Texte intégral
Assemblée Nationale - 5 mars 1997
Politique Africaine de la France. Réponse du Ministre Délégué à la Coopération, M. Jacques Godfrain, à une question d’actualité à l’Assemblée Nationale.
Monsieur le Président, Monsieur le Député,
Votre question vient à point, non seulement par rapport à l’actualité mais surtout à la philosophie de la coopération française, telle qu’elle se présente aujourd’hui en Afrique. Notre préoccupation est d’agir au plus près des populations avec une politique d’incitation au non départ.
Lorsque la France appuie la filière coton en Afrique, lorsque la France appuie la revalorisation de la filière artisanale, la revalorisation de la filière agro-alimentaire par l’entraînement d’actions hydrauliques par exemple, lorsque nous appuyons une action sur le plan sanitaire, avec l’installation de dispensaires en milieu rural, tout cela est fait pour que les populations se sentent plus heureuses là où elles sont nées.
En conclusion, je voudrais également dire qu’on a lu et écrit, il y a quelques mois, que la France perdait la main en Afrique, que la politique africaine de la France était moins bonne qu’elle ne le fut. Je voudrais rappeler simplement que, si aujourd’hui l’aide publique au développement dans le monde entier, vers les pays en développement, est en quelque sorte sauvée au minium assurée par rapport aux années précédentes, c’est parce que le président français, parce que le gouvernement français au sein du G7, au sein de l’Union européenne, a agi dans ce sens. Votre question, Monsieur le député, était tout à fait opportune : le développement de l’Afrique tient à la volonté de notre pays.
RFI - 6 mars 1997
RFI : Tous nos auditeurs africains le savent, vous êtes donc le « Monsieur Coopération » du gouvernement d’Allain Juppé. Ils savent aussi que l’actualité française a été largement dominée ces dernières semaines par le débat autour de la loi Debré, cette nouvelle loi qui sera destinée à mieux lutter contre l’immigration irrégulière, mais qui a suscité un mouvement important de contestation. Avant cela, il y avait eu l’affaire des sans-papiers qui avaient occupé des églises de la région parisienne. Est-ce que tout cela n’a pas un peu compliqué votre tâche en tant que ministre de la Coopération, tout du moins, vos relations avec les responsables africains ?
Jacques Godfrain : Ce débat sur l’immigration en France a eu au moins un avantage : c’est de clarifier les choses. La politique de coopération telle que nous la concevons aujourd’hui est une politique bien sûr de développement, c’est normal, mais c’est également une politique qui donne l’espoir à ceux qui vivent en Afrique, dans des conditions souvent précaires et de pauvreté, de pouvoir rester sur place. C’est une politique d’encouragement au non-départ, par mieux-vivre, par un mieux-être. Je prendrai, si vous le souhaitez tout à l’heure, l’exemple de Kayes au Mali où je me suis rendu ou celui d’Anjouan aux Iles Comores, où nous menons actuellement, avec nos amis maliens ou comoriens, une politique de développement local, qui justement est une réponse à ce besoin qui existait d’émigrer.
RFI : Oui, on va y revenir. Mais il y a quand même ce volet de répression. Ne pensez-vous pas que l’image de la France en Afrique se trouve un peu brouillée aujourd’hui ?
Jacques Godfrain : Si on lit de près le texte de loi, il n’y a pas que cela, loin de là. Sur les visas, je regarde les autres politiques des pays développés, et je m’aperçois que pour aller, par exemple, chez nos amis américains, aux États-Unis, c’est très compliqué. Les visas ne sont pas attribués si facilement que cela et je n’encourage personne à se rendre aux États-Unis, sans une autorisation préalable ; et quand ils verront la façon dont à l’entrée, dans les aéroports, les choses sont contrôlées, je leur souhaite – entre guillemets. Je déjeunais tout à l’heure avec le ministre belge de la Coopération, mon homologue, nous parlions de ce sujet et il m’expliquait, comment chez lui, se passait le contrôle aux frontières. Donc, la France n’est, pas plus ni moins, sévère que d’autres pays. Elle est même plutôt plus libérale.
