Interview de Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication et porte-parole du gouvernement, dans "Le Monde" du 1er octobre 1997, et déclaration à Paris le 2 octobre 1997, sur la politique de l'architecture, la modernisation de la profession d'architecte, les orientations pour une "politique qualitative" de la ville et des territoires, la réforme de l'enseignement de l'architecture et des concours d'architecture.

Prononcé le 1er octobre 1997

Intervenant(s) : 

Circonstance : Ouverture des rendez-vous de l'architecture à la Grande Halle de La Villette, à Paris le 2 octobre 1997

Média : Emission la politique de la France dans le monde - Le Monde

Texte intégral

Date : 1er octobre 1997
Source : Le Monde

Le Monde : Vous avez hérité de la direction de l’architecture, venue de l’équipement, avec des obligations très lourdes et peu de moyens. Comment vivez-vous le transfert ?

Catherine Trautmann : Aujourd’hui ce n’est pas tant la direction de l’architecture qui est en difficulté, que la formation et le métier, où le taux de chômage est particulièrement élevé. Il a fallu néanmoins trouver des moyens financiers pour faire fonctionner cette direction ainsi que les écoles qui dépendent d’elle. On sait que, dans notre pays, la situation des étudiants architectes est très difficile. La réforme des écoles d’architecture est désormais enclenchée pour la rentrée 1998. À cette date, leurs moyens de fonctionnement seront augmentés d’une dotation de 19 millions de francs supplémentaires ; nous avons pu aussi dégager quinze postes d’enseignants et vingt-deux postes administratifs ainsi que 55 millions de francs d’investissements pour répondre à l’état vétuste des locaux.

Cette réforme de la formation doit s’accompagner d’une réflexion sur le métier. De ce point de vue, le rapprochement de l’architecture et du patrimoine est, pour moi, une décision clé. Il me permet, notamment, de rendre cohérents les services centraux et les services déconcentrés qui, sur le terrain, traitent du même espace. Et ces derniers ont besoin d’avoir en face d’eux une direction capable de traiter efficacement le cadre bâti. Mais, surtout, le rapprochement entre les deux directions me permet d’avoir une vue d’ensemble du territoire urbain. Or nous avons en France une vision morcelée de l’espace bâti, comme s’il n’y avait pas de liens entre la ville ancienne et la ville plus contemporaine.

Le Monde : Vous parlez d’espace morcelé, mais la profession est également morcelée entre les architectes spécifiquement chargés du patrimoine historique et les autres…

Catherine Trautmann : Il est bon que certaines missions relèvent des spécialistes que sont les architectes des Bâtiments de France et les architectes en chef des Monuments historiques. Pour le reste, le champ d’intervention est ouvert. Je souhaite que réhabilitation et restauration fassent partie du cursus des études générales d’architecture. Car, demain, l’ensemble de la profession aura, de plus en plus, à intervenir sur un patrimoine déjà bâti, qu’il soit considéré comme historique ou non. Le rapprochement entre les directions du patrimoine et de l’architecture va nous permettre d’avoir un service plus intégré, plus puissant aussi, qui bénéficie des recherches de fond sur l’espace urbain, et nous donne la possibilité d’alimenter la politique de la ville à partir de cette connaissance fine de l’intégration du patrimoine dans le projet urbain.

Ce rapprochement doit permettre aussi de faire bouger une profession particulièrement touchée par la crise. Il faut qu’elle puisse s’adapter aux enjeux du temps. Je plaide également pour la reconnaissance de ce qu’est l’architecture, c’est-à-dire une œuvre culturelle.

Car il est aussi important de bien former nos futurs architectes que de permettre à nos concitoyens d’avoir un regard averti sur l’architecture.

Le Monde : D’après le sondage que nous publions ici, ce regard sur l’architecture est aujourd’hui plutôt pauvre.

Catherine Trautmann : Il y a trois raisons à cela. D’abord le morcellement des intervenants, dans la construction, les travaux publics, brouille la perception de l’architecture. Ensuite, si les gens se déplacent en masse pour discuter d’un projet urbain, ils restent souvent bloqués quand on aborde le chapitre architectural proprement dit, souvent peu lisible pour un néophyte. On voit bien qu’il y a un défaut, et c’est là le troisième élément, un défaut de connaissance, non pas conséquence d’un manque d’intérêt, mais d’une pédagogie déficiente.

Par ailleurs, à côté de cette question de compréhension, il y a aussi un problème d’esthétique. Ce qu’on retient de l’architecture, c’est trop souvent son aspect le plus quotidien – logements en série, pavillons, centres commerciaux –, c’est-à-dire les aspects négatifs. Ce sentiment est redoutable, car il risque de consommer un divorce complet entre ce qui est perçu comme du patrimoine – en gros ce qui est ancien – et les réalisations les plus médiocres – vues comme l’architecture contemporaine. Cela n’implique surtout pas, dans mon esprit, de mépriser l’architecture dite ordinaire. J’ai, par exemple, l’intention de labéliser en termes de qualité architecturale les interventions en matière de réhabilitation. Car il ne faut pas se contenter, dans ce domaine, d’un simple cache-misère, par le biais d’un quelconque gadget architectural.

