Déclaration de M. Laurent Wauquiez, secrétaire d'Etat à l'emploi, sur les initiatives et mesures prises pour améliorer l'accessibilité des transports en Auvergne en particulier, Le Puy 11 septembre 2009.

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Circonstance : Ouverture de la rencontre nationale "Accessibilité et transports", Le Puy 11 septembre 2009

Texte intégral

M. le sénateur de la Haute-Loire, cher Jean BOYER,
Mme la sénatrice du Bas-Rhin, chère Fabienne KELLER,
Mme la sénatrice de l'Aveyron, chère Anne-Marie ESCOFFIER,
M. le député de la Haute-Loire, cher Jean-Pierre MARCON,
M. le Président de la Région Auvergne, cher René SOUCHON,
M. le Président de la Fédération des Maires des Villes Moyennes, cher Bruno BOURG-BROC,
M. le Président de la SNCF, cher Guillaume PEPY,
M. le Président de RFF, cher Hubert Du Mesnil,
M. le délégué interministériel de la DIACT, cher Pierre DARTOUT,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,


Je remercie chacun d'entre vous d'être venu aujourd'hui dans notre belle ville du Puy-en-Velay. Je ne vais pas me livrer au délicat exercice consistant à saluer chacun de vous, mais je tiens à saluer chaleureusement les parlementaires qui nous font l'honneur de leur présence, les présidents de régions, les élus locaux qui sont venus en nombre d'un peu partout en France, ainsi que les présidents d'établissements publics comme Hubert DU MESNIL de Réseau ferrés de France et Guillaume PEPY de la SNCF.

Ceux d'entre vous qui ont eu l'audace de prendre le train pour venir jusqu'ici depuis une autre ville moyenne auront très vite compris l'impérieuse nécessité d'un colloque comme celui qui nous réunit aujourd'hui... C'est parfois un parcours initiatique digne de celui des pèlerins de Compostelle ! L'auteur de L'Île au trésor, Robert Louis Stevenson, qui s'est livré, il y a près d'un siècle et demi, à une petite promenade de 200 kms à pied dans la région du Puy, avait tout compris quand il disait : « En vérité, je ne voyage pas, moi, pour atteindre un endroit précis, mais pour marcher : simple plaisir de voyager ». Je suis donc très heureux d'accueillir ceux qui ont su concilier le « plaisir de voyager » et le désir d'« atteindre un endroit précis », et qui sont parvenus jusqu'à nous !


I. Je suis très honoré de pouvoir à la fois accueillir et ouvrir ce colloque co-organisé par la DIACT, la communauté d'agglomération du Puy et la fédération des villes moyennes. J'en suis d'autant plus heureux et honoré que la réunion d'aujourd'hui est une grande première. C'est, vous le savez, la première rencontre nationale des villes moyennes sur les transports et l'accessibilité.

1. J'aimerais d'abord rappeler rapidement que cette rencontre est l'aboutissement d'une expérimentation lancée par la DIACT sur 20 villes moyennes témoins, il y a deux ans et demi, en mars 2007. L'objectif de cette initiative était clair : premièrement, établir un diagnostic dans quatre domaines principaux : l'enseignement supérieur, la santé, le renouvellement urbain, l'accessibilité et les transports ; puis, à partir de ces diagnostics précis, identifier clairement les priorités de l'action publique à destination des villes moyennes.

Sur la question de l'accessibilité et des transports, les trois villes témoins retenues sont Montauban, le binôme Brive-Tulle et Le Puy, dont deux, cela ne vous aura pas échappé, se trouvent dans le Massif central, un territoire particulièrement enclavé qui fait figure de cas d'école. La sénatrice Fabienne KELLER, à la demande du Premier ministre, a rendu un rapport très riche sur la gare comme centre de l'intermodalité, et je ne doute pas qu'il contribuera grandement à nourrir nos débats de cet après-midi. Je ne vais pas déflorer les résultats que le délégué interministériel de la DIACT, Pierre DARTOUT, va nous communiquer dans quelques minutes concernant l'expérimentation menée dans les domaines des transports et de l'accessibilité, sujet qui nous occupera ce matin. Je serai aussi bref que possible, pour ne pas rendre le suspense trop insoutenable.

