Interview de M. Dominique Strauss-Kahn, membre du bureau national du PS à RTL le 7 avril 1997 et France-Inter le 18, sur l'éventualité d'une dissolution de l'Assemblée nationale et sur le programme économique et social du PS.

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Média : Emission L'Invité de RTL - France 2 - RTL - Télévision

Texte intégral

RTL - Lundi 7 avril 1997

O. Mazerolle : S’il y avait dissolution de l’Assemblée nationale, les socialistes seraient-il prêts à une campagne électorale immédiate ?

D. Strauss-Kahn : Bien sûr qu’ils le seraient ! Ceci dit, je trouve quand même cette idée de la dissolution un peu bizarre. D’abord parce que quand un gouvernement dissout, c’est que généralement, il y a une crise...

O. Mazerolle : C’est le Président de la République qui dissout.

D. Strauss-Kahn : Vous avez raison, le président. C’est qu’il y a un événement nouveau comme justement une élection présidentielle, par exemple, ou bien comme en 1968, une crise sociale très grave. Là, on voit mal pourquoi il y aurait dissolution, si ce n’est que le Gouvernement n’a pas confiance dans l’année qui vient. Il a peur de l’échec de sa politique et il se dit qu’il vaut peut-être mieux avoir les élections plus tôt. Ceci n’est quand même pas très raisonnable. Certains, qui sont plus pervers, se disent qu’un certain nombre d’affaires judiciaires devraient sortir, qui toucheraient les membres du gouvernement ou de la majorité et que là aussi, il vaut mieux avoir les élections plus tôt. Le problème, c’est que notre Constitution ne prévoit pas la dissolution pour convenance personnelle. Elle prévoit la dissolution quand le pays en a besoin. Et, je crois qu’il y aurait quand même une sorte de manipulation à ne pas attendre la date qui est prévue.

O. Mazerolle : Donc, vous estimez que le climat social n’est pas si mauvais qu’il justifierait une dissolution ?

D. Strauss-Kahn : Oh, il y a des grèves mais il y en a eu, par exemple, en novembre et décembre 1995 qui étaient autrement plus puissantes et le Président de la République n’a pas dissout. Non, honnêtement, je ne sais pas comment sera le climat social dans les mois qui viennent et je crois qu’en effet, il n’est pas obligatoirement excellent, mais de là à dire qu’il faut absolument rebattre les cartes dix mois, onze mois avant la date prévue ! Ceci n’est pas très raisonnable sauf si on pense, et le Gouvernement a, sans doute, de bonnes raisons de le penser, que sa politique est en train d’échouer, qu’il n’y a pas de reprise de la croissance, qu’il n’y a pas de baisse du chômage et que ma foi, pour sauver les meubles, il vaut mieux avoir des élections le plus vite possible.

O. Mazerolle : Tout de même, vous dites que cette politique est en train d’échouer mais l’économie française crée, de nouveau, plus d’emplois qu’elle n’en perd.

D. Strauss-Kahn : Le problème surtout de l’économie française, c’est qu’elle voit le nombre de chômeurs augmenter jour après jour. Contrairement aux déclarations faites par le passé – et je le regrette parce que tous les Gouvernements ont espéré pouvoir faire baisser le chômage durablement et aucun n’a beaucoup réussi et il ne faut donc pas faire les fanfarons – il reste que si on regarde aujourd’hui le présent et l’avenir, on s’aperçoit que les perspectives de croissance sont faibles, sans doute en-dessous même de ce que le Gouvernement a prévu et que malheureusement, le nombre de chômeurs va augmenter.

O. Mazerolle : C’est votre avis mais il y a tout de même une augmentation de création du nombre d’emplois par rapport à ceux qui sont perdus !

D. Strauss-Kahn : C’est très bien mais le problème pour faire baisser le chômage, c’est qu’il ne suffit pas qu’il y ait plus d’emplois créés que perdus – il faut déjà cela, heureusement – mais il faut qu’il n’y ait pas de créations d’emplois en nombre inférieur au nombre d’arrivées sur le marché du travail ! Si vous créez en net dix mille emplois, c’est mieux car, il y a dix mille emplois de plus. Mais, si comme chaque année et notamment à la rentrée de septembre, il arrive 150 000 jeunes sur le marché du travail, vous avez 140 000 chômeurs quand même.

