Texte intégral
LORRAIN SENECHAL
Bonjour Elisabeth BORNE.
ELISABETH BORNE
Bonjour.
LORRAIN SENECHAL
C'est aujourd'hui la rentrée des classes, après hier, les premières levées des mesures de confinement, et on a vu quelques images qui ont pu choquer, notamment ces rames de métro blindées à Paris dans la ligne 13, ou dans le RER B, est-ce que l'offre de transport tout simplement était suffisante, Elisabeth BORNE ?
ELISABETH BORNE
Alors, écoutez, je pense que, globalement, vous citez quelques images, mais globalement, ça s'est bien passé, il y a eu quelques difficultés ponctuelles, mais il n'y a pas du tout eu d'incident majeur, que ce soit en Ile-de-France ou en région. Et donc le dispositif a été adapté ce matin sur les points où il y avait eu des difficultés, notamment, il y a eu des intempéries dans la nuit de dimanche à lundi qui ont créé une panne sur la ligne 13, qui explique qu'il y a eu beaucoup de voyageurs à un moment, mais ces difficultés, elles ont été surmontées aujourd'hui, et justement, ce matin, ça se passe bien…
LORRAIN SENECHAL
Et quelles mesures ont été prises, vous dites que le dispositif a été adapté, on filtre mieux les entrées notamment, pour qu'il y ait moins de monde sur les quais ?
ELISABETH BORNE
Eh bien, tout d'abord, il n'y a pas eu d'incident technique ce matin, donc c'est déjà une bonne chose, et puis, effectivement, ce qu'on a constaté, c'est que les entreprises ont bien étalé les horaires, mais il y avait beaucoup de monde finalement très tôt, en fait, à l'ouverture des transports, et l'offre a été renforcée à cette ouverture des transports ce matin pour que ça se passe bien. Et moi, je voudrais le dire, si ça s'est globalement bien passé, c'est grâce à la mobilisation de tous, vous savez, les entreprises de transport qui ont augmenté leur offre très rapidement, des forces de l'ordre qui étaient présentes et des entreprises qui ont maintenu du télétravail, qui ont étalé leurs horaires, et je voudrais aussi saluer la grande responsabilité des usagers qui, à plus de 95 %, ont porté un masque hier.
LORRAIN SENECHAL
Je rappelle que c'est obligatoire, sinon, c'est 135 euros d'amende si on n'a pas son masque dans le métro, le bus, le tram, partout en France, d'ailleurs. Renaud DELY, une question !
RENAUD DELY
Au total, Elisabeth BORNE, on sait qu'aujourd'hui, il y a à peu près 70 % du trafic qui est assuré par la RATP, Valérie PECRESSE, la présidente de la région Ile-de-France, annonce ce matin qu'il y aurait un retour à 100 % de cette offre de transports en Ile-de-France à partir du 3 juin, est-ce que vous confirmez qu'à partir du 3 juin, donc cette offre de transport sera remontée à 100 % ?
ELISABETH BORNE
Oui, oui, je vous confirme, la RATP devrait être à 100 % de son offre fin mai, et la SNCF, effectivement, début juin, et donc c'est important de continuer à adapter le dispositif au fur et à mesure, pour tenir compte aussi de l'augmentation de la fréquentation. Je pense qu'il faut aussi que chacun continue à être très responsable, les entreprises à maintenir le télétravail, les usagers à respecter les gestes barrières et à porter leur masque.
RENAUD DELY
Justement, pourquoi seulement, Elisabeth BORNE, fin mai ou tout début juin, aujourd'hui, c'est la rentrée scolaire qui commence, le retour au travail prend de l'ampleur, on sait très bien que dès aujourd'hui et dans les jours qui viennent, l'affluence en termes de voyageurs va être plus importante, pourquoi attendre le 3 juin pour remettre une offre de transport à 100 % ?
