Texte intégral
Le rapport de Jean-Paul Magnon : des élections dans un paysage social et politique en mouvement
La discussion
Le comité national du PCF s’est réuni lundi 12 janvier (voir notre édition du mardi 13 janvier). Il a d’abord entendu un rapport de Jean-Paul Magnon sur la situation politique et la préparation des prochaines élections régionales et cantonales, que nous publions ici dans son intégralité. Une discussion s’est ensuite engagée, sous la présidence de Jackie Hoffmann le matin, et de Jean-Claude Mairal l’après-midi, à laquelle ont pris part Joël Biard (93), Roland Perlican, Paul Boccara, Guy Hermier, Robert Hue, Yves Dimicoli, Michel Laurent, Daniel Brunel, Pierre Zarka, à nouveau Robert Hue, Martine Bulard, Jean-Marc Coppola, Roland Jacquet et Serge Guichard : on lira ici un résumé substantiel de leurs interventions.
Le rapport de Jean-Paul Magnon
Des élections dans un paysage social et politique en mouvement
Les élections régionales et cantonales se préparent dans une situation sociale et politique particulièrement riche dans laquelle le mouvement des chômeurs exprime les souffrances d’une société qui ne supporte plus le mal-vivre, les injustices et la fracture sociale.
Ce mouvement de caractère inédit est un point d’appui pour que la majorité de gauche réponde aux urgences sociales et apporte des solutions neuves avec des mesures structurelles pour une création massive d’emplois.
L’apport des communistes appellent à entendre le mouvement social et pour que la gauche plurielle réponde aux attentes est nettement mieux perçu.
Forts de cette démarche audacieuse, nous voulons être au service de nos concitoyens pour des améliorations immédiates et pour se placer dans une perspective de transformation sociale.
Avant d’aborder la campagne des élections cantonales et régionales, je veux évoquer les aspects nouveaux de la situation et les initiatives des communistes pour une étape nouvelle de réformes progressistes.
I. Répondre aux attentes immédiates et au besoin de changements profonds
Inquiétudes et attentes marquent ce début d’année dans l’opinion. Mais on perçoit aussi un regain de confiance dans l’avenir avec un esprit revendicatif plus fort. Ce renouveau d’optimisme et de combativité permet l’expression des exigences légitimes de ceux et celles qui ont porté la gauche au pouvoir en juin dernier. Loin d’être un handicap, il constitue un atout pour que le Gouvernement et la gauche plurielle réussissent les changements annoncés. Le bilan des huit premiers mois de la gauche est apprécié positivement. Mais aujourd’hui, le besoin de mettre en œuvre plus rapidement les réformes attendues se fait sentir. Il est urgent de répondre à ces attentes sous peine de désillusions et d’échec.
Que dit d’autre le mouvement des chômeurs ?
C’est la première fois qu’une action collective de chômeurs prend une telle ampleur. Que, dans cette partie de la population où domine trop souvent l’isolement, un vrai mouvement national soit en train de naître est une donnée significative, révélant la volonté de nos concitoyens de se réapproprier l’action collective comme moyen de peser sur le cours des événements. En agissant pour une prime exceptionnelle et pour l’emploi, les chômeurs ne demandent pas la charité. Ils revendiquent le droit à vivre dignement et de réintégrer la société.
La solidarité à l’égard des exclus du travail est d’autant plus forte que beaucoup de nos concitoyens se sentent concernés. Le récent rapport du commissariat au plan révèle l’ampleur du drame du chômage et de la précarité, en évaluant à 7 millions le nombre de personnes touchées par le chômage. Un Français sur trois depuis dix ans. Une proportion qui atteint 55 % pour les 25-29 ans.
C’est ce qui explique, comme ce fut le cas avec la lutte des cheminots en 1995, qu’une grande partie de la population soutient et s’identifie à ce mouvement. En fait, il ne s’agit pas seulement d’une lutte des chômeurs, mais d’un mouvement social inédit qui exprime les angoisses, les souffrances et les espoirs d’une grande partie de la société.
Animé par des comités de chômeurs de la CGT, d’ACI ou de l’APEIS et d’autres associations, soutenu activement par les communistes et leurs élus, ce mouvement a mis à la une de l’actualité la légitimité des exigences de respect et de dignité des chômeurs. Nous sommes naturellement à leurs côtés, solidaires et actifs, conformément à notre identité communiste, avec des propositions qui contribuent à faire entendre leurs besoins et les possibilités de les satisfaire. De premiers résultats positifs ont été obtenus.
Vendredi dernier, le Premier ministre a reconnu le bien-fondé de leur mouvement. Il a annoncé la création d’un fonds social d’urgence doté d’un milliard de francs. C’est une avancée vers les revendications des chômeurs qui restent mobilisés et préparent une journée de manifestations pour demain.
Ce n’est pas dans la choquante intervention policière contre les chômeurs que se trouvent les réponses à leurs exigences légitimes, mais dans la poursuite du dialogue.
Beaucoup reste à faire et il est du devoir de la majorité plurielle de satisfaire les revendications des chômeurs.
Il s’agit d’abord d’élaborer une vraie loi contre l’exclusion sociale. Cela passe notamment par une revalorisation des minima sociaux dès à présent. Un prélèvement sur les revenus financiers et les grandes fortunes pourrait contribuer au financement de cette mesure de justice sociale.
Dans le même temps, il faut prendre des mesures significatives permettant la relance de l’investissement utile à l’emploi.
Des premiers pas ont été faits avec le plan emplois-jeunes et les 35 heures qu’il faut réussir. Et il y a urgence à s’attaquer réellement à la gangrène du chômage par la relance du pouvoir d’achat, une nouvelle utilisation de l’argent favorisant l’emploi et la formation ; j’y reviendrai.
* Violences urbaines
Ces dernières semaines ont été également marquées par un développement de la violence urbaine avec, entre autres, les incendies de voitures et les agressions contre les chauffeurs de bus. Autant d’actes intolérables qui portent atteinte au droit élémentaire des personnes à vivre en toute sécurité. Ces agressions contre des gens souvent de condition modeste sont inexcusables et doivent être sanctionnées.
Les réactions collectives contre la violence et pour le mieux vivre ensemble commencent à émerger dans les cités comme le montrent la marche des jeunes à Vénissieux ou la manifestation à Chambéry. Ce sont des points d’appui pour sortir de cet engrenage.
Il ne s’agit pas d’une fracture entre, d’un côté, les jeunes et, de l’autre, la population. Les jeunes sont dans leur majorité souvent les premières victimes de la violence.
Des mesures immédiates doivent être prises pour assurer le droit essentiel à la sécurité des biens et des personnes.
Nous savons que les causes profondes de cette situation résident dans l’aggravation de la crise de la société avec le chômage, les inégalités sociales, les ravages de la drogue, le mal-vivre dans les cités, auxquelles les gouvernements précédents n’ont pas apporté de réponses efficaces.
L’expérience montre que c’est par le dialogue, l’action, la solidarité que les habitants des cités avec les associations, les élus, les services publics, la police et la justice retissent des liens sociaux et peuvent trouver des solutions.
Mais ce qui est entrepris « relève encore trop du laboratoire », souligne, dans « l’Humanité », Marjolaine Rauze, maire de Morsang, et « non d’une mise en œuvre sur une grande échelle, ce qui impliquerait des moyens nouveaux, en budget, en personnel, en formation, en équipement ».
Cela nécessite de dégager les moyens humains et financiers nécessaires pour l’école, l’emploi et l’insertion professionnelle, le logement et le cadre de vie, l’amélioration des services publics, une police bien formée et en nombre suffisant et une justice plus rapide et plus efficace.
D’autre part, les collectivités locales doivent disposer des moyens financiers nécessaires pour faire face à leur mission.
Lors du congrès, nous avons formulé des propositions. Les maires communistes ont déjà pris ce problème à bras-le-corps. Évidemment, nous ne prétendons pas répondre seuls aux question complexes posées par la violence urbaine. C’est pourquoi le département « Mouvement de la société » propose d’ouvrir des « espace citoyens » entre spécialiste et acteurs sociaux, jeunes et moins jeunes, militants ou non.
Une table-ronde pour débattre de ces questions est organisée le 20 janvier de 9 h 30 à 17 heures au comité national.
Rechercher une issue à la crise urbaine nous demande un travail persévérant pour apporter des réponses politiques neuves aux ravages du capitalisme.
Les communistes avec leurs élus en lien avec les associations et les citoyens ne ménagent pas leurs efforts pour soulager les souffrances, aider aux actions, aux solidarités nécessaires pour améliorer la vie quotidienne et retrouver l’espoir.
Cela implique beaucoup d’efforts pour inventer une intervention de caractère nouveau prenant en compte l’évolution contradictoire des mentalités, en recherchant les formes d’activité et des solutions nouvelles adaptées aux réalités de ces quartiers.
* Relais des aspirations et force dynamique du changement
Le bouillonnement du mouvement social exprime tout à la fois l’inhumanité d’une société meurtrie par le capitalisme et l’émergence de nouvelles solidarités.
Les gens se mobilisent plus dès lors qu’ils perçoivent la possibilité d’obtenir satisfaction. On le voit avec les chômeurs, mais c’est également vrai pour les problèmes de logement, de santé, de cadre de vie.
D’autre manière plus générale, la leçon que nous tirons de la période actuelle montre que l’apport des communistes est mieux reconnu et que l’on attend d’eux qu’ils soient toujours mieux les relais des attentes, des aspirations et la force dynamique du changement souhaité en juin dernier. C’est dans ce sens que s’affirme notre participation à la majorité gouvernementale, faite d’esprit critique et de participation constructive pour la réussite des objectifs fixés.
II. Mettre en œuvre des réformes novatrices
Le développement du mouvement social et citoyen constitue un atout essentiel pour lever les résistances du CNPF, de la droite et de l’extrême droite à la mise en œuvre de mesures progressistes par la gauche.
Nous assistons en effet à un aiguisement de l’affrontement entre le CNPF, la droite, l’extrême droite et les forces de progrès.
En témoigne l’élection du nouveau président du CNPF qui marque une évolution radicale des grands groupes industriels et financiers.
L’héritier des de Wendel annonce clairement la couleur : il veut, je cite, « déstabiliser le Gouvernement à propos des 35 heures et mettre fin aux négociations nationales, interprofessionnelles, n’accepter le maintien de la présence patronale dans les organismes paritaires qu’à la condition qu’elle ne coûte pas un sou de plus de cotisations ». La délégation patronale à l’UNEDIC refuse d’assumer la couverture éventuelle des 350 000 emplois-jeunes.