RFI : Monsieur le Ministre, le projet dont on parle, le projet Debré, exclut de son champ d’application les pays pour lesquels les visas ne sont pas obligatoires, disons, grosso modo, la CEE, les États-Unis, la Suisse, et d’autres pays, quelques pays d’Europe centrale. Est-ce que cela veut dire que ce projet de loi, dans le fond, est destiné essentiellement aux Africains, aux étrangers en provenance d’Afrique, et aux maghrébins ?
Jacques Godfrain : Il ne faut pas que les Africains se sentent particulièrement visés. C’est un projet de loi qui est protecteur pour ceux et celles qui respectent nos lois. Je dois dire que nous avons des devoirs, de protection quand un Africain vient en France dans des conditions régulières qui n’ont rien d’exceptionnelles. Qu’est-ce qu’un visa, si ce n’est une formalité administrative ? Dès qu’il respecte nos droits, il a droit entièrement à notre protection. Le risque que court un Africain aujourd’hui, qui est en situation régulière en France, c’est que précisément un Africain, qui a choisi, lui, d’être clandestin, d’être en situation irrégulière vienne le gêner dans sa démarche. Un Africain qui travaille à Paris avec un contrat de travail, avec une autorisation. Qui va lui contester son appartement ? Celui qui est venu en fraude. Et je tiens beaucoup à l’image des Africains en France. Je tiens à ce que mes amis Africains qui sont en France, qui ont choisi de respecter nos lois, soient véritablement bien vus. Qu’on ait une bonne opinion d’eux, que leur pays dans le monde ait une bonne image. Je regrette de dire que ceux qui ne respectent pas les lois, les clandestins, je le répète, portent atteinte à l’image de nos amis Africains et de leur pays. Et j’ajoute une chose : il est important, pour les chefs d’États africains, pour les gouvernements africains, qui aujourd’hui sont sur la scène internationale, de pouvoir affirmer haut et fort que leurs ressortissants respectent les lois d’autres pays. Vous savez, lorsque les Français à l’étranger se conduisent mal, je les condamne.
RFI : Il y a eu tout récemment une expulsion très mouvementée de Maliens en situation irrégulière. Ils ont provoqué pas mal de dégâts dans l’avion qui les ramenait à Bamako. Comment analysez-vous ce genre d’évènement qui pourrait se reproduire ?
Jacques Godfrain : Je crois qu’au départ, on a dû faire croire à ces immigrés clandestins, qui étaient tout à fait irréguliers, qui, en plus, avaient pour la plupart des casiers judiciaires chargés, très chargés, qu’ils allaient être accueillis en héros dans leur pays. Je pense qu’il doit y avoir de ça. Ils ne l’ont pas été. Je le dis, parce que j’ai lu ici ou là qu’ils étaient attachés dans l’avion, menottés. C’est faux : ils étaient en toute liberté dans l’avion. Et puis j’ajoute une chose qui est claire : peut-on se plaindre quand on est délinquant, car ils étaient délinquants, d’être privés d’un minimum de liberté pendant cinq heures d’avion ? En France aujourd’hui il y a des milliers de gens qui sont privés de liberté, alors qu’ils sont présumés innocents. La mise en examen, en France aujourd’hui, est fréquente, elle est devenue coutumière. C’est ainsi, je ne le commente pas. Elle correspond parfois à des privatisations de libertés. Or, quand on est mis en examen, ceux qui le sont, sont présumés innocents. Donc, il n’y a pas eu de traitements si dramatiques que cela de ces hommes dans l’avion ; ils se sont déchaînés à l’arrivée. Avec un sens de la responsabilité d’État, le Mali a mis devant sa justice, pour dégradation de matériels aéronautiques, la plupart d’entre eux, et qu’il y en a quelques-uns qui sont en prison au Mali aujourd’hui, voilà !
RFI : Qu’allez-vous faire pour que ce type d’incident ne se reproduise pas dans l’avenir ?
Jacques Godfrain : Je pense qu’il faut que l’accompagnement soit un peu plus important. Il faut peut-être que la coordination soit meilleure avec les autorités locales.
RFI : Vous maintenez la pratique des charters dans l’avenir ?
