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La Tribune : Une réticence est perceptible au sein de l'UDF sur les orientations fiscales d'Alain Juppé. Approuvez-vous le principe d'une programmation quinquennale ?
Gilles de Robien : S'il s'agit d'une programmation quinquennale de la baisse des impôts, je l'approuve totalement. A condition que la baisse de la première année soit significative et qu'elle constitue un signe fort, de nature à ramener la confiance.
La Tribune : Nombre de députés UDF veulent engager d'abord des baisses d'impôts, repoussent la réforme…
Gilles de Robien : Tout dépend de ce qu'on appelle réforme fiscale. Une baisse significative des impôts constitue, en soi une réforme. Le reste, ce sont des ajustements et de la technique fiscale. Ils doivent obéir à deux principes : meilleure justice et simplification.
La Tribune : Mais plusieurs élus s'interrogent de ne pas toucher aux niches – qui sont au cœur de la réforme fiscale – avant (...). C'est votre position ?
Gilles de Robien : C'est aussi mon avis et celui du groupe UDF. Il ne nous semble pas primordial de risquer l'affolement généralisé par une remise en cause brutale et totale de l'accumulation des mesures fiscales. Qu'on donne la priorité à la baisse des impôts. Ensuite, qu'on fasse des ajustements équitables. En outre, il ne faut pas oublier que la moitié des Français ne paie pas l'impôt. La réforme ne doit donc pas toucher seulement l'impôt sur le revenu. Par souci de justice fiscale, elle doit englober d'autres baisses de taxes, incitant à la consommation.
La Tribune : Vous pensez à une baisse de la TVA ?
Gilles de Robien : Oui, sur certains produits. Mais des députés pensent aussi à la taxe sur les produits pétroliers ou à la redevance audiovisuelle.
La Tribune : Quel devrait être le montant des baisses d'impôt de 1997 ?
Gilles de Robien : Si on accepte le principe d'un pari fiscal qui doit relancer la confiance et la croissance. Il faut aller bien au-delà des chiffres avancés par le gouvernement (on a parlé de 15 milliards d'allégement, Ndlr). En outre, la suppression des prélèvements exceptionnels imposés en 1995 doit être entamée dès l'an prochain.
La Tribune : Comment financer de tels allégements ?
Gilles de Robien : Par des économies sur le fonctionnement de l'Etat et non uniquement par le redéploiement d'aides à l'emploi. Mon expérience locale, à Amiens, me porte à penser que les frais généraux peuvent être fortement réduits, à condition de faire appel à un audit extérieur.
La Tribune : Que pensez-vous des économies drastiques envisagées sur le logement ?
Gilles de Robien : Je suis très réservé sur la réforme des aides au logement, dont l'effet social serait contraire au discours du président de la République sur la fracture sociale. Il ne faut pas mésestimer l'importance du secteur du bâtiment et du logement sociale pour le soutien de l'emploi.
La Tribune : Vous semblez reléguer au second plan la réduction des déficits publics…
Gilles de Robien : Il ne faut pas se méprendre : le groupe UDF tient à ce que la monnaie européenne se fasse dès le 1er janvier 1999, et avec la France. Mais il faut souligner l'existence dans le traité de Maastricht de marges de souplesse pour l'appréciation des critères de convergence. Il est certes possible de parvenir à respecter strictement les critères de déficit, avec une croissance zéro. Mais je pense qu'on fera mieux l'Europe avec une croissance de 3 % même si les fameux critères ne sont pas totalement atteints. Je ne souhaite pas que l'Europe de la monnaie unique, en 1999, soit l'Europe de la stagnation.