rappelle que tout cela obéit à certaines règles, le gouvernement ne pourra pas passer outre mais moi, en plus, je vous dis : un texte - qui a quand même évolué depuis le premier jour, ce n'est pas la même - même un texte insatisfaisant, s'il est étendu, il est étendu. Je n'ai jamais voulu saboter les négociations collectives et leur résultat Je n'ai pas l'habitude de signer en-dessous mais je suis partisan de la négociation collective. C'est même mon organisation qui prône cette politique et cet instrument depuis 1950. Personne ne peut nous retirer cela ! On a l'histoire avec nous !

P. Lapousterle : Et les divisions syndicales que l'on a vues ?

M. Blondel : C'est vous qui êtes en train de la faire la division syndicale. Je suis navré où est la division syndicale ?!

P. Lapousterle : On entend un syndicat dire qu'il veut signer...

M. Blondel : C'est une différence d'appréciation sur une situation donnée mais où est la division syndicale là où l'action a lieu ? On va voir, on va voir ! Attendez ! Alors vous m'entraînez sur un chemin où je ne voulais pas aller. Qu'est-ce qui vous dit qu'il ne va pas y avoir un désaccord entre la fédération des transports CFDT et les gars qui manifestent ? Peut-être que les gars qui manifestent sont d'accord avec les types de FO et de la CGT et peut-être qu'ils vont continuer ? Pourquoi voulez-vous obligatoirement dire la division syndicale ? La division syndicale, si on insiste là-dessus, c'est une différence d'appréciation, c'est aussi parce qu'on veut saboter le truc. Alors non, non ! Restons-en objectivement sur les données objectives !

P. Lapousterle : Bonne journée.

M. Blondel : Bonne journée ?! Elle va être quelque peu énervée et cela se voit ! Ce matin, j'ai bien conscience d'être quelque peu énervé.