Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Jean-Baptiste DJEBBARI, bonjour.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Bonjour Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Nouveau secrétaire d'Etat aux Transports, ancien pilote. Quelle compagnie ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
L'aviation d'affaires. D'abord une compagnie anglaise et puis des compagnies françaises.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et puis des compagnies françaises mais l'avion d'affaires.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
L'aviation d'affaires.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous n'avez jamais piloté pour AIGLE AZUR par exemple.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Pas pour AIGLE AZUR.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ou pour AIR FRANCE ou pour, je ne sais pas, une autre compagnie.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Pas en aviation commerciale mais je connais bien l'activité quand même.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, oui, on va y revenir.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
J'imagine.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous étiez député La République en Marche de la Haute-Vienne, vous l'êtes encore mais, pour l'instant, vous êtes secrétaire d'Etat. Responsable aussi – j'ai vu ça, je ne savais pas – de la stratégie de financement de La République en Marche en vue de l'élection présidentielle de 2022. C'est vrai ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
En fait, de la stratégie de financement du mouvement dans toutes ses échéances futures y compris la présidentielle de 2022.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon, 2022 ? Donc vous aurez un candidat en 2022.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
On aura un candidat en 2022. Je crois que ce n'est pas une annonce.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, non, ce n'est pas une annonce. On le connaît d'ailleurs.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Vous, oui, et moi certainement aussi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
J'ai une petite idée.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Emmanuel MACRON. Vous avez une petite idée évidemment.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
En tout cas, j'ai un souhait.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. Mais enfin, bon, c'est même… Enfin, bon, vous êtes candidat aux municipales à Limoges ou pas ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Alors je serai sur la liste à Limoges parce que je suis évidemment très engagé dans ma ville et je ne peux pas me désintéresser de cette échéance majeure pour le Limousin, pour mon territoire mais je ne serai évidemment pas tête de liste du fait de l'honneur qu'on m'a fait de me nommé à ces fonctions qui sont importantes et, comme vous l'avez vu, qui occupent à temps plein.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous ne serez pas tête de liste à Limoges mais vous serez sur la liste.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Absolument.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On est bien d'accord. Bien. Jean-Baptiste DJEBBARI, parlons tout de suite d'AIGLE AZUR évidemment. Onze cent cinquante salariés, AIGLE AZUR, une compagnie qui est en faillite, en redressement judiciaire, c'est ça.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Une compagnie qui en est en grosse difficulté financière…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Au sol.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Pour lequel on a trois sujets majeurs. Le sujet de la reprise, on en parlera un petit peu parce que le marché est solide. C'est une compagnie qui s'est spécialisée en 2001 sur le marché France-Algérie, un peu plus tard sur le Maghreb et qui s'est diversifiée à compter de 2017 avec des résultats qui n'ont pas été très heureux. Donc il y a un marché solide et d'ailleurs il y a des repreneurs qui se sont dits intéressés et qui sont solides.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On va en parler.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
On va en parler. Puis on a deux sujets immédiats pour les voyageurs : le sujet du rapatriement et puis le sujet du remboursement des billets qui ont été achetés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien de passagers sont actuellement bloqués ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Aujourd'hui on a treize mille passagers qui ont acheté leur billet et qui devront être rapatriés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qui ont acheté leur billet.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Qui ont acheté leur billet. Donc ça veut dire qu'ils vont pouvoir être rapatriés…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qui voudraient revenir en France ou qui voudraient aller en Algérie ou rentrer en Algérie.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Absolument. C'est surtout… Dans les treize mille, on en a onze mille en Algérie qui peuvent rentrer en France, à peu près cinq, six mille au Mali puis après au Liban, à Moscou et c'est des volumes qui sont plus petits y compris au Sénégal. Donc ce que j'ai fait, c'est que j'ai réuni vendredi soir au ministère l'ensemble des compagnies aériennes françaises pour leur demander de prendre leur part au rapatriement, et je salue le travail d'AIR FRANCE qui a affrété des capacités supplémentaires sur l'Algérie. C'étaient deux capacités samedi, deux dimanche, deux lundi et un mardi. Donc c'est cent sièges supplémentaires à chaque fois pour résorber le flux de l'Algérie vers la France et idem sur Bamako.