Le Monde : Mais cette méconnaissance touche aussi bien l’architecture ancienne que l’architecture contemporaine.

Catherine Trautmann : L’architecture doit prendre place parmi les enseignements artistiques que nous comptons mettre en place avec l’éducation nationale. On ne peut cependant pas tout demander à l’école. Une enquête publiée il y a quelques années faisait ressortir l’importance des centres-villes pour les jeunes : aller au centre, c’est aller là où l’espace est accueillant, organisé, alors que trop souvent, dans la périphérie des villes, les espaces publics et privés sont indifférenciés, sans formes. Ces quartiers engendrent des comportements d’enfermement. Il est indispensable de renouveler ce rapport à l’espace en intervenant sur le terrain.

Le Monde : Comment s’articule pour vous l’architecture, qui est au ministère de la culture, et l’urbanisme, qui est resté au ministère de l’équipement ?

Catherine Trautmann : Il y a des habitudes de travail entre les directions de l’urbanisme et de l’architecture. Elles continuent. J’y tiens beaucoup. Nous avons passé des conventions avec le ministère de l’équipement pour préciser les tâches communes. La définition, très stricte en France, de l’architecture nous amène à flotter un peu sur cette question de l’urbanisme. Or on ne peut traiter l’un sans l’autre.

Le Monde : L’organisation des concours d’architecture ne commence-t-elle pas à poser des problèmes ?

Catherine Trautmann : La loi MOP (maîtrise d’ouvrage public) et ses décrets réglementent désormais le recours aux architectes et leur rétribution, notamment dans le cas des concours. Il reste cependant aujourd’hui quelques contentieux en cours. Le problème du défraiement de l’investissement financier des architectes doit être rediscuté. Mais, globalement, les concours sont une excellente chose. Ils offrent au maître d’ouvrage un choix plus étendu et ont tiré vers le haut la qualité architecturale.

Ce n’est pourtant pas la panacée : ils ne doivent pas empêcher de réfléchir sur le devenir urbain d’un quartier. J’ai toujours défendu les agences d’urbanisme, qui sont des structures de réflexion, de prévision et d’organisation de l’espace pour la ville. Un grand nombre de collectivités se sont dotées de ce type de structures, et cela a radicalement changé l’approche de l’architecture et le cadre du développement dans lequel elle s’intègre.

Le Monde : L’architecture manque aussi d’un organisme capable de transmettre des connaissances. Qu’envisagez-vous dans ce domaine qui reste très largement en friche ?

Catherine Trautmann : Mon projet est d’articuler, avec le Musée des monuments français, un lieu destiné à mettre en scène la culture urbaine contemporaine, entre patrimoine et architecture, et qui permette la compréhension du bâti. Cela devrait sensibiliser de nouveaux publics à une meilleure compréhension de la ville. Les problèmes urbains, on le sait, sont aujourd’hui beaucoup plus lourds. Rendre une ville urbaine est un sacré défi. Faire comprendre, par exemple, que les problèmes auxquels sont confrontées les périphéries sont d’abord des problèmes d’espace, d’espaces flous, souvent indifférenciés, où le tissu urbain est moins dense, et qu’il faut justement densifier, alors que tout le monde va signer des pétitions pour que l’on ne bâtisse pas. Car aujourd’hui construire est quelque chose de systématiquement contesté.

Le Monde : On retrouve là le divorce des Français avec l’architecture.

Catherine Trautmann : On a un peu trop insisté sur la maladie de la ville. Il faut rompre avec ce discours qui condamne par la même occasion les habitants de ces ensembles urbains. Il y a certainement des problèmes analysables. On sait qu’il faut y répondre structurellement, par des services publics, par de l’activité, et que cela prend du temps. Cela ne veut pas dire pour autant que la ville est malade. Il ne faut pas rejeter ces quartiers sous prétexte que les gens qui y vivent ont des difficultés sociales. Les faubourgs, avec leurs problèmes, ont toujours fait partie des villes.


Date : 2 octobre 1997

Discours à l’ouverture des rendez-vous de l’architecture, à la Grande Halle de la Villette

Ces rendez-vous de l’architecture que je suis heureuse d’ouvrir me donnent l’occasion de vous présenter les grandes lignes de la politique que je conduirai dans les domaines de l’architecture.

Je voulais aussi et surtout vous affirmer mon engagement auprès de vous. Je ne suis plus maire, mais je garde le goût de bâtir, de penser la ville avec les habitants, les architectes et les urbanistes, de prendre en compte les contraintes et les aspirations afin de composer et recomposer les espaces de vie, et d’y trouver et retrouver une urbanité.