Jacques Godfrain : Je maintiens l’État de droit. On ne peut pas à la fois demander à la France d’être pour l’État de droit, pour la démocratisation, pour le respect des lois – c’est une grande revendication aujourd’hui, et d’ailleurs notre aide est plus ou moins liée à l’État de droit –, et en même temps, dès qu’il y a des délinquants ou des gens qui se conduisent, comme je l’ai dit à l’instant, être d’un laxisme total avec eux. L’État de droit cela vaut aussi pour les délinquants.
RFI : Monsieur le Ministre, vous avez dit récemment à propos du mouvement contre la loi Debré, qu’il y avait une carence grave chez les manifestants, à savoir qu’ils ne se préoccupaient pas de l’aide au développement. Qu’est-ce qui vous le fait penser ?
Jacques Godfrain : Lorsque que l’on regarde les banderoles qui ont été placées dans les manifestations, que l’on écoute les discours, qui sont la plupart du temps tenus du haut de tribunes, à Paris ou en province, il n’y a pas eu un mot sur le développement. J’aurai aimé, franchement, moi, ministre de la Coopération, sentir de ce côté-là de l’opinion une préoccupation pour le développement. Alors, je pense qu’elle est peut-être dans les têtes, mais c’était le moment ou jamais de l’exprimer et de mettre le problème en pleine lumière. On ne peut pas parler de migration, sans parler de sous-développement. Je ne me contente pas des estrades. Je vais sur le terrain. Je vais à Kayes, au Mali, je vais à Anjouan. A chacun de mes voyages, je ne me contente pas des capitales, des bureaux climatisés, des voitures climatisées, je vais réellement sur les chantiers de développement locaux. C’est là qu’est la véritable réponse du problème du développement et de la migration.
RFI : Parlons justement de ces problèmes. Quel est l’objectif principal de la coopération aujourd’hui l’égard de l’Afrique ? Est-ce que l’aide directe du gouvernement doit être mise au second plan, au profit d’une aide au développement plus décentralisée, qui touche directement des projets très précis sur le terrain ?
Jacques Godfrain : Il faut les deux. C’est une question importante que vous posez là. C’est la véritable question : lorsqu’on aide les gouvernements, c’est à leur « bonne gouvernance » que nous nous adressons.
RFI : C’est un terme de Jacques Chirac ça !
Jacques Godfrain : C’est un terme de Jacques Chirac. C’était le mot d’ordre du dernier Sommet de Ouagadougou. Lorsqu’un gouvernement africain applique un certain nombre de critères, qu’il y a un certain nombre de services qui sont rendus au public par la privatisation, lorsqu’il y a un effort de fait sur les prix dans ce pays, lorsqu’il y a une action, véritablement en, profondeur, sur le plan de l’enseignement, sur le plan de la santé publique, nous aidons ces grandes politiques. Mais il y a aussi de plus en plus, c’est peut-être cela la coopération nouvelle, de la simplicité, de l’efficacité, de l’innovation, une action de terrain qui est très proche des populations. Nous pouvons nous appuyer, bien sûr, sur notre réseau de coopérants. Nous pouvons nous appuyer sur les expertises locales, parce qu’il y a des valeurs et des intelligences dans toutes les régions d’Afrique. Nous pouvons nous appuyer aussi sur la coopération décentralisée. Je vais vous en dire un mot si vous le souhaitez, et ensuite sur les ONG, les organisations non gouvernementales, qui, je le rappelle, dans mon budget 96, ont vu leur budget augmenter de 80% (45% d’augmentation pour la coopération décentralisée). A propos de la coopération décentralisée, il y a en Afrique, – et cela est inhérent à la démocratisation de l’Afrique –, de plus en plus de collectivités territoriales qui s’installent. Là aussi, il y a des élections, il y a des maires, il y a des conseillers régionaux, des conseillers généraux. Ceux-ci dialoguent avec nos propres collectivités départementales, communales ou régionales. C’est une bonne chose, c’est véritablement de la proximité.
RFI : L’un des buts de cette coopération décentralisée, c’est évidemment d’enrayer l’immigration. Est-ce pour autant suffisant pour permettre vraiment à l’Afrique de « décoller » économiquement. Est-ce que ce continent pourra vraiment un jour prendre toute sa place dans l’économie mondiale ?