Ainsi, le CNPF affirme avec arrogance sa volonté de soumettre le pays à la seule domination du capital financier et d’un libéralisme à l’anglo-saxonne au mépris des intérêts de la société, de sa jeunesse et des entreprises elles-mêmes.
L’opposition du CNPF à une loi sur les 35 heures est significative de son engagement contre un choix de société permettant aux salariés de profiter un peu des gains de productivité, avec plus de temps libre sans perte de salaire et de créer des emplois à plein temps.
Ainsi, alors que les grands groupes regorgent de profits, les grandes fortunes étalent leur luxe, la bourse bat des records, le baron Antoine-Ernest Seillière refuse toute mesure permettant de faire reculer le chômage et l’exclusion.
Mais cette attitude d’opposition brutale aux choix démocratiques des Français et à la concertation sociale ne fait pas l’unanimité dans le patronat. Elle est à contre-courant des aspirations de notre peuple.
Elle met en évidence l’obstacle que constitue la logique de la rentabilité financière pour le développement de l’emploi et des hommes.
Ainsi, selon un sondage SOFRES – « l’Expansion », pour 68 % des Français, le capitalisme évoque quelque chose de plutôt négatif et 66 % pensent que les entreprises n’attachent aucune importance à leur avenir.
L’opposition d’intérêts entre les attentes des citoyens et les exigences du CNPF est donc plus visible, la lutte des classes aux contours nouveaux, loin d’être terminée, appelle au contraire à un renforcement du mouvement syndical et de l’intervention politique des salariés dans les entreprises.
* Les partis de droite toujours plus à droite
Cette offensive antisociale du grand patronat correspond à un glissement de plus en plus ostensible de la droite parlementaire vers l’ultralibéralisme.
Elle soutient totalement le grand patronat qui porte une responsabilité écrasante dans la montée du chômage. Elle s’oppose aux mesures permettant de créer des emplois comme les emplois-jeunes et les 35 heures. Il faut noter que le président de la République est à la tête de cette opposition.
La réorientation libérale du RPR est clairement annoncée : il s’agit de « reconstruire sur des valeurs clairement à droite », explique le président du groupe RPR au Sénat.
De même, l’UDF est à la pointe du combat contre les 35 heures.
Enfin, les rapports des partis de droite avec le Front national sont ambigus.
À l’évidence, une partie de la droite reprend des thèmes lepénistes pour tenter de séduire l’électorat du FN, comme ce fut le cas lors du débat à l’Assemblée nationale sur l’immigration. Même si les états-majors tentent de le camoufler.
Ce qui est clair dans cette apparente confusion, c’est que les partis de droite n’hésitent pas, pour regagner en influence, à reprendre les thèses racistes et nationales du FN.
* Le FN
Quant au FN, il traite avec un profond mépris la lutte des chômeurs montrant une nouvelle fois, malgré sa démagogie, qu’il n’est pas du côté des victimes du capitalisme. Il se dit prêt aux alliances avec la droite pour les élections cantonales et pour l’élection des présidences de région. Mais ces alliances, Le Pen les veut sur la base des idées ultracapitalistes, racistes, fascisantes et néonazies de son parti. D’où l’odieuse récidive sur le « détail » des chambres à gaz pour laquelle il vient d’être condamné.
Les communistes avec leurs candidats aux élections redoubleront d’efforts pour aider ceux qui rejettent les idées de la haine et de la division à l’exprimer clairement et à faire reculer l’influence du FN.
* Une nouvelle étape de réformes structurelles
Les enjeux de la situation actuelle nous appellent à intensifier l’action contre le CNPF, la droite et l’extrême droite. Ce combat contre les forces ultralibérales est indispensable pour ouvrir une voie progressiste, pour passer à une nouvelle étape de réformes structurelles.
Dans son rapport au conseil national, Robert Hue évoquait le besoin urgent d’une nouvelle étape pour des réformes profondes : « Conscients de notre apport depuis cinq mois, disait-il, celles et ceux qui ont élu cette majorité et souhaité la présence de communistes comptent en effet sur nous, sur le Parti communiste français, pour que s’engagent les réformes de structures sans lesquelles les attentes exprimées avec tant de force en juin ne pourraient être satisfaites, avec tous les risques d’échec qui en découleraient. »
Ces réformes de fond qui ne peuvent être séparées des réponses urgentes à apporter aux maux de la société prennent une acuité nouvelle.
Elles sont d’autant plus nécessaires qu’il ne faut pas sous-estimer les conséquences néfastes de la crise financière asiatique pour la France et l’Europe. L’insuffisance d’emplois, de croissance réelle simultanément à la crise financière, sont à l’origine des secousses brutales qui sont parvenues jusqu’en Europe et aux États-Unis.
L’impact direct sur les ventes à l’étranger dans de nombreux secteurs de notre économie peut être sensible. Dans le même temps, la dépréciation des devises asiatiques peut rendre leurs produits plus compétitifs. Les produits français subiront de plein fouet cette concurrence exacerbée.
Cette crise asiatique et les solutions que l’on cherche à y apporter aggravent la croissance financière. Les 110 milliards de dollars qui ont été mobilisés par le FMI amplifient le mécanisme à l’origine de la crise : une création monétaire pour soutenir les marchés au détriment du crédit nécessaire à l’emploi et à la formation. En effet, « l’aide » du FMI est conditionnée à des plans de réduction drastique des dépenses publiques et d’augmentation d’impôts…
Dans ces conditions, on peut craindre une concurrence effrénée entre l’Europe (derrière l’Allemagne) et les États-Unis afin d’attirer les capitaux refluant d’Asie, et par conséquent de nouvelles tensions sur les taux d’intérêt. Ainsi, la récente hausse des taux d’intérêts de la Bundesbank et des autres banques centrales européennes pourrait préfigurer la politique monétaire unique : maintenir un taux de change élevé de l’euro par rapport au dollar pour capter les capitaux ce qui renforcerait la pression contre l’emploi et la croissance en rendant le crédit plus cher.
Cette crise monétaire internationale renforce le besoin de réformes radicales qui favorisent le progrès social et l’emploi et non les marchés financiers.
Il s’agit :
- de relancer le pouvoir d’achat avec une augmentation substantielle du SMIC et un relèvement de minima sociaux ;
- de donner la priorité absolue à la lutte pour l’emploi avec la poursuite du plan emplois-jeunes, la réussite de la diminution du temps de travail à 35 heures sans baisse de salaire et avec des embauches correspondantes ;
- de stopper les plans de licenciements massifs.
Il s’agit d’une nouvelle utilisation de l’argent favorisant l’investissement productif et l’emploi. Ce qui nécessite une réforme du système fiscal et du crédit pour alléger les charges financières qui pèsent sur les PME-PMI et taxer plus lourdement les profits spéculatifs.
La défense et la promotion des services publics impliquent d’arrêter le processus de privatisation. C’est cela qui nous a conduits à désapprouver celle du GAN-CIC. Cette décision conduirait à accentuer encore les exigences de rentabilité financière pour ces deux entreprises.
À l’opposé de cette stratégie, nous appelons à rechercher les moyens de constituer un pôle public de financement faisant coopérer banques, assurances, institutions financières, avec un rôle nouveau de la Banque de France. Un tel pôle ouvert à l’intervention des salariés, des élus, des citoyens aurait pour objectif de développer le crédit, en abaissant les taux d’intérêt dès lors qu’il favorise les investissements productifs créateurs d’emploi, l’amélioration des salaires, le financement des projets d’équipement, de logements, l’aide aux collectivités locales, la formation.
* L’action pour réussir les 35 heures
Nous voulons réussir la réduction du temps de travail à 35 heures.
Rappelons d’abord que la réduction du temps de travail à 35 heures sans diminution de salaires est l’un des engagements forts que la gauche a pris sous l’impulsion des communistes. La loi d’orientation qui va être soumise au débat au Parlement se fixe sans perte de salaire et la création de « centaines de milliers d’emplois ». Pour y parvenir, l’avant-projet de loi prévoit essentiellement de nouvelles baisses de cotisation patronales. On peut craindre qu’ainsi conçue la réduction du temps de travail n’encourage la précarité, la pression sur les salaires, sans créer beaucoup d’emplois. Au bout du compte, cela aboutirait donc à moins de recettes nouvelles pour répondre aux besoins sociaux, mais aussi, comme on le voit dans le conflit actuel des chômeurs, à moins de moyens pour l’indemnisation des sans-emploi, leur formation, leur reclassement et leur retour à un emploi stable et correctement rémunéré.
Nous ferons tout pour éviter l’échec car c’est notamment sur la question de l’emploi que le Gouvernement sera jugé. Et c’est parce que nous voulons que cette loi réussisse, et qu’elle ait des conséquences bénéfiques pour les salariés dans les entreprises, mais aussi pour les chômeurs qui pourraient en bénéficier en retrouvant un emploi, que nous proposons un autre type d’incitations à la réduction du temps de travail.
D’abord, l’État devrait donner à la fois les moyens aux salariés et à leurs représentants de négocier dans de bonnes conditions, de contrôler les engagements et permettre aux chômeurs et à leurs associations de participer à l’élaboration de programmes de créations d’emplois et de formations indispensables pour faire reculer le chômage. Dans cet esprit, pourquoi ne pas envisager de développer massivement l’allocation formation-reclassement afin de permettre aux chômeurs qui en bénéficieraient d’accéder aux emplois ainsi créés par le passage aux 35 heures ?
D’autre part, nous proposons que les licenciements soient pénalisés, les placements spéculatifs taxés, et que les entreprises qui s’engagent à créer des emplois en passant aux 35 heures bénéficient d’aides permettant la bonification des crédits pour l’emploi.
Ainsi, il serait possible de baisser les charges financières, et de cesser de peser sur les dépenses sociales et les salaires. C’est dans cette visée que nous proposons l’organisation de véritables concertations régionales entre salariés de l’industrie et des banques, de leurs syndicats, des chômeurs et leurs associations, avec les directions d’entreprises, de banques, les élus, l’État, pour élaborer des programmes de création d’emplois et de formation, avec les aides financières correspondantes.
