Interview de Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports, à France 2 le 3 décembre 1999 sur l'évolution du tennis en France, le dopage, l'exploitation du Stade de France et les 2èmes rencontres nationales de la jeunesse.

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Média : France 2 - Télévision

Texte intégral

Q - C'est la finale de la Coupe Davis : La France contre l'Australie. Vous avez un pronostic !

- « Je souhaite vraiment que la France remporte cette finale. Ca serait une bonne chose après les résultats des différentes équipes de France cette année. Je crois que le sport français se porte bien et ça serait une belle clôture. »

Q - Vous êtes contente de l'évolution du tennis en France ?

- « Oui, le tennis se développe beaucoup avec beaucoup d'enfants accueillis, y compris des pratiques en liaison avec l'école, donc un sport qui s'élargit dans ses pratiquants. »

Q - Au cours de cette finale, il y a eu pour la première fois dans le monde du tennis un contrôle anti-dopage. Vous le souhaitiez !

- « Il y a toujours eu des contrôles dans le tennis. Ce qui est nouveau c'est que nous avons fait un contrôle inopiné et que ce contrôle a touché une équipe étrangère dans notre pays. Nous avons signé, au mois de septembre, un accord entre le gouvernement australien et le gouvernement français nous permettant d'opérer des contrôles inopinés dans les équipes lorsqu'elles sont dans chacun de ces pays. L'Australie a d'ailleurs signé un accord identique avec deux autres pays. Cela montre l'évolution de la lutte contre le dopage. De plus en plus, nous avons besoin que cela ne soit pas une lutte franco-française, mais que cette lutte associe l'ensemble des pays. »

Q - On peut aller vers d'autres accords du même type avec d'autres pays ?

- « Tout à fait ! La création, maintenant officielle, de l'Agence mondiale antidopage qui était une des grandes actions de l'Union européenne, cette création par le Comité international olympique va nous permettre d'élargir ce combat. »

Q - Vous sentez l'Union européenne bien mobilisée ! La Commission se mobilise également, elle l'a déclaré encore tout récemment.

- « Oui, cette question de la lutte contre le dopage va être abordée par la Commission lors du sommet des chefs d'Etat à Helsinki. Ils aborderont également la question du respect de la singularité du sport. »

Q - Sur le plan européen, il y a un dossier : l'arrêt Bosman. La non-limitation du nombre de joueurs étrangers dans les clubs professionnels. Vous dites qu'il faut revoir ce qui a été mis en place depuis quelques années.

- « L'arrêt Bosman a quand même entraîné une déréglementation dangereuse pour le sport. Nous avons maintenant des difficultés à préserver nos équipes nationales. Nous avons, dans certains pays de l'Union européenne, des clubs où il n'y a presque plus de joueurs nationaux. Ce n'est pas le cas de la France, mais c'est le cas dans d'autres pays de l'Union européenne. Donc, je pense qu'il y a une volonté, et la Commission est ouverte à cela, de chercher des solutions pour limiter ces conséquences de l'arrêt Bosman. »

Q - Une question entre sport et argent. On a parlé des bénéfices de l'exploitation du Stade de France dont on disait qu'il avait coûté très cher à construire. Mais, on l'exploite en faisant du bénéfice et l'Etat en récupère. C'est bien !

- « D'abord, c'est une grande satisfaction que de voir que ce magnifique équipement porte vraiment ses fruits. Chaque fois qu'il y a une initiative qui se tient au Stade de France, le stade est plein. Le public aime cet équipement. On avait dit : “Il est en banlieue, cela va être difficile.” Non, cela se passe très bien. Le problème c'est que nous avons toujours cette concession qui fait que, par exemple, sur le budget 2000 de Jeunesse et Sports, nous allons devoir verser 112 millions au consortium. Donc je pense qu'il est tout à fait juste qu'une partie du bénéfice effectué revienne à la Jeunesse et Sports. »

Q - Vous avez retrouvé 16 millions de francs sur les bénéfices 99.

- « Voilà, Mais, il y a ce problème de la concession qu'il va falloir quand même renégocier sur cet aspect. »

Q - Renégocier ? Vous pensez que c'est possible ?

- « Oui, oui, tout à fait ! »

Q - Ce qui est fait peut-être redéfait ?

- « C'était prévu dans la concession, que l'on puisse à un moment donné renégocier. »

Q - Un club de première ou deuxième division de football, cela vient ou cela ne vient pas ?

- « Je pense toujours qu'il y a la place dans cette région Ile-de-France, dans le nord de cette région pour un deuxième club professionnel de haut niveau. Nous avons du mal à trouver les solutions au niveau sportif. »

Q - Demain et dimanche vous organisez les deuxièmes rencontres nationales de la jeunesse. C'est une initiative que vous aviez lancée à votre arrivée dans votre ministère. Pourquoi comptez-vous tant sur cette initiative de rassemblement de jeunes ?

- « Je pense que les jeunes ont des choses à dire. Ils ont plein d'idées, plein de projets, et le Gouvernement a besoin de leurs avis pour être efficace dans les décisions qu'il prend dans leur direction. Il y a deux ans, nous avions réuni, avec le Premier ministre, une rencontre nationale de la jeunesse. Nous avons ensuite mis en place des conseils départementaux et un conseil national. Nous travaillons avec eux. Ils ont décidé de préparer une semaine de la citoyenneté en mars. Ils ont beaucoup d'initiatives contre les discriminations, sur les problèmes de santé, sur les problèmes de formation, d'emploi. Je les écoute énormément. Pendant deux jours, ils vont rendre compte des travaux qu'ils ont élaborés dans chaque département et au plan national. Nous allons leur dire : “Voilà où nous en sommes des 70 mesures que nous avions adoptées ensemble.” »

Q - Cela avait débouché concrètement sur la carte Imagine-R : la carte de transport pour les jeunes en Ile-de-France notamment. Est-ce que cette deuxième rencontre peut déboucher sur des choses concrètes ?

- « Nous allons travailler surtout sur le festival de la citoyenneté pour voir comment on peut trouver les moyens de rapprocher les institutions des jeunes. Je crois que cela va être l'axe essentiel de ces deux jours. »

Q - Rétablir l'esprit civique ?

- « Eux ont envie de citoyenneté, mais il faut peut-être que les adultes ou les institutions leur ouvrent un peu plus les portes. »

Q - Nous, les adultes, nous ne donnons pas toujours l'exemple.

- « Je pense que l'institution a besoin de changer, que les responsables politiques ont besoin d'être beaucoup plus disponibles à l'écoute de ces jeunes. »