Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elisabeth BORNE, bonjour.
ELISABETH BORNE
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d'être avec nous, ministre des Transports. J'ai entre les mains les 30 propositions de lois citoyennes des auditeurs de RMC et des téléspectateurs de RMC DECOUVERTES, il y en a qui concernent les transports, je vais vous interroger sur ces questions, les propositions de lois. Mais tout de suite revenons sur ce qui s'est passé samedi, est-ce qu'il faut interdire les manifestations sur les Champs-Elysées ?
ELISABETH BORNE
Ecoutez, en tout cas moi, comme la plupart des Français, je suis scandalisée par ce qu'on a vu samedi sur les Champs-Elysées, avec des individus ultraviolents, qui ne sont clairement pas venus manifester, ils sont venus…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Enfin ils sont venus…
ELISABETH BORNE
Ils sont venus.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais on ne les a pas vus venir, et les autorités ne les ont pas vus venir.
ELISABETH BORNE
Eh bien écoutez, je pense que c'était préparé, et effectivement on était informé qu'il y avait des individus violents, sans doute pas autant, et les forces de l'ordre étaient très mobilisées, totalement mobilisées, comme elles le sont depuis des semaines, enfin moi je voudrais rendre hommage à leur engagement, à leur professionnalisme, à leur sang-froid, qui a permis d'éviter le pire, y compris cette femme qui était avec son bébé dans l'immeuble qui a été incendié, mais effectivement on voit que malgré cette mobilisation, on n'a pas pu endiguer…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Incapacité, incapacité Elisabeth BORNE…
ELISABETH BORNE
Cette violence, et du coup le…
JEAN-JACQUES BOURDIN
A maintenir l'ordre ?
ELISABETH BORNE
Enfin, honnêtement, je pense que toute la journée on a vu des forces de l'ordre qui étaient très mobilisées sur le terrain, mais on ne peut pas se satisfaire de ce qui s'est passé samedi, et c'est pour ça que le président de la République a demandé qu'on aille plus loin, et le Premier ministre fera des propositions en fin de matinée.
JEAN-JACQUES BOURDIN
En fin de matinée, mais interdire les manifestations sur les Champs-Elysées c'est une option ?
ELISABETH BORNE
Ecoutez, moi je… enfin voilà, on ne va pas tous commenter les règles de l'ordre public…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On est d'accord, il ne s'agit pas de commenter, vous n'avez pas les informations sur les décisions qui seront prises, vous ne les avez pas Elisabeth BORNE ?
ELISABETH BORNE
Je vous confirme que je ne les ai pas. Je pense que, voyez, moi j'entends beaucoup de gens qui donnent des conseils en termes d'ordre public, ce n'est quand même pas si simple, les Champs-Elysées c'est une zone très vaste…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais enfin ça fait 3 mois que les gilets jaunes manifestent…
ELISABETH BORNE
Et qu'il y a eu…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a déjà eu des manifestations violentes sur les Champs-Elysées…
ELISABETH BORNE
Qu'il y a eu des évolutions.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Autour de l'Arc de Triomphe, et que, 3 mois après, il y a toujours des manifestations violentes sur les Champs-Elysées.
ELISABETH BORNE
On a adapté le dispositif en permanence, et donc on va continuer à le faire, c'est les propositions que le Premier ministre fera au président. Mais vous savez, en même temps, je pense que ces casseurs, non seulement ils veulent détruire, casser, incendier, mais je pense qu'ils veulent aussi priver les Français des conclusions du grand débat. Ne tombons pas dans leur jeu, les Français ils ont des problèmes très concrets…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais il y a des gilets jaunes qui disent « nous ne serons entendus que par la violence », il y en a…
ELISABETH BORNE
Enfin je suis désolée, moi je n'entends rien. Voyez, quand on voit des gens en train d'incendier un kiosque, je ne comprends pas le message, quand on voit des gens en train d'incendier un immeuble, il n'y a pas de message, ceux qui veulent être entendus ils sont dans le grand débat, il y a eu 10.000 réunions, sur le terrain, partout en France, il y a eu 1,7 million contributions sur le site, c'est ces Français-là qu'on va entendre et auxquels on va répondre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, il va falloir des réponses, apporter les réponses. Alors, dans les 30 propositions de lois citoyennes pour faire avancer la France, il y en a une, taxe sur les transports maritimes et aériens. Vous êtes favorable ou pas ?
