Texte intégral
THIERRY MESNAGE
Avec tous les jours une personnalité pour réagir à l'actualité, Laurent VAREILLE, nous sommes autour de la table avec le ministre de la Ville et du Logement, Julien DENORMANDIE.
LAURENT VAREILLE
Bonjour Julien DENORMANDIE.
JULIEN DENORMANDIE
Bonjour ?
LAURENT VAREILLE
J'ai relevé un petit double discours dans celui du gouvernement. D'abord il y a celui qui dit aux maires des communes qu'ils sont au centre de la vie quotidienne des territoires, Emmanuel MACRON s'est beaucoup appuyé sur eux pour le Grand débat national. Et puis il y a l'autre discours qui consiste à demander aux préfets de prendre parfois les arrêtés préfectoraux pour imposer à ces communes des logements sociaux sur des terrains qu'ils n'ont pas choisi, alors pourquoi une telle différence de discours ?
JULIEN DENORMANDIE
Non, il n'y a pas de différence de discours…
LAURENT VAREILLE
C'est le gant de velours et puis le côté main de fer.
JULIEN DENORMANDIE
Non, il n'y a pas de différence de discours, vous savez la ville, elle est construite par les élus locaux, c'est le maire qui délivre les permis de construire et c'est très bien ainsi. Moi, je suis extrêmement favorable à cela, quand on construit une ville, il faut que ça se fasse le plus localement possible donc ce sont les élus locaux et les maires qui en ont cette charge. Après il y a des lois, il y a notamment une loi qui impose un certain nombre de constructions de logements sociaux.
LAURENT VAREILLE
25 % d'ici 2025.
JULIEN DENORMANDIE
25 % d'ici 2025 exactement et c'est important que ces lois soient respectées, pourquoi ? Parce que dans notre pays il manque beaucoup de logements sociaux, beaucoup de personnes qui nous écoutent ont besoin de logements abordables, de logements qui puissent leur donner accès à un loyer qui soit convenable et donc le rôle de l'Etat, c'est aussi de faire appliquer ces lois et de faire en sorte que les logements soient abordables, je crois que c'est important.
LAURENT VAREILLE
Ici dans les Alpes-Maritimes, il y a plus d'une quarantaine de communes qui ne sont pas dans les clous et très lion de l'être même parfois, ça veut dire qu'ils ne jouent pas le jeu, il faut les forcer, il faut en passer justement par ces arrêtés préfectoraux pour se fâcher un petit peu et les obliger ?
JULIEN DENORMANDIE
Ce qui est sûr, c'est que construire du logement social, ce n'est pas toujours évident et donc le rôle de l'Etat, c'est de faire en sorte que les maires qui souhaitent construire puissent le faire de manière plus facile. Je viens de passer une loi, la loi Logement qui permet de faciliter l'acte de construction pour un logement social ou pour un logement dit privé, mais c'était important de faciliter cet acte de construction. Et puis d'un autre côté, c'est important vis-à-vis de toutes celles et ceux pour qui le choix politique ne serait pas forcément de construire beaucoup de logements sociaux, de leur dire, c'est important parce qu'encore une fois le problème dans notre pays c'est de faire du logement abordable et parfois cela nécessite d'avoir des lois, d'avoir des obligations et de les mettre en oeuvre, c'est le rôle d'un ministre du Logement comme moi.
LAURENT VAREILLE
Quand on parle de logement social, Julien DENORMANDIE, c'est plutôt de logements pour actifs, parce que ça regroupe une catégorie de personnes vraiment très, très, très large, 25 % en 2025, c'est vraiment jouable, vous pensez qu'on peut y arriver ?
JULIEN DENORMANDIE
Oui, c'est jouable. Il faut, là où c'était plus compliqué de pouvoir construire lever ces contraintes, faciliter l'acte de construction, mettre beaucoup d'innovations dans l'acte de construction. Pour vous donner…
LAURENT VAREILLE
Comment on fait pour construire par exemple dans un territoire comme les Alpes-Maritimes où on sait que les terrains, le prix des terrains s'envole, il y a très peu de place également, le territoire est pris entre la montagne et puis la mer. Comment on fait pour construire plus pour ces fameux logements sociaux ?
JULIEN DENORMANDIE
Aujourd'hui vous aviez beaucoup de zones où il n'était pas du tout possible de construire, alors je prends un exemple, vous êtes en plein centre-ville et vous avez ce qu'on appelle une dent creuse, c'est-à-dire un terrain non occupé entre deux immeubles, parfois il n'était pas possible de construire dessus. Par la loi Logement qu'on vient de passer, il est dorénavant donner la possibilité aux maires d'y porter un projet immobilier…
LAURENT VAREILLE
Ça c'est reconstruire la ville sur la ville, je vois que vous avez appris la leçon des années 90, on revient à ça ?
JULIEN DENORMANDIE
Ce n'est pas revenir à ça, c'est faire en sorte que vous puissiez d'un côté préserver, préserver notre environnement, notre littoral, nos biens agricoles. Vous savez moi je suis ingénieur agronome de formation, donc je suis très attaché à ça, et puis en même temps de dire aujourd'hui on a un sujet qui est de pouvoir construire plus de logements et donc la ville parfois, il faut la densifier, il faut faire en sorte que vous puissiez construire plus là où c'est nécessaire, dans le respect de l'environnement et donc avec cette densification. C'est encore une fois tout à fait possible, on a pris des mesures fortes en ce sens avec la loi Logement qui a été adoptée il y a 2 mois, aujourd'hui on est en train de mettre en oeuvre ces mesures fortes pour à la fin des fins donner accès au logement à nos concitoyens. C'est ça l'enjeu. Aujourd'hui dans le département les prix, dans beaucoup de villes, du logement sont beaucoup trop élevés et donc moi ma responsabilité, c'est de faire en sorte que nos concitoyens puissent avoir accès à un logement.