O. Mazerolle : J. Arthuis, ministre de l’économie et des finances, qui était au Grand jury RTL-Le Monde hier soir, dit que dans les deux ans qui viennent il faut supprimer le déficit dans le budget de fonctionnement de l’État, il faut remettre de l’ordre dans la maison et c’est grâce à cela qu’on crée finalement plus d’emploi qu’on en perd.

D. Strauss-Kahn : Cela fait à peu près quinze ans que j’entends cela. C’est un propos de comptable, qui est respectable, de vouloir avoir à tout prix les comptes équilibrés et J. Arthuis a raison de ce point de vue-là. Il vaut mieux avoir des comptes équilibrés que des comptes en déséquilibre. Mais, soyons raisonnables ! Nous sommes dans un pays qui est en dépression ; nous sommes dans un pays dans lequel plus personne n’a confiance, ni les chefs d’entreprise, ni les salariés. Et on passe le temps à leur dire : il faut vous serrer la ceinture, cela ira mieux après-demain. Comme on nous a déjà dit cela avant hier et que l’on ne constate rien aujourd’hui, les gens doutent. Je crois qu’il faut prendre des vraies mesures, des mesures profondes pour notre économie qui concernent aussi bien la réduction du temps de travail que l’emploi des jeunes.

O. Mazerolle : Précisément, J. Arthuis disait qu’il ne comprenait pas comment on pouvait annoncer la croissance en travaillant moins ?!

D. Strauss-Kahn : C’est justement peut-être parce qu’un certain nombre de dirigeants ne le comprennent pas que nous n’avons pas la croissance. Voyez-vous, dans tous les pays qui nous entourent, les Anglais comme les Allemands, les Pays-Bas comme les États-Unis, la réduction du temps de travail, elle existe. Elle n’est pas organisée par l’État parce qu’elle se fait spontanément et notamment par le temps partiel. Quand vous avez une personne à plein temps et puis une autre à mi-temps, cela fait du temps de travail moyen qui est de trois quarts de temps, et plus il y a de temps partiel et plus la durée du travail baisse.

O. Mazerolle : Mais, les Français et notamment les Françaises, n’ont pas l’air d’aimer le temps partiel parce que cela fait moins de revenu.

D. Strauss-Kahn : En France, il y a 14 à 15 % de temps partiel alors qu’il y en a 25 à 26 % dans les pays qui nous entourent et ceci explique la différence. Cette différence ne s’explique pas tellement parce que cela fait moins de revenu, car, il y a beaucoup de gens qui voudraient être au temps partiel à condition que ce soit un temps choisi et pas un temps imposé, mais parce que les gens veulent avoir la possibilité de revenir en arrière à plein temps s’ils le veulent. Or, ceci aujourd’hui n’est pas obligatoire. Donc, vous vous dites, je suis à plein temps, je passe aux trois quarts de temps pour m’occuper de mes enfants comme se disent les femmes, ou mêmes les hommes, mais vous voulez pouvoir, au bout d’un certain temps, revenir à plein temps. Il faut donc une charte du temps choisi comme nous, socialistes, nous la proposons pour faire en sorte que, quand c’est possible, le temps partiel se développe. Et par là, la réduction du temps de travail se mettra en œuvre comme dans les pays qui nous entourent et qui eux ont moins de chômage. Il ne s’agit pas de travailler moins au total mais d’être plus nombreux pour qu’au total on travaille plus, même si certains travaillent moins.

O. Mazerolle : Autre point du Parti socialiste, c’est le programme concernant l’embauche des jeunes. 700 000 jeunes embauchés en deux ou trois ans avec notamment des aides de l’État, est-ce que cela ne fait pas un retour à l’économie administrée ?

