Interview de M. Alain Juppé, Premier ministre, à France 3 le 23 octobre 1996, sur , la réforme fiscale, le budget de 1997, la loi Robien sur l'allègement des charges sociales et le climat politique (Corse, Thomson, voyage de J. Chirac au Proche-Orient).

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Média : Emission Journal de 19h - France 3 - Télévision

Texte intégral

L. Bignolas : À la rentrée, vous annonciez une baisse de l'impôt, vous n'étiez pas déjà très populaire mais depuis, les sondages en votre faveur n'ont cessé de se dégrader. Comment expliquez-vous ce déficit de confiance des Français ?

A. Juppé : Je l'explique sans doute par la difficulté des temps et par l’impopularité des mesures qu'il convient de prendre. L'important est de savoir quelle est la réaction que l'on doit avoir face à une telle situation. Je pourrais vous faire une réponse institutionnelle : nous sommes sous la Ve République, c'est le Président de la République qui fixe le cap, il l'a fait. Le Premier ministre, à la lumière de ces orientations, définit une politique ; je l'ai fait, je l'ai soumise au Parlement, la majorité l'a approuvée. C'est ça la démocratie.

L. Bignolas : C'est tout de même plus difficile de continuer les réformes ?

A. Juppé : C'est ça la démocratie, nous ne sommes pas sous la IVe République où, si les sondages avaient existé à l'époque, j'en suis sûr, ils auraient suffi à renverser un gouvernement tous les mois. Nous sommes sous la Ve République. Mais cette réponse institutionnelle ne me satisfait pas pleinement parce que j'écoute aussi autour de moi. Je vais vous dire, ces sondages montrent que l'opinion ne fait pas confiance au gouvernement. Moi, je fais confiance aux Français, je fais confiance à leur réalisme, à leur bon sens et je suis persuadé qu'au fur et à mesure que nous nous parlons, que j'essaie d’expliquer le pourquoi des m sures que l'on prend, qui sont difficiles et qu'on en voit les premiers résultats, nous nous comprendrons mieux et que le moment venu - c'est cela qui compte - nous nous retrouverons. C'est la raison pour laquelle je poursuis ma tâche avec sérénité et résolution.

L. Bignolas : L'emploi, c'est la préoccupation des Français. Tout le monde le dit aujourd'hui - les grands chefs d'entreprise, les experts - la situation va s'améliorer, la croissance va s'accélérer. Vous-même avez dit : tout ira bien et mieux l'an prochain...

A. Juppé : Je n'ai pas dit ça, non.

L. Bignolas : Tout ira bien l'an prochain ?

A. Juppé : J'ai dit qu'il y aura des améliorations, je n'ai pas dit : tout ira bien.

L. Bignolas : Sauf le chômage, avez-vous ajouté. Comment peut-on dire ça aujourd'hui sans choquer les chômeurs en France ?

A. Juppé : "Vous préféreriez que je dise : tout ira plus mal demain ? Juste une petite remarque, d'abord, sur les sujets que nous venons de voir : sur la violence à l'école. Je me réjouis de voir que la décision prise dans le cadre des conventions entre le CSA et les chaînes de télévision se met en œuvre. J'avais moi-même saisi, il y a plusieurs mois, le président du CSA, à la suite de certaines violences qui s'étaient exercées dans des établissements scolaires, pour lui demander de mettre les chaînes de télévision un peu devant leurs responsabilités. Ça a été fait, et maintenant nous avons un système qui, je l'espère, permettra de guider les familles.

Pour en revenir à la situation économique, j'ai dit - et je ne suis pas le seul à le dire - que les efforts qui ont été faits par tous les Français, depuis maintenant un an et demi ou deux ans, commencent à porter leurs fruits ; et que notre économie s'améliore. On le voit avec toute une série d'indicateurs dont je ne vais pas parler parce que cela risquerait de lasser les téléspectateurs. Il nous reste, bien évidemment, l'essentiel, ce qui est au cœur de la politique du gouvernement : l'emploi, et notamment l'emploi des jeunes.

L. Bignolas : Votre propos est désespérant sur le chômage.

A. Juppé : Non, j'espère qu'il n'est pas désespérant. D'habitude, on m'accuse, au contraire, de faire trop d'optimisme. C'est la première fois qu'on me dit que je tiens des propos désespérants.