2. Ce que j'aimerais souligner d'emblée, c'est que le pari est réussi. Au-delà des résultats au cas par cas, l'expérimentation a permis de resserrer les liens entre les différents partenaires locaux, de faire dialoguer à un rythme régulier les services, les infrastructures et les élus : le conseil général, la communauté d'agglomération, le conseil régional, mais aussi les acteurs économiques et associatifs et les organismes de transports - je pense en particulier aux Réseaux ferrés de France, qui ont investi beaucoup d'énergie dans ce travail.

La réunion d'aujourd'hui, à laquelle vous avez massivement répondu présent, est un symbole fort de notre volonté à tous de coordonner nos énergies et nos compétences pour faire avancer une question qui engage la qualité de vie de nos concitoyens et le dynamisme de nos territoires. Car la condition sine qua non pour fluidifier les déplacements, c'est que les différentes autorités articulent leurs actions.

3. Cette réunion est un aboutissement, mais elle est aussi un point de départ. Maintenant que les acteurs locaux des villes moyennes se sont mis d'accord sur les objectifs et sont en ordre de bataille, nous pouvons enclencher la vitesse supérieure. Le but de notre réunion, c'est d'ouvrir notre cercle à l'échelon national : la question qui va nous occuper ce matin, celle de l'accessibilité des villes moyennes, ne peut pas en effet se résoudre entièrement au plan local.

Dans le cadre du plan de relance porté par le Président de la République, 300 millions d'euros supplémentaires ont été attribués au transport ferroviaire, dont 132 millions pour réaliser les opérations du volet ferroviaire des Contrats de Projets Etat-Régions (CPER). Le chef de l'Etat a également souligné qu'il attendait des entreprises publiques qu'« elles anticipent leurs investissements futurs » et consacrent 4 milliards d'euros de plus qu'en 2008 à la production d'énergie et à la modernisation des réseaux.

Mon message est clair : il est crucial d'engager au plus vite une discussion approfondie avec les décideurs nationaux pour voir comment traduire concrètement nos objectifs sur le terrain. Je pense à l'Etat bien sûr - le ministre de l'espace rural et de l'aménagement du territoire Michel MERCIER viendra clore cette réunion, mais aussi les opérateurs techniques, comme la SNCF, dont nous attendons beaucoup.


II. 1. L'enjeu est majeur. Il s'agit, ni plus ni moins, d'investir pour passer de la France du XXe siècle à la France du XXIe siècle. Il faut donner un coup de jeune au territoire français car le contexte a changé. Je ne sais pas si, comme le dit Jacques Attali, nous semble entrés dans une « ère nomade », mais personne ne contestera que la mobilité n'a jamais été aussi importante et que le retour des citadins vers les territoires ruraux ne ralentit pas. Dans les années 70, on considérait comme normal que les 200 villes moyennes françaises ne bénéficient que de manière lointaine du rayonnement de la métropole voisine, selon une logique proche de ces cercles concentriques que forme un caillou jeté dans l'eau. On considérait sans sourciller que certains territoires devaient concentrer la plupart des infrastructures et être bien desservis, tandis que d'autres le méritaient moins : en gros, si la nature les avait entourés de montagnes, il fallait laisser faire la nature !

2. Tout le monde aujourd'hui, et pas seulement les élus des villes moyennes ici présents, sera d'accord là-dessus : les villes moyennes ont trop longtemps été victimes de ce type de préjugé. La ville moyenne n'est plus, si je puis dire, le maillon faible du territoire français, mais un maillon fort, un point nodal, charnière, entre l'échelle locale et l'échelle nationale. Au cercle vicieux dans lequel on a voulu l'enfermer, il faut substituer un cercle vertueux.

- Pour des raisons d'équité républicaine entre les territoires d'abord : pourquoi un habitant de la campagne n'aurait-il pas droit de se rendre à la préfecture en utilisant les transports publics, comme peut le faire le citadin qui vit en banlieue d'une grande ville ? C'est absurde ! Proposer une interconnexion entre le train et le bus par exemple, c'est donner envie aux gens de venir s'installer dans des lieux où il fait bon vivre, mais qui sont paradoxalement menacés de désertification ; c'est contribuer à une répartition plus harmonieuse des populations sur l'ensemble du territoire.
- L'enjeu est aussi écologique. À un moment les discussions sur la taxe carbone s'étalent en première page des médias, permettre aux gens de laisser leur voiture au garage pour aller travailler, c'est aussi agir pour la planète que nous voulons laisser à nos enfants.
- Alors, bien sûr, on n'a pas manqué de nous dire : « est-ce bien sérieux de s'occuper d'une telle question alors qu'on traverse une crise sans précédent depuis la seconde guerre mondiale ? » Des esprits bien intentionnés ont voulu nous convaincre qu'il valait mieux régler d'abord les problèmes urgents, aider les gens à trouver ou à retrouver du travail ; et qu'ensuite on pourrait réfléchir à la manière d'améliorer l'accessibilité des villes moyennes et l'attractivité de leur centre ville.