ELISABETH BORNE
Enfin bon, je pense que, effectivement, les Français ont l'impression d'une injustice en disant « moi je paye des taxes sur mon carburant et d'autres ne payent pas. » Qu'il faille que ces secteurs participent pleinement à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, moi j'en suis convaincue, mais vous savez bien qu'il y a des règles internationales, que, du coup, ces problèmes-là ils se traitent à l'échelle internationale ou européenne. Si on met une taxe sur, par exemple, les carburants maritimes, eh bien les navires iront prendre leur carburant ailleurs, ils peuvent faire l'aller et retour depuis la Chine sans prendre du carburant en France. Donc, il faut agir, il faut trouver les bonnes façons d'agir, et évidemment on est déterminé à ce que les transports maritimes et aériens participent pleinement à la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Nous allons parler du transport local, très important. Est-il vrai que 56 lignes de chemin de fer et 120 gares sont menacées de fermeture par la SNCF, c'est vrai ou pas ?
ELISABETH BORNE
Enfin moi je ne sais pas qui dit ça, enfin moi j'entends très bien…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est la SNCF.
ELISABETH BORNE
Vous savez, j'entends très bien ce qu'expriment les Français dans le débat, les Français qui ont un sentiment d'injustice, de vivre dans une France à deux vitesses, dans laquelle on a fait des TGV pour les métropoles, et dans le même temps les réseaux se dégradent faute d'entretien, les routes, les voies ferrées se dégradent, et donc c'est des temps de trajets plus longs. On a aussi des emplois qui se concentrent dans les métropoles, des Français qui habitent de plus en plus loin, et de fait c'est une vraie galère, pour beaucoup de Français, les trajets domicile-travail, et c'est un diagnostic, vous savez, que moi je porte depuis des mois, ça fait des mois que je dis 1 Français sur 4 a refusé un emploi ou une formation parce qu'il n'a pas de façon de s'y rendre. Donc c'est ce que je porte depuis des mois, et c'est le coeur de la loi que je présente, enfin qui sera débattue demain au Sénat, il faut apporter des réponses…
JEAN-JACQUES BOURDIN
La loi Mobilités.
ELISABETH BORNE
Il faut arrêter de laisser les voies ferrées se dégrader. Vous savez, quand vous habitez à Rouen, vous mettez une demi-heure de plus pour venir à Paris que vous ne le faisiez il y a quelques décennies, ou, quand vous êtes en Eure-et-Loir, moi j'entends des gens qui me disent « nous on ne prend plus la ligne de chemin de fer, la ligne Paris-Chartres, parce que ça ne marche pas, on est obligé de prendre notre voiture et ça coûte très cher », donc c'est à ça qu'on va répondre par la loi Mobilités.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, vous allez répondre peut-être à ça, mais moi je vous demande est-ce que vous me certifiez ce matin qu'aucune ligne de chemin de fer, qu'aucune gare, ne seront fermées ?
ELISABETH BORNE
Ce que je vous dis c'est qu'on ne va pas laisser tomber ce qu'on appelle les petites lignes, les lignes qui assurent la desserte fine des territoires…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Aucune ne sera fermée ?
ELISABETH BORNE
On y travaille région par région, avec…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc certaines seront fermées.
ELISABETH BORNE
On y travaille région par région, et les régions savent aussi ce qui est important, ce qui est nécessaire, et donc dans la loi, qui sera débattue demain, moi j'ai déposé un amendement pour permettre aux régions, qui le veulent, qui nous le réclament, qui nous disent « nous on en a marre, quand on a une petite ligne qui est en mauvais état, de devoir attendre la décision qui est prise à Paris par SNCF Réseau, on pense qu'on fera mieux si on peut gérer directement ces lignes », eh bien dans la loi on va leur permettre de gérer directement ces lignes, si elles le veulent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Des régions vont pouvoir gérer ces lignes ?
ELISABETH BORNE
Absolument.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On est bien d'accord. Des gares aussi, des gares ferment, la SNCF nous l'a dit, Guillaume PEPY était mon invité il y a quelque temps, on va remplacer… les gares ferment, il n'y aura même plus de cheminots dans les gares, même plus d'employés de la SNCF, c'est le kiosquier, qui vend les journaux, qui va venir ouvrir la gare.