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quand sera-t-il résorbé ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Là on a donc treize mille. C'est des personnes qui voyageaient ce week-end, cette semaine, la semaine prochaine, la semaine d'après. Donc ce n'est pas treize mille d'un coup. On pense que sur trois semaines, on peut avoir résorbé le gros du flux.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sous trois semaines, chacun sera rentré chez lui.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Y compris des gens, voilà, qui… Tout le monde ne voyage pas aujourd'hui, c'est ça que je veux dire évidemment.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien sûr. Mais bien sûr, bien sûr. Parlons des reprises, il y a onze cent cinquante salariés.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Onze cent cinquante. Environ cinq cents navigants.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, je pense à eux et je pense aussi aux salariés des entreprises prestataires de services qui sont concernés également par la reprise.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Absolument.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors la reprise. Il y a plusieurs offres, on est bien d'accord.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Bon, d'abord il y a un vrai intérêt de la communauté aéronautique, des opérateurs français. A été cité AIR FRANCE, un projet autour de Lionel GUERIN, AIR CARAÏBES, le groupe DUBREUIL. Donc il y a des opérateurs français qui, semble-t-il, sont intéressés. Il n'y a pas d'offres déposées là en dur puisque ça va être déposé avant midi, mais il y a un intérêt pour AIGLE AZUR, encore une fois parce que le marché est solide. Et puis il y a aussi les intérêts d'opérateurs étrangers qui se sont manifestés ici et là.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les offres sont déposées tout à l'heure.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Avant midi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Avant midi.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Et c'est le juge, comme vous le savez qui jugera à terme.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez une préférence ou pas ? Franchement ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Ma préférence, c'est d'avoir une offre qui soit solide parce qu'on voit bien qu'aujourd'hui…
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'imagine, oui.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non mais il y a deux choix, si vous voulez. Il y a le choix d'avoir une offre qui permet la reprise et qui continue AIGLE AZUR, qui la redresse et qui part un peu après à la reconquête de nouveaux marchés. Et puis il y a l'offre d'intégration dans un grand groupe. Je pense que c'est sur ces deux pieds qu'on peut apprécier ces offres.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous préférez quoi ? L'intégration dans un grand groupe ? AIR FRANCE en l'occurrence ou pas ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Ça a deux vertus différentes. Si vous avez une offre qui est la continuation d'AIGLE AZUR et qui après peut s'intéresser au marché long-courrier - vous savez qu'on a beaucoup de petits opérateurs français un peu atomisés un peu disséminés - alors c'est plutôt un bon choix d'aller vers une reprise d'AIGLE AZUR et de penser la suite notamment du long-courrier. Et si vous avez effectivement l'intégration dans un grand groupe, ça permet de solidifier pour AIR FRANCE, par exemple, l'aéroport d'Orly.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quel est votre choix franchement ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Moi, je veux que ça marche et je veux que les douze cents salariés du groupe soient rassérénés et sereins dans leur travail.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous savez ce que disait… Enfin, je vais vous demander. Tiens, oui, je vais vous demander. Cette phrase, qui a prononcé ces mots : "Je ne connais pas d'actionnaire plus stable, plus fidèle et plus soucieux du long terme que celui qui travaille dans l'entreprise" ? Qui a pu dire ça ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je donne ma langue au chat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La langue au chat. C'est votre Premier ministre. Donc il favorise l'actionnariat salarié.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Eh bien, c'est une des pistes puisque vous savez que dans un des projets qui est porté de reprise d'AIGLE AZUR, il y a une part d'actionnariat salarié et je crois d'ailleurs que c'est une demande.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Des salariés au capital.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Absolument. Que c'est une demande d'une partie des pilotes notamment.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Et donc, c'est une piste qui est évidemment intéressante dans le cadre où l'entreprise qui continuerait…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est une piste qui vous plaît ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Et c'est une piste qui me plaît évidemment. Je pense qu'impliquer les salariés, tous les salariés, est une façon…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous allez soutenir l'offre de reprise qui intégrera l'actionnariat salarié ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Moi, je soutiendrai l'offre qui est la plus solide. Si c'est celle-là, c'est très bien. Ça correspond aussi à une philosophie qui peut être la mienne.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez recevoir les représentants du comité d'entreprise ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
J'ai reçu… En tout cas, j'ai eu quelques contacts informels depuis vendredi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous allez les recevoir ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Et ce matin, à midi ou à 11 heures, ils se réuniront devant le ministère. J'ai annoncé que j'étais tout à fait à leur disposition pour recevoir une délégation.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous recevrez une délégation. C'est une bonne nouvelle. Est-il vrai qu'il y a de l'argent qui est bloqué en Algérie ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