Ainsi, on pourrait commencer à répondre tout de suite aux demandes urgentes des chômeurs, et à l’aspiration des salariés à vivre mieux, en construisant un rassemblement suffisamment fort pour contrer le déchaînement du CNPF et créer les conditions pour que la loi sur les 35 heures soit un véritable progrès pour toute la société.
Comme ils l’ont fait dans le débat sur le plan emplois-jeunes, les parlementaires et les militants communistes vont impulser un débat constructif pour obtenir l’amélioration du projet de loi actuel pour le rendre plus efficace.
Ces réformes ne pourront aboutir sans la participation active des salariés et des citoyens concernés. C’est pourquoi elles sont inséparables de la conquête de droits nouveaux des salariés dans les entreprises, notamment sur l’orientation de l’argent et sur les choix qui touchent à l’emploi.
Ces nouveaux droits s’inscrivent dans une démocratisation plus globale des institutions, permettant une réelle intervention des citoyens sur les décisions les concernant ; démocratisation que tout appelle.
* Réorienter la construction européenne
Les Françaises et les Français attendent de nous que nous soyons le ferment de ces réformes pour la France et pour l’Europe.
Concernant la réorientation de la construction européenne, l’avis du Conseil constitutionnel, qui juge nécessaire une révision de la Constitution pour l’approbation du traité d’Amsterdam, relance en grand le débat sur la construction européenne et la nécessité d’un référendum. On nous annonçait que tout était réglé. On vient de voir que ce n’est pas le cas.
La manifestation du 18 janvier prend de ce fait une nouvelle importance pour la réorientation de la construction européenne et pour la consultation des Françaises et des Français par référendum.
Ce jugement du Conseil constitutionnel révèle au grand jour les abandons de souveraineté à des organismes non élus démocratiquement qu’impose le traité d’Amsterdam allant au-delà du traité de Maastricht.
C’est vrai dans le domaine de nos institutions et de la démocratie dans la communauté européenne.
C’est vrai aussi dans le domaine économique et monétaire avec les contraintes d’austérité pour le passage à l’euro et le pacte de stabilité.
Ces contraintes sont en opposition avec la politique choisie par une majorité d’électeurs et d’électrices en juin dernier.
Le besoin d’être informé et consulté est grand dans l’opinion. Nous voulons que la gauche réussisse et nous sommes résolument « euroconstructifs ». C’est pourquoi nous demandons un débat national sur les orientations de la construction européenne.
* Une Europe du progrès social et du plein-emploi et non des marchés financiers
Une Europe de la coopération pour affronter les défis de la mondialisation et de la révolution informationnelle et non de la guerre économique sans pitié.
Le débat sur l’euro, c’est au fond le débat sur l’utilisation de l’argent et sur la contradiction entre les marchés financiers et les besoins humains. Il porte par conséquent sur le rôle de la Banque centrale européenne, indépendante des Gouvernements avec un pouvoir exorbitant donné par les traités de Maastricht et d’Amsterdam, qui dirigerait en fait les politiques économiques et monétaires.
À l’inverse, une réorientation de la construction européenne permettrait une meilleure utilisation des capitaux dans le cadre d’une coopération monétaire originale avec une monnaie commune articulée su les monnaies nationales.
Dans sa lettre au président de la République, Robert Hue réaffirme que : « face à de tels choix, c’est au peuple qu’il appartient de trancher ». Une consultation par référendum permettrait qu’après un large débat national les Françaises et les Français se prononcent en toute connaissance de cause et en toute clarté ».
La modification de la Constitution par le Parlement tiendrait le peuple à l’écart de décisions le concernant.
Nous sommes très offensifs sur cette question de démocratie et nous affirmons nettement notre volonté constructive pour changer l’Europe.
Notre objectif : contribuer à réorienter la construction européenne vers une Europe de progrès social et de paix. C’est le sens de la campagne nationale que nous avons engagée.
Plusieurs milliers de personnes ont répondu à l’adresse des communistes aux citoyens et renvoyé leur avis sur les questions posées.
Dans de nombreux départements, des rencontres, des débats ont été organisés sur cette question.
Le 14 décembre dernier à La Défense, à Paris, plusieurs centaines de Français et d’Européens d’horizons divers ont débattu durant toute une journée sur cette question.
Nous venons de décider d’organiser avec le PS un débat à la mi-février sur la réorientation de la construction européenne telle qu’elle est inscrite dans la déclaration commune du 29 avril.
Il faut noter aussi les rencontres que Robert Hue a eues mi-décembre avec de nombreuses personnalités, mouvements, partis politiques que ce soit à Bonn ou au Parlement européen à Strasbourg.
Les échos qui nous parviennent des fédérations montrent que la manifestation nationale du 18 janvier, place de la République, va ouvrir une nouvelle phase de la bataille pour la réorientation de la construction européenne et un référendum sur l’Europe.
* Les communistes à l’initiative
Cette manifestation du 18 janvier, ainsi que nos propositions pour l’emploi et les 35 heures s’inscrivent dans les initiatives que notre conseil national a décidées pour contribuer à la réalisation des réformes profondes qu’attendent les Françaises et les Français.
Nous avons l’ambition d’être toujours mieux à l’écoute et porteurs des aspirations de notre peuple.
Avec la lutte des chômeurs, nous avons fait la démonstration de notre rôle de relais citoyens et de force d’innovation pour apporter des nouvelles réponses.
En travaillant au renforcement du mouvement social et de l’intervention citoyenne, nous travaillons à la réussite de la gauche pour répondre aux espoirs de ceux qui lui font confiance.
Dans le même temps, nous poursuivons les débats avec nos partenaires de la gauche plurielle. Nous avons également proposé la mise en place de groupes d’études et de réflexion entre nos deux partis, ouverts aux autres composantes de la gauche et des Verts pour travailler à la recherche de propositions communes en confrontant nos opinions sans dissimuler nos différences.
Ainsi, c’est en articulant initiatives des communistes en prise avec le mouvement social, déploiement des espaces citoyens, confrontation et élaboration communes avec les autres forces de gauche et du mouvement social, que nous travaillons à forger les ressorts nécessaires à la réussite de l’expérience engagée.
Comme l’a dit Robert Hue lors de la rencontre avec le Parti socialiste : « Nous sommes en train d’inventer un mode d’existence original pour la majorité gouvernementale, où il y a une solidarité plurielle, qui n’est pas fondée sur l’alignement derrière un parti dominant. »
Ces conférences régionales réuniraient tous les partenaires concernés : banques, assurances, institutions financières, entreprises publiques et privées, élus, représentants des salariés.
La création des fonds régionaux décentralisés qui seraient reliés nationalement inciterait et aiderait les entreprises, le secteur bancaire et financier à coopérer localement et régionalement pour l’emploi, la formation, les nouvelles technologies, la recherche, l’aide aux PME, l’installation des jeunes agriculteurs. Ces fonds seraient des outils précieux pour favoriser le recours au crédit à très bas taux d’intérêt, permettant ainsi l’abaissement des charges financières des entreprises, pour les inciter à relever les salaires.
Le contrôle par les élus régionaux de l’utilisation de l’argent public doit être renforcé afin de conditionner les aides publiques aux entreprises à la qualité et à la pérennité des emplois créés, au développement des territoires, à la préservation de l’environnement, au développement de l’artisanat, du petit commerce, de l’agriculture familiale, de la filière maritime.
De ce point de vue, nous renouvelons notre soutien à l’action des salariés de la Banque de France qui refusent la fermeture des succursales qui sont des outils précieux pour permettre l’accès à l’information financière.
Les fonds structurels européens qui constituent désormais une dimension importante de la politique régionale doivent être contrôlés plus efficacement, et servir réellement des projet industriels, artisanaux et agricoles, créateurs d’emplois.
* Un nouveau développement durable et solidaire des territoires
Deux atouts essentiels le permettraient :
a) Des services et des entreprises publiques rénovés et démocratisés associant usagers et salariés, répondant à leurs besoins, sont des outils indispensables d’un développement durable permettant de répondre aux enjeux de développement des territoires, à l’emploi, à la prévention de l’environnement.
b) De grands projets développant les productions, les recherches, les formations, répondant aux besoins doivent être mis en œuvre avec de nouveaux contrats de plan État-régions élaborés avec les populations, visant à un développement durable et solidaire.
C’est dans ce but que nous proposons la tenue d’une conférence sur l’aménagement du territoire et du développement durable associant tous les acteurs économiques, sociaux, associatifs de la formation, de la culture, de la science et de la recherche. Elle contribuerait à dresser un schéma de ressources naturelles, à développer la diversification en matière énergétique, à favoriser un nouveau type de développement agricole respectueux de l’environnement, valorisant les territoires, soucieux de la qualité alimentaire dans le cadre d’une ruralité vivante, à maîtriser la croissance urbaine et à humaniser la ville, à favoriser l’accès aux technologies de l’information, et à garantir le droit aux transports, au logement, à la santé, à la culture, au sport et au tourisme. Cela appelle évidemment la programmation et la réalisation d’équipements nouveaux pour encourager le progrès social, culturel et humain sur l’ensemble des territoires, ainsi que la lutte contre les délocalisations et les fermetures de services publics.
Une réorientation de la politique de transport viserait à favoriser les transports en commun, une meilleure combinaison fer-route-fleuve-mer. Des plans de déplacement urbain décidés après une large concertation permettraient de dégager des moyens plus importants pour la lutte contre la pollution et le bruit.
Des coopérations nouvelles peuvent être envisagées entre l’État, les régions et l’ensemble des acteurs concernés pour le développement et la modernisation des transports ferroviaires. Les régions pourraient ainsi, en concertation, stimuler l’expression démocratique des besoins en transports ferroviaires.
Bien que relevant actuellement de la compétence de l’État, la politique de l’environnement pourrait associer plus les régions, notamment pour l’élimination des déchets ménagers et industriels. Des chartes de l’écologie urbaine devraient être mises en place par les régions, les agglomérations et les villes pour préserver l’environnement et la qualité de vie des citadins. Les élus communistes continuent d’agir pour la mise en place d’un véritable service public décentralisé de l’eau, de l’assainissement, de la collecte et du traitement des déchets.
Des conseils régionaux de gauche devraient se fixer pour objectif d’aider de manière multiforme au développement du logement social et à l’amélioration de la qualité de l’habitat, en lien avec les départements et les communes. Il devrait, notamment en Île-de-France, inciter des projets de construction de logements accessibles à tous.
