Interview de M. Bruno Mégret, délégué général du Front national, à TF1 le 24 mai 1998, sur l'immigration, l'intégration des étrangers, la réduction du temps de travail, la loi sur l'exclusion et sur les relations entre la droite et le Front national.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Emission Public - Site web TF1 - Le Monde - Télévision - TF1

Texte intégral

M. FIELD.- Dans un instant, c'est Bruno Mégret, le numéro 2 du Front National qui est l'invité de PUBLIC. Nous analyserons avec lui l'actualité de la semaine, marquée par le brusque durcissement dans la cohabitation. Et puis je demanderai à Bruno Mégret où en est la stratégie du Front National dans son entreprise de déstabilisation de l’Opposition.

Dans un instant, Bruno Mégret en direct, c'est dans PUBLIC.

M. FIELD.- Bonsoir à toutes, bonsoir à tous. Merci de rejoindre PUBLIC.
Bruno Mégret, bonsoir.

M. MEGRET.- Bonsoir.

M. FIELD.- Merci d'avoir accepté notre invitation. C'est au délégué du Front National que je vais poser un certain nombre de questions sur l'actualité de la semaine. On en fera le tour avec L'EDITO dans un moment. Cela nous permettra d'avoir votre jugement sur les affaires qui secouent la Mairie de Paris, sur l'état de l'Opposition, triste état, peut être pour lequel vous n'y êtes pas pour rien ou en tout cas la stratégie du Front National, Et puis savoir où vous en êtes justement de votre stratégie politique.
Tout cela pour une heure, en direct évidemment. Juste après une page de publicité, on démarre.

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M. FIELD.- Retour sur le plateau de PUBLIC. Et tout de suite, Bruno Mégret, si vous en êtes d'accord, L'EDITO qui va parler des grands événements de la semaine, qui en fait plutôt un résumé, L'Irlande, évidemment, avec cette avancée vers la paix civile, l'Indonésie et la chute de Suharto, la première médicale à l'hôpital Broussais, le vote définitif de la loi sur les 35 heures et, en première lecture, de la loi sur les exclusions, et puis la brusque tension dans la cohabitation. C'est un EDITO. Sandra Le Texier et Julie Cléot l'ont préparé pour vous.

(...)

M. FIELD.- On reviendra, si vous le voulez bien, dans un deuxième temps, sur le dernier aspect de cet EDITO avec un sujet de télévision étrangère, justement sur l'affaire Tibéri. Mais il y a d'autres thèmes qui nous intéressent. L'Indonésie, un vieux dictateur rejeté par la rue et un mouvement étudiant, cela ne doit pas être votre tasse de thé ?

M. MEGRET.- Je me félicite. Je pense que cela va plutôt dans le bon sens pour l'Indonésie, mais il y a un petit détail dont on n'a pas beaucoup parlé, qui m'a, moi, beaucoup frappé et beaucoup choqué, c'est que Monsieur Suharto a démissionné du jour où les Américains l'ont lâché. Cela veut dire que, en réalité, ce sont les Etats-Unis d'Amérique qui soutenaient Monsieur Suharto dans le cadre de ce nouvel ordre mondial dont on ne cesse de nous vanter les mérites, et je dis que c'est insupportable. Cela commence à bien faire ce nouvel ordre mondial et cette hégémonie américaine. Et c'est notamment aussi contre cela que nous nous battons.

M. FIELD.- L'aspiration démocratique de ce mouvement étudiant, vous la soutenez ?

M. MEGRET.- Mais nous sommes du côté du peuple, Monsieur Field. Cela a l'air de vous étonner !…

M. FIELD.- Mais tout m'étonne chez vous, toujours…

M. MEGRET.- ... nous avons toujours été du côté du peuple…

M. FIELD.- ... et des mouvements étudiants dans la rue, je n'avais pas cru noter cela !

M. MEGRET.- ... et contre les totalitarismes. Que je sache, en mai 68, nous n'étions pas sous un régime totalitaire.

M. FIELD.- Et l'aspiration aux élections d'Indonésie, vous trouvez que c'est une aspiration légitime ?

M. MEGRET.- Je pense que c'est légitime, bien sûr ! nous sommes les tenants de la souveraineté populaire. Je crois que, dans toutes les nations, ce sont les peuples qui doivent se prononcer, qui doivent décider de leur avenir. C'est très bien ainsi. C'est ce que nous voulons pouvoir garder en France.

M. FIELD.- L'avancée pour la paix de l'Irlande, vous vous félicitez de ce plébiscite ?

M. MEGRET.- Oui, là aussi, naturellement. Qui ne se féliciterait pas d'un phénomène qui semble devoir mettre un terme à une guerre qui dure depuis des décennies et des décennies. Mais ce qui me paraît aussi intéressant pour nous autres Français, c'est que cette terrible guerre en Irlande a comme origine le fait que vivaient sur la même terre deux communautés, non pas ethniques en l'occurrence, mais religieuses, différentes. Et cela doit nous interpeller, comme on dit aujourd'hui, parce que si nous n'avions pas ce problème en France, nous sommes en train de le créer artificiellement, alors que rien ne nous y contraignait, que nous avions résolu tous les problèmes de ce type dans notre pays.

M. FIELD.- Quel type de parallèle entre l'Irlande et la France ?

M. MEGRET.- L'immigration massive que nous organisons depuis des années, qui fait venir des millions et des millions de personnes venues d'autres continents, avec d'autres religions, va créer exactement le même type de problème qu'on a connu en Irlande, qu'on a connu en Bosnie et qu'on a connu au Liban. Cela est quand même dramatique, d'autant plus que c'est créé artificiellement par la classe politique française.

M. FIELD.- Que diriez-vous d'un homme politique qui vous dirait - je cite - « j'affirme que, dans la religion musulmane, rien ne s’oppose au point de vue moral à faire du croyant ou du pratiquant musulman un citoyen français complet, bien au contraire, sur l'essentiel, ses préceptes sont les mêmes que ceux de la religion chrétienne, fondement de la civilisation occidentale » ? C'est une déclaration de Jean-Marie Le Pen de janvier 1958.

M. MEGRET.- Merci de me prévenir.

M. FIELD. Mais qu'en pensez-vous ? Parce que c'est complément contradictoire avec ce que vous venez de dire.

M. MEGRET.- Non, pas du tout ! ce qui a été dit ne me choque pas. Et même si c'est quelqu'un qui n'est d'autre que Jean-Marie Le Pen qui l'avait dit, cela ne m'aurait pas gêné. Pour quelle raison ? Parce que cela concerne une personne, quelques personnes. Bien sûr qu'il n'y a aucun obstacle à ce que se fondent dans le peuple français des gens qui aient d'autres religions, par exemple, que la religion dominante qui, en France, est la religion chrétienne. Cela ne pose pas de problème.