ELISABETH BORNE
Quand on est sur des lignes régionales, c'est aussi les régions qui décident s'il y a ou pas des vendeurs dans les gares, vous savez qu'il y a de plus en plus de Français qui prennent leurs billets sur Internet, en même temps tout le monde ne fait pas ça, tout le monde n'a pas Internet d'abord, et donc il faut absolument maintenir une possibilité, pour les Français qui n'utilisent pas Internet…
JEAN-JACQUES BOURDIN
La SNCF va trop loin ?
ELISABETH BORNE
Ce que je vous dis c'est qu'il faut que chacun puisse acheter un billet de train, par Internet peut-être, mais aussi physiquement, et donc c'est notamment la démarche qui a été engagée avec les buralistes, et puis vous pouvez aussi acheter par téléphone…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Que vous appuyez.
ELISABETH BORNE
Que j'appuie, je pense que c'est une très bonne démarche, vous savez LA POSTE a fait ça, de permettre d'accéder aux services postaux, notamment dans des bureaux de tabac, eh bien je pense que c'est une bonne idée de faire ça et de permettre aux Français de pouvoir aussi acheter leurs billets de train chez des buralistes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La mobilité, frein numéro 1 à l'emploi, vous l'avez dit, c'est vrai, frein numéro 1, 7 Français sur 10 utilisent leur voiture pour aller travailler, 7 Français sur 10. Alors ce fameux trajet, domicile-travail, comment aider, comment aider celles et ceux qui sont obligés de prendre leur voiture pour aller travailler ? En ville on a la chance, en ville, dans les grandes villes, notamment en Ile-de-France, on a la chance d'être aidé par l'entreprise dans laquelle on travaille…
ELISABETH BORNE
Je vous confirme qu'il y a effectivement une injustice, qui est vraiment mal vécue par beaucoup de Français, qui est que, quand vous êtes dans une grande ville, vous avez des transports en commun, et votre employeur vous rembourse 50 % de l'abonnement. Quand vous êtes dans un territoire moins dense, une petite ville, une ville moyenne, non seulement vous n'avez pas de transports en commun, mais en plus de votre employeur ne vous aide pas. Dans la loi Mobilités il est prévu la mise en place d'un forfait mobilité, jusqu'à 400 euros, sans charges sociales et fiscales, que pourra vous donner votre employeur, aujourd'hui c'est facultatif, on a engagé des discussions avec les employeurs pour que ce soit plus systématique, voire obligatoire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes favorable à l'obligation…
ELISABETH BORNE
La discussion est en cours, moi je pense qu'il faut que chaque Français, qui a des difficultés pour ses trajets domicile-travail, puisse être accompagné par son employeur, mais il faut aussi…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc il faut que ce soit obligatoire ?
ELISABETH BORNE
C'est le sens des discussions qui sont en cours, et moi…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous, vous êtes favorable à l'obligation ?
ELISABETH BORNE
Moi je pense qu'il faut que ce soit systématique.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc obligatoire.
ELISABETH BORNE
Ça sera obligatoire pour une partie, effectivement, les Français qui ont des difficultés pour accéder à leur travail. Mais il faut aussi…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc les employeurs devront obligatoirement aider leurs salariés ?
ELISABETH BORNE
Je vous dis que c'est le sens des négociations qui sont en cours, mais il faut aussi qu'on propose d'autres solutions que la voiture, et c'est tout le sens des investissements qu'on va faire pour remettre en état les lignes de chemin de fer, parce que ce n'est pas normal, quand vous habitez à Chartres, que vous renonciez à prendre le train, que ce n'est pas normal, quand vous êtes à côté de Toulouse, vous savez à côté de Toulouse, à côté de Bordeaux, pardon, j'ai entendu une maire qui dit « moi je vois bien qu'on met 2 heures maintenant pour aller en TGV à Paris, mais nous on est à 40 kilomètres de Bordeaux et on met quasiment le même temps pour y aller en voiture », les gens ils sont obligés de prendre leur voiture parce qu'il n'y a pas assez de trains, et donc il faut investir, et c'est ce que fera la loi Mobilités, on va investir beaucoup plus.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On va parler des investissements et du financement de cette loi, mais Elisabeth BORNE, j'y reviens, les employeurs devront donc aider leurs salariés, on est bien d'accord ?