C'est vrai.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
C'est environ quinze millions d'euros.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quinze millions d'euros.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
C'est en dinars. Nous travaillons d'ailleurs très bien avec nos collègues du Quai d'Orsay pour comprendre dans quelle mesure on peut débloquer cet argent. C'est un peu compliqué.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a quinze millions d'euros qui sont là-bas en Algérie bloqués et qui seraient bien utiles.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
C'est complexe. On travaille évidemment pour voir si on peut débloquer cet argent, notamment pour le rapatriement, en lien avec AIR ALGERIE ou d'autres compagnies. C'est un travail en cours complexe.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Jean-Baptiste DJEBBARI, la loi Mobilités, retour à l'Assemblée nationale demain. Regardons un peu. Bon, 80 ou 90 kilomètres/heure, de nombreux départements sont revenus à 90. Vous le regrettez ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, je ne le regrette pas. Ce qui avait présidé à cette mesure de 80 kilomètres/heure, c'était la dimension Sécurité routière.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Vous savez que ce n'était pas le gouvernement qui avait fait la proposition. C'est un comité d'experts qui avait dit : "On pense pouvoir sauver des vies." Et moi, je constate que sur le deuxième semestre de 2018, nous avons sauvé cent seize vies. Et donc l'Etat était fondé quelque part à promouvoir cette politique de Sécurité routière. En revanche, nous avons entendu l'appel des élus qui nous disent : "Nous sur les routes qui nous concernent, les routes départementales, on connaît mieux les routes que vous et on veut avoir la possibilité de revenir à 90 kilomètres/heure." C'est ce que nous avons inscrit dans la loi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous ne regrettez pas.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Donc je pense que la liberté…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les départements qui prennent la décision de revenir à 90, ça ne vous choque pas.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
C'est leur liberté d'appréciation et c'est leur responsabilité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon. Puisqu'on parle de la route, parlons des poids lourds.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les poids lourds payent des taxes et ils sont exonérés des taxes sur le gazole. Et apparemment, d'accord exonérés mais deux centimes de moins d'exonérations. C'est ce qui est prévu.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Alors les poids lourds payent des taxes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
L'exonération, c'est environ un milliard d'euros en année pleine donc c'est important, c'est tout à fait important. Et nous avons pu voir dans le grand débat qu'il y avait une forme de questionnement sur l'ensemble des secteurs qui bénéficient de ce type d'exonérations : l'aérien, les routiers. Et moi, je tiens quand même à dire aussi que les routiers, c'est un secteur qui fait vraiment la transition écologique parce que les tracteurs notamment sont renouvelés tous les sept ans.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est vrai.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
On a de plus en plus de camions qui sont au gaz et donc il faut le saluer. En revanche effectivement, il y a plusieurs dispositifs aujourd'hui qui les touchent. Il y a ces deux centimes par litre en plus. Il y a des sujets autour des contrats courts notamment pour la filière du déménagement. Et puis on a un sujet sur la logistique autour du bonus-malus. Donc cette on va dire multiplicité de dispositifs les font grogner quelque peu. Et moi ce que je peux vous dire aujourd'hui, c'est que ces deux centimes par litre, nous allons faire en sorte en l'inscrivant dans la loi qu'ils puissent les répercuter en pied de facture de manière à ce que ce soit neutre pour eux.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Ça veut dire que…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est le consommateur ou l'entreprise qui paiera, le chargeur qui paiera.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Absolument. Et ça nous paraît être deux mesures… D'abord ça nous paraît juste sur le plan de la contribution.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire que l'entreprise de transport, c'est deux centimes à la fin de la facture.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Oui. Qu'elle peut répercuter. C'est une demande des routiers, c'est complexe. Il faudra faire ça…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sera répercuté au bout de la facture.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je crois que c'est important, non seulement effectivement pour afficher notre volontarisme sur le plan de la sortie des énergies fossiles parce que c'est bien ça quand même le sujet environnemental et écologique.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous cédez aux routiers.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non. Mais par contre, on préserve leur compétitivité On ne cède pas aux routiers. On va les accompagner.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils ont menacé de réagir donc ça vous fait peur.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Ils veulent de la visibilité et je crois qu'il faut leur donner. Ça fait partie effectivement de ce qu'on peut aujourd'hui mettre sur la table.