M. FIELD.- C'est-à-dire quand l'Algérie était française, cela ne posait pas de problème de compatibilité religion musulmane et religion chrétienne. Et puis maintenant cela en pose un ? Parce que je relis vraiment la phrase de votre président : « sur l'essentiel, ses préceptes à la religion musulmane sont les mêmes que ceux de la religion chrétienne, fondement de la civilisation occidentale ».

M. MEGRET.- Oui, là, je ne suis pas tout à fait convaincu. Je crois qu'il y a quand même deux grandes civilisations qui ne sont pas les mêmes : la civilisation européenne qui est une civilisation, par nature, chrétienne, la civilisation arabo-islamique qui est d'une autre nature. Et c'est bien parce que ces deux civilisations sont différentes qu'on ne peut pas mélanger sans encourir des graves problèmes comme ceux qu'on voit en Bosnie ou ailleurs.

M. FIELD.- Donc, pour vous, la situation en France est à la veille d'être une situation à l'irlandaise ou à la bosniaque ?

M. MEGRET.- Je ne dis pas qu'on en est à la veille. Je dis qu'on est en train d'évoluer vers une situation qui pourrait bien nous plonger dans ce type de situation et que c'est tout à fait indigne de la part des dirigeants français que de ne pas le voir, de ne pas le prévoir et même de l’organiser.

M. FIELD.- Pourquoi dites-vous que l'immigration augmente alors que tous les chiffres à peu près sérieux disent qu'elle s'est stabilisée depuis 1974 ?

M. MEGRET.- Parce qu'il n'y a pas de chiffres sérieux sur cette question, Monsieur Field. Parce que c'est une question tabou, on n'a pas le droit de faire de statistiques qui portent sur l'origine des personnes en France. Donc, je ne vois pas comment on peut le savoir. Et de surcroît, les chiffres dont vous faites allusion sont des chiffres totalement tronqués puisque, au fur et à mesure que les gens arrivent, il y en a d'autres qu'on naturalise. Et par conséquent, apparemment, l'immigration est stable. En réalité, l'apport est constant et massif puisque les chiffres qu'on nous annonce sont totalement sous-évalués. C'est sans doute beaucoup plus de 6 millions d'étrangers qui résident actuellement sur notre sol.

M. FIELD.- En 1931, les immigrés représentaient un plus de 6,5 % de la population globale français. En 1982, c'est-à-dire à partir du moment où le Front National, a fait de l'immigration son cheval de bataille, ils ont représenté 6,78 %. Il n'y a pas une grosse différence quand même ?

M. MEGRET.- Oui, mais je conteste ces chiffres, là encore. C'est comme le nombre de chômeurs…

M. FIELD.- ... pourtant à Polytechnique, on apprend à compter et à faire des statistiques.

M. MEGRET.- Justement, on apprend à se méfier des chiffres qui vous sont annoncés par les observateurs.

M. FIELD.- Sur quoi vous appuyez-vous, en ce qui concerne les chiffres, à part l'étude récurrente qu'on lit dans la littérature d'un de vos proches, Monsieur Milloz…

M. MEGRET.- … En effet ! je vois que vous avez de bonnes lectures. Nous avons en effet des experts qui ont fait leurs propres études…

M. FIELD.- ... enfin, il y a un expert que vous citez sans arrêt. Il n'y en a pas deux.

M. MEGRET.- Excusez-moi, nous ne sommes pas au Pouvoir, nous n'avons pas les moyens d'avoir des centaines d'experts et les crédits nécessaires, comme l'INSEE, pour faire ce genre d'étude. Nous avons un expert de grande qualité qui a fait des études, lesquelles n'ont jamais été contestées point par point. Ce que nous aurions aimé entendre ou voir. Et il affirme clairement que cette immigration est beaucoup plus massive qu'on ne le dit. Et de surcroît l'immigration à laquelle vous faites allusion au début du siècle est une immigration d'une tout autre nature qui ne pose pas le même problème parce que c'était une immigration venue des pays voisins, Italie, Espagne, Portugal…

M. FIELD.- ... monsieur Mégret, c'est parce qu'il y a 50 ans ! à l'époque, les forces d'extrême-droite qui étaient quasiment l'équivalent du Front National hurlaient avec les mêmes arguments sur les « Macaronis »; sur les Espagnols. Vous ne pouvez pas avoir une vision angélique de comment l'immigration de ces communautés européennes était vécue, notamment par votre famille politique.

M. MEGRET.- Nous ne sommes pas, d'abord, les descendants de ces mouvements et, d'autre part, il n'en demeure pas moins qu'il y a, en effet, une différence fondamentale entre une immigration venue de population européenne, avec des gens qui sont donc très proches de nous par leur culture, par leur origine ethnique, par leur langue, par leur histoire, par leur religion et une immigration qui vient d'autres continents, d'autres civilisations. Cela n'a rien à voir. Et plus la distance culturelle est faible, plus le nombre d'étrangers susceptibles d'être assimilés peut être grand, plus la distance est grande, plus le nombre est petit. C'est une règle qui, comme l'aurait dit Monsieur Mitterrand, détermine le seuil critique au-delà duquel il n'y a plus assimilation possible et au-delà duquel il y a grave préjudice pour la société et la nation française.

M. FIELD.- Pourquoi cette délectation à mettre de l'huile sur le feu ? Pourquoi est-ce qu'on ne vous entend jamais dire que la majorité des étrangers qui est en France vit honnêtement, légalement, paisiblement ? Pourquoi est-ce que vous ne vous félicitez jamais des progrès de l’intégration ? Je ne sais pas, quand vous croisez un couple mixte avec un jeune Français de souche, comme vous diriez, et une jeune Beurette, ce sont des choses qui me font plutôt plaisir, pas vous ?

M. MEGRET.- Qu'il y ait des étrangers qui soient parfaitement assimilés, qui donc de ce fait deviennent Français…

M. FIELD.- ... mais c'est en route ce processus d’intégration....

M. MEGRET.- ... non, non, pas du tout.

M. FIELD. Moi, j'ai des chiffres. Mais vous ne voulez pas entendre ces chiffres. Vous savez qu'un jeune maghrébin sur deux s'installe avec une jeune fille d'origine française de souche, pour reprendre vos termes.