ELISABETH BORNE
Je pense que les employeurs doivent aider leurs salariés, du reste…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils devront, doivent d'accord, mais ils devront ?
ELISABETH BORNE
Devront aider leurs salariés, ils en sont bien conscients, parce que vous savez, on peut aussi dire qu'1 entreprise sur 2 n'a pas réussi à recruter parce que justement les gens n'arrivent pas à se rendre sur leur lieu de travail.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et le coût, qui prendra en charge le coût de cette aide ? C'est l'employeur…
ELISABETH BORNE
C'est exactement comme pour les transports en commun, votre employeur vous rembourse 50 % de l'abonnement de transports en commun, quand vous faites du covoiturage, le covoiturage c'est le transport des zones peu denses, et l'employeur…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et l'employeur ne paiera donc, oui…
ELISABETH BORNE
L'employeur pourra accompagner son salarié sans charges sociales et sans charges fiscales.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sans charges sociales et sans charges fiscales, et ça ce sera dans la loi, si j'ai bien compris.
ELISABETH BORNE
C'est dans la loi, avec une proposition où ce n'est pas obligatoire, et je vous dis, on a des négociations avec les employeurs…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pour rendre tout ça obligatoire.
ELISABETH BORNE
Pour que ce soit systématique pour tous ceux qui ont des difficultés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et vous, vous êtes favorable à l'obligation ?
ELISABETH BORNE
Absolument.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Tant mieux, tant mieux pour celles et ceux qui ont besoin de cet argent-là pour aller travailler, et qui n'habitent pas dans des grandes villes, on est bien d'accord ?
ELISABETH BORNE
Quand on doit prendre sa voiture, vous savez, tous les jours, pour aller au travail, ça coûte très cher, c'est pour ça qu'il faut à la fois proposer d'autres solutions, par exemple soutenir le covoiturage, c'est ce qu'on fait, parce que quand vous faites du covoiturage, ça coûte moins cher évidemment, si vous êtes deux dans une voiture.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais qui va soutenir le covoiturage ?
ELISABETH BORNE
Eh bien c'est à la fois la loi qui donne des nouveaux outils, et les collectivités qui peuvent intervenir localement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les communautés de communes ?
ELISABETH BORNE
Absolument. Par exemple on peut soutenir la réalisation d'aires de covoiturage. On est à 500 millions d'euros dans le quinquennat pour accompagner les collectivités qui veulent proposer des nouvelles solutions, et par exemple le covoiturage pour aller au travail, en plus en étant soutenu par son employeur qui prend en charge une partie de vos frais de covoiturage, je pense que c'est une bonne solution.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Je veux changer de voiture, parce que j'ai une voiture très ancienne, qui pollue beaucoup, qui consomme plus, je veux acheter une voiture plus récente, même pas question d'acheter une voiture neuve. Le problème c'est que je n'ai pas d'argent pour l'acheter. Comment vais-je faire ? Quelles propositions m'offrez-vous ?
ELISABETH BORNE
Alors, le gouvernement a mis en place une prime à la conversion. Vous savez qu'elle va jusqu'à 4 000 €…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais encore faut-il avoir les moyens de changer sa voiture !
ELISABETH BORNE
Donc je suis bien consciente que même une voiture d'occasion, des Français nous disent : « Il me manque 1 000 à 2 000 € », et certains Français n'ont pas forcément accès au crédit, donc on est en train de travailler pour avoir des solutions clefs en main, où on peut par exemple…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire ?
ELISABETH BORNE
... proposer des locations longue durée, avec des microcrédits, et donc il faut effectivement…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez le proposer ?
ELISABETH BORNE
On est en train d'y travailler. Et je vous confirme…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien oui, vous travaillez…
ELISABETH BORNE
Non mais je vous confirme que c'est effectivement quelque chose qui me semble important, il faut que tous les Français qui ont des voitures anciennes, qui consomment beaucoup, qui polluent du coup beaucoup, mais qui pèsent sur le pouvoir d'achat, de changer de voiture.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais alors, qui v accorder ces microcrédits ? Qui ?