ELISABETH BORNE
Mais vous savez, ça ne se fait pas d'un claquement de doigts, on a des entreprises, et moi, je voudrais saluer leur mobilisation, la mobilisation des femmes et des hommes de ces entreprises pour passer en quelques jours d'une offre de 30 % à 75 %, par exemple, sur le réseau RATP hier, et je peux vous assurer que les agents, les salariés de ces entreprises font le maximum pour augmenter l'offre le plus rapidement possible, et je crois que c'est vraiment important d'avoir en tête que chacun prend sa part, et que c'est un état d'esprit qu'il faut maintenir. Au passage, moi, je regrette que des responsables politiques, comme Marine LE PEN, aient trouvé utile de taper hier sur la RATP et la SNCF…
LORRAIN SENECHAL
Elle réclame des explications, la chef de file du Rassemblement national, pour ce qu'elle appelle des aberrations, et elle parle donc de ces scènes dont on parlait tout à l'heure dans la ligne 13 du métro parisien ou le RER B.
ELISABETH BORNE
Oui, mais je me demande si elle se rend bien compte de ce que ça veut dire de passer de 30 à 75 % de l'offre en quelques jours. Je vous dis, derrière, c'est des femmes et des hommes, j'ai pu le constater dimanche en allant gare de l'Est, côté RATP et SNCF, que ce sont des femmes et des hommes qui travaillent depuis des semaines pour augmenter le trafic, pour coller des millions d'autocollants pour permettre le respect des gestes barrière, donc vous voyez, moi, je trouve que ce n'est ni sérieux ni respectueux que de tenir des propos de ce type-là.
RENAUD DELY
Vous dites : chacun prend sa part, Elisabeth BORNE, est-ce que ça signifie que tant que l'offre n'est pas remontée à 100 %, vous appelez les Français, et notamment les Franciliens, à limiter leurs déplacements et à éviter s'ils le peuvent de prendre les transports en commun ?
ELISABETH BORNE
Donc ce qui est très clair, c'est que les… enfin, il y a même une charte qui a été signée en y en Ile-de-France pour que les entreprises maintiennent le télétravail dans les prochaines semaines, et par ailleurs, évidemment, les usagers, ils doivent non seulement porter leur masque, mais ils doivent aussi ne pas utiliser les transports en commun aux heures de pointe pour les réserver à ceux qui ont une attestation employeur ou une attestation pour motif impérieux, donc qui ont absolument besoin de se déplacer aux heures de pointe.
LORRAIN SENECHAL
Elisabeth BORNE, on parle beaucoup de cette ligne 13 du métro parisien, elle doit être doublée d'ici la fin de l'été par la ligne 14, qui est automatique et qui doit être prolongée jusqu'à Saint-Ouen, l'ouverture était prévue, mais les travaux ont dû prendre du retard avec le confinement, qu'en est-il est-ce que cette ligne, elle pourra rouvrir à la fin de l'été ?
ELISABETH BORNE
Mais je peux vous assurer que la RATP est vraiment très mobilisée pour tenir au mieux le calendrier qui était prévu, effectivement, ça sera un grand soulagement pour les nombreux voyageurs qui empruntent la ligne 13, donc tout le monde est sur le pont pour tenir au mieux les calendriers.
LORRAIN SENECHAL
Elisabeth BORNE, ministre de la Transition écologique et solidaire, vous restez avec nous, on va continuer de parler de ce jour 1 du déconfinement qui a eu lieu hier, et on va parler même plus généralement des modes de transport alternatifs, comme le vélo, qui est en train de se développer. Vous avez d'ailleurs mis en place un plan pour aider à ce financement, mais d'abord, un coup d'oeil sur le fil info à 8h40 avec David DAUBA.
/// Le fil info ///
LORRAIN SENECHAL
Elisabeth BORNE, ministre de la Transition écologique et solidaire, est l'invitée du « 8h30 » de France Info. On parlait des transports en commun avec cette crainte de la levée du confinement et des bouchons qui allaient peut-être l'accompagner, ça n'est pas le cas ce matin, Elisabeth BORNE, avec des cartes qui sont toutes vertes. Vous vous satisfaisez de cette situation ?