M. MEGRET.- Le mot que vous utilisez est bien le signe que le problème n'est pas du tout en voie d'être résolu. Vous parlez d'intégration. Mais l'intégration, c'est la colonisation à rebours. Ce qui était pratiqué en effet dans le passé, c'était l'assimilation. Les étrangers se fondent dans le peuple français pour devenir Français comme vous et moi. Aujourd'hui, les étrangers sont tellement nombreux…

M. FIELD.- ... moi, c'est limite, j'ai un père autrichien. Enfin, vous, vous avez une mère grecque…

M. MEGRET.- ... très bien ! je vois que vous êtes bien renseigné.

M. FIELD.- Mais vous êtes français quand même ? Vous avez un de vos parents étrangers, mais vous vous sentez français ?

M. MEGRET.- Mes deux parents sont français. Je suis tout à fait français.

M. FIELD.- Mais d'origine étrangère ?

M. MEGRET.- J'avais un grand-père étranger, voilà !

M. FIELD.- Et vous vous sentez quand même très français ?

M. MEGRET.- Je me sens français. Mais cela ne me gêne pas du tout. Ce ne sont pas des questions pièges, Monsieur Field. Je vous l'ai dit tout à l'heure, s'agissant de l'immigration d'origine européenne…

M. FIELD.- ... donc, vous prendriez mal que l'on remette en cause votre attachement à la France sous prétexte que vous avez un parent ou un grand-parent d'origine étrangère ?

M. MEGRET.- Mais le Front National n'a jamais prétendu qu'il fallait faire l'arbre généalogique des citoyens pour voir qui était Français ou qui ne l'était pas. Pour l'instant, jusqu'à preuve du contraire, nous nous contentons de la carte d'identité. Donc, ne mettez pas les problèmes là où il n'y a pas. Je vous dis que, actuellement, il n'y a pas assimilation. Actuellement, il y a intégration, c'est ce que vous dites, c'est-à-dire arriver sur notre sol de communautés en grand nombre qui, au lieu de se fondre dans le peuple français, s'organisent entre elles et c'est à la société française de s'adapter à la présence de ces communautés étrangères.
L'exemple du tchador est à cet égard extrêmement révélateur. On n'en parle plus parce que maintenant, pour les Institutions, l'affaire est entendue jusqu'à ce que nous arrivions au Pouvoir, mais l'affaire du tchador est très révélatrice. Nous avons une tradition de laïcité à l'école publique, eh bien il ne devait pas y avoir de tchador à l'école. On a obligé nos Institutions à changer la tradition. C'est bien la preuve que ces communautés étrangères imposent à la France ses lois et coutumes. C'est le propre d'une colonisation.

M. FIELD.- La laïcité, c'est une valeur que vous revendiquez ? Parce que, au sein du Front National, on ne peut pas dire que ce soit unanime.

M. MEGRET.- Je revendique la neutralité des Institutions publiques, tant sur le plan religieux que sur le plan idéologique. Et par contre, là, il y a vraiment un problème parce que la neutralité politique de l'école publique n'existe plus aujourd'hui et c'est extrêmement inquiétant. De ce point de vue, la laïcité est totalement trahie par ceux qui prétendaient être ses défendeurs.

M. FIELD.- La laïcité est une des valeurs de la Révolution française, on peut dire, du siècle des Lumières ?

M. MEGRET.- C'est une des valeurs qui était attachée à l'émergence du système républicain.

M. FIELD.- Parce que Bernard Anthony, le chef de file des catholiques traditionnalistes, qui est membre du Front National, à votre colloque « Nation humaniste », s'en prenait à la Révolution française qui avait engendré des grandes valeurs dévoratrices, que sont la Science, le progrès, l'Etat et les Droits de l'Homme. C'est pour cela que je suis un peu surpris de vous entendre faire cet éloge de la laïcité et des valeurs républicaines ?

M. MEGRET.- Nous ne considérons pas en effet que la France a émergé en 1789 et que la Révolution française est la source de toutes les valeurs qui fondent notre civilisation.

M. FIELD.- Mais, là, il parle « des valeurs dévoratrices de la Révolution française ».

M. MEGRET.- Je vous réponds ! Nous savons que la France remonte à des siècles et des siècles en arrière, que nous sommes porteurs d'une civilisation qui puise ses racines loin dans le passé et que la Révolution française n'a été qu'une étape de tout cela, qui a porté beaucoup de difficultés, beaucoup de crises et qui a porté aussi un certain nombre de valeurs positives que nous reprenons en compte.

M. FIELD.- On a vu tout à l'heure le groupe U2 chanter la paix pour l'Irlande. Toujours dans ce même séminaire de la semaine dernière « la valeur humaniste et identité nationale », Olivier Pichon qui est un conseiller régional d’Ile-de-France du Front National a dépeint la musique moderne comme un retour à la barbarie et le chemin le plus court pour la drogue. Je voulais savoir d'abord si cela concernait un groupe comme U2 ? et où commençait pour vous la musique moderne ? Beethoven ? Stravinski ?

M. MEGRET.- Je pense que cela correspond, par exemple, à un groupe comme Nique Ta Mère qui reçoit des subventions publiques de l’Etat et des collectivités publiques. Alors, ça, c'est tout à fait inadmissible. Je ne pense pas que la musique, parce qu'elle est composée de nos jours, ne doit pas avoir droit de cité, bien évidemment ! C'est le propre d'une civilisation qui continue son développement et son expansion que d'être capable de créer des formes nouvelles aujourd’hui.

M. FIELD.- Elle avait droit de cité dans un lieu qui s'appelait « Le sous-marin » à Vitrolles. Il n'y a plus !

M. MEGRET.- « Le sous-marin » - on ne va peut-être pas s'étendre là dessus - était une organisation…

M. FIELD.- ... c'était un lieu de spectacle où il y avait des concerts de rap essentiellement et de musique moderne.

M. MEGRET.- C'était un lieu de spectacle, en effet, où l'on présentait des groupes du style Nique Ta Mère où circulait de la drogue…

M. FIELD.- Cela, vous aimez bien le répéter. Eux, ils s'appellent NTM. Il n'y a que vous qui dites « Nique Ta Mère ».

M. MEGRET.- Oui, il faut savoir ce que cela veut dire !... et qui était de surcroît le quartier général de toutes les organisations anti Front National. Qu'ils existent, ce n'est pas notre affaire, nous sommes pour la liberté d'expression, mais qu'ils existent avec le financement de la municipalité Front National, dans un local appartenant à la municipalité Front National, cela n'est pas normal. C'est la raison pour laquelle nous avons repris possession de ce local. C'est tout. Pour le reste, ils s'expriment librement. Nous ne sommes pas les censeurs dans notre pays. C'est nous qu'on essaie de faire taire, c'est nous qu'on essaie de censurer par le rétablissement, par exemple, du délit d'opinion qui, comme vous le savez…

M. FIELD. ... y a-t-il un autre lieu de vie, de musique à Vitrolles qui accueillerait ces groupes-là ? Non, plus à Vitrolles, à côté ?