Nous proposons également de remettre en chantier avec la participation des habitants, des élus, des professionnels de la santé, les schémas régionaux d’organisation de la santé avec l’objectif de refuser le rationnement des soins et le maintien, la modernisation des services hospitaliers sur tout le territoire.
Une véritable décentralisation devrait être accompagnée pour les régions, les départements et les communes de moyens financiers pour l’exercice de leurs compétences. Cela appelle à reconsidérer les transferts de charges et les désengagements financiers de l’État qui sont devenus insupportables et au contraire la mise en place de nouveaux systèmes de péréquation, et d’une réforme de la fiscalité locale, notamment de la taxe professionnelle favorisant la création d’emplois, et l’aide aux PME.
Un nouvel élan pour révivifier la démocratie régionale, la citoyenneté et la coopération véritable
La pratique du débat citoyen, de la consultation, de la concertation, à partir de la transparence des informations doit devenir permanente pour favoriser la participation des citoyens à l’élaboration des décisions et à leur mise en œuvre.
De nouveaux droits et pouvoirs d’intervention permettraient d’encourager cette citoyenneté nouvelle. À l’échelon régional, ils constitueraient des leviers nouveaux pour l’intervention des citoyens, des salariés et des élus sur le contrôle et l’utilisation de l’argent public et des entreprises, pour l’emploi et le développement des territoires.
La revalorisation du rôle du conseil régional nécessite des règlements intérieurs plus démocratiques, la transparence et l’efficacité dans l’activité des élus.
La place et les missions des comités économiques et sociaux régionaux doivent être revalorisés.
Un état des lieux des spécificités, des atouts et des handicaps de chaque région pourrait être dressé afin de décider d’orientations nouvelles évitant les concurrences et favorisant les complémentarités, les coopérations régionales et des solidarités nouvelles entre les collectivités locales, avec l’État, garant de l’intérêt général.
Les coopérations et partenariats indispensables peuvent être renforcés dans le cadre d’une intercommunalité véritable, refusant la supra-communalité. Nous proposons de donner un sens nouveau à la notion de pays, en aidant les populations à investir ces structures pour des projets efficaces, utiles, permettant aux collectivités de partager des coûts d’équipements pour des projets communs créateurs d’emploi et d’activités, dans le cadre d’un vrai partenariat refusant toute domination. Ces coopérations intercommunales, construites de manière nouvelle, renforceraient la participation la plus large des citoyens et des élus locaux et rendraient leur action plus efficace.
La création d’une véritable assemblée des régions pourrait favoriser la prise en compte du fait régional et le développement des coopérations interrégionales.
Il ne s’agit pas de programme tout ficelé, mais d’axes clairs qui garantissent de réels changements dans la région.
Les candidats communistes s’appuieront à cet effet sur le travail accompli, l’expérience accumulée par nos élus régionaux, sur les propositions qu’ils ont formulées dans la dernière mandature et aussi sur les succès qu’ils ont pu enregistrer en menant l’action avec la population contre la politique de la droite dans la région.
Conjointement à la définition de grands axes communs avec tous les partenaires des listes d’union, les communistes assureront la propre intervention du Parti dans la campagne des régionales. Ils feront connaître le bilan de l’activité des conseillers régionaux communistes et assureront la plus grande transparence aux débats engagés avec la population.
* Les élections cantonales
Les élections cantonales sont également d’une grande importance.
Vous le savez, ces élections se déroulent au scrutin majoritaire à deux tours et se présentent donc de façon différente.
Je veux insister sur la nécessité de présenter des candidats dans tous les cantons renouvelables sauf cas exceptionnels motivés par le danger d’élection d’un candidat du Front national.
Précisons toutefois à ce propos que les dernières élections partielles montrant plutôt la nécessité de candidats représentant les diverses mouvances de la gauche au premier tour pour battre les candidats d’extrême droite.
Notre objectif dans cette élection est de faire progresser l’influence électorale du Parti communiste nationalement et de gagner des conseillers généraux communistes.
Cette avancée est possible par rapport à 1992. D’une part, parce que ce précédent scrutin intervenait dans une période difficile après les événements de la fin des années quatre-vingt, intervenus dans les pays de l’Est.
Et la situation en France a beaucoup changé depuis, ainsi que la meilleure image du Parti communiste comme le montrent tous les sondages d’opinion.
Si l’on se réfère aux dernières élections cantonales partielles, pour les six élections qui se sont tenues depuis fin septembre et qui avaient comme référence les cantonales en 1992, les candidats communistes ont progressé de 5,8 %.
Il est intéressant de noter qu’avec, certes, des inégalités, ces progrès concernent des cantons très différents pour l’influence communiste ce qui tendrait à démontrer que des gains sont réalisables partout à condition de présenter des candidats partout.
Il faut aussi prendre en compte la possibilité, comme pour les conseils régionaux, de battre la droite dans une série de conseils généraux. Notre campagne pour l’élection de conseillers généraux communistes entre donc dans cet objectif commun à toute la gauche et notre volonté est de faire en sorte que les gains communistes participent pleinement à la réussite de la gauche, sans lesquels celle-ci ne peut être assurée.
Les départements constituent avec les lois de décentralisation un échelon essentiel des institutions.
Contrairement à ceux qui prônent leur disparition, dans un but ouvertement supranational et européen, les communistes demandent que la décentralisation soit totalement appliquée et que des moyens financiers soient donnés aux conseils généraux pour répondre aux besoins des populations. Leurs compétences sont importantes pour la vie des gens : aides sociales, collèges, environnement, transports, santé, aide médicale, insertion des allocataires du RMI, le sport, la culture, etc.
L’action des conseillers généraux communistes doit être mise en valeur et popularisée. Nos candidats, souvent élus dans les communes du canton, sont des militants connus pour leur proximité, leur dévouement, leur présence aux côtés de ceux qui luttent.
* Articuler choix politiques et vie quotidienne
Dans une campagne nationale de cette ampleur, nos candidats représentent, avec l’ensemble des communistes, un potentiel militant efficace, irremplaçable. Il est donc urgent là où ce n’est pas encore le cas de désigner rapidement ces femmes et ces hommes qui seront les porte-parole du Parti dans les villages, les quartiers, les villes. Ils seront en même temps des relais citoyens pour entendre les préoccupations et la volonté des populations, l’aspiration à un autre avenir que celui d’une société rongée par le chômage, la violence et dans laquelle les humains ont moins d’importance que les marchés financiers.
Toutes les enquêtes d’opinion mettent en lumière le rejet de la politique politicienne, d’une élite politique coupée des réalités, sourde aux aspirations populaires.
Cette évolution nous conforte dans notre engagement à faire de la politique autrement en appelant les électrices et les électeurs à intervenir à tous les niveaux de la vie publique. Pour ces élections, il nous faut montrer les liens directs existant entre les choix politiques qu’ils feront en votant et les conséquences directes pour leur vie quotidienne qui en résulteront.
Toute la démarche politique des communistes vise à favoriser l’intervention des citoyens en la nourrissant de propositions, de débat et d’action.
Ce contact direct avec les électrices et les électeurs mené sous de multiples formes représente la plus grande force militante de notre Parti. Lui seul peut faire pénétrer dans le plus grand nombre de foyers les raisons du vote communiste. Montrer en quoi un progrès de l’influence communiste aura des répercussions positives. Il sera un atout pour se défendre contre les mauvais coups, pour faire progresser les revendications les plus immédiates et pour aller plus loin dans la voie des changements politiques auxquels aspirent la majorité des citoyens.
Avec cet effort pour s’adresser à chacune et à chacun, il est nécessaire de prendre des mesures dans chaque cellule, chaque section et fédération pour déterminer les priorités.
Dans de nombreux départements en étant présents devant les grandes usines, mais aussi les hôpitaux, les cités administratives, facultés, les zones d’activité avec leurs multiples PME – on touchera les électeurs de nombreux cantons où nous n’avons pas toujours les moyens d’intervenir.
D’autant que l’entreprise est le lieu privilégié pour traiter le plus concrètement des problèmes au cœur de l’actualité politique comme les 35 heures, l’emploi, l’avenir des retraites, le relèvement des salaires et plus généralement, tous les enjeux de société que sont les questions des transports, du logement, de la santé, de la sécurité, etc.
On le sait pour les élections locales, il n’y a pas d’automatisme à aller vers les entreprises. Il faudra un effort particulier, notamment dans la mise en place de plans de travail de nos candidats, nos sections et nos cellules.
Veillons donc à nous adresser à toutes les catégories en portant une attention particulière aux femmes, aux jeunes à partir de leurs propres préoccupations.
De façon sans doute plus accentuée que pour le reste de la population, ils se mobiliseront pour ce scrutin s’ils perçoivent le rôle qu’ils peuvent jouer pour faire bouger la situation dans un sens qui leur convienne. Il faut donc rendre lisible, palpable le fait que ces élections ont un rapport avec leurs préoccupations.
Un autre souci traverse une importante partie de la jeunesse : le Front national. Nombreux sont ceux qui veulent s’engager, sous des formes diverses pour tenter de le faire reculer. Infliger un recul au Front national peut devenir l’ambition commune de centaines de milliers de jeunes et nous devons leur en offrir le moyen le plus efficace avec nos candidats.
Remarquons qu’à chaque fois que l’occasion se présente les jeunes font la preuve de leur capacité à écouter, à s’engager, sous des formes nouvelles ; à élaborer avec beaucoup d’exigences des propositions. Les rencontres initiées par Marie-George Buffet, et leur débouché lors de la rencontre de Marly en ont été une démonstration. La satisfaction exigeante qui ressort de cette expérience, la popularité de la ministre témoignent du bien-fondé de notre démarche pour favoriser l’intervention citoyenne, notamment chez les jeunes. La campagne que nous allons mener doit en être imprégnée totalement.
* Une communication adaptée
Évidemment, nous allons mener la campagne avec un matériel de communication adapté répondant bien aux problèmes du quartier, du village, de la ville et expliquant notre politique. Nos tracts, dépliants, journaux, lettres à des catégories ciblées, adresses de communistes à leurs collègues de travail ou à leurs voisins, affiches doivent populariser l’action des candidats et leurs propositions pour le canton, le département, la région.
Un matériel national sera édité ainsi que des affiches permettant de visualiser la contribution du Parti à la campagne commune des régionales et pour les élections cantonales.
