Texte intégral
Le Figaro. - Pourquoi une telle discrétion du ministère de l'environnement depuis le naufrage ?
Dominique Voynet. - Je me suis rendue dès le 15 décembre, avec mon collègue Jean-Claude Gayssot, sur les lieux du naufrage de l'Erika. J'ai, à cette occasion, rencontré l'ensemble des acteurs mobilisés : le préfet maritime, qui coordonne les services de l'Etat dans le cadre de la lutte contre la pollution marine, ainsi que les préfets des départements concernés et les représentants du Cedre ou de Météo-France, par exemple. Je fais chaque jour le point avec mes services sur l'évolution de la situation. Nous étudions en ce moment même les modalités concrètes du déclenchement du plan Polmar-terre puisque, compte tenu des prévisions météo, la nappe pourrait atteindre l'île d'Yeu dans la nuit de vendredi à samedi, le littoral de Vendée pouvant être concerné à partir du 25 ou du 26 décembre.
Le Figaro. - Quels moyens allez vous mettre en œuvre ?
Dominique Voynet. - Le pompage en mer se poursuit actuellement dans des conditions difficiles. Les produits récupérés seront stockés sur des plateformes aménagées et étanchéifiées. Les moyens de lutte à terre sont prêts. Tous les barrages flottants sont arrivés sur les trois départements menacés du littoral avec un matériel militaire important. En outre, prêt de 2000 hommes sont mobilisés. Depuis la catastrophe de l'Amoco Cadiz, des moyens considérables ont étés mis en oeuvre : la procédure de suivi des navires dans le rail d'Ouessan, l'équipement humain et matériel des centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage, les Cross, ont permis d'empêcher des dizaines d'accidents de grande ampleur. Enfin, je souligne que la création du Cedre, largement financé par mon ministère, a permis de doter la France d'une capacité d'expertise sur les polluants,les vents et les courants. Notre pays est sollicité par de nombreux autres pays confrontés à de telles situations.
Le Figaro. - Quelles leçons tirerez-vous de ce nouvel accident en mer ?
Dominique Voynet. - Le renforcement des règles du trafic maritime me paraît indispensable, à l'image de celle en vigueur pour le trafic aérien international. Ainsi, plusieurs urgence apparaissent : d'une part, la mise en place d'un système de réglementation international plus efficace : ceux qui ne respectent pas ces règles ne doivent pas faire peser sur l'ensemble de la collectivité les conséquences de leur inconséquence. De l'autre, il faut revoir la répartition des responsabilités entre l'affréteur, l'armateur et le capitaine pour ne plus faire peser l'essentiel de la responsabilité sur le « lampiste ». Enfin, il faut établir un cahier des charges permettant à un pays de refuser l'accès à ses ports.