D. Strauss-Kahn : Du côté des 350 000 jeunes qu’il faudra embaucher du coté public, l’argent existe, il est dans le budget de l’État mais, il est mal dépensé aujourd’hui, il ne sert pratiquement à rien. L’INSEE, le CNPF, tout le monde s’accorde à reconnaître que ces aides tombent dans un grand trou. Nous disons qu’il ne faut pas dépenser un centime de plus. Il ne faut pas augmenter les dépenses mais il faut les utiliser comme il faut. Je suis maire de Sarcelles, d’une commune de banlieue dans laquelle je vois bien que nous laissons ces jeunes aller à la dérive, rentrer à l’âge adulte sans savoir ce que c’est que le travail. Il faut leur donner quelque chose à faire. On sait quoi leur faire faire dans les collectivités locales, cela ne nous coûtera pas un centime de plus qu’aujourd’hui.

O. Mazerolle : Je lisais tout de même, l’autre jour, dans Libération que lorsque vous leur avez annoncé cette idée, les experts économiques du Parti socialiste ont tiqué !

D. Strauss-Kahn : Exact. Les experts sont des experts et aujourd’hui, nous avons des décisions politiques à prendre. Notre pays est dans une situation dans laquelle il faut que les décisions et les orientations soient dictées par une volonté politique beaucoup plus que par l’expertise sur tel ou tel sujet. Je ne dis pas que faire pour 350 000 jeunes, pendant cinq ans, un contrat de longue durée, cela soit la meilleure manière de faire fonctionner le marché du travail ! Je dis que nous avons un devoir moral de nous occuper de ces jeunes.

O. Mazerolle : Est-ce que la monnaie unique demeure une perspective pour le Parti socialiste français dans la mesure où l’on a entendu les travaillistes britanniques dire qu’ils ne reviendraient pas sur la flexibilité. Ils veulent même créer un ministère de l’emploi et de la flexibilité ! Comment, dans cet environnement, le Parti socialiste français pourra-t-il faire valoir ses vues sur un ensemble européen qui va tout à fait à l’opposé ?

D. Strauss-Kahn : La monnaie unique est un objectif tout à fait primordial avec les conditions que nous y avons mis et notamment le fait que l’euro ne doit pas être surévalué, le fait qu’il faut que l’Italie et l’Espagne soient dans le wagon qui fera la monnaie unique…

O. Mazerolle : C’est mal parti !

D. Strauss-Kahn : Non, je ne crois pas. Pour l’Espagne, cela me paraît pratiquement acquis. J’exagère un peu mais c’est très possible. L’Italie, ce sera plus dur, vous avez raison. Mais, il le faut ! On ne va pas faire la monnaie unique à deux ou trois ! La monnaie unique est un projet européen d’ensemble et il faut qu’on soit le plus nombreux pour le faire. Je pense qu’on va y arriver. Cela reste un objectif majeur parce que la construction européenne est pour nous un des rares moyens de pouvoir équilibrer la puissance américaine.

O. Mazerolle : L’annonce de la candidature d’H. Kohl, est-ce un sale coup pour les socialistes et bon pour la majorité ?

D. Strauss-Kahn : Je ne crois pas que cela soit si bon pour la majorité que cela. C’est en tout cas, un bon coup pour l’Europe. H. Kohl est très favorable à la construction européenne. Ceci dit, la candidature d’H. Kohl ne veut pas dire que les sociaux-démocrates allemands ne gagneront pas les élections. Vous savez, être candidat, c’est une chose, gagner, c’est autre chose.

 

France 2 - Vendredi 18 avril 1997

G. Leclerc : Le Président Chirac pourrait annoncer en début ou en milieu de semaine, la dissolution, avec des élections qui pourraient avoir lieu entre le 1er et le 8 juin. L’argument principal serait l’Europe : éviter le télescopage des deux calendriers, législatif et européen, et donc que la France redispose d’une majorité relégitimée pour négocier l’euro. Ce sont de bons arguments, non ?