* Le rôle de notre presse peut être important
« L’Humanité Hebdo » publie cette semaine son septième numéro. La qualité du journal est appréciée et d’ores-et-déjà nous avons gagné net 5 000 lecteurs dont 2 600 en vente militante et 1 000 par abonnements. Mais il faut noter que seulement 5 % des CDH ont contribué à ce résultat, ce qui nécessite de généraliser l’effort pour gagner les 20 000 nouveaux lecteurs d’ici fin juin. Cet effort est indispensable pour que vive « L’Humanité Hebdo ». Pour cela, il faut sans doute aider tout le Parti à bien se saisir des travaux du comité national sur « L’Humanité ».
Une diffusion exceptionnelle est prévue les 5, 6, 7 et 8 mars. Une semaine avant les élections régionales et cantonales ; avec ce numéro, il s’agit d’aller à la rencontre des électeurs, d’organiser les points de rencontre, tournées, porte-à-porte.
Nos autres journaux, « L’Humanité » quotidienne, « Regards », « La Terre » et les journaux régionaux, pour la part qui leur revient, vont également contribuer à la campagne électorale.
* Des moyens financiers
Un mot sur nos besoins financiers. Une telle campagne demande des moyens financiers importants. Nous proposons de lancer une nouvelle souscription de masse.
Celle que nous avons lancée au mois d’octobre pour le Parti et « L’Humanité » a recueilli déjà 5,4 millions de francs fin décembre. Beaucoup d’efforts restent à faire pour atteindre l’objectif des 10 millions de francs. C’est pourquoi, nous proposons de prolonger cette souscription jusqu’à la fin du mois de janvier.
* La remise des cartes
Pour mener à bien une campagne offensive, dynamique et de proximité l’atout décisif c’est le militantisme, ce sont nos adhérents.
Nous devons donc poursuivre notre démarche pour donner les moyens à chaque communiste de prendre sa place comme il ou elle l’entend dans les initiatives à engager.
Du nombre d’adhérents dépend la qualité de notre intervention, le rayonnement de notre politique, son ancrage dans la réalité et l’enrichissement de notre réflexion.
C’est en ces termes que se pose la nécessité d’une remise des cartes rapide et la plus large possible. Pour sans attendre donner les moyens à toutes et tous de participer à la dynamique que nous souhaitons impulser.
Une dynamique où chacun, chacune se met en mouvement au contact de celles et ceux qui les entourent. N’est-ce pas ainsi qu’il nous faut initier des milliers de rencontres publiques, rencontres de proximité, ouvertes, larges, pour que l’ensemble du pays soit irrigué du débat politique autour des enjeux de la période ? Un débat politique où sans complexe nous pouvons avec un esprit offensif proposer à tous ceux, toutes celles qui le souhaitent de prendre leur place au Parti communiste.
Faisant cela, nous leur offrons le moyen de s’organiser pour élaborer, confronter, agir, se donner avec d’autres plus de force et d’efficacité en faveur de ce pourquoi ils veulent s’engager.
Dans les deux mois qui viennent une intervention d’un plus grand nombre de communistes, n’est-ce pas en effet un atout original que nous mettons au service de l’intervention des gens. Un atout pour engager du neuf, du solide pour aujourd’hui et pour demain.
Les conditions existent pour que les attentes nouvelles à l’égard d’un Parti communiste en mutation se traduisent dans son influence électorale. Une influence au service de la réussite de la gauche, de la réussite d’une politique nouvelle qui change le quotidien et construise des bases nouvelles pour l’avenir.
* La discussion du Comité national
Joël Biard (93) souligne l’évolution rapide de la situation incluant la lutte des chômeurs : « Un mouvement qui porte et va porter loin. » Un mouvement qui n’est pas fini et qui marque une « étape nouvelle dans l’intervention citoyenne à la fois pour obtenir des succès sociaux et revendicatifs et pour exiger des réformes de structures fondamentales ». Ce mouvement « pose la question du travail de manière nouvelle », les chômeurs eux-mêmes faisant la démonstration « qu’il ne s’agit pas de revendications catégorielles, mais d’exigences qui interpellent toute la société ».
L’orateur relève la sympathie de l’opinion, la solidarité à l’égard de leur lutte, l’opinion qui « joue un rôle très important à l’instar de novembre-décembre 1995 ou de la lutte des sans-papiers », ce qui invite à une « réflexion nouvelle sur l’action de masse et nous fait un devoir d’imagination sur la recherche, à partir du refus de subir, d’une autre façon de faire de la politique, sur les formes de luttes et de pratiques politiques nouvelles. « Sans s’interdire aucune forme, le mouvement social et citoyen a besoin d’expérimenter plus fortement et amplement que la conjugaison de celles et ceux qui sont en lutte et la sympathie suscitée est facteur de rapport de forces nouveaux », ajoute-t-il, en notant que le mouvement des chômeurs « a valeur de pédagogie » et en montrant que les manœuvres n’ont pas réussi à désolidariser les inclus et les exclus, et en rappelant le caractère positif des premières mesures obtenues par cette lutte. Lutte qui « crédibilise la nécessité et le renforcement de ce syndicalisme CGT, solidaire, permettant le lien entre sans-emploi, actifs, retraités ». Il relève, pour la regretter, « l’intolérable intervention des CRS contre les ASSEDIC » alors qu’« au contraire il faut le dialogue en permanence ».
« Ce mouvement et ses résultats, note Joël Biard, mettent bien en lumière que nous ne sommes plus dans le contexte des gouvernements de droite d’hier ni dans celui de 1981, mais dans une dynamique, en appui avec tous les mouvements de ces dernières années, qui permet des rassemblements nouveaux. » Il souligne à cet égard la démarche combative des communistes dans la gauche pluraliste « pour arracher du mieux et gagner ». Concernant la nouveauté de la situation, il montre qu’avec le changement du président du CNPF, il s’agit bien de la part du grand patronat d’un changement de stratégie : « L’entreprise, dit-il, doit avoir un objectif celui de créer des emplois et non la flexibilité et le profit. »
C’est, conclut-il, « dans ce contexte que se préparent les élections régionales et cantonales avec l’objectif de battre la droite et l’extrême droite » avec deux dimensions : « une, très politique, partant des attentes et des nécessités, exigeant des réformes structurelles pour répondre à la volonté de changement : l’autre, de proximité, dans les lieux de travail et de vie s’adressant à toutes les catégories et favorisant l’intervention du débat citoyen sur les enjeux actuels. »
Au bout de huit mois de ce Gouvernement, est-ce que la situation est meilleure pour le peuple ? Est-ce que l’avenir laisse entrevoir des améliorations ? » Non, répond Rolande Perlican. Elle évoque un mécontentement grandissant et les actions que suscitent les difficultés rencontrées par les travailleurs. Ce que réclament les chômeurs est légitime, estime-t-elle. Face à cela, « quel est le choix du Gouvernement socialiste ? Ne pas mettre en cause l’équilibre budgétaire, les conditions du passage à l’Euro, les critères de Maastricht ». L’oratrice estime « que c’est décider de ne pas s’attaquer au capital ». La force du mécontentement des chômeurs et le soutien de la population ont contraint le Gouvernement à un premier recul. Mais, sur les revendications de fond, rien. Depuis huit mois, aucune des grandes mesures prises par ce Gouvernement ne s’attaque sérieusement au capital. Au contraire, il lui ouvre la voie : « Jospin lance la police contre les chômeurs, tout en les assurant de sa compréhension. » « Quelle duplicité ! » Rolande Perlican estime qu’il est impossible que le Gouvernement avance dans le bon sens.
À propos de l’activité du Parti communiste, elle dit que, « jusqu’à présent, il n’a pas contribué au développement de la lutte ». Il fallait, dès le début de l’action des chômeurs, leur apporter un soutien sans faille et appeler à l’extension du mouvement. Au lieu de cela, « on s’est félicité des décisions prises par le Gouvernement. Il a fallu la détermination des chômeurs en lutte pour que la direction du Parti dise enfin que le Gouvernement doit faire plus. D’abord, on démobilise par nos appréciations et, ensuite, on est à la remorque du mouvement ». Va-t-on condamner fermement les interventions policières, et pas seulement les trouver choquantes ? Rolande Perlican s’exclame : « Quel scandale quand on entend un ministre communiste cautionner cela. » Pour elle, cette attitude de la direction désoriente les communistes et ne fait qu’accentuer les désaccords de milliers d’entre eux qui veulent un Parti qui défende les intérêts du peuple. Elle cite à cet effet une réunion des communistes du groupe Renault, qui ont exprimé leur inquiétude sur l’évolution de la situation, sur la politique du Gouvernement, sur l’orientation actuelle de la direction du Parti et qui estiment qu’il est plus que temps de changer d’orientation.
À propos des élections régionales, l’oratrice interroge : « Des listes communes, pour quelle politique ? Poursuivre avec le PS la politique actuelle, c’est faire que tout s’aggrave encore plus vite. » « De renoncement en renoncement, jusqu’où allons-nous aller en étant dans ce Gouvernement ? C’est pourquoi je redis qu’il faut en sortir. » « En continuant à cautionner cette politique avec ces listes communes, on fait un pas de plus sur le chemin de la disparition du Parti comme parti révolutionnaire de lutte. Pour cette raison de fond, je ne suis pas d’accord. »
Pour Paul Boccara, « Aussi bien dans la situation actuelle marquée par les revendications des privés d’emploi, qu’à propos des élections régionales, monte l’exigence de propositions rassembleuses sur une autre utilisation concrète de l’argent pour les chômeurs et l’emploi. » Il intervient sur quatre ensembles de propositions de financement nouveau pour répondre aux revendications immédiates urgentes, tout en étant articulées à des transformations de structures.
Concernant les mesures d’urgence pour les chômeurs et, au-delà d’elles, un relèvement substantiel des minima sociaux pour les privés d’emploi, « il s’agit du droit à une existence digne, dès aujourd’hui, face aux gâchis des marchés financiers ». En liaison avec ces mesures urgentes, l’orateur propose une meilleure assiette des cotisations chômage « qui fasse payer davantage les employeurs qui font moins d’emploi », ainsi qu’un développement considérable de l’« allocation formation-reclassement » (AFR) des chômeurs. Une loi de prévention et de lutte contre l’exclusion doit être ouverte à la mise en formation et à la mise en emploi effectives. La question principale est celle de l’incitation à la création de l’emploi, en allant vers une sécurité d’emploi et de formation pour les jeunes et aussi pour les adultes.