ELISABETH BORNE
En bien on travaille avec des organismes qui font du microcrédit, et avec les collectivités, avec les entreprises, avec l'appui de ces organismes, avec la prime que l'Etat a mis en place. Il faut qu'on accompagne tous les Français qui veulent changer de voiture. Mais vous savez, en 2018…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire, tous les Français qui veulent changer de voiture, seront accompagnés ?
ELISABETH BORNE
Ceux qui ont des voitures anciennes, comme vous l'évoquez, ils ont une prime à la conversion, et il faut qu'on arrive à traiter ce qui reste à charge, avec des solutions clefs en main.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le reste à charge sera traité, pour les Français les plus modestes, j'imagine.
ELISABETH BORNE
Pour les Français pour les Français les plus modestes qui n'accèdent pas au crédit, il faut qu'on bâtisse des solutions clefs en main. Vous savez que c'est En Marche qui a proposé des solutions de location longue durée...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. Vous êtes d'accord avec cette solution ?
ELISABETH BORNE
Eh bien moi je pense que c'est une très bonne formule et qu'il faut qu'on mette en place cette solution…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous la reprenez cette formule ?
ELISABETH BORNE
Absolument.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous la reprenez cette formule. Bien. Je voulais vous parler aussi de l'électrique. Les recharges, parce qu'on manque, c'est bien beau de faire la promotion de l'électrique, encore faut-il pouvoir charger. J'ai vu que les agglomérations de plus de 100 000 habitants pourront créer des zones interdisant la circulation des véhicules les plus polluants, j'ai vu aussi que lors de la construction, les recharges, les bornes de recharges seront obligatoires.
ELISABETH BORNE
Absolument. Donc, dans la plupart des cas la recharge se fait à domicile ou sur le lieu de travail. On va permettre, que ce ne soit plus considéré comme un avantage en nature, si vous pouvez recharger votre voiture sur votre lieu de travail. Et puis il faut accélérer le déploiement des bornes de recharge, et on va diviser par deux, dans la loi également, le coût de raccordement de ces bornes de recharge, pour favoriser le développement. On veut là aussi multiplier par cinq le nombre de bornes de recharge d'ici la fin du quinquennat, comme on veut multiplier par cinq les ventes de véhicules électriques.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les contrôles techniques, durcissement ajourné jusqu'au printemps, seulement jusqu'au printemps ?
ELISABETH BORNE
Alors, je pense que les contrôles techniques, effectivement on avait des normes qui devaient non seulement prendre en compte les sujets de sécurité, mais également prendre en compte les problèmes de pollution. On a différé la mise en place de ces contrôles techniques, il faut qu'on regarde avec les acteurs comme on peut faire pour que ça ne mette pas en difficulté les Français.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. C'est-à-dire que ces contrôles techniques ne seront pas durcis, quoi.
ELISABETH BORNE
C'est-à-dire qu'il faut prendre le temps de regarder comment on permet de faire des contrôles techniques de qualité, sans pour autant mettre en difficulté les Français. Mais je pense que quand on a notamment ces systèmes de prime à la conversion qu'il faut améliorer, ça pourra aussi leur permettre de ne pas être piégés par un contrôle technique.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les 80 km/h, on en est où ? On ne sait plus là.
ELISABETH BORNE
Eh bien je vous confirme que c'est un sujet qui vient dans le débat. On avait bien dit que de toute façon cette mesure serait évaluée début 2019. On va voir les propositions qui émergent du débat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien les propositions elles sont claires : il faut laisser aux... peut-être laisser aux collectivités locales le soin de fixer, non, les limites de vitesse ?
ELISABETH BORNE
Je pense que clairement, clairement il faudra qu'on prenne en compte ce qui a été dit dans le débat, en même temps vous avez vu que ces 80 km/h, ils ont aussi permis de sauver des vies. Donc il faut qu'on trouve le bon chemin, pour à la fois entendre ceux qui nous disent : laissez-nous plus de marges de manoeuvre au plan local, et en même temps pas baisser nos exigences en termes de sécurité routière.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes plutôt favorable à laisser l'initiative aux locaux ?
ELISABETH BORNE
On va prendre en compte ces propositions, mais je vous dis, on a aussi des exigences en termes de sécurité routière, sur lesquelles on ne peut pas reculer.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La loi Mobilités, il va falloir trouver de l'argent, et tiens, par exemple une vignette, une vignette payée par les poids lourds, c'est pas mal pour trouver de l'argent non ? Les poids lourds étrangers qui traversent la France.