Mesdames et Messieurs, j’assume la tutelle de votre profession d’architecte. Mais je ne réduis pas cette mission à un seul jeu de règles et de droits. Votre profession subit de plein fouet les effets de la crise économique. Elle est parfois oubliée, alors même que l’architecture est déclarée, par la loi, d’intérêt public. Ministre de l’architecture, je m’engage à vos côtés pour que l’architecture ait la place qui lui revient dans notre société, pour que l’intérêt public de l’architecture signifie l’architecture pour tous, pour que la loi soit appliquée intégralement et que l’État lui-même et pour lui-même en soit le premier garant. Les architectes doivent intervenir chaque fois que nos espaces de vie sont modifiés. La technicité est nécessaire dans la résolution des problèmes d’aménagement, la fonctionnalité est indispensable pour que la complexité ne devienne pas désordre, mais j’affirme que ces vertus d’utilité doivent être au service d’un projet. Je veux dire par là que nous devons tous ensemble affirmer la primauté de la qualité et de la conception face aux seules évidences de la quantité et de la production. Il faut plus que jamais faire nôtre la définition de l’architecture que donne Henri Gaudin : « Faire habiter les hommes » ; il ne suffit pas en effet de construire des logements. Il ne suffit pas de faire des voiries, il faut, comme l’écrivait Louis Kahn à propos du plan d’urbanisme de Philadelphie, « faire de la rue, une architecture ». Il ne suffit pas de codifier l’urbanisme, il faut faire habiter la ville. Vous représentez, à la croisée des interventions, ce gage de qualité et de sensibilité. En tant que ministre, je puis garantir le respect de votre profession.

La culture unit, met en relation ce qui existe et ce qui pourrait être, affirme le caractère sédimentaire de nos identités. En cela, l’architecture a sa pleine place à la culture. Elle fait la ville se construire sur la ville et la mémoire provoquer le projet. Nous devons protéger sans toujours vouloir tout conserver ; nous devons créer en cherchant de plus en plus souvent à transformer. En cela, l’union institutionnelle de l’architecture et du patrimoine que j’ai voulue à tout son sens culturel.

Mon premier mot d’ordre sera :

I. – L’architecture pour tous

La sensibilisation des jeunes à l’architecture, notamment dans le cadre scolaire, est un enjeu capital. Parcourir la ville, connaître ses monuments, ses rues et ses espaces d’habitation, c’est apprendre à la fois la citoyenneté et l’histoire d’une création : l’architecture. Nos voisins européens permettent à leurs enfants de s’initier à la création. Cette attention portée à l’invention des formes fait des citoyens plus ouverts. Je suis en discussion avec mon collègue Claude Allègre pour généraliser les enseignements artistiques.

La direction de l’architecture travaille déjà avec l’Éducation nationale à l’introduction de l’architecture pendant une ou deux années scolaires, en liaison avec des étudiants en architecture et des CAUE. Elle proposera en outre aux enseignants une gamme d’outils pédagogiques adaptés aux différents niveaux : manuels, livres, CD-ROM.

À la différence du ministère de l’Équipement, le ministère de la Culture est un diffuseur. Il lui faut donner à la création architecturale la place qui lui revient au sein des réseaux de diffusion « naturels » de la culture. Une nouvelle politique muséographique permettra de constituer ou de renforcer des collections d’architecture, mais aussi de définir des lieux d’exposition. Plusieurs lieux s’intéressent désormais à l’architecture, comme le FRAC de la région Centre, celui de Picardie, les centres d’art tels ceux de Lille, Villeurbanne ou Grenoble et les centres culturels de rencontre existants ou à l’étude : la Saline royale d’Arc-et-Senans sur le thème de la cité idéale ; l’unité d’habitation de Le Corbusier à Firminy sur l’urbanisme et les métiers de la ville ; le prieuré de Lavoûte-Chilhac sur le paysage, et la villa Noailles de Mallet-Stevens à Hyères sur l’architecture et le design.

La direction de l’architecture favorisera les échanges à l’intérieur de ce réseau et hors de ses frontières. Il faut féliciter ceux qui ont su défricher le terrain : l’Institut français d’architecture, Arc en Rêve, à Bordeaux, le Pavillon de l’Arsenal, à Paris, les Maisons de l’architecture, les CAUE et les écoles d’architecture.

La réunion des directions du patrimoine et de l’architecture permet de projeter la création au Palais de Chaillot d’un centre national réconciliant mémoire et projet sous une même bannière et autour d’un Institut français d’architecture transformé.

L’une de nos premières préoccupations est d’assurer la promotion de l’architecture et de la ville. J’ai aussi l’intention de lancer, dans la veine des Journées du patrimoine, qui se conjuguent désormais à l’heure européenne, des semaines nationales des villes et de l’architecture et d’en faire, en collaboration avec les élus et les populations, une vraie fête et un moment privilégié pour voir l’architecture et les villes autrement, comprendre leur fonctionnement, leurs coulisses, leurs complexités.