D. Strauss-Kahn : Non, ce sont des arguments qui ne valent rien. Si l’Europe et la monnaie unique sont un sujet aussi important – je crois que c’est un sujet très important – alors on ne peut pas dire que l’on va expédier une campagne électorale pendant trois semaines pour qu’ensuite, le Gouvernement puisse faire ce qu’il veut, comme il veut. Si c’est vraiment un sujet qui a cette importance, alors il est normal que la campagne électorale, qui devrait se dérouler l’année prochaine, prenne cela comme sujet majeur, et les Français diront ce qu’ils en pensent. Donc, même du point de vue de l’Europe, en fait, on veut priver les Français d’un débat sur une question qui est très importante. Mais, la réalité n’est pas là.

G. Leclerc : Quelle est la raison, alors ?

D. Strauss-Kahn : Tout le monde le sait très bien. Le Gouvernement a un bilan économique qui va lui exploser à la figure. Ce qu’il a fait pendant deux ans va conduire à une hausse du chômage – malheureusement, mais, il faut bien le constater – à la rentrée. Il préfère avoir les élections avant. C’est un peu comme un gamin qui met la main dans un pot de confiture et puis qui éteint la lumière avant. En plus, tous les journaux l’ont dit : le budget que le Gouvernement prépare est un budget tellement difficile, tellement dur, avec tellement de restrictions, tellement de coupes, qu’il vaut mieux avoir les élections avant que de les avoir après. Sauf que ce n’est quand même pas très honnête, parce que quand on est au pouvoir depuis deux ans avec la majorité que l’on a, on va au bout du mandat puis on présente le résultat, on ne se cache pas avant.

G. Leclerc : Il y a peut-être, effectivement, des problèmes de dérapage du déficit budgétaire. Mais, d’une part, J. Arthuis a dit que de toute façon, on tiendrait les 3 % et qu’éventuellement, des mesures étaient prêtes – d’ailleurs cela ne serait pas très dramatique – et d’autre part, ce critère de 3 %, vous aussi, vous le réclamez parce que vous êtes pour l’euro, pour Maastricht.

D. Strauss-Kahn : Il y a plusieurs manières d’atteindre le critère. Le problème n’est pas celui-ci. Le problème c’est que si, comme vous le rapportez à l’instant, le ministre des finances s’exprime en disant que tout cela n’est pas bien dramatique, pourquoi faire des élections maintenant ? D’abord, on va voir les résultats de leur politique. Malheureusement sur le chômage, sur la consommation, cela va être extrêmement difficile parce que cela fait deux ans que la France est à l’arrêt, qu’il n’y a pas de relance de l’économie  que tout le monde le sent bien, les salariés, les patrons. La mécanique ne fonctionne pas – et plus cela va, plus on le voit, mais à la rentrée, à l’automne, cela va se voir comme le nez au milieu de la figure. Alors, ils se disent qu’il vaut mieux avoir des élections avant. S’ils pensaient, au contraire, que les résultats de leur politique vont enfin arriver, que cela va être plutôt bon, ils diraient : « très bien, ayons ces résultats et on aura les élections à la date normale ! ». En France, dans la Ve République, cela n’est jamais arrivé, sauf dans des cas très exceptionnels, que l’on ait une dissolution. C’était en 1968 ou au lendemain d’une élection présidentielle où il y avait une différence entre le président et l’assemblée en 1988. Mais, que l’on ait une élection législative, une dissolution, à froid comme cela, alors qu’il n’y a pas de drame dans le pays ! Je ne sais pas si vous avez vu s’il se passait quelque chose dans les rues avec des troupes armées ou quelque chose comme cela ou comme en 1968 un branle-bas général. On ne voit pas cela. Donc, on est à froid. La seule analyse, c’est de se dire que notre politique est très mauvaise, cela va finir par se voir, il vaut mieux avoir les élections avant. Est-ce que c’est cela la démocratie ?

G. Leclerc : L. Jospin a dit qu’il attendait de pied ferme la dissolution. Je m’excuse, mais est-ce que cela n’est pas un peu la méthode Coué, parce que le Parti socialiste n’est pas très flambant pour l’instant ?