ELISABETH BORNE
Eh bien, écoutez, c'est effectivement très positif, on aurait pu penser qu'il allait y avoir des embouteillages monstres, hier, on avait 6 fois moins de bouchons qu'un lundi normal, et ce matin, je vous confirme qu'il y a effectivement très peu d'embouteillages, donc ça veut dire que chacun a été responsable, soit en continuant à télétravailler, soit en n'utilisant les transports en commun s'il doit absolument se rendre sur son lieu de travail, et puis, vous savez que moi, je soutiens des formes alternatives, en particulier le vélo, dont je suis convaincue que c'est un mode de déplacement qui est très bien toute l'année, et en particulier, pour cette période de déconfinement. Et moi, je vous le dis clairement, je ferai tout ce qui est possible pour booster ce mode de déplacement.
LORRAIN SENECHAL
Alors, vous avez déjà mis 29 millions d'euros sur la table, comment elle est utilisée cette enveloppe, il y a à la fois un chèque pour remettre en état son vélo qui traînerait dans sa cave ou dans son garage, mais pas seulement, c'est aussi pour créer des nouvelles pistes cyclables temporaires, c'est bien ça ?
ELISABETH BORNE
Alors, c'est effectivement une prise en charge de 50 euros, si vous sortez votre vélo de votre cave ou de votre garage.
LORRAIN SENECHAL
Alors, comment ça marche concrètement, pour s'arrêter d'abord sur cette mesure ?
ELISABETH BORNE
Eh bien, écoutez, c'est très simple, on a 3.000 réparateurs qui sont maintenant référencés, en une semaine, 3.000 réparateurs, c'est-à-dire la quasi-totalité du réseau national des réparateurs vélos, qui s'est référencée sur le site de la FUB, la Fédération des Usagers de la Bicyclette, dont je voudrais saluer la mobilisation. Hier, dès hier, on avait déjà plus de 500 vélos réparés, et c'est vraiment très simple, vous allez chez votre réparateur et il vous déduit 50 euros qui sont effectivement pris en charge par l'Etat dans le cadre de ce plan…
LORRAIN SENECHAL
Donc c'est le réparateur qui enlève ça de la facture… ?
ELISABETH BORNE
Absolument…
LORRAIN SENECHAL
On n'a rien à avancer, on n'a pas ensuite à se retourner vers les services du ministère ou autres ?
ELISABETH BORNE
C'est ça, vous n'avez pas à produire des papiers, on ne vous envoie pas un chèque 6 mois plus tard, là, c'est tout de suite, on vous déduit 50 euros de la réparation de votre vélo.
LORRAIN SENECHAL
Et comment on fait si on a anticipé, Madame la Ministre, pardon, mais peut-être après l'annonce de ce chèque, certains se sont rendus de manière un peu précipitée peut-être chez leur réparateur de vélos, est-ce qu'ils peuvent se faire rembourser ou est-ce que c'est trop tard ?
ELISABETH BORNE
Ecoutez, là, je pense que ça va être un peu compliqué, mais la prochaine réparation, on sera là.
RENAUD DELY
Ce plan, il vise aussi, Elisabeth BORNE, à développer des pistes cyclables, y compris des pistes temporaires, est-ce que vous avez déjà un premier bilan ou une ambition en la matière en termes de kilométrages de nouvelles pistes cyclables ?
ELISABETH BORNE
Alors, il y a près de 1.000 kilomètres de pistes cyclables temporaires qui ont été déployées dans tout le pays, je pense qu'il faut aussi avoir en tête que, vraiment, c'est des belles pistes cyclables, ce n'est pas un contresens cyclable comme on l'a parfois, et puis, c'est surtout aussi des coupures qui existaient depuis des décennies, qui ont été levées, moi, je pense par exemple à la piste qu'on a réalisée pont de Neuilly pour accéder à La Défense, ça fait des décennies que tous les cyclistes d'Ile-de-France…
LORRAIN SENECHAL
C'est en dehors de Paris pour ceux qui ne connaissent pas forcément, au nord-ouest de Paris, c'est un endroit où il y a énormément de voitures qui passent, puisqu'on est entre Paris et le quartier d'affaires de La Défense, et là, une voie en fait de circulation voiture a été totalement réservée aux vélos, c'est bien ça.
ELISABETH BORNE
C'est absolument ça. Donc voilà, on a ces pistes cyclables qui se déploient, je pense que, ce qui est ce qui est formidable, c'est que, finalement, en quelques mois, on va avoir gagné plusieurs années de politique cyclable, et je pense qu'on peut vraiment franchir une étape pour installer une culture vélo en France.