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon. Voilà une information importante. Le kérosène toujours pas taxé, non, le kérosène des avions ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Alors le kérosène, vous savez que ça fait l'objet d'une éco-contribution. En tout cas le secteur aérien, depuis le 18 juillet dernier, Elisabeth BORNE a annoncé une éco-contribution sur les billets Economie, sur les billets Affaires de manière à prendre en compte aussi le message qui avait été passé. Par ailleurs ce qui est mal connu, mais ce qui est un cadre international non seulement au niveau européen - c'est le système ETS - et au niveau mondial qui s'appelle CORSIA, qui permet de compenser le carbone. Alors ça, ç'a été créé en 2016. C'est énorme parce que ça emporte les Chinois, les Américains. C'est 76 % des émissions qui sont emportées dans le système à compter de 2021. Personne ne le sait mais c'est majeur. Et puis par ailleurs, je pense qu'il faut être concret quand on fait la transition. Vous avez une filière de biocarburants qui est à construire pour l'aérien. On a tout ce qu'il faut pour le construire. On a des constructeurs, on a des opérateurs mondiaux, en tout cas à taille mondiale, et les biocarburants ce n'est pas des choses qui sont théoriques. C'est des huiles usagées, la filière sucre. On doit savoir faire ça en France et moi je veux être le ministre des Transports qui lance la filière des biocarburants.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, et notamment pour l'aérien.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Et notamment pour les biocarburants durables pour l'aérien.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà. Jean-Baptiste DJEBBARI, est-ce qu'il faut encadrer la publicité pour les voitures ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Alors moi, je pense qu'il doit y avoir une liberté pour les constructeurs automobiles de faire leur publicité. Mais ce que nous avons inscrit dans la loi, c'est de rappeler en bandeau en bas de la publicité que le covoiturage, enfin tous ces modes de transport partagé qui permettent de rouler en voiture mais de diminuer quand même les émissions de gaz à effet de serre, et donc je pense que c'est un bon compromis. Liberté d'entreprendre et informations pour favoriser le covoiturage.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai une question précise.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les sociétés d'autoroutes seront-elles renationalisées à partir de 2030 ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je me souviens de nos discussions récentes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, oui, oui, Jean-Baptiste DJEBBARI.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Puisque vous faites allusion à une proposition que j'avais portée quand j'étais député.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous étiez député et vous avez porté cette proposition de loi.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je n'avais pas proposé de renationaliser, j'avais proposé…
JEAN-JACQUES BOURDIN
De créer une société publique. Expliquez-nous.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Absolument. Donc l'idée, c'était de dire : les grosses concessions arrivent à échéance entre 2031 et 2036. Là, l'Etat devra se positionner. Soit on continue les concessions, soit on fait différemment. Ce sujet, il est toujours à jour. C'est un beau sujet. Etat stratège, puissance publique, qu'est-ce qu'on fait des autoroutes, et il est devant nous. Il y avait un deuxième sujet qui a un peu changé, c'était le sujet des financements puisque moi, je proposais effectivement sur la base des recettes futures de financer la loi Mobilités maintenant. Or cette loi, elle a été financée notamment par la contribution des routiers et notamment par le secteur aérien qui va contribuer avec cette éco-contribution. Donc le sujet de financement à court terme, il est un peu derrière nous.
JEAN-JACQUES BOURDIN
A court terme, mais à court terme.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Après il y avait deux autres beaux sujets. C'est comment mieux gérer les routes. Vous savez qu'il y a un réseau concédé qui va plutôt bien, des grandes routes nationales qui sont plutôt en difficulté, en tout cas à terme, donc il faut mieux gérer les routes. Ça c'est l'objet effectivement peut-être de la création d'une société publique qui se mettrait à mieux gérer ces routes, en tout cas à trouver des synergies. Et puis il y a un sujet de décentralisation. On fait aujourd'hui des régions les chefs de file de la mobilité. Est-ce qu'on ne va pas chercher à un moment à décentraliser une partie des moyens ? Encore une fois, des beaux sujets qui vont être devant nous à horizon…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous n'avez pas du tout répondu là, vous êtes extraordinaire, Jean-Baptiste DJEBBARI, est-ce que les sociétés d'autoroutes seront renationalisées à partir de 2030 ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je ne peux pas répondre maintenant…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous y êtes favorable ou pas ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je dis que c'est un vrai sujet.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous y êtes favorable ou pas, vous avez déposé une proposition de loi ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Dès lors que le sujet du financement est réglé, ma proposition, elle a moins de pertinence.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle tombe.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Elle tombe un peu, elle tombe en tout cas sur la partie financement, en revanche sur la partie : que fait l'Etat à horizon 2030, comment on gère mieux les routes…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais l'Etat pourrait renationaliser ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