M. MEGRET.- C'est parce qu'ils n'en ont pas trouvé par eux-mêmes. Parce que, comme par hasard, ces gens-là ne peuvent pas exister par eux mêmes. Ils ont besoin de l'argent public pour exister. Ce qui prouve que leur art, si tant est qu'on puisse le qualifier de ce type, n'est pas aussi attractif que cela s'ils ne peuvent pas remplir leurs salles sans avoir des subventions.

M. FIELD.- Et les subventions données aux associations de prévention, aux éducateurs ? Pourquoi ce travail de prévention dont on pourrait se dire finalement « n'importe quel maire, quelle que soit sa couleur politique, devrait l’encourager », on a l'impression que, vous, ce n'est vraiment pas la voie que vous voulez suivre ?

M. MEGRET.- Oui, ce n'est pas la politique du Front National en matière de lutte contre l’insécurité.

M. FIELD.- Il vaut mieux prévenir, non ?

M. MEGRET.- La politique du Front National, c'est d'abord de rétablir l'autorité des lois et la répression des crimes et des délits, ce qui n'est pas fait actuellement.

M. FIELD.- Donc, la prévention, le travail d'éducation, c'est secondaire pour vous ?

M. MEGRET.- La prévention doit se faire, selon nous, d'abord à l'école et dans la famille. Et c'est vrai que nous considérons que la prévention ne doit pas se faire dans la rue. Nous avons supprimé tous les éducateurs de rue et tous les agents d'ambiance de ce type et nous avons, c'est vrai...

M. FIELD.- ... mais c'est très grave de dire cela ?

M. MEGRET.- Non, ce n'est pas grave, et vous allez voir pourquoi. Nous avons renforcé les effectifs de la Police municipale…

M. FIELD.- ... C'est encore plus grave !

M. MEGRET.- Non, non, ce n'est pas plus grave du tout ! parce que le résultat de tout cela, c'est que l'insécurité a baissé de 20 % dans la ville, en un an. Et cela, c'est ce que les habitants demandaient. Et c'est cela que nous voulons faire à l'échelle de la France. Imaginez qu'à l'échelle du pays, on fasse ce qu'on a fait à Vitrolles, on double les effectifs de la Police - cela ne serait même pas nécessaire d’ailleurs - et qu'on leur donne mission d'assurer effectivement la répression des crimes et des délits, eh bien je vous garantis qu'en quelques années seulement, la sécurité reviendrait dans toutes les villes de la France. Et cela est quand même la première valeur fondatrice de la civilisation. Comment voulez-vous qu'il y ait même création artistique si on ne peut plus sortir la nuit, si chacun risque d'être agressé dans son logement ou dans sa voiture.

M. FIELD.- Mais je reviens à ma question de tout à l'heure à laquelle vous n'avez pas répondu quand je vous disais : « Pourquoi cette délectation à mettre de l'huile sur le feu » ? Vous me répondez un peu cela encore, c'est-à-dire la prévention, c'est ce qui permet de guérir avant. Et, finalement, non, il vaut mieux qu'il y ait du conflit, il vaut mieux qu'il y ait de la baston pour intervenir.

M. MEGRET.- Mais la prévention, ça ne marche pas. Cela fait des années,, des années et des années, qu'ils déversent des milliards, des dizaines, que dis-je, des centaines de milliards sur les banlieues pour faire de la prévention, et la délinquance ne cesse d'augmenter. Cela ne marche pas. Il faut rétablir les valeurs, les normes et faire respecter ces valeurs et ces normes. C'est comme cela à l'école, ça doit être comme ça à l'école, ça doit être comme ça dans la famille et ça doit être comme ça dans la société, sinon tout part à vau l'eau. L'ordre est créateur d'harmonie. C'est ce que nous voulons faire. Donc, je ne suis pas du tout un tenant de l'huile sur le feu. Mais les problèmes existent, il faut bien en parler. Cela ne sert à rien de se mettre la tête sous la couverture comme le font les tenants de la classe politique qui est de dire : « tout va bien » alors que les Français, eux, savent bien dans leur vie quotidienne, si vous alliez les rencontrer, chez eux, sur leur lieu de vie, ils savent bien que cela va de mal en pis.

M. FIELD.- Le vote de la loi des 35 heures, un commentaire ?

M. MEGRET.- Les 35 heures, nous sommes contre, non pas que nous soyons contre le fait de travailler moins, si c'est possible ! Donc, à vrai dire, nous ne sommes pas contre une loi sur les 35 heures, nous sommes contre la loi des 35 heures obligatoire. Pour une raison très simple, c'est que si on oblige les entreprises à payer 40 heures des gens qui ne travaillent plus que 35, alors que dans le même temps on les place dans le cadre d'une concurrence sauvage avec l'ouverture des frontières et que de ce fait on les oblige, là, à baisser leurs coûts, on les place dans une situation insupportable en leur demandant de baisser leurs coûts, d'un côté, et en les obligeant à augmenter leurs coûts de l’autre.
Que va-t-il se passer ? Ceux qui sont les plus solides vont effectivement appliquer la loi, mais ils vont certainement bloquer les salaires pendant de nombreuses années. Ceux qui ne sont pas assez solides, ils vont mettre la clé sous la porte ou ils vont se délocaliser. Donc, les 35 heures, ce sera moins d'emplois et des salaires plus bas. Et le comble de tout cela, c'est que si vous demandez aux Français ce qu'ils veulent dans la vie, « ce n'est pas travailler moins », « c'est travailler » pour ceux qui n'ont pas d'emploi et « c'est gagner plus » pour ceux qui travaillent. Donc, Monsieur Jospin et Madame Aubry, c'est vraiment la politique de gribouille. Pour satisfaire une demande sociale qui n'existait pas, ils vont accroître la souffrance sociale des Français.

M. FIELD.- La loi sur l'exclusion, si vous aviez eu un député encore, aurait-il voté contre ? Se serait-il abstenu ?

M. MEGRET.- La loi sur l'exclusion, c'est très bien dans ses aspirations morales - bien sûr qu'il faut venir au secours des Français dans la détresse -, mais c'est une loi de palliatif. Et ce qui est dramatique, c'est que cette exclusion, c'est quoi, en bon français ? C'est la misère, c'est la pauvreté. Qui résulte de quoi ? Qui résulte du chômage, qui résulte de la précarité qui est cette nouvelle maladie sociale qui ne cesse de se développer. Et, cela, ça vient de la politique qui est menée par le Pouvoir en place, par le Pouvoir socialo-communiste, par le pouvoir RPR-UDF avant, avec l'ouverture à tout va des frontières, d'une part, et à l'étatisme étouffant, de l’autre...