RENAUD DELY
Mais justement, vous évoquiez cette ambition, une culture vélo, Elisabeth BORNE, vous avez même parlé, il y a quelques jours d'une nation du vélo, pour autant, il y a toute une frange de la population, et on peut le comprendre, qui n'a pas forcément envie de remonter en selle et de se mettre à pédaler ?
ELISABETH BORNE
Enfin, moi, je ne dis pas que c'est le mode de transport pour tout le monde, et en toutes circonstances, je dis que, vous savez, par exemple, on constate aujourd'hui que les trajets domicile-travail, même ceux qui font moins d'un kilomètre, la majorité des déplacements se fait en voiture, donc on voit qu'on a beaucoup de déplacements qui aujourd'hui se font en voiture, qui peuvent se faire en vélo, et là, c'est une bonne occasion, en sortant du confinement où on a peut-être manqué d'activité physique, aussi de se remettre au vélo, je précise qu'on peut aussi, dans le cadre du plan que j'ai décidé, avoir une formation pour se remettre en selle.
RENAUD DELY
Vous-même, Elisabeth BORNE, après le confinement, est-ce que vous irez au bureau en vélo ou est-ce que vous inciterez vos collaborateurs à le faire, on a vu déjà des ministres le faire…
ELISABETH BORNE
Ah, mais j'ai beaucoup de mes collaborateurs qui viennent en vélo, et j'ai un vélo moi-même dans mon bureau, voyez.
LORRAIN SENECHAL
Donc vous allez le faire, comme, on se souvient de Christiane TAUBIRA, par exemple, l'ancienne ministre de la Justice, qui allait au Conseil des ministres en vélo, ce serait une possibilité pour vous ?
ELISABETH BORNE
Oui, écoutez, vous savez qu'on a quelques contraintes dans notre organisation…
LORRAIN SENECHAL
Ce n'est pas à l'ordre du jour pour vous, Elisabeth BORNE en tout cas
ELISABETH BORNE
Pas ce matin…
LORRAIN SENECHAL
Juste, il y a des aides qui existent au niveau régional dans certaines régions de France, en Ile-de-France, par exemple, la région verse jusqu'à 500 euros pour l'achat d'un véhicule électrique, est-ce que l'Etat a également mis en place des aides ?
ELISABETH BORNE
Alors, l'Etat a mis en place une aide qui vient dès lors que les collectivités mettent aussi une aide, elle est sans doute compliquée, et donc moi, je suis en train de réfléchir à la façon dont on peut la simplifier.
LORRAIN SENECHAL
En fait, vous aidez les collectivités à mettre en place une aide ?
ELISABETH BORNE
On accompagne pour l'instant l'achat de vélos à assistance électrique quand les collectivités l'accompagnent aussi, je pense que ça mérite qu'on réfléchisse à la façon dont on peut simplifier ce dispositif. Et c'est ce que je suis en train de faire…
RENAUD DELY
Justement, très concrètement, pour bien comprendre, Elisabeth BORNE, en Ile-de-France par exemple, si on achète un vélo électrique, on peut demander à la région et obtenir une aide qui va jusqu'à 500 euros, on peut aussi parallèlement demander une autre aide à l'Etat ou pas ?
ELISABETH BORNE
Dans ce cas-là, il y a une aide de 200 euros de l'Etat…
RENAUD DELY
Supplémentaire…
LORRAIN SENECHAL
En plus de l'aide de la région ?
ELISABETH BORNE
En plus. Absolument.
LORRAIN SENECHAL
D'accord, effectivement, c'est le genre d'aides, de mesures sur lesquelles il va falloir communiquer, j'imagine. Est-ce que votre ambition, c'est que le vélo devienne, pourquoi pas, le premier mode de déplacement, bien sûr à courte échelle, quand les distances sont assez courtes ?
ELISABETH BORNE
Mon ambition, c'était de tripler la part du vélo d'ici 2024…
LORRAIN SENECHAL
On partait de très loin…
ELISABETH BORNE
Et on partait de 3 %, c'est-à-dire que c'est très, très bas effectivement, et là, je pense qu'on peut vraiment accélérer, gagner plusieurs années sur cet objectif de 10 % des trajets en vélo.
