Interview de Mme Elisabeth Borne, ministre des transports, à France Info le 24 avril 2019, sur le champ d'expérimentation des véhicules autonomes.

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Média : France Info

Texte intégral

MARC FAUVELLE
Et c'est la ministre des Transports qui est notre invitée à présent, bonjour Elisabeth BORNE.

ELISABETH BORNE
Bonjour.

MARC FAUVELLE
Vous annoncez tout à l'heure une série de mesures pour développer en France les véhicules autonomes, c'est-à-dire électriques et sans conducteur, merci d'en réserver ce matin l'annonce aux auditrices et aux auditeurs de France Info. Avant cela, un mot si vous le permettez de celle qui conduit votre liste aux européennes, Nathalie LOISEAU, elle a reconnu hier qu'elle a bien été candidate sur une liste étudiante où figuraient plusieurs membres de l'extrême droite, il y a de ça plus de 30 ans. Elle parle d'une connerie, ce sont ses mots, d'une erreur de jeunesse, est-ce que votre candidate est fragilisée ce matin ?

ELISABETH BORNE
Eh bien écoutez, je vois bien la polémique que certains essayent de créer, notamment Laurent WAUQUIEZ, enfin il ne faut pas vouloir détourner non plus le débat des vrais sujets, c'est quels projets européens ? Je comprends bien que monsieur WAUQUIEZ, dont on ne comprend pas forcément le projet, veuille détourner ainsi l'attention, la liste Renaissance, c'est vraiment la liste, la seule liste qui porte un projet européen, un projet pour protéger les citoyens, pour développer nos entreprises, un projet de progrès social. Donc je comprends effectivement que ça puisse gêner nos adversaires…

MARC FAUVELLE
Liste qui a fait du combat contre l'extrême droite l'un de ses créneaux depuis le début de la campagne, Elisabeth BORNE, est-ce que ce n'est pas gênant de découvrir à un mois du scrutin qu'on a fait campagne avec l'extrême droite dans sa jeunesse.

ELISABETH BORNE
Je pense que Nathalie LOISEAU, elle n'a jamais été d'extrême-droite, elle a expliqué qu'elle avait été dans sa jeunesse, il y a 35 ans, sur une liste où il s'est avéré qu'un certain nombre d'autres candidats ont ensuite rejoint d'extrême-droite, enfin vraiment Nathalie LOISEAU, moi ça fait deux ans qu'on travaille ensemble au sein du gouvernement, je peux vous assurer qu'elle n'a jamais eu des convictions d'extrême droite. Elle l'a dit, c'est une erreur, elle aurait sans doute dû vérifier qui étaient présents sur cette liste, elle n'a jamais eu des convictions d'extrême droite, ce n'est pas la peine d'essayer de nourrir cette polémique.

MARC FAUVELLE
Il faut un droit à l'oubli en politique comme ailleurs ?

ELISABETH BORNE
Moi je vous le dis, elle a été sur une liste où il s'est avéré qu'un certain nombre d'autres candidats ont ensuite été d'extrême-droite, je suis convaincue que Nathalie LOISEAU, qui porte des valeurs de progrès…

MARC FAUVELLE
Elle n'avait pas regardé.

ELISABETH BORNE
… de progrès démocratique, social…

MARC FAUVELLE
Elle n'avait pas regardé avec qui elle était candidate.

ELISABETH BORNE
…n'a jamais eu des convictions d'extrême droite.

MARC FAUVELLE
Vous, à votre connaissance, vous n'avez jamais milité à l'extrême droite, jamais été candidate vous, Elisabeth BORNE, non ?

ELISABETH BORNE
Moi-même, ah non je vous confirme, pas plus que Nathalie LOISEAU, moi non plus.

MARC FAUVELLE
Bon. Vous présentez donc ce matin, Elisabeth BORNE, votre plan pour les véhicules autonomes, c'est-à-dire les voitures ou les navettes sans conducteur, il y en a déjà quelques-unes qui sont testées en ce moment en France. L'idée, c'est d'accélérer un grand coup ?

ELISABETH BORNE
Oui c'est vraiment de changer d'échelle, on va soutenir 16 expérimentations mais en situation réelle de véhicules autonomes. Moi je suis convaincue que ça peut être une solution dans des territoires où aujourd'hui on n'a pas d'alternative à la voiture et pour qu'on puisse dès l'an prochain autoriser des services avec des navettes autonomes, on a besoin d'engranger de l'expérience et c'est bien ce qu'on va faire au travers de ces 16 expérimentations.

MARC FAUVELLE
Alors des expérimentations à Rouen, à Vichy, à Nantes, à Nice également. Ça veut dire qu'il faut s'habituer à les voir sur nos routes, ces voitures ?

ELISABETH BORNE
Oui. Je pense que c'est aussi important que, effectivement, les Français s'habituent à voir ces navettes et ces véhicules autonomes sur nos routes, il y a forcément un petit peu d'inquiétude au départ et c'est aussi en menant ces expérimentations, en permettant aux Français de se familiariser avec ces véhicules, qu'on va permettre leur développement. Et surtout, moi je vous le dis, ma préoccupation depuis que je suis à la tête de ce ministère, c'est de mieux répondre aux transports du quotidien, d'apporter des solutions dans les territoires où il n'y en a pas, et ces navettes autonomes c'est bien ce qu'elles vont permettre.