Je voudrais revenir au fond du problème. J'entends beaucoup parler du chômage, et je n'entends jamais d'analyse sur le problème du chômage, et j'entends très peu de propositions pour lutter contre le chômage. On dit : il y a du chômage, c'est pas bien ! Bien sûr que c'est pas bien, bien sûr que ça me bouleverse, moi le premier. Mais encore faut-il trouver des solutions, expliquer pourquoi, et dire comment on va faire ! Et sur le pourquoi, je voudrais que l'on réfléchisse trente secondes ensemble. Nous sommes dans un monde qui a radicalement changé depuis quelques décennies. C'est un monde ouvert. Tout circule librement : les personnes, les marchandises, l'argent. C'est un progrès, une liberté, et l'on ne reviendra pas en arrière là-dessus.

Dans ce monde ouvert, qu'est-ce qui se passe ? Eh bien, il y a des peuples qui, il y a quelques années, étaient de simples consommateurs, et qui, aujourd'hui, savent et peuvent produire aussi bien que nous. Alors, que faire ? Est-ce qu'on va baisser les bras, est-ce qu'on va, petit à petit, se laisser endormir dans notre confort ? Le réveil serait très brutal. Ce que je souhaite c'est que nous nous battions ! et se battre ça veut dire quoi ? Ça veut dire d'abord, inventer des produits nouveaux que les autres ne fabriquent pas. Ça a un sens, ça a un mot : innovation, recherche, esprit d'entreprise. Et d'autre part, ça veut dire : fabriquer des produits traditionnels, mieux et moins cher. Et voilà pourquoi nous essayons de baisser les charges qui pèsent sur ceux qui travaillent. C'est précisément pour faciliter la production française, sa compétitivité dans un monde ouvert, et donc l'emploi. J'ai voulu rappeler cette logique, parce qu'on prend toujours le problème par le petit bout de la lorgnette sans essayer de le mettre en perspective.

G. Leclerc : Vous avez aussi une panoplie de mesures pour lutter contre le chômage, une de ces mesures, c'est l'aménagement du temps de travail. On parle beaucoup aujourd'hui de la loi Robien qui apparemment donne quelques résultats. Estimez-vous que les chefs d'entreprise jouent vraiment le jeu de cette loi Robien ? Ils se plaignent souvent que, finalement, ça a pu braquer des négociations qu'ils sont en train de mener sur un certain nombre de secteurs ?

A. Juppé : Ça dépend des chefs d'entreprise qu'on rencontre. Moi, je vais toutes les semaines sur le terrain, j'étais il y a deux jours à Lyon, la semaine dernière à Reims, je rencontre beaucoup de gens, des chefs d'entreprise, des vrais, qui sont sur le terrain, qui sont confrontés à des difficultés souvent très grandes. Et je les trouve très ouverts devant cette proposition. Vous parliez de la loi Robien. Il faut un peu expliquer ce que c'est à nos téléspectateurs. C'est une loi qui dit : lorsqu'on baisse le temps de travail de 10 % par exemple, sans réduire le salaire et que l'on recrute 10 % de personnel supplémentaire, eh bien, il y a un allégement des charges sociales qui est pris en compte par la collectivité.

G. Leclerc : Ça ne crée pas toujours de l'emploi mais quelquefois ça stabilise ?

A. Juppé : Ça crée des emplois. Je vais vous donner un exemple parce que je crois qu'il faut regarder les choses sur le terrain et pas dans les idées générales ou vagues. J'ai visité la semaine dernière une entreprise à Reims qui fabrique des wagons et qui les exporte. Que vient-elle de faire ? Elle vient de passer la semaine de travail à 32 heures sans baisser les salaires. Elle recrute 10 % de personnel en plus, je crois 50 ou 60 salariés et l'Etat prend en charge une partie des charges sociales. Il y a création d'emplois, c'est une première.