RENAUD DELY
Pour y parvenir, il faut bien sûr vous appuyez aussi sur les élus locaux, est-ce que vous louez par exemple l'action et les engagements d'Anne HIDALGO qui elle aussi, ces jours-ci, expliquait qu'elle voulait absolument éviter le retour au tout voiture et développer aussi à Paris des pistes cyclables, y compris temporaires ?
ELISABETH BORNE
Moi, je salue l'action évidemment de tous les élus locaux qui ont mis en place ces pistes temporaires, vous savez que mon ministère a fait un guide pour accompagner les collectivités qui mettent en place ces pistes cyclables temporaires…
RENAUD DELY
Donc bravo Anne HIDALGO ?
ELISABETH BORNE
Eh bien, bravo à Paris, bravo à Toulouse…
LORRAIN SENECHAL
Vous avez du mal à le dire…
ELISABETH BORNE
Bravo à Lyon et à toutes ces villes qui, effectivement, mettent en place ces pistes cyclables temporaires.
LORRAIN SENECHAL
Il y a un autre sujet qui a été à la Une de l'actualité ces dernières semaines et qui vous concerne, Elisabeth Borne, c'est le patronat qui vous a écrit pour réclamer le report de certaines dispositions environnementales, en estimant que la reprise devait se faire le plus rapidement possible, le plus fort possible, et cela, sans avoir à se soumettre à par exemple des objectifs d'émissions de CO2, de réduction des gaz à effet de serre, qu'est-ce que vous avez répondu au patronat ?
ELISABETH BORNE
Alors, d'abord, moi, je le dis très clairement, je ne céderai rien à ceux qui voudraient un retour en arrière sur les normes environnementales, et j'ai refusé tout moratoire, par exemple, on a, au contraire, maintenu les normes d'émissions de CO2 pour les voitures qui seront bien sûr appliquées, et je le dis, c'est une vision qui est totalement dépassée : opposer écologie et économie, c'est totalement dépassé, je pense que ça serait un mauvais coup pour nos constructeurs automobiles qui ont investi des milliards pour préparer des voitures électriques, on n'est plus en 2008, et aujourd'hui, il faut au contraire soutenir les centaines de milliers d'entreprises qui sont engagées dans la transition écologique…
LORRAIN SENECHAL
Mais ça n'est pas un frein à la reprise, ces normes, ces une mesure qui parfois semblent en tout cas insurmontables aux entreprises, aux PME notamment ?
ELISABETH BORNE
Moi, je suis convaincue que la transition écologique, c'est la meilleure stratégie pour créer des emplois en sortie de crise, et je suis en train de travailler sur des mesures qui allient économie et écologie, par exemple, on peut créer des centaines de milliers d'emplois dans la rénovation thermique des bâtiments, par exemple pour rénover les hôpitaux et les EHPAD qui en ont bien besoin. On peut aussi soutenir la mobilité électrique, nos constructeurs sont prêts, et moi, je voudrais, enfin, je prépare un grand plan d'implantation de bornes de recharge pour les véhicules électriques, je crois qu'il faut aussi encourager le télétravail, on voit qu'on a eu une montée du télétravail dans des proportions qu'on n'imaginait pas, eh bien, je souhaite que ça puisse devenir une pratique courante et massive pour réduire les déplacements, donc moi, je vous dis, je suis convaincue que c'est la meilleure stratégie pour créer des emplois en sortie de crise.
LORRAIN SENECHAL
Il faut changer également nos comportements, c'est ce que vous dites, en privilégiant le télétravail. Elisabeth BORNE, on a vu ces images de quais bondés à Paris dès hier avec les premières levées des mesures de déconfinement, est-ce que vous craignez un relâchement dans les efforts faits par les Français pour lutter contre ce coronavirus ?
ELISABETH BORNE
D'abord, je voudrais redire que ça s'est globalement bien passé hier, et moi, je pense que les Français, ils sont responsables, ils comprennent très bien la menace que constitue le virus. Et moi, je pense qu'il faut aussi compter sur la responsabilité, sur le civisme des Français, ils l'ont montré pendant le confinement, ils l'ont montré hier pour cette première journée de déconfinement, donc faisons aussi confiance…
LORRAIN SENECHAL
Pas besoin de tour de vis ?
