Texte intégral
Edj : Votre projet de loi, qui veut garantir l’indépendance des chaînes face aux groupes travaillant pour des marchés publics, suscite de fortes oppositions…
C. T. : Il y a toujours des réticences chez les professionnels face à l’évolution de la réglementation, surtout chez les diffuseurs. Mon rôle est de répondre en fonction non pas de l’intérêt exclusif des entreprises, mais de celui des téléspectateurs. La loi doit leur garantir une information indépendante des intérêts liés à des marchés publics. Tout simplement parce qu’il y a un soupçon et que, dès lors qu’il existe, mieux vaut en sortir.
Edj : Ce texte n’est-il pas déjà obsolète face à l’explosion des chaînes ?
C. T. : Je ne crois pas. Que ce soit pour les chaînes thématiques, le développement de la télévision numérique ou l’harmonisation câble-satellite, l’objectif est de donner un cadre qui puisse contribuer à une stabilité permettant à la concurrence et aux projets de se développer. Il faut également intégrer dans la loi les directives européennes Télévision sans frontière.
Edj : L’audiovisuel public connaît un malaise, comment y répondre ?
C. T. : Pour pouvoir exiger des entreprises publiques qu’elles remplissent de façon qualitative leur mission, il faut que l’État leur permette de savoir dans quel cadre financier elles fonctionnent et comment celui-ci évoluera. C’est la raison pour laquelle je veux instaurer la pluriannualité des ressources publiques et la limitation des ressources publicitaires par des plafonds. Si l’État s’engage dans la pérennité du service public, le téléspectateur doit se rendre compte que les choses changent à l’écran.
EDJ : En vous fondant sur des critères financiers pour privatiser RMC au profit de NRJ et de Sud Radio, n’avez-vous pas occulté une dimension politique importante dans une région où la montée du FN demande une information généraliste plus forte ?
C. T. : L’intervention politique n’est pas acceptable dans un dossier de privatisation. Cette vente se fait dans des conditions optimales sur le plan industriel. Chacun des candidats, je pense, était effectivement conscient qu’il avait une responsabilité particulière sur ce plan.
Edj : A quoi va servir le comité de vigilance sur le Front national, dont vous venez d’annoncer la création ?
C. T. : Il ne s’agit pas d’une instance politique. J’ai souhaité répondre à un besoin de solidarité et de réflexion des artistes. Ce comité sera un observatoire où seront mises en commun des réflexions, des analyses, dans l’optique de garantir une culture républicaine respectueuse de la liberté de choix de chaque citoyen dans les régions où les plates-formes du Front national peuvent s’appliquer.