L'Etat en 2031 ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Les autoroutes retombent dans le giron de l'Etat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais est-ce que vous êtes favorable ou pas à cette renationalisation compte tenu de tout ce que vous m'avez dit ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je suis favorable à ce qu'on ait cette discussion exigeante…
JEAN-JACQUES BOURDIN
A ouvrir la discussion.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Bien sûr sur le fait de savoir ce qu'on fait après 2031.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous ouvrirez la discussion avec les sociétés d'autoroutes privées.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Avec l'ensemble des partenaires et on va tout mettre sur la table. C'est une discussion qu'on doit avoir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On est bien d'accord, oui, mais vous allez rouvrir les discussions sur une possible renationalisation.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je clarifie en 2031 ces concessions, elles tombent dans le giron de l'Etat, dans tous les cas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais oui elles tombent.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Donc on doit avoir la discussion, qu'est-ce qu'on fait après 2031, soit on reconduit les concessions, aux conditions existantes…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc il est possible que ce soit renationalisé.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Soit effectivement ça retombe dans le giron de l'Etat et on gère les routes différemment.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il est possible que ce soit renationalisé.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Absolument tout est possible et rien ne doit être écarté en préalable.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon et vous êtes favorable plutôt, aujourd'hui là aujourd'hui, plutôt je sais que vous êtes favorable à une renationalisation, Jean-Baptiste DJEBBARI, dites-le.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Moi je pense que, non mais il faut repenser la façon, ces routes mais comme les télécoms, comme l'énergie, on a un mode de gestion qui date des années 80, 90, 2000, on gère comme au XXe siècle et je pense qu'on doit inventer de nouvelles façons de gérer les grandes infrastructures françaises, c'est l'énergie, c'est la mobilité, c'est les télécoms et ça nécessite une discussion en profondeur et une réflexion en profondeur.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et on a un retour de l'Etat.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Et on a un tout petit peu le temps parce que…
JEAN-JACQUES BOURDIN
La réforme des retraites, il y a une grève vendredi à la RATP.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Absolument.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez vu ça. L'idée de la réforme, c'est d'unifier les 42 régimes spéciaux de retraite et à la RATP, les agents ont un régime spécial, est-ce que vous allez y toucher.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Alors à la RATP, il y a beaucoup d'anxiété, moi j'ai lu les tracts syndicaux qui effectivement annoncent la grève de vendredi, c'est extrêmement anxiogène. Si j'étais RATPiste, j'aurais peur de ce qui se présente devant moi. Je pense que le sujet, c'est que d'abord la réforme des retraites, elle entrera en vigueur à compter de 2025, que c'est une transition sur le temps très long, on parle quand même de plusieurs dizaines d'années pour converger vers un système universel, donc il faut avoir ça en tête et que les modalités aujourd'hui ne sont, d'abord pas connues, mais même pas encore discutées. Et que c'est ça qu'on va essayer de construire là dans la prochaine semaine.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quand on dit unification des 42 régimes de retraite spéciaux, ça veut dire qu'un agent de la RATP ne pourra plus partir à la retraite à 52 ans, je parle d'un agent actif.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Ça veut dire qu'à terme, on va effectivement vers un système unique…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les agents de la RATP ne pourront plus partir à partir de 50 ans ou de 52 ans.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je vais remettre un peu de sens, aujourd'hui pourquoi on fait un régime universel ? C'est parce que les régimes des retraites d'une manière générale, d'abord c'est devenu complètement illisible, je pense que ni vous, ni moi, nous savons réellement combien nous allons toucher à la retraite et d'ailleurs des gens comme moi pensent qu'en gros ils n'auront pas de retraite. C'est un régime qui est devenu injuste parce qu'on a trop de régimes spéciaux et on a des carrières notamment celles des femmes qui sont heurtées et qui finalement pâtissent de ces régimes qui sont trop hétérogènes. Et puis c'est un régime qui n'est pas financé. Donc de dire qu'on ne doit rien faire sur les régimes des retraites sur les régimes spéciaux, ce serait aujourd'hui complètement irresponsable sur le plan politique. En revanche on a le temps de regarder secteur par secteur, comment faire cette transition de façon satisfaisante et on va ouvrir une séquence de négociations. Moi, je vais en parler avec Jean-Paul DELEVOYE, mais je suis tout à fait prêt à aller, quand le temps sera venu, à la RATP tenir un grand débat, participer à un grand débat pour avoir cette discussion profondeur. Je pense que c'est important, d'abord de faire baisser un peu niveau tension, de dire que tout ça va se faire sur un temps très long…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sur un temps très long mais ce sera terminé…
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