L’orateur évoque ensuite la question des aides financières alternatives pour favoriser la création d’emploi dans le cadre du projet de loi d’orientation et d’incitation à la réduction du temps de travail à 35 heures. Les aides financières d’État prévues dans le projet s’inscrivent dans une logique de baisse du coût salarial (avec des aides pour diminuer les cotisations sociales) à laquelle il oppose une logique « qui abaisserait les charges financières et les taux d’intérêt du crédit pour les investissements, dans la mesure où ils programment et créent des emplois, en liaison avec la réduction du temps de travail ». Il évoque le besoin d’une démarche constructive concernant un amendement au projet « instituant une seconde modalité, alternative par rapport au choix actuel et favorisant l’intervention citoyenne et des élus locaux ou des chômeurs sur cette question, au-delà du face-à-face salariés-patronat ». Il s’agit de proposer que les aides d’État soient éventuellement utilisées pour diminuer les charges financières des crédits pour les investissements des entreprises, de façon d’autant plus forte que ces investissements sont programmées avec des engagements de création d’emploi à partir de la réduction du temps de travail. En outre, « une aide publique régionale additionnelle peut être prévue dans cette seconde modalité pour renforcer les bonifications d’intérêt des crédits, en faisant entrer les accords et conventions en sollicitant les interventions de terrain ».
Paul Boccara commente, dans un troisième temps, la proposition du rapport d’organiser des rencontres, au niveau régional ou départemental, afin d’y discuter d’autres financements qui débouchent effectivement sur des créations d’emplois. En liaison avec les élections régionales, ces rencontres associeraient responsables des banques et institution financières, dirigeants d’entreprise, organisations syndicales et associations de chômeurs, élus ou candidats locaux et régionaux, « pour poser la question de l’intervention des banques et de l’utilisation des fonds publics, et proposer d’autres montages financiers avec des crédits à des taux abaissés à moyen et long terme pour des investissements avec un but social d’emploi, de formation et de coopération avec une efficacité nouvelle ». Paul Boccara montre alors l’enjeu de mesures sur la formation qui permettraient d’accroître la productivité et la compétitivité, dans une logique opposée à celle de la baisse du coût du travail.
Il insiste sur l’importance cruciale pour lutter contre la domination des marchés financiers et construire une issue à la crise systémique, d’un crédit nouveau, d’une création monétaire non inflationniste pour l’emploi, la formation, la production réelle, les coopérations.
L’orateur consacre enfin le quatrième point de son intervention aux propositions pour une autre orientation monétaire et sociale de la construction européenne et à la démarche constructive, rassembleuse pour les faire avancer concrètement. Il tient à dire qu’« au-delà de nos propositions alternatives de monnaie commune, qu’il faut davantage faire connaître, et malgré les différences et même les oppositions fondamentales avec nos partenaires socialistes, nous devrions souligner que nous sommes pour proposer l’unité d’action sur des points précis fondamentaux concernant une création monétaire européenne pour des crédits à taux abaissés pour l’emploi, à l’opposé des exigences des marchés financiers. Même si cela bouscule les restrictions concernant le crédit en Europe de la construction de Maastricht ». Il note que notre proposition pour un référendum reçoit un appui objectif avec la position du Conseil constitutionnel sur le traité d’Amsterdam et il ajoute que nous pouvons rassembler sur la proposition alternative de monnaie commune. Mais « sans faire de l’alignement sur cette proposition un préalable, nous appelons à l’action commune pour une politique de crédit hardie, au niveau européen, en faveur de l’emploi et de la formation débouchant sur l’emploi. On peut d’ailleurs prendre appui sur les missions de crédit pour l’emploi assignées à la Banque européenne d’investissement au sommet d’Amsterdam. Mais il s’agirait de réclamer, sur le terrain, des crédits à bas taux bien plus amples pour l’emploi, en débordant les exigences actuelles des ressources de la BEI prélevées sur le marché financier. On proposerait que les banques centrales refinancent par la création monétaire une partie de ces prêts, en vue des achats réciproques et des coopérations en faveur de l’emploi et d’une nouvelle croissance de la production en Europe, fondée sur le développement des capacités humaines ».
Guy Hermier se retrouve dans la proposition du rapport d’aborder la situation actuelle, « dans un esprit critique et constructif ». Ainsi, il approuve le soutien apporté au mouvement des chômeurs. Ce mouvement pose un problème majeur de société. Le choix de l’action collective plutôt que la résignation est important, comme est important « l’appui de la population, qui a pris la dimension d’une action par procuration ».
Selon lui, nous avons eu raison de dire que le Gouvernement a « sous-estimé » la signification et la portée de ce mouvement. Cette attitude a contribué à ce qu’il corrige le tir, même si des réformes plus profondes s’imposent et que le recours à la force a été une « faute politique ». « Nous ne devons pas craindre, poursuit-il, un débat, même critique, au sein de la gauche plurielle. Il peut être utile à une bonne conduite des affaires gouvernementales. » Il aurait souhaité une démarche similaire lors du débat sur l’immigration, regrettant des « pressions » en faveur d’un vote favorable du groupe à l’Assemblée nationale pour la loi Chevènement. D’ailleurs, il faut « dédramatiser » la question des votes du groupe. Sur quatorze textes importants, neuf ont été approuvés. Il n’est pas pour autant favorable à la multiplication des votes de différenciation. « Je souhaite que la gauche réussisse pour le pays, pour la gauche et pour le Parti lui-même. »
Guy Hermier souhaite que, sur les questions en débat, le Parti soit capable d’éclairer le sens des changements à construire. Sur l’immigration, il propose que le Parti et les groupes parlementaires participent au travail initié par des députés de l’ensemble de la gauche, pour proposition de loi refondant l’ordonnance de 1945. Sur les 35 heures, il faut veiller à ce que leur mise en œuvre ne conduise à des dérives dangereuses et améliorer le projet Aubry en de nombreux domaines. « Surtout ne laissons pas en tête-à-tête Gouvernement et patronat. Le mouvement social doit s’en mêler. »
Après avoir évoqué la nécessité de transformer profondément la politique de la ville, il souligne que « la critique de l’Europe libérale n’a de sens que si elle se complète de propositions et d’un combat pour une autre Europe ». C’est décisif pour établir « une ligne de partage » claire entre le « refus progressiste » et le « refus chauvin et ultranationaliste », sans quoi la demande d’un référendum peut être source de confusion. À ce propos, il doute de l’opportunité de la demande d’un référendum sur la modification de la Constitution qui portera sur la libre-circulation des étrangers et le droit d’asile. Il souhaite que le Comité national fasse la clarté sur ce point. Guy Hermier constate que le débat sur le communisme s’est vite transformé en débat sur la réunification de la gauche française. L’opinion que le PCF n’aurait d’autre l’alternative que la fusion avec le PS est réductrice et unilatérale. L’histoire de ces dernières décennies n’est pas seulement celle de la faillite du « communisme réel », mais aussi celle « de la gestion social-démocrate ». « Nous ne le disons pas assez. » La nécessaire refondation de la gauche française suppose de « dépasser cette double faillite », ce qui est loin d’être le cas. Elle suppose le respect de la diversité des composantes de la gauche et la recomposition d’un courant d’alternative sociale qui réalise la rencontre entre une visée communiste renouvelée et d’autres sensibilités radicales.
Quant aux élections régionales, il estime que la gauche ayant décidé des listes d’union, c’est dans ce cadre qu’il faut engager la campagne. Encore faut-il que ces listes représentent toute la gauche dans sa diversité et soient largement ouvertes au mouvement social. Cela ne va pas sans difficultés. Il faut veiller à ce que ces listes ne soient pas seulement gouvernementales ou réduites à un tête-à-tête PCF-PS, ou l’occasion de réduire la diversité dans les partis. Cela ne créerait pas les meilleures conditions du rassemblement pour battre la droite et le Front national.
De sa place, Robert Hue se dit sensible à l’interrogation de Guy Hermier sur le contenu du référendum. Effectivement, nous ne nous inscrivons pas dans une démarche référendaire qui porterait sur la question de l’immigration – ce que souhaite la droite, pour des raisons évidentes –, pas plus que sur d’autres dispositions qui permettraient « une succession de modification de la Constitution : par exemple, sur le cumul des mandats, la parité, et, beaucoup plus grave, la possibilité d’intégrer dans la Constitution des dispositifs permettant de ne pas faire appel à la représentation nationale, en cas de mise en cause de la souveraineté nationale ».
La question que nous posons au président de la République est bien de consulter le pays, « conformément à l’article 11 de la Constitution, et sur le traité d’Amsterdam et le passage à la monnaie unique ». Sur ces bases, Robert Hue souligne la possibilité « d’élargir la participation à la manifestation », prévue ce dimanche 18 janvier : « Dans les jours qui viennent, nous devons faire le rapprochement entre les difficultés pour satisfaire les revendications des chômeurs et l’enfermement dans l’Europe de Maastricht, et les contraintes de l’euro. »
« Notre soutien aux chômeurs et l’action pour réorienter la construction européenne vont dans le même sens. »
Pour Yves Dimicoli, l’évacuation des antennes ASSEDIC occupées par les chômeurs en lutte souligne la difficulté de Lionel Jospin et des ministres socialistes à travailler de façon novatrice avec le mouvement social. Le Premier ministre, en juillet dernier, avait reconnu le caractère contradictoire des objectifs qu’il entend tenir : répondre aux demandes de relance pour l’emploi et satisfaire aux exigences de la monnaie unique attendue par les marchés financiers. Cette contradiction s’est considérablement aiguisée depuis l’engagement de la France dans le pacte de stabilité. Mais les chômeurs poussent à rediscuter la hiérarchie des priorités établies tandis que grandit la légitimité d’une consultation nationale sur la construction européenne.
La voix plurielle qu’ont su faire entendre les communistes avec d’autres dans le pays, à l’Assemblée nationale et au Gouvernement, a été salutaire. Elle a contribué à imposer le respect et à entretenir la sympathie vis-à-vis de la lutte des chômeurs. Ceux-ci ont arraché de premières mesures. Elles sont bien sûr très insuffisantes. Mais elles peuvent constituer un point d’appui pour avancer. Le débat sur la cohérence et les priorités de la politique économique, pour l’emploi et la croissance, est relancé comme jamais. L’emploi et son financement sont des questions qui vont être au cœur des prochaines élections régionales. L’irruption des chômeurs dans le débat économico-politique y contribue fortement déjà. Leur colère est d’autant plus grande qu’ils doutent de l’optimisme affiché en matière de conjoncture économique. De plus, ils mesurent que la croissance actuelle ne fait pas reculer le chômage et craignent que l’actuel projet de loi sur la réduction du temps de travail ne crée pas massivement des emplois.