M. FIELD.- ... l'immigration est stagnante depuis 1974 - je le maintiens -, ce sont les chiffres officiels…

M. MEGRET.- Je ne suis pas d'accord avec vous.

M. FIELD.- ... il y a plus de 3 chômeurs, alors que, en 1974, il y en avait quelques centaines de milliers. Vous ne pouvez pas faire une corrélation entre l'immigration et le chômage ?

M. MEGRET.- Ce n'est pas compliqué ! Nous, pour résoudre le problème du chômage…

M. FIELD.- Vous inventez des chiffres.

M. MEGRET.-... nous avons trois grands axes de solutions :

1 - Protéger les emplois existants pour qu'ils cessent d'être détruits par la concurrence sauvage, donc la régulation des échanges - pas la fermeture des échanges, la régulation des échanges -, et si possible aux frontières de l’Europe.

2 - Réduire le nombre des demandeurs d'emploi qui est en effet artificiellement élevé en France à cause de la présence d'immigrés. Retour des immigrés dans leur pays d’origine.

3 - Création d'emplois nouveaux par l'abaissement des charges, des taxes et des impôts sur les petites et les moyennes entreprises, les artisans, les commerçants et les professions libérales, c'est-à-dire tous ceux qui ont du travail, qui pourraient embaucher, mais qui ne le font pas parce que cela coûte trop cher.

Eh bien, tout cela, c'est possible. Et croyez-moi si on faisait cela, on résoudrait le problème du chômage. Ce qui n'est pas le cas du tout actuellement car la politique qui est menée par les socialistes comme par leurs prédécesseurs, c'est une politique qui, structurellement, crée du chômage.

M: FIELD.- On revient sur les affaires et la suite de l'actualité après une page de publicité.


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M. FIELD.- Retour sur le plateau de PUBLIC en compagnie de Bruno Mégret. On va en venir aux affaires et à ce qui se passe à la Mairie de Paris. Cela va être l'objet du sujet de télévision étrangère de nos confrères belges.
Mais, auparavant, toujours sur l'actualité, dans le Journal « Français d’abord », j'ai lu une dénonciation extrêmement violente des accords sur la Nouvelle-Calédonie. Votre directeur de cabinet, Namien Barillet, évoque une démarche odieuse, Roger Olindre se lâche, ce n'est pas le plus mou d'entre vous, il évoque le Gouvernement français comme les professionnels de l'anti-France, de l'anti-Occident, de l'anti-homme blanc : « La France a apporté la paix civile pour toutes ces tribus qui étaient encore totalement cannibales au 19ème siècle…. ». Enfin, discours de la grande époque ! Alors que tout le monde pourrait se réjouir qu'il n'y ait plus une situation de conflit. Donc, toujours mon idée : « De l'huile sur le feu ! ».

M. MEGRET.- Non. Nous nous réjouissons que la situation soit apaisée là bas. Mais cet accord de Nouméa est, en effet, extrêmement curieux, extrêmement contestable. Parce que je vous rappelle que les accords de Matignon, qui avaient été signés il y a dix ans, prévoyaient un référendum sur l'autodétermination de l'île, cette année. Ce référendum n'aura pas lieu, pourquoi ? Parce que l'on sait par avance, tout le monde le sait, qu'il donnerait une majorité écrasante pour le maintien de l'île dans la France.
Alors, c'est quand même incroyable ! On a affaire à des institutions politiques, que ce soit le gouvernement ou les deux partis protagonistes là-bas, qui décident de bafouer les accords parce que le résultat du référendum ne donnerait pas ce que l'on en attend. Et l'on a affaire maintenant à de nouveaux accords qui prévoient un nouveau référendum dans 15 ans ou dans 20 ans, et ainsi de suite, jusqu'à ce que, j'imagine, on réussira enfin à donner l'indépendance à ce territoire !

M. FIELD.- Pendant ce temps-là les communautés vivent ensemble, apprennent à se connaître, vivent pacifiquement. Vous devriez vous en féliciter, non ? C'est quand même mieux que ce qui s'était passé dans la grotte d’Ouvéa ?

M. MEGRET.- Je pense que nos dirigeants devraient s'en féliciter et en tirer les conclusions. Si cela marche bien comme cela, organisons la vie là-bas dans le cadre de l'ensemble français. C'est ce que nous préconisons. Parce que je ne vois pas pourquoi il faudrait donner leur indépendance aux Canaques, c'est-à-dire reconnaître implicitement qu'il ne peut pas y avoir de coexistence en Nouvelle-Calédonie entre les Canaques et les Européens et, dans le même temps, en Métropole, expliquer partout qu'il peut y avoir une totale cohabitation entre les populations immigrées et les populations européennes. C'est un peu paradoxal !

M. FIELD.- Décidément ? Cela revient toujours !

M. MEGRET.- J'aime bien la cohérence.

M. FIELD.- C'est de l'obsession, ce n'est plus de la cohérence.

M. MEGRET.- S'il n'y a pas de cohérence en politique, c'est tout et n'importe quoi ! D'ailleurs, c'est effectivement ce qui se produit avec nos dirigeants actuels.

M. FIELD.- On va voir le sujet des affaires vu par nos confrères de la télévision belge.


REPORTAGE: LA FRANCE VUE PAR RTBF


M. FIELD.- Un commentaire, Bruno Mégret ?

M. MEGRET.- Oui, je crois qu'avec tout ce qui est en train de se passer autour de la Mairie de Paris, ce sont les plus hautes institutions de l’Etat qui sont ébranlées et qui pourraient bien être très gravement mises en cause.
Déjà, Monsieur Chirac avait mis en cause l'institution du Président de la République lorsqu'il était sorti de son rôle et qu'il avait mis en cause, en des termes ignominieux, le Front National, c'est-à-dire qu'il avait lancé l'anathème contre 15 % des Français, cessant d'être de ce fait….

M. FIELD.-…15 % des électeurs, si vous permettez cette précision. Vous qui aimez les chiffres.

M. MEGRET:- Cela revient au même.

M. FIELD.- Pas tout à fait ! Quand il y a 35 % d'abstentions, ce n'est pas tout à fait pareil !

M. MEGRET.- - 15 % des Français qui s'étaient exprimés. -, cessant ainsi d'être le Président de tous les Français, comme l'y oblige la Constitution.
Voilà maintenant que ces affaires viennent, comme une marée montante, balayer les marches des Palais Nationaux, dont l’Elysée, dont le Conseil Constitutionnel, puisque son Président, lui, est mis en examen. Cela veut dire que les plus grandes institutions de notre pays sont mises en cause. Et je me souviens avoir, quelques jours avant le premier tour des élections présidentielles, c'était à votre antenne, mis en garde les Français qui s'apprêtaient à voter du côté du RPR, sur le fait qu'il ne faudrait tout de même pas qu'un jour on se retrouve avec un Président de la République mis en examen !
Qu'est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que, pour les électeurs de droite, RPR-UDF, il faut bien maintenant comprendre qu'il n'y a plus rien à attendre du côté du RPR et de l'UDF pour combattre la Gauche. Et que si l'on veut être efficace dans ce combat contre la Gauche, il faut maintenant se rassembler autour d'une Force intègre, solide, convaincue, déterminée et en pleine expansion.