Je voudrais rappeler que cette loi a été votée en juillet, que ses textes d'application ont été promulgués en septembre et que ça démarre et que je suis sûr que ça va donner des résultats. Alors on me dit parfois : mais ça va coûter cher à la collectivité. Je crois que c'est l'illustration très forte de ce que disait J. Chirac pendant sa campagne électorale. Il disait : toute mesure qui coûte moins cher à la collectivité que le coût d'un chômeur est bonne à prendre. Eh bien, c'est très exactement le cas de cette baisse des charges qui, en plus, a un intérêt considérable : c'est qu'elle donne du temps libre aux salariés et aux travailleurs. C'est une amélioration de la vie quotidienne et ça permet de consacrer plus de temps à sa famille, à ses loisirs, au sport ou à d'autres choses sans que pour autant le salaire ait été diminué.

L. Bignolas : On a vu hier le fameux carnet de santé. Tout le monde a compris le but et l'intérêt mais aujourd'hui, on attend les suites de la réforme de la sécurité sociale. Ceux qui vous soutenaient hier...

A. Juppé : C'est merveilleux. Pardon de vous interrompre. On franchit une étape très importante aujourd'hui et on pense déjà à la suite.

L. Bignolas : Bien sûr parce qu'il y a des promesses et des engagements. Et justement, ceux qui vous ont soutenu sur ces engagements-là, sont les premiers à dire que vous n'avancez plus. Alors, c'est vrai ou c'est faux ?

A. Juppé : C'est tout à fait inexact. Ils ne disent pas cela. Et je vais vous le dire parce que je les ai reçus ce matin. Vous voyez comme c'est curieux de voir comme l'information, même jusque chez vous, passe mal. Je les ai reçus. Il y avait là Madame Notat, Monsieur Davant, Monsieur Vilbenoit et quelques autres. Et ils m'ont dit : nous vous faisons confiance pour poursuivre et nous vous soutenons. C'est vrai que nous souhaiterions que ça aille un peu plus vite mais nous constatons que vous tenez vos engagements. Et d'ailleurs, je l'ai lu dans certaines dépêches d'agence.

Alors, le carnet médical, parce que c'est de ça qu'il s'agit aujourd'hui, ne pensons pas à après-demain, pensons à aujourd'hui, il a fallu beaucoup de temps pour mettre au point ce carnet médical. Je n'en ai pas apporté un mais chaque assuré social va le recevoir. On dit toujours, c'est fait pour éviter les gaspillages et faire des économies. Oui, c'est vrai. Mais je voudrais surtout insister sur le fait que c'est fait pour améliorer la manière dont les Français sont soignés. Et un seul exemple, vous avez peut-être des enfants et vous comprendrez facilement ce que je dis : le carnet médical existe déjà pour nos enfants. Quand on va chez le pédiatre, il y a un carnet qui permet de vérifier qu'on a bien fait les vaccinations, les rappels, qui permet de vérifier les antécédents familiaux, etc. Eh bien, c'est exactement la même philosophie dans le carnet médical, c'est donc un instrument pour mieux soigner les Français. Et je suis persuadé que chacun s'en trouvera mieux finalement.

G. Leclerc : L'Assemblée vient de voter la partie recette de ce budget, on a été un peu étonné que le gouvernement ne reprenne pas un seul amendement de l'UDF concernant par exemple les baisses d'impôts indirects ou de revenir par exemple sur des avantages fiscaux. Est-ce que c'était la peine de faire un débat parlementaire ? Car la majorité était un peu tendue.

A. Juppé : Non, moi j'y étais, je ne l'ai pas trouvé tendue, je l'ai trouvée très sympathique. Je suis de plus en plus convaincu, au fur et à mesure que le temps passe, de la difficulté de faire circuler l'information, même parmi vos rédactions parce que, permettez-moi de vous dire que le gouvernement a accepté beaucoup d'amendements, y compris ceux de l'UDF. Je ne vais prendre que deux exemples : le premier amendement porte, c'est un peu technique et je ne voudrais pas lasser les téléspectateurs, sur les Sofica, c'est un procédé de financement du cinéma, amendement de l'UDF accepté ; deuxième exemple, un peu compliqué là aussi, qui intéresse les élus locaux, c'est une mesure qui porte sur la taxe professionnelle, il y a eu un amendement UDF et RPR, le gouvernement l'a accepté. Vous voyez...