Lionel Jospin a entrouvert la porte à propos des situations les plus catastrophiques en dotant un fonds d’urgence sociale de 1 milliard de francs et en pérennisant les « cellules d’urgence » créées dans les départements sous la pression de la lutte. Mais il a refusé d’accéder à la demande exprimée par les chômeurs de relever les minima sociaux, opposant à cette demande les conditions d’équilibrage du budget 1998 qui satisfait aux critères de Maastricht. Comment surmonter cette mise en opposition pour réussir ensemble ? Bien sûr en mettant en avant la nécessité de réorienter la construction européenne, au nom d’une autre vision de la coopération en exigeant tout de suite une implication beaucoup plus ample de la BEI dans le financement de l’emploi. Mais inséparablement, en avançant des contre-propositions sur le cœur même de ce qui constitue la démarche dominante pour, prétend-on, sortir du chômage par l’emploi et la croissance tout en respectant les critères de Maastricht.
En quoi consiste cette démarche ? Pour convertir les « dépenses passives » du chômage en « dépenses actives » pour l’emploi on baisse les charges salariales avec, particulièrement la diminution des cotisations sociales patronales. En fait, l’expérience montre que cela ne fait qu’accroître les profits disponibles pour les placements financiers et la spéculation, tout en précarisant et en tirant vers le bas toute la structure des salaires contre l’emploi. Intégrant cette donnée lourde, l’INSEE prévoit pour le premier semestre 1998 un nouveau recul de la part des salaires dans la valeur ajoutée des entreprises, ainsi que la poursuite d’une très vive croissance des revenus financiers du capital. Que proposons-nous ? Ce ne sont pas les charges salariales qu’il faut baisser, mais les charges financières et, au lieu de taxer plus les revenus du travail et de remplacement ou la consommation, pénalisons les rendements financiers. La multiplication par deux de l’ISF rapporterait l’équivalent de ce qui est nécessaire pour répondre à la demande d’indemnité exceptionnelle dite « de fin d’année » de 3 000 francs pour les chômeurs. Proposons donc de baisser les charges financières pour l’emploi en utilisant les aides publiques pour l’emploi à bonifier des crédits bancaires pour les investissements à moyen et long terme des entreprises, des PME notamment. La mise à contribution simultanée de tous les revenus financiers du capital, y compris ceux des entreprises et des institutions financières, permettrait de doter progressivement un fonds national et décentralisé pour bonifier des crédits bancaires pour l’emploi. Il y a là les ingrédients d’une voie nouvelle pour créer des emplois tout en répondant aux demandes sociales des chômeurs. On peut chercher à l’investir sans attendre dans les régions, comme y invite le rapport de Jean-Paul Magnon. Les chômeurs exigent aussi, à juste titre, une remise à plat du système d’indemnisation. Cela n’invite-t-il pas à ouvrir beaucoup plus largement l’accès à l’allocation formation-reclassement (AFR) en accroissant massivement son financement, impliquant notamment les entreprises ? Ainsi, dans un calendrier, ne pourrait-on pas, avec tous les intéressés, examiner les conditions dans les régions et au plan national, d’une conversion progressive des situations d’indemnisation précaires ou d’exclusion-assistance en situations de formation avec un revenu garanti, en vue d’un débouché effectif dans les emplois stables et correctement rémunérés ?
Dans la mesure où l’AFR peut être attribuée jusqu’à trois ans consécutivement à un même bénéficiaire, son développement massif pourrait être associé à une programmation de créations d’emplois dans les régions en lien avec la réduction du temps de travail dont le calendrier porte lui aussi sur trois ans. Ne pourrait-on pas, tout de suite, chercher à élargir en ce sens le rôle et les moyens des « cellules départementales d’urgence » désormais pérennisées ? Le mouvement des chômeurs place beaucoup plus fortement encore la gauche au défi de réussir le passage aux 35 heures, c’est-à-dire sans perte de salaire et avec la création de « centaines de milliers d’emplois », selon l’expression de Lionel Jospin lui-même.
Cela conduit alors à réinterroger très fortement avec des contre-propositions le mécanisme d’incitation financière de l’État prévu par le projet de loi actuel. Les régions, leurs élus pourraient jouer, dans cette affaire, un rôle éminent permettant ainsi l’irruption du politique dans les négociations décentralisées sur la réduction du temps de travail, avec la perspective d’une mobilisation des capacités de bonification pour l’emploi des régions et, avec elles, du système de crédit dans tous les bassins d’emplois. Débattons de notre démarche, expérimentons-la, confrontons-la à la démarche dominante avec les salariés et les citoyens sur le terrain. Et que gagne celle qui sera la plus à même de faire échec l’offensive patronale et de la droite en étant la plus mobilisatrice, la plus efficace pour l’emploi, et le développement des capacités humaines de tous ! À cette fin, on peut, comme le propose le rapport, organiser sans attendre, en liaison effective avec les élections régionales, des rencontres entre les représentants des grandes entreprises et des PME, mais aussi les représentants des syndicats, des associations de chômeurs, des représentants des salariés des banques et des institutions financières, ainsi qu’avec les élus. Ces rencontres permettraient de commencer à avancer en pratique sur des propositions concrètes pour l’emploi avec les montages financiers nécessaires.
Michel Laurent souligne que la nouveauté de la situation politique n’est pas seulement formelle : « L’évolution des consciences, les échecs successifs de la droite et du capitalisme, la volonté populaire ont rétabli une politisation du débat public comme du mouvement social. » Situation originale : « parce qu’elle appelle la politique », parce que « les mouvements de société, même lorsqu’ils sont issus d’intérêts particuliers finissent pas interpeller le politique sur la structure d’ensemble, la logique et les visées de toute la société capitaliste ». L’apport communiste fait aussi partie de cette originalité pour, « en partant du réel, alimenter le débat, le mettre en lien entre l’immédiat et le politique, poser avec force et en liaison avec le mouvement social la nécessité de réformes de structures pour toute la société ». « Avec une nouvelle pratique qui fasse et rende confiance au peuple » nous incitant « à ne plus nous poser en contre-société, mais au contraire comme porte-parole de la société et de ses revendications, de ses besoins et de ses rêves ».
« Ce pays, ce monde ont plus que jamais besoin de changement, j’ajouterais qu’ils ont aussi plus que jamais besoin de communisme », poursuit l’orateur. « Ce monde appelle à changer de logique, de système, de futur, il nous appelle à porter la visée communiste à la hauteur de ces exigences… Avec le besoin d’humanité monte le besoin, conscient ou non, d’un Parti communiste fort. Avec les attentes envers la gauche, augmente la nécessité d’une visée communiste émancipatrice et atteignable. » Ce qui implique « une grande qualité dans l’organisation de notre Parti ». À cet égard, l’orateur interroge : « N’est-il pas temps d’aller plus loin dans notre pratique politique moderne, ouverte au monde, dans la mise en avant d’individus communistes de notre temps valorisés dans et par le groupe auquel ils appartiennent ? »
« L’individu communiste est à la fois à l’initiative de notre politique et à celle de sa mise en œuvre, ajoute-t-il, ce qui doit nous permettre de travailler à renforcer le Parti comme une force collective organisée et d’être à l’initiative politique. » Il cite de ce point de vue la manifestation nationale du 18 janvier « où nous sommes à l’initiative avec la volonté d’être porteurs d’un projet réel qui utilise les capacités de l’Europe au lieu de les restreindre ».
À propos des élections cantonales et régionales, Michel Laurent souligne que « notre stratégie d’union, d’ouverture de conquête que nous avons menée dans leur préparation et que nous menons dans la campagne électorale nous situe dans la logique même de notre démarche générale. En Seine-Saint-Denis, la liste sera conduite par Marie-George Buffet et rassemblera la gauche plurielle. Aux cantonales, nous sommes présents dans tous les cantons et nous représentons dans plusieurs d’entre eux d’autres forces que le Parti. Nos candidates et candidats seront plus jeunes et parmi les quatorze nouvelles candidatures, sept sont des femmes ».
Daniel Brunel donne son « accord avec le rapport et les propositions qu’il comporte ». Il se propose de répondre à deux questions à partir des responsabilités nouvelles du PCF : « De quel Parti communiste les gens ont-ils besoin aujourd’hui ? De quel Parti avons-nous besoin pour demain ?
À l’occasion des prochaines élections, la gauche peut arracher la gestion de régions à la droite, et il est possible de faire reculer le FN. On peut créer les conditions d’une nouvelle donne politique en renforçant la possibilité pour la gauche d’être mieux en mesure de répondre aux attentes du plus grand nombre. Pour l’orateur, « les attentes obligent plus que jamais à faire correspondre les discours et les actes ». Il souligne que les axes politiques de la campagne du PCF sont loin de se réduire aux compétences des conseils généraux et régionaux, mais visent à mettre en avant sa volonté de faire face à l’ensemble des problèmes de société.
Daniel Brunel reprend l’argumentation du rapport de Jean-Paul Magnon et indique : « Nous seront jugés sur notre capacité à apporter des réponses positives aux attentes sociales, aux aspirations de notre peuple, à tous les niveaux : gouvernemental et parlementaire. Cette question est posée aux communistes sur le terrain. (…) Les chômeurs, par exemple, pensent que la gauche est la mieux à même de régler les problèmes de l’exclusion, de l’emploi. Le sondage IFOP – « Journal du Dimanche » montre tout à la fois que 50 % des personnes consultées font confiance à Lionel Jospin pour lutter contre l’exclusion, mais 77 % ne croient pas à son plan d’urgence. « Il ajoute qu’un crédit du même ordre est accordé au Gouvernement sur les questions d’insécurité. Mais là encore le traitement de fond est nécessaire. (…) Les élections peuvent être l’occasion d’aborder ces questions politiques avec les citoyens qui ne veulent plus subir ce qu’on leur impose, qui veulent être reconnus dans leur dignité individuelle comme dans celle de membres de collectivités ».
L’orateur recommande ensuite de rencontrer « le plus rapidement possible » chaque adhérente et adhérent communiste, car « nous avons besoin de chacun, et chacun peut apporter sa contribution aux échéances importantes à venir ».