M. FIELD.- Intègre, intègre, c'est votre grand thème ! Les pourris, ce sont les autres. J'ai la liste de tous les élus ou personnalités du Front National mis en examen, condamnés, prison avec sursis, etc. Si je vous la lis, elle est assez impressionnante aussi, proportionnellement !

M. MEGRET.- Vous me permettez de vous répondre là-dessus ?

M. FIELD.- Sauf si vous voulez que je vous la lise d’abord ? Vous la connaissez ?

M. MEGRET.- Oh ! je la connais. Je pense que cela lasserait les auditeurs.

M. FIELD.- Parce qu'il y a des abus de biens sociaux, il y a des violences, il y a des meurtres. Enfin, il y a quand même beaucoup de choses qui naviguent autour de vous ?

M. MEGRET.- Non, non. Serrions les problèmes : je comprends très bien que la classe politique qui est écrasée par les affaires de toutes parts….

M. FIELD.- Je ne suis pas la classe politique, je suis un journaliste qui vous pose des questions.

M. MEGRET.- - Mais, moi, je vous explique. -… cherche à mettre des affaires sur le dos du Front National. Et comme il n'en existe pas, on les invente. On les invente avec la technique classique de la désinformation. Ils sont tous deux condamnés ou mis en examen. Oui, sauf que l'un l'est pour un excès de vitesse et que l'autre l'est pour un hold-up de banque.

M. FIELD.- Le secrétaire départemental du FN Pyrénées-Orientales, M. Jean-Louis Denoël, a été condamné pour abus de biens sociaux ? Le directeur de cabinet de M. Le Chevalier, ici présent, est mis en examen pour recel de preuves sur une affaire de pot de vin ? Ce ne sont pas que des contraventions d'excès de vitesse, Monsieur Mégret ?

M. MEGRET.- Je m'explique maintenant dans le détail : l'essentiel des condamnations ou des mises en examen qui concernent les membres du Front National concerne trois types d’affaires :
- des délits d'opinion. Je dis que les délits d'opinion....

M. FIELD.- ... ce que vous appelez « délits d’opinion », c'est appel à la haine raciale en droit français ?

M. MEGRET.-... les délits d'opinion, ce sont des condamnations pour des propos qui sont tenus. Eh bien, là, je dis que ce sont des condamnations qui font honneur à ceux qui les subissent…

M. FIELD.-... votre femme, notamment ?

M. MEGRET.- Notamment, oui, parce que cela prouve qu'ils résistent au totalitarisme ambiant et qu'ils font de ce fait un acte tout à fait méritoire.
- ce sont des actes d'auto-défense. De ceux de nos amis qui sont attaqués par des groupes hostiles, qui viennent attaquer nos réunions, attaquer nos candidats....

M. FIELD..... auto-défense, quand vous avez trois colleurs d'affiches qui vont passer bientôt aux Assises avec le meurtre d'un jeune garçon d'origine comorienne, qui a été assassiné par une balle dans le dos, c'est de l’auto-défense ?

M. MEGRET.- Je vais vous répondre là-dessus. Je termine. Actes d’auto-défense, quand nous sommes en permanence attaqués dans nos meetings, dans nos réunions, nos candidats sur les marchés en pleine campagne électorale.
Et c'est un certain nombre d'affaires qui concernent un certain nombre d'élus ou de cadres du Front National qui ont commis des malversations, mais pas dans leur activité politique, dans le cadre de leurs activités professionnelles. Mais cela n'a rien à voir !

M. FIELD.- Comme l'ancien dirigeant Front National Police, M. Jamet ? Braquage…

M. MEGRET.- Exactement, Monsieur Field. Si cela reste prouvé. Parce que, pour l'instant, ce n'est pas prouvé. Si Monsieur Jamet, policier, a effectivement commis des malversations, c'est la Police qui est éclaboussée, ce n'est pas le Front National, car il n'a pas commis d'exactions dans l'exercice de ses fonctions du Front National. Quand M. Emmanueli…

M. FIELD.- Quand votre candidat, Front National, à Apt, Roger Vabrègue, se retrouve condamné 2 ans de prison pour trafic de drogue parce qu'il était revenu avec des cargaisons incroyables de hash du Maroc, ce qui, en plus, fait désordre pour un membre du Front…

M. MEGRET.- Ecoutez, je veux bien…

M. FIELD.- Elle est longue, cette liste !

M. MEGRET.- … et toute la liste des enseignants de Gauche, adhérents des syndicats de Gauche ou adhérents du Parti Socialiste, qui, au fil des actualités, jour après jour, sont impliqués dans des affaires de moeurs avec leurs élèves, comment se fait-il que l'on n'annonce jamais l'étiquette de leur Parti politique ? Alors, comparons ce qui est comparable ! Ce qui doit être pris en compte…

M. FIELD.- Gilles Lacroix, votre adjoint au maire chargé de la vie associative à Vitrolles…

M. MEGRET.- Oui, mais vous pouvez continuer, j'ai des réponses à tout dans cette affaire !

M. FIELD.- Le commando violent sur le barrage des routiers.

M. MEGRET.- Rien n'est prouvé. Et vous pensez bien que ce n'est pas la Municipalité Front National qui va se préoccuper d'aller faire lever un barrage routier par la violence au bénéfice d'une entreprise ! Monsieur Field, lorsque la grêle tombe à Vitrolles, le Front National n'y est pour rien. Même si les médias orchestrent l’information !

M. FIELD.- En tout cas, je veux seulement dire qu'il y a beaucoup, beaucoup de personnalités du Front National qui sont mis en examen.

M. MEGRET.- Tout cela ne correspond à rien !…

M. FIELD.- Donc, la Justice travaille bien quand ce sont vos adversaires politiques qu'elle épingle et c'est un complot quand ce sont des gens du Front National qui sont impliqués ?