Jacques Godfrain : Enrayer, moduler l’immigration, c’est vrai, mais les étudiants africains sont toujours les bienvenus chez nous. Il n’y a aucun problème de ce point de vue-là.
RFI : Est-ce que les lois Debré ne vont pas leur créer quelques difficultés ?
Jacques Godfrain : Alors là, il faut être clair, il faut que notre réseau consulaire s’adapte bien à cette loi. Je sais d’ores et déjà que des postes consulaires, en liaison avec nos missions de coopération, ont mis au point des communications très fortes qui font des étudiants boursiers, par exemple, en France, n’ont pas de problèmes pour obtenir rapidement leur visa. Il faut que cela se mette en place. Je reconnais qu’il y a quelques carences ici ou là, mais je pense que tout cela est provisoire. Vous me demandez si l’Afrique va être le continent du développement ? Ma réponse est oui, absolument. D’ailleurs, elle a déjà commencé. Quand je vois le taux de croissance de pays sub-sahariens, qui, pourtant, sont privés pour la plupart d’une richesse, comme le pétrole, le diamant, richesses bien connues de l’Afrique, je me dis que l’espérance est là. Elle est sous nos yeux. Des filières entières de productions agricoles, je pense au coton, aux arachides, montrent que ces taux de croissance sont maintenus très élevés, de 6-7%, presque 10% pour la Côte d’Ivoire. L’espérance de vie a augmenté. Je suis convaincu que l’Afrique est en passe de devenir un grand continent du 21ème siècle. On en a tous les chiffres et tous les peuples sous les yeux !
RFI : Est-ce qu’il n’y a pas un problème d’élites justement, ces élites qui viennent se former en France, en Grande-Bretagne ou ailleurs, et qui, dans le fond, ne retournent pas au pays ? Avez-vous les mesures pour encourager ce retour ?
Jacques Godfrain : Là aussi, vous posez une question qui est tout à fait en phase, avec mes préoccupations. Je crois qu’il convient, à l’avenir, et le plus tôt possible, que la coopération franco-africaine, parce que ce ne sont pas nos décisions qui l’emportent, mais des décisions conjointes, du partenariat, soient parfaitement expliquées, en amont, aux jeunes étudiants et étudiantes africains. Leur orientation dans leur scolarité, leurs universités, leurs grandes écoles, dépendra beaucoup de ce que sera leur pays dans cinq ou dix ans pour qu’ils aient du travail. Je crois que les étudiants devraient sentir assez rapidement qu’ils ont au ministère de la Coopération à Paris, un lieu, un endroit où ils peuvent communiquer, de manière à savoir davantage et mieux, ce que va être l’avenir de leur pays, en fonction des choix conjoints que nous avons faits.
RFI : Pour revenir un instant sur l’aspect immigration, vous vous êtes rendus encore tout récemment au Mali, dans la région de Kayes : est-ce que l’aide française peut vraiment modifier l’état d’esprit d’une population, pour qui, on le sait, l’immigration est devenue une sorte d’initiation, de tradition ?
Jacques Godfrain : Je suis allé à Kayes deux fois : la première fois c’était 15 jours après les évènements de Saint-Bernard. Là encore, je le dis franchement, je ne me suis pas contenter d’estrades et je n’ai pas fait d’incantations sur le développement dans la région de Kayes. J’ai vu quelques-uns des expulsés de Saint-Bernard dans leur propre village. Cela, c’est concret. Nous avons pris un rendez-vous et nous avons tenu parole, c’est-à-dire que trois mois après, une table ronde du développement a eu lieu à Kayes, à laquelle étaient associés l’Autorité malienne mais aussi la vie associative malienne, qui est très importante et les Maliens de France. Nous avons réuni autour de la table d’autres partenaires européens, la Banque mondiale de coopération. Nous avons mis au point, avec nos amis maliens, sur place, tout un programme d’actions, un accès plus facile à l’épargne et aux prêts bancaire pour créer des entreprises artisanales par exemple, un programme hydraulique, un programme de désenclavement routier, qui me fait dire que dans, relativement peu de temps, en tout cas moins de cinq ans, la région de Kayes aura changé de visage.