Enfin, pour lui, il convient aussi de poursuivre le débat de fond « pour avoir une presse qui bouge avec un Parti qui bouge afin de mieux s’en saisir comme d’un moyen important du débat politique ». Soulignant la nécessité de gagner des lecteurs, il ajoute : « Dans quinze fédérations, nous proposons aux secrétaires fédéraux et aux directions départementales de réfléchir ensemble à donner une ampleur renouvelée à cette diffusion en rapport avec nos ambitions politiques. » Il ajoute : « Ne sommes-nous pas dans une phase où parce que notre apport original, notre utilité apparaît mieux, le besoin du renforcement du Parti doit être traité plus ouvertement, plus franchement ? »
« Il nous faut travailler cette question du renforcement avec audace, sans complexe, en mesurant combien notre Parti a besoin de cet apport pour poursuivre sa mutation pour être plus utile, et de poser la question de l’adhésion ainsi, notamment lors des rencontres publiques que nous allons tenir partout durant la campagne », conclut Daniel Brunel.
Pierre Zarka rebondit sur l’intervention de Daniel Brunel pour souligner qu’il est indispensable de conjuguer un effort durable en direction de « l’Humanité » et de « l’Humanité Hebdo » avec un certaine notion d’urgence. Il rappelle que le comité national qui s’est tenu sur les questions de la presse avait décidé de la déployer à la hauteur des attentes de la société et, d’autre part, de donner à « l’Humanité » et « l’Humanité Hebdo » les moyens de ces progrès. Cela devait notamment se traduire par 20 000 « Humanité Hebdo » supplémentaires. Il avait été également décidé de joindre à la souscription du Parti un effort de 5 millions de francs pour le journal. Or aujourd’hui, même si on peut constater « un mouvement positif », les résultats sont tellement loin de l’objectif qu’ils peuvent être lourds de conséquences pour « l’Humanité ».
L’orateur estime que le message du comité national n’est pas bien passé bien que le nouvel « Humanité Hebdo » ait reçu un bon accueil au point de multiplier par deux sa diffusion à l’occasion des deux premiers numéros. Les inquiétudes qui s’étaient manifestées sur son contenu avaient été apaisées par la teneur du comité national sur la presse. Cependant, seuls 5 % des CDH poursuivent aujourd’hui leur effort. Pierre Zarka considère qu’il y a eu relativement peu de comptes rendus du comité national sur la presse et que, d’autre part, ils n’ont pas atteint les cellules. Si bien que l’on peut penser qu’aujourd’hui cette responsabilité est encore trop considérée comme étant une tâche à part. On est capable de donner un « coup de rein » pour la diffusion, mais on ne constate pas encore une prise en compte de la diffusion abordée en tant qu’objectif politique comme moyen d’accroître notre capacité d’intervention politique.
C’est une question trop souvent abordée à partir des difficultés d’organisation interne du Parti. Elles sont réelles, mais à les aborder en dehors des possibilités politiques, on les surévalue. Il y a là un manque à gagner au regard de la qualité de l’accueil faite à « L’Humanité Hebdo ». Dans le même temps, il y a un trou financier de 5 millions de francs à combler d’urgence, ce qui est peu au regard des 200 millions de francs de chiffre d’affaires, mais qui est crucial pour le journal. Cela doit être obtenu en quelques semaines, d’autant qu’il s’agit aussi d’engager le processus de transformation de « l’Humanité » quotidienne.
Pierre Zarka propose, en conclusion, de bien informer les communistes de la situation réelle, d’obtenir les 10 millions de francs d’ici le début février. « C’est une nécessité vitale », au sens le plus existentiel du terme, dit-il ; quant à la diffusion, il nous faut faire un effort sur le sens et le niveau d’engagement, partout où le Parti communiste est organisé, sur la base de la signification de l’effort pour « l’Humanité », en lien avec la remise des cartes et les espaces citoyens.
Robert Hue intervient alors pour rappeler les « bonnes résolutions » prises par le comité national consacré à la presse communiste, en octobre. Depuis, des choses ont été engagées, des possibilités importantes sont apparues pour la diffusion de « l’Humanité Hebdo », « mais nous sommes encore très loin du compte. Le journal traverse une phase critique, au moment où l’on voit mieux comment, avec "L’Humanité", on peut porter des batailles politiques ». Robert Hue fait alors appel à la responsabilité et à l’engagement de chaque membre du comité national, afin que chacun soit mieux porteur de la réflexion qui a été celle du comité national sur la presse communiste.
Martin Bulard partage les soucis exprimés par Pierre Zarka concernant la situation financière critique de « l’Humanité ». S’agissant de « l’Humanité Hebdo », elle rappelle que lors du comité national de juin, elle avait attiré l’attention sur le caractère élevé de l’objectif consistant à vouloir gagner 20 000 lecteurs nouveaux, d’autant que chaque année 5 000 exemplaires sont perdus en vente militante. « Lors du comité national d’octobre, j’avais regretté que le rapport ne trace pas une visée de transformation de la diffusion du journal, tout en en partageant les ambitions. Pourtant, un espace est ouvert, « qui nous donne une responsabilité directe d’innovation dans le domaine de la diffusion » : sous forme militante ; par abonnement ; et par une présence accrue dans les kiosques. « J’approuve l’appel lancé par Pierre Zarka. Nous avons un problème de moyens, mais nous avons aussi un problème d’utilisation de ces moyens. Nous sommes à un moment charnière. »
Jean-Marc Coppola, qui approuve le rapport de Jean-Paul Magnon, souligne que le mouvement des sans-emploi soulève un enjeu de société, et analyse la situation pour ce qu’elle est « sans grille de lecture du passé ». Pour lui, cette action ne peut que « rendre service au Gouvernement », en exprimant les exigences les plus légitimes. « Il est urgent d’y répondre, dit-il, d’autant plus qu’un espoir est né avec la venue de la gauche au pouvoir. »
Aujourd’hui, il faut dépasser le soutien et la solidarité pour « passer à l’action plus résolue ». Dans les Bouches-du-Rhône, cette démarche a primé dès le début du mouvement. La revendication de prime de Noël est d’ailleurs posée, dans ce département, depuis 1990 et la lutte pour les chantiers navals de La Ciotat. Jean-Marc Coppola estime que le mouvement exprime une critique vive de la société et surtout « une volonté de s’en sortir ». Cette détermination est d’autant plus forte qu’il existe « une meilleure perception des moyens existants pour répondre aux revendications ». S’il souligne que tout ne peut être réglé du jour au lendemain, il ajoute : « Il faut enclencher un processus qui montre la volonté de la gauche plurielle de s’y attaquer. Sans quoi, il risque d’y avoir des désillusions vis-à-vis de la gauche. » Pour lui, l’efficacité commande d’être à la fois critique et constructif.
Un élément majeur bloque la politique gouvernementale : la construction européenne. En ce début d’année, la gauche est à un tournant, ajoute Jean-Marc Coppola. Elle est condamnée à réussir. D’où la nécessité pour le Gouvernement de réfléchir à deux fois avant d’intervenir. À cet égard, rien ne peut justifier l’intervention des forces de l’ordre dans les ASSEDIC que le Parti a « bien fait de condamner ». Il souligne que les chômeurs attendent beaucoup des communistes, de l’adhérent au ministre.
L’efficacité de la gauche plurielle n’est réelle que si « chaque composante est respectée et entendue. Or, l’orateur entend quelques « couacs ». Il prend pour exemple l’attitude de certains dirigeants socialistes dans les Bouches-du-Rhône, « dont les comportements hégémoniques ne créent pas les bonnes conditions pour construire une dynamique à gauche » dans la perspective des régionales. Il s’étonne de cette réalité alors que les discussions avancent dans quatre autres départements de la région PACA. C’est d’autant plus inquiétant que ce comportement « conduit quelques formations de gauche (Verts, AREV, LCR, Futurs…) à construire une liste alternative ». Dans les prochains jours, le PCF prendra des initiatives « pour faire intervenir les citoyens et ainsi permettre de dépasser une démarche politicienne. (…) L’objectif est de tout faire pour qu’une liste d’union de large rassemblement voie le jour ».
Revenant sur la situation financière de « l’Humanité », Roland Jacquet distingue deux aspects, qu’il ne veut pas opposer : l’effort de longue haleine pour la diffusion et l’urgence qu’il y a à parvenir, d’ici à la fin du mois de janvier, à l’objectif de 10 millions de francs pour la souscription, dont 5 millions pour « l’Humanité ». Cela exige que « des dispositions exceptionnelles soient prises ». Par ailleurs, il attire l’attention du comité national sur la nécessité de concevoir autrement la mobilisation des moyens financiers dont le Parti a besoin, en s’adressant largement à tous ceux, et ils sont des millions, qui veulent que le changement réussisse.
Serge Guichard estime que le mouvement des chômeurs, comme celui des sans-papiers, pose des questions nouvelles et oblige donc le PCF à réfléchir sur ses formes d’intervention. « Il y a besoin de créativité », lance-t-il. Ces mouvements durables se situent sur des enjeux politiques d’importance, comme ceux des financements. Les chômeurs pensent « qu’une perspective leur est ouverte ». L’orateur remarque qu’ils ne se tournent pas seulement vers le pouvoir. « Ils sont, ajoute-t-il, désormais en état d’identifier les obstacles. » Ainsi, c’est le CNPF qu’ils ont l’intention de « cibler », mais sans pour autant nier leurs exigences à l’égard du pouvoir.
Revenant sur les caractéristiques du mouvement, il met en exergue « leur système de mise en réseau ou encore leur manière de faire circuler l’information ». Des nouveautés qui doivent conduire les communistes « à une réflexion plus forte sur leur organisation, sur l’aide à apporter aux militants qui travaillent sur ces sujets ».
Il évoque l’audition prévue le 20 janvier au comité national sur les questions de la violence et de l’insécurité, ainsi que sur la politique de la ville. Elle se fixera comme objectif de mettre à plat les réalités et les responsabilités et « affirmera très fort les possibilités de travailler autrement et concrètement dans les cités ».
Enfin, Serge Guichard revient sur le débat sur l’immigration pour remarquer que les prises de position du PCF ont été à la fois « acceptées et appréciées ».
Compte rendu de Myriam Barbera, Daniel Boulay, Christian Digne, Marc Everbecq, Denis Recoquillon