M. MEGRET.- Il est clair que la Justice n'est plus partiale, que la Justice ne s'occupe qu'accessoirement de la répression des crimes et des délits, que la Justice est clairement engagée dans le combat politique, que la séparation des pouvoirs, qui est pourtant l'un des principes fondateurs de la démocratie, est totalement bafouée puisque l'on a affaire à une Justice qui se mêle maintenant de dire aux hommes politiques ce qu'ils ont le droit de déclarer ou pas, qui va jusqu'à invalider un chef politique. Si ce n'est pas l’immixtion dans les affaires publiques et de la mise en cause, précisément, de la séparation des pouvoirs, qu'est-ce que c’est ?
Alors, il y a un grave problème de la Justice aujourd'hui, ce qui n'empêche pas qu'il y a un grave problème de la corruption dans la classe politique. Et le Front National n'est pas concerné par cela, même si, bien sûr, nous sommes une organisation humain. Et nous avons dans nos rangs, qui sont très nombreux, un certain nombre de personnes qui commettent des indélicatesses, des délits, voire des crimes, mais pas dans l'exercice de leurs fonctions politiques. Et si cela devait survenir, parce que, encore une fois, nous sommes une organisation humaine avec toutes ses faiblesses, ils seraient impitoyablement sanctionnés et écartés. C'est toute la différence avec la classe politique, car nous écartons les moutons noirs quand, dans la classe politique, on procède comme dans les bandes de gangsters, on se soutient et l'on se couvre mutuellement. Et c'est la raison pour laquelle, du côté de la classe politique, c'est tout le système qui est gangrené, car ils se tiennent tous pour se protéger les uns, les autres.

M. FIELD.- La préoccupation de la corruption, c'était l'objet de notre consultation Internet. Vous savez que ce n'est pas un sondage, c'est une consultation sur plusieurs pays étrangers et la France. Des Internautes sur la question : « La corruption est-elle une menace, à vos yeux, pour la démocratie ? »


REPORTAGE: Consultation Internationale sur Internet.


M. FIELD. Un commentaire sur cette inquiétude concernant la corruption ?

M. MEGRET.- Oui, un commentaire. Ce que je voudrais dire, c'est que ce qui rend terrible cette corruption, c'est qu'elle est accompagnée, au sein de la classe politique, d'un deuxième fléau : l'impuissance de cette classe politique à résoudre les problèmes des Français. Et, alors cela, c'est le comble de la catastrophe parce que vous avez affaire à des gens qui non seulement ne servent à rien, mais qui, en plus, se servent au passage. Et là on comprend l'exaspération des Français.

M. FIELD.- Il y a un thème sur lequel je voulais vous interroger. Je vous ai lu avec attention dans LE FIGARO la semaine dernière. Il y a un thème que je trouve relativement nouveau, c'est votre volonté de reprendre ou de vous donner comme héritier de l'idéal gaulliste.
Vous dites : sur l'indépendance nationale, sur la souveraineté nationale, les Gaullistes d'aujourd'hui ont trahi. Et nous, finalement, l'héritage du gaullisme, c'est au Front National qu'il se trouve. Ce qui a dû faire bizarre à tous vos amis… ?

M. MEGRET.- Vous venez de le dire. Je n'ai plus rien à rajouter…

M. FIELD.- Cela a dû faire bizarre. Tous vos amis engagés dans l'OAS, cela a dû leur faire bizarre ?

M. MEGRET.- D'accord, mais ce sont des gens intelligents qui savent la part des choses et comprendre ce que je dis. Je ne suis pas gaulliste non plus, d’ailleurs ! Mais je constate qu'il y a un certain nombre de valeurs fondamentales, qui ne sont pas l'apanage des gaullistes, qui sont intemporelles, mais qui, c'est vrai, ont été défendues à certaines époques par de Gaulle et ses amis, comme en 40, comme du temps du RPF ou après 62 et qui sont aujourd'hui totalement bafouées par Séguin, par Chirac ou par l’Etat-major du RPR. C'est, par exemple, la grandeur de la France, l'indépendance de la Nation, la souveraineté du peuple, le refus du régime des Partis. Eh bien, ces valeurs-là, aujourd'hui c'est le Front National et lui seul qui les incarne et qui les défend !

M. FIELD.- Ce n'est pas un sacré toupet de se revendiquer, quand vous faites partie du Front National, des valeurs du Général de Gaulle de 1940, quand je pourrais vous donner la liste des dirigeants ou des fondateurs du Front National, qui ont servi sous l'uniforme allemand, qui ont appelé les jeunes Français à collaborer ? Vous avez des élus de…

M. MEGRET.- ... vous êtes obsédé par…

M. FIELD.- Ecoutez, un élu comme M. Malagouti qui a été condamné à mort par contumace pour avoir servi de sentinelle pendant que des résistants se faisaient torturer par la Milice…

M. MEGRET.-... M. Papon était ministre gaulliste. M. Papon était ministre RPR, alors, écoutez, on ne va pas commencer à se jeter ce genre de référence à la figure ! Il y avait à l'origine, parmi les inspirateurs du mouvement gaulliste, un grand résistant comme Jacques Soustelle...

M. FIELD.-.... je vous parle du Front National, de Roland Gaucher qui a appelé les jeunes Français à revêtir l'uniforme allemand, qui vous a quitté il y a peu de temps !

M. MEGRET.- On ne peut pas allonger les listes respectives, je vous rappelle que. M. Georges Bidault, Président du Conseil National de la Résistance, faisait aussi partie des inspirateurs du Front National à sa fondation. Donc, ce n'est pas le problème…

M. FIELD.- ... le problème est que les Gaullistes doivent avoir un peu les « boules » de vous entendre revendiquer l'idéal, quand même ?

M. MEGRET.- Oui, mais c'est leur problème ! Comment - je leur pose la question, ici, ce soir - peut-on se dire gaulliste aujourd'hui, vouloir défendre l'indépendance, la souveraineté de la France et accepter l'Euro, accepter Maastricht et accepter, demain, le Traité d'Amsterdam qui vont réduire à zéro pratiquement la souveraineté de la France, ce n'est pas possible !
Le Général de Gaulle avait fait sortir la France de l'organisation militaire de l'OTAN, alors qu'il y avait la menace soviétique, pour nous préserver de la tutelle américaine…

M. FIELD.- ... il avait aussi posé la première pierre de la construction européenne ?

M. MEGRET.- Que fait Monsieur Chirac ? Au moment où la menace soviétique a totalement disparu, il réintroduit progressivement la France dans l'OTAN, renforçant notre mise sous tutelle des Etats-Unis. C'est totalement aberrant ! C'est totalement absurde !
Alors, c'est vrai, je dis aux électeurs gaullistes que la fidélité à leurs options, à leurs convictions, devrait les conduire à rejoindre le Front National ou à faire un bout de chemin à nos côtés, être un compagnon de route.

M. FIELD.- En allant regarder votre site Internet et les sites amis de ce site, on n'a pas l'impression que la sensibilité gaulliste y est vraiment étonnamment représentée. Regardez !


