Déclaration de M. Hervé Gaymard, secrétaire d’État à la santé et à la Sécurité sociale, sur le budget de l’État consacré à la prise en charge et à la prévention du SIDA dans les DOM TOM, Paris le 24 octobre 1996.

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Intervenant(s) : 
  • Hervé Gaymard - secrétaire d’État à la santé et à la Sécurité sociale

Circonstance : Point de presse pour le lancement de la campagne de prévention du SIDA outre-mer, à Paris le 24 octobre 1996

Texte intégral

Monsieur le ministre,
Mesdames, Messieurs,

Je tiens tout d'abord à saluer la présence parmi nous de mon collègue Jean-Jacques de PERETTI, ministre de l'outre-mer, et le remercier d'être venu à Ségur pour que nous vous présentions conjointement la prochaine campagne de communication sur le Sida spécifique dans nos départements d'outre-mer.

Je profiterai de cette présentation pour vous rappeler le dispositif de prise en charge de l'épidémie dans nos départements et territoires d'outre-mer.

Je voudrais réaffirmer à cette occasion, le souci constant que le Gouvernement a de répondre aux besoins spécifiques de nos départements éloignés.

Vous le savez, ces départements ont à faire face à une situation épidémique grave.

En Guyane, le taux de cas de sida déclarés par million d'habitants est de 4 278 soit 6 fois la moyenne nationale.

En Guadeloupe, ce taux est de 1 718 soit deux fois et demi la moyenne nationale,

En Martinique, ce taux de 1 033 est supérieur d'une fois et demie à la moyenne nationale.

La Réunion connaît une situation particulière puisqu'avec un taux de 262 cas par million d'habitants, il s'agit d'une des régions les moins touchées de France, trois fois moins que la moyenne nationale.

C'est justement à la Réunion qu'ont été tournés les deux films que nous allons découvrir et qui sont adaptés de thèmes déjà exploités en métropole et pour lesquels les résultats des post-tests étaient excellents : à savoir, l'annonce de la séropositivité illustrée par un dialogue entre deux soeurs et le couple sérodiscordant illustré par une promenade en montagne.

Vous pouvez le constater, ce film prend en compte le profil particulier de la contamination : plus jeune, plus féminin et très majoritairement hétérosexuel.

Je souhaite également vous dire un mot de la prise en charge qui passe par des moyens accrus afin de pallier aux difficultés structurelles de ces départements, difficultés auxquelles nous nous attaquons par ailleurs.

Ainsi, chacune de nos directions départementales des affaires sanitaires et sociales dispose d'un chargé de mission « sida », chacune de nos directions nationales de la santé et des hôpitaux dispose d'un chargé de mission « outre-mer » et nous venons, Jean-Jacques de PERETTI et moi-même d'écrire aux préfets de ces départements pour leur demander de bien vouloir nous rendre compte précisément de l'utilisation des budgets spécifiques que nous consacrons à la lutte contre ce fléau chez eux.

Ces budgets sont, à l'incidence de l'épidémie comparable, plus importants outre-mer qu'en métropole.

Il est important de le rappeler car on a pu entendre ici et là des informations contraires.

Entre 1985 et 1995 les seuls départements français d'Amérique ont bénéficié, pour la prise en charge hospitalière, de près de 50 millions de francs de crédits supplémentaires pour le Sida. En 1996, une enveloppe supplémentaire de 8,5 millions leur a été octroyé et dans le cadre de la prescription des anti-protéases une délégation de 3,6 millions a été mise en place en juin.

En terme d'emplois cela se traduit par la création de 46 vacations médicales, de 47 emploi non médicaux et de 4 postes de praticiens hospitaliers.

Prévention et prise en charge extrahospitalière bénéficieront en 1996 de 10 millions de francs.

Comme vous pouvez le constater nous ne sommes pas restés inactifs pour contrer, autant que faire se peut, l'ampleur de l'épidémie dans cette région.

Des difficultés importantes demeurent, le nier serait se voiler la face, et telle n'est pas notre façon d'agir.

Les raisons en sont multiples : structurelles, je l'ai rappelé, culturelles expliquant le multi partenariat et un recours aux soins tardif, géographiques dues aux migrations importantes et à la toxicomanie très présente dans la zone caraïbe.

Je puis vous assurer d'efforts importants déployés par l'ensemble des partenaires locaux pour mettre en place une réponse adaptée à l'épidémie.

Je tiens d'ailleurs, devant vous, à remercier les agents de mon ministère, en métropole comme outre-mer, en charge des dossiers que nous venons d'évoquer. Leur engagement déborde souvent largement la simple exécution de leur mission.

Je vous remercie.