J’attache une importance particulière à l’édition. Si les éditions du patrimoine sont les plus importantes du ministère, il n’en est pas de même pour l’architecture. Ainsi, je mets aussi en place une politique d’aide à l’édition d’architecture sous forme de livres, d’audiovisuel ou de multimédia. J’ai le plaisir de vous annoncer une politique conjointe : une « Librairie de l’architecture et de la ville », à l’initiative de la direction de l’architecture et du Centre national du livre. Avec la création de ce fonds spécial, c’est sur une véritable relance de l’édition d’architecture que nous misons.

Mais l’architecture est trop rare dans la presse et à la télévision. L’architecture n’aurait-elle pas droit de cité ? Il serait trop simple de n’incriminer que les médias : architectes et citoyens doivent réapprendre à se parler et à s’écouter.

Le second axe sera :

Il. – Des architectes pour tous

L’architecture est d’intérêt public. Je suis, dans tous les domaines, contre l’idée en architecture comme ailleurs, d’une société à deux vitesses. Il n’est pas admissible que l’architecture soit réservée aux plus fortunés, aux mieux informés.

La question du seuil des 170 m2 doit donc être réexaminée en concertation avec tous les partenaires concernés afin que soient analysés tous les effets de l’abolition, et notamment les intérêts des usagers et des citoyens. Différentes solutions sont envisageables, et notamment l’assistance architecturale.

D’une manière générale la loi de 1977 doit être revue.

Des architectes pour tous, tel est mon objectif qui passe par trois voies :
    - la modernisation de la profession ;
    - la reconquête des marchés ;
    - une meilleure définition de la commande publique.

La modernisation de la profession est indispensable.

Il convient d’abord de confirmer cette profession réglementée quant à ses modes de représentation. L’Ordre des architectes traverse depuis deux ans des zones de grande turbulence. Martin Malvy, ancien ministre, député-maire de Figeac, va, à ma demande, et au nom du gouvernement mener une mission portant sur la définition du rôle et de l’organisation de l’Ordre. Il envisagera l’ensemble des solutions possibles d’organisation et j’attends avec intérêt ses conclusions. Mais je souhaite que soient réaffirmées, au moins, les missions de service public, correspondant au rôle d’une instance ordinale et que puissent, par ailleurs, se développer des fonds d’assistance et de service professionnels, dans le respect de la représentation syndicale. Je souhaite par ailleurs une gestion irréprochable et rigoureuse des institutions ordinales.

Moderniser la profession implique de mieux définir ses moyens propres et ses statuts d’exercice. Il faut notamment préserver la spécificité de l’architecture tout en permettant aux agences et sociétés de se renforcer. Les intérêts des architectes rencontrent ceux d’autres professions de la maîtrise d’oeuvre et vous devez davantage travailler ensemble. Cela exige une connaissance des métiers et des marchés. Nous avons mis en place deux observatoires, l’un concernant les débouchés des jeunes diplômés et l’autre relatif aux métiers de l’architecture. J’envisage en outre, en partenariat avec la délégation interprofessionnelle à l’emploi et à la formation, et en accord avec vos représentants de mettre en place un « contrat d’études prospectives ».

Travailler ensemble, cela signifie aussi – dans la stricte définition et reconnaissance des compétences de chacun – mailler les métiers de la maîtrise d’oeuvre : architectes, urbanistes, ingénieurs, paysagistes, architectes d’intérieur… pour qu’ils apprennent à s’unir autour d’une pratique de la conception et du projet.

Les architectes français sont d’autre part moins présents auprès des collectivités territoriales que leurs collègues européens. Cela tient pour une part aux définitions d’emploi de la fonction publique territoriale. Je travaille avec le ministère de l’Intérieur pour que l’architecture soit présente dans un cadre d’emploi « d’architectes et d’ingénieurs techniques des villes ».

J’envisage en outre d’aider les communes qui le souhaiteront à se doter d’une solide expertise en matière de qualité architecturale et urbaine en les aidant conventionnellement à recruter des architectes conseils qui, sur le modèle de ceux de l’État, seraient choisis sur des critères de compétence et d’indépendance. Cette action sera concertée avec les ministres de l’intérieur et de l’Équipement et avec les grandes associations d’élus.

Mais il faut que vous alliez vers ces champs d’exercice où vos compétences sont indispensables : maîtrise d’ouvrage, programmation, médiation, recherche, expertise…

Cette diversité d’actes va de pair avec une responsabilité mieux assumée. Vous avez vécu un épisode hasardeux concernant la réforme du permis de construire. Le projet est aujourd’hui abandonné. J’en retiendrai cependant trois éléments : vous êtes des « professionnels qualifiés » ; la mission de base de la loi MOP pourrait devenir le droit commun ; la profession pourrait avoir une responsabilité plus étendue.