G. Leclerc : Il n’y en a pas eu sur les DOM-TOM, sur la baisse des produits pétroliers.

A. Juppé : Pas sur tout mais il y en a eu sur la moitié. La moitié de ce qui a été proposé a été acceptée. C'est vous dire combien les choses se passent bien. Et je trouve d'ailleurs que la discussion du budget, cette année, s'est passée mieux que l'année dernière. L'année dernière, il y avait des critiques sur les principes mêmes de ce budget, sur son architecture générale. Eh bien ! là, tout le monde a dit : c'est un bon budget. Alors on peut l'améliorer sur tel ou tel point. On en a discuté, et surtout, ce qui compte, c'est ce en quoi ce budget concerne les Français, ce n'est pas la discussion parlementaire qui est un peu réservée aux initiés. Pour les Français, ça veut dire quoi ce budget ? Ça veut dire d'abord qu'on va cesser d'augmenter les déficits et les dettes au même rythme qu'avant et qu'on prépare donc l'avenir, y compris l'avenir de l'emploi. Et d'autre part, c'est l'amorce de la baisse de l'impôt sur le revenu puisque là aussi, il y a eu un amendement qui a été voté sur le premier tiers provisionnel. Ça sera 6 % de baisse au lieu de 5. Vous voyez qu'il y a un effort là aussi.

L. Bignolas : Revenons maintenant sur deux décisions prises cette semaine et là, j'espère qu'on est très bien informé. Vous avez choisi de vendre pour 1 franc aux Coréens, la branche multimédia de Thomson et on a appris que British Airways allait pouvoir racheter Air Liberté. C'est le fleuron de l'économie nationale qui commence à partir à l'étranger. Vous admettez ce reproche qu'on peut vous faire ?

A. Juppé : Pas tout à fait, parce que quand on me parle du fleuron de l'économie nationale en me parlant de Thomson-multimédia qui a 14 milliards de dettes, j'avoue que je ne comprends pas très bien. Là aussi mettons les choses en perspective. Un certain nombre de ces entreprises, Thomson pour ne pas la citer, mais aussi le Crédit Lyonnais, ont été nationalisées dans les années 80. Qu'est-ce qui s'est passé ? L'État a été inapte à les gérer. Elles ont accumulé des dettes par dizaines quand ce n'est pas par centaines de milliards. Et l'État n'a pas été capable de leur apporter les capitaux dont elles avaient besoin. Résultat : qui trinque aujourd'hui ? Qui paye aujourd'hui les déficits ? Le contribuable. Eh bien, je ne veux pas que ça continue. Je ne veux pas que le contribuable français, c'est-à-dire vous, moi et chacun, parce que c'est tous les impôts qui y passent, continuent à payer des dizaines de milliards pour les entreprises qui sont mal gérées. Thomson-multimédia, je le répète, ça vaut un franc symbolique après recapitalisation parce que dans l'état actuel des choses, ça ne vaut rien, ça vaut des dettes, ça vaut 14 milliards de dettes. Or, dans l'accord qui a été conclu, nous avons veillé à ce que l'aspect essentiel pour moi, qui est l'emploi, soit bien pris en considération. Et le repreneur de cette entreprise…

G. Leclerc : Les garanties sont assez fortes ?

A. Juppé : Oui, il a pris deux engagements : le premier est d'installer son siège social en France. Et nous aurons ainsi le siège social de la première entreprise de fabrication de téléviseurs pour dire les choses simplement, européenne et même mondiale je crois ; et deuxièmement, non seulement de maintenir l'emploi mais de créer 3 000 emplois nets je crois au cours des années qui viennent. Vous voyez que c'est une opération de saine gestion et en tout cas, cessons de nous mettre dans un dispositif ou dans un système ou dans une philosophie de pensée qui fait payer le déficit des entreprises publiques par les contribuables. Ça ne peut plus durer.

L. Bignolas : Police-justice, quel arbitrage ? Après la sanction à l'égard d'O. Foll pour son refus d'assister le juge Halphen lors de son investigation chez le maire de Paris, votre ministre, J.-L. Debré a couvert O. Foll. Qui a raison ? La police ou la justice ?