Vous savez Kayes est une capitale d’un très ancien royaume. C’est une très vieille civilisation que la civilisation de cette région d’Afrique. Je crois qu’il y a dans le cœur des Africains de cette région, non pas du tout le fatalisme du départ obligatoire à l’étranger, mais au contraire une volonté très forte de pouvoir s’investir chez eux, là où ils sont nés.
RFI : A propos des tensions qui existent actuellement sur le continent africain et notamment au Zaïre, vous avez déjeuné, vous nous le disiez tout à l’heure, avec votre homologue de Belgique. Est-ce qu’une initiative est en cours d’examen ?
Jacques Godfrain : Oui, vous savez que les initiatives doivent être prises habilement et justement, avec beaucoup d’équité et de connaissances proposées. Il ne s’agit pas de faire des coups médiatiques sur cette affaire-là. Elle est trop dramatique. Je voudrais tout de même relever une chose : c’est que lorsque la France s’exprimait sur ce sujet par la voix de Jacques Chirac, il y a quelques mois, que n’avons-nous pas entendu ! Lorsque nous demandions, par exemple, des élections, lorsque nous parlions de force humanitaire pour éviter de véritables génocides, des crimes épouvantables qui ont lieu, nous n’avons pas été entendus et aujourd’hui, hélas, nous aimerions qu’on nous dise : « vous aviez tort, en fait nous avion raison ! » Mais nous ne sommes pas là pour nous justifier. Nous sommes là, pour effectivement, aider à trouver une solution et je crois qu’il y a tous les ingrédients pour parvenir à un accord de cessez-le-feu, puisque l’ONU a sa position, que nous suivons en cinq points. De plus, prochainement, à Lomé, au Togo, va se tenir une réunion exceptionnelle de l’OUA sur ce sujet, je crois qu’il est temps que la sagesse revienne dans cette région autour de la table, en vue des élections au Zaïre, en particulier. C’est toute l’Afrique qui souffre aujourd’hui de ce qui se passe dans la région des Grands lacs.
RFI : Dans le contexte de ces tensions, des risques de crise qui se multiplient, la France réexamine, semble-t-il son dispositif militaire sur le continent. Il y a eu un conseil de défense à ce sujet à l’Élysée avant-hier. Un allègement est-il en vue ?
Jacques Godfrain : Ce qui compte en matière militaire, c’est d’avoir un outil qui est toujours adapté aux besoins. Or, le besoin aujourd’hui, c’est la mobilité », et je pense que c’est autour de cette notion que seront placées nos troupes à l’avenir en Afrique. Mais il n’y a pas de coupes sombres. Il n’y a rien à craindre de ce point de vue. De toute façon, nous ne ferons rien tant que nous n’aurons pas parlé avec nos amis africains. Donc, pas de décisions préalablement annoncées.
RFI : Je voudrais revenir sur ce qui est au centre de vos préoccupations et de la coopération. Avez-vous l’impression que les Français connaissent mal la politique de coopération ?
Jacques Godfrain : Ils devraient en tous cas peut-être mieux la connaître. Mais il faut aussi balayer devant sa porte. Tous les ministres de la Coopération qui se sont succédé, tenaient leurs dossiers, allaient dans ces pays, faisaient des propositions de développement.
RFI : Certains Français disent par exemple : « c’est de l’argent gaspillé … »
Jacques Godfrain : Ils ont tort. Ils ont tort, d’abord parce qu’il n’y a pas un franc qui soit dépensé par mon ministère, mon administration, qui ne puisse être justifié. Je sais qu’à une certaine époque, il a pu y avoir des doutes. Mais aujourd’hui, les choses sont complètement transparentes. Cela correspond d’ailleurs à une instruction que m’a donné le Premier ministre, Alain Juppé, quand je suis arrivé à ce ministère Deuxièmement, la France est proche de l’Afrique. Elle est de l’autre côté de la mer, c’est-à-dire à peine 1000 km. C’est la Méditerranée et tous les troubles, toutes les fractures qui pourraient arriver en Afrique ont des répercussions inévitablement chez nous et s’accompagneraient d’une déstabilisation en France. Alors, nous devons mettre en œuvre des moyens pour assurer une harmonie, un développement en Afrique.