La conquête ou la reconquête de marchés doit être votre objectif

Toute construction individuelle, tout projet urbain modificateur de cadre de vie, toute infrastructure appellent une connaissance sensible et une approche projectuelle. Il n’est pas normal que les 2/3 des travaux de construction ou d’amélioration se fassent sans le concours des architectes.

Pour la construction de maisons individuelles, j’ai déjà évoqué l’abolition du seuil. Mais il faut que vous vous portiez sur ce marché essentiel. Essentiel pour l’économie mais aussi pour les citoyens pour qui c’est l’investissement d’une vie et la confrontation aux contraintes mal maîtrisées de l’espace, des moyens financiers et des modèles culturels.

Plus de 80 % des travaux de réhabilitation et d’amélioration se font sans intervention d’architecte. C’est là le secteur en plus forte expansion et nous savons qu’à l’avenir la très grande majorité des projets portera sur du bâti existant. Il faut donc être là présent. Lionel Jospin a annoncé la réhabilitation d’un million de logements dans les prochaines années, ce qui est indispensable pour accompagner la solution du problème des sans-abris. Un « label architecture » devrait être conféré pour cette œuvre nécessaire, aux réhabilitations de qualité. C’est ce que j’ai demandé aux responsables de la construction, au ministère de l’équipement, à ceux du logement social, à l’Union nationale des HLM et à l’ANAH. Ce « label architecture » marquera bientôt notre volonté commune d’une recherche de qualité, sans imaginer comme le dit Thierry Pacquot « que la réponse à l’enjeu sera parfaite, complète et définitive ».

Pour répondre vite aux besoins des secteurs en développement, il faut être continûment formé. C’est une nécessité pour nous tous. J’ai demandé que se tiennent dans les prochains mois les assises de la formation continue qui rassembleront toutes les organisations professionnelles pour ne rien négliger qui puisse rendre plus efficace l’offre de formations.

Une architecture sans frontières

Nous avons aujourd’hui des architectes parmi les plus reconnus au monde. De nombreux succès récents en Europe, en Asie en témoignent. Succès de nos grands architectes, succès également de jeunes talents, de nouvelles équipes. Une récente exposition de l’IFA : EXPORT en témoignait.

Et pourtant, le chiffre d’affaires à l’export de l’architecture française ne serait que de 2 %, dans un pays qui est le 3e exportateur mondial pour le BTP… Pour répondre à ce défi, l’une des priorités que j’ai donnée à la nouvelle direction de l’architecture, est la mise en place d’une politique internationale spécifique, prenant en compte aussi bien la dimension économique que culturelle. La direction de l’architecture construit les réseaux indispensables avec l’ensemble des ministères concernés et des partenaires professionnels. Dès 1998, vont être mis sur pied les instruments de travail nécessaires à l’exportation. Je pense notamment aux garanties de financement et aux avances remboursables, mises en place avec l’IFCIC.

Nous avons défini en commun une stratégie s’articulant autour de quatre axes majeurs :
    - d’abord stimuler les échanges avec l’aide de nos ambassades, de l’Association française d’action artistique et de l’IFA ;
    - ensuite soutenir vigoureusement l’exportation du savoir-faire des architectes français en créant une structure de promotion, France-Architecture-Export, avec nos partenaires du Conseil national de l’Ordre des architectes et l’Association des architectes français pour l’exportation ;
    - un comité de pilotage interministériel pour l’exportation de l’architecture réunit tous les grands partenaires publics et privés sur ces questions ;
    - il faut mobiliser nos réseaux et nos partenaires autour de pays cibles prioritaires : ce travail est bien engagé sur l’Asie du Sud-Est et l’Amérique latine. Il doit s’appuyer plus encore sur les domaines d’excellence de la production française : je pense aux équipements culturels, à l’impact à l’étranger du traitement remarquable en France du patrimoine.

Mais, je souhaite aussi construire un espace européen de l’architecture en ouvrant les programmes communautaires et en créant des coopérations nouvelles en Europe.


Enfin, 3e ligne :

De l’objet à l’espace, une politique qualitative de la ville et des territoires

L’architecture ne peut se réduire à une fabrique d’objets solitaires. Je préférerais dire qu’ils sont solidaires. Le ministère de la Culture exerce déjà une action forte en matière de développement urbain patrimonial par ses compétences concernant les monuments historiques et les « espaces protégés ». Il convient qu’il prolonge cette action vers ce que j’appellerais par analogie des « espaces projetés ».

Les espaces protégés

La ville est l’expression savante d’une culture. Elle a trouvé sa réalisation aboutie dans les centres historiques, perçus par tous comme des lieux de référence identitaire, des espaces de sociabilité et de rencontre. La ville historique exprime un lieu, une durée et une non- reproductibilité dans un univers travaillé par la délocalisation, l’immédiateté et le clonage. Elle est donc référentielle et peut nous apprendre, contrairement à ce qu’écrivait Baudelaire, pourquoi et comment sa forme change moins vite que le cœur d’un mortel.