THIERRY MESNAGE
Le ministre de la Ville et du Logement est dans les Alpes-Maritimes aujourd'hui est ce matin il est en direct sur France Bleu Azur.
LAURENT VAREILLE
Alors justement l'encadrement des loyers, c'est possible ?
JULIEN DENORMANDIE
C'est rendu possible par la loi.
LAURENT VAREILLE
Vous allez donc donner la possibilité aux communes de pouvoir donc plafonner les loyers ?
JULIEN DENORMANDIE
Exactement, exactement, c'était un projet qui avait été porté il y a quelques années et il avait été fait de telle façon que la justice avait indiqué que ça ne marchait pas tel qu'il avait été imaginé initialement. Et donc par la loi Logement, celle que j'évoquais, j'ai profondément modifié la chose et aujourd'hui on a un système qui est utilisable par les maires, donc tous les maires qui le souhaitent dorénavant peuvent mettre en place cette encadrement.
LAURENT VAREILLE
Ils ne doivent pas baisser les loyers par contre, ça c'est quand même malgré tout impossible, on ne peut pas ramener des loyers par exemple qui seraient à 1.000 euros à 800 euros ?
JULIEN DENORMANDIE
Vous avez un… nous sommes dans un pays de droits, donc quand vous signez un contrat entre un propriétaire et un locataire, heureusement que le contrat est respecté, sinon rien ne pourrait marcher dans un pays où le droit ne serait pas respecté.
LAURENT VAREILLE
Donc le levier, Monsieur le Ministre, ça va être quoi ?
JULIEN DENORMANDIE
Le levier c'est d'un côté, il faut construire plus là où c'est nécessaire et j'insiste dessus, moi j'ai porté une politique de construction mais aussi une politique de réhabilitation. Vous savez, dans notre pays on a un gros problème, c'est qu'on a des centaines de milliers de logements qui parfois sont vacants ou sinon sont dans de mauvaises conditions. Et donc j'ai porté une grande politique très forte pour réhabiliter plus de logements.
LAURENT VAREILLE
Donc on construit, on réhabilite, on crée donc du logement.
JULIEN DENORMANDIE
Ça crée plus d'offres. On lutte aussi, troisième élément contre les logements vacants, qui est un élément extrêmement important parce qu'on observe partout sur le territoire des logements qui sont inoccupés, donc on lutte fermement avec les logements vacants ou les bureaux qui sont vacants et qu'aujourd'hui on transforme en logement.
LAURENT VAREILLE
On va se tourner vers les banques et les l'assurance qui sont des gros propriétaires.
JULIEN DENORMANDIE
C'est ce que nous faisons très concrètement pour transformer leurs bureaux vacants en des logements, bref on met toute la pression dans le tube possible et inimaginable pour construire plus là aussi.
LAURENT VAREILLE
Et ensuite après ça fait des loyers et là on les plafonne ?
JULIEN DENORMANDIE
Et là après si le maire dit, en dépit de ces nouvelles constructions, ces nouvelles réhabilitations et ces nouvelles remises sur le marché, il y a un problème de prix qui perdure, le maire a la possibilité d'encadrer . Donc vous voyez c'est une politique qu'on mène, très cohérente, mais qu'il faut pousser avec beaucoup de déterminations parce que le quotidien des Français, c'est leur logement toujours.
LAURENT VAREILLE
Dans les Alpes-Maritimes, il y a des maires qui vous ont déjà fait savoir qu'ils allaient utiliser ce dispositif ?
JULIEN DENORMANDIE
Alors la loi est toute nouvelle, elle a deux mois, donc on est en train d'en discuter avec les élus locaux, donc à ce stade je ne peux pas vous dire si des villes ou pas vont le mettre en place, parce que c'est tout nouveau, ça a deux mois d'existence.
LAURENT VAREILLE
Vous étiez au Mipim hier, au marché immobilier vous y revenez aujourd'hui, il y a des choses qui vous ont, je dirais, interpellées dans ce grand marché où il y a des fois des projets un peu pharaoniques, mais est-ce qu'il y a les choses, on va dire, qui peuvent être utilisables pour nous simples mortels ?
JULIEN DENORMANDIE
Oui, moi ce que je trouve très impressionnant, c'est que vous savez quand on fait la ville, quand on fait de logement, on crée la société, la société d'aujourd'hui mais aussi la société de demain. La ville, elle est à l'image de la société qu'on souhaite. Est-ce qu'on souhaite une ville qui soit inclusive, qui permette d'avoir une mixité des populations, qui permette d'avoir un respect de l'environnement ou pas ? Et ce que je trouve très intéressant aujourd'hui au Mipim, c'est l'excellence française, d'abord faut le dire on est vraiment un pays avec une excellence dans la construction de l'urbanisme et avec l'utilisation aujourd'hui, c'est très frappant, de nouveaux matériaux comme la construction bois, comme le béton fait à base de chanvre qui sont des matériaux respectueux de l'environnement et qui créent un cadre très agréable. Et donc ça c'est vraiment une nouvelle dynamique que moi je pousse très fortement et qui, je trouve, transparaît dans cette 30ème édition du Mipim.
LAURENT VAREILLE
Merci Julien DENORMANDIE d'être venu nous voir ce matin, bonne journée à vous.
JULIEN DENORMANDIE
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 mars 2019