Je le dis tout net : faire comme si le problème de la crise et celui de l'accessibilité des villes moyennes étaient deux problèmes différents, c'est raisonner avec la tête vissée sur le guidon. Car ouvrir les villes moyennes sur leur environnement proche et lointain, c'est accélérer leur développement économique et touristique, et donc créer des opportunités d'emploi. Quand je vois qu'au Puy, la saison estivale a battu tous les records d'affluence touristique, je me dis que ce serait dommage de ralentir la cadence sous prétexte que c'est la crise. Au contraire, c'est justement parce que c'est la crise qu'il faut accélérer la mise en oeuvre concrète des résultats de l'expérimentation !


III. J'aimerais, pour terminer, évoquer brièvement le cas du Puy, parce que c'est celui que je connais le mieux bien sûr, mais aussi parce qu'à mon sens, c'est un exemple intéressant du type d'action qu'on peut mettre en oeuvre pour sortir nos territoires ruraux de la chape de plomb sous laquelle on les a trop longtemps laissés.

Dans le cadre de l'expérimentation menée au Puy, nous avons travaillé en collaboration avec la région Auvergne et la région Rhône-Alpes pour améliorer l'accessibilité de la Haute-Loire. L'enjeu majeur auquel nous sommes confrontés, c'est d'accroître l'attractivité de la ville auprès du formidable gisement que constituent les touristes d'affaires, les pèlerins et les randonneurs, et aussi de faciliter les déplacements entre les régions et la vie économique au quotidien.

Dans l'ordre des priorités que nous avons établies figure d'abord l'amélioration de la desserte vers Saint-Etienne, Lyon et Paris ; ensuite viennent le contournement du Puy et l'amélioration de la RN 102. Mais améliorer les liaisons routières ne sera pas suffisant. L'amélioration des transports ferroviaires est pour nous une question centrale. Notre objectif principal, c'est de mettre le Puy à 4h de Paris. Grâce à une convention signée entre la SNCF et le Conseil régional, la ligne Le Puy-Saint Etienne va bénéficier de nouveaux horaires, et des trains directs vers Lyon vont être mis en place. Nous étudions également la possibilité d'affréter des bus pour rejoindre le départ du TGV à Saint-Etienne car le TER met de 1h20 à 1h30 alors qu'avec le bus ou la voiture, il faut compter 1h05. Mais le vrai changement viendrait de l'extension du TGV jusqu'à Firminy, qui permettrait de gagner un quart d'heure de trajet et que Saint-Etienne ne soit plus un cul-de-sac.

Nous avons bon espoir que les choses bougent car nous avons obtenu que le plan de relance permette d'anticiper le lancement du plan rail en Auvergne. Nous avons signé ce plan en février 2009 et nous ne pensions pas que les travaux démarreraient dès cette année. Grâce aux 17 millions d'euros que nous avons obtenus de l'Etat, nous avons pu accélérer les études et engager les travaux il y a quelques mois. Ceux du tunnel de Fix sont déjà terminés et je me réjouis que ceux de la ligne Clermont-Nîmes, très emblématique, pour laquelle les élus locaux se sont beaucoup battus, commencent avant la fin septembre.

Je le répète : cette réunion est moins un aboutissement qu'un point de départ pour un dialogue renouvelé entre les collectivités locales, l'Etat et les opérateurs techniques de transports. L'aménagement du territoire a besoin d'un nouveau souffle, d'une stratégie de développement résolument tournée vers le long terme. Profitons donc de cette belle journée pour échanger nos bonnes pratiques et coordonner nos actions. Car c'est seulement ainsi que nous parviendrons à montrer qu'il est possible de concilier qualité de vie et compétitivité économique.


Je vous remercie et vous souhaite un bon colloque. Je passe la parole à Pierre DARTOUT.