Ce centre, il faut d’abord savoir le bien protéger. On le fera en préférant la continuité à la séparation. Le monument historique était jusqu’à aujourd’hui placé sous la responsabilité de la direction du patrimoine, tandis que ses abords dépendaient de la direction de l’architecture semblant aussi privilégier l’objet architectural et sa suprématie à la continuité et au contexte. La politique de la ville patrimoniale dépendra désormais d’une seule direction et réunira les monuments, leurs abords, les secteurs sauvegardés, l’inventaire, l’archéologie et les zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP).

J’ai demandé qu’une attention particulière soit portée à la dimension sociale des quartiers anciens. Souvent, ils sont devenus des quartiers populaires et la protection patrimoniale y protège mieux la pierre que les hommes. Alexandre Mélissinos doit me remettre bientôt un bilan qui précisera la réalité de ces changements et permettra de proposer des mesures aptes à éviter la formation, par le centre, d’une ville à deux vitesses.

Nous ne devons rien négliger qui puisse nous rendre plus respectueux et davantage créateurs. Classer consiste à dire ce qui doit rester, et ce qui peut disparaître. Une culture est autant de construction que de destruction. Je veux mieux définir les enjeux et les conséquences des protections, notamment pour ce qui concerne le XXe siècle. Je veux également qu’une meilleure application des ZPPAUP permette de définir systématiquement des abords plus intelligents que le traditionnel rayon de 500 m. Les ZPPAUP seront enrichies dans leurs modalités de mise en oeuvre pour devenir de véritables instruments d’une politique de développement urbain. Je compte en particulier sur les services départementaux de l’architecture pour infléchir progressivement cette gestion conservatoire des espaces protégés vers une politique dynamique de mise en valeur du cadre de vie.

Les espaces projetés

Au-delà des définitions ministérielles qui sectorisent la ville, une vue plus libre laisse percevoir l’étendue, l’unité et la complexité de sa réalité. L’élu, l’architecte, l’urbaniste, l’aménageur, la puissance publique sous toutes ses formes se devraient de mesurer ce qui a été fait à l’aune de ce qui reste à faire. Toutes les compétences, professionnelles ou ministérielles, seront nécessaires. Et il serait sans doute artificiel de vouloir agir en séparant l’histoire de la ville, son aménagement et ses dissensions sociales.

Il nous faut apprendre à habiter la ville en la qualifiant pour qu’elle prenne forme. Il y faut une part de maîtrise et une part de sécrétion. Mais je ne crois pas à la main invisible qui la ferait advenir sans la penser. Je veux ici exprimer prudemment notre responsabilité collective et surtout l’apport des architectes dans l’indispensable conception de projets urbains.

Si le ministère de la Culture ne dispose pas, en dehors des espaces protégés, d’instruments régaliens pour maîtriser l’évolution des villes, il peut cependant aider à ce que se tisse la trame d’un urbanisme de proximité qui resserre le tissu urbain. L’espace public, les jardins, les concours, le rôle majeur des architectes dans la conception des projets urbains, silence et lumière… Tout cela appelle un partenariat avec les villes qui devrait aboutir à la création d’un réseau de villes. Il se traduira par des conventions, spécifiques à l’architecture, qui permettront notamment d’apporter un soutien financier à la venue d’architectes conseils, de réaliser des lieux de formation, de sensibilisation mais aussi de débat, de mettre en œuvre des actions de promotions et de traitement architectural d’opérations exemplaires.

Voilà, Mesdames et Messieurs, quelques grands traits d’une politique, je compte sur la nouvelle direction que j’ai demandé à François Barré de construire.

Je voudrais pour terminer présenter trois décisions récentes exprimant mon engagement et ma volonté.

1. D’abord, la réforme de l’enseignement de l’architecture

C’est un chantier important. Ministre en charge de I’architecture, l’enseignement est ma préoccupation prioritaire. Les écoles après les difficultés rencontrées en 1996 et 1997 suite au transfert voient leurs dotations progresser de 19 MF (14 %). Ces crédits leur permettront d’améliorer l’encadrement pédagogique des étudiants, créant ainsi de bonnes conditions pour l’entrée en vigueur de la réforme. Des postes d’enseignants seront créés, et les effectifs d’encadrement seront renforcés. Les conditions d’accueil des étudiants seront en outre améliorées grâce à une dotation supplémentaire de 5 MF au titre de la maintenance des locaux. Des moyens d’investissement immobilier nous permettront de tenir les engagements pris auprès des collectivités territoriales, dans le cadre du programme architecture 2000 pour rééquilibrer l’offre territoriale d’enseignement et poursuivre les réflexions sur la carte scolaire de l’Île-de-France qui devront aboutir dans les cinq ans à des regroupements d’écoles, sans diminution de moyens.