ELISABETH BORNE
Faisons confiance aussi aux Français.
LORRAIN SENECHAL
Elisabeth BORNE, ministre de la Transition écologique et solidaire, vous restez avec nous, on va parler dans un instant du plan de relance de l'économie français et européen, qui sont, pour l'instant, dans les starting-blocks.
// Fil info ///
Elisabeth BORNE, ministre de la Transition écologique et solidaire est l'invitée du 8h30 de France-Info. On parlait à l'instant de la relance de l'économie, vous faites confiance dites-vous aux Français qui ne vont pas se relâcher en tout cas c'est ce que vous vous espérez, est-ce que la relance de l'économie elle doit être verte, est-ce qu'il faut un green deal à la française ?
ELISABETH BORNE
Alors d'abord moi je soutiens évidemment le green deal européen, vous savez on a avec 16 collègues lancé un appel à la Commission pour soutenir ce green deal et moi je le redis, je suis convaincue que la transition écologique, c'est la meilleure façon de créer des emplois et de répondre à l'urgence écologique qui est toujours là en sortie de crise.
RENAUD DELY
Mais ça ce sont les engagements, Elisabeth BORNE, et puis il y a les actes et notamment les actes récents dans le récent collectif budgétaire adopté pour répondre à la crise, un certain nombre de députés y compris d'ailleurs certains de la majorité voulaient que le gouvernement sous-tendent en fait l'enveloppe de 20 milliards d'euros à destination des grands groupes comme AIR FRANCE, RENAULT ou d'autres à des contreparties écologiques. Et le gouvernement s'est opposé à l'adoption de cet amendement, refuse donc d'imposer des contreparties, des contraintes supplémentaires pour inciter ces grands groupes à cette transition écologique, pourquoi, vous leur faites confiance ?
ELISABETH BORNE
Non mais le gouvernement ne s'est absolument pas opposé à…
RENAUD DELY
Cet amendement a été rejeté.
ELISABETH BORNE
Il y avait deux amendements, l'un a été voté qui prévoit bien et je le redis, un et on le dit ensemble avec Bruno LE MAIRE, il n'y aura pas d'aide de l'Etat à nous entreprises stratégiques sans engagement écologique. Et c'est bien ce qu'on a fait avec par exemple AIR FRANCE qui est une entreprise très symbolique, les aides qui sont apportées par l'Etat sont aussi accompagnées d'un plan de performance et de transition écologique qui va notamment conduire la compagnie à réduire de 50 % ses émissions de CO2 sur ses vols domestiques, notamment en achetant des avions…
LORRAIN SENECHAL
En supprimant des lignes qui seraient déjà desservies par des trains, je crois que c'est deux heures et demie, c'est ça la distance en train, le temps en train, s'il y a un train qui fait deux heures et demie entre un point A et un point B, il n'y a pas besoin de liaisons aériennes.
ELISABETH BORNE
C'est bien l'idée effectivement quand on a une alternative ferroviaire performante, ça sert à rien de venir mettre en concurrence une ligne aérienne.
LORRAIN SENECHAL
Mais est-ce que ce n'est pas une goutte d'eau dans les émissions de CO2 d'un groupe comme AIR FRANCE ?
ELISABETH BORNE
Ecoutez, tout ça conduit, je vous dis à réduire de 50 %, donc ce n'est pas une goutte d'eau, 50 % de réduction c'est massif, c'est inédit.
LORRAIN SENECHAL
Sur le marché domestique uniquement en France.
ELISABETH BORNE
Absolument 50 % sur le marché de domestique avec un objectif de 50 % de, d'une réduction de 50 % des émissions par passager kilomètre sur l'ensemble du réseau d'AIR FRANCE. Donc c'est tout à fait inédit. Vous savez de demander à AIR FRANCE de revoir son réseau domestique notamment pour ne pas venir en concurrence quand on a une offre ferroviaire performante c'est inédit.