A. Juppé : Le tribunal a dit le droit. Je crois qu'il y a, vous savez, chaque jour, des dizaines pour ne pas dire des centaines ou des milliers de procédures entre la police et la justice, el ça se passe très bien. Là, il y a eu un problème. Eh bien ! on a déclenché la procédure, les juges se sont prononcés, je n'ai pas de commentaire à faire. Je voudrais simplement dire que dans l'ensemble, ça fonctionne très bien et que nous avons des policiers de grande qualité.

G. Leclerc : Sur la Corse, où en êtes-vous vis-à-vis du FLNC historique ? Combien d'arrestations depuis le début des attentats ?

A. Juppé : Je n'ai pas apporté le décompte exact mais pour la première fois depuis bien longtemps, le gouvernement a décidé de mettre la réalité en accord avec les déclarations. Ça fait des années et des années que j'entends dire qu'on va faire respecter l'État de droit en Corse. Qu'est-ce que j'ai constaté ? Eh bien ! qu'on ne s'en était pas donné les moyens. Nous nous en sommes donné les moyens, nous avons fait maintenant des enquêtes suffisamment sérieuses pour que lorsqu'on met la main sur un terroriste, la justice puisse se prononcer avec un dossier solide et nous allons continuer dans cet esprit. Pourquoi là encore ? Ce n'est pas simplement au nom des grands principes, ce n'est pas simplement au nom de l'autorité de l'État avec un grand E, c'est pour les Corses, c'est parce que plus de 90 % de la population corse nous demande de faire cela, parce que nos concitoyens corses ont envie de vivre tranquillement et dans une île qui se développe. Permettez-moi d'ailleurs à ce propos d'ajouter juste une remarque : la fameuse zone franche que j'avais promise lorsque je suis allé en Corse au mois de juillet. Nous venons d'avoir le feu vert hier de la Commission européenne. Elle sera en place dès le 1er janvier prochain.

G. Leclerc : On a vu des images très fortes hier de J. Chirac à Jérusalem. On a l'impression que les Français ont vu ce volontarisme du Président de la République en dehors de l'Hexagone, et qu'ils ne le retrouvent pas toujours ici. Question complémentaire : quand Washington dit que l'Europe n'a pas à s'immiscer dans les négociations de paix au Moyen-Orient, quelle réponse vous pouvez donner ?

A. Juppé : Je ne suis pas d'accord avec Washington. Je pense que l'Europe a un rôle à jouer. J'ai été très impressionné, en regardant ces images, par le courage de J. Chirac. Son courage physique d'abord, mais aussi son courage moral et politique. Il a été dire ce que nous pensons. Nous sommes les amis d'Israël, nous sommes les amis des Arabes, mais nous pensons que bloquer le processus de paix, aujourd'hui, c'est prendre le risque maximum en matière de sécurité, pour les uns comme pour les autres. Je crois qu'il fallait du panache pour le faire. Vous voyez, cela m'a rappelé la diplomatie des temps du Général de Gaulle. Evidemment, ça dérange un peu ceux qui étaient habitués à la routine et à la timidité.

L. Bignolas : Les changements d’heures : votre décision, les Français qui vous regardent en ce moment même, l’attendent. Vous abandonnez l’heure d’été, oui ou non ? Et dans quel sens remettez-vous votre pendule à l’heure ?

A. Juppé : Là aussi, j'ai eu en tête une seule préoccupation c'est d'améliorer un peu la vie quotidienne des gens, qui sont perturbés par ces changement d'heures. On cite toujours les paysans, mais il y a aussi les enfants. Je pense que l'unification est meilleure, et c'est dans cet esprit que j'ai demandé à un parlementaire, qui s'appelle Monsieur Gonnot, de faire une étude approfondie et d'aller consulter un petit peu tout le monde. Nous sommes un peu à l'avance, j'en suis un peu désolé, puisqu'il me rend son rapport demain. Donc c'est demain que j'aurai le résultat de celte enquête, et je pourrai faire les démarches nécessaires. Parce qu'il faut être bien conscient que nous sommes quinze, et qu’il va falloir harmoniser les points de vue. On va encore passer à l'heure d'hiver dans huit jours, le week-end prochain. J'espère que ce sera la dernière, ou en tous cas l'avant-dernière fois.