MARC FAUVELLE
Puisqu'on parle, on pense évidemment tout de suite au transport plutôt urbain mais il y a un projet dans la liste que vous dévoiler ce matin qui concerne le département de l'Indre. Là, on est dans une zone plutôt rurale à côté de Châteauroux : il y a une navette qui va faire le tour de certains villages enclavés de ce département. C'est ça ?

ELISABETH BORNE
Absolument. Donc c'est dans la communauté de communes du Coeur de Brenne qui est à mi-chemin entre Châteauroux et Châtellerault. C'est un territoire rural comme il y en a beaucoup en France où on n'a pas d'autre solution que la voiture. On a des personnes âgées qui, du coup, ne peuvent plus aller faire leurs courses, ne peuvent pas aller chez le médecin. Et là, on aura deux navettes qui tourneront en boucle toute la journée et qui permettront donc à ces personnes âgées, mais aussi à des jeunes qui n'ont pas de permis ou qui n'ont pas de voiture, de pouvoir se déplacer.

MARC FAUVELLE
Ça, c'est ce qui nous attend dans un futur proche, Elisabeth BORNE : des sans conducteur ?

ELISABETH BORNE
Eh bien moi, c'est ma conviction qu'on doit accélérer. En plus en France, on a la chance d'avoir deux start-up qui sont parmi les meilleures au monde dans ce domaine, donc il faut jouer à fond cette carte pour pouvoir proposer des solutions alternatives à la voiture dans des territoires, et il y en a beaucoup où il n'y a pas aujourd'hui de transports en commun.

MARC FAUVELLE
Les Français restent plutôt sceptiques dans leur majorité face aux voitures autonomes. Est-ce que ce ne sera pas ça le plus difficile : nous former à ces voitures ?

ELISABETH BORNE
Je pense que les Français sont forcément un peu interrogatifs parce qu'on n'en a pas encore vu beaucoup sur nos routes, et puis on a aussi différentes philosophies. Vous savez pour ces voitures autonomes, il y a à la fois la grande berline plus confortable. Moi, ce n'est pas ma priorité. Ma priorité, c'est les services qu'on va pouvoir proposer demain, notamment avec ces navettes autonomes. Vous avez cité effectivement l'expérimentation qu'on va mener dans l'Indre. Moi je pourrais vous citer un autre exemple à Sophia Antipolis dans les Alpes-Maritimes. C'est une zone d'activités où les entreprises sont un peu dispersées, évidemment les bus ne vont pas jusqu'au pied de chacune des entreprises, donc du coup chacun est obligé de prendre sa voiture. Une autre expérimentation donc qu'on va mener, c'est d'avoir des navettes là aussi, deux navettes qui à partir de l'arrêt de bus permettront de se rendre dans chacune des entreprises. Et c'est une façon d'éviter aux salariés de prendre leur voiture pour aller au travail, ce qui est aussi quelque chose qui coûte cher.

MARC FAUVELLE
Là on parle donc de transports collectifs. A quand des voitures autonomes, des voitures pour les particuliers sur les routes de France ?

ELISABETH BORNE
Alors les voitures autonomes, c'est dans les prochaines années.

MARC FAUVELLE
Il n'y a pas de date pour l'instant ?

ELISABETH BORNE
Il y a des dates parfois un peu fantaisistes qui sont avancées par les uns et par les autres.

MARC FAUVELLE
Votre calendrier, qu'est-ce que c'est ?

ELISABETH BORNE
Moi mon calendrier c'est, je vous le dis, dès l'an prochain des navettes autonomes mais dans des conditions qui seront bien définies notamment dans des zones peu denses.

MARC FAUVELLE
Et pour les voitures ?

ELISABETH BORNE
C'est les prochaines années. C'est au début des années 2020. On aura certainement des voitures autonomes, pas forcément dans toutes les situations, ce n'est pas forcément pour traverser la place de l'Etoile. Mais en tout cas, dans des zones peu denses, d'avoir ce genre de navettes, d'avoir aussi une autre expérimentation qu'on va mener, c'est sur une ligne ferroviaire fermée dans la banlieue de Nantes. De pouvoir offrir un service là encore avec des navettes autonomes, là où il n'y a plus de services.

MARC FAUVELLE
Question bête Elisabeth BORNE : qui est responsable en cas d'accident ?

ELISABETH BORNE
Alors ça, c'est très clair. C'est effectivement, je voudrais rassurer tout le monde, toutes ces expérimentations elles sont menées dans un cadre très surveillé, très sécurisé, et c'est le responsable de l'expérimentation qui a la responsabilité en cas d'accident.

MARC FAUVELLE
Il y a toujours un humain pour l'instant derrière la machine.

ELISABETH BORNE
Il y a toujours un humain pour superviser les expérimentations et donc c'est bien la responsabilité de celui qui conduit l'expérimentation.

MARC FAUVELLE
Donc il y a un humain aussi pour remplir le constat en cas d'accident aussi. C'est toujours pratique.

ELISABETH BORNE
Oui, ça aussi.

MARC FAUVELLE
Merci beaucoup Elisabeth BORNE, ministre des Transports.

ELISABETH BORNE
Merci.

MARC FAUVELLE
Vous étiez ce matin l'invitée de Franceinfo.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 26 avril 2019