A compter de 2025, on commence à rentrer dans le régime universel et ça va se passer sur beaucoup d'années. Donc on va commencer à discuter maintenant et je pense qu'il faut faire baisser le niveau de tension et leur dire que ça se fera avec eux évidement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Jean-Baptiste DJEBBARI, je recevais Guillaume PEPY, il y a 10 jours, bon il nous a confirmé qu'il quitterait la présidence de la SNCF, le 31 décembre, il faut nommer son successeur maintenant
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Absolument.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il sera connu dans combien de temps ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Bon au plus tard au 1er janvier 2020 certainement avant puisque vous savez, qu'il y ait une réforme qui emporte une nouvelle gouvernance…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien avant.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Oui bien avant.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Avant la fin du mois de septembre.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
C'est une décision du président de la République, vous le savez, moi je …
JEAN-JACQUES BOURDIN
Me dit-il, avant la fin du mois de septembre.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
J'ai été associé à cette réflexion et j'ai fait valoir mon point de vue…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Patrick JEANTET, votre point de vue ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Patrick JEANTET est un bon candidat parmi d'autres. Patrick JEANTET connaît très bien SNCF, c'est un peu l'homme industriel de la SNCF.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Rachel PICARD ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
… qui connaît très bien l'interface clients.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui qui connaît très bien la SNCF. Jean CASTEX ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Oui qui a un profil intéressant également, tous ces noms-là sont des profils très différents.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qui est votre préféré ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Moi, je ne peux pas avoir de préféré, vous le savez, c'est le rôle de l'Etat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
A l'instant vous me disiez que vous aviez un préféré, vous aviez une idée sur la personne.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, je pense qu'il y a des orientations différentes, effectivement on peut avoir l'idée d'avoir un profil très industriel parce que le sujet aujourd'hui il est beaucoup chez réseau, sur la régénération des voies, on peut avoir une orientation plus clients, dans le contexte d'ouverture à la concurrence et puis on peut avoir un profil de grands patrons d'entreprises publiques, tout ça, tout ça est assez largement possible aujourd'hui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et le canal, tiens on va parler du transport maritime, le canal Seine Nord se fera ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Alors nous ce que nous avons inscrit dans la loi, c'est la possibilité, il y a le financement, sur l'opportunité tout le monde dit…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes d'accord.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
C'est un projet intéressant et un sujet de financement. On a inscrit dans la loi la possibilité de créer des sociétés de projets notamment pour que les régions puissent prendre pleinement leur part. On a un tout petit sujet financement, mais je pense qu'il se fera et…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les travaux commenceront quand ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Il faut, je crois, se donner quelques temps, d'abord stabiliser le cadre juridique, trouver les financements, en tout cas boucler les financements parce que bien souvent en France on a annoncé des projets sans les financer. Je rappelle quand même qu'Elisabeth BORNE à son entrée au ministère en 2017 a trouvé 10 milliards de projets annoncés non-financés, donc ça je pense qu'il faut rompre avec cette méthode, financer sérieusement les projets puis les mettre en route.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon et j'ai une dernière question parce qu'on en parle dans de nombreuses villes, la gratuité des transports, vous y êtes favorable ou pas, généraliser la gratuité des transports, c'est possible ou pas ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
C'est un peu une illusion, alors c'est sympathique à dire mais en vrai les transports à la fin, c'est soit vous et moi comme usagers qui les payons, soit les contribuables. Alors parfois quand vous avez une zone où vous avez beaucoup d'industries et donc beaucoup de contributions d'impôts qui sont payés par les entreprises, vous avez du coup beaucoup d'argent et vous pouvez en politique faire les transports qui sont gratuits sur le tramway…
JEAN-JACQUES BOURDIN
A Limoges, ils pourraient être gratuits.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je pourrais être tenté, mais l'honnêteté m'oblige à dire que les transports ; ce n'est jamais gratuit.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qu'à Châteauroux, ce soit gratuit par exemple.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Oui et dans le Nord de la France …
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dans le Nord de la France etc.…
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Quimper, je crois, aussi qui a fait ça.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Aubagne aussi.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Mais sur des petits réseaux et parce qu'ils ont la possibilité financière de le faire, si on raisonne sur la France, on ne peut pas dire que les transports peuvent être gratuits, ça a forcément un coût.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Jean-Baptiste DJEBBARI d'être venu nous voir.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 septembre 2019