La réforme historique, qui prend effet maintenant, marque l’aboutissement d’une réflexion et d’une concertation commencée avec le recteur Frémont en 1992.

Celui-ci avait pris acte de difficultés graves :

Le cursus des études en deux cycles de deux et trois ans empêchait la création de passerelles avec les autres filières de l’enseignement supérieur. Les étudiants architectes formes à Bac + 6 étaient considérés comme ayant un niveau de deuxième cycle (Bac + 4) ! et il était en outre dans cette filière isolée, très difficile d’aboutir à des formations spécialisées. Plus grave encore, la discipline architecturale n’était pas reconnue, les écoles d’architecture ne pouvant délivrer seules ni DESS, ni DEA, ni bien sûr de doctorat.

Claude Allègre et moi-même venons de signer les textes réglementaires fondant des études entièrement rénovées.

Les études d’architecture seront restructurées dès l’année prochaine en trois cycles délivrant des diplômes reconnus.

Ce nouveau cursus permet la création de filières de formation diversifiées, à vocation professionnelle ou de recherche ; à Bac + 4, les étudiants pourront désormais choisir la voie de la maîtrise d’œuvre, ou cette même voie assortie d’une spécialité. Ils pourront en effet suivre un double troisième cycle, DPLG + DESS, ou alors suivre un DESS spécialisé pour se tourner vers la maîtrise d’ouvrage, l’économie de la construction, etc. avec une solide formation de deuxième cycle en architecture.

Il améliorera l’ensemble du dispositif de formation en clarifiant les objectifs en achevant les formations par des enseignements approfondis de haut niveau, et en s’ouvrant à des débouchés plus nombreux.

Pour mieux préparer les étudiants au monde professionnel, un stage d’un semestre sera désormais obligatoire en fin de cursus. À moyen terme, le diplôme final et l’accès à la licence d’exercice en introduisant notamment un stage plus long pourront être séparés.

Enfin, les contenus de la formation ont été eux aussi restructurés et recentrés sur le projet architectural et urbain.

La réforme sera complète à la rentrée de 98-99 après qu’auront été redéfinis les statuts des enseignants et celui des écoles. Les enseignants devront notamment, comme à l’université, mener en y prenant le temps nécessaire des activités de recherche. Les écoles seront contractualisées sur la base d’un projet d’établissement et disposeront d’une autonomie renforcée s’inscrivant dans le schéma national de formation et de recherche.

2. Le nouvel IFA à Chaillot

J’entends donner une nouvelle orientation à ce qui était jusqu’à présent conçu comme le Centre national du patrimoine monumental, et élargir son champ à l’architecture et au patrimoine urbain.

Aménagé dans l’aile Paris du Palais de Chaillot, ce lieu unique et symbolique, dédié à l’architecture dans sa dimension nationale et internationale, offrira des espaces de démonstration, de documentation, de formation et d’accueil. Il s’ouvrira au grand public, aux chercheurs, aux professionnels et aux étudiants.

C’est à Jean-Louis Cohen que je confie la tâche de mener, sous l’autorité de François Barré, l’étude globale de faisabilité de ce projet, dans un double souci de cohérence scientifique et fonctionnelle et en y associant tous les partenaires concernés.

Ce nouvel Institut français d’architecture fédérera différentes composantes, dont certaines sont déjà implantées de longue date à Chaillot. Le musée des Monuments français qui deviendra un musée de l’Architecture, un institut du projet urbain à côté de l’école de Chaillot et une médiathèque de l’architecture.

Je souhaite que ce nouvel Institut français d’architecture ait une forte logique d’ensemble dans laquelle les différentes composantes, dotées chacune de missions spécifiques, partageront des services communs et s’inscriront solidairement au sein d’une entité juridique unique.

3. Les concours et la qualité architecturale

Je porte un grand intérêt aux concours d’architectes comme forme de dévolution des marchés publics de maîtrise d’œuvre. Quelques concours ont pu susciter quelquefois des polémiques dont les effets sont négatifs pour l’image de l’architecture. J’ai dit vendredi dernier à l’occasion des vingt ans de la mission interministérielle pour la qualité des constructions publiques, ma confiance dans cette méthode de choix et les mesures nécessaires pour une amélioration du système.

Les concours sont une occasion exceptionnelle de mener le débat architectural avec les maîtres d’ouvrage. Les architectes, jurés dans les concours, ont ainsi un rôle important de sensibilisation.

Je proposerai toutefois un certain nombre de modifications à la marge du système de concours, que j’ai demandé à François Barré et à Jean-Paul Alduy de bâtir dans la concertation.

Il m’apparaît que les concours ont besoin d’une instance de conciliation, la MIQCP ne pouvant jouer un rôle d’arbitre dans les concours alors même qu’elle en est le conseil. J’ai demandé à Thierry Le Roy, conseiller d’État, de concevoir une instance de médiation et d’arbitrage devant laquelle pourraient être portés, à titre gracieux, les conflits relatifs aux concours. Ce serait a priori une instance facultative à la demande des parties.