D. Strauss-Kahn : On verra. Vous savez, il y a des hauts et des bas. Le problème, c’est d’être flambant le jour des élections. Ce qui est sûr, c’est que, ou bien les Français veulent reconserver, encore une fois, et Juppé et Chirac, et à ce moment-là, ils voteront pour la majorité. S’ils considèrent que ce qui s’est passé depuis l’élection de J. Chirac était bon pour la France, si on oublie les gigantesques manifestations de novembre-décembre 1995, la grève des internes qui est à peine terminée, si on oublie tout ce qui s’est passé, si on se dit que c’était très bien, ils voteront pour la majorité en place. S’ils considèrent qu’il y a une autre politique, s’ils considèrent qu’il y a une politique dans laquelle il faut, pour lutter contre le chômage, avancer sur la durée du temps de travail, aider les jeunes pour relancer l’économie. S’ils considèrent qu’il faut faire autre chose que ce qui a été fait sur les lois Debré, alors, ils voteront pour les socialistes. Ce n’est pas un problème de flambant, c’est un problème de choix politique.

G. Leclerc : Justement, le programme du Parti socialiste, est-ce que ce n’est pas un sérieux boulet ? On le dit irréaliste, passéiste, loin finalement du pragmatisme de T. Blair, par exemple, en Grande-Bretagne.

D. Strauss-Kahn : Vous avez remarqué que l’on dit deux choses contradictoires, parfois les mêmes d’ailleurs le disent. On dit : « ce programme est trop à gauche, il est irréaliste » – ce que vous relatiez à l’instant – et puis d’autres disent : « ce programme n’est pas en rupture avec ce que fait le Gouvernement actuel, c’est la même chose. »

G. Leclerc : Ce sont les communistes qui disent cela.

D. Strauss-Kahn : On voit les deux. Quand on a des critiques aussi contradictoires, c’est parfois qu’on est dans le vrai. Et, je crois que le programme que L. Jospin a présenté, notamment en matière économique et sociale, est un programme qui va aussi loin qu’il peut, tout en restant réaliste. Il faut relancer l’économie. On ne peut pas laisser dormir comme cela le moteur économique. Il faut le faire par la réduction du temps de travail, il faut le faire en aidant les jeunes. Il ne faut pas faire n’importe quoi non plus. Ceux qui voudraient que l’on fasse sauter la machine disent : « vous n’allez pas assez loin », ceux qui sont très conservateurs et qui veulent que l’on reste sur la situation actuelle disent : « c’est irréaliste. » La réalité, c’est juste le programme qu’il faut pour la France. Et, puisque le Gouvernement, aujourd’hui, et, semble-t-il, le président, veulent que les Français tranchent. Eh bien, ils vont pouvoir trancher.

G. Leclerc : Les relations sont quand même difficiles avec le Parti communiste, notamment sur l’Europe, sur l’euro. Ils sont contre, ils demandent un référendum. Vous allez réussir à régler tout cela en quelques jours – le 29 avril, il y a la rencontre Jospin-Hue ?

D. Strauss-Kahn : Nous voulons une Europe, notamment une Europe sociale. Les communistes ne disent pas autre chose.

G. Leclerc : Ils ne veulent pas de Maastricht pour l’instant.

D. Strauss-Kahn : Ils ne veulent pas de Maastricht et nous, nous ne voulons pas de ce qu’est devenu Maastricht, c’est-à-dire, les nouveaux engagements qu’a pris le Gouvernement. Ce qu’il faut, c’est que l’on construise l’Europe, et que cela serve à quelque chose. Et là-dessus, je crois que l’on peut trouver un accord avec les communistes. Faire l’Europe, la monnaie unique, juste pour faire plaisir aux financiers, que cela ne serve à rien en matière de lutte contre le chômage, ce n’est pas la peine. La faire pour que cela permette plus de croissance, que cela permette moins de chômage, cela vaut la peine. C’est ce que dit L. Jospin quand il parle de l’Europe. Là-dessus, je crois que l’on peut tomber d’accord avec les communistes.

G. Leclerc : Vous êtes prêts à gouverner si jamais vous remportez les élections ?

D. Strauss-Kahn : Je ne vois pas où il y a une difficulté particulière pour faire mieux que ce que fait le Gouvernement actuel.