Interview de M. Jean-Luc Cazettes, président de la CFE-CGC, dans "Les Echos" du 27 décembre 1999, sur le développement de l'actionnariat salarié, le système des stock-options et le contexte réglementaire français.

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Les Echos. - Souhaitez-vous un développement de l’actionnariat salarié ?

Pour nous, c’est un véritable enjeu de pouvoir : il peut permettre de peser sur les décisions de l’entreprise. Pour cela, il ne doit pas être individualisé, parcellisé, avec des salariés qui ont individuellement la disposition de quelques actions, comme c’est souvent le cas. Il doit être organisé par l’intermédiaire d’un fonds commun de placement, dont le conseil d’administration doit être élu par les adhérents. Cela dit, il est évident que l’actionnariat des salariés n’est jouable que dans les entreprises cotées. Pour les autres, il faudra organiser l’accès des salariés à des fonds diversifiés. Dans les entreprises cotées, il faut que les salariés actionnaires soient représentés au conseil d’administration avec voix délibérative. C’est logique : organisés, ils représentent généralement un des plus gros actionnaires.

Les Echos. - Aux Etats-Unis, certains salariés se révèlent des actionnaires très exigeants. Ne craignez-vous pas que la même chose se produise en France ?

Outre-Atlantique, ce ne sont pas des représentants des salariés en tant que tels, mais leurs organismes gestionnaires qui les représentent dans les conseils d’administration. Pour la CFE-CGC, ce sont des salariés élus qui doivent y siéger.

Les Echos. - Faut-il réformer le régime des stock-options ?

C’est un dispositif valable pour toutes les petites entreprises en démarrage, car elles n’ont pas les moyens de se payer les compétences dont elles ont besoin. En revanche, nous sommes contre leur expansion au-delà. Il ne s’agit pas d’une prise de participation dans le capital de l’entreprise, mais d’une opération spéculative qui conduit à faire dépendre une partie de la rémunération des salariés du cours de Bourse. S’agissant des prélèvements sur les plus-values des stock-options, si l’Etat veut accorder des avantages fiscaux, c’est sont problème ; en revanche, elles doivent être soumises à cotisations sociales.

Les Echos. - L’actionnariat des salariés permet la même chose…

Mais vous êtes propriétaire. Le cas de la Société générale cet été l’a montré, l’actionnariat salarié permet d’éviter les OPA et leur lot de restructurations et de licenciements. Les stock-options ont en l’effet inverse. Le cours grimpant, cela incite les salariés à lever leurs options et à les vendre.

Les Echos. - Que pensez-vous du contexte fiscal et réglementaire français en matière d’actionnariat ?

Sur un dividende de 100, un actionnaire français touche 50, un fonds de pension américain 100 et un anglais 123. Cette discrimination pose un vrai problème. Il faudrait au moins que les nationaux, et en particulier les salariés, soient au moins aussi bien traités fiscalement que les fonds de pension américains.