REPORTAGE


M. FIELD.- Vous avez des amis encombrants, non ?

M. MEGRET.- Monsieur Field, c'est de votre faute, de la faute de vos amis, de la faute des médias qui vont répéter, partout que nous sommes nazis, fascistes et racistes…

M. FIELD.- Donc, toute l'Internationale Nazie nous croit ?

M. MEGRET.- Evidemment ! Voilà, c'est de votre faute.

M. FIELD.- Ils sont un peu c...... vos copains !

M. MEGRET.- Nous n'y sommes absolument pour rien. Mais, je ne plaisante pas quand je dis cela !

M. FIELD.- Je croyais. J’espérais.

M. MEGRET.- Je prends l'exemple du premier commentaire, il y a une phrase désagréable à l'encontre des médias, je ne vous mets pas du tout en cause ce soir. Mais il y a eu récemment, dans une chaîne voisine, un reportage sur Vitrolles. Par qui était fait ce reportage ? Par un certain M. Konochnicki. Ce monsieur est un ancien conseiller régional condamné plusieurs fois pour diffamation contre le Front National.

M. FIELD.- Il a fait un excellent livre sur le Front National.

M. MEGRET.- C'est lui qui fait le reportage sur le Front National. Alors, je dis aux Français qui nous écoutent : ne soyez pas étonnés que l'on ne cesse de dire du mal sur le Front National, chaque fois que quelqu'un parle du Front National, c'est un ennemi du Front National qui parle. C'est un ennemi du Front National qui écrit les livres. C'est un ennemi du Front National qui fait les reportages sur le Front National. C'est comme si c'étaient des militants du Front National qui allaient faire des reportages sur M. Fabius ou sur le Parti Socialiste, ce serait saignant, ce serait très différent de ce que l'on voit d’habitude !
Pourquoi y-a-t-il deux poids, deux mesures toujours, Monsieur Field ? C'est une question qu'il faudrait se poser. Pourquoi sommes-nous à ce point persécuter ? Voyez-vous, cette persécution, cette mise en cause, il faut que les Français comprennent qu'elle n'est pas spécifique à notre mouvement. Elle est spécifique à un mouvement hors système, qui veut remplacer un système corrompu.
Les partisans du temps du RPF subissaient la même diabolisation. J'ai là une petite photo intéressante qui montre une image du RPF avec le Général de Gaulle…

M. FIELD.- On va la cadrer bien.

M. MEGRET - Cette image du RPF avec le Général de Gaulle est maculée, comme sont, hélas, aujourd'hui, maculées les affiches du Front National. On traitait de Gaulle de fasciste. On l'accusait de vouloir faire le même travail qu'Hitler, comme on le fait actuellement pour Jean-Marie Le Pen et pour les leaders du Front National. Eh bien, de la même manière que cela paraît incroyable aujourd'hui, a posteriori, je dis que, dans quelques années, cette diabolisation que nous subissons actuellement.paraîtra incroyable car elle ne nous aura pas empêchés d'arriver au pouvoir.

M. FIELD.- Jean-Marie Le Pen était mon invité en février dernier, on finira par là parce qu'il nous reste à peine deux minutes.
Je voudrais juste vous proposer un extrait de son intervention ici.

M. LE PEN.- Ne croyez pas qu'il y ait une divergence, je sais que cela ferait plaisir à nos adversaires…

M. FIELD.- Vous êtes le seul en France à croire qu'il n'y a pas de divergence entre Bruno Mégret et vous ? Même Bruno Mégret…

M. LE PEN.-... mais, il n'en existe pas. Parce que Bruno Mégret ne dit que ce que le Bureau politique a dit, et je crois encore avoir au Bureau politique une certaine influence.

M. FIELD.- Déclinante?

M. LE PEN.- Je ne crois pas ! Si vous aviez vu hier la Convention des Jeunes à Paris, je suis encore sans doute la personnalité la plus populaire, même parmi les jeunes. N'en doutez pas !

M. FIELD.- Cela vous inquiète un peu cette montée en puissance de Bruno Mégret dans votre Parti ?

M. LE PEN.- Non, pas du tout. Le jour où cela m’inquiéterait, je prendrai les dispositions qui conviennent !

M. FIELD.- C'était quasiment une menace !

M. MEGRET.- Oh, écoutez, je ne vois pas du tout ce que vous voulez dire par là ! Les choses sont extrêmement claires…

M. FIELD.- Je crois que les téléspectateurs auront mieux compris, alors !

M. MEGRET.- … chez nous, puisqu'il s'agissait de la succession de Jean Marie Le Pen et que c'est à cela qu'il répondait. Chez nous, la succession, le moment venu, sera réglée par un Congrès. C'est conforme à nos statuts. Ce sera très simple.

M. FIELD.- Vous êtes impatient en ce moment ?

M. MEGRET.- Oh, je ne suis pas un homme impatient. Je me dévoue au combat qui est le mien, qui est celui de la renaissance de notre pays. Et, croyez-moi, j'ai assez affaire comme cela.

M. FIELD.- Est-ce que Charles Millon, avec son mouvement La Droite, est le prochain allié naturel du Front National dans des accords nationaux, et plus seulement régionaux ?

M. MEGRET.- Pourquoi pas ! Je pense que le Front National, voyez-vous, a un objectif : arriver au pouvoir. Je ne me suis pas engagé en politique pour témoigner ou pour protester, mais, demain, pour gouverner, c'est à-dire pour appliquer notre programme et redresser la France. Et pour cela, il faut que nous nous développions. Le Front National doit devenir le grand rassemblement de tous les Français. Mais aussi que nous passions un certain nombre d'alliances avec des mouvements qui n'existent pas et qui doivent sortir de la recomposition du RPR et de I’UDF. Si cela peut être M. Millon, tant mieux ! Mais il faut que les Français comprennent à ce moment-là que les 10 % qu'il pourrait faire plus les 20 % que nous aurons fait, cela fait 30 %, et la dynamique de succès que cela créerait, cela ferait 5 % de plus : 35 %, c'est le seuil pour arriver au pouvoir. Le Front National est en voie d'y arriver.

M. FIELD.- Bruno Mégret, merci.
La semaine prochaine, je recevrai Jean-Claude GAYSSOT, le ministre des Transports. Nous parlerons évidemment de tout ce qui bouge dans son secteur : des pilotes de ligne, des routiers, des motards. Enfin, bref, on aura beaucoup de choses à se dire.
Maintenant, nous avons l'énorme avantage de retrouver Claire Chazal pour le Journal de 20 heures. Et sans doute vous connaîtrez le Palmarès du Festival de Cannes, qui a dû tomber pendant cette émission.

A la semaine prochaine.