ELISABETH BORNE
Alors, je vous confirme que cette loi, elle prévoit notamment qu'on augmenterait significativement nos investissements pour améliorer le quotidien, pour entretenir, mieux entretenir les routes, les chemins de fer, pour développer les trains autour des villes, pour faire des itinéraires de désenclavement, parce que c'est pareil, vous avez beaucoup de territoires, quand vous allez à Aurillac ou à Castres, les entreprises nous disent : « Moi ce n'est pas possible, si on n'améliore pas la route, je ne peux pas rester ici, je vais aller m'installer dans la grande métropole ».
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il va y avoir une autoroute Castres – Toulouse, bientôt.
ELISABETH BORNE
Et donc, il faut qu'on investisse beaucoup plus, 13,4 milliards d'euros dans le quinquennat, c'est considérable, c'est 4 milliards d'euros de plus que ce qu'on a fait précédemment. Et donc évidemment il faut financer cette loi, elle est pour 2019, on a adopté fin février…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et pour 2020, on ne sait pas.
ELISABETH BORNE
Et pour 2020, on va chercher une nouvelle ressource et on va écouter les propositions du grand débat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc la vignette c'est une nouvelle ressource, la vignette payée par les poids lourds étrangers qui traversent la France.
ELISABETH BORNE
On va écouter les propositions qui émergent dans le débat. Moi je vous confirme qu'il y a beaucoup de Français qui nous disent : « On ne comprend pas pourquoi on voit passer des files de poids lourds, qui font le plein en Belgique ou au Luxembourg, qui traversent notre pays, qui créent beaucoup de nuisances, qui abîment nos chaussées, et qui vont faire le plein en Espagne ». Donc c'est un sujet…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Déduction fiscale pour celui qui fait le plein en France ?
ELISABETH BORNE
Alors, attendez, pour l'instant, ce qu'il faut, enfin la question qui nous est posée c'est : comment on fait pour que ces poids lourds qui traversent notre pays, qui ne paient rien, puissent participer à l'entretien des routes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils paieront ?
ELISABETH BORNE
On n'a pas de décision à ce stade. Moi je note que c'est effectivement quelque chose qui est incompréhensible pour les Français, et il faut, enfin si on peut trouver une réponse…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'ils paieront ?
ELISABETH BORNE
Je ne vais pas faire la conclusion du grand débat, vous savez…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, il ne s'agit pas de faire la conclusion, mais il faudra la faire un jour la conclusion du grand débat, quand même, Elisabeth BORNE.
ELISABETH BORNE
Je vous confirme.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce qu'à force de repousser les conclusions, on voit ce que ça donne, une impatience.
ELISABETH BORNE
Enfin, je pense que ce qui s'est manifesté ce week-end, ce n'est pas de l'impatience, c'est des casseurs.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, d'accord. Oui mais il y a une impatience des Français, Elisabeth BORNE.
ELISABETH BORNE
Oui mais je pense que les Français, légitimement, ils attendent qu'on prenne des décisions, il y aura des décisions fortes à l'issue du débat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que ces poids lourds paieront, poids-lourds étrangers qui traversent la France, sans faire le plein ?
ELISABETH BORNE
C'est une des pistes que moi je trouve légitime et on a vu que les Français aussi la trouvent légitime, mais on ne veut pas conclure ce matin, on va regarder les propositions qui sont faites dans le cadre du débat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a une autre mesure qui permettrait de financer, c'est la hausse des PV pour excès de vitesse par exemple.
ELISABETH BORNE
Ah non, ça je vous confirme, ça n'est pas prévu.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce n'est pas prévu ?
ELISABETH BORNE
Non, ça n'est pas prévu.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce qu'on en avait parlé.
ELISABETH BORNE
Non, ça n'est pas prévu.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Augmentation du prix des amendes, du coût des amendes.
ELISABETH BORNE
Ça, ça n'est pas du tout dans l'agenda du gouvernement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Absolument pas. Vous confirmez.
ELISABETH BORNE
Oui, je vous confirme.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien merci Elisabeth BORNE d'être venue nous voir ce matin sur RMC et BFM TV. Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 20 mars 2019