RENAUD DELY
Et est-ce que le combat de la France en faveur d'une taxe sur le kérosène, il est toujours d'actualité au vu de la situation des compagnies aériennes ?
ELISABETH BORNE
Le combat de la France, il se mène à l'échelle européenne, vous voyez ça choque beaucoup de Français qu'on ait des taxes sur les carburants pour les voitures qu'ils utilisent tous les jours et puis on a une partie de Français qui prend quand même un peu l'avion et qui peut s'étonner effectivement qu'il y ait pas une contribution à hauteur des émissions de gaz à effet de serre pour l'aérien, donc c'est un combat qu'on continuera à porter au niveau européen.
RENAUD DELY
Vous réclamez toujours une taxe sur le kérosène malgré la situation donc des compagnies aériennes qui sont aujourd'hui clouées au sol et c'est un secteur a priori totalement en panne ?
ELISABETH BORNE
Je pense que c'est important que ces compagnies, leurs activités reprennent en prenant en compte urgence écologique et notamment en favorisant celles qui auront des avions qui polluent moins, qui utilisent des biocarburants, évidemment des biocarburants durables, mais c'est tout-à-fait cohérent de dire que belle activité elle repart après la crise en prenant pleinement en compte ces enjeux, cette urgence écologique.
LORRAIN SENECHAL
Est-ce qu4 ne faut pas également pardon aider Elisabeth BORNE, le ferroviaire par exemple en réduisant la TVA sur les billets de train, une réduction de 10 % à 5,5 % par exemple ?
ELISABETH BORNE
Ecoutez les modalités, elles méritent d'être travaillé, on n'a pas aujourd'hui de l'impact de la crise sur le secteur ferroviaire, mais moi je peux vous confirmer que, évidemment il faudra soutenir aussi la SNCF, on a absolument besoin que la SNCF puisse continuer à investir. Il faut aussi qu'on permet au fret ferroviaire de se développer, pour moi c'est une priorité qu'on ait un vrai service public du fret ferroviaire en France. C'est une priorité et ça fait partie des mesures sur lesquelles je travaille.
RENAUD DELY
La convention climat, Elisabeth BORNE, qui était mise en place par le chef de l'Etat rendu 50 premières propositions qui doivent encore être amendées et votées en assemblée plénière, il y a des engagements extrêmement ambitieux et extrêmement coûteux, par exemple rendre obligatoire la rénovation énergétique globale des bâtiments d'ici à 2040 y compris les passoires thermiques mais pas seulement, au total ça fait. 20 millions de logements à rénover, est-ce qu'il n'y a pas aujourd'hui des ambitions qui semble d'un coût pharaonique au regard de l'ampleur des déficits publics et de la crise économique, est-ce qu'il ne faudra pas repousser ces échéances-là ?
ELISABETH BORNE
Vous savez rénover ces passoires thermiques c'est quelque chose d'essentiel parce que c'est à la fois une question de qualité de vie pour ceux qui vivent dans ces passoires thermiques, c'est aussi un enjeu évidemment sur les émissions de gaz à effet de serre, c'est un enjeu aussi pour le budget des familles souvent modestes qui habitent dans ces passoires thermiques, donc c'est clairement une priorité donc on va attendre…
RENAUD DELY
L'Etat aura les moyens d'impulser la rénovation de 20 millions de logements ?
ELISABETH BORNE
De toute façon vous savez, on vise la neutralité carbone en 2050, donc il faut évidemment rénover les logements et en priorité les passoires thermiques donc les modalités on va regarder ce que la convention nous proposera fin juin, mais c'est évidemment une politique prioritaire et puis je vous le dis, il y a les logements, il y a aussi les bâtiments de tous nos services publics, les hôpitaux et les EHPAD sur lesquels il faut aussi avancer.
LORRAIN SENECHAL
Elisabeth BORNE, ministre de la Transition écologique et solidaire, merci beaucoup d'avoir acceptée l'invitation de France Info ce matin, je retiens que vous faites confiance aux Français malgré les scènes qu'on a pu voir hier, ces quais bondés par exemple à Paris après le début du déconfinement, vous faites confiance aux Français et on fait confiance aussi aux enfants pour respecter ce matin les mesures barrière, c'est la rentrée France Info.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 13 mai 2020