J’ai par ailleurs demandé à Jean-Paul Alduy de repenser les règles des concours en concertation avec nos partenaires :
    - les dossiers exigés des candidats pour leurs inscriptions aux concours devront être allégés ;
    - il faut rendre les concours plus transparents par quelques mesures simples :
     - communication à chaque candidat avant son audition par le jury, des observations de la commission technique sur son projet ;
     - motivation précise écrite et communiquée par le jury des choix et de la décision finale. Ceci est essentiel ;
     - exposition publique des résultats des concours par le maître d’ouvrage et pour les plus importants par l’IFA.

Je terminerai sur le sujet délicat des concours en validant quelques orientations de la mission interministérielle et de la direction de l’architecture, et notamment la remise en œuvre des grands concours « ouverts » (donc anonymes et non rémunérés) qui permettaient l’émergence d’architectes talentueux, mais encore pas ou peu connus. Souvenons-nous de Piano et Rogers au Centre Pompidou, de Tschumi au Parc de la Villette… La MIQCP a préparé, après une longue concertation avec tous les acteurs concernés – et notamment la commission centrale des marchés de l’État – deux modèles de concours ouverts à un ou deux tours qui garderont un caractère exceptionnel et expérimental, mais permettront sur des questions essentielles d’ouvrir la commande à tous. Cette ouverture me permet en contrepartie de demander qu’il y ait moins de concours et que le seuil actuel, qui date de 1986, soit relevé au niveau de la directive européenne (200 000 écus, soit un million trois cent cinquante mille francs).

J’ai demandé à la MIQCP de continuer ses travaux sur la maîtrise d’œuvre urbaine, les lieux d’habitat, l’espace public, mais aussi les infrastructures. Je serai peu crédible si je ne commençais pas pour exiger cette qualité du ministère de la Culture lui-même. J’ai demandé aux directeurs d’administration de se coordonner avec la direction de l’architecture et avec la MIQCP pour que la qualité architecturale soit confortée. Elle le sera d’autant plus qu’une « agence d’ingénierie culturelle » va être créée fusionnant en une nouvelle structure l’établissement public du Grand Louvre et la mission interministérielle pour les grands travaux.

Je rappelle enfin qu’il ne faut pas oublier les grands maîtres d’ouvrage que sont les entreprises. Aussi ai-je souhaité la création d’un « club des entreprises pour l’architecture ». Je demanderai prochainement à un chef d’entreprise de bien vouloir me faire des propositions sur ce sujet qui puissent mobiliser ces acteurs potentiels de l’architecture. De même, j’ai demandé à François Barré de fédérer les volontés des ministères constructeurs pour accroître la demande qualitative d’architecture et de s’y engager résolument.

Réussir ceci, avec vous, pour l’architecture et la ville, requiert des moyens et une méthode. Les directions de l’architecture et du patrimoine disposeront en 1998 d’un budget en notable accroissement pour les enseignements et les travaux de restauration, pour la diffusion, l’exportation, la sensibilisation, la formation, la ville patrimoniale et les espaces projetés. Mais puisque j’aborde ce point de la ville d’aujourd’hui, il va de soi que je ne peux le faire qu’avec la volonté de jouer pleinement et en réelle concertation le jeu de l’interministérialité ; un protocole de coopération qui tracera les perspectives d’une action commune sera bientôt signé avec le ministère de l’Équipement.

Telles sont les lignes de force de l’action que je veux conduire en faveur de l’architecture, domaine qui me tient particulièrement à cœur et que je sais en difficulté. Aucune piste nouvelle ne peut être méprisée, aucune concertation avec la profession, ses usagers, ses enseignants, étudiants ne doit être épargnée. Je sais que François Barré, ses services, les écoles, les services départementaux s’y emploient avec la passion et la ténacité qui caractérisent ceux qui œuvrent pour l’architecture. Ces rendez-vous témoignent de cet état d’esprit et de votre volonté de réussir l’architecture de demain.

Ce désir d’architecture doit s’intensifier. Il sera le fruit de ces mesures étatiques fortes, ou d’autres à venir, que nous élaborerons ensemble, mais également le résultat des efforts de chacun, chacun d’entre vous, de son côté pouvant apporter sa pierre à l’édifice par son talent et son attitude pour contribuer à cet objectif. Objectif économique pour vous, professionnels, mais aussi pour moi, ministre chargée de l’Architecture, objectif qualitatif pour ce service public que de fait, vous assumez.

Il me semble que l’architecture prend toute sa place dans la culture telle que la définit Malraux : « C’est la volonté de retrouver, d’hériter et d’accroître ce qui fut la noblesse du monde. »

Je vous souhaite de très fructueux